FNH N° 1137

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 25 janvier 2024 - 8 DH - N° 1137

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Ces élus qui trahissent la confiance populaire Vie parlementaire

P. 32

Pourquoi la Bourse monte MARCHÉ DES CAPITAUX P. 10/11

IA et secteur bancaire

Aide aux transporteurs Faut-il y mettre un terme ?

Loi sur la copropriété Ce qui reste encore à faire

 Entretien avec Amal El Fallah Seghrouchni, Pdte exécutive du Centre international d'IA du Maroc Opportunités, défis et perspectives africaines

 Dalila Ennaciri, présidente de l’AMCOP

P. 20/21

P. 12 à 15

P. 22

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 JANVIER 2024

SOMMAIRE

Editorial

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 6 7 8 4 ACTUALITÉ 4

Netanyahou

Architecte d’un carnage insoutenable

Voyons voir : GX_P2V : Quand la Chine terrorise le monde

ans le fracas des armes, le deuil s'étend encore plus sur la bande de Gaza. Dans cette tragédie déchirante, la vie humaine est sacrifiée sur l'autel de la vengeance aveugle. Les attaques meurtrières que continue de perpétrer l'armée israélienne laissent dans leur sillage un nombre insupportable de victimes innocentes, en majorité des femmes, adolescents et enfants. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 25.490 personnes ont été tuées et 63.354 blessées en terre palestinienne depuis le début du conflit. Face à cette hécatombe, il semble impératif de ne pas banaliser, ni même normaliser la perte de ces vies humaines fauchées par les armes de Tsahal. Car chaque destin brisé devrait susciter une indignation universelle. Et la nécessité de trouver des alternatives à cette spirale de violence devrait résonner dans chaque discours poli- tique, dans chaque action diplomatique. Sauf que des alternatives autres que le claquement des armes, les bombes qui détonnent et les corps de Palestiniens qui tombent, criblés de balles, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, orchestrateur de ce carnage, n’en veut point. Son refus obstiné d'envisager une solution à deux États ne fait que prolonger l'agonie d'un conflit sans fin. Ce qui ne résout pas la question fondamentale d'une paix durable. Israël ne peut prétendre construire la paix uniquement par des moyens militaires, comme l'a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. La solution à deux États demeure donc la voie incontournable pour mettre fin à ce conflit, et le refus de l’Etat hébreu d'y souscrire sus- cite des inquiétudes légitimes. La folie meurtrière de Netanyahou et son intransigeance à vouloir coûte que coûte vider Gaza de sa population n’en fait pourtant guère un «héros» en Israël. Bien au contraire. Son impopularité grandissante au sein de la population israélienne témoigne de son incapacité à gérer cette crise. Aujourd’hui, la rue israélienne gronde et réclame sa démission, exprimant son mécontentement envers un gouvernement accusé de ne pas agir suf- fisamment pour mettre fin à la guerre et libérer les otages détenus encore par le Hamas. Les manifestations à Tel-Aviv et les appels au départ de Netanyahou reflètent le désir d'une population de voir un changement radical dans la gestion de cette guerre. Au-delà des chiffres et des déclarations diplomatiques, la quête de la paix et la sécurité et la stabilité de la région ne peuvent résider que dans une coexistence pacifique. Pour dire que les aspirations des Palestiniens à la souveraineté et à un État indépendant ne peuvent être ignorées, et la communauté internationale a la responsabilité de soutenir avec déter- mination cet objectif. Une communauté internationale qui doit, d’abord, mettre fin au dessein funeste de Netanyahou d’avoir un Gaza sans Gazaouis. u

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L'UNIVERS DES TPME

BOURSE & FINANCES

Plateforme Eerchad : Près de 3.000 jeunes accom- pagnés

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Point Bourse Hebdo : Biais haussier maintenu Marché des capitaux : Pourquoi la Bourse Monte Entretien avec Pr. Amal El Fallah Seghrouchni : Révolution IA dans le secteur bancaire, oppor-tuni- tés, défis et perspectives africaines Mutandis : Une capacité de distribution de divi- dende plus importante Entretien avec Omar Tadlaoui : Jet Contractors, «Nous avons été retenus pour des projets stra- tégiques dans la perspective 2030» bourse : La semaine en chiffres

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Vie parlementaire : Ces élus qui trahissent la confiance populaire Diplomatie : Macron et Séjourné évitent de parler du Maghreb

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DEVELOPPEMENT DURABLE

Conjoncture : Le gouvernement contraint de revoir ses prévisions Entretien avec Dalila Ennaciri : Copropriété, l’urgence d’une réforme de la réglementation du métier de syndic Aide aux transporteurs routiers : Faut-il y mettre un terme ? Industrie textile : Une nouvelle feuille de route en gestation Renforcement de l’offre hôtelière : Quel modus operandi ? Automobile : Le groupe Renault Maroc consolide son leadership industriel et commercial Entretien avec Khalid Doumou : Marketing sportif, «le seul secteur privé du sport pèse 1,56% du PIB marocain» Auto-entrepreneur : Le marché réclame une flexibi- lisation du marché du travail !

