01-2017 F

A M S g l o b a l ANCIENNEMENT AME ALLONS

SERVE AND MULTIPLY 1/2017

ENTRe PEUR ET AMOUR DU PROCHAIN

1/2017 SOMMAIRE

Manque de ponctualité: «Dégâts irréparables» Nos enfants fréquentent ici une école privée brésilienne. L’école commence chaque jour à 7h. Le portail principal est ouvert pour les écoliers entre 6h30 et 7h et se ferme à 7h précises. Celui qui arrive en retard doit entrer par la por- te de côté et annoncer son retard au secrétariat. Plusieurs arrivées tardives ont pour conséquence une suspension d’un ou plusieurs jours de cours. En outre, les écoliers en retard ne peuvent intégrer leur classe qu’à la petite pau- se, car l’école ne veut pas que les cours soient dérangés par des écoliers qui arrivent au compte-goutte. C’est ainsi qu’ils manquent la première heure de cours. Soudain, tous sont à l’heure Nos enfants, à cause de leur mère typiquement suisse, ne sont encore jamais arrivés en retard – et pourtant, au Brésil, les arrivées tardives ne sont pas inhabituelles. Pour rendre les parents et les écoliers attentifs au problème, la direction de l’école a placé un panneau à l’entrée avec le contenu suivant: J’ai pris connaissance du panneau avec surprise et un sou- rire. Quelques jours après son installation, j’ai été stupéfai- te de voir le nombre important d’enfants et de parents qui attendaient dans la cour d’école déjà avant 7h. Cela m’a rappelé que ce jour-là débutait la semaine d’examens mensuels. Soudain, ils étaient tous à l’heure ! Action sans effet Les valeurs culturelles sont profondément ancrées en nous. Après maintenant 10 ans d’acclimatation à la culture locale, cela m’arrive encore régulièrement d’arriver pile à l’heure comme une Suissesse devant une porte fermée ou d’attendre quelqu’un pour qui la ponctualité n’a pas la même valeur que pour moi – ce qui ici est souvent consi- déré comme normal. Le panneau est d’ailleurs toujours pendu à l’entrée. Un nouveau a même été imprimé car le soleil de Teresina l’a fait pâlir en quelques jours déjà. Les écoliers continuent pourtant à arriver en retard! RETARDS – dégâts irréparables – Le nombre des écoliers qui arrivent en retard a atteint un degré absurde et inquiétant! • Temps perdu • Matière scolaire non apprise • Notes plus basses • • • • • • • •

Rahel REIFLER, Collaboratrice à ProSERTÃO au Brésil

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EDITORIAL

L’amour plus fort que la peur! «Adam où es-tu» appelle Dieu dans le jardin! «Je me suis caché, car j’ai eu peur» répondit le premier homme dans sa nudité angoissante. Et voilà cette belle humanité: à peine a-t-elle quitté ses starting-blocks que la voici déjà entravée d’un boulet bien encombrant: la peur. Elle se tapit partout: peur de la maladie, peur de la mort, peur du chômage, de l’avion, de l’ascenseur, peur qu’il arrive quelque chose de mauvais à ses enfants, peur de Dieu le Père, peur de son chef, peur de son prochain, peur de ne pas avoir assez pour payer ses factures etc., la liste est presque infinie! C’est un mal universel et chacun l’héberge d’une façon toute personnelle. Certains souffrent d’une inquiétude récurrente de leur prochain, surtout lorsque celui-ci a une couleur de peau un peu différente de la leur. Nos pri- sons ne sont-elles pas remplies de ces gens-là aux teints et aux accents différents? La crainte pousse trop vite à des suspicions qui se révèlent souvent injustifiées. Quel dilemme lorsque nous sommes appelés à aimer notre prochain, alors que nous en avons peur! Heureusement Dieu vient à notre rencontre dans ces parties ténébreuses de notre jardin et à l’instar d’Adam Il doit nous faire sortir de nos cachettes. Son amour parfait a raison de nos craintes: l’amour parfait bannit la crainte, 1 Jean 4:18. Grâce à Son amour, il est possible d’aller à la rencontre de son prochain, même si celui-ci semble venir de loin, il est possible de l’accueillir avec un sourire, de lui montrer de l’intérêt, car Son amour nous presse. Nous sommes alors surpris de découvrir qu’eux aussi souffrent de leurs propres phobies et qu’ils ont besoin tout comme nous de l’amour libérateur de Dieu. La Bible nous dit que les nations et les hommes seront dans l’angoisse et la terreur de ce qui adviendra (Luc 21:25-26). Ceci ne doit pas être le cas pour nous, Ses enfants. J’espère que les articles et les témoignages qui suivent vous inspireront et vous donneront du courage. Alors bonne lecture!

Christophe REIFSTECK, Directeur Département Europe francophone

PS: C’est le premier Allons de SAM global avec de nou- velles rubriques! Pour exemples : «Un jour dans la vie de… » (p.13) «Infos en vrac» (pp 18-19) ou «Coup d’œil sur la Base au pays» (pp 20-21).

A chacun sa peur !

«N'ayez pas peur; ne sois pas effrayé; n'ayez donc aucune crainte; ne promènepasdes regards inquiets,...», ce commandement revient encore et toujours dans la Bible, 366 fois en tout, comme si Dieu voulait nous le rappeler chaque matin. Et pourtant, quoi de plus difficile que d'y obéir! Si cet ordre est répété si souvent, c'est bien parce qu'il est si vite oublié. Tout d'abord Adam et Eve ont eu peur quand ils se sont vus nus et que Dieu les cherchait dans le jardin. Moïse a eu peur quand son bâton s'est transfor- mé en serpent… mais pas autant que lorsque l'Eternel lui a demandé d'aller parler à Pharaon. Il a finalement réussi à surmonter sa crainte et attraper le rep- tile par la queue, mais il a absolument refusé de partir en Egypte seul. Jonas, quant à lui, a eu tellement peur de la tâche qu'il avait devant lui, qu'il a pris la direction inverse de ce que Dieu lui avait ordonné. Marie n'en menait pas large quand l'ange lui est apparu et il est même dit de Jésus: «l'angoisse le sai- sit» (Mt 26:37), quelques instants avant d'être arrêté. La peur n'est donc pas un péché, mais une réaction humaine que Dieu peut comprendre. Il a fourni des habits à Adam et Eve, laissé Aaron ac- compagner Moïse, donné une seconde chance à Jonas, encouragé Marie. L’amour du prochain nous presse La Bible nous dit: «Dans l'amour, il n'y a pas de crainte, car l'amour véritable chasse toute crainte» (1Jn 4:18). Mais qu'est-ce que l'amour du prochain vient faire là-dedans? Prenons l'exemple d'Esther: elle n'a pas vu son mari le roi depuis un mois, et voilà qu'on lui demande de se présenter devant lui,

