FNH N° 1095

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 9 FÉVRIER 2023

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«L’offre destinée aux TPE est quasi inexistante au Maroc» Financement

◆ Les TPE et PME marocaines luttent pour assurer leur survie. Pâtissant des effets de la crise économique mondiale provoquée par la pandémie ainsi que la guerre en Ukraine, bon nombre de ces entreprises qui, rappelons-le, constituent 95% du tissu économique et contribuent à hauteur de 40% au PIB, sont contraintes de mettre la clef sous le paillasson. ◆ Entretien avec Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME.

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Les TPE- PME marocaines subissent de plein fouet les effets de la succession des crises, en plus d’une inflation désor- mais structurelle. Quelle appréciation faites-vous sur cette situation ? Abdellah El Fergui : Les TPE-PME sont en difficulté depuis plus d’une décennie. Mais avec l’arrivée du Covid-19, la situation s’est fortement aggravée, suite notamment aux trois mois de confinement, au manque de soutien du gouvernement et à l’absence d’un pro- gramme de relance essentiellement dédié à cette catégorie d’entreprises. Ajoutons à cela les effets de la sécheresse et de l’inflation. Actuellement, les TPE-PME ainsi que les auto- entrepreneurs font face à une crise sans pré- cédent. Les prix de certaines matières pre- mières ont doublé, voire même triplé, et la hausse du prix du carburant impacte durement les activités de ces entreprises. Cette flambée des prix a réduit de moitié leurs déplacements territoriaux et leurs prospections des marchés. Ces conditions ont par conséquent entraîné une baisse des commandes, beaucoup d’inci- dents et de dysfonctionnements, et plusieurs impayés. Ça fait très mal de voir aujourd’hui des per- sonnes qui géraient autrefois leur propre entre- prise, à la recherche d’un emploi puisqu’elles ont déclaré faillite. Au Maroc, le gouvernement n’arrive pas à préserver les postes d’emplois créés par les 4 millions de TPE, les 300.000 auto-entrepreneurs et les 30.000 PME, alors qu’il cherche toujours à créer de nouveaux postes, en vain. F.N.H. : Selon une étude réalisée par le cabinet Inforisk, le nombre d’entre- prises défaillantes au Maroc s’est

Le gouverne- ment n’arrive pas à préser- ver les postes d’emplois créés par les 4 millions de TPE, les 300.000 auto-entre- preneurs et les 30.000 PME.

élevé à 12.397 en 2022, soit une hausse de 17,4% par rapport à 2021. 99,2% de ces défaillances concernent les TPE, alors que les PME en repré- sentent 0,7%. Quel commentaire faites-vous de ces chiffres ? A. E. F. : Pour une fois, le cabinet Inforisk est sur la même longueur d’onde que la Confédération, concernant l’augmentation du nombre d’entreprises qui ont fait faillite en 2022, et qui est en hausse de 17,4% par rap- port à 2021. En revanche, je n’approuve pas les autres données. Par exemple, le chiffre de 12.397 entreprises qui ont fait faillite n’est pas exact et ne reflète pas la réalité, tout sim- plement parce que ledit cabinet ne prend pas en considération les entreprises personnes physiques qui sont majoritaires parmi le total d’entreprises existant au Maroc. Ce constat est confirmé par le responsable d’Inforisk qui, lors de notre échange, m’a confirmé que son étude ne prend en compte ni cette catégorie d’entreprises, ni les auto-entrepreneurs, sou- lignant que son cabinet a mentionné cette information dans ladite étude, mais que cette

précision n’a pas été faite par les médias. Ainsi, si nous ajoutons les entreprises per- sonnes physiques et les auto-entrepreneurs et si nous prenons en considération les effets de l’inflation, le nombre des entreprises qui ont fait faillite en 2022 va certainement dépasser les 25.000. Notons que pour le compte de l’année 2021, ce nombre serait de 20.000. Malheureusement, nous sommes confrontés à une véritable guerre des chiffres face aux données publiées par les cabinets, l’observa- toire des TPME, Bank Al-Maghrib, les diffé- rents ministères et d’autres organismes qui se basent soit sur les données fournies par les tribunaux, la DGI ou l’OMPIC, soit sur une défi- nition erronée de la TPE, comme celle établie par l’Observatoire des TPME. A ce propos, le ministre de l'Inclusion écono- mique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, M. Younes Sekkouri, s'est basé, lors d’une séance des questions orales au Parlement, sur la définition donnée par l'Ob- servatoire des TPME, ce qui est très grave. Par ailleurs, je tiens à préciser que le programme «Génération Entrepreneurs», récemment lancé

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