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Economie bleue : Les activités anthropiques mettent le littoral maritime marocain sous pres- sion

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• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : Mohamed Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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JEUDI 25 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

VOYONS VOIR

GX_P2V

Quand la Chine terrorise le monde

sabilité dans la recherche biologique. Comme le soulignent de nombreux experts, de telles manipulations ne semblent guère apporter de contribution significative à l'avancement scien- tifique, mais engendrent plutôt un sentiment de terreur au sein de la communauté internationale. La Covid-19, qui continue de sévir sous une forme bénigne, a déjà traumatisé le monde entier. Les souvenirs d'une crise mondiale sans précédent sont encore frais, et l'ombre persistante de l'ori- gine incertaine du virus nous turlupine toujours. Rappelons-le, la Chine se trouve au centre des soupçons liés à l'origine de la pandémie de Covid- 19. Les révélations selon lesquelles des informa- tions cruciales ont été délibérément dissimulées au début de la crise et les pratiques opaques du gouvernement chinois renforcent les doutes quant

à la transparence de Pékin et alimentent un climat de méfiance mondiale. Aujourd’hui, le récit de chercheurs chinois alté- rant délibérément un virus au point d’accroître sa létalité n'est donc pas seulement un sujet de préoccupation pour la communauté scienti- fique, mais également un signal d'alarme pour la sécurité mondiale. Les risques associés à cette course irresponsable vers l'inconnu ne peuvent être ignorés. En effet, la quête incessante de la connaissance scientifique doit être équilibrée avec la respon- sabilité et la prudence, et les nations du monde entier doivent être vigilantes et agir de concert pour prévenir une catastrophe auto-infligée résul- tant de manipulations génétiques imprudentes. Ces tripatouillages potentiellement catastro- phiques pourraient déclencher une hécatombe si un tel virus venait à se retrouver accidentellement dans la nature. Car la réalité demeure que l'huma- nité n'est jamais à l'abri d'un accident dévasta- teur. A bon entendeur… ◆

D ans ses laboratoires aux pratiques scientifiques bien douteuses, la Chine nous offre une nouvelle pépite de son arsenal expérimental : le GX_P2V, un coronavirus modifié, fruit d'une manipulation génétique audacieuse survenant dans le sillage de la pandémie mondiale de Covid-19. Ce cocktail biologique, créé à partir d’un virus découvert en 2017 sur des pangolins, soulève des inquiétudes légitimes quant à l'éthique et aux conséquences potentielles. Les chercheurs chinois, dans leur quête appa- remment téméraire, ont remodelé le GX_P2V, l'amenant à un taux de létalité déconcertant de 100% chez des souris porteuses de protéines humaines. Cette prouesse scientifique, si l'on peut l'appeler ainsi, a généré des résultats alarmants qui, au-delà de l'aspect spectaculaire, suscitent des questionnements profonds quant à la respon- Par D. William

Les chercheurs chinois ont remodelé le GX_P2V, l'amenant à un taux de létalité déconcertant de 100% .

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

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ÇA SE PASSE AU MAROC

IPC

L’inflation sur une moyenne de 6,1% en 2023

L ’indice des prix à la consommation a connu, au cours du mois de décembre 2023, une baisse de 0,1% par rapport au mois précédent. Cette variation résulte de la baisse de 0,2% de l’indice des pro- duits alimentaires et de 0,1% de l’indice des produits non alimentaires. Les baisses des produits alimentaires observées entre novembre et décembre

2023 concernent principalement les pois- sons et fruits de mer avec 2,6%; les fruits avec 2,5%; les légumes avec 1,5% et le café, the et cacao avec 0,1%. En revanche, les prix ont augmenté de 1,6% pour les viandes, de 0,5% pour les huiles et graisses et de 0,2% pour le lait, fromage et œufs. Pour les produits non alimentaires, la baisse a concerné principalement les prix des carburants avec 2,6%. Dans ces conditions, l’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et les produits à tarifs publics, aurait connu une hausse de 0,2% au cours du mois de décembre 2023 par rapport au mois précédent. L'IPC annuel moyen a enregistré, au terme de l’année 2023, une augmentation de 6,1% par rapport à l’année 2022. Les variations enregistrées pour les produits non alimentaires vont d’une hausse de 0,1% pour les transports à 5,7% pour les restau- rants et hôtels. Sur cette base, l’indicateur d’inflation sous-jacente aurait connu une hausse de 5,9% au cours de l’année 2023 par rapport à l’année 2022. ■

Énergies renouvelables

Le volume annuel des investissements sera quadruplé L 'investissement en matière d'énergies renou- velables connaitra un bond qualitatif à l'hori- zon 2027, particulièrement de la part du secteur privé, a indiqué, mardi à Rabat, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali. Ainsi, le volume annuel des investissements sera quadruplé par rapport à la période 2009-2022, a précisé la ministre en réponse à une question orale à la Chambre des conseillers sur «la promotion de l'investissement dans le domaine des énergies renouvelables». Selon Benali, l'investissement en énergies renou- velables est en accélération depuis 2021, à travers le renforcement et le développement du réseau électrique national. Près de 23 milliards de dirhams ont été alloués pour la période 2023-2027, et ce pour «une inté- gration optimale des énergies renouvelables et un approvisionnement des différentes régions en électricité» . ■

