Finances News Hebdo N° 1063

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 21 avri l 2022 - 8 DH - N° 1063

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Hydrocarbures Le Maroc joue à fond la carte du gaz naturel

Tourisme interne

Un marché prometteur, mais mal servi

P. 22

P. 14/15

Comment protéger son épargne P. 10 INFLATION

Prix des carburants

Bourse

Ressources hydriques

Quels leviers pour soulager les consommateurs ?

L’envasement, une menace sérieuse pour les barrages

Les champions de la marge

P.9

Conjoncture

P. 18

Transformation numérique

Dégradation des perspectives économiques 2022

Le boom digital au Maroc : Oui, mais…

P. 13

P. 16

P. 20/21

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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JEUDI 21 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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> Actualité

Voyons voir : Covid-19, c’est pépère !? Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 3 4 6 7

> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : À pas de loup, le Masi continue de reprendre du terrain Bourse : Les champions de la marge Inflation : Comment protéger son épargne ? 8 9 10

> L'univers des TPME Financement des start-up : UM6P Ventures se démarque 23 Inflation et pouvoir d’achat : Les ménages entre le marteau et l’enclume Prix des carburants : Quels leviers pour soulager les consommateurs ? Hydrocarbures : Le Maroc joue à fond la carte du gaz naturel Conjoncture : Dégradation des perspectives économiques pour 2022 Ressources hydriques : L’envasement, une menace sérieuse pour les barrages du Royaume Industrie textile : Les dessous d’une performance remarquable à l’export Transformation numérique : Le boom digital au Maroc, oui, mais… Tourisme interne : Un marché particulièrement prometteur, mais mal servi 12 13 14 16 18 19 20 22 > Economie 8

Par Fatima Ouriaghli

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L e déficit pluviométrique enregistré pour la campagne agricole 2021-2022 était annonciateur d’un exercice économique difficile, auquel s’ajoute une conjoncture internationale défavorable, avec notamment la guerre en Ukraine. Bank Al-Maghrib avait ainsi donné le ton le mardi 22 mars, en révisant sa prévision de croissance pour 2022 à 0,7%, eu égard notamment à une baisse attendue de 19,8% de la valeur ajoutée agricole. Le gouvernement est, lui, beaucoup plus optimiste : il table sur une croissance comprise entre 1,5% et 1,7% en 2022, au lieu d'une progression de 3,2%, comme prévu au niveau de la Loi de Finances. Il s’attend aussi à un recul de la valeur ajoutée limitée VUE DE L’ESPRIT Croissance

à 11% (vs 19,8% pour BAM), compte tenu notamment des dernières précipitations enregistrées récemment, qui ont permis de maintenir à un bon niveau la productivité des cultures de printemps et d’été. De leur côté, les institutions internationales ont égale- ment refait leurs calculs. La Banque mondiale prévoit une croissance de 1,1%, sur la base d’une production agricole qui devrait diminuer de 17,3% en raison de la

Tant qu’il n’y aura pas une transformation profonde du modèle économique actuel, cette ambition de dou- bler le PIB en 2035 restera une vue de l’esprit.

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> Focus Agricole

sécheresse. Tout autant, le Fonds monétaire international table sur un taux de croissance de 1,1% contre 3% prévu précédem- ment en janvier. La croissance économique reste ainsi toujours dépendante du comportement du secteur agricole, le PIB non agricole n’étant pas suffisamment robuste pour pallier les déficits enregistrés lors des saisons moyennes ou médiocres. Et c’est la probléma- tique majeure à laquelle est confrontée l’économie nationale, qui s’est fixée pourtant d’importantes ambitions à l’horizon 2035, notamment le doublement du PIB par habitant. Ce qui implique de réaliser un taux de croissance d’au moins 6%... pendant 14 ans. Pour cet exercice, les carottes sont donc cuites, tandis qu’en 2023 les meilleures prévisions anticipent une croissance de 4,6%. En cela, tant qu’il n’y aura pas une transformation pro- fonde du modèle économique actuel, cette ambition de doubler le PIB en 2035 restera une vue de l’esprit, en ce qu’elle est tribu- taire d’un aléa sur lequel le gouvernement n’a aucune maîtrise : la pluviométrie. u

Oléagineux : Pourquoi il faut donner une nouvelle impulsion à la filière 24 > Société Entretien avec Dr Moundir Souhami : Bactérie salmonelle, quelles conséquences sur la santé ? 26

> Culture

Musique : Ramadan et son lot d’attractions Entretien avec Alaa Akaaboune : Confidences, coupez, c'est dans la boîte !

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> High-tech

Deep learning : Ces fameuses neurones artificielles derrière l’IA 31

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Covid-19,

c’est pépère !?

