Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 8 février 2024 - 8 DH - N° 1139
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Ce drame économique que vivent les riverains Assèchement des barrages El Maleh et El Massira
P. 20 à 24
HASSAN BOUBRIK
Avec la généralisation de l’AMO, la CNSS muscle ses dispositifs
● Le Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale aborde avec nous la montée en puissance de l'organisme, les défis technologiques rencontrés ainsi que les efforts déployés dans la lutte contre la fraude sociale…
P. 14 à 17
Cryptomonnaies
Chômage Une vraie impasse économique
Maroc Telecom - Wana Corporate Le feuilleton judiciaire relancé
«Le projet de loi ne doit pas aboutir à une interdiction déguisée»
Entretien avec Badr Bellaj, expert en Blockchain et cryptomonnaies et cofondateur de «Mchain».
P. 8/9
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Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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JEUDI 8 FÉVRIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
SOMMAIRE
Editorial
Voyons voir : Sénégal : Entre démocratie et dérive politique Ça se passe au Maroc 4 5 4 ACTUALITÉ 6 BOURSE & FINANCES 6
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POLITIQUE
Entretien avec Omar Mahmoud Bendjelloun : Gaza, «La décision de la CIJ a reconnu explicitement le crime de génocide»
Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication
L'UNIVERS DES TPME
u cœur des débats parlementaires, émerge un enjeu de taille : la moralisation de la vie politique au Maroc. Alors que la Chambre des représentants s'attelle à l'élaboration d'un nouveau code de déontologie des députés, l'opinion publique se trouve confrontée à une série de scandales retentissants impliquant des élus véreux qui ont fait de l’hémicycle leur repaire. Toute dernière affaire en date : la présentation au D Rétablir l'intégrité dans l’hémicycle procureur du Roi, mardi 6 février, de Mohamed Karimine, ex-pré- sident de la commune de Bouznika, et de Abdelaziz El Badraoui, patron du groupe Ozone et ex-président du Raja Casablanca, soupçonnés de « conflit d’intérêts et mauvaise gestion du secteur de la distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement liquide ». Karimine, ancien parlementaire, est aussi impliqué dans une autre affaire liée à une association spécialisée dans la viande rouge, où il est accusé de détournement de deniers publics. Toutes ces affaires obscurcissent la réputation de l'institution parlementaire et ébranlent les fondements mêmes de la démo- cratie. Le tableau est accablant : des élus, autrefois investis de la confiance populaire, se retrouvent aujourd'hui mêlés à des affaires de corruption, de prévarication et de trafic d'influence. La liste des actes répréhensibles semble interminable, révélant une cupidité sans bornes et une déconnexion flagrante avec les valeurs fonda- mentales de probité et d’éthique qui siéent particulièrement pour un élu. Au lieu de se consacrer pleinement à la défense des intérêts de la collectivité, ces élus véreux ont préféré utiliser leur position comme un tremplin pour leur enrichissement personnel, sacrifiant ainsi l'intérêt général sur l'autel de leurs ambitions personnelles. Leur comportement irresponsable entache non seulement la dignité de la fonction parlementaire, mais mine également la confiance des citoyens envers l'ensemble de leurs représentants. Dans pareil contexte, l'initiative visant à élaborer un nouveau code de déontologie pour les députés revêt une importance cruciale. Ce code, s'il est rigoureusement appliqué, pourrait servir de rempart contre les abus de pouvoir et les comportements répréhensibles au sein de l'institution législative. Toutefois, son efficacité dépendra de sa mise en œuvre stricte et de son application sans concession. Le message du Roi Mohammed VI appelant à moraliser la vie parle- mentaire et à reléguer les calculs partisans au second plan, résonne comme un impératif moral pour l'ensemble des acteurs politiques. Car il faut mettre un terme à la culture de l'impunité et de l'opacité qui gangrène notre système politique, et réaffirmer avec force les valeurs d'intégrité et de responsabilité. À l'heure où le pays aspire à un avenir meilleur, il est impératif de bâtir des institutions solides et transparentes afin de poser les jalons d'une société plus juste, plus équitable et plus digne de nos aspirations les plus élevées. u
Changement climatique : Bank Al-Maghrib intensi- fie son engagement Laâyoune : Première centrale électrique 100% hydrogène vert en Afrique 31 30 DEVELOPPEMENT DURABLE 30 Startups industrielles et Deeptech : Le digital, un levier essentiel de développement
Point Bourse Hebdo : Maroc Telecom pèse, la Value en vedette Maroc Telecom - Wana Corporate : Le feuilleton judiciaire relancé Entretien avec Badr Bellaj : Cryptomonnaies, «Le projet de loi ne doit pas aboutir à une interdiction déguisée» Crédits bancaires : Des dynamiques contrastées en 2023 Politique monétaire : Gare à l’inflation future : oui, mais laquelle ? Bourse : La semaine en chiffres
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VTC : A quand une réglementation ? Entretien avec Hassan Boubrik : Sécurité sociale, avec la généralisation de l’AMO, la CNSS muscle ses dispositifs Chômage : L’impasse économique Asséchement du barrage Al Massira : Un désastre écologique, économique et surtout social Oued El Maleh : Désert économique aux alentours du barrage Migration circulaire et formation professionnelle : Le duo gagnant Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Migration circulaire, les EFP se positionnent comme des inter- venants indispensables 13 14 18 20 22 25 26 13 ECONOMIE
32 Adouls - Notaires : Haute, tension 32 SOCIÉTÉ
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HIGH-TECH
Interface cerveau-machine : Quand la frontière entre l'homme et la machine s'estompe
• Directeur des rédactions & Développement : David William
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05
• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
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VOYONS VOIR
Sénégal
Entre démocratie et dérive politique