Tourisme

Les recettes en hausse de 15,8% à fin novembre 2023

L es recettes touristiques ont clôturé les onze premiers mois de 2023 sur un niveau record de près de 97,4 milliards de dirhams, en accroissement de 15,8% en varia- tion annuelle, selon la Direction des études et des prévisions financières. Comparativement à fin novembre 2019, elles se sont raffermies de 33,7%, après une augmenta- tion de 15,5% un an plus tôt. ■

L a capacité des barrages s'est renforcée depuis le mois de sep- tembre jusqu’à présent, avec des importations supplémentaires ayant atteint un total de 646 millions de mètres cubes, selon le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, qui s’exprimait au Parlement. Le ministre a indiqué que les récentes précipitations enregistrées dans plusieurs régions du Royaume ont permis de ramener le déficit hydrique de 70% à 57% par rapport aux années normales et à 37% par rapport à l’année dernière. Il a relevé le début de l’exploitation de nouveaux barrages dans diverses régions et de celles à pompes flottantes pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable. ■

Ressources hydriques Le déficit à 57% par rapport aux années normales

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ÇA SE PASSE EN AFRIQUE

Crise de la dette africaine

Le régime de libre-échange étendu à une trentaine de pays en 2024 ZLECAF

Une spirale sans fond ?

FMI

600 millions de dollars au Ghana après la restructuration de la dette extérieure L e Fonds monétaire international (FMI) a annoncé le versement immédiat de 600 millions de dollars au gouvernement ghanéen, dans le cadre de son programme d'aide, après l'annonce d'un accord de res- tructuration de la dette extérieure du pays. Ce nouveau déboursement, validé par le Conseil d'administration du Fonds, porte à 1,2 milliard de dollars l'aide d'ores et déjà versée au pays d'Afrique de l'Ouest, sur les trois milliards de dollars en 36 mois prévus par le programme. Cet « accord est une étape importante », a souligné le ministre ghanéen des Finances, Kenneth Ofori-Atta, lors d'une conférence de presse, précisant que « c'est la démonstra- tion indubitable que le programme avance régulièrement et que notre trajectoire de réformes est stable ». ■ L e produit intérieur brut (PIB) de l’An- gola devrait croitre de 2,2 % en 2024, tiré notamment par les secteurs non pétroliers avec une croissance de 4,25%, a annoncé la Banque centrale (BNA). L’économie angolaise est toujours confron- tée à plusieurs défis, notamment la pénurie des biens et services, les difficultés de la chaîne d’approvisionnement interne, ainsi que les contraintes de la chaîne logistique internationale, a déclaré le gouverneur de la banque, Manuel Tiago Dias. Il a souligné que dans un contexte marqué par le ralentisse- ment économique, le pays sera confronté à la perspective d'un taux d'inflation de 19%. En novembre dernier, le Fonds moné- taire international (FMI) a annoncé que la croissance de l'économie angolaise devrait atteindre 3% en 2024. ■ Le PIB devrait croître de 2,2% en 2024 Angola

A lors que l'explo- sion de la dette fait planer le spectre d'une paralysie de l'éco- nomie mondiale, plu- sieurs experts pointent la situation alarmante de l'Afrique subsaharienne, qui traverse « la pire crise de son histoire », et où plusieurs pays sont déjà entrés en défaut de paie- ment. Hausse des taux d'inté- rêt et surendettement empêchent de nombreux Etats de financer leur développement, comme l'ont souligné cette semaine les dirigeants africains au Forum écono- mique mondial de Davos. A court de liquidités, inca- pables de rembourser leurs créanciers, plusieurs pays ont alors contracté de nouveaux emprunts afin de payer le service de la dette déjà existante, créant une spirale infer- nale qui empêche des investissements vitaux dans les infrastructures, la santé ou encore l'édu- cation. Aujourd'hui, 22 pays pré- sentent un risque élevé de surendettement ou l'ont déjà atteint, a cal- culé la Banque mondiale en avril 2023. Parmi eux, le Ghana et la Zambie, qui ont fait défaut, ainsi que le Malawi et le Tchad, sous assistance du FMI. ■

L a Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) étendra en 2024 le régime de libre-échange à une trentaine de pays africains, après un projet pilote réussi portant sur sept pays l'année dernière, a annoncé le Secrétaire général du groupement, Wamkele Mene. « Cette année, notre intention est d’accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf », a déclaré Mene lors d’une rencontre tenue récemment sous le thème « L'économie d'échelle africaine », notant que « les premiers échanges com- merciaux entre les pays africains ont effectivement commencé avec des marchandises traversant les frontières, même si les volumes n'ont pas encore atteint les objectifs fixés ». ■

Fitch souligne les sombres perspectives économiques du pays Afrique du Sud

L’ agence de notation internationale Fitch a fait part de ses inquiétudes concernant les sombres perspectives économiques de l'Afrique du Sud et l'augmentation de la dette publique du pays. Dans le dernier rapport de crédit publié cette semaine, Fitch note que l'Afrique du Sud n’a pas entrepris les réformes structurelles nécessaires pour pouvoir sortir du bourbier économique, arguant que certaines déci- sions prises dans ce sens par le gouvernement n’étaient pas suffisamment importantes pour inverser la tendance. Elle a, à cet égard, souligné certains des problèmes épineux dont souffre l’Afrique du Sud, citant particulièrement la crise énergétique chronique que traverse le pays depuis des années, avec des délestages électriques récur- rents, ainsi que la crise du secteur de la logistique. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Marchés boursiers