Par D. William

L e Covid-19 n’est pas fini, mais c’est comme tel. Dans la conscience collective, la pandémie est bel et bien finie et les citoyens ont repris leur vie d’avant. Surtout que les messages diffusés par le ministère de la Santé depuis quelques semaines sont plus que rassurants. D’ailleurs, dans sa dernière sortie, le coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique, Mouad Mrabet, a fait savoir que la situation épidémiologique est «stable» avec une «faible circulation virale» sur l’ensemble du territoire national. Il n’y a que les statistiques journalières rendues publiques par la tutelle qui nous rappellent encore que le coronavirus est toujours là et qu’il fait partie de notre quo- tidien. En effet, il y a toujours des cas de Covid-19, même s’ils sont en forte baisse :

Non, à en croire l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui précise que «nous sommes toujours au milieu de cette pan- démie» et que «nous ne sommes pas à un stade endémique». Dès lors, avertit l’OMS, le virus est encore capable de provoquer «de grandes épidémies» , vu que la «mala- die reste assez volatile». Tout en rappelant que le fait qu’une maladie devienne endé- mique ne l’empêche pas d’être grave : le paludisme et la tuberculose, tous deux endémiques, tuent des millions de per- sonnes chaque année. Mais les traumatismes causés par cette pandémie aux populations sont tels qu’elles sont actuellement imperméables aux discours anxiogènes. Elles choisissent de croquer la vie à pleine dent. Et encore davantage si elles se sentent immunisées du fait de la vaccination. ◆

entre le 1 er et le 19 avril, le total des contaminations a atteint 1.108, soit une moyenne de 58 cas par jour. De même, la présence du virus est davantage ressentie par les familles endeuillées. Car, oui, le coronavirus continue de faire des victimes, même si leur nombre a drastiquement diminué : sur la période précitée, 4 décès ont été enregistrés. A l’étranger, ce sont les mesures exces- sives prises par la Chine qui rappellent que nous sommes encore en pleine pan- démie. Avec sa stratégie «zéro Covid», l’empire du Milieu sidère le monde avec les mesures drastiques mises en place à Shangai, où un confinement strict est instauré depuis fin mars. Partout ailleurs, on gère cette crise sanitaire de façon… pépère. Doit-on pour autant baisser la garde ?

Il n’y a que les statistiques jour- nalières rendues publiques par la tutelle qui nous rappellent encore que le coronavirus est toujours là.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

4 Ç A SE PASSE AU MAROC L es charges de la Caisse de compensation devraient augmenter de plus de 15 milliards de dirhams supplémen- taires par rapport aux prévisions de la Loi de Finances 2022, fixées à 17 Mds de DH, selon le chef du gouverne- ment, Aziz Akhannouch. www.fnh.ma Elles se sont élevées à 21,1 Mds de DH à fin 2021, contre des prévisions de l'ordre de 12,5 Mds de DH la même année, a relevé Akhannouch. L'Exécutif, a-t-il dit, s'est engagé à coordonner avec l’ensemble des professionnels afin de stabiliser les prix et maintenir leur niveau approprié et habituel, soulignant que les produits de grande consommation feront l’objet d’un contrôle et d’un suivi continu. ■ Caisse de compensation : Les charges devraient augmenter de plus de 15 Mds de DH

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Commande publique

Produits pétroliers

Un investissement de 3 Mds de DH pour augmenter la capacité de stockage

De nouvelles mesures en faveur des entreprises D ans une circulaire diffusée le 18 avril, le chef du gouverne- ment demande aux ministres et responsables de l'Admi- nistration de prendre une série de mesures pour soulager la pression sur les entreprises du BTP, dans le cadre de la commande publique, suite à la hausse des prix des matières premières et à leur rareté, qui causent des retards dans les chantiers. Dans cette circulaire, le chef du gouvernement rap- pelle le contexte tendu par lequel passent les chaînes de valeur et les conséquences de la géopolitique sur la disponibilité et les prix des matières premières. Il demande ainsi à l'administration publique d'appliquer une série de mesures, huit en tout, pour soulager la pression sur les entreprises. Parmi ces mesures, le prolongement des délais de livraison des chantiers, la revue à la hausse des contrats sous conditions, ou encore la restitution des indemnités de retard. Aussi, les entre- prises pourront annuler facilement les commandes en cours de négociation sans avoir à en subir les conséquences finan- cières. Une mesure importante concerne l'actualisation des indicateurs utilisés dans la fixation des prix des contrats pour tenir compte de l'inflation. Dans ce sens, le ministère de l'Equi- pement et de l'Eau doit se concerter avec les parties prenantes pour actualiser le référentiel des prix et le publier dans les plus brefs délais. Aussi, Aziz Akhannouch demande aux différents départements ministériels d'accélérer le paiement des presta- taires pour soulager leur trésorerie. ■

L a ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a assuré mardi au Parlement que la situa- tion du stock national stratégique des «pro- duits pétroliers» est satisfaisante, d'après les données disponibles. «Le stock national des produits pétroliers est suffisant pour couvrir entre 30 et 40 jours de consommation, selon le type de produit» , pré- cise-t-elle, notant que cette situation est celle qui prévalait depuis 20 ans. S'agissant du gaz naturel, Benali a fait savoir que les quantités disponibles et les prix de cette matière au niveau du marché national inspirent l'optimisme, ajoutant dans ce sens que malgré la conjoncture mondiale difficile, des contrats ont été conclus avec des compa- gnies internationales pour s'approvisionner en cette matière. Par ailleurs, dans le cadre de la politique ambi- tieuse adoptée par le Maroc pour augmenter

le niveau du stock de réserve et répondre aux besoins du marché national en produits énergétiques, la tutelle se penche sur l'accom- pagnement des projets programmés par le secteur privé pour la création d'une capacité globale supplémentaire de stockage de pro- duits pétroliers, d'un investissement d'environ 3 milliards de dirhams à l'horizon 2023. Le ministère examine également la possibilité de la mise en place d'un nouveau système de gestion du stock de réserve, et ce dans le cadre d'un partenariat public-privé. ■