prenant le risque qu'il la rejette et la fasse mettre à mort. Elle réussit pour- tant à surmonter sa peur, par amour pour son peuple, pour le sauver de l’extermination. A l'heure actuelle, il y a toujours beau- coup de peuples qui vivent sans connaî- tre Dieu. Qui surmontera sa peur pour aller leur parler? Quand on demande aux missionnaires quelles peurs ils ont dû laisser de côté pour le ministère, les réponses sont très variées: «que les enfants tombent malades; les insectes; ne pas réussir à m'adapter et faire une dépression», et parfois des raisons in- attendues, comme celui qui, dans un contexte de conflit armé, disait: «oui, j'ai un peu peur, mais beaucoup moins que lorsque je dois prendre l'avion!» Sur cent missionnaires, vous aurez 100 peurs différentes, mais le point com- mun est la raison qui pousse à avancer malgré tout: l'amour du prochain. Quand je suis partie en Guinée, j'ai choisi 1 Jean 4:21b comme verset pour m'accompagner: «Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère». L'un ne va pas sans l'autre. Ce verset m'a accompa- gnée pendant tout ce temps, et il con- tinue à être vrai. Tous les jeudis soirs, je donne des cours de français à des re- quérants d'asile. La question récurrente des Suisses est: tu n'as pas peur de ces étrangers? De l'autre côté, chaque se- maine, un réfugié me raccompagne à la maison, parce qu'ils ont peur que je me fasse agresser par un Suisse dans les rues du village. A chacun sa peur!

Madeleine DERIAZ, ancienne collaboratrice de ProTIM 2-2-2 , Kissidougou

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Interview: Entre peur et amour du prochain

ment me rendre à tel endroit et à la manière de m'habiller pour ne pas me faire remarquer. Je me fie plus à mon instinct, et mes sens sont en éveil tout en cherchant à me déplacer aussi normale- ment que possible et ne pas me laisser trop res- treindre par le danger. Car j'ai besoin d'une certai- ne liberté. Sarah: nous n'avons jamais vraiment craint une contamination d'Ebola, parce que nous savions d'emblée comment la contagion se trans- met. Mais la grande frayeur dans la population nous a aussi inquiétés; nous devions veiller à ne pas nous laisser gagner par elle. La situation politique était plus délicate, car elle peut rapidement dégénérer en Guinée et débou- cher sur des désordres et des combats de rue. De plus, nous avons évité les visites aux malades, les enterrements et les voyages inutiles qui représen- taient aussi un danger. Patricia: juste après les attentats, nous ne sommes plus allés au marché pendant un certain temps et, d’une façon générale, nous nous sommes montrés plus prudents, car nous étions constamment cons- cients du danger. Aujourd'hui, la vie a retrouvé globalement son cours habituel; seuls les contrô- les sont plus fréquents et sévères, et il y a plus de policiers armés en ville. Sarah: un jour, un collaborateur furieux m'a appe- lée pour me dire que je ne devais plus accueillir notre bonne d'enfants dans lamaison, car on l'avait vue le matin dans la maison d'un voisin qui était décédé d'Ebola. Mais elle était déjà dans la piè- ce et tenait notre dernier né sur ses genoux. J'ai dû, à ce moment-là, prendre une profonde inspiration pour ne pas paniquer. Mais après une bonne dis- Quel a été pour vous le moment le plus difficile?

Plusieurs de nos collaborateurs vivent et travail- lent dans des régions où existent diverses sortes de dangers. Trois d'entre eux nous disent com- ment ils y font face dans la vie de tous les jours et pourquoi ils continuent à s'y engager malgré tout. Damaris Liechti: Damaris collabore depuis 2015 au projet ProVIDA de SAM global à Belém, au Brésil. Belém est l'une des villes les plus dan- gereuses d'Amérique latine. Sarah Büchli: Sarah vit avec sa famille à Ma- centa en Guinée et est engagée dans le projet ProESPOIR. En 2014, l'épidémie d'Ebola a éclaté à proximité et s'est rapidement propagée dans tout le pays et par-delà les frontières, causant plus de 10’000 décès. Depuis lors, la Guinée est considérée comme libérée d'Ebola. Patricia Moser: Patricia vit avec sa famille à Am Sénéna au Tchad et dirige le projet ProRADJA avec son mari. Boko Haram est actif dans les pays voisins et a aussi perpétré des attentats au Tchad en 2015, sur un marché distant de quel- ques kilomètres seulement d'Am Sénéna. La si- tuation s'est un peu calmée depuis lors, mais la tension demeure.

Comment vivez-vous personnellement le danger au quotidien?

Damaris: Quand je me déplace, je ressens rare- ment de l’insécurité. Mais je suis consciente du danger et je sais que je ne peux pas tout faire comme en Suisse; rentrer seule de l'arrêt de bus à la maison après 19 heures est par exemple très dangereux. Je suis devenue plus prudente et mieux préparée. Je fais plus attention à com-