L a décision récente du Président Macky Sall de reporter au 15 décembre prochain la présidentielle prévue pour le 25 février suscite une profonde inquiétude au sein de la nation sénégalaise et au-delà de ses frontières. Dans un pays qui a long- temps été salué comme un modèle de stabilité et de démocratie en Afrique de l'Ouest, cette crise politique met en péril l'image même du Sénégal en tant que phare de la démocratie sur le continent. Aujourd’hui, certains faits dommageables commencent malheureusement à s’ins- crire dans la normalité dans un pays réputé être un havre de paix : des heurts violents et de plus en plus réguliers entre forces de l’ordre et manifestants en colère, des pillages, mais également et surtout des pertes en vies humaines. La cause : cette arithmétique politicienne nauséabonde et corrosive qui exaspère et irrite les intelligences rebelles, et pola- rise la société sénégalaise. La situation est d'autant plus préoccu- Par D. William
pante que le Sénégal, avec une popula- tion où 50% ont moins de 19 ans et 75% moins de 35 ans, doit assurer un climat politique apaisé pour relever les défis de développement auxquels il est confronté. Dans un continent où les coups d'État reviennent en force et où certains diri- geants s'agrippent au pouvoir jusqu'à la mort, par tous les moyens, quitte à tripatouiller la Constitution et à tuer leurs propres concitoyens, le Sénégal a toujours su prendre de la hauteur pour être un exemple de stabilité politique et de pratique démocratique. Préserver cet acquis est non seulement indispensable pour le pays lui-même, mais reste aussi un signal fort pour l'ensemble du conti- La crise politique actuelle menace l'héritage démocratique que le pays a bâti depuis son indépendance en 1960. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
nent africain. La crise politique actuelle va au-delà des querelles partisanes. Elle menace l'héri- tage démocratique que le pays a bâti depuis son indépendance en 1960. Mais il est impératif que les acteurs poli- tiques sénégalais, tant ceux qui sont au pouvoir qu'à l'opposition, reconnaissent et assument la lourde responsabilité qui pèse sur leurs épaules. D’un côté, à travers le report des élections, le signal donné par Macky Sall est un affaiblis- sement du processus démocratique au Sénégal, voire une dérive politique. Tout le monde en convient. De l’autre, la contestation politique ne doit pas se traduire par des actes de violence, de pillages et de destruction de biens publics et privés. L’opposition ne doit pas souffler sur les braises de la colère pour inciter, en des termes à peine voi- lés, la population à commettre des actes répréhensibles. Les citoyens sénégalais, tout en ayant le droit de manifester et de s’insurger contre certaines décisions politiques, doivent signifier leur mécon- tentement et leur indignation de manière pacifique et respectueuse des institu- tions. Pouvoir et opposition doivent avoir en tête une chose fondamentale : le Sénégal est bien plus grand que leurs intérêts partisans éphémères. Ce pays, riche de son histoire, de sa culture et de sa diversité, mérite mieux que d'être pris en otage par des calculs politiques mesquins. La voie à suivre est celle du dialogue et de l'engagement envers le bien-être de tous les Sénégalais, sans distinction. Car au final, dans cette nation qui a connu tant de luttes et de sacrifices pour la liberté et la démocratie, l'unité et la solidarité demeurent les véritables remparts contre les tempêtes politiques. Et si la politique peut parfois diviser, c'est la force de la nation unie qui saura toujours triompher. ◆
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ÇA SE PASSE AU MAROC
E ntre l’année 2022 et 2023, l’économie nationale a perdu 157.000 postes d’emploi, résultat d’une diminution de 198.000 postes en milieu rural et d’une augmentation de 41.000 en milieu urbain, après avoir perdu 24.000 postes une année auparavant. Le taux de chômage est ainsi passé de 11,8% à 13% au niveau national, selon le haut-commissariat au Plan. Il est passé de 5,2% à 6,3% (+1,1 point) en milieu rural et de 15,8% à 16,8% en milieu urbain (+1 point). Selon le diplôme, le taux de chômage a enregistré une hausse de 1,1 point parmi les diplômés, passant de
HCP
Le taux de chômage au niveau national à 13% en 2023
18,6% à 19,7%, et de 0,7 point parmi les personnes n’ayant aucun diplôme, passant de 4,2% à 4,9%. En outre, cette hausse a concerné l’ensemble des catégories d’âge. Ainsi, le taux de chômage est passé de 32,7% à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2% à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4% à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3% à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point). ■
LGV Marrakech-Agadir
L’ONCF s’exprime sur l’attribution du projet à une entreprise chinoise
L a Direction générale des impôts (DGI) informe les propriétaires et/ou usufruitiers des biens immeubles, disposant de revenus fonciers soumis à l’impôt sur le revenu (IR), que le délai pour le dépôt de la déclaration et le versement de l’impôt y afférent est, au plus tard, le 29 février 2024. La déclaration des revenus fonciers encaissés au cours de l’année 2023 se déroule au niveau de la déclaration annuelle du revenu global. Concernant la déclaration des revenus fonciers encaissés avant le 1 er janvier 2023, elle s’ef- fectue au niveau de la déclaration annuelle des revenus fonciers. Cette mesure déclarative concerne également les titulaires de reve- nus fonciers dont le montant annuel n’excède pas 30.000 dirhams. Le montant éventuellement retenu à la source au titre des revenus fonciers par le locataire est imputable sur le montant de l’IR global dû au titre de l’année de l’encaissement de ces revenus. ■ Et de conclure : «Une fois le projet de ligne à grande vitesse arrêté et à l’issue de toutes les études, un plan de réalisation avec toutes les composantes sera adopté. Il fera l’objet d’une communication adéquate et transparente». ■ D ans un communiqué diffusé, mardi 6 février 2024, l’Office national des chemins de fer (ONCF) a réagi aux informations diffusées autour de l’attribution de la réalisation de la ligne à grande vitesse Marrakech-Agadir à une entreprise chinoise. Ainsi, il a été souligné que dans le cadre des études prospectives pour le développement futur du réseau ferré national, l’Office a attribué le marché des presta- tions d’études d’avant-projet sommaire de la liaison à grande vitesse Marrakech-Agadir au cabinet d’études chinois CRDC (China Railway Design Corporation). Cette attribution a fait l’objet d’un appel d’offres ouvert international auquel ont participé plusieurs cabinets, parmi lesquels le bureau d’études chinois a été retenu en raison de son offre mieux-disante, précise l’ONCF.