Outsourcing

Signature de quatre mémorandums d’entente relatifs à des projets d’investissement

R yad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Ghita Mezzour, ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l'Administration, ont présidé mercredi 20 avril à Casaneashore, la céré- monie de signature de quatre mémorandums d’entente relatifs à des projets d’investisse- ment dans le secteur de l’outsourcing. Avec un investissement total de plus de 65 millions de dirhams, ces quatre mémoran- dums d’entente visent à créer 5.050 nou- veaux emplois directs et stables à horizon 2026 sur plusieurs sites d’outsourcing dans le Royaume, notamment Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Agadir. A cette occasion, Ryad Mezzour a déclaré

que «c’est un véritable essor que connait le secteur de l’outsourcing dans cette dyna- mique industrielle soutenue qui se poursuit au Maroc. Avec ces nouveaux investissements, le secteur confirme son attractivité qu’il doit à la qualité de son offre adaptée aux besoins des entreprises et à la montée en gamme des technologies de pointe, faisant du Royaume l’une des meilleures destinations technolo- giques et techniques. L’outsourcing renforce ainsi davantage sa place dans l’économie nationale comme étant l’un des pourvoyeurs les plus importants de l’emploi pour nos jeunes et un levier de développement régio- nal » (www.laquotidienne.ma). ■

2.269.320 C’est le nombre d’opérations de paiement en ligne durant le mois de Mars 2022, pour 743.790.012 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines et étrangères, sur les sites des facturiers et les sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +41,1% en nombre et +27,0% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Burkina Faso : L’ONU réaffirme sa disponibilité à accompagner la transition

Tunisie : L’encours de la dette publique représente 85,5% du PIB

Le Congo et le Rwanda signent huit accords de coopération

L’ encours de la dette publique en Tunisie a atteint 107,8 milliards de dinars (1 Euro = 3,2 DT), ce qui représente 85,5% du PIB à fin 2021, selon le ministère tunisien des Finances. D'après la brochure mensuelle de la dette publique, publiée par le ministère, l’encours de la dette a augmenté de près de 16% par rapport à 2020 (93 milliards de dinars, soit 77,8% du PIB) et de près de 30% en com- paraison avec l’année 2019 (83,3 milliards de dinars, l’équivalent de 68% du PIB). La même source a relevé que la dette extérieure représente 62,8% (67,7 milliards de dinars) de l’ensemble de l’encours de la dette et composée à 100% de dettes à moyen et long terme. ■

Sénégal : La BID finance la réalisation de l’autoroute Dakar-Saint-Louis L e Sénégal et la Banque islamique de développement (BID) ont procédé à Djeddah à la signature d'un accord de financement d'un montant de 238 millions d’euros pour le projet de construction de l’autoroute Dakar- Tivaouane-Saint-Louis (nord). Le document a été paraphé par Amadou Hott, ministre sénégalais de l’Économie, du Plan L e président de la transition du Burkina Faso, le lieute- nant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, s'est entre- tenu avec le représentant spécial du secrétaire géné- ral des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed Saleh Annadif, qui lui a réaffirmé le soutien de l'ONU à la transition, a indiqué la présidence burkinabé. « Notre mission de façon globale et les échanges que nous avons eus avec le président de la transition partent du prin- cipe que depuis qu'il y a eu le changement au Burkina Faso, les Nations unies, avec les autres partenaires, notamment la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), se sont mis dans une logique d'accompagner la transition », a déclaré le diplomate onusien au terme de l'audience. ■

L a République du Congo et le Rwanda ont signé, mardi à Brazzaville, capitale congo- laise, huit accords pour «l 'élargisse- ment et l'approfondissement de leur coopération », indique un communi- qué conjoint. Ces accords touchent des domaines variés, notamment la protection des investissements, l'exploitation minière, la gestion d'entités écono- miques et le raffermissement des liens culturels. S'agissant des questions régionales et sous-régionales, le président rwandais et son homologue congo- lais, Denis Sassou Nguesso, ont « encouragé le recours au dialogue politique et à la voie diplomatique, comme seuls moyens de résoudre les différends pouvant éventuelle- ment survenir entre les Etats ». ■

Inondations en Afrique

du Sud Le bilan grimpe à 443 morts

et de la Coopération, et Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, d’une part, et Dr. Muhammad Sulaiman Al-Jasser, président de la BID, d’autre part. « Avec ce financement, la BlD participe pour un montant de 238 millions d’euros à la réalisation de l’autoroute qui va relier Dakar à Saint-Louis d’une longueur d’environ 200 km et retenue au rang des priorités par le Président de la République », indique un communiqué. ■

L e bilan des inondations qui ont ravagé cette semaine la côte Est de l’Afrique du Sud a grimpé à 443 morts, ont indi- qué les autorités locales. « Le nombre de morts s'élève désormais à 443, alors que 63 personnes sont toujours portées disparues », a déclaré le Premier ministre de la province du Zwazulu-Natal, Sihle Zikalala. Il a également souligné qu'une salle de contrôle regroupant les différents services provinciaux et locaux a été mise en place pour assurer le suivi permanent de la situa- tion et entreprendre les actions nécessaires pour venir en aide aux sinistrés. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Le FMI prévoit une croissance de l'économie indienne de 8,2% en 2022