Japon

Zone OCDE

La Banque centrale maintient sa politique monétaire ultra-accommodante

Le taux d’emploi se maintient à un niveau record au T3-2023

L’Inde dépasse Hong Kong pour devenir le 4 ème mondial

L a Banque centrale du Japon (BoJ) a maintenu, comme prévu, ses taux d'intérêt inchangés mardi, à l'issue de sa première réunion de politique monétaire de 2024. La BoJ a annoncé avoir main- tenu son taux directeur négatif de court terme à -0,1%, notant qu'elle va poursuivre ses achats obligataires, sans fixer de limite supérieure, afin que les rende- ments japonais à dix ans restent autour de 0%. La BoJ demeure actuelle- ment la seule Banque centrale

à maintenir des taux d'intérêt négatifs. Selon les analystes, il est prévu que la banque aban- donne cette politique lors de sa réunion d'avril, à condition que les négociations salariales annuelles confirment une ten- dance à des hausses significa- tives. À l'issue de sa réunion de deux jours, la BOJ a, en outre, revu à la baisse ses projections d'inflation sous-jacente pour l'année fiscale 2024 débutant en avril, les ramenant à 2,4% par rapport aux 2,8% prévus en octobre. ■

L es taux d'emploi et d'activité dans la zone OCDE se sont stabilisés à 70,1% et 73,8% au troisième trimestre 2023, indique l’Organisation de coopération et développement économiques. Il s'agit des niveaux les plus élevés depuis le début des séries en 2005 et 2008, respectivement, indique l’Organisation internationale basée à Paris. Des records ont été enregistrés pour les deux indicateurs dans 9 des 38 pays de l'OCDE, dont la France, l'Italie et le Japon, d'après la même source, relevant que les taux d'em- ploi et d'activité de la zone OCDE ont atteint des niveaux record pour les femmes et les hommes. ■

L e marché boursier indien a détrôné celui de Hong Kong pour se classer pour la pre- mière fois au quatrième rang mon- dial, a rapporté mardi l'agence Bloomberg. La capitalisation boursière totale des actions listées sur les Bourses indiennes a atteint 4.330 milliards de dollars à la clôture de lundi, dépas- sant ainsi celle de Hong Kong, qui s'élevait à 4.290 milliards de dollars, selon les données compilées par Bloomberg. La capitalisation boursière indienne avait dépassé les 4.000 milliards de dollars pour la première fois le 5 décembre dernier. Les actions indiennes connaissent une nette progression, soutenues par une base croissante d'inves- tisseurs particuliers, des bénéfices d'entreprises solides, ainsi que des fondamentaux macroéconomiques nationaux robustes. ■

Zone Euro

L a Banque centrale européenne (BCE) pourrait commencer à réduire ses taux d'intérêt cet été, selon sa présidente Christine Lagarde, tout en prévenant que cette décision dépendrait des der- nières données économiques. Dans un entretien à Bloomberg Television à Davos, Lagarde a été interrogée sur l'hypothèse qu'une majorité de membres du Conseil des gouver- neurs de la BCE se prononcent sur une baisse des taux cet été, voire d'ici l'été. « Je dirais que c'est pro- bable. Mais je dois rester réservée car nous disons aussi que nous dépendons des données et qu'il y a encore un niveau d'incertitude et certains indicateurs qui ne sont pas ancrés au niveau où nous voudrions les voir », a-t-elle relevé. ■ La BCE juge «probable» une baisse des taux à l'été

Royaume-Uni

L’ inflation britannique a augmenté de manière inatten- due en décembre pour la première fois en 10 mois, passant à 4% contre 3,9% en novembre, indique l'Office national des statistiques (ONS). Cette hausse, deux fois supérieure à l'objectif d'inflation de la Banque d'Angleterre (BoE), est due à l'augmentation des taxes sur l'alcool et le tabac et dépasse les 3,8 % prévus par les économistes interrogés en amont de l'annonce des résultats. L'inflation des services, qui est étroitement surveillée par les décideurs politiques en tant que meilleure mesure des pressions sur les prix intérieurs, s'est accélérée à 6,4% en décembre, contre 6,3% en novembre. ■ L'inflation repart à la hausse en décembre

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 JANVIER 2024

BOURSE & FINANCES

Le dynamisme haussier se prolonge et le potentiel de croissance n’est pas encore tari. Le secteur immobilier affiche un gain de plus de 22% depuis le début d’année. Point Bourse Hebdo Biais haussier maintenu

