FNH N° 1090

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 29 décembre 2022 - 8 DH - N° 1090

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

FMI/Ligne de crédit modulable Cela signifie quoi au juste ?

Marché obligataire

Bank Al-Maghrib joue au pompier

P. 14/15

P. 16

INFLATION

Une compagne bien encombrante

P. 2/4/22 à 24

Mondial 2022 Le tourisme marocain se voit offrir un penalty

Bourse de Casablanca Un bilan sombre pour 2022

P. 13

Politique Wind of change

P. 26/27

P. 30

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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JEUDI 29 DÉCEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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> Actualité

Voyons voir : 2023 hérite des séquelles de 2022

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Ça se passe au Maroc

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Ça se passe en Afrique

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Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Rebond écourté après le dis-

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cours du wali de BAM

Par Fatima Ouriaghli

Bourse de Casablanca : Un bilan sombre pour 2022

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Marché obligataire : Le plus gros de l'envolée des taux

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V oilà. Une nouvelle année s’achève. Une année très par- ticulière, qui a vu la Covid-19… perdre de sa superbe et n’occuper qu’une place accessoire dans le traitement de l’information. Horreur et tristesse, incertitudes et inquiétudes, bonheur et émotions intenses… : nous sommes passés par tous les états en 2022. Le monde a ainsi découvert la face macabre de la guerre, lorsque, le 24 février, la Russie de Poutine décida d’attaquer l’Ukraine. Ce qui devait être une «opération militaire» éclair s’est transformé en un véritable bourbier pour l’armée russe, qui a vu se dresser devant elle un peuple valeureux, soutenu par la communauté internationale, et décidé à défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté… jusqu’à la mort. Des morts, il y en a eu. Des deux côtés. On ne saura certainement jamais les pertes humaines exactes, mais les chiffres publiés par les Américains mi-novembre dernier font état d’environ 250.000 morts : plus de 100.000 soldats russes, autant du côté ukrainien et plus de 40.000 civils ukrainiens. Pour nombre d’observateurs, il s’agit de la plus grande menace pour la paix en Europe depuis la seconde guerre mondiale. Ce conflit a plongé l’économie mondiale dans la pénombre, accentuant les conséquences de la reprise post-pandémique : déséquilibres entre l’offre et la demande à cause des goulots d’étranglement dans les chaines de production, hausse vertigi- neuse des coûts des transports et du fret, augmentation des prix de l’énergie, perturbations du trafic aéroportuaire, pénuries de certains produits comme les semi-conducteurs et forte hausse des produits alimentaires. L’inflation est ainsi devenue mondiale, obligeant les Banques centrales à procéder à un resserrement de leur politique monétaire pour tenter de juguler la flambée des prix. Et Même si Bank Al-Maghrib est entrée dans le moule en augmentant par deux fois son taux directeur, il n’empêche que les prix restent à des niveaux élevés, rognant le pouvoir d’achat des ménages marocains. Des ménages qui ont pu oublier momentanément cette conjonc- ture délicate et glauque grâce à la magie du foot. Ou précisément grâce aux Lions de l’Atlas qui ont réalisé un brillant parcours lors du Mondial 2022 qui s’est joué au Qatar. Le Maroc a vibré. L’Afrique s’est enthousiasmée. Le monde s’est réjoui de cette épopée formidable du Onze national, qui a terminé 4 ème de ce tournoi. Un Onze national qui a surtout permis de terminer l’année sur une note positive et d’aborder 2023 avec plein d’optimisme. Comme dirait l’autre, à cœur vaillant rien d’impossible. C’est dire que le comportement de ces lions doit servir d’exemple pour relever les nombreux défis socioéconomiques auxquels le Maroc fait face. Bonne année 2023 ! u A CŒUR VAILLANT…

est-il derrière nous ?

Marché obligataire : Bank Al-Maghrib joue au pompier

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Ligne de crédit modulable du FMI : C’est quoi au juste ?

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> Economie

Gouvernance des finances publiques : Les raisons d'un

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Inflation : Une compagne bien encombrante

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changement de paradigme

Hausse du taux directeur : Peu d’impact sur la crois-

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Entretien avec Sofiane Gadrim : Education financière,

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sance économique

«L’illettrisme financier peut freiner les ménages qui

Location de voitures : Avec la reprise du tourisme, le

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veulent entreprendre»

secteur reprend sa dynamique

Réforme de la fiscalité locale : Un enjeu majeur pour

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Mondial 2022 : Le tourisme marocain se voit offrir un

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le développement des collectivités territoriales

penalty

> Focus Agricole

Campagne agricole : Un bon démarrage, mais rien

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n’est encore joué

> L'univers des TPME

Technoparks : Nouvelle feuille de route stratégique à

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l’horizon 2027

> Politique 30 Wind of change

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> High-tech 31 Industrie des jeux vidéo : Le grand retour en 2023 ?