Journées internationales de macroéconomie et de finance 2024 Les organisateurs lancent un appel à contribution
Déclaration des revenus fonciers Modalités et échéances fixées par la DGI La date limite de la soumission du texte intégral des communications est le 24 mars 2024. Les auteurs intéressés sont priés d'envoyer leurs papiers sous format électronique à l'adresse (jimfmaroc@gmail.com). ■ U n appel à contribution aux Journées inter- nationales de macroéconomie et de finance (JIMF) prévues du 22 au 24 mai 2024 à Dakhla a été lancé mardi par Bank Al-Maghrib et ses différents partenaires. Les propositions de communication devraient concerner les domaines de la macroéconomie et de la finance. Une préférence sera accordée, lors de cette édition, aux communications portant sur le thème «Intégration économique en Afrique : la voie vers un avenir plus prospère», avec la formu- lation de recommandations claires.
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BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo Maroc Telecom pèse, la Value en vedette
M En janvier, le Masi a enregistré un bilan positif avec une performance légèrement supérieure à 3,08%. Maroc Telecom a chahuté le marché cette semaine. aroc Telecom a dicté le tempo sur le marché actions cette semaine, en amplifiant la consolidation récemment amorcée à la Bourse de Casablanca. L'indice Masi a enregistré une baisse de 1,09%, directement influencé par les dégagements subis par l’opéra- teur. Rappelons que les résultats de Maroc Telecom ont été pénali- sés ces dernières années par plu- sieurs sorties de cash exception- nelles, notamment le paiement de l’amende ANRT de 3,3 Mds de DH en 2019, la contribution en 2020 au fonds Covid-19 de 1 Md de DH, ou encore l’astreinte de l’ANRT de 2,45 Mds de DH en 2022. Par Y . Seddik
Evolution de l'indice Masi depuis début février 2023
En effet, l’amende de 6,4 milliards de dirhams annoncée par le tribu- nal de commerce de Rabat contre Maroc Telecom s'est immédia- tement traduite par une perte de 10,5 Mds de dirhams de capitali- sation boursière pour la deuxième entreprise de la cote casablan- caise, cette semaine sur le mar- ché. Il faut dire que cette décision, selon plusieurs opérateurs du marché, devrait avoir un impact sur les cash-flows, et donc poten- tiellement limiter le dividende de 2023, bien que les avis divergent sur ce dernier point. Dans la fou- lée, l'opérateur historique a tenu à rassurer le marché en précisant qu'il «interjetterait appel de ce jugement dès sa notification».
Par ailleurs, le marché casablan- cais a de nouveau marqué une pause après trois semaines conti- nues d'effort haussier. La baisse hebdomadaire s’est établie à 1,09%, avec un niveau de partici- pation de 912 MDH sur le marché central. La Value brille de tous ses feux Sur le plan mensuel, le bilan a été positif avec un gain de 3,08% dans un volume global de 5,3 Mds de DH, dont 3,9 Mds sur le marché central. Un constat saute toute- fois à l’œil : la thématique value a suscité l’intérêt des investisseurs. Les meilleures performances du mois ont été signées par des dos- siers de la catégorie Value. Par
TOP Performances
FLOP Performances
S2M Salafin Sothema
-13,37%
+46,76% +9,95%
Minière Touissit SNEP RISMA
-7,69%
-4,80%
+7,45 %
ordre, nous retrouvons Alliances (+38,74% à 160,25 DH), Résidences Dar Saada (+33,64% à 29 DH), Akdital (+22,98% à 610 DH), Jet Contractors (+22,55% à 312,5 DH) et TGCC S.A (+17,20% à 218 DH). Également appartenant à ce seg- ment un peu fourre-tout, SNEP se distingue en ce début février en enregistrant la plus forte progres- sion sur la semaine, profitant du pro- longement des mesures antidum- ping appliquées au PVC américain.
Le concept de 'Value investing' semble donc retrouver un écho particulier en ce début d'année, comme en témoignent les per- formances ci-haut. Les valeurs 'value' sont celles dont les prix de marché ne reflètent pas plei- nement leur valeur intrinsèque, offrant ainsi une opportunité d'achat pour les investisseurs. Reste à voir si cette tendance continuera à briller sur le reste de l’année. ◆
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BOURSE & FINANCES
de se concentrer sur les ser- vices. Selon l’expert, la mise à niveau des infrastructures au Maroc nécessite une enveloppe de 90 Mds de dirhams que les 3 opérateurs devaient se parta- ger. Impossible selon lui d’être rentable dans ces conditions. D’autant plus que les opéra- teurs d’infrastructure peuvent parfaitement être lancés avec la loi actuelle régissant le sec- teur. Un manque de volonté qui, somme toute, pénalise le secteur, les consommateurs et maintient les prix à des niveaux artificiellement élevés.