cussion avec Gideon et une collaboratrice, j'ai retrouvé mon calme. La bonne d'enfants était en excellente santé. Damaris: j'ai été agressée au tout début de mon engage- ment, en rentrant de notre foyer d'enfants à la maison. J'y étais en principe préparée, car avec ma couleur de peau, on voit de loin que je ne viens pas de Belém, mais ce fut néan- moins une expérience effrayante, qui m'a beaucoup préoc- cupée dans les jours qui ont suivi. Patricia: nous avons eu très peur en juillet 2015, quand un attentat a eu lieu au marché tout près de chez nous quel- ques jours avant notre retour au Tchad. Nous avons dû ré- pondre à une question fondamentale: qu’est-ce qui est plus important, l’appel à servir Dieu ou notre responsabilité vis- à-vis des enfants? Nous avons encore pris du temps pour attendre et voir comment évoluait la situation, et sommes contents d'avoir finalement pu retourner au Tchad sans avoir l'impression d'agir de manière irresponsable ou insouciante, même si, à ce moment-là, nous n’étions pas toujours très sûrs que c'était la bonne décision, il faut l’admettre. L'une de nos plus grandes craintes au Tchad, c'était que l’école de notre fille aînée se fasse attaquer. Il fallait beau- coup de confiance en Dieu pour la laisser partir le matin, surtout quand elle nous racontait qu’ils avaient exercé l’alarme «terroriste» en plus de celle du «feu» à l'école. Qu'est-ce qui a fait pencher la balance pour que vous repartiez quand-même pour le Tchad? Patricia: Nous savions qu'on avait encore besoin de nous pour le projet, et nous gardions en tête qu'à la différence des Tchadiens, nous avions toujours le «joker» de pouvoir quitter le pays en cas d'urgence. Les encouragements de plusieurs personnes de Suisse et du Tchad ont aussi aidés, mais avant tout, Dieu nous a donné Sa paix. Les gens d'ici étaient très heureux de notre retour et les en- fants se sont vite sentis à l’aise, comme à la maison. Nos en- fants ont fait beaucoup de cauchemars en Suisse, mais ici, paradoxalement, ce n’était plus le cas. Nous sommes certes plus proches physiquement des dangers, mais moins sub- mergés d'informations les concernant. Par ailleurs, nous avons réalisé ce que nous savions déjà en théorie: où que nous soyons, Dieu a le dernier mot et nos vies sont dans Ses mains. Sarah: nous n'avons jamais eu l'impression de devoir quit- ter la Guinée et étions en paix de vivre ces temps difficiles avec les gens d'ici. Globalement, la vie a continué beau- coup plus «normalement», même durant l'épidémie, que ce qu'on pouvait penser de loin. On a continué à travailler, acheter, se marier et à mettre des enfants au monde. Nous n'avons donc jamais eu le sentiment que c'était complète- ment fou d'être là. Il y avait aussi des raisons pratiques plaidant contre un départ. Une évacuation avec trois jeunes enfants représen- te un sérieux défi et il nous aurait été difficile d'abandonner si brusquement le projet. Et puis cette impression: les gens d'ici ne peuvent pas simplement lever l'ancre parce que c'est dur; pourquoi donc le ferions-nous? Sarah, pourquoi avez-vous décidé de rester malgré l'épidémie d'Ebola?

Quelle a été la réaction de vos amis et de votre famille en Suisse face à la situation? Sarah: Nous sommes très reconnaissants de ce que nos pa- rents, nos frères et soeurs et nos familles n'ont pas fait pres- sion pour que nous quittions la Guinée durant l'épidémie d'Ebola. Ils ont peut-être eu peur et ont sûrement prié pour nous, mais ils nous ont soutenus dans notre choix et c'était un grand cadeau. Certaines connaissances ne nous ont pas compris, mais c'est naturel dans une telle situation. Damaris, pourquoi restez-vous malgré tout au Brésil? Damaris: quand j'étais ado, j'ai assisté à une rencontre pen- dant laquelle un collaborateur venu du Brésil a montré des photos de son travail parmi les enfants des bidonvilles. Ces images m'ont profondément émue, et après cette soirée, j'étais absolument sûre que j'irais un jour au Brésil pour par- tager un peu de ce que j'ai reçu durant mon enfance. C'est aujourd'hui encore mon plus grand désir. Dans la Bible, il y a beaucoup d'exemples de gens qui ont dû supporter des situations difficiles parce qu'ils voulaient transmettre l'amour de Dieu, sans se laisser décourager; je pense en particulier à Paul. Nous savons que Dieu nous aide dans nos frayeurs. «Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.» C'est un verset qui me donne du courage et me rappelle à qui je peux remettre mes peurs, Dieu qui a tout surmonté et qui règne souverainement au-dessus de toutes choses. Si je considérais toutes les difficultés et les dangers, il me serait probablement impossible d'être ici et de faire la moindre chose. Je sais que les anges de Dieu me protègent, comme le dit Psaume 91:11. Où que je me trouve, ma sécurité est en Dieu et j'essaie donc de ne pas m'inquiéter mais de tout lui remettre. D'où vous vient cette conviction? Sarah: Notre conviction fondamentale, c'était sûrement de savoir que Dieu nous voulait ici – ou qu'en tout cas, Il ne nous a jamais dit le contraire. Nous cherchons toujours à écouter où et comment Dieu veut nous conduire, puis à Lui obéir. C'est Lui qui est notre sécurité. Patricia: Dieu nous a donné chaque jour la conviction que nous sommes au bon endroit avec la paix profonde dans nos cœurs. Il nous permet de vivre ici des choses merveil- leuses avec Lui. Damaris: Je sais que ma place est au Brésil et que Dieu me veut ici. Cette assurance m'aide à ne pas perdre courage dans les situations difficiles. Car en fin de compte, Dieu se tient à mes côtés et Il lutte pour moi. Et si Dieu est pour moi, qui donc sera contre moi (Romains 8:31)? J'expérimente quelque chose de très particulier: quand on vit dans la dé- pendance de Dieu, on peut toujours à nouveau constater que Ses promesses sont vraies, et j'ai souvent ressenti ici Sa fidélité.

