F OCUS AGRICOLE
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JEUDI 9 AVRIL 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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L’ essor démographique et écono- mique aidant, les besoins en res- sources hydriques deviennent de plus en plus pressants. Deux années successives de sécheresse confirment une fois encore la vulnéra- bilité du Maroc face aux aléas clima- tiques. Conséquence : les réserves en eau sont mises à rude épreuve. Le taux de rem- plissage des barrages au 6 avril 2020 atteint 48% contre plus de 60%au cours de la même période de l’année der- nière. Tout laisse présager que ce stock sera fortement sollicité dans les mois à venir, surtout dans les périmètres irri- gués. La nappe phréatique a, elle aussi, été fortement impactée par l’aridité qui perdure. Les exploitants qui disposent de puits ont constaté que le niveau d’eau a sensiblement baissé et certains frôlent l’assèchement. Devant cette situation, les agriculteurs ont vite compris l’intérêt de l’utilisation rationnelle des ressources hydriques. La maîtrise des disponibilités en eau est leur seule voie pour pallier, un tant soit peu, les effets de la sécheresse. Elle présente aussi une opportunité pour stabiliser leur revenu. Il est agréable de constater que mal- gré leur faible niveau d’instruction, nombreux sont les agriculteurs qui cherchent à déployer les techniques modernes d’irrigation ou de pompage de l’eau. Ils profitent amplement de tout le dis- positif mis à leur disposition par l’Etat. Le rendement de leur activité n’a rien à envier à ce qui est réalisé dans les pays développés. ◆ La ruée vers l’eau Par Charaf Jaidani FO Fellahonline
Main-d’œuvre Les contraintes du confinement
◆ Les restrictions sur les déplacements ont réduit les disponibilités des travailleurs agricoles. ◆ Les saisonniers se font rares. ◆ Les exploitants veulent profiter du moins d’avril pour accélérer le rythme d’activité avant le Ramadan.
accompagné d’au moins quatre travailleurs.Mais la loi sur le confinement impose une limite de deux personnes par engin agricole», déclare un propriétaire d’une moissonneuse-batteuse. Tous les exploitants agricoles attendent la fin de cette crise sanitaire pour reprendre leur activité normale. Les grandes exploitations spécialisées dans les fruits et légumes qui ont conclu des contrats avec des clients étrangers ont, elles aussi, des contraintes en matière de livraison. «Les récoltes doivent se faire à un moment bien précis. Avant la date, les produits n’arrivent pas à la maturation nécessaire. Après la date, ils risquent de perdre de leur qualité. Les normes étran- gères sont très rigoureuses, et les produits ne respectant pas les critères exigés sont rejetés», affirme Lahoucine Adardour, pré- sident de l’Association des pro- ducteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL). Les exploitants agricoles veulent accélérer le rythme de travail au cours de ce mois d’avril car la température est modérée. D’autant que pendant le mois sacré de Ramadan, le rendement baisse en général. Le monde rural, à l’instar de tout le pays, attend impatiemment la fin du confinement pour retrouver son dynamisme. ◆
La saison des moissons a commencé et nécessite la mobilisation de nombreux travailleurs agricoles.
agricoles, surtout les saisonniers qui, pour la plupart, font des déplacements d’une région à une autre ou entre les provinces. «Les moissons ont déjà com- mencé en particulier dans les régions Sud du Royaume. Même si la récolte prévue est assez médiocre, il y a tout un tra- vail à réaliser. On constate une demande de main-d’œuvre en hausse au cours de cette période, qui devrait se poursuivre jusqu’au mois de juin. Pour com- bler nos besoins, nous faisons appel aux travailleurs des autres régions», souligne Abdallah Chafii, agriculteur de la région de Benslimane. Force est de constater que de nombreuses exploitations sont de type familial où le travail non rémunéré est le plus usité. Mais pour les activités saisonnières,
l’appel à la main-d’œuvre rému- nérée en dehors de la famille est inévitable. Les restrictions imposées par les autorités sur les déplace- ments ont réduit sensiblement les disponibilités des travailleurs. Les propriétaires des moisson- neuses-batteuses commencent la saison à partir des régions de Souss, remontent vers le Nord pour les régions d’El Haouz, Chiadma, Abda, Chichaoua, R’hamna puis Doukkala et enfin Chaouia. C’est un circuit annuel qui concerne toutes les régions céréalières du Royaume. «Cette année, nous avons ren- contré des difficultés pour nous déplacer entre les régions. J’habite un douar de la région de Sidi Bennour et je n’ai pas pu faire le voyage comme d’habi- tude surtout que je dois être
Par C. Jaidani
L a sécheresse a frappé de plein fouet le sec- teur agricole. La cam- pagne pour les céréales d’automne est considérée d’ores et déjà compromise. Les der- nières pluies du mois de mars n’ont eu aucun effet bénéfique pour redresser la situation, bien qu’elles soient vitales pour les légumineuses et les autres cultures printanières. Et comme un mal n’arrive jamais seul, la crise sanitaire a aggravé la situation. Le confinement a en effet perturbé les activités, même si le département de tutelle s’est voulu rassurant en annonçant que tout se déroule normale- ment. De nombreux échos font état de l’insuffisance des travailleurs
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