L e Fonds monétaire international (FMI) a prévu une croissance de 8,2% pour l'économie indienne au cours de l'exercice 2022, sur fond notamment de guerre en Ukraine. Dans son rapport semestriel sur les «Perspectives de l'économie mondiale», le FMI a déclaré que la croissance de l'Inde a été réduite de 0,8 point de pourcentage par rapport aux prévisions de l'année précédente. L'année dernière, l'Inde a enregistré un taux de crois- sance de 8,9% et d'ici 2023, elle passera à un taux de 6,9%, selon le rapport de l'institution de Bretton Woods. La révision à la baisse de la projection de croissance 2023 pour l'Inde est en partie due à la guerre en Ukraine

qui a déclenché une hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, et a également ralenti la dyna- mique de croissance. ■

Chine : Le PIB en hausse de 4,8% au premier trimestre de 2022

L e produit intérieur brut chinois a enre- gistré une hausse de 4,8% au premier tri- mestre de 2022, a indi- qué le bureau national des statistiques. Cette hausse intervient

France : L’inflation grimpe de 4,5% sur un an en mars

L’ indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 1,4% en mars sur un mois, après +0,8% en février, et de 4,5% en glissement annuel, a annoncé l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les prix de l’énergie ont accéléré (+9,0% après +3,6%) dans le sillage de ceux des pro- duits pétroliers (+17,0% après +5,6%), ajoute l’Insee, notant que les prix des produits manufacturés (+1,4% après +0,6%) et ceux de l’alimentation (+0,9% après +0,3%) ont augmenté aussi, dans une moindre mesure. Les prix des services ont ralenti (+0,2% après +0,5%), notamment en raison du repli des prix des services de transport (−0,9%

en dépit de défis liés notamment à la hausse des infec- tions au Covid-19 dans le pays et à un environnement international marqué par l’envolée des prix des matières premières. Le taux de 4,8% représente une légère hausse par rap- port aux 4% enregistrés au quatrième trimestre 2021. L’économie semble s’inscrire dans une trajectoire stable à la faveur de la stratégie adoptée par le gouvernement chinois face au Covid-19; une stratégie qui tente de trou- ver un équilibre entre le contrôle de la propagation du virus et le développement économique. Le gouvernement chinois s’est fixé comme objectif de réaliser une croissance de 5,5% de son PIB en 2022. ■ Ukraine : L'UE et les États-Unis prêts à adopter de nouvelles sanctions contre Moscou

après +4,0%). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 1,0%, après +0,7% en février, note la même source. ■

OCDE : Le taux de chômage à 5,2% en février, un niveau inférieur à celui d’avant Covid

D eux ans après le début de la pandé- mie de Covid-19, le taux de chômage mensuel de la zone OCDE est tombé à 5,2% en février 2022, après 5,3% en janvier, se situant pour la première fois en dessous du taux enregistré en février 2020, juste avant la pandémie, indique l’organisation. Il s’agit du taux de chômage le plus bas depuis le début de la série en 2001, indique l’OCDE, ajoutant que le nombre de per- sonnes au chômage dans la zone a continué de baisser pour atteindre 34,9 millions, soit 0,7 million de moins qu’avant la pandémie. « La récente baisse du chômage dans la zone OCDE s’inscrit dans une tendance positive et constitue une bonne nouvelle pour les pays de l’OCDE. Toutefois, compte

L es États-Unis et l'Union européenne sont parvenus à « un large consensus sur la nécessité d'accentuer la pression sur le Kremlin, notamment à travers l'adoption de nouvelles sanctions », a fait savoir le gou- vernement italien. Les alliés sont aussi tombés d'accord sur la nécessité « d'accroître l'isolement international de Moscou », a précisé le gouvernement. Cette position a été prise au cours d'une réunion virtuelle consacrée à l'offensive russe en Ukraine entre le pré- sident américain Joe Biden et ses principaux alliés. ■

tenu de l’incertitude mondiale croissante et des tensions géopolitiques, nous continue- rons à suivre la situation avec attention », a déclaré le statisticien en chef de l'OCDE, Paul Schreyer. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis avril 2021

À pas de loup, le Masi continue de reprendre du terrain ◆ Le mouvement de reprise se poursuit timidement. ◆ Le newsflow se tasse et les volumes sont réduits.

cette semaine, son principal indice, le Masi, gagnant 0,41% à 12.999,31 points. Au cours de la même période, le MSI20, qui reflète la performance des cours des 20 entreprises les plus liquides, a pris 0,56% à 1.054,16 points. Ces deux indices ont ainsi réduit leurs contreperformances annuelles à respec- tivement -2,69% et -2,91%. Sur le plan sectoriel, 14 indices ont clô- turé la semaine sur une note positive, contre 9 en territoire négatif. L'indice Loisirs et hôtels (+4,54%) a enregistré la meilleure performance hebdomadaire, devant celui d'ingénierie et biens d'équi- pements industriels (+3,59%) et celui des services de transport (+2,93%). A l'opposé, le secteur du transport a accusé le plus fort repli (-5,6%), suivi par celui des Sociétés de portefeuille-Hol- ding (-3,25%) et Sociétés de financement et autres activités financières (-2,85%). Le volume global s'est élevé à plus de 713,17 MDH. Sur le podium des valeurs les plus actives, figurent Cosumar avec un volume transactionnel de plus de

92,48 MDH, Attijariwafa bank (79,53 MDH) et Alliances (79,33 MDH).