> Société

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Santé mentale : Près d’un Marocain sur deux souffre

de troubles mentaux

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> Culture

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Télévision : Influenceurs.euses, une nouvelle généra-

tion d’acteurs crève le petit écran

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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2023 hérite des séquelles de 2022 Par D. William

C’ est fini. L’année 2022 vit ses derniers jours. Trois évènements phares l’ont marquée, en ce qu’ils ont eu une résonnance mon- diale : la guerre en Ukraine, l’inflation et la formidable épopée des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde de football au Qatar. Qu’en sera-t-il pour 2023 ? Nous l’espé- rons meilleure à tous points de vue. Mais il faudra composer avec les séquelles de 2022, comme notamment cette guerre russo-ukrainienne dont on n’entrevoit pas le début de la fin. Clairement, les tensions géopolitiques vont persister en Occident à cause de ce conflit qui sème les miasmes de la mort dans le territoire ukrainien. A moins que le pré- sident russe Vladimir Poutine ne soit frappé d’un éclair de lucidité pour retirer ses troupes et mettre un terme à cette guerre sanglante qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Parallèlement, on devra faire avec cette inflation qui va encore nous coller aux basques l’année prochaine. Certes, elle devrait être moins prononcée, selon les projections des prévisionnistes, mais les prix à la consommation resteraient cependant à des niveaux élevés. Ce qui va certainement pousser les Banques centrales à opérer des tours de vis dans leur politique monétaire en rele- vant notamment leur taux directeur. Cet environnement international défavorable fragilise les économies et les plonge dans l’incertitude, avec des croissances étouffées par les politiques restrictives initiées par les Banques centrales pour juguler les tensions inflationnistes. Et le Maroc n’y échappera pas et devra s’accommoder de taux de croissance relativement faibles : 1,1% cette année, 3% en 2023 et 3,2% en 2024, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib. Le sujet qui s’imposera à nous également en 2023 est le déficit hydrique structurel

auquel est confronté le Royaume. C’est un sujet de préoccupation majeure au plus haut sommet de l’Etat et l’un des grands défis que le Maroc devra rele- ver durant la prochaine décennie. Tous les moyens sont en tout cas mobilisés pour faire face à cette problématique, comme bien d’autres, dont notamment le gigantesque chantier de la protection sociale. Bref, c’est ainsi que se construit le Maroc moderne. Pas à pas. Petit à petit. Sous la conduite éclairée de son Souverain. De quoi, peut-être inspirer certains. Et s’il y a un vœu que nous formu- lons en cette année qui s’achève, c’est que toutes les actions posées par le Royaume pour s’ouvrir la voie vers la modernité inspirent notre voisin de l’Est. Que ses dirigeants nous voient en modèle et non en ennemi. Qu’ils soient, simplement, de bons copistes. Bonne année ! ◆

Le sujet qui s’imposera à nous égale- ment en 2023 est le déficit hydrique struc- turel auquel le Royaume fait face.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L a vague actuelle de Covid-19 devra prendre fin dans les prochains jours au Maroc pour entamer une nouvelle phase intermédiaire, la cinquième depuis le début de la pandémie, qui se caractérisera généralement par une faible propagation du virus, selon le ministère de la Santé et de la Protection sociale. Le niveau de prévalence du virus est actuellement considéré comme faible dans cinq régions et moyen dans sept autres, sachant que le niveau rouge n'a pas été atteint lors de cette vague. Cette dernière se caractérise notamment par une baisse importante du niveau de virulence et de létalité : seulement 49 cas ont été admis aux services de réanimation et de soins intensifs, alors que 13 personnes sont décédées des complications de la maladie, avec un taux de létalité équivalent à 0,2% et trois fois inférieur à l'indice de létalité enregistré lors de la première vague d'Omicron (0,6%). ■ Covid-19 : La cinquième vague touche à sa fin

Autoroutes du Maroc

L'ONEE bénéficie d'un nouveau financement de KfW de 52,6 millions d’euros A bderrahim El Hafidi, DG de l’Office natio- nal de l’électricité et

Un budget d’investissement de 1,7 Md de DH en 2023 L e Conseil d'administra- tion (CA) de la Société nationale des autoroutes

de l’eau potable (ONEE), et Joerg Dux, chef de division ressources en eau et ges- tion des déchets, Afrique du Nord à la Banque alle- mande de développement (KfW), ont procédé jeudi 22 décembre 2022 à la signature de trois contrats de financement d’un mon- tant global de 52,6 millions d’euros.

du Maroc (ADM), réuni récem- ment sous la présidence du ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a approuvé le budget pour l'an-

née 2023. Les principales hypothèses de ce budget s'articulent autour d'un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dirhams hors taxes, en évolution de 3,7% par rapport à 2022, ainsi qu’un budget des grosses réparations de 522 MDH à réaliser avec un écosystème 100% marocain, indique ADM. Il s’agit aussi d’un budget d’inves- tissement de 1,7 milliard de dirhams, portant principalement sur l’adaptation de la capacité de l’axe autoroutier Rabat-Berrechid à travers la continuité des travaux des deux derniers lots du chantier de triplement de l’autoroute Casablanca – Berrechid et de l’auto- route de contournement de Casablanca, ainsi que la construction de l’autoroute Tit Mellil-Berrechid. Cet investissement sera aussi orienté vers le renforcement du dispositif de sécurité et la poursuite du déploiement du plan d’automatisation de l’exploitation. ■