Evolution de l'indice Masi depuis début 2023

L

Par Y . Seddik

mêmes : une baisse des taux sur le compartiment obligataire, un flux d’information positif sur plusieurs secteurs cotés et des perspec- tives d'investissement promet- teuses, notamment en prévision des prochaines échéances spor- tives ou encore des attentes plus favorables pour les marges des entreprises cotées. Ceci étant, la problématique du stress hydrique et ses éventuels impacts sur la croissance pointent le bout de leur nez, mais les investisseurs semblent préférer faire le dos rond et voir le verre à moitié plein. En termes de potentiel de hausse, les actions gardent toujours des cartouches supplémentaires. En effet, une baisse de la prime de risque et du taux sans risque améliorerait la valorisation du marché au fur et à mesure que les taux obligataires diminuent. D'autant plus que les financiers tablent sur un assouplissement de la politique monétaire dans les 12 à 18 prochains mois.

a psychologie demeure posi- tive et la cadence s'accélère encore cette semaine sur les actions, avec un bref épisode de repos lundi qui n'a pas enrayé la dynamique haussière. Ainsi, en gagnant 182 points, le Masi a dépassé son plus haut absolu de 2023 pour inscrire une troi- sième semaine consécutive de hausse, terminant son parcours hebdomadaire à 12.685 points. Les gains de l'année dépassent déjà les 5%. Le niveau de participation des opérateurs augmente de 12% par rapport à la semaine dernière à 912 MDH, ce qui soutient vigou- reusement ce mouvement haus- sier. Cette hausse des flux de semaine en semaine, s'explique en partie par les ajustements stratégiques opérés au cours du mois de janvier. Alors qu'est-ce qui stimule cette dynamique haussière ? Pour l’heure, les arguments qui sou- tiennent la tendance sont les

TOP Performances

FLOP Performances

Minière Touissit Sanlam Maroc IB Maroc.com

-9,09%

+11,61% +11,11%

Alliances Risma Jet Contractors

-7,61%

-6,18%

+9,59 %

démarque en drainant 60 MDH, se classant ainsi comme la 3 ème valeur la plus échangée cette semaine après Attijariwafa bank et BCP. À plus court terme, le chiffre de l’inflation de décembre qui tombe à 3,4%, pourrait remettre une pièce dans la machine à spéculer sur la probabilité d’une baisse du taux directeur par Bank Al-Maghrib. ◆

L’immobilier en vedette Si le Masi affiche une progres- sion d'environ 5% depuis le début de l'année, le secteur immobi- lier, indiscutablement vedette de 2023, s'envole de 22% au cours des trois premières semaines. Il est suivi de près par le sec- teur de la santé, représenté par Akdital, qui enregistre une hausse significative de 14,33%. Même en termes de volumétrie, l’im- mobilier, à travers Alliances, se

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JEUDI 25 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Marché des capitaux

Pourquoi la Bourse monte Après une année 2023 finalement porteuse, le marché actions connait un début d’année en fanfare. Avec déjà plus de 5,2% de gain au compteur, le marché dépasse ses plus hauts absolus de 2023. La Bourse profite d’une conjonction d’éléments favorables pour continuer de grimper. Explications.

Par Y. Seddik P

 La Bourse démarre l'année sur les chapeaux de roue, affichant à une semaine de la clôture mensuelle un gain de plus de 5,2%.

eu nombreux sont ceux qui auraient anticipé un démarrage aussi vigou- reux de la Bourse cette année. À une semaine de la clôture du mois janvier, le marché affiche déjà un gain de 5,2% au compteur et dépasse à ce niveau ses plus hauts absolus de 2023, laissant entrevoir une poursuite haussière. Du moins pour le moment. Ce premier mois de l’année est traditionnellement tactique pour les gérants de fonds. Ils y réa- lignent leurs stratégies, réévaluent leurs allocations et prennent des positions stratégiques en prévision des annonces de croissance des bénéfices et de dividendes, prévues entre mars et avril. Et statistique- ment, le mois de janvier influence souvent la trajectoire des marchés pour le reste de l'année. Sur une période d’observation de 20 ans (2003-2023), il apparaît que sur les 15 années où le mois de janvier a connu une évolution positive, 10 se sont soldés par une perfor- mance globalement positive pour l'ensemble de l'année. De manière additionnelle, sur ces 15 années, les 11 premiers trimestres ont éga- lement affiché des résultats positifs. Au-delà des statistiques, parfois sujettes à des fluctuations impré- visibles, la question est de savoir quels sont les catalyseurs qui ali- mentent cette dynamique. De plus,

il convient de se demander si ces facteurs seront suffisants pour sou- tenir et prolonger cette tendance positive. Pourquoi ça grimpe ? Les catalyseurs de cette dynamique sont nombreux. Mais c'est bien le mouvement de désinflation qui tire les marchés vers le haut depuis l’année dernière et qui redonne de la vigueur à la Bourse en ce début d’année. En décembre, l’inflation est descendue à 3,4%, soit un plus bas de 2 ans. Celle-ci devrait reve- nir en dessous de la barre des 3% en 2024 et 2025, conformément aux attentes de Bank Al-Maghrib. Une anticipation qui marque une rup- ture par rapport aux deux années précédentes, au cours desquelles les Banques centrales ont pris des mesures de resserrement monétaire exceptionnelles pour contrer l'infla- tion. Ces politiques restrictives ont eu un impact négatif sur le marché boursier, mais la perspective d'un retour à une inflation modérée sus- cite désormais l'optimisme parmi les investisseurs. Car si la hausse du taux directeur de BAM s’est arrêtée depuis plu- sieurs mois, investisseurs, gérants et analystes se demandent désor- mais quand la baisse va arriver. Dès le début de l’année ? D’ici au deu- xième semestre ? Voire pas avant