B ien que de faible amplitude, la dynamique de rebond enclenchée il y a quelques semaines se poursuit sur le marché actions. Depuis, le Masi a pu effacer plus de 60% des pertes engendrées par le conflit en Ukraine, mais demeure loin des niveaux du début d’année. Passée la période des publications finan- cières, le newsflow tend à se tasser. Pour les investisseurs, c'est une bonne occasion de souffler après une dizaine de jours compliqués en Bourse. Parallèlement, le manque d’engagement des opérateurs est criant avec un volume quotidien moyen ne dépassant pas les 60 MDH. Un manque de dynamisme favo- risé entre autres par l’effet du Ramadan, par les comités d’investissement des institutionnels qui se tiennent durant ce mois et par le manque de catalyseurs. Dans ce contexte, la Bourse de Casablanca a évolué en hausse durant Par Y. Seddik

Taqa Morocco : La diversification est en marche Au chapitre des entreprises, Taqa Morocco annonce avoir remporté 5 lots pour le développement de sites solaires attribués par l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN). Une adjudication qui fait suite à l’appel à projets international relatif à la concep- tion, au financement, à la construction, l’exploitation, la maintenance et la com- mercialisation du productible du pro- gramme solaire multisites Noor PV II. Dans le cadre de ce programme solaire Noor PV II, les lots attribués sont situés à Sidi Bennour et Kelaat des Sraghna. L'attribution des lots est la première phase du processus de développement d’un potentiel de 96 mégawatts (MW) d'énergie solaire. Dans une seconde étape, Taqa Morocco finalisera le déve- loppement technique et commercial des sites solaires. ◆

Passée la période des publications financières, le newsflow tend à se tasser.

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 AVRIL 2022

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Bourse

◆ Une entreprise cotée sur 2 affiche une marge nette supérieure en 2019. Qui sont-elles ? Les champions de la marge

belle hausse de plus de 18% pour l’indice Masi. L’analyse de l’évolution de la marge d’EBE des sociétés ayant contribué le plus à la hausse du MASI par Valoris Securities, montre l’attrait des investis- seurs pour les entreprises qui ont amé- lioré leurs marges. Cependant, certaines d’entre elles ont vu leurs cours progres-

ser sans amélioration des marges (Cosumar et Ciments du Maroc en l’occurrence). Mais, dans ce panel, certaines entreprises gardent du poten- tiel, particulièrement si l’on tient compte de la récente correction du marché entre février et mars. «Nous estimons qu’un retour

L’essentiel des valeurs ayant dépassé leur niveau de marge de 2019 appartient au sec- teur de l’industrie.

d’appétit devrait bénéficier naturellement aux valeurs ayant amélioré leur taux de marge tout au long des deux derniers exercices, puisque leurs prochaines réa- lisations devraient être appuyées par un effet volume post-Covid» , écrit Valoris Securities, faisant référence à des entre- prises comme LabelVie, Managem et Taqa Morocco. Beaucoup d’autres sociétés devront, elles, faire leurs preuves et montrer qu’elles sont capables de maîtriser leurs marges. En effet, malgré des réalisa- tions commerciales et financières peu probantes de plusieurs de ces valeurs, Valoris Securities note tout de même que certaines sont parvenues à maîtriser, voire à doper leur taux de marge brute en 2021 par rapport à 2019. Delta Holding, Oulmès et Lydec par exemple. Ainsi, avant prise en compte des retombées de la dette et de la politique d’investissement et d’endettement de ces entreprises, les prochaines réalisations pourraient doper l’intérêt pour ces valeurs. Cet optimisme repose sur l’apport en chiffre d’affaires d’un retour à la normale de l’activité pour ces entreprises n’ayant que peu bénéficié d’un rebond de leurs titres après la chute de mars 2020. Oulmès semble avoir pris les devants de cette liste, affichant déjà une hausse de 42% à fin mars. ◆

exercice 2020 marqué par l’impact de la crise sur son rythme de production. Revenant de loin, le groupe minier affiche désormais une marge nette de 11,6%, selon les données de Valoris Securities. De manière générale, et toujours selon les données du courtier, l’essentiel des valeurs ayant dépassé leur niveau de marge de 2019 appartient au secteur de l’industrie (16 valeurs), suivi par les services & IT (13 valeurs) et les services financiers (7 valeurs). Une vue d’ensemble dressée par les ana- lystes, selon le postulat que la marge nette a une composante activité et une compo- sante marge, permet de faire ce constat : après un impact de sous-activité évalué à 1,57 Md de dirhams en 2020, les sociétés cotées parviennent à compenser près de 1,23 fois cette perte en 2021. En parallèle, l’effet marge est de 9,6 Md de dirhams en 2021, contre -8 Md de DH en 2020. Dans le panel de 72 entreprises étudiées, 56 sociétés parviennent à afficher un taux de marge nette supérieur ou égal au niveau de 2020. Ces entreprises qui gardent du potentiel L’année 2021 s’est terminée avec une