Damaris LIECHTI Sarah BÜCHLI Patricia MOSER

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Faire la Volonté de Dieu, envers et

contre tout Elisabeth Gafner travaille en Angola depuis 36 ans, dont 22 ans ont été imprégnés par la guerre: l'insécurité, la mort de collaborateurs et d'amis et les soins médicaux à des centaines de blessés de guerre faisaient partie du quotidien. Malgré tout, elle se décide consciemment à rester et n'accepte pas d'être évacuée. Avec l’insurrection contre la puissance coloniale por- tugaise commence en 1961 une guerre qui va durer quarante ans. En 1975, l'Angola pourra fêter son indé- pendance. Malheureusement, au lieu de la paix, c’est la guérilla qui se développe et s’intensifie dans ce pays au sud-ouest de l'Afrique: les différents partis poli- tiques, soutenus de l'extérieur, luttent entre eux. Plu- sieurs accords échouent et la paix durable ne s'établira finalement que le 4 avril 2002. La décision d’évacuer Je suis partie pour l'Angola en 1980. Pendant plusieurs années, l'hôpital de Kalukembe, où je travaille encore partiellement jusqu'à présent, n'était accessible par route qu'avec une escorte militaire, ou par air avec la MAF (Mission Aviation Fellowship). En principe, nous vivions à Kalukembe plus ou moins tranquilles, com- me sur une île. Les attaques militaires et les otages se pratiquaient dans les villages des alentours. En 1993, la situation devenant plus alarmante, l’AME (devenue actuellement SAM global) devait craindre pour la vie de son équipe à Kalukembe. C'est alors qu'elle décida de faire évacuer tout son personnel. Une profonde certitude: resteR A ce moment-là, j'étais au lit avec une jaunisse. Beau- coup de questions m'ont assaillie: La vie d'un étranger a-t-elle plus de valeur que celle d'un autochtone? En cas de danger au service du Christ, sommes-nous obli- gés de fuir? Pourrais-je me pardonner un jour à moi- même, d'avoir abandonné maintenant mes amis et collègues autochtones? Dieu m'a parlé personnellement par différents pas- sages bibliques, et après un grand combat intérieur, mon coeur a été rempli d'une profonde paix. J'étais convaincue sans réserve, que c'était juste de laisser partir mes collègues et de rester malgré tout à Kalu- kembe.

D'heure en heure, cette conviction devenait plus forte. Cette situation, avec ma décision de rester ont pesé lourdement sur les relations avec mes collègues suisses et l'ancienne direction de SAM global. Aujourd'hui, je suis très reconnaissante que les bonnes relations soient entièrement rétablies. La bonne décision envers et contre tout Un an plus tard, alors que les fronts ennemis se rappro- chaient de Kalukembe, nous fûmes obligés de pren- dre la fuite, ensemble avec les patients de l'hôpital et la population de la petite ville. Dans des voitures surchar- gées, nous avons atteint Huambo, à 200km plus au nord, où nous assistions une fois de plus à un change- ment de gouvernement d'un parti politique à l'autre. La guerre a encore duré huit ans - pas un temps facile - cela va de soi. Mais je n'ai jamais douté de ma décision de rester. Je sais que c'était la volonté de Dieu pour moi.

Mon bilan

Voici les conclusions que je tire de cette expérience:

• Dieu ne conduit pas chacun de Ses enfants de la même façon • La direction de Dieu peut être différente selon les circonstances • Dieu laisse parfois Ses serviteurs passer par l'épreuve de la peur, la souffrance ou même la mort • La parole de Jésus reste actuelle: «Dans le monde, vous allez souffrir, mais soyez courageux, j'ai vain- cu le monde.» (Jn 16:33) • Le fait que je sois restée est une marque importan- te pour l'Eglise angolaise, jusqu'à ce jour.

Elisabeth GAFNER, collaboratrice en Angola

Nouer des liens, dénouer la peur

Après avoir passé 18 ans auCameroun,Vreni Kohli a dû être évacuée à cause du danger croissant de Boko Haram. Elle a trouvé un nouveau travail en Suisse parmi les réfugiés. Son expérience de l'Afrique lui est toujours utile. C'est mercredi et je suis en route pour me rendre au club d'enfants près du Pont Vert avec deux collabo- rateurs, des hommes grands et forts. Au poste de police, dont le nombre s’est désormais multiplié, on nous arrête: «Où allez-vous?» – «Au club d'enfants pour raconter des histoires de Jésus!» – «C'est très bien; priez pour nous!» Et ils nous font signe de pas- ser. Je demande à mes compagnons: «pourquoi la police nous a-t-elle arrêtés?» «Parce que tu roulais un peu vite», me dit l'un d'eux avec un clin d'oeil, et il ajoute: «si nous avions voulu t'enlever, tu aurais eu alors l'occasion de parler!» – «Et si vous m’aviez forcée de passer tout droit?» – «Ils auraient alors immédia- tement alarmé la ville toute entière!» Les choses en étaient dont maintenant arrivées là! «Je prends soin de toi!» - Aussi en Suisse! A l'époque, les enlèvements d'Européens étaient de- venus plus fréquents et géographiquement plus pro- ches. L'enlèvement de dix ingénieurs civils chinois a fait déborder le vase; le gouvernement du Cameroun a déclaré la guerre à Boko Haram et le DFAE a pous- sé SAM global à évacuer tous les collaborateurs. J'ai été très heureuse de cette décision, après la tension croissante et les nuits agitées. Mais c'était doulou- reux d'abandonner le Nord-Cameroun et mes amis dans toutes ces difficultés. Durant ma dernière semaine au Cameroun, j'ai reçu un courriel d'un ancien collaborateur de VIA: «Si tu cherches un travail en Suisse, pense à MEOS!» Pour moi, c'était comme si Dieu me tendait la main en di- sant: «Je prends soin de toi!» Cette impression était si forte que je n'ai pas eu besoin de réfléchir long- temps, d'autant plus que SAM global approuvait cet engagement et que MEOS m’accueillait très cordiale- ment dans «sa famille».