Maroc Telecom - Wana Corporate
Le feuilleton judiciaire relancé Maroc Telecom a décidé de faire appel de la décision de justice la condamnant à 6,4 Mds de dirhams dans le litige l’opposant à Wana Corporate, relançant ainsi les dés dans cette affaire inédite.
C
Par A. Hlimi
e feuilleton judiciaire entamé en 2018 est loin d’être ter- miné. Fin janvier, et alors que le tribunal de première instance de Rabat a condamné l’opé- rateur historique à verser 6,4 Mds de dirhams de dommage et intérêts au profit de Wana Corporate, propriétaire de la marque Inwi, Maroc Telecom a tout de suite réagi en indiquant qu’il fera appel dès qu’il sera officiellement notifié par le tri- bunal. Pour Khalid Ziani, l’un des émi-
nents experts du secteur, qui intervient notamment dans le conseil stratégique des opéra- teurs, la ligne de défense de Maroc Telecom en appel pour- rait être de s’opposer au juge- ment en indiquant qu’un tribu- nal est non compétent sur un sujet de concurrence concer- nant un secteur régulé, et que c’est à l’ANRT de se prononcer là-dessus. Quoi qu’il en soit, l’affaire repart de plus belle et les impacts financiers sur Maroc Telecom sont importants. L’amende représente une année de béné- fices, et pour l’expert financier Abderrazzak Al Maghraoui, bien que Maroc Telecom soit suffi- samment solide pour absorber cette mauvaise passe, l’im-
pact sur son dividende sera considérable, au moins pour le compte de l’année 2023. Selon lui, le jugement est supérieur aux attentes du marché qui voyait tout au plus un montant autour de 5 Mds de dirhams, ce qui explique le décrochage du titre le jour de l’annonce. Maroc Telecom avait en effet perdu 10% ce jour-là, sans doute sa pire séance de l’histoire du titre. Un marché boiteux Pour Khalid Ziani, cette affaire est venue rappeler la vraie source du problème au Maroc. Celui de l’absence d’opérateurs d’infrastructure qui mutualise- raient les investissements, per- mettant aux sociétés télécoms
Comment comptabiliser le jugement ?
La logique veut que, selon le principe de la spécialisation des exercices, l'on comptabi- lise la sanction en 2024. Mais dans ce cas, une particula- rité se présente. Les règles comptables offrent la possibi- lité de reporter à l’exercice une charge importante survenant après la clôture de l'exercice (31 décembre), mais avant la clôture des comptes, à condi- tion que la charge soit liée à des événements antérieurs à la clôture. Le cas de Maroc Telecom répond à ces 3 critères (évé- nement significatif, intervenant entre la clôture et l'arrêté des comptes et rattaché à des évé- nements antérieurs), offrant ainsi la possibilité de rattacher cette charge à l'exercice 2023. Cette décision comptable n'est pas sans conséquences. Le marché anticipe des résul- tats pour Maroc Telecom en 2023 supérieurs à 5 milliards de dirhams hors litige, et une progression en 2024 entre 7 et 10%. Si la provision est effectivement inscrite en 2023, cela pourrait rendre l'action de Maroc Telecom plus attrayante au vu de ses bénéfices futurs, malgré un impact évident sur sa capacité à distribuer des dividendes et de nombreuses questions autour des projets futurs de l'opérateur et les implications de l'appel. ◆
Maroc Telecom pourrait s’opposer au jugement en revendiquant la non compétence du tribunal de première instance dans cette affaire.
La décision de justice correspond à une année de bénéfices
de Maroc Telecom.
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BOURSE & FINANCES
Cryptomonnaies «Le projet de loi ne doit pas aboutir à une interdiction déguisée»
F.N.H. : L'approbation récente des ETF Bitcoin par la SEC lui confère une légitimité et une crédibilité en tant qu'actif d'in- vestissement. Comment cette décision pourrait-elle influen- cer et remodeler le paysage actuel des cryptomonnaies ? B. B. : Il faut dire que l'approbation des ETF Bitcoin par la SEC pour- rait avoir trois impacts majeurs. Tout d'abord, elle pourrait élargir le bassin des investisseurs en attirant de nom- breux particuliers grâce à la puissance marketing des opérateurs d'ETF et en stimulant ainsi la demande de Bitcoin. Deuxièmement, la révision de la posi- tion de la SEC ne se résume pas à une simple légitimation, mais suggère une disposition des acteurs financiers à faire des compromis pour des gains financiers et ouvrir ainsi la porte à une possible conversion d'autres acteurs vers des schémas financiers com- plexes impliquant Bitcoin. Troisièmement, cette approbation pourrait avoir des répercussions sur la future réglementation de Bitcoin. Elle constitue un signal positif qui pourrait servir de référence dans d'éventuels litiges liés à des schémas financiers basés sur Bitcoin ou la finance décen- tralisée. En somme, l'approbation des ETF Bitcoin par la SEC pourrait favori- ser une augmentation de l'adoption de Bitcoin, encourager des utilisations plus complexes dans le secteur financier et contribuer à l'intégration progressive de Bitcoin dans le cadre réglementaire. Bien que cette approbation ne consti- tue pas une légitimation complète de Bitcoin, elle représente une atténuation de la position traditionnelle qui consi- dérait Bitcoin comme un actif toxique. La SEC et d'autres acteurs financiers demeurent sceptiques, surtout face aux risques de volatilité associés à Bitcoin. L'acceptation de l'ETF est vue comme une concession pragmatique pour opérer dans le cadre financier des États-Unis, sans nécessairement reflé- ter un changement radical de perspec- tive. Aujourd’hui, les fournisseurs d'ETFs rejoignent l'espace Bitcoin principale- ment pour les opportunités de profit plutôt que par conviction idéologique dans la décentralisation de Bitcoin. Quoi qu’il en soit, l'approbation de l'ETF Bitcoin représente une adapta-
Envolée des prix Bitcoin, approbation des ETF Bitcoin, adhésion croissante des Marocains, nouvelle règlementation et projet de création d’une CBDC par BAM… Plongée dans l'actua- lité des cryptomonnaies aux côtés de Badr Bellaj, expert en Blockchain et crypto- monnaies et cofondateur de «Mchain».