Par A. Hlimi

S i l’on isole les secteurs pour qui la pandémie a coupé l’herbe sous les pieds (l’hôtel- lerie essentiellement), la majo- rité des chefs d’entreprises à la culture de performance bien ancrée avait pour seul objectif en 2021 de se relancer rapidement à la sortie du virage Covid-19. Certains ont réussi cet exercice avec brio, aidés par des vents extrêmement favo- rables ou des business models agiles et une bonne maîtrise des coûts. Dans le microcosme boursier, une entre- prise sur deux a pu afficher en 2021 un niveau de marge nette supérieur à son niveau d’avant-crise, selon des don- nées compilées par Valoris Securities. En termes de résultats, 36 entreprises, soit près de 49% de la cote, affichent un résul- tat net meilleur qu’en 2019. Les premiers de la classe La meilleure amélioration en termes de marge nette entre 2019 et 2021 est attri- buable à Managem. Cette dernière aurait profité du redressement des réalisations après une année 2019 déficitaire et un

Dans le microcosme boursier, une entreprise sur deux a pu afficher en 2021 un niveau de marge nette supérieur à son niveau d’avant-crise.

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BOURSE & FINANCES

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Inflation

◆ Le retour de l’inflation pénalise les placements peu rémunérateurs ou sans risque. ◆ Certains placements permettent néanmoins de protéger votre épargne. Comment protéger son épargne

quoi ronger les économies des épargnants placées à faible taux. Les placements recomman- dés L’érosion de la valeur monétaire

éligible au PEA. Les particu- liers sont imposés à hauteur de 20% sur les plus-values nettes réalisées avec retenue à la source. Comme l’or, l’immobilier fait office de valeur refuge en tant qu’actif tangible dont la valori- sation a tendance à augmen- ter en période inflationniste. L'immobilier locatif peut éga- lement être un placement judi- cieux en cas d'inflation, notam- ment via les OPCI. Toutefois, bien que permis par la loi, ce type d’investissement n’est pas encore ouvert au grand public. Tous les fonds agréés par l’AMMC sont des SPI-FRA, c’est-à-dire desti- nés aux investisseurs quali- fiés. Enfin, dégager des ren- dements avec une prise de risque plus marquée fait du marché des actions un terrain privilégié en période inflation- niste. Toutefois, cela s'adresse aux investisseurs aguerris, capables de lire les potentiali- tés des entreprises à leur juste mesure, pour ne pas perdre leur investissement. Ainsi, pour profiter de la hausse des prix, l'investisseur en Bourse peut privilégier les valeurs à forte capacité d'augmentation de leurs prix (Pricing power), c'est- à-dire capables de répercuter l'inflation des coûts dans leurs prix de vente. Par contre, les valeurs défensives (consom- mation, BTP, banque…) qui ont du mal à ajuster leurs prix, et donc doivent supporter la hausse du coût de revient et la baisse de leur marge, pourront voir leurs cours pénalisés lors de périodes d'inflation. ◆

due à la hausse générale des prix fait qu’un place- ment dont le rendement est inférieur au taux de l’infla- tion ne rapporte plus rien. Il coûte même de l’argent, car le taux de rendement réel (taux de rendement du placement minoré du taux

Pour protéger son épargne et espérer un gain supérieur à l’inflation, une prise de risque en capital s’avère incontour- nable.

d’inflation) est négatif. Pour protéger son épargne et espérer un gain supérieur à l’inflation, une prise de risque en capital s’avère incontour- nable. À ce titre, plusieurs placements peuvent être indi- qués. Le premier vers lequel se tournent le plus souvent les épargnants est l'or. Valeur refuge par excellence, utilisée comme rempart historique contre l'inflation pour son côté tangible et son indépendance de toute monnaie, son cours tend à s'apprécier aussi vite, voire bien plus vite que l'aug- mentation des prix. Pour ceux qui préfèrent miser sur l'or à travers des actifs financiers, il existe des fonds en or, à l’image de l’OPCVM Attijari Gold, qui permet de répliquer la performance du métal jaune en Dirham. Ce fonds affiche déjà une perfor- mance de 13% depuis le début d’année pour un encours de 40 MDH. Il profite notamment du regain de tensions à l'interna- tional et du retour de l’inflation. Notons que le fonds n'est pas

gistré, à fin février 2022, une hausse de 10 points de base pour s’établir à 2,12%, tan- dis que ceux à 12 mois ont diminué de 26 points de base pour atteindre 2,36%. Pour les comptes d’épargne, leur taux minimum de rémunération a été fixé à 1,05% pour le pre- mier semestre 2022, soit une hausse de 2 points de base par rapport au semestre pré- cédent. Des niveaux de taux ne permettant pas de neu- traliser l’effet de l’inflation qui accélère de mois en mois (+3,6% étant le dernier taux d’inflation répertorié). En effet, l'augmentation du prix des biens et des services a fait son grand retour au milieu de l'année 2021, avant de s’accélérer suite aux tensions entre la Russie et l’Ukraine. Non seulement l’inflation s'est véritablement installée dans le paysage macro-économique, mais elle tend en plus à s'in- tensifier et pose problème. Bank Al-Maghrib prévoit une inflation de 4,7% en 2022. De

