Carillon_2018_03_01

Des subventions provinciales tardives?

FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

Rue Régent, l’autre calvaire À Hawkesbury, Bon Pasteur et Regent se disputent non seulement la palme du nombre de nids-de-poule, mais aussi de leur profondeur. Rémi Lamarche est conducteur de taxi. La rue Regent n’a rien pour le réjouir, ni ses clients. « Les trois quarts du temps, c’est plein de trous, ça nuit au commerce des alentours et ça magane nos véhicules. Les clients ne veulent pas qu’on fasse de détours, on est obligé de passer par là. Avant c’était mieux. Là on a peut-être 10 à 15 nids-de-poule en ligne », a-t-il affirmé. M. Lamarche a soutenu que si les trous sont aussi nombreux sur la rue, c’est parce

L’enfer! C’est un terme fréquemment utilisé par des citoyens de Hawkesbury pour décrire les rues Regent et Bon Pasteur. Celles-ci sont prises d’assaut ces jours-ci par un bataillon de nids-de-poule. Sylvie Lacroix travaille depuis 15 ans au manoir McGill, juste à côté de la rue Bon Pasteur. Elle en fait régulièrement les frais. « La rue Bon Pasteur, c’est l’enfer, s’est-elle désolée. Ça n’a pas de sens. Ça magane les véhicules. C’est grave. Ce n’est pas humain. Je n’ai jamais vu une rue aussi dégradée.

En tout cas les rues de Hawkesbury, ça fait pitié. » Pour rentrer chez elle ou se rendre à la salle de gymnastique, elle doit faire un long détour, afin de fuir

que l’entretien de celle-ci est mal fait. « On parle de gel, de dégel, ce n’est pas à cause de ça. Moi j’ai travaillé sur les routes. Tous les jours, ils devraient passer

La rue Bon Pasteur, c'est l'enfer. Ça n'a pas de sens. Ça magane les véhicules. C'est grave. Ce n'est pas humain.

l’enfer. « Quand je vais chezmoi, à L’Orignal, je passe la lumière sur McGill. Je n’ai pas le choix. C’est fou Nous, les employés du manoir, notre stationnement est en arrière et on est obligé de prendre la rue Bon Pas- teur. C’est dangereux pour nos voitures. Qui va payer pour les réparations ? Pas la ville, certain », a-t-elle fulminé. Francis Lacroix est propriétaire d’un centre de mise en forme et d’entraînement situé au bord de la rue. Il déplore lui aussi le mauvais état dans lequel végète Bon Pasteur depuis quelques mois. « Il y a dumonde qui trouve ça plate que ça n’ait pas été réparé au complet, parce qu’on est quand même un centre commercial. C’est ennuyeux pour les gens, pour moi et pour les véhicules », a-t-il reconnu. Jean-Charles Sauvé partage l’indignation de ses concitoyens : « C’est terrible, ça n’a pas de sens. C’est la rue la plus maganée de la ville. Je ne passe plus là. C'est trop accidenté. Je fais le tour. »

avec une niveleuse », a-t-il suggéré. Dans la ville, ce ne sont tous les citoyens qui se plaignent de Regent et Bon Pasteur. Certains affirment même ne pas remarquer les nids-de-poule sur ces rues. « Ça ne me dérange pas du tout. J’ai acheté un Jeep passe-partout, a fait valoir a dit Sylvie, qui s’est abstenue de donner son nomde famille. Les nids-de-poule neme dérangent pas. Ils ne peuvent pas les réparer parce qu’ils n’ont pas d’argent. » Un autre automobiliste que nous avons croisé a abondé dans le même sens. « Avec mon camion, je ne sens pas les nids-de-poule. » GaryMorris dit comprendre la situation, mais estime que la Ville doit intervenir sur certaines artères. « C’est cher réparer les rues, mais sur certaines voies ils n’ont pas le choix, ils doivent réparer. Je pense aux rues William, James… Ils réparent là où il y a plus de trafic, là où il y a des commerces, mais plus loin, c’est en mauvais état. »

cordon de la bourse, la Ville s’est également vu imposer un délai au-delà duquel elle perdrait l’appui financier, si les deux chantiers n’étaient pas achevés. En temps normal, la municipalité effectue ses travaux vers la fin du printemps et le début de l’été. Elle les prolonge durant la saison estivale jusqu’à l’automne, et après, ferme les chantiers pour l’hiver. « On a eu l’approbation des subventions aumois demai. On a dû tout décaler. Et ce qu’il y a avec les subventions, c’est que les travaux devaient être complétés le 31mars 2018, sinon on perdait les subventions », a expliqué le gestionnaire des projets. Il a précisé que Hawkesbury n’est pas la seule à être dans ce cas. Plusieurs autres municipalités, se trouvant dans la même situation, auraient demandé en vain une prolongation du délai. M. Boudrias a dévoilé que finalement, contre toutes attentes, Infrastructure Ontario a adressé, mi-janvier, une lettre à la Ville de Hawkesbury pour lui accorder de prolonger ses travaux jusqu’en 2020. Pour le gestionnaire, cette autorisation intervient trop tard. Si elle avait été donnée plus tôt, la municipalité aurait laissé passer l’hiver et aurait entamé les travaux au printemps. « On ne serait pas dans cette situation-là », a-t-il fait remarquer. Au moment d’aller sous presse, Infrastructure Ontario ne nous avait pas rappelé pour donner sa version des faits. Opération de colmatage de nids-de-poule dans les rues de Hawkesbury effectuée par les opérateurs Christian Décoeur et Marc Vassall. —photo Frédéric Hountondji

FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

Aux citoyens qui soutiennent que les travaux auraient dû commencer bien avant l’automne sur les rues Regent et Bon-Pasteur afin d’éviter les nids-de- poule, la Ville de Hawkesbury répond que c’est la faute du gouvernement provincial. Pour ne pas faire payer aux contribuables toutes les factures des travaux des rues Régent et Bon Pasteur, qui s’élèvent à 2M$, lamunicipalité a eu recours aux subventions gouvernementales. Mais selon Guillaume Boudrias, gestionnaire des projets de la Ville, ces dernières ont mis beaucoup trop de temps avant d’être approuvées. « Les deux projets ont été approuvés très tard l’année passée, ce qui a repoussé notre échéancier de construction. On s’est fait dire, par les différents ministères, que le provincial et le fédéral étaient pour approuver les subventions au mois de février, l’année dernière, ce qui nous laissait amplement le temps de compléter tous les plans et devis. Après ça, on ferait la construction qui serait complétée fin octobre. C’était l’échéancier souhaité et c’était très réalisable », a soutenu M. Boudrias. Risque de perdre les subventions Si les pouvoirs publics ont longtemps traîné les pieds avant d’accepter de délier le

La rue Regent, l’autre championne toutes catégories des nids-de-poule à Hawkesbury. —photo Frédéric Hountondji

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 1 mars 2018

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