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DES PERSONNES EN DÉTRESSE – UN PROBLÈME DU QUOTIDIEN (OU PAS)

les facteurs déterminants. « Si je veux savoir ce qui manque à mes enfants, je me mets à genoux, à leur hauteur, et je de- mande. C’est tout aussi simple avec des étrangers en détresse. » « Tu ne peux pas plus que ce que tu peux », ajoute-t-elle. Agir différemment Lorsque l’idée de créer une entreprise sociale a commencé à faire son chemin il y a sept ans, Tabea ne possédait qu’une petite partie du puzzle. Elle avait le choix de faire de ce puzzle une image complète, ou de le laisser en l’état. Au dé- but, la peur a pris le dessus. Mais Tabea a approfondi le su- jet toujours plus, a réuni des éléments et a refusé en toute conscience ses craintes de contact. C’est ainsi qu’elle a pu faire le premier pas. Aujourd’hui encore, Tabea désire aller là où personne d’autre ne va, pour voir ce que peu ont envie de voir. A la question de savoir comment cela est possible, elle répond : « Seule- ment si, comme Jésus, nous prenons chaque matin un temps de silence pour L’écouter. » Durant ces moments, Tabea re- çoit des « choses » dans son cœur, qu’elle emmène ensuite dans son quotidien pour les mettre en pratique autant que possible. Il est ainsi plus facile pour elle de ne pas se précipi- ter et passer à côté de personnes en détresse. Ce que beaucoup ne savent pas Il n’est pas nécessaire de connaître toutes les réponses et on peut et doit chercher de l’aide. Il est normal de s’en tenir à ses propres limites. Rencontrer des gens sans poser de condi- tions et les aimer, c’est un processus. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Commettre des erreurs, ce n’est pas un échec, mais un apprentissage. Tabea le sait par sa propre expérience. « Utilise tes dons, ouvre les yeux et la bouche, mais il ne s’agit pas de toi. La question est d’aimer son voi- sin ou sa voisine comme soi-même, pour dépasser les fron- tières et transformer des vies. »

Avec son entreprise sociale, Tabea Oppliger a don- né une deuxième chance à de nombreuses personnes. Certaines vies ont été transformées, elle a fait preuve de courage et des frontières ont été dépassées. En tant que « femme d’action », cela semble lui être venu natu- rellement. Comment il devient possible de dépasser les limites et comment nous pouvons aller à la rencontre de personnes en détresse au quotidien : entretien entre Tabea Oppliger et Luisa Vonarburg. Pour Tabea, la franchise et l’amour du prochain sont la quin- tessence du quotidien. Chez ses parents déjà, il y avait tou- jours une place à table pour l’étranger. « Il n’y avait guère de repas sans invité » dit la mère de trois enfants. L’exemple vécu d’un amour du prochain authentique a transformé de nombreuses vies. « C’était une inspiration et un privilège de grandir ainsi. J’ai reçu quelque chose et je le transmets main- tenant plus loin. » Tabea en est convaincue : « Lorsque quelqu’un débute quelque chose, beaucoup suivent l’exemple. Il faut simplement qu’une personne commence. » Pour aller au-delà des limites, il suf- fit de demander aux gens de quoi ils ont besoin. C’est déjà le premier obstacle pour beaucoup : « Les gens sont trop occupés et tellement concentrés sur eux-mêmes qu’ils ne voient pas la détresse des autres. » Pour elle, il est encourageant qu’on n’ait pas besoin de connaître quelque chose particulièrement bien ou d’avoir quelque chose pour donner aux autres. Pour aller au-delà des frontières invisibles de la misère, il faut selon elle du courage, des yeux ouverts et un ego pas trop grand pour « N’attendez pas d’être prêt, ou vous passerez le reste de votre vie à attendre. » Tabea Oppliger a grandi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ses parents travaillaient. Elle a ensuite vécu en Suisse pendant vingt ans, a poursuivi sa carrière professionnelle, a épousé Matthias et est devenue mère de trois enfants. Dans son combat inlassable pour la justice et la liberté, elle a fondé l’entreprise sociale « KitePride » et « Glowba- lAct », une organisation caritative dédiée à l’abolition de l’esclavage moderne et à la lutte contre la traite des êtres humains. Elle vit à Tel Aviv avec sa famille depuis août 2014. Source : Fontis

Luisa Vonarburg Responsable de la rédaction SAM Allons

Tabea Oppliger Fondatrice

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