Les expériences faites au Cameroun me sont une aide Dès le début, je n’ai eu aucune crainte dans mon tra- vail parmi les réfugiés, qu’ils soient chrétiens ou musul- mans, parce que j'avais été moi-même une étrangère pendant 18 ans au Cameroun! Je n'avais pas oublié comment on se sent au début: Tout est différent, même les oiseaux chantent autrement, et l’on nage en pleine insécurité. Combien cela fait du bien de se voir adresser un sourire bienveillant! Il y a quand-même eu des cho- ses qui m’ont donné du fil retordre. Face à des étran- gers qui me semblaient arrogants, j'ai parfois perçu en moi des sentiments de rejet. J’ai aussi dû m’habituer au voile strict des femmes musulmanes, qui l’étaient souvent bien plus qu’au Cameroun. J’ai bien vite dé- couvert «parmi elles» des femmes chaleureuses, dont bon nombre ont suivi la méditation biblique qui sui- vait la leçon d’allemand. Et dans tous mes contacts, j’ai constaté ceci: lorsque l’on construit une relation avec quelqu’un, que l’on s’intéresse à lui, les préjugés et les craintes s’estompent bien vite. Cela est vrai partout, aussi bien au Cameroun qu'en Suisse – et je ne peux que le recommander à tout le monde! Ne pas renoncer à son identité Etre prêts à s’engager avec les étrangers nous enrichit. Mais je suis persuadée qu'en agissant ainsi, nous ne de- vons pas renoncer à notre propre identité. J’ai pu en faire l’expérience à l’occasion du 1er août 2016, lorsque nous avons célébré notre fête nationale avec des chré- tiens et des musulmans de quatre pays différents. Ils se sont réjouis avec nous de cette journée et ils étaient tous recueillis lorsque nous avons chanté l'hymne na- tional et remercié Dieu au nom de Jésus pour la Suisse, la liberté et la paix!

Vreni KOHLI, ancienne collaboratrice au Cameroun

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Le grand plan de peur et de haine – participons-nous à ce jeu?

Dans de nombreux pays d’Europe, les gens ont peur des réfugiés, avant tout de ceux d’arrière-plan mu- sulman. Et s’il se trouvait des terroristes parmi eux? Suffisamment d’attentats qui semblent étayer cette peur ont eu lieu récemment, en France, Belgique, Angleterre et Allemagne. Pourquoi finalement de tels attentats sont-ils comman- dités? Des assauts brutaux provoquant si possible de nombreux morts attisent la peur envers les musulmans et la haine à leur égard. C’est exactement le but que les musulmans militants désirent atteindre. Plus la peur et la haine grandissent, plus les personnes d’arrière-plan musulman sont marginalisées, et les groupes musul- mans militants espèrent ainsi drainer une affluence. Cela, c’est le plan. Participons-nous à ce jeu? L’amour qui invite à réfléchir Je suis fréquemment en contact avec des gens d’arrière-plan musulman. Leur hospitalité est souvent impressionnante. J’aime passer du temps avec eux et je trouve facile de les aimer! De plus, mon expérience est que la plupart d’entre eux prennent de façon claire et crédible leurs distances avec l’islam militant. Beaucoup de musulmans, en particulier parmi les intellectuels, commencent à se poser eux-mêmes la question: Si c’est cela l’islam, est-ce que je veux encore adhérer à cette religion? Et même, supposons que nous rencontrions un jour des musulmans de conviction militante, qu’est- ce qui est approprié? – Leur faire sentir aversion et dis- tance, les marginaliser et confirmer ainsi leur image d’ennemi? – Où bien les rencontrer avec tant de respect et d’amour qu’ils commencent à mettre en question leur point de vue? Un musulman m’a demandé une fois si tous les gens de notre église à Winterthour qui s’engagent pour les étrangers étaient payés pour cela. A ma réponse néga- tive, il est devenu pensif; de toute évidence, une autre motivation devait se cacher là-derrière pour que ces personnes investissent temps et énergie pour le servir lui, ainsi que d’autres requérants d’asile, avec respect et amour, par exemple par des cours d’allemand.

L’amour du prochain avec effet En Guinée, une courte révolte d’une ethnie musulmane contre une population composée d’animistes et de chrétiens a eu lieu voilà un cer- tain temps. Des jeunes sont arrivés sur le grand terrain de notre Eglise partenaire à N’zérékoré et ont détruit l’église et plusieurs maisons. Alors qu’ils voulaient détruire aussi l’école appar- tenant à l’église, un des jeunes s’est opposé en disant: «Non, c’est ici que je suis allé à l’école et j’ai été bien traité! L’école ne doit pas être détrui- te!» C’est ainsi que le bâtiment est resté intact. Le fait que ce jeune homme avait été traité avec respect à l’école par les enseignants qui appar- tenaient à une autre ethnie n’est pas resté sans effet. Ambassadeurs de réconciliation Si nous approchons les musulmans d’abord simplement avec respect et amour, les consi- dérons comme des personnes et nous mettons à leur service, cela ouvre des portes et permet des relations vraies. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens (5.19- 21), Paul nous appelle en tant que chrétiens à être des ambassadeurs de réconciliation. Quel privilège formidable! C’est exactement cela no- tre désir en tant que SAMglobal, sur nos champs d’action et en Europe. Et c’est aussi mon désir personnel, là où j’habite et où se trouvent mes contacts. Je ne participe pas au jeu, je ne me laisse pas séduire par la peur ou aiguillonner par la haine. Je veux rencontrer les musulmans avec amour et respect, comme un ambassadeur de réconciliation. Et j’en éprouve beaucoup de joie!

Jürg PFISTER, directeur de SAM global

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Au bon endroit malgré les obstacles

Notre engagement au Cameroun a dû être annulé au dernier moment. Nous avons rapidement ébauché de nouveaux pro- jets, accompagnés de doutes, de nostalgie et de divers obstacles. Après beaucoup de prière et de recherche de la présence de Dieu, nous avons reçu la conviction que nous sommes exactement au bon endroit. Le vol était enfin réservé. Après de longs préparatifs, notre engagement allait com- mencer le 30 avril 2014 au Cameroun et nous étions très impatients. Mais tout bascula subitement. Pendant les mois précédents, la région de notre enga- gement a connu plusieurs enlèvements d'Européens, et début avril, la situation s'est encore nettement détériorée. Un mois avant le voyage, j'ai reçu de la part de Dieu la con- viction que nous ne devions pas partir au Cameroun – non pas moi seulement, mais aussi SAM global, mon mari et notre église. Notre fête d'adieu a donc été retardée et le vol annulé. Pas de signe clair? Nous étions déçus d'être freinés juste avant le départ, mais n'ayant pas d'ethnie particu- lière à cœur, un autre pays était également envisageable, car c'est le travail intercul- turel en général qui nous intéressait. Mon mari Michael entendit parler d'une possibi- lité d'engagement à Télimélé, en Guinée. Ça l'a immédiatement enthousiasmé; quant à moi, je n'arrivais pas à me motiver. Michael ne voulait pas vivre au jour le jour et insistait pour qu'o n se décide. En outre les valises étaient pre sque prêtes, nous étions vraiment dans les st artings blocks. Cet te semaine-là, j'ai prié instamment et bea ucoup lu la Bible, espérant de Dieu une rép onse claire, car la Guinée ne devait pas être une simple solution de secours. Il m'a montré les vocations de Moïse et de Jonas. J'ai été p ersuadée qu'Il me donnerait un si- gne évid ent et clair, comme pour eux. Car ces deux h ommes ne voulurent pas accep- ter leur mandat, bien que Dieu leur ait parlé clairement; mais ils ont dû y alle r quand-mê-