Le premier contrat de financement, d’une enveloppe de 28,5 millions d’euros, concerne le programme d’alimentation en eau potable (AEP) des petits et moyens centres. Ledit programme porte sur l’AEP des centres de Kelaâ, Laattaouia, Tamellalt et des localités avoisinantes et consiste en la réalisation des mesures d’augmentation et de renforcement de la production d’eau potable, de pompage et de transport. Il concerne également la mise en place d’un système de télégestion des ouvrages du projet d’AEP de la ville de Marrakech à partir du barrage Al Massira, ainsi que la réalisation des travaux d’amenée de la ligne électrique pour ce projet et pour le projet d’AEP de la côte Atlantique. Le deuxième contrat de financement, d’un montant de 21 millions d’euros, concerne un deuxième programme d’alimentation en eau potable des petits et moyens centres. Il consiste en la réalisation de mesures dans plusieurs systèmes d’AEP proposés par l’ONEE. Lesdites mesures visent l’augmen- tation et le renforcement de la production

d’eau potable, y compris le traitement, la sécurisation de l’AEP, le pompage, le trans- port et le stockage pour couvrir les besoins actuels et futurs des zones desservies ou en extension. Elles concernent également l’amé- lioration des performances des installations de l’ONEE. Quant au troisième contrat de financement signé entre l’ONEE et la KfW, il prévoit une aide financière pour des mesures d’accom- pagnement dans le cadre du programme d’approvisionnement en eau potable des petits et moyens centres. Il s’agit d’un don de 3,1 millions d’euros destiné au projet de mise en place du programme de gestion des archives et de la gestion électronique des documents (GED) de l’ONEE- Branche Eau. Ces concours financiers interviennent dans la continuité de l’appui de la KfW à l’ONEE, qui remonte à 1981, pour la réalisation de ses objectifs stratégiques dans les domaines de l’eau potable et de l’assainissement liquide avec une contribution financière totale de la KfW de l’ordre de 902 millions d’euros. ■

65,3% C'est le pourcentage de cartes sans contact enregistré chez les commerçants affiliés au CMI, en novembre 2022, qui ont réalisé 55,4% des opérations représentant 32,1% du montant global. L’adoption du paiement sans contact poursuit sa progression parmi les porteurs de cartes bancaires marocaines.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

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Afrique du Sud : La crise de l’électricité devrait s’aggraver en 2023

Côte d'Ivoire : Signature de conventions de financement pour le métro d'Abidjan

Tunisie : Moody's alerte sur la déprogram- mation d’un prêt du FMI

L e retard enregistré dans l'ap- probation finale d'un nouveau programme de financement avec le Fonds monétaire interna- tional (FMI) est de nature à exa- cerber davantage les risques de financement extérieur de la Tunisie et d'éroder ses réserves de change, estime l'agence de notation améri- caine Moody's. Ce retard accroîtra, également, le risque de dégrada- tion de la notation souveraine de la Tunisie, qui est actuellement de Caa1 et sous examen en vue d'une dégradation, ajoute l'agence de notation dans une note publiée suite à la déprogrammation par le Conseil d'administration du FMI de l'examen de la Facilité élargie de crédit d'un montant de 1,9 milliard de dollars pour la Tunisie. Pour Moody's, ce retard est susceptible d'aggraver la situation de la Tunisie qui est « déjà difficile» en raison des risques de liquidités «de plus en plus élevés ». ■

L a crise de l’électricité, qui plonge l’Afrique du Sud dans le noir depuis plusieurs années, devrait s’aggraver en 2023, a indiqué la compagnie d’électricité publique Eskom. « Les Sud-Africains doivent se préparer à une crise prolongée de l’électricité durant les trois premiers mois de 2023 », a déclaré dans un point de presse le Directeur général d'Eskom, Jan Oberholzer. Confrontée à des coupures de cou- rant récurrentes depuis plus d’une décennie, l’Afrique du Sud a connu en 2022 une aggravation sans précédent de cette crise. L'approvisionnement du pays en électricité n’a cessé de se détériorer depuis l’hiver dernier (mai-octobre), Eskom ayant décidé de passer aux niveaux supérieurs de délestages électriques, appelés «loadsheddings», après les nombreuses pannes qui ont plombé sa capacité de production. ■

L ' Etat de Côte d'Ivoire a signé des conventions de financement avec le Trésor français et un pool de banques pour le démarrage effectif des travaux de construction du métro d'Abidjan. Au total, six accords de prêts ont été para- phés, lundi à Abidjan, lors d'une visite de travail du ministre français de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté indus- trielle et numérique, Bruno Le Maire. Les conventions de financement entre le Trésor français et l'Etat de Côte d'Ivoire s'élèvent à 237 millions d'euros et celles entre le pool bancaire et l'Etat ivoirien sont évaluées à 1.090 millions d'euros, a indiqué le ministre ivoirien de l'Economie et des Finances, Adama Coulibaly. ■

