Finances News Hebdo N° 979 2

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JEUDI 23 ET VENDREDI 24 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Arts plastiques

◆ Mêlant corps et âme, espace et temps, dessin et peinture, géométrique et organique, couleur et lumière… depuis une infinité d’expositions, Najia Mehadji met en œuvre un langage plastique, poétique, d’une intensité sublime à nulle autre pareille. Najia Mehadji, du sensible au spirituel L’ artiste, née en 1950, vit et tra- vaille entre Paris et Essaouira. Après Par R. K. H.

monde arabe, à Paris. Sur la toile règne une esthétique des lignes, des figures géométriques et de la couleur pure, bleu et rouge. Indignée par les crimes d’épu- ration ethnique à l’encontre des Bosniaques musulmans et la destruction de leur patrimoine culturel, le nomadisme de l’ar- tiste se poursuivit, en 1994, avec les œuvres Coupole. Cette série marqua son intérêt pour les figures transculturelles dans l’architecture et fait explicite- ment référence à l’art de l’Islam. Les architectures qui ont naguère sublimé les œuvres M, certaines d’entre elles, recou- vriront profondément Rhombe, œuvres réalisées en 1995.

l’obtention, en 1974, d’une maîtrise d’arts plastiques et d’histoire de l’art à l’université de Paris I, elle fréquente l’Ecole nationale des beaux-arts de Paris. Najia Mehadji réalise ses premiers dessins au fusain dont certains seront reproduits dans la revue Sorcières en 1976. Nomade culturelle, son va-et- vient d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, embellira son imaginaire. Pour elle, le monde n’a pas de frontières et son art se nourrit de toutes les cultures qu’elle rencontre. Elle les façonne à sa manière, par une abstraction purement sensible. La première série de tableaux de Najia Mehadji, réalisée entre 1985 et 1988, s’appelait Icare. La figure, sous la forme d’un papier collé intensément colo- ré, semble tout droit sortie du mythe pour créer des situations plastiques à vivre dans l’immé- diat, voire dans l’étrangeté d’un rebus dont chacun invente la clé. En 1990, le musée des beaux- arts de Caen commanda à Najia Mehadji un triptyque qu’elle inti- tula M. Dans cette œuvre appa- raît une architecture sublimée qui forme une figure ô combien abstraite, magnétisante et hyp- notique. En 1991, l’artiste composa une toile, revêtant le même titre, pour la Collection Institut du

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1 - Pivoine, 2008, huile sur toile, 185 x 185 cm 2 - Fleur de Grenade, 2003, sanguine sur papier, 76 x 57 cm 3 - Mystic Dance n°4, 2011, épreuve numérique pigmen- taire, 160 x 160 cm 4 - Notre-Dame, 2019, acrylique sur toile, 180 x 110 cm 5 - Drapé (d’après La Valse de Camille Claudel), 2015, acrylique sur toile, 167 x 145 cm

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Le cosmos et le végétal

Faisant du dessin son élément primordial, Najia Mehadji se préoccupa, par-dessus tout, d’affiner son art dans le sens de la rigueur, de l’austérité et de la puissance évocatrice. En 1996, elle change de tech- nique et par là-même de style en utilisant de gros pastels à l’huile qui lui permettent de des- siner de longs traits continus sur la toile brute à l’intérieur de sphères aux couleurs pures, rouges ou jaunes. Autant de qualités palpables qui hantent Végétal, Gradient, Chaosmos, ou encore Souira. Depuis lors, l’artiste utilise des craies ou des sticks à l’huile de couleur pure, sur papier ou sur toile, pour créer des formes monochromes renvoyant à des

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