Finances News Hebdo N° 1071

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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 JUIN 2022

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années à venir... Une critique de fond porte aussi sur les conditions à réunir pour le rétablisse- ment de la confiance dans la politique et la crédibilité des institutions élues. Dans cette même ligne, est posée la question de la consolidation de la démocratie, des droits et des libertés. L'implémentation pleine et entière de la Constitution de 2011 revient dans cette interpellation : instances de bonne gouvernance et de régulation peu opératoires (Conseil de la concurrence empêtré dans le dossier des hydrocarbures, Instance nationale de probité, Conseil supérieur de l'édu- cation dont les membres ont achevé leur mandat en juillet 2020, Conseil consul- tatif de la famille, Conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associa- tive). Autres insuffisances et retards : la réforme du code pénal et du code de procédure pénale, le code du travail et le droit de grève, la charte du service public, la charte de l'investissement, la réforme fiscale,.... Tout se passe comme s'il y avait un discours continu sur la réforme, une profession de foi de vouloir celle-ci, mais sans que le reste suive : une vision, un cap, une feuille de route, le tout décliné autour d'un agenda, de séquences et de priorités. Ce cabinet va-t-il durer jusqu'en 2026 ? Le rythme institutionnel auquel est attaché le Souverain depuis le début de son règne présente cette par- ticularité : le respect du calendrier élec- toral, oui, sans doute. Mais le déroulé de la vie politique par le passé, durant les deux décennies écoulées, garantit-il absolument, un cabinet Akhannouch en place jusqu'à 2026 ? Une assurance : l’absence… d’une majorité alternative En tout cas, ce gouvernement béné- ficie, objectivement, d’un autre atout s'apparentant à une sorte d’ «assu- rance»: l'absence d'une majorité alter- native. L'opposition est plurielle, on l'a vu, hétérogène surtout. Peut-elle pour autant s'imposer à terme comme capable d'arriver à «un rassemblement de toutes les forces du changement et de la démocra- tie» , comme le martèle le secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdallah ? Le challenge paraît difficile. Comment faire émerger, en l'état, une alternative démocratique progressiste ? Comment agréger les fortes demandes sociales et les aspirations qui les accompagnent en force de changement pouvant infléchir

les politiques publiques actuelles ? Il existe bien aujourd'hui un mouvement social, à la base, surtout hors du champ institué occupé par les syndicats. Il com- prend les défenseurs et les militants des droits civils et humains, des femmes aussi et des jeunes. Toute une dyna- mique sociale existe, mais elle est frag- mentée, brouillonne, nourrie par la flam- bée des prix, le renchérissement des prix des matières premières et l'impact des deux années de la pandémie Covid- 19

couplées aujourd'hui avec les consé- quences de la guerre Ukraine-Russie qui va durer... Le sentiment général qui prévaut est le suivant : le gouvernement gère, s'em- ploie à faire face avec des mesures particulières et catégorielles (aide aux transporteurs, ...). Il n'inscrit pas son approche en termes éminemment poli- tiques : tant s'en faut. Il surligne l’«Etat social» et le nouveau régime de protec- tion sociale applicable d'ici 2025. Mais

n'est-ce pas un chantier royal, annoncé bien avant ce gouvernement ? Et qu'en est-il de tous les autres ? Ce n'est pas la matière qui manque. Il suffit de se référer aux axes de changement du nouveau modèle de développement, à ses leviers de changement et à leur traduction en politiques publiques. Mais qui s'y réfère encore ? Preuve que le palier actuel de la politique doit opérer une véritable rupture : celle de la fin de l'atonie et de l'aseptisation... ◆

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