me. Ainsi la décision fut prise, et un mois plus tard, nous étions dans l'avion pour la Guinée – avec des sentiments mitigés, car Ebola venait de se déclarer – mais néan- moins confiants d'agir selon la volonté de Dieu. Regarder devant Peu après, alors que j'étais en colère, bou- leversée, fatiguée et que j'avais le mal du pays, j'ai lu l'histoire de Sodome et Gomor- rhe et comment Dieu conduisit Lot et sa famille hors de la ville. La femme de Lot a regardé en arrière et s'est transformée en statue de sel. Elle marchait sur le bon che- min mais son cœur ne suivait pas. J'ai pris conscience du nombre de fois où je regardais en arrière, pensant à ce que nous avions eu en Suisse et que je regret- tais, ou à ce qu'aurait pu être notre vie au Cameroun. Et j'ai réalisé que nous étions là où Dieu nous voulait, et que tout au- tre chemin ne serait pas le bon pour moi! Dieu m'a dit clairement que je devais re- garder en avant et laisser derrière moi le reste. Depuis lors, Dieu me montre chaque jour ma vraie situation et me conduit pas à pas. Dieu nous veut du bien Les obstacles n'ont pas manqué en che- min – d'abord l'engagement annulé au Cameroun, ensuite l'Ebola en Guinée puis ma belle-mère mourante peu après notre arrivée à Télimélé, si bien que nous nous sommes rendus en Suisse après seule- ment trois mois, pour passer les derniers jours avec elle. Nous avons traversé bien des moments d'émotions, en nous émer- veillant de Dieu, de Ses plans parfaits et de la paix qu'Il nous a donnée. En toute circonstance, nous savions qu'Il nous veut du bien et nous sommes certains d'être exactement là où Il nous veut.

Priska MÜLLER, collaboratrice d'ActionVIVRE à Télimélé en Guinée

Dieu, quelle est Ta volonté? – Conduis-moi!

Au cours d’une démarche prolongée à l’écoute de la voix de Dieu est né le désir profond de servir des gens moins privilégiés dans d’autres cultures, de les soutenir et leur faire connaître l’amour de Dieu de manière toute pratique. Mais ensuite, sur le chemin de cette vocation, surgissent tout à coup de grandes difficultés et dangers: criminalité, corruption, épidémies, fanatisme ou instabi- lité politique, restrictions pour les visas. C’est ainsi que commence un combat intérieur entre peur et amour du prochain, vocation et obstacles, foi et réalisme. Malheureusement, c’est justement dans les pays où notre engagement serait le plus indispensable que les obstacles sont souvent les plus grands. Dans ces situations, les personnes et familles concernées, de même que nous en tant que SAM global, sont alors mises à rude épreu- ve. Où devons-nous courageusement aller de l’avant, qu’est-ce qui se- rait irresponsable? Où la peur est-elle justifiée, où ne l’est-elle pas? Où vaut-il la peine de lutter longtemps pour un résultat, où est-ce du temps et de l’énergie gaspillés? Les réponses à ces questions ne sont pas sim- ples et la réponse n’est pas non plus la même pour toutes les personnes. Tout est souvent une marche sur le fil du rasoir entre foi et insouciance. Notre mandat, en tant que SAM global, est de vérifier quelle est la meil- leure solution – à l’écoute de Dieu et des collaborateurs concernés. Notre tâche est de prendre la peur au sérieux, car une peur saine est importante et juste. Dans le même temps, nous ne voulons pas nous laisser paralyser par elle, mais toujours nous souvenir que l’amour est plus grand et plus fort que n’importe quelle peur. Avant tout, il est in- dispensable de toujours et encore rechercher le chemin de Dieu en lui faisant confiance. Il sait exactement ce qu’Il fait, Son plan et Son appel sont justes, même si cela implique des pas courageux de notre part. Deux exemples encourageants L’Histoire mentionne de nombreux exemples encourageants dans les- quels les obstacles ont pu être vaincus, avec des résultats richement bé- nis. Je désire ici en partager deux avec vous: Alors qu’elle était une jeune femme, l’Anglaise Gladys Aylward vou- lut partir dans la ville chinoise de Yangcheng. Elle se sentait appelée à adoucir la vie des pauvres et des malades, et à leur parler de l’amour de Dieu. En raison d’un soi-disant manque de qualification, la société missionnaire refusa de l’engager. Cela n’a pas retenu Gladys Aylward, et en 1930 elle partit en Chine de son propre chef. Plus tard, Dieu l’a uti- lisée pour mettre en sécurité une centaine d’orphelins, lors d’une fuite impressionnante hors d’un territoire en guerre.

Une connaissance à moi, un pas- teur argentin, avait le sentiment qu’il était appelé à apporter la Bon- ne Nouvelle de Jésus-Christ aux prisonniers de la plus dangereuse prison haute sécurité d’Argentine. Dans cet établissement péniten- tiaire extrêmement surpeuplé, seuls les assassins et les criminels dange- reux étaient incarcérés et le climat était empreint de brutalité – il arri- vait souvent que des prisonniers se fassent tuer. Le pasteur demanda la permission d’aller rendre visite aux prisonniers, mais sa demande fut rejetée, étant considérée comme beaucoup trop dangereuse. Cepen- dant, il était convaincu de sa démar- che – et il ne lui restait donc qu’une solution: il abandonna son poste de pasteur et se laissa engager com- me gardien de prison. Et il ne fallut pas attendre longtemps jusqu’à ce qu’un premier prisonnier puisse recevoir le pardon de Dieu et com- mencer une vie totalement trans- formée. Petit à petit, le pasteur a pu voir comment d’autres suivirent son exemple et de nombreux prison- niers sedécidèrent pour une vie avec Dieu. L’atmosphère dans la prison fut transformée de fond en comble et le pourcentage de récidives des prisonniers libérés de prison dimi- nua de manière si déterminante que le pasteur fut désormais mandaté pour travailler dans d’autres prisons.