2025 ? Personne ne s’accorde à donner la même réponse pour le moment. Un autre élément de confiance réside dans le fait que le taux d'inté- rêt réel, ajusté de l'inflation, devrait devenir positif en 2024, une pre- mière depuis fin 2021. Cette situa- tion signifie que les rendements réels sur les investissements pour- raient devenir plus attrayants, ce qui pourrait inciter les investisseurs à se tourner davantage vers le mar- ché boursier à la recherche de ren- dements plus élevés. Accalmie sur l’obligataire En ce début d'année, le marché des taux affiche une certaine accal- mie, tant du côté des échéances courtes que longues, avec notam- ment une baisse des exigences de rentabilité des investisseurs. À une semaine de la clôture du mois de janvier 2023, les levées du Trésor ont atteint 18,5 milliards de DH contre un besoin annoncé pour le mois de janvier de 14,3 milliards de DH, soit un taux de réalisation de 130%. Aussi, au vu des placements importants du Trésor sur le mar- ché monétaire, soit 25 Mds de

DH en moyenne au cours de cette semaine, ainsi qu’une maîtrise des tombées du Trésor durant l’année 2024 autour des 84 Mds de DH, contre 150 Mds de DH en 2023, les analystes écartent toute pression sur les taux primaires au cours du 1er trimestre 2024, ce qui est favo- rable aux actions. Le marché fait souvent référence à la baisse des taux qui plaide pour une plus grande exposition de l'épargne institutionnelle sur la poche actions où les rendements sont meilleurs. Marges des entreprises cotées Les investisseurs tablent éga- lement sur une amélioration des marges des sociétés cotées en 2023, ce qui appuie le marché dans sa progression. En effet, les ana- lystes du courtier M.S.IN prévoient une amélioration de 15% des béné- fices agrégés de la cote en 2023. Cette amélioration est en grande partie attribuée à deux facteurs clés. D'abord, la dynamique posi- tive dans le secteur bancaire, qui contribuerait de manière significa- tive à la croissance des bénéfices. Ensuite, la fin de certaines charges non récurrentes, telles que celle

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 JANVIER 2024

BOURSE & FINANCES

Des grandes tendances à garder en tête

La décélération des tensions infla- tionnistes en 2023 devrait favo- riser la croissance des secteurs non-financiers, avec une reprise attendue de la demande à partir du second semestre 2024 grâce au démarrage de grands projets d'investissement au Maroc, précise Attijari Global Research. Cependant, l'année 2023 prévoit un recul de la masse bénéficiaire des secteurs non-financiers de 8%, principalement attribuable aux contreperformances des secteurs tels que les mines (-45%), l'éner- gie (-29%), le BTP (-17%), l'agroa- limentaire (-12%) et l'automobile (-53%). En 2024, on s'attend à un retour aux niveaux de bénéfices de 2022 pour ces secteurs. Bien que les secteurs non-financiers main- tiennent des niveaux de valorisation relativement élevés, avec un P/E 2024 dépassant les 23x pour des secteurs comme le port, le ciment, l'agroalimentaire, l'énergie, le tech- nologique et l'immobilier, le marché semble déjà avoir intégré le poten- tiel de croissance à moyen terme de ces secteurs. En revanche, le secteur bancaire se distingue par une croissance bénéficiaire deux fois plus élevée que celle du mar- ché entre 2023 et 2024 (14,6% par an contre 6,4%). De plus, le P/E 2024 des banques à 14x offre une décote de 29% par rapport à celui de l'AGR-30, suggérant un attrait potentiel pour les investisseurs. Au final, force est de constater que dans le sillage de l'importante per- formance enregistrée sur le dernier semestre, le niveau de valorisation des sociétés cotées est devenu moins attractif que celui affiché en 2023 et le potentiel de croissance, évalué par BKGR, est modéré, com- pris entre 5 et 10%. Toutefois, si la réserve de reprise a été partielle- ment consommée, une marge de croissance additionnelle demeure encore disponible même si l'arbi- trage demeure en faveur du mar- ché obligataire. L'augmentation de l'appétence des investisseurs pour le risque devrait jouer à l'avantage du marché actions en 2024, avec une campagne agricole médiocre comme seul vrai risque visible à l'horizon. À suivre. ◆

comme un catalyseur d'une ten- dance déjà bien établie. Au moment où nous mettons sous presse, le secteur affiche une hausse d'envi- ron 25%, comparativement à 5% pour l'indice global. Du côté de BKGR, on propose une stratégie d’investissement en 2024 reposant sur l'établissement d'un équilibre entre la prudence et la prise de risque calculée. Tout d'abord, un socle solide constitué de valeurs affichant des fondamen- taux robustes, une position concur- rentielle forte, et/ou dotées d'une politique de rémunération des actionnaires stable et attrayante (Marsa Maroc, BCP, AtlantaSanad, Taqa Morocco, Attijariwafa bank, Ciments du Maroc…). L'objectif principal de cette composante est de sécuriser le capital investi tout en garantissant un niveau de ren- dement minimal. En complément, le portefeuille comprend une poche de titres ciblant des performances futures significatives. Cette portion est constituée de deux catégories dis- tinctes : des valeurs de croissance présentant un potentiel de déve- loppement significatif, dépassant la moyenne du marché, grâce à des plans d'entreprise ambitieux et des marchés porteurs à l’image de HPS, et des valeurs «Value», actuelle- ment sous-estimées mais affichant un potentiel de reprise substantiel à exploiter (Akdital, TGCC, SNEP, Aradei et Maroc Telecom).  L'accroissement de l'intérêt des investisseurs pour le risque devrait jouer en faveur du marché actions en 2024.