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : La flam- bée des prix du Bitcoin depuis octobre dernier a été specta- culaire. Quelles sont les forces motrices derrière cette forte hausse ? Badr Bellaj : La récente flambée des prix du Bitcoin peut être attribuée à deux facteurs distincts. Tout d'abord, les marchés ont réagi positivement aux dernières statistiques qui montrent une baisse continue de l'inflation, qui a mécaniquement influencé l’ensemble des marchés financiers. Cependant,
le deuxième facteur, et de loin le plus important, est lié à l'anticipation de l'approbation future d'un ETF Bitcoin. Les investisseurs ont pricé cette anti- cipation dans la valeur de la crypto- monnaie et ont augmenté ainsi leurs achats. Cela s'aligne avec la célèbre expression en anglais «You buy the rumors and sell the news» (on achète les rumeurs et on vend les nouvelles). En parallèle, l'événement déclen- cheur de cette tendance réside dans l’échec de la Securities and Exchange Commission (SEC) lors d'un pro-
cès l'année dernière contre le géant Grayscale. Cela s'est produit après que l'autorité a initialement rejeté la demande de Grayscale de transformer son fonds bitcoin en un ETF bitcoin au comptant. Le tribunal a critiqué la SEC en soulignant le manque d'explications claires derrière le rejet de la demande d'ETF Bitcoin spot de Grayscale. Cette décision a donc contraint la SEC à reconsidérer sa position sur cette question, ce qui a ouvert la voie à des anticipations plus positives dans le marché.
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BOURSE & FINANCES
naie, et son impact direct sur la cryptosphère peut être limité. La création d'une CBDC représente simplement une version digitale du Dirham, gérée par la Banque centrale, sans forcément affecter directement l’utilisation ou l’adop- tion des cryptomonnaies. La participation du FMI ou de la Banque mondiale dans ce projet est compréhensible, car ces enti- tés sont actives dans des projets similaires et peuvent apporter leur expertise à la Banque centrale. En revanche, la décision finale devrait être prise par la Banque centrale marocaine, en tenant compte de ses propres intérêts et du contexte unique du Maroc. Il est souligné que les recommandations du FMI, basées sur des schémas singa- pouriens ou européens, peuvent ne pas nécessairement convenir à l'économie marocaine, qui est distincte. Il est intéressant que le Maroc bénéficie de l'expertise du FMI tout en prenant les rênes du projet de CBDC de manière autonome. La confidentialité des Marocains doit être respectée en évitant tout outil de traçabilité, compte tenu des problèmes de confiance qui existent dans notre pays. L'objectif de la CBDC est au final d'offrir des avantages tels que rapidité, sécurité, accessibi- lité et facilité. La solution CBDC devrait être conçue de manière à ne pas reproduire les difficul- tés rencontrées par la solution du paiement mobile qui, malgré d’im- portants investissements mobili- sés, ne connaît pas l’engouement escompté par les autorités. Pour conclure, la question de l'uti- lisation préférentielle de la cryp- tomonnaie par les Marocains, malgré les restrictions, doit être examinée attentivement. Cela soulève des interrogations sur l'adoption plus faible du Mobile Money, même avec des efforts de marketing et d'investissement. Ce phénomène incite à réfléchir à une approche libérale qui offre plus de liberté à la jeunesse, tout en régle- mentant de manière appropriée, sans succomber à une mentalité restrictive. ◆
tion aux règles financières et une reconnaissance nuancée de Bitcoin en tant qu'actif risqué, sans néces- sairement signifier une adhésion totale de l'establishment financier. F.N.H. : Malgré l'absence d'un cadre réglementaire, le Maroc se classe dans le top 20 mondial en termes d'adoption des cryptomon- naies. Quels facteurs contri- buent à cette position élevée et comment les utilisateurs naviguent-ils dans cet envi- ronnement non réglementé ? B. B. : Pour répondre votre ques- tion, il est important de souligner que le Maroc présente une parti- cularité dans ce sujet : la jeunesse marocaine est fortement attirée par les cryptomonnaies, en particulier le bitcoin, et cela s'explique par divers facteurs. Tout d'abord, de nombreux jeunes voient le bitcoin comme un moyen d'investissement pour améliorer leur situation financière. Certains l'utilisent également pour des paie- ments internationaux pour contour- ner ainsi les limites existantes. Pour ceux qui n'ont pas accès aux ser- vices bancaires, le bitcoin offre une alternative de paiement. De plus, il est utilisé pour des transferts trans- frontaliers en raison de ses frais réduits, et certains jeunes le choi- sissent pour recevoir des paiements liés à leurs activités en ligne et bénéficient de coûts très bas com- parés aux alternatives actuelles. En quelque sorte, le Bitcoin devient une solution aux multiples pro- blèmes (ou restrictions) financiers auxquels les jeunes au Maroc sont confrontés. Ces défis spécifiques auxquels les jeunes font face, com- binés à une forte exposition à la technologie, contribuent à rendre le Bitcoin largement adopté au Maroc. F.N.H. : En quoi la nouvelle législation envisagée par BAM pourrait-elle résoudre les défis actuels et favori- ser un environnement plus sécurisé pour les utilisa- teurs de cryptomonnaies au Maroc ? B. B. : La nouvelle législation envi-
La progression des cours du bitcoin s’est accélérée au cours du mois octobre 2023 : il ne valait «que» 27.160 dollars.
