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CULTURE
JEUDI 3 JUIN 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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son jeu, sa posture, sa motri- cité, ni son intonation. Il est à la merci de la méthode de l’inoculation. Méthode qui ne rime pas avec la logique de l’action et de l’initiative, mais convient à une logique d’obéissance fondée sur une logique de la coercition. J’ai enduré avec lui sa douleur. Lui, qui peut - mieux - évoluer dans l’expres- sion physique, vu son carac- tère dominant d’instinctif. L’inattendu Le bébé continue à imposer son jeu. Il est vrai, et c’est l’important, selon Stanislavski. Que son jeu soit bon ou mauvais. Et toujours selon Constantine, pour qu’il soit vrai, il doit être juste. Et le bébé était juste. Il était aussi cohérent et logique avec lui- même, avec sa nature. Il est devenu le protagoniste princi- pal. Les autres, des acolytes. Ils ont toujours leur joie. Mais, une joie qu’ils doivent jouer autrement que ce qu’ils ont escompté. Le bébé les a obli- gés à changer de ton, d’into- nation, d’articulations, débit et volume. Il a renversé toute la situation dramatique. Dans mon coin, soucieux plus du jeu d’Anissa et d’Amine que du bébé, j’avais peur d’entendre - s’adressant au bébé en plein sommeil - la fameuse instruction ‘un tout petit chouia moins d’énergie’ . Une phrase qui risque de faire évanouir monsieur ‘Gentil- Papier (vous, Reda K. H.)’. Sinon, feu ‘pureté de style et beauté du verbe (Et-Tayeb Houdaïfa)’ s’arracherait les cheveux. On dirait une phrase chantée à la lyonnaise dans les escaliers obscurs d’une tour aux Minguettes ou à la marseillaise le long de La Canebière ou sur le quai du Vieux-Port. Sinon, c’est une phrase importée des Flamants; de là-haut, des col- lines de Marseille». ◆
Le bébé a imposé son jeu, d'autant qu'il a été le plus vrai, car très juste dans son «jeu» - malgré lui.
Monsieur ‘clap’, fréquemment, il se plaçait devant l’objec- tif à pas d’autruche et jouait son annonce en ¼ de temps. Il cherchait à faire le clown, pour créer l’amusement dans le plateau. En présence du bébé qui dort, il entre à pas de félin et joue sa note en 1 temps. A l’écouter, K. me fait rêver du voyage. On dirait une annonce sur un quai de gare, ou une salle d’embarquement. Déclarant un départ, une destination, ou une arrivée. ‘Cadré’, dit Winegh. On tourne La déléguée à la réalisation annonce : 3, 2, 1, action! (Une question à laquelle je cherche toujours une réponse : lorsque les réalisateurs entament leur décompte que font les acteurs en ce moment ?) Le bébé, répondant ordinai- rement à la réclamation du corps, sommeille profondé- ment. Le monde extérieur n’est plus. Il n’écoute que sa nature, quel que soit le jeu des autres. Anissa et Amine, maintenant, sont obligés d’adapter leur jeu au changement de la situation dramatique. Leur joie - trame de fond - doit être jouée en silence. Et, c’est fait. Personne
n’a osé heurter la paisibilité du bébé. Dès lors, les répliques sont devenues des murmures. La joie se traduit par des mimiques, des regards étince- lants (Anissa excelle dans ce jeu et en connaît les secrets avec ses yeux pétillants); les mouvements sont exclus. Amine, le jeune de carac- tère instinctif et qui se traduit mieux dans le kinésique, se trouve planté comme un tronc géant effeuillé par un siroc- co. Crispation et crampes lui remontent au visage. La contradiction est apparente. Des lèvres mécaniquement étirées à l’horizontale, joues contractées, narines pincées pour un sourire masque; tan- dis que dans les yeux la dou- leur est bel et bien apparente. Au moment où son conscient lui réclame la joie, comme pré- conisée dans le scénario, son petit-homme souffre de la pos- ture qui lui a été dictée par une direction coercitive. Au lieu de revoir ses axes, ou au moins les valeurs des mêmes plans pour permettre à Amine une posture reposante. Une atti- tude qui peut l’aider à canali- ser son énergie au maintien de son personnage, au lieu de perdre son énergie à sur- monter la douleur physique. Amine ne peut pas négocier
Silence… Tout est prêt. Ouled Aicha (de l’assistanat) entre en scène, bébé dans les bras. À pas feutrés, il avance doucement et met le bébé-acteur dans les bras du nouveau papa. Le bébé dort : il a choisi son jeu. Séance tenante, il a éveillé des sentiments refoulés profondé- ment. Il a remué notre dimen- sion instinctive et a déclenché ce besoin primaire de protec- tion. Ce dégoût, la tristesse qui s’ensuit et qui tend à générer la peur, est ancré fortement dans nos mémoires. Nul Homme ne supporte qu’on l’arrache du sommeil ou qu’on l’en prive. Dormir, c’est comme manger, boire… Winegh , par un réflexe de jeune papa, ajuste son masque. Le focal choisi l’oblige à s’appro- cher des acteurs. Le géant machino, avec sa carrure imposante, avance à pas de loup; avec un regard à 270° et des mimiques auto- ritaires, rappelle à tout le monde (la scène) leur masque et les distances adéquates par rapport au bébé. Il s’est comporté en affectueux papa. Habituellement, il hurle son ‘Rolling’ à la manière de Bruce Springsteen dans The are the world . Aujourd’hui, son annonce est à peine audible.
Le bébé les a obligés à changer de
ton, d’intona- tion, d’articu- lations, débit et volume. Il a renversé toute la situa- tion drama- tique.
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