E n pleine crise sani- taire, les Marocains ont accumulé des montagnes de cash. La multiplication des périodes de confinement et des mesures de restric- tion ont limité les possibilités de consommer. Résultat des courses : le patrimoine finan- cier des ménages, qui mêle les dépôts bancaires, l'épargne retraite et les avoirs en Bourse a culminé à 876 milliards de DH, constitué dans sa grande proportion de dépôts ban- caires (779 milliards de DH à fin février 2022), suivi des placements en assurance vie et des actifs sous forme de valeurs mobilières. Il faut dire que les ménages marocains ont historiquement privilégié la détention des avoirs financiers liquides, de moindre risque et donc peu rémunérateurs. Les taux de rémunération des dépôts à terme à 6 mois ont enre- Par Y. Seddik

L’immobilier fait office de valeur refuge en tant qu’actif tan- gible dont la valorisation a tendance à augmenter en période infla- tionniste.

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Inflation et pouvoir d’achat

◆ Les données officielles dévoilées récemment par le HCP montrent qu’au Maroc l’inflation est au plus haut niveau depuis 2008. ◆ Au premier trimestre de 2022, 75,6% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Les ménages entre le marteau et l’enclume

de vie des Marocains. Sur ce sujet, force est d’admettre que le gouvernement devra faire plus, et surtout faire preuve d’ingéniosité. Ce qui est d’au- tant plus urgent si l’on se fie à la mesure de la pauvreté «sen- tie», dite subjective, sur une échelle du bien-être classant les ménages selon leurs décla- rations (enquête sur le niveau de vie des ménages). En 2019, près de 45% de Marocains se considéraient subjectivement pauvres (38,6% dans le milieu urbain et 58,4% dans le milieu rural). Au regard de la situation actuelle qui prévaut et des conséquences économiques de la crise liée à la Covid-19, il serait hasardeux de tabler sur une éventuelle baisse du taux de Marocains qui se consi- dèrent être pauvres. Au-delà des mesures conjoncturelles susceptibles d’être prises par le gouvernement pour per- mettre au tissu économique et aux ménages de faire face à la flambée des prix (néfaste pour la demande intérieure), l’éco- nomiste Tarik El Malki prône la mise en place d’une politique active des revenus. L’objectif étant d’augmenter le pouvoir d’achat des actifs. Une baisse de la pression fiscale (jugée élevée) sur le travail permettant l’accroissement du revenu dis- ponible reviendrait également à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, chahuté par la hausse généralisée qui risque de perdurer. ◆

de l’accélération de ceux des produits manufacturés. Et ce, sur fond des tensions liées aux difficultés d’approvision-

nement et des augmenta- tions des coûts de produc- tion industrielle. L’inflation, entretenue par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, donne des sueurs froides aux ménages marocains, qui expriment le ressenti d’une

56,9% des ménages considèrent que leur situation financière a pris un sacré coup au cours des douze derniers mois.

forte détérioration de leur niveau de vie. D’ailleurs, les résultats de l’enquête perma- nente de conjoncture auprès des ménages, menée par le HCP, montrent qu’au premier trimestre de 2022, le moral des ménages s’est fortement dégradé. Chiffres à l’appui, 75,6% des ménages déclarent une dégradation de leur niveau de vie au cours des 12 der- niers mois. Quant à l’évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 56,9% des ménages consi- dèrent qu’elle a pris un sacré coup. Gouvernement : Il faudra faire plus Faute de percevoir un revenu suffisant, 47,4% des ménages marocains déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne afin de couvrir les dépenses. Ces quelques données mettent à nu les limites des méca- nismes publics mis en place depuis des années afin de préserver le pouvoir d’achat, et surtout améliorer le niveau

mation auraient évolué à un rythme jamais atteint depuis l’année précitée. Ceux-ci ont ainsi affiché une hausse de 3,6% au premier trimestre 2022, au lieu de 0,1% au cours de la même période de 2021. Cette tendance haussière des prix, préjudiciable aux bourses marocaines et donc au pou- voir d’achat des consomma- teurs, serait la résultante, entre autres, de l’envolée des prix des produits alimentaires de +5,3%. Toujours, selon le HCP, les prix des produits frais se seraient également renforcés, notamment ceux de la viande de la volaille qui auraient contribué pour 1,9 point de pourcentage à l’augmentation des prix. Les prix hors produits alimen- taires se seraient accrus de 2,5% sous l’effet de l’accrois- sement des prix des produits énergétiques, du transport et

L e sujet économique majeur qui défraye la chronique et qui a fini par s’inviter au Parlement, a trait aux contraintes qui s’exercent sur le pouvoir d’achat des Marocains. Et ce, dans un contexte marqué par des poussées inflationnistes par- ticulièrement importantes au cours du premier trimestre 2022. Les données officielles sont en mesure de conforter cette donne pénalisante pour la croissance économique, dont le taux ne devrait pas dépasser 1,7% du PIB en 2022. Les données dévoilées récem- ment par le haut-commissa- riat au Plan (HCP) montrent qu’au Maroc l’inflation est au plus haut niveau depuis 2008. Concrètement, en variation annuelle, les prix à la consom- Par M. Diao

En 2019, près de 45% de Marocains se considé- raient sub- jectivement pauvres.