sagée par Bank Al-Maghrib (BAM) suscite des discussions sur la manière dont elle pourrait résoudre les défis actuels liés aux crypto- monnaies au Maroc, tout en favo- risant un environnement plus sécu- risé pour les utilisateurs. Le wali de BAM a explicitement exprimé l'intention de réglementer les cryptomonnaies, soulignant la prise en considération des direc- tives du G20. Il est noté que de nombreux pays, en particulier en Europe avec la régulation ‘MICA’ (Market in Crypto Assets), ont déjà établi des règles précises pour encadrer les cryptomonnaies. Le Maroc, en adoptant ces normes à son contexte spécifique caractérisé par l'absence de convertibilité du Dirham et des contraintes liées aux règles de change, s'inscrit dans une démarche de convergence avec les pratiques internationales. Toutefois, j’estime que le manque de transparence qui entoure l'éla- boration de ces règles suscite des inquiétudes. Il est important d’inclure le consommateur dans le cœur du processus d’établissement de ces règles qui se déroule der- rière des «portes fermées». Bien que l'objectif affiché soit la protection du consommateur, l'ac- cent doit être mis sur la nécessité d'assurer une réglementation qui ne se transforme pas en une interdic- tion déguisée des cryptomonnaies. On espère que la législation qui en découlera sera favorable pour clarifier les droits et obligations des
investisseurs en cryptomonnaies. Il est essentiel de mettre en place un cadre qui définisse clairement le statut des cryptomonnaies, que ce soit en tant que moyen de paie- ment, actif financier, ou autres. Ainsi, le régulateur est appelé à réaliser un travail approfondi pour créer un cadre législatif équilibré, différent des autres pays en raison de son contexte unique, tout en évi- tant une régulation inadéquate qui pourrait entraver le développement positif des cryptomonnaies dans le pays. F.N.H. : En collabora- tion avec le FMI, Bank Al-Maghrib progresse acti- vement dans son projet de création d’un CBDC. Quelles sont les implications pré- vues sur la cryptosphère et pour l'économie en général, et de quelle manière cette collaboration stratégique avec le FMI renforce-t-elle la viabilité et la stabilité de ce projet innovant ? B. B. : Pour aborder la question de la Central Bank Digital Currency (CBDC), il faut comprendre que cette dernière ne signifie pas nécessairement une cryptomon-
Les fournisseurs d'ETFs rejoignent l'espace Bitcoin principalement pour les opportunités de profit plutôt que par conviction idéologique.
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BOURSE & FINANCES
capacité d'endettement des ménages, qui s’est reflétée par une détérioration de leur moral, atteignant son plus bas historique depuis 2008, soit 44,3 points au T3-2023. Dans ces conditions, les crédits à la consommation ressortent en quasi-stagnation à 57,8 milliards de DH par rapport à une crois- sance annuelle moyenne de 3,4% sur la période 2015-2022. Crédits aux promoteurs : L’encours à un plus bas de 2008 En 2023, les banques ont pour- suivi leur rationnement sur les crédits destinés aux promoteurs immobiliers. Ces derniers ont baissé de 1,7% à 54 milliards de DH, dans les mêmes proportions observées durant la période 2020-2022. À cet effet, l’encours s’établit à son plus bas histo- rique depuis 2008. «Dans l’at- tente du retour de la dynamique de la demande, le secteur immo- bilier est pénalisé par le report de plusieurs projets immobiliers. Dans ces conditions, l’objectif des promoteurs demeure l’écou- lement des stocks disponibles afin d’assainir leur situation bilancielle», selon la recherche de Attijari. Après plusieurs années de pro- gression avec une moyenne annuelle de 10,5% entre 2019- 2022, les crédits de trésorerie reculent de 1,2% à 261 milliards de DH en 2023. Cette baisse lar- gement attendue, s’expliquerait par la normalisation progressive du BFR des entreprises, sous l’effet de la détente des prix des intrants à l’international en 2023. En effet, l’inflation au Maroc est passée d’un pic de 10,1% en février 2023 à 3,4% en décembre 2023. En synthèse, l'année 2023 a connu des dynamiques contras- tées dans le secteur des crédits bancaires. En face, les projec- tions de la Banque centrale, lors du dernier Conseil, indiquent une accélération du rythme de croissance des crédits au sec- teur financier, atteignant 4,6% en 2024 et 4,7% en 2025. ◆
Les banques de la place ont distribué quelque 54 milliards de DH de crédits en 2023 contre 75 milliards de DH en 2022.