Afrique centrale : Le FMI fait le point

sur les politiques communes de la CEMAC

Le Ghana suspend le paiement d'une partie de sa dette extérieure

L e Fonds monétaire international (FMI) a conclu les dis- cussions annuelles avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur les poli- tiques communes des pays membres et leurs programmes de réforme. « Le choc positif des termes de l’échange, consécutif aux répercussions de la guerre de la Russie en Ukraine, a globa-

lement bénéficié à la CEMAC, renforçant sa position extérieure et sa reprise économique progressive post-COVID », a indiqué un communiqué du FMI. La hausse de l’inflation mondiale s’est répercutée, selon la même source, sur les prix intérieurs, « en exerçant des pressions sur les revenus réels et mena- çant la sécurité alimentaire, tandis que le resserrement des conditions financières mondiales menace également les perspectives de croissance ». ■

L e Ghana a annoncé la suspension «provisoire» du paiement d'une partie de sa dette extérieure, dont les euro- bonds, au moment où il cherche à la restruc- turer après un accord passé avec le Fonds monétaire international (FMI) la semaine dernière. « Nous annonçons aujourd'hui la suspension de tous les paiements du ser- vice de la dette pour certaines catégories de notre dette extérieure, en attendant une restructuration », a annoncé le ministre gha- néen des Finances, Ken Ofori-Atta. Cette mesure vise à « empêcher une nou- velle détérioration de la situation écono- mique, financière et sociale du Ghana », a-t-il précisé. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Espagne : La dette publique atteint un nouveau record

L a dette de l'ensemble des administrations publiques espagnoles a augmenté au troisième trimestre pour atteindre le niveau record de 1.504 milliards d'euros, soit une augmentation en termes relatifs de près de 2% par rapport au trimestre précédent, bien que son poids sur le PIB ait légèrement diminué et que le ratio se soit établi à 116 %, selon les données publiées par la Banque d'Espagne. En glissement annuel, la dette a augmenté de 5% par rapport au même trimestre de l'année dernière, soit 71,458 milliards d'euros, en raison de la baisse des recettes et de la hausse des dépenses dues à la crise de la pandémie et plus récemment à la guerre en Ukraine. Le ratio de la dette publique au PIB s'est établi à 116%,

soit un dixième de point de pourcentage de moins qu'au deuxième trimestre (116,1%), bien qu'il dépasse toujours l'objectif du gouvernement pour l'ensemble de l'année (115,2%). ■

USA : La croissance du PIB révisée

à 3,2% au troisième trimestre

L e PIB des Etats- Unis a augmenté de 3,2% au troi- sième trimestre, en hausse par rapport à une estimation anté- rieure de 2,9%, a indi- qué le département du Commerce.

Le Japon dévoile un budget record pour renforcer ses

dépenses militaires

Des dépenses de consommation plus fortes, qui ont augmenté à un rythme de 2,3% au cours du troisième trimestre contre une estimation antérieure de 1,7%, ont été à l'origine d'une grande partie de la révision à la hausse, explique le département. L'investissement fixe non résidentiel, qui comprend les dépenses en bâtiments et en équipements, a également augmenté plus forte- ment que prévu. Les actions américaines ont chuté jeudi dernier, craignant qu'un PIB plus fort que prévu n'incite la Réserve fédérale (FED) à continuer de relever ses taux plus que prévu en 2023. La FED a relevé ses taux d'intérêt tout au long de l'année pour refroidir la demande de biens et de services et réduire l'inflation. ■

L e gouvernement japonais a approuvé un budget annuel record de 114.000 milliards de yens (environ 863 milliards de dollars), au titre du prochain exercice budgétaire, visant, entre autres, à financer les dépenses militaires après une révision majeure de la stratégie de sécurité du pays. Dans ce budget pour l'exercice fiscal allant du 1er avril 2023 au 31 mars 2024, le gou- vernement a alloué 6.800 milliards de yens (52 milliards de dollars) au ministère de la Défense, soit une hausse d'environ 30% par rapport à l'exercice en cours. Cette décision intervient une semaine après une révision radicale de la doctrine de défense du Japon pour tenter, selon des

responsables nippons, de faire face aux menaces perçues comme croissantes dans la région. Le Japon prévoit notamment de doubler son budget annuel de défense en le faisant passer d'environ 1% de son PIB à 2% d'ici 2027. ■

Russie : Les réserves internationales

dépassent 581 milliards USD

Inflation : La BCE envisage de relever les taux d'intérêt

à un rythme soutenu

L a présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a indiqué que l'institution monétaire envi- sage d'augmenter encore les taux d'intérêt à un rythme soutenu pour combattre l'inflation. « Nous augmentons les taux d'intérêt et nous les augmenterons encore, à un rythme sou- tenu, jusqu'à ce qu'ils soient à un niveau qui assure un retour rapide de l'inflation à notre cible à moyen terme de 2% », a déclaré Lagarde dans un message adressé aux Européens inquiets pour leur pouvoir d'achat. « Je promets que nous ferons tout ce qui est possible pour réduire l'inflation », a-t-elle souligné, relevant que l'inflation élevée « nuit à tout le monde, en particulier aux pauvres ».