Ulrich HALDEMANN, responsable de la

communication de SAM global

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4h20. Mon réveil sonne. Fatigué, je me retourne et continuerais volontiers à dormir. Mais le travail m'appelle – lentement et un peu chancelant, je me lève et vais à la salle de bains pour laver mon visage à l'eau froide. Puis tout se déroule comme d'habitude: je réveille ma fille Devy et nous quittons ensem- ble la maison à 4h40 en direction de la ville. Notre but est le Lighthouse, où nous avons de 5h00 à 5h30 un entraînement sportif avec les étudiants, Devy en tant que monitrice et moi en tant qu'observateur et mentor. Acheter le repas de midi auprès de la voisine Après le sport, je m'installe avec une tasse de café au réfectoire et je parle avec nos étudiants pendant qu'ils prennent le petit-déjeuner et se préparent pour l'école. Ce matin, j’ai encore, de 7h à 8h, la rencontre du groupe hommes d’étude biblique qui compte six participants. Elle a lieu tous les mardis matin. Actuellement, nous étudions l'Evangile de Marc. Puis vient le moment de mon entretien hebdomadaire avec Izzy, une Cana- dienne qui soutient, en tant que coach, différents collaborateurs transcultu- rels dans le domaine du management du travail. Cette séance sert à planifier correctement la semaine avec tous ses défis et ses tâches et d'être ainsi le plus efficace possible pour atteindre les objectifs. Puis c'est le retour à la maison, où je m'assieds encore brièvement avec mon épouse Somaly pour un partage avant qu'elle ne parte pour le Lighthouse. Je me rends dans mon bureau et enclenche l'ordinateur. Nos deux plus jeunes filles Nica et Molyna sont pour l'instant chez des voisins, je suis donc au calme pour mon travail de bureau. Je réponds à des mails et écris ma lettre de nouvelles – soudain Nica et Molyna arrivent dans le bureau: «Nous avons faim, papa!» Etonné, je constate qu'il est déjà midi. Pour préparer le repas de midi, je dois tout d'abord me rendre dans le petit magasin de notre voisine. Là se trouvent sur une table quelques légu- mes, de la viande et des champignons. Je choisis quelques ingrédients, je paie, puis départ pour la cuisine. Homeoffice avec garde d'enfants et ménage Nica, Molyna et moi venons de finir notre repas lorsque Devy arrive avec sa moto - timing parfait! Elle aide à faire la vaisselle, à nettoyer, à laver le linge et elle va installer Nica et Molyna pour la sieste. Devy et moi sommes devenus une équipe rodée, lorsqu'il s'agit d'effectuer ces tâches. L'après-midi passe à nouveau en coup de vent - avec une alternance entre travail de bureau, ména- ge, nourrir les poules et s'occuper des enfants. Il fait déjà nuit noire lorsque Somaly arrive à la maison avec nos deux autres enfants Rudolf et Chanty à 18h. Devy a préparé un succulent repas du soir et nous avons enfin un peu de temps en famille. Nous chantons, prions, man- geons et discutons. Nica et Molyna sont vite fatiguées et veulent aller se cou- cher – donc départ sous la douche, laver les dents, recouvrir leur lit de la mous- tiquaire, leur faire un bisou pour la nuit et déjà elles dorment profondément. A 21h30, tous sont au lit et je fais encore une dernière ronde autour de la maison pour tout fermer à clé, je vais prendre ma douche et je me glisse dans mon lit. Je repasse encore une fois les événements de ma journée dans ma tête, mais cela ne dure pas longtemps avant que je m’endorme, épuisé. Une journée dans la vie de Lukas Bernhardt

Lukas BERNHARDT, responsable du projet Lighthouse à Battambang au Cambodge

Un avant-goût du paradis

Il y a deux ans, j'ai effectué un engagement de dix mois à Am Sénéna au Tchad qui a changé beaucoup de choses pour moi. J'ai pu apprendre très concrètement à faire confiance à Dieu et à expérimenter qu'Il pourvoit à mes besoins, qu'Il me montre le chemin, qu'Il est auprès de moi dans des situations inconnues, qu'Il met Ses paroles dans ma bouche au moment opportun. Mes tâches, les personnes sur place et mon environnement m’ont permis de bien me former. J'ai énormément appris de la part des chrétiens tcha- diens, qui vivent au milieu des dangers et avec des chances très différentes. Mais si nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres par nos diffé- rences, c'est pourtant la base de notre foi qui nous unit: Jésus-Christ. Cette unité par-dessus les frontières de la langue et les différences culturelles est pour moi un avant-goût du paradis, de voir des hommes vivre ensemble dans l'unité avec l'aide de Dieu. J'aimerais continuer à m'engager pour cela. Un engagement qui a valeur d'indicateur de direction La Bible témoigne du plan merveilleux de Dieu pour ce monde. Il nous a créés pour être en communion avec Lui. Déjà dans l'Ancien Testament, nous lisons qu'un jour tous les peuples entendront parler de Dieu. C'est un privilège de pouvoir montrer à des personnes de nations très diverses que Dieu s'intéresse à elles et qu'Il les aime et de pouvoir ainsi jeter des ponts vers elles. Au Tchad, j'ai partagé la vie de mes amies et voisins musulmans. Dieu a déjà commencé là à me mettre à cœur Son grand amour pour ce travail et ces personnes. C'est ainsi qu'à mon retour en Allemagne, j'ai débuté des études des langues et sciences de l'islam. Trouver ma vocation personnelle a été un long processus - et mon séjour au Tchad y a joué un rôle important. Je suis très reconnaissante pour les encouragements et les confirmations de Dieu dans mes études. Je le vois toujours à nouveau: Dieu est à l'œuvre et s'il le fait à travers moi, je ne peux que me soumettre. Un espoir pour ce monde Nous devons servir Dieu exactement là où nous nous trouvons en ce mo- ment, et ceci parmi les personnes qu'Il nous met à cœur. C'est un privilège incroyable de connaître Jésus, Son caractère unique. Nous avons un amour et un espoir pour ce monde parce que Jésus a un espoir pour ce monde. «Votre vie sera un signe d'espoir, de l'espoir pour ce monde. […] Votre prière sera l’expression de votre service, de votre service dans ce monde. […] Votre souffrance sera un témoignage de foi, de la foi malgré ce monde. […] Votre aide sera un signe d'amour, de l'amour pour ce monde. Jésus nous a choisis pour être des messagers en paroles et en actes!» (Diethelm Strauch)

Marie BOTHNER, ancienne collaboratrice court terme à Am Sénéna, Tchad

Dans cette rubrique, des collaborateurs à court terme, des enfants de collabo- rateurs et d'autres jeunes adultes partageront à l'avenir quelque chose de leur vécu: faites-la connaître aux jeunes de votre entourage.

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NEWS

News du Cameroun «Boko-Haram s’est beaucoup affaibli et il n’y a plus d’offensive ouverte» peut-on lire dans les médias. Les attaques sur le territoire camerounais ont fortement diminué. Il arrive en- core que des attentats-suicides soient déjoués ça et là par les gardiens de villages. Ces meurtriers ont pour ordre de se faire exploser dans les endroits les plus fréquentés. Les mesures de sécurité sont bien respectées. Les difficultés ont permis de souder des liens dans la population. On peut voir ainsi des chrétiens monter la garde auprès des mos- quées lors de la prière du vendredi, tandis que les musulmans surveillent à leur tour les églises le dimanche. Il subsiste encore quelques cellules d’islamistes. L’armée nigérienne s’occupe actuellement de ratisser la forêt de Sambisa afin d’éliminer les camps des isla- mistes. Même si des centaines de femmes et de jeunes filles ont pu être libérées, il y en a encore beaucoup qui sont portées disparues. Dans la zone camerounaise du lac Tchad et dans les zones frontalières, la circulation des motocyclettes reste interdite. Le transport de nourriture n’est autorisé que de manière limitée et soumis à des contrôles sévères par l’organe de surveillance, etc. Les denrées alimentaires deviennent rares dans ces régions. Beaucoup espèrent recevoir un soutien des ONG qui s’occupent des ravitaillements. L’organisation «Médecins sans Frontières» dis- tribue gratuitement des médicaments dans des installations de l’État. Les présidents du Nigeria et du Cameroun se sont rencontrés. Après des dizaines d’années de tensions entre leurs pays, une collaboration réjouissante a vu le jour. Ils ont réfléchi à la question du retour des réfugiés nigériens vivant actuellement au Cameroun. Il est apparu clairement que les deux pays ont besoin de soutien, afin de veiller à ce que des mouve- ments comme Boko Haram ne puissent plus recruter des jeunes gens. La croissance malgré les difficultés Le long de la frontière, quelques églises ont été détruites. Cependant, malgré les difficul- tés, notre église partenaire, l’UEEC, rencontre une croissance dans de nombreux secteurs. Financièrement, l’église a connu un certain progrès de sorte que le budget 2016 a pu être revu à la hausse. L’église doit gérer d’importantes sommes d’argent en rapport à la distribution de l’aide aux personnes déplacées. Dans leurs réunions, les communautés manifestent leur reconnaissance pour le soutien qui leur est attribué. Dans les zones où se trouvent les personnes déplacées, beaucoup de nouveaux lieux de culte ont dû être aménagés pour absorber une rapide croissance du nombre de leurs membres. Ce sont les pasteurs qui manquent. Sanda Auguste a spontanément organisé ses cours bibliques rapides en deux endroits, une soixantaine de prédicateurs ont pu être ainsi formés! Durant de nombreuses années, les candidatures pour une formation théologique ten- daient à diminuer. Désormais, l’Eglise voit tellement de demandes déposées qu’il n’est financièrement plus possible de répondre à toutes positivement. Il a donc été décidé qu’une partie de l’argent destiné au fonctionnement de l’église allait être attribué à la for- mation théologique. Les projets en cours sont notamment la création d’un Collège évan- gélique à Maroua et la construction d’une grands salle de réunion.

Désirez-vous en savoir plus sur un pays ou un projet? Deux fois par an, les News de tous les projets et pays sont publiées et peuvent être commandées gratuitement! ecublens@sam-global.org ou +41 (0) 24 420 33 23

Un engagement à l'étranger – pourquoi pas pour vous?

Seriez-vous appelé-e à un engagement à l'étranger sans l'avoir remarqué? C'est tout à fait pos- sible. Nous avons actuellement des postes-clés vacants, et je n'arrive pas à croire que Dieu ap- pelle moins de gens que ceux dont Il a besoin. En outre, il est normal que les personnes pour qui tout va bien ne quittent pas leur zone de confort sans une puissante remise en question. C'est regrettable, car votre présence dans un de nos pays d'engagement pourrait peut-être faire une grande différence! Si nous nous laissons appeler, Jésus promet dans Jean 15:16 que notre engagement ne sera pas vain, mais qu'il aura des effets durables, c'est-à-dire du fruit qui demeure. Pour ma part, je suis persuadé que le vrai gagnant, ce n'est pas le propriétaire d'une BMW ou d'une piscine, mais celui qui voit avec le re- cul qu’il a porté du fruit, laissé une trace au-delà de son existence. C'est ce dont j'ai très envie pour ma propre vie. Nous cherchons des gens qui acceptent d'être appelés pour aller partager leurs dons, leur savoir-faire et leur expérience. C'est peut-être le moment pour vous, aujourd'hui, de demander précisément à Dieu s'Il vous appelle pour un engagement de quelques mois ou de quelques années à l'étranger.

Jürg PFISTER, directeur de SAM global

Nos postes principaux:

1. Hébergement des hôtes et assistance à l'équipe de Conakry en Guinée Vous fonctionnez à Conakry