Ai-je besoin de cultiver la fraise hors-sol?
Un agriculteur cultive ses légumes sur des terrains résidentiels
Collaboration spéciale La Terre de chez nous David Riendeau
contraintes liées à un sol très rocailleux ou à des maladies comme le nématode. Cette technique peut également maintenir une constance dans la production de fraises et ainsi mousser les ventes à la ferme. Enfin, cette technique permet de cultiver la fraise même en hiver. CHOISIR SON ITINÉRAIRE Au Québec, trois principaux itinéraires de culture hors-sol sont possibles, adaptables en fonction des types de plants, des va- riétés et des abris que l’on souhaite utiliser. Le forçage d’hiver s’effectue avec une variété à jour court de novembre à mai. Le forçage d’été suit le même principe que le forçage d’hiver — avec une variété à jour court —, cette fois-ci avec des plantations programmées de mai à octobre. Enfin, le jour neutre d’hiver est un modèle principalement adapté à la grande distribution puisqu’il nécessite des serres performantes dotées d’un éclairage artificiel. La plantation en septembre permet des récoltes de novembre à mai de façon continue.
Collaboration spéciale La Terre de chez nous Martin Ménard | mmenard@laterre.ca
résidences demeure un défi, quoiqu’il ait l’intention de créer de petits réservoirs d’eau pour ne pas en manquer ou pour éviter l’eau chlorée.
La culture hors-sol des fraises connaît un certain engouement au Québec dans un contexte où la question de l’autonomie alimentaire revient dans le débat public. Considérant que ces techniques sont plus onéreuses et ne garantissent pas nécessairement de meilleurs rendements que la production en plein champ, dans quelles circonstances le hors-sol en vaut-il la peine? La culture hors-sol devrait avant tout répondre à un besoin réel du producteur, prévient le pépiniériste Simon Parent, de Novafruit, en marge d’un séminaire organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) sur la culture des petits fruits. « En hors-sol, le rendement ne sera pas nécessairement meilleur si notre sol est bon. Par ailleurs, la plasticulture peut combler les mêmes be- soins que le hors-sol, à savoir améliorer la qualité du fruit, désaisonnaliser la production, faciliter la mécanisation et augmenter l’efficacité de la main-d’œuvre. » En revanche, la culture sur substrat peut sembler nécessaire dans certaines situations, par exemple si la ferme éprouve des
Vincent Fluet, un jeune maraîcher de 32 ans, a développé un modèle d’affaires original qui consiste à produire des légumes sans terre agricole. Il cultive sur des terrains résidentiels de sa municipalité à La Sarre, en Abitibi. « Plusieurs propriétaires m’offrent de cultiver chez eux. Ils ne me chargent presque rien. Ils trouvent ça beau ce que je fais. Je pourrais en cultiver deux fois plus grand », dit le producteur qui a ainsi trouvé le moyen de se démarquer d’autres producteurs de la relève qui n’arrivent pas à démarrer leur projet, faute de terre. Le propriétaire de la ferme Écobourgeons a doublé les revenus à sa deuxième année, atteignant les 20 000 $. « Présentement, c’est non rentable, mais à terme ça va l’être, assure-t-il. J’ai un taux d’endettement pratiquement nul et j’estime minimalement aller chercher un chiffre d’affaires de 50 000$. Je pense qu’une agriculture urbaine, low tech , accessible et résiliente comme la mienne a vraiment de l’avenir. » Il vend sa production, soit une trentaine de variétés de légumes, sous forme d’abonnements pour des paniers ainsi qu’aux restaurants, à l’épicerie et à d’autres producteurs de sa région. Armé de son motoculteur, Vincent Fluet passe d’un terrain à l’autre pour cultiver ses planches d’un mètre de large par 18 mètres de long. Il priorise sur son propre terrain résidentiel celles qui nécessitent le plus de main-d’œuvre, une stratégie qui minimise ses déplacements. Les autres terrains servent à cultiver les courges, les carottes, les oignons et autres légumes de conservation qui demandent moins d’entretien. Il a dû convaincre les élus municipaux de modifier la réglementation afin de permettre l’agriculture en terrains résidentiels. L’approvisionnement plus limité en eau des
Pour minimiser ses déplacements, Vincent Fluet priorise sur son propre terrain résidentiel les cultures qui nécessitent le plus d’entretien.
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