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ECONOMIE

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Prix des carburants

◆ Les prix affichés à la pompe reflètent l’évolution des cours à l’international. ◆ Les niveaux de marge des distributeurs sur le gazole restent très limités et peuvent même être négatifs. ◆ Plusieurs pistes sont envisageables pour alléger la facture pour le consommateur final. Quels leviers pour soulager les consommateurs ?

quelque 12 millions de tonnes d'hydrocarbures par an, soit 250.000 barils/jour, la pression fiscale sur les prix du carburant

face à la flambée des prix. Pour notre interlocuteur, «à long terme, la hausse du prix des carburants a plutôt un effet négatif pour les finances publiques. Elle augmente les coûts des entreprises et fragi- lise leurs investissements, tout en décourageant la consom- mation des ménages». Au-delà de la baisse des taxes, d’autres pistes pour réduire ce fardeau sur le citoyen sont envisageables. Il s’agit pour notre expert de la «réactiva- tion en urgence de la raffine- rie La Samir pour augmenter les capacités de stockage du Maroc» . Cette dernière dis- pose d’une capacité de raffi- nage de 10 millions de tonnes par an et une capacité de stockage supérieure à 2 mil- lions de m 3 . Au 11 avril, le stock de sécurité auprès des sociétés de distribution de carburant au Maroc couvrait à peine 26 jours des besoins de consommation, contre un minimum requis de 60 jours. Rappelons que le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, avait indiqué que le dossier du raffineur est tou- jours entre les mains de la justice et qu'aucune action ne peut être entreprise par le gouvernement tant que le dossier n'est pas assaini. L’autre possibilité citée par notre source est d’accorder une ristourne aux automobi- listes : «Je rappelle ici le cas de la France dont le gouverne- ment a accordé une ‘ristourne carburant’ de 15 centimes par litre, dès le 1 er avril, et ce pour quatre mois». ◆

(TVA et TIC) est de 37% sur le gasoil et de 47% sur le super. Cela signifie que lorsque le litre est vendu à 10 DH; 3,70 DH vont dans les caisses de l’État s'il s'agit de gazole et 4,70 DH s'il s'agit de l’essence.

Les prix à la pompe intègrent deux composantes prin- cipales : le coût du produit pétrolier raf- finé et la fiscalité.

«Cette pression fiscale est l'une des moins élevées au monde. En France, les taxes comptent approximativement pour 60% des prix de l'es- sence et du diesel à la pompe et jusqu’à 70% au Royaume- Uni» , nous affirme l’expert. Notons que la TVA finale sur le produit est de 10% contre 20% pour certains pays de la région MENA. Pour les pétroliers, à date d’au- jourd’hui, le prix de revient du gazole tourne autour de 13,10 DH. 60 ou 65 centimes de dif- férence avec le prix affiché à la pompe, qui comprend les frais de transport et les marges. Ces dernières basculent entre positives et négatives d’une quinzaine à l’autre, mettant à mal les petits détaillants qui menacent de faire grève. Baisser les taxes ? La hausse brutale des prix à la pompe relance aussi le débat sur le niveau des taxes appliquées aux carburants, qui génèrent des revenus proportionnels aux prix. Le gouvernement, par la voix de son ministre du Budget, Fouzi Lekjaa, a exclu tout recours à la révision de l’impôt pour faire

En effet, les prix à la pompe affichés dans les stations-ser- vice intègrent deux compo- santes principales : le coût du produit pétrolier raffiné et la fis- calité. Il convient de noter que le carburant n'est pas indexé directement sur le baril brut, mais sur le «Platts». Il s'agit du gazole raffiné, sans les prix du fret, déterminé par les cota- tions sur le marché de gros à Rotterdam (Pays-Bas). « A u début du mois, le Platts valait 1.200 dollars pour la tonne de gazole, contre 700 dollars environ fin 2021. La raison de cette hausse est que les ache- teurs craignent un embargo européen sur le pétrole, et donc ils se détournent du gasoil russe. Ils se rabattent sur du gasoil nord-américain ou du Moyen-Orient, faisant augmenter leurs prix par le jeu de l’offre et de la demande», nous explique un expert dans le domaine des hydrocarbures contacté à ce sujet. Au Maroc, où l’on consomme

E n l’espace de deux mois, les Marocains ont dû payer 4 DH plus cher le litre de gazole, qui est passé de 10,22 DH le 1 er février à 14,30 DH le 1er avril, soit un renchérissement de 40%, avant de redescendre légèrement en fin de semaine dernière. Une augmentation exceptionnelle sur une période aussi courte avec un fait inédit : le prix du litre de gazole a dépassé celui du sans-plomb, bien qu’il soit davantage taxé. Phénomène mondial, les prix des carburants poursuivent leur folle envolée, à la faveur de la poursuite de la guerre en Ukraine qui a fait flamber les cours du pétrole. Pour les pays non producteurs (comme le Maroc), la variation des prix finit inéluctablement par se faire sentir sur le portefeuille des consommateurs. Vont-ils tenir le choc ? Par Y. Seddik

La hausse brutale

des prix à la pompe relance aussi le débat sur le niveau des taxes appli- quées aux carburants.

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