L es réserves internationales de la Russie ont atteint 581,7 milliards de dollars au cours de la semaine se terminant le 16 décembre, a annoncé la Banque centrale de Russie. Il s'agit d'une hausse de 5,2 milliards de dollars, soit une progression de 0,9%, sous l'influence d’une réévaluation positive, selon les données publiées sur le site du régulateur du système bancaire russe. La Banque centrale publie régulièrement des mises à jour sur ses réserves, avec un décalage d’une semaine. ■

Les hausses de taux d'intérêt de 50 points de base pourraient « devenir la nouvelle norme à court terme » et « pour un certain temps », a de son côté réaffirmé au journal « Le Monde » le vice-président de la BCE, Luis de Guindos. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis décembre 2021

Rebond écourté après le discours du wali de BAM ◆ La Bourse freine son rebond dans la perspective de nouvelles hausses des taux. ◆ Bank Al-Maghrib anticipe un environnement inflationniste plus durable que prévu.

de resserrement monétaire en 2023, à travers au moins une hausse supplé- mentaire du taux directeur durant le premier semestre 2023. Cette perspective a pesé sur les mar- chés cette semaine, où le MASI a évolué en trois temps, au gré des nouvelles : une baisse lundi, qui s'est accélérée mardi après l'annonce du hausse du taux directeur de 50 pbs, largement anticipée. Une reprise poussive mercre- di, un plafonnement jeudi et vendredi après les chiffres de l'inflation. Au final, le MASI achève une seconde semaine de baisse et se trouve désor- mais 6% plus haut que ses plus bas annuels et 27% plus bas que ses som- mets. Une faiblesse claire qu'il faut lier à la dégradation de l'environne- ment macroéconomique, aux pressions attendues sur la capacité bénéficiaire de l'exercice et à l'environnement défa- vorable des taux. ◆

2022, avant de revenir à 3,9% en 2023. Il s’agit d’un taux qui dépasse toujours l'objectif de stabilité des prix», a dit le wali de Bank Al-Maghrib lors du dernier conseil de la banque, laissant entendre qu'il faudra continuer à combattre ce phénomène à moyen terme. Et la tâche ne s'annonce pas facile, avec la perspective de la décompensa- tion à partir de 2024. Une réforme qui devrait s'étaler sur 2 ans, et qui n'attend que l'opérationnalisation du registre social unifié, actuellement en phase de test, et qui est désormais intégrée dans le scénario central de BAM. «En 2024, les tarifs réglementés enregistreraient une forte progression de 12,9%, avec le démarrage programmé de la décom- pensation des prix du gaz butane et du sucre», a indiqué le Wali. C'est ce qui fait dire à Attijari Global Research que Bank Al-Maghrib devrait «en toute logique» poursuivre son cycle

Par Y. Seddik

L’ inflation semble tenace et les investisseurs n'ar- rivent pas à s'en accom- moder. Pour le quatrième mois consécutif, l'Indice des prix à la consommation s'est installé au-dessus de 8% en rythme annuel et le petit repli d'octobre (8,1%) a laissé place à un nouveau sursaut en novembre (8,3%). A moyen terme, l'inflation va même devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre par la Banque centrale, impactée notamment par les pressions externes qui se réper- cutent aux biens et services non échan- geables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024. «Nos prévisions font res- sortir que l'inflation passerait à 6,6% en

Le MASI achève une seconde semaine de baisse et se trouve désor- mais 6% plus haut que ses plus bas annuels.

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BOURSE & FINANCES

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Bourse de Casablanca

◆ Au 28 décembre, le Masi affiche une baisse de 18% au compteur. ◆ Le ciel se dégagera-t-il en 2023 ? Rien n’est moins sûr, tant les incertitudes restent nombreuses. Un bilan sombre pour 2022 H ausses de taux, désordres géopoli- tiques, maux écono- miques et inflation… 2022 aura été un mil- à 8,51%, en recul de 13,2% en glissement annuel, alors que la volatilité moyenne ressort en repli à 9,4% contre 10,8% au premier semestre 2022. Par Y. Seddik

durant cette année historique, le moteur principal des mar- chés financiers a toujours été l'inflexion de la politique moné- taire de la Banque centrale, à l'image de ce qui se passe un peu partout dans le monde. Les opérateurs ont essayé (et essaient toujours) de deviner quand aura lieu le pic de relè- vement des taux actuels, et à quelle altitude. Dès septembre, le ton plus sévère de Bank Al-Maghrib a pris de court les investisseurs, qui ont eu au départ du mal à intégrer le changement de paradigme sur les taux d'intérêt. En annonçant des relèvements du taux directeur, BAM a, à chaque fois, gelé les velléités de rebond des actions, comme ce fut le cas durant la dernière semaine (voir Point Bourse). Gestions d’actifs : Tournons vite la page ! Du risque partout, des ren- dements nulle part. Voici ce qui a caractérisé l’industrie de la gestion d’actifs, contraire- ment à 2021 qui a été proli-

