FNH N° 1024 ok (1)

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 28 MAI 2021

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Maroc et la population productrice y gagne- ront au moins 1 milliard de dollars. Pour arriver à relever le challenge, il faudrait aussi des recherches agronomiques pour déve- lopper une variante du cannabis qui soit à la fois hyperproductrice, beaucoup plus riche en cannabidiol (CBD) à usage médical qu’en Tétrahydrocannabinol (THC) psychoactif et, surtout, peu gourmande en eau. F.N.H. : Le cannabis aux bienfaits thérapeutiques est prescrit contre les pathologies lourdes. Dans quel genre de maladie ou traitement le cannabis médical peut-il être pré- conisé ? A. B. : La liste des bienfaits thérapeutiques, démontrées par de nombreuses études scientifiques, est très longue. Pour résu- mer, nous dirons que le cannabis est utilisé dans le cadre des soins palliatifs comme un puissant antidouleur chez les patients atteints de cancers et dans le traitement de certains effets indésirables des chimiothéra- pies. Mais il semblerait aussi que ce produit a une action directe sur la prolifération des cellules cancéreuses qu’il freine. Le canna- bis a aussi de nombreuses indications en neurologie, telles que la sclérose en plaque, l’épilepsie, le parkinson, etc. Toutefois, c’est dans le domaine de la psychiatrie où les indications sont les plus nombreuses… F.N.H. : Une formation préalable au cannabis médical s’impose-t-elle ? A. B. : Bien entendu, l’introduction de ce produit jamais utilisé avant dans la méde- cine officielle exigera une formation sur les aspects pharmacologiques et toxico- logiques (indications, contre-indications, précautions d’usage, posologies et effets indésirables…). Cette formation concernera l’ensemble du corps médical, pharmaceu- tique et paramédical. F.N.H. : Le circuit du cannabis médi- cal a un fonctionnement bien parti- culier, allant de la prescription par le médecin à la délivrance par le pharmacien, en passant par l’appro- visionnement et le transport. Un mécanisme juridique et un proto- cole bien défini s’imposent-ils pour encadrer son usage ? A. B. : Absolument ! Et cela voudra dire qu’au niveau de la délivrance au niveau des pharmacies, le cannabis sera traité comme des produits psychotropes dont la délivrance est strictement encadrée, avec enregistrement de l’identité des patients

Le Maroc n’a pas intérêt à rater la légalisation du can- nabis et ses mul- tiples bénéfices.

concernés sur un registre tenu par les phar- maciens. La production et le transport du cannabis des lieux de production jusqu’aux unités industrielles seront bien entendu sur- veillés et sécurisés pour éviter tout détour- nement vers les circuits informels des mafias de la drogue. De telles mesures auront pour conséquence inévitable de tarir les sources des réseaux mafieux qui alimentent le marché de la toxicomanie, si ce n’est pas en totalité, du moins en grande partie. Comme vous l’avez certainement remarqué, la police, la gendarmerie et la douane ont fait ces derniers temps des saisies record jamais atteintes par le passé. Ceci s’ex- plique non seulement par la vigilance accrue de ces agents de sécurité, mais aussi l’affo- lement et la panique de ces réseaux mafieux devant la perspective d’une légalisation qui leur enlèvera la précieuse manne canna- bique. Cet affolement les a certainement poussés à constituer rapidement des stocks et, surtout, à tenter de les sortir du pays. Et la panique est toujours génératrice de fautes mortelles pour ces mafias. Quant aux utilisateurs lambda, ils auront de plus en plus de difficultés à s’approvisionner et les

prix des doses monteront certainement en flèche. Notre pays doit mettre en place plus de structures de lutte contre les addictions et l’accompagnement médical des usagers. F.N.H. : 22 pays en Europe sur 27 ont autorisé le cannabis à usage médical. Actuellement, la France teste le cannabis médical sur 3.000 patients. Quel est votre avis sur l’introduction de cette plante dans l’offre pharmaceutique ? A. B. : Le cannabis et certains de ses extraits ont déjà fait leur preuve dans le traitement de certaines maladies, y com- pris les plus graves, telles que les cancers. L’introduction de cette plante dans l’offre pharmaceutique va d’abord garantir la qua- lité des extraits de cannabis, la constance de leur dosage et la traçabilité des origines des produits à travers un circuit officiel de commercialisation pharmaceutique bien verrouillé. Cela va éviter toute contamination du circuit par des produits d’origine incon- nue ou contrefaits. De même, elle évitera ou du moins limitera le détournement à des fins toxicomaniaques. ◆

Le fait que le Maroc soit un champion mondial du cannabis illi- cite ne voudra pas dire for- cément qu’il sera aussi le champion mondial du cannabis légal, et notamment médical.

• LeMaroc est considéré comme étant le 1 er exportateurmondial de la résine du cannabis. • Une production annuelle de 700 tonnes de cannabis essentiellement sous forme de résine et essen- tiellement destinée à l’Europe. • Un chiffre d’affaires annuel estimé entre 15 et 23milliards de dollars (soit 10à 15 fois leC.Ade l’indus- trie pharmaceutique auMaroc). • Près de 55.000 hectares cultivés en 2019 contre 47.500 en 2018, selon le rapport 2020 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). • 80.000à 120.000 familles vivent de laproductionducannabis,maisne récupèrent que4%duchiffre d’affaires final du cannabis exporté. Les chiffres-clés de la production illicite actuelle duMaroc en cannabis

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