liée à la liquidation de l'astreinte imposée par l'ANRT d'une valeur de 2,45 milliards de DH qui avait pesé sur la capacité bénéficiaire de la cote casablancaise aupara- vant. Ceux de BMCE Capital Global Research s’attendent à une crois- sance de la capacité bénéficiaire de 13,7% à 29,3 Mds de DH en 2023, puis de 10,9% à 32,4 Mds de DH en 2024. Le mouvement haus- sier actuel ne peut s'expliquer que par ces trois facteurs. Les pers- pectives d'investissement liées aux prochaines échéances sportives sont également susceptibles de susciter une psychologie favorable parmi les investisseurs en actions. L'anticipation de retombées éco- nomiques positives provenant de ces événements sportifs suscite un intérêt accru pour les placements boursiers. Les bons plans de 2024 Un peu plus de visibilité, mais une croissance qui restera modeste sur fond de sécheresse et stress hydrique. L'année 2024 ne sera pas forcément très flamboyante, mais des opportunités sont à sai- sir, notamment dans le sillage des annonces effectuées fin 2023, à

savoir les échéances sportives (Coupe du monde 2030/CAN 2025), plan de reconstruction, signature de plusieurs accords de coopéra- tion avec les Émirats arabes unis… M.S.IN met dans sa watchlist des secteurs qui devraient connaître une reprise ou une poursuite haus- sière en 2024. Parmi eux, le BTP, le tourisme, les banques, l'événe- mentiel, les transports et les télé- communications qui bénéficieront particulièrement de grands événe- ments prévus au Maroc, tels que la Coupe d'Afrique des Nations 2025 et la Coupe du monde 2030. De plus, le secteur du BTP sera également dynamisé par un pro- gramme d’investissement massif dans la reconstruction des régions affectées par le séisme d'Al Haouz, avec un budget de 120 milliards de DH sur cinq ans. Après une période de crise qui a longtemps perduré, le secteur immobilier est revenu sur le devant de la scène boursière en 2023, notamment avec le lancement du programme d'aide au logement. Les opérateurs reprennent des positions à l'achat en ce début d'année, et les flux se dirigent clai- rement vers ce secteur, agissant

Le marché semble déjà avoir intégré le potentiel de croissance à moyen terme des secteurs non-financiers.

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JEUDI 25 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

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Révolution IA dans le secteur bancaire

Opportunités, défis et perspectives africaines Pour les banques, l’IA générative apporte des nouveaux outils de formation pour l’up-skilling et le re-skilling des cadres et aussi des clients. On estime à 74% les cadres bancaires qui pensent que le secteur sera complètement transformé par les technologies intelligentes. Toutefois, le développement de l’IA en Afrique, tous secteurs confondus, soulève de nombreux défis. Entretien avec Amal El Fallah Seghrouchni, présidente exécutive du Centre international dintelligence artificielle du Maroc, Ai Movement, et membre de la Commission mondiale de l’éthique des sciences et des technologies de l’Unesco (Comest).

Propos recueillis par Y. Seddik

formation, et le back-office, pour l’accomplissement des tâches en arrière-plan. En front-office, l’IA est utilisée pour améliorer l’interaction avec les clients de la banque et la gestion de la relation client (CRM). Cela consiste à personnaliser les interactions avec les clients en analysant leurs comportements passés, leurs préférences et besoins afin de leur offrir des produits et des services plus adap- tés à leurs besoins. On parle de services customisés sur la base d’une vision 360° du client. Les techniques d’IA mobilisées sont les chatbots pour une assistance virtuelle en temps réel aux clients, pour répondre à leurs questions, gérer les demandes de routine et fournir des informations sur les comptes. L’IA est également utilisée pour évaluer la solvabilité des emprunteurs en analysant

diverses données, incluant les historiques de paiement, les comportements financiers et les tendances économiques. Les systèmes de reconnais- sance biométrique telles que la reconnaissance faciale, d'em- preintes digitales et vocale, sont utilisées pour renforcer l'authentification des utilisa- teurs et sécuriser l’accès aux comptes bancaires. On peut citer deux exemples. *HSBC propose le chatbot Amy, qui comprend l'anglais, le chinois traditionnel et sim- plifié, et aide les clients à obtenir des réponses instan- tanées aux questions les plus courantes sur les produits et services de la banque *CITI SG permet aux clients d’obtenir des réponses aux questions concernant le solde du compte, les transactions, les récompenses et les infor- mations sur les paiements pour les cartes de crédit,

les comptes chèques et les comptes d'épargne. En middle6office, l’IA est uti- lisée pour l’automatisation et l’optimisation des processus internes au système d’infor- mation. Elle permet de réduire les erreurs humaines, d’accé- lérer les délais de traitement et d’améliorer l'efficacité opé- rationnelle. De nombreuses techniques d’IA sont mises à contribution. • L’analyse prédictive permet d’optimiser la gestion des por- tefeuilles et des portefeuilles d'investissement, de fournir des recommandations aux gestionnaires de fonds; • L’analyse de grandes masses de données est utilisée pour identifier et anticiper les ten- dances du marché et pour évaluer les risques de crédit; • L’analyse des comporte- ments permet de détecter les fraudes et d’améliorer la gestion des risques pour les