travers une hausse de 10,2% à 198 milliards de DH. En effet, les crédits à l’équipement confir- ment leur reprise entamée en 2022 de 6,3%, et ce après deux années successives de baisse sur 2020-2021. Les secteurs miniers, la chimie et parachimie, le transport, ainsi que les télé- coms contribuent pour près de la moitié à cette croissance des crédits à l'équipement jusqu'à fin octobre 2023, selon les observa- tions de Attijari Global Research. Quant aux crédits à l’habitat, ils évoluent de 1,9% à 244 mil- liards de DH, en deçà de la croissance moyenne observée durant la période 2015-2022, soit de +4,4%. «À l’origine de cette décélération, l’attentisme des acquéreurs dans un contexte marqué par le renchérissement du coût de la vie, la montée des taux d’intérêt et la mise en place d’un nouveau ‘pro- gramme d’aide directe au loge- ment’ désormais opérationnel en 2024» , explique-t-on auprès de AGR. Parallèlement, le finance- ment participatif poursuit son ascension avec une progression de 14,2% sur l’année, et repré- sente désormais près de 10% de l’encours des crédits à l’habitat. Comme anticipé, l'inflation a considérablement impacté la
Crédits bancaires
Des dynamiques contrastées en 2023 Les crédits à l'équipement connaissent une reprise robuste, tandis que la croissance des crédits à l'habitat est modérée, impactée par l'attentisme des acquéreurs. Les prêts aux promoteurs atteignent un creux historique en raison du report de projets immobiliers. Par Y. Seddik
L
a hausse des taux et l’inflation n’ont finalement pas eu raison de la production des prêts ban- caires, qui s’est plutôt bien com- portée l’année dernière. Au 31 décembre 2023, l’encours global des crédits bancaires dépasse la barre des 1.100 milliards de DH, malgré une contreperformance sur certains segments de prêt. Ce sont donc plus de 54 mil- liards de DH de crédits qui ont été distribués par le secteur ban- caire marocain en 2023, selon les dernières statistiques de la
Banque centrale. Ainsi, les crédits bancaires ont terminé l’année sur une hausse aux alentours de 5,2% (2,9% pour le secteur non financier), bénéficiant essentiellement de la bonne tenue de l’évolution des crédits a l’investissement. Notons que cette croissance est supérieure de 70 pbs par rapport à la moyenne observée durant la période 2015-2022, soit de 4,2%. Plus en détail, les crédits à l’équipement se distinguent à
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BOURSE & FINANCES
Politique monétaire
Gare à l’inflation future : oui, mais laquelle ? C omme à son ordinaire, la transmission de la alarmants qu’ils le paraissent. Et ceux-ci d’être mis en exergue pour le démontrer. D’abord, et sans polémique aucune, une telle asymétrie d’information n’a pas lieu d’être entre décideurs publics et faiseurs d’opinion. Ensuite, il est plus à craindre que cette simple divergence de chiffres soit à même d’altérer le processus de transmis- sion de la politique monétaire. Le fait est que l’output du modèle de projection adopté par BAM est inconsistant avec les prévisions des acteurs du marché financier. Au fond, cela indique que le taux d’intérêt réel, c’est- à-dire le taux d’intérêt nominal corrigé de l’inflation anticipée, est plus faible que ce qu’en juge BAM. Par Hachimi Alaoui
politique monétaire vers l’économie réelle se fait selon un processus séquentiel, dont la complétude requiert des délais plus ou moins longs. Compte tenu de ces délais, il est un lieu commun d’affirmer que la Banque centrale n’est pas tenue de réagir à une inflation d’ores et déjà réalisée, mais plutôt aux anticipations d’inflation. L’idéal serait donc de hausser le taux directeur avant la diffusion des tensions inflation- nistes dans la structure des prix. En plus de réduire le potentiel d’inflation contenu dans la demande agrégée, ce serait d’abord un signal aux marchés financiers : la politique monétaire est forward-looking et la Banque centrale est intraitable quant à la stabilité des prix. Et c’est sans surprise que le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), par ailleurs paré de toutes les vertus, s’appuie dans son procès de prise de décision sur les valeurs futures du taux d’inflation et que l’on peut puiser dans deux principales sources. D’un côté, BAM mène une enquête trimestrielle auprès des acteurs du secteur financier, portant sur leurs anticipations d’inflation. D’un tout autre côté, et dans le cadre de ses projec- tions macroéconomiques, BAM procède à l’estimation des prévisions d’inflation. Et qu’il s’agisse des anticipations ou des prévi- sions d’inflation, les deux sont établies pour un horizon qui s’étale sur les huit trimestres à venir. Toutefois, force est de constater une nette
divergence entre les valeurs anticipées par les professionnels de la finance, et les valeurs calculées en interne par les équipes de BAM (voir. graphique). Une divergence synchrone avec la vague d’inflation qui s’est déferlée sur le Maroc depuis le début de l’année 2022. Pour dire simple, BAM est décidément plus optimiste quant à l’inflation future et prévoit des taux bien inférieurs à ceux qu’anticipent les marchés financiers. Juste constat. À un détail près : c’est plus qu’une marge d’erreur tenant à l’asymétrie d’information entre la Banque centrale et les marchés financiers. En particulier, lorsque tout ou presque semble indiquer que les aboutissants en sont moins simples et plus BAM est décidément plus opti- miste quant à l’inflation future et prévoit des taux bien inférieurs à ceux qu’anticipent les marchés financiers.
