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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 28 MAI 2021
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publics, et dans ces conditions, force est de constater qu’il est difficile de réussir une poli- tique monétaire ou une politique de crédit, à partir de considérations d’intérêt général. F.N.H. : Au regard des derniers chiffres du haut-commissariat au Plan issus de la note portant sur les sources de revenu des ménages, le Maroc a visiblement du mal à résorber les inégalités sociales. Pour preuve, le revenu salarial des 20% des ménages les plus aisés est 14,1 fois celui des 20% des ménages les moins aisés. Que pensez-vous de ces chiffres récents ? N. A. : Les chiffres auxquels vous faites allu- sion sont issus d’une note complémentaire du HCP portant sur les sources de revenu des ménages, mais la Note principale a été publiée le 28 avril 2021, et a présenté les résultats de la première enquête sur les reve- nus et leur répartition conduite au Maroc. C’est réellement «une première», car c’est la première fois que le HCP réalise une enquête sur les revenus et non seulement sur les dépenses de consommation ou le niveau de vie comme il le faisait jusqu’à présent. Il s’agit donc d’un évènement important que l’on attendait depuis longtemps et qu’il faut sincèrement saluer. Si je dois résumer ce que j’ai personnellement retenu des résultats qui viennent d’être publiés, je le ferais à travers les 5 points suivants : 1. Le premier concerne le revenu moyen par personne au Maroc qui atteint 21.515 DH en 2019. Cela correspond à 2.445 dollars par personne, compte tenu d’un cours du dollar affiché à 8,80 DH. Jusque-là, en l’absence de statistiques spécifiques au revenu, ce dernier était appréhendé par le PIB par tête d’habitant qui correspond aujourd’hui à 3.300 dollars. L’enquête sur le revenu du HCP nous apprend donc que le revenu moyen par personne n’est que de 2.445 dollars par tête d’habitant, soit à peine les trois quarts du PIB par tête qu’on a coutume d’utiliser. Désormais, c’est ce dernier chiffre qu’il fau- drait utiliser, et manifestement, il s’avère encore plus faible que le précédent… 2. L’enquête en question met à nu l’ampleur des inégalités de revenus dans le pays. Ainsi, les 20% des personnes ayant les revenus les plus élevés s’accaparent 53% de la masse des revenus, alors que les 20% ayant les revenus les plus faibles n’obtiennent que 5,6% des revenus distribués. Cela corres- pond à un écart allant de 1 à 9,6. Si l’on pousse l’analyse pour se situer au niveau des déciles, on constate que les 10% qui ont les revenus les plus élevés au Maroc s’arrogent 38% du revenu global, et les
Les dernières ten- sions existantes avec l’Union euro- péenne à travers l’Espagne ne sont pas de nature à porter à l’optimisme quant aux relations entre le Maroc et l’UE sur les mois qui suivent.
continuer à «fonctionner» ... L’endettement en lui-même n’est ni bon ni mauvais. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Par exemple, dans le contexte pandémique actuel, tout le monde s’accorde pour dire qu’il est nécessaire d’investir massivement dans la santé publique. Or, l’on constate que les dépenses de santé n’ont guère évolué à la hauteur des besoins dégagés par la crise, et continuent de représenter autour de 5% du BGE. Ce qui est loin des 10% des pays voisins et des 15% suggérés par l’Organi- sation mondiale de la Santé (OMS). Au-delà de la dynamique et du niveau de l’endette- ment donc, ce qui est inquiétant est que les dépenses financées par la dette actuelle ne permettent pas de mieux préparer l’avenir. F.N.H. : La hausse des taux des cré- dits bancaires accordés aux parti- culiers au T4 2020 et au T1 2021, atteignant 21 points de base. N’est- elle pas de nature à impacter la consommation et donc la demande intérieure, principale force motrice de la croissance au Maroc ? N. A. : Au-delà de la conjoncture, la prin- cipale question qu’il y a lieu de se poser est de savoir si le Maroc dispose d’un sys- tème bancaire qui «joue le jeu» en s’adap- tant aux principales orientations du pays et en accompagnant son développement. En d’autres termes et en l’occurrence, notre sys- tème bancaire transmet-il les signaux du taux directeur qui a baissé en raison de la crise liée à la covid-19, et des garanties accor- dées par la CCG afin de mieux sécuriser les crédits accordés par les banques et réduire les risques liés aux difficultés financières des entreprises et des particuliers ? Les banques,
qui ont le droit de générer des profits à l’instar des autres opérateurs privés, ont cependant des responsabilités particulières, et devraient à tout le moins accorder leurs politiques de crédits, et notamment de taux d’intérêt, avec les efforts déployés par les pouvoirs publics. Les établissements bancaires ont-ils pleine- ment répercuté les baisses du taux directeur et ont-ils baissé leurs primes de risque en conséquence des garanties accordées par l’État via la CCG ? A en juger par les plaintes des entreprises, y compris des instances de la CGEM, on peut en douter. D’ailleurs, c’est le Wali de Bank Al-Maghrib lui-même qui déplore régulièrement cet état de fait. Le Roi lui-même a évoqué il y a deux ans cette question et critiqué le faible engagement des banques. Dans votre question, vous faites allusion à la hausse des taux accordés aux particuliers, mais je m’inquiète davantage pour les pro- chains mois, car les crédits garantis par la CCG dans le contexte covid-19 sont ponc- tuels et ne dureront donc pas Ad vitam æter- nam. Les perspectives ne sont pas rassu- rantes, car lorsque la garantie de la CCG va s’arrêter, les banques vont en tirer prétexte pour relever substantiellement leurs primes de risques et, partant, les taux d’intérêt des crédits accordés aux entreprises et aux ménages. Un tel renchérissement du coût du crédit pourrait objectivement contrarier tout effort de reprise. La réalité qui reste fondamentale et incon- tournable est la suivante : le secteur bancaire reste oligopolistique, et toujours déterminé par une logique de rente et d’entente. Les banques ont un pouvoir suffisamment fort pour parfois imposer leurs vues aux pouvoirs
L’endettement en lui-même n’est ni bon ni mauvais. Tout dépend de l’usage que l’on en fait.
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