Finances News Hebdo : Tout d’abord, quels sont les exemples les plus marquants de l'applica- tion de l'intelligence arti- ficielle dans le secteur bancaire, et comment ont-ils amélioré l'effi- cacité opérationnelle et l'expérience client ? Pr. Amal El Fallah Seghrouchni : L’intelligence artificielle est largement utilisée dans le domaine bancaire. Il est possible de distinguer trois grandes catégories d’utili- sation : le front-office, pour l’interface avec les clients, le middle-office, pour une meil- leure gestion du système d’in-

La banque doit se doter d’une stratégie de résilience face aux usages maléfiques de l’IA pour détecter ces vulnérabilités.

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 JANVIER 2024

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par IBM, il faut 280 jours pour trouver et contenir une cybe- rattaque moyenne, tandis que celle-ci coûte en moyenne 3,86 millions de dollars. Le logiciel de la banque n’en est pas exempt. Le rôle de l'IA pour la cybersécurité est double. D’une part, grâce à l’IA on peut implémenter l’automa- tisation des tâches courantes de cybersécurité : gestion des vulnérabilités, détection des menaces, etc. D’autre part, il devient possible, voire aisé d’identifier des menaces dans de grands ensembles de don- nées qui n'ont pas été analy- sés manuellement. Plus récemment, une nouvelle génération de cybermenaces est apparue avec l’arrivée de l’IA générative. Cette dernière a ouvert la voie à de nou- veaux risques et de nouvelles menaces que les cyber-atta- quants ont intégré à leur arse- nal de plus en plus multimo- dal. Ainsi, les pirates ne se contentent plus de pirater des courriels, de faire de l’hame- çonnage, mais peuvent imi- ter des voix, des visages et même des personnalités pour s’approprier les identités de leurs victimes et les piéger. Autant de nouveaux défis pour sécuriser les banques et leurs clients. F.N.H. : Comment les institutions bancaires peuvent-elles s'assu- rer de la fiabilité et de l'éthique des systèmes d'IA qu'elles utilisent, et quel rôle joue la régle- mentation dans ce contexte ? Pr. A.E.S. : Les banques déploient des systèmes d’IA qui doivent pallier les risques de sécurité informatique et ceux

F.N.H. : En considérant le potentiel de l'IA pour dissimuler des activités criminelles et contourner des infrastructures sécu- risées, quelles stratégies peuvent être mises en place par les banques pour se protéger contre ces risques associés à l'utilisation de l'intelli- gence artificielle ? Pr. A.E.S. : Il est en effet bien connu que l’IA est à double tranchant, car elle peut être utilisée pour sécuriser le sys- tème bancaire, mais peut éga- lement y introduire des vulné- rabilités. Par exemple, l’IA peut aider à la création de fausses vidéos, à doper des logiciels malveillants alimentés par l'IA, à créer des attaques d'ingénie- rie sociale plus intelligentes, etc. La banque doit se doter d’une stratégie de résilience pour faire face aux usages malé-

clients et pour la banque. Notons que les techniques de fraude ne cessent d'évoluer et les dispositifs de lutte anti- fraude doivent s'adapter. Le recours à l'intelligence arti- ficielle fait émerger de nou- velles approches innovantes fondées sur des algorithmes et des technologies de grandes masses de données (Big Data). Aussi, la prédiction de la fraude et la détection des transactions suspectes (ex. le blanchiment d'argent) deviennent possibles et reposent sur des techniques d’apprentissage automatique pour analyser les modèles de transactions et identifier les comportements suspects. En back-office, l’IA permet l’automatisation des opéra- tions de back-office comme la vérification des documents, la gestion des demandes de prêts, et d'autres processus administratifs.

fiques de l’IA afin de détecter ces vulnérabilités et sécuriser le système relativement aux trois niveaux (le front, le middle et le back-office). Cette stratégie de protec- tion doit inclure la sensibili- sation des collaborateurs et des clients aux risques, l’aug- mentation des protections du système d’information et le renforcement des authentifica- tions. Cela passe par la sécu- risation des données bancaires et des données personnelles et l’investissement dans des développements d’une IA de confiance. On estime aujourd’hui les risques de la cybersécurité à 403 Mds de dollars, et le mar- ché mondial de la cybersé- curité d'ici 2027 avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12,5%. Le marché de la cybersécurité valait 176,5 milliards de dollars en 2020. Selon des recherches menées

Les pirates ne se contentent plus de pira- ter des courriels, mais peuvent imiter des voix, des visages et même des personnali- tés pour s’approprier les identités de leurs victimes et les piéger.

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