Ainsi, la rémunération effective des dépôts à terme est relativement faible pour les ménages, ce qui réduit la substitution inter- temporelle de l’épargne à la consommation et, ce faisant, affaiblit la transmission du resserrement monétaire vers la demande agrégée, et ce par rapport à ce qu’il en serait dans le monde modélisé par BAM. Et ce qui vaut pour les taux créditeurs s’applique aussi aux taux d’intérêt débiteurs. Le coût réel du capital serait donc plus amoindri que sa valeur simulée par le modèle de projection, puisque les taux débiteurs réels s’en trouvent réduits par une inflation anti- cipée à des valeurs nettement supérieures à ce que prédit la Banque centrale. Bien entendu, le taux de change réel n’est pas en reste : l’appréciation réelle du Dirham serait plus forte que celle prévue par la Banque centrale. Il s’ensuit donc une transmission de la politique monétaire dont l’amplitude et la promptitude seraient bien inférieures à celles simulées par BAM. Et jusqu’à ce que ces divergences abyssales soient aplanies, le Maroc continuera d’avoir un double à la Banque centrale, toujours d’humeur à snober le soi dont il est l’ombre et qui ne l’écoute que d’une oreille dis- traite. Alors qu’en ce moment de vérité, rien n’interdit de s’interroger sur les règles de conduite qui régissent le comportement des Marocains qui peuplent le monde-modèle de BAM, et si cette dernière réagit à ce qu’anticipent «ses Marocains», ou bien à ce qu’anticipent les Marocains. ◆
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BOURSE & FINANCES
Akdital
BOURSE LA SEMAINE EN CHIFFRES
Le Groupe réalise un premier apport au profit de l'OPCI Syhati Immo SPI
Capitalisation sectorielle
La Bourse de la semaine du 31 janv au 6 fév
15 000
14 000
13 000
12 529
12 465 12 483
12 493 12 442
33,09%
36,98%
12 000
10 000 11 000
Mer
Jeudi
Vend
Lundi
Mardi
L e Groupe Akdital a annoncé avoir procédé à l’apport des biens immobiliers abritant l’Hôpital Privé de Aïn Sebaâ et la Clinique Atfal à Casablanca au profit de Syhati Immo SPI. Conformément à sa politique en matière de gestion des actifs immobiliers, le Groupe Akdital a procédé à l’apport des biens immobiliers abritant l’Hôpital Privé de Aïn Sebaâ et la Clinique Atfal à Casablanca d’une valeur de 173 MDH au profit de l'Organisme de placement collectif immobilier (OPCI), Syhati Immo SPI. Cet OPCI, ouvert au public et géré par la société de gestion Reim Partners, devrait accueillir d’autres actifs futurs opérés par le Groupe, dans les différentes villes du Royaume, ajoute la même source, précisant que les différents actifs portés par Syhati Immo SPI feront l’objet d’un contrat de bail de longue durée auprès du Groupe Akdital. Cette opération s’inscrit dans l’orientation stratégique du Groupe visant d’une part, à optimiser sa structure financière en libérant des capitaux pour les réallouer vers le finan- cement du développement, et d’autre part, la revalorisation du portefeuille immobilier grâce à une gestion plus ciblée, améliorant la performance globale des actifs. ◆
12,14% 12,94%
0,67% + Performance Hebdomadaire Masi
Capitalisation globale (Mds DH)
4,84%
645 Mds
Banques Batiments et Matériaux de construction Télécommunications Agroalimentaire et Production
Autres
Les plus fortes hausses de la semaine
Minière Touissit
+46,76% +9,95% +7,45% +7,39% +6,69% 103 MDH 73 MDH 68 MDH 42 MDH 42 MDH
SNEP RISMA TGCC Stokvis Nord Afrique
Prêt de titres
Les valeurs les plus actives de la semaine
L'AMMC met en consultation un projet de circulaire
Attijariwafa bank
Cosumar Maroc Telecom Alliances BCP
L’ Autorité maro- caine du marché des capitaux (AMMC) met en consultation publique, du 2 février au 2 mars 2024, un projet de circulaire relative au prêt de titres. Ce projet de circulaire s’ins- crit dans le cadre de l’opé-
Marché obligataire
Pendant l’adjudication de cette semaine, un montant de 1 Md de DH a été desservi face à une demande de 3,5 Mds de DH, lors de l'opération d'adjudication de ce mardi, indique la Direction du Trésor et des Finances extérieures (DTFE). Le montant adjugé par le Trésor a été entièrement opéré sur la ligne 2 ans qui enregistre une hausse de 5,5 Pbs. La date de règlement est prévue le 12 février 2024.
rationnalisation des amendements de la loi n°45- 12 relative au prêt de titres apportés par la loi n°83-20, publiée au Bulletin Officiel n° 7014-. Le projet de circulaire de l’AMMC relative au prêt de titres propose un cadre réglementaire visant notamment à : • Définir les conditions de réalisation des opérations de prêt de titres; • Etablir les règles relatives à l’agrément des gestionnaires de plateformes multilatérales de prêt de titres ainsi que les obli- gations qui leur incombent; • Enoncer les modalités de déclaration et de notification des opérations de prêt de titres; • Mettre en place des mesures visant à assurer le bon fonc- tionnement du marché de prêt de titres et à maintenir sa stabilité. ◆
Marché de change
Le Dirham est resté quasiment stable vis-à-vis de l'Euro et s'est déprécié de 0,71% face au Dollar américain entre le 25 et le 31 janvier 2024, selon Bank Al-Maghrib (BAM). Au cours de cette période, aucune opération d'adjudica- tion n'a été réalisée sur le marché des changes, indique BAM dans son bulletin hebdomadaire. Au 26 janvier, les avoirs officiels de réserve se sont établis à 354,5 Mds de DH, en hausse de 0,1% d'une semaine à l'autre et de 6% en glissement annuel.
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