au 9 décembre 2022, en recul de 9,5% par rapport au début de l’année. Les autres compartiments de la gestion d’actifs réalisent des progressions en ligne avec celles observées les années précédentes, avec une stabili- sation des actifs sous gestion pour les fonds de titrisation et des croissances à deux et trois chiffres pour les OPCC et les OPCI respectivement. L’actif net des OPCI a ainsi atteint 49 milliards de DH à fin octobre 2022, en augmentation de 127% depuis le début de l’année, avec une prépondé- rance des fonds réservés aux investisseurs qualifiés. Taux : le carburant de la baisse des actions En 2022, tout le newsflow du compartiment obligataire a eu un impact immédiat sur le marché actions, qui a intégré une hausse des taux obliga- taires plus rapide que prévue (voir pages 14/15). Le Masi a subi des décrochages violents durant certaines séances. Ces éléments négatifs ont égale- ment compliqué la tâche des gérants actions qui, pour sauver les meubles, n’ont eu d’autres choix que de liquider leurs titres avant la fin de l’année. Pour 2023, l’on reste dans une configuration où les investis- seurs espèrent que le point bas boursier soit passé, malgré le flou qui règne toujours sur les perspectives économiques et également sur les bénéfices annuels des entreprises cotées, qui seront sans doute impac- tés par l’inflation. L’incertitude atteint son paroxysme. ◆

À l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls 5 secteurs sur les 24 cotés affichaient des variations positives. Il s’agit de Electricité (+7,62%), Loisirs et hôtels (+8,38%), Mines (+33%), Sylviculture et papier (+28,8%), Sociétés de placement immo- bilier (+2,38%). Avec une confiance des inves- tisseurs au plus bas, la crise boursière de cette année a montré que les valeurs de ren- dement - celles qui sont appré- ciées pour leur capacité à payer des dividendes confortables et récurrents - ne constituent plus un rempart efficace contre la chute des cours. Elles ont certes moins baissé que les titres les plus cycliques de la cote, mais elles ont pâti des craintes de recul des bénéfices qui pourraient compromettre leur capacité à maintenir leurs dividendes. Par ailleurs, il faut dire que

lésime que les opérateurs bour- siers souhaiteront vite oublier. A moins d'un miracle lors des toutes dernières séances, la Bourse de Casablanca ter- minera l’année 2022 sur une baisse de 18% contre une hausse de 18,35% enregistrée en 2021. La pire performance de son histoire récente, avec près de 150 milliards de DH de capitalisation partis en fumée. Malgré une inflation qui mon- trait le bout de son nez et des taux d’intérêt qui frémissaient, rien ne laissait présager, début 2022, une année boursière aussi médiocre. L'on finit l’année par une valo- risation globale en baisse sen- sible à 17,2x contre 19,8x en moyenne pour les 5 années d’avant crise Covid-19. Aussi, le ratio de liquidité du marché boursier à fin novembre ressort

Le moteur principal des marchés

financiers en 2022 a

toujours été l'inflexion de la politique monétaire de la Banque centrale.

fique pour l’épargne et les placements. Les gérants d'OPCVM ont tant bien que mal limité la casse et ont laissé passer la tempête en attendant des jours meil- leurs.

Cette année, seuls 5 secteurs sur les 24 cotés affichent des variations positives.

Le secteur des OPCVM a ainsi été impacté par la baisse du marché boursier et par les ten- sions haussières sur le mar- ché des taux, et a subi une décollecte au niveau des caté- gories d’OPCVM obligations MLT, obligations CT et actions. L’actif net global des OPCVM ressort à 536,5 milliards de DH

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Marché obligataire

Le plus gros de l'envolée des taux est-il derrière nous ?

◆ En 2022, les taux obligataires ont enregistré des pics de volatilité, avec des hausses allant jusqu’à 167 pbs. ◆ 2023 s'annonce difficile pour le financement du Trésor, avec des marges de manœuvre très réduites et des besoins plus prononcés.

de maturité CMT de la courbe pri- maire a connu des hausses moyennes de 62 pbs au terme du T3-22. Les hausses pour les maturités du seg- ment LT n’ont pas dépas- sé les 9 pbs, en lien avec l’absence de marquage des levées du Trésor. Sur le mar- ché secondaire, les maturités courtes et moyennes ont connu des hausses variant entre 39 pbs et 65 pbs. Concernant les matu- rités longues, leurs rendements ont connu des hausses moins importantes sur la même période de +19 pbs en moyenne. En gros, les taux obligataires ont enregistré en 2022 des hausses variant entre 63 pbs et 167 pbs par rapport à fin 2021, selon les derniers calculs de Attijari Global Research. L’étau se resserre Après une année 2022 pour le moins compliquée, l’État se dirige vers une autre année avec des marges de manœuvre réduites et des besoins de financements prononcés. Ahmed Zhani, éco- nomiste en chef de CDG Capital, nous explique que le Trésor fait face actuellement à des condi- tions de financement très res- trictives en liaison avec 3 points : «l’importance des besoins du Trésor alourdis par les tombées prévues en hausse de 17 milliards de DH en 2023. L’orientation res- trictive de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib, qui laisse toujours des anticipations haus- sières chez les opérateurs qui

sont principalement alimentées par la durabilité de l’inflation et l’engagement de la Banque centrale de garantir la stabilité des prix. Et enfin, les conditions de financement à l’international, avec la montée des taux et le tirage sur la LPL, lequel réduit un peu les options du Trésor sur ce plan». Même son de cloche chez les analystes de AGR pour qui l’évolution des taux obligataires à moyen terme reste tributaire de «la soutenabilité de l’orientation restrictive de la politique moné- taire de BAM». Avec un cycle de durcissement monétaire qui devrait se prolonger en 2023 avec au moins une hausse du taux au 1 er semestre. «La difficulté de la concrétisation des finan- cements extérieurs prévus dans le cadre de la Loi de Finances», compte tenu du durcissement des conditions de financement à l’échelle internationale. Et aussi «la capacité du Trésor à attirer la demande envers les BDT». Face au manque d’attractivité des BDT dans un contexte où les taux réels évoluent en territoire néga- tif, le Trésor s’oriente vers des émissions à taux révisables ou encore à des adjudications par syndication auprès des IVT. Quoi qu’il en soit, ce sont des conditions délicates avec les- quelles opérateurs et Trésor devront composer en 2023, le tout dans un environnement inflationniste qui risque de durer jusqu’à fin 2024 au moins, avec le démarrage du processus de la décompensation. ◆

Avec une remontée brutale des taux obligataires et une volatilité inédite, l’année 2022 restera assurément dans les annales.

ment technique des rentabilités exigées par ces derniers. Une situation qui a souvent conduit un blocage, empêchant le Trésor de se financer normalement, et poussant même la Banque cen- trale à envisager d'intervenir sur le marché secondaire pour le flui- difier et ainsi détendre les ten- sions sur le marché primaire. À juste titre, les opérateurs ont assisté pour la première fois depuis avril 2015 à un inverse- ment de la courbe obligataire au niveau des maturités 5 ans et 10 ans. Les appels à la prudence et la réticence des gestionnaires depuis le début d’année étaient donc compréhensibles, vu la forte volatilité du marché. Il est à noter qu’à fin novembre, les fonds obligataires ont connu une décollecte massive de 51,61 mil- liards de DH sur le moyen long termes et de 14 Mds de DH sur le court terme. Du côté des variations, la tranche

L a tendance baissière des taux au Maroc observée depuis 2012 est désormais un sujet du passé. Face à une inflation élevée et durable (8,3% en novembre), le marché obli- gataire a connu en 2022 une forte poussée haussière sur les différents compartiments de la courbe. Pour cause, des antici- pations de normalisation du taux directeur avec une Banque cen- trale à la main plus lourde, prête à tout pour juguler l’inflation. Sur le papier, ce renversement fait le bonheur des investisseurs en obligations, dont le rendement suit le même rythme que le taux directeur. Dans les faits, la situa- tion est plus nuancée, voire com- pliquée. En effet, cette nouvelle configuration s’est traduite par une baisse de la demande des investisseurs couplée au relève- Par Y. Seddik

La situation sur le marché des BDT en 2022 a sou- vent conduit à un blocage, empêchant le Trésor de se financer nor- malement.

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rités visées, l'impact souhaité sur la courbe des taux, etc. Quant à de possibles interventions sur le marché primaire, Jouahri s'est mon- tré catégorique, écartant totalement cette option qui s'apparente à de la planche à billets pure et simple. Les annonces du wali arrivent à un moment où les conditions de financement du Trésor sont de plus en plus tendues sur le marché intérieur, alors que la nouvelle hausse du taux directeur de 50 pbs, décidée mardi 20 décembre, ne va pas arranger les choses. Quoi qu'il en soit, cette annonce inédite, jamais faite par la Banque centrale, montre l'ampleur du blo- cage sur ce marché où la Banque centrale se trouve obligée de jouer aux pompiers. Avec, en toile de fond, un marché primaire qui ne reflète pas la réelle hausse des taux voulue par les investisseurs que le Trésor ne souhaite pas accepter pour ne pas voir les taux s'envoler. ◆

◆ Bank Al-Maghrib envisage d’intervenir sur le marché obligataire secondaire pour le fluidifier et y injecter des liquidités. Marché obligataire Bank Al-Maghrib joue au pompier

et ainsi offrir des liquidités aux inves- tisseurs. Une manière indirecte de détendre le marché primaire. Remettre du cash sur la table Ces interventions peuvent être assi- milées à des financements indirects du Trésor, en donnant des liquidités aux investisseurs. «Mais ce sont les modalités exactes de ces interven- tions, leurs tailles et leur durée qui donneront une réelle visibilité sur les intentions de Bank Al-Maghrib»,

nous dit un gérant d’actifs en réagis- sant à chaud à l’annonce. Ces opérations sont totalement pos- sibles en vue des statuts de Bank Al-Maghrib, a indiqué de son côté le wali, qui a précisé que le mécanisme d'intervention, le traitement comp- table et les détails de ces opérations ont été verrouillés. Bank Al-Maghrib pourrait ainsi inter- venir à tout moment si elle l'estime nécessaire. Le wali ne donnera pas cela dit d'informations sur les matu-

A lors que le marché obli- gataire connait un blo- cage persistant du fait des fortes exigences des investisseurs, empêchant par moment le Trésor de se financer, le wali de Bank Al-Maghrib a révélé lors du Conseil de politique moné- taire de décembre que la Banque centrale envisage d'intervenir sur le marché secondaire pour le fluidifier Par A. Hlimi

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Ligne de crédit modulable du FMI

◆ Après avoir tiré la LPL, le Maroc pourrait s’intéresser à la LCM dès le mois de mars de 2023. C’est quoi au juste ?

fournit une ligne de crédit reconductible d’une durée initiale d’un ou deux ans. Dans le cadre d’un accord biennal au titre de la LCM, le Conseil d'administration du FMI doit conclure la revue des mesures prises par le pays membre dans les 12 mois qui suivent l’approbation de l’accord, pour que le pays membre puisse maintenir son accès aux ressources du FMI la deu- xième année. La revue déter- mine si le pays membre conti- nue de respecter les critères d’admissibilité. Lorsqu’un pays décide de tirer sur la ligne de crédit, le rembourse- ment doit être effectué sur une période allant de 3 ans et un trimestre à 5 ans. Le montant d’accès aux res- sources du FMI n’est pas pla-

fonné et le besoin de finan- cement est évalué au cas par cas, selon les besoins actuels ou éventuels du pays membre au titre de la balance des paie- ments. Le coût de l’emprunt au titre de la LCM est identique à celui de l’accord de confirmation tradi- tionnel du FMI et de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Selon Jouahri, la signature de cette ligne de crédit intervien- dra probablement en mars si le Maroc remplit certaines condi- tions, dont la sortie de la liste grise du Groupe d’action finan- cière (GAFI). Et de noter qu’une visite des experts du GAFI est attendue entre le 16 et le 23 janvier pro- chains, avec pour objectif de s’assurer que le Maroc a pro- cédé à l’application effective de leurs recommandations. ◆

La ligne de cré- dit modulable a été conçue pour répondre à la

demande de pays qui présentent des antécédents écono- miques très solides.

sentent une politique et des antécédents économiques très solides pour prévenir et résoudre des crises. À ce jour, cinq pays ont fait appel à la LCM (le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou et la Pologne). Aucun d’entre eux n’a encore effectué de tirage sur sa ligne de crédit, mais la LCM a fourni à ces pays une garantie précieuse et a aidé à renforcer la confiance des marchés en période d’accen- tuation des risques. Les avantages de la LCM Les pays admissibles bénéfi- cient de la souplesse de pou- voir effectuer un tirage sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déter- minée, ou de la considérer comme un dispositif de pré- caution. La LCM assure aux pays admissibles l’accès immédiat à un montant élevé de res- sources du FMI sans condi- tionnalité continue, grâce à la solidité de leur politique éco- nomique. L’accord au titre de la LCM

L igne de précaution et de liquidité (LPL), Ligne de crédit modulable (LCM)…, on pourrait très vite se perdre entre ces diffé- rentes formules de finance- ment offertes par le FMI à ses membres. Le Maroc, jus- tement, après avoir tiré le reste de sa LPL, soit 2 milliards de dollars sur les 3 négociés avec le FMI – 1 milliard ayant été tiré pendant la crise sanitaire–, s’intéresse désormais à la ligne de crédit modulable. «Ce mécanisme de finance- ment est réputé pour sa sou- plesse et assure aux pays admissibles l'accès immédiat à un montant élevé de res- sources du FMI sans condi- tionnalité continue» , a expliqué Abdellatif Jouahri lors du point de presse à l'issue de la 4 ème et dernière réunion trimestrielle de 2022 de BAM. La ligne de crédit modulable a été conçue pour répondre à la demande de financement émanant de pays qui pré- Par A. Hlimi

Outre l’évaluation très positive des politiques menées par le pays lors des plus récentes consultations au titre de l’article IV, les critères d’admissibilité d’un pays à la LCM sont les suivants : • Viabilité de sa situation extérieure; • Compte de capital dominé par des flux de capitaux privés; • Antécédents d’accès continu aux marchés de capitaux internationaux à des conditions favorables; • Au moment de la demande d’un accord à titre de pré- caution, position des réserves qui, en dépit des problèmes éventuels de financement de la balance des paiements qui justifient une aide du FMI, reste relativement satisfaisante; • Santé des finances publiques, et notamment viabilité de la dette publique; • Inflation maintenue faible et stable grâce à une saine poli- tique monétaire et de change; • Système financier sain et absence de problèmes de solvabi- lité qui pourraient menacer la stabilité du système; • Contrôle efficace du secteur financier; • Intégrité et transparence des données statistiques. Des critères d'accessibilité stricts

Ce mécanisme de finan- cement est réputé pour sa souplesse et assure aux pays admis- sibles l'accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI.

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