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F OCUS AGRICOLE

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MARDI 31 MARS 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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H istoriquement, l’exode rural au Maroc est intimement lié aux vagues de sécheresse. Des périodes marquées le plus souvent par des diffi- cultés économiques importantes et des tensions sociales. L’on se rappelle des années 80 où le Maroc a dû faire face à trois années successives de sèche- resse. Comme un malheur ne vient pas seul, il fut confronté aussi à l’effon- drement des prix des phosphates - sa principale ressource naturelle - sans oublier qu’il devait supporter l’effort de guerre dans le Sahara. Face à cette situation chaotique, le Royaume avait adopté un plan d’ajustement structurel (PAS). Des coupes budgétaires radi- cales avaient touché plusieurs secteurs notamment ceux ayant un caractère social. Les effets du PAS sont encore visibles de nos jours dans plusieurs domaines comme l’éducation et la santé. Le pays a sacrifié les conditions de promotion et d’émancipation de toute une génération pour retrouver ses équilibres fondamentaux. Un choix qui a certes permis de redresser la barre mais qui a eu des retombées néfastes sur le développement de la société. En remontant plus loin dans le temps, le Maroc est passé par des crises sans pré- cédent, marquées par la famine et les épidémies. La peste, le choléra, la lèpre avaient fait des ravages, et comme par hasard ces maladies apparaissaient en temps de sécheresse. Dépourvus des ressources les plus élémentaires, les pauvres paysans ne trouvaient leur salut qu’en quittant leur patelin à la recherche d’une nouvelle vie dans les villes qui furent incapables d’accueillir cette surpopulation. Une augmentation démographique qui avait engendré le plus souvent des révoltes et des confrontations urbaines. ◆ Leçon d’histoire Par Charaf Jaidani FO Fellahonline

Sécheresse L’Etat au chevet des fellahs

◆ Distribution de 2,5 millions de quintaux d’orge subventionnés. ◆ Rééchelonnement des dettes des exploitants les plus impactés.

tiques seront déployés pour acheminer ces produits vers les régions cibles. Pour rappel, la campagne 2015/2016, l’une des pires de ces dix dernières années et dont les récoltes n’ont pas dépassé 33 millions de quin- taux, avait enregistré un volume global de 8 millions de quintaux d’orge subventionnés à un prix de vente fixé à 2 DH/kg. Les mêmes données ont été reprises pour l’actuelle saison; les exploitants pourront acheter cet aliment au même prix, et il appartient au gouvernement de couvrir la différence entre le prix du marché et celui subven- tionné. Plusieurs régions agricoles du Maroc ont souffert d’une sai- son hivernale particulièrement sèche. Le manque de pluie a nui à la capacité des agricul- teurs à cultiver du fourrage pour leur bétail, les incitant à acheter des céréales importées à des prix élevés. Le programme de soutien à l’agriculture couvrira le transport de l’orge du centre de vente aux provinces concernées. L’Office national interprofes- sionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), l’Office national de l’agriculture (ONCA) et l’Office national de la sécurité alimentaire (ONSSA) s’associent au gouvernement pour le projet. Reste à signaler que la séche- resse n’affectera pas durement les légumes et fruits, car leur production est localisée essen- tiellement dans des exploita- tions irriguées qui ne dépendent pas uniquement de l’eau de pluie. ◆

L’Etat s’est engagé pour que le prix de l’orge desti- née au bétail, ne dépasse pas les 2 DH/ kilo.

ont été insuffisantes pour réduire le cumul pluviomé- trique qui est en baisse de plus de 40% par rapport à une année normale. Conscient de la situation, l’Etat a annoncé des mesures pour venir en aide aux exploitants notamment les éleveurs durement touchés. A cette fin, il est prévu de distribuer 2,5 millions de quin- taux d’orge subventionnés aux

exploitant des régions les plus impactées par la sécheresse. L’opération a démarré le 27 mars en collaboration avec les autorités locales. D’autres mesures devraient être annon- cées dans les mois qui viennent selon les besoins. Près de 150 points de vente seront ouverts pour couvrir l’ensemble du territoire natio- nal. D’importants moyens logis-

Par C. Jaidani

L es agriculteurs ont perdu tout espoir de redresse- ment de la campagne agricole. Ils tablaient sur les pluies de mars pour sauver un tant soit peu la situation. Mais les intempéries enregis- trées ces derniers jours dans quelques régions du Royaume

Le GCAM à la rescousse

Le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) a mis en place une batterie de mesures pour alléger les effets de la sécheresse sur les exploitants. Il s’agit du déploiement d’une enveloppe supplémentaire de crédit à hauteur de 1,5 milliard de dirhams (500 MDH pour la sauvegarde du cheptel, 600 MDH pour le financement des cultures printanières et 400 MDH pour le financement et l’entretien de l’arboriculture). Le Groupe a décidé également le retraitement de l’endettement des agricul- teurs pour les échéances à venir. Par ailleurs, la Banque verte prévoit aussi le financement des importations de blé et d’aliments de bétail par les sociétés importatrices clientes, en facilitant les opérations destinées aux compléments d’approvisionnement du marché national.

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