03-2018 F

« La formation est une des clés du développement »

Daniel Neuhaus vit en Afrique de- puis plus de 20 ans. Il travaille pour l’association internationale des écoles chrétiennes ACSI (Association of Chris- tian Schools International). Nous lui avons demandé pourquoi la forma- tion est si importante, ce qu’est une bonne formation et comment les va- leurs chrétiennes se reflètent dans la formation. Daniel Neuhaus, depuis quelques an- nées, le travail de développement met un accent particulier sur la formation. Pour- quoi ? La formation est intimement liée à la di- gnité humaine, car elle peut faire sortir celui qui la reçoit des ténèbres. Une per- sonne bien formée peut devenir une pier- re angulaire pour la société. C’est donc un facteur clé pour le développement des pays et le bien-être des populations. Pourquoi la formation est-elle si souvent déficiente dans les pays en voie de déve- loppement ? Les gouvernements sont souvent tota- lement dépassés par les besoins et le nombre d’enfants à scolariser. Récem- ment, un représentant politique ivoirien a déclaré que dans un certain quartier populaire d’Abidjan, près de 526 en- fants naissaient chaque jour. Cela signi- fie que les écoles devraient être agran- dies en conséquence. La pédagogie est un autre problème : les enfants ne font qu’apprendre par cœur, ils ne sont pas poussés à comprendre et savoir appli- quer leurs connaissances. Quelles compétences devraient être particulièrement encouragées par l’édu- cation ? Chaque enfant devrait recevoir une édu- cation de base, puis être orienté et formé selon ses compétences propres. Le but de la formation scolaire ne devrait pas seulement être de recevoir un diplôme, mais surtout de gagner en connaissan- ces pratiques et en compétences de vie. La politique de l’éducation en général doit être axée sur le développement socio-économique et culturel de chaque

pays, car les exigences de qualification des futurs employés sont différentes d’un lieu à l’autre. Par exemple un pays comme le Gabon, qui vit essentielle- ment de la production pétrolière et qui importe presque toute sa nourriture, de- vrait développer les filières agricoles et d’élevage, ainsi que la pêche et les mines et donc former des spécialistes dans ce but. De plus, selon moi, la spiritualité fait partie intégrante d’une véritable édu- cation scolaire. Quand des personnes apprennent dès l’enfance qu’elles ont un Père créateur qui les aime, elles peu- vent apprendre à le connaître et décou- vrir son plan pour leur vie. Selon Josué 1.8, je suis convaincu que Dieu veut bénir ses enfants dans leur mission et leur profession, qu’ils deviennent chefs d’entreprise, agriculteurs, artisans ou commerçants, ou qu’ils travaillent dans le cadre de l’Eglise. Dans quels domaines y a-t-il un besoin particulier de rattrapage ? Dans la création d’écoles techniques et professionnelles, qui offrent des com- pétences pratiques et techniques et ouvrent des débouchés professionnels. Les quelques-unes qui existent actuelle- ment manquent de personnel formé et d’infrastructures adéquates. De jeunes adultes bien formés pourraient apporter une contribution majeure aux pays du Sud. Où et en quoi avons-nous encore besoin du soutien de l’Occident dans le domai- ne de l’éducation ? Il faut avant tout former des enseignants qualifiés et construire des écoles, notam- ment dans les zones rurales. Bien sou- vent, les portes sont grand ouvertes, les gouvernements accordant gratuitement des terrains et des autorisations pour un tel travail. Les écoles professionnelles et techniques sont un autre besoin urgent : en Occident, nous disposons de beau- coup de connaissances et d’un système de formation qui pourrait très bien être adapté aux conditions relativement sim- ples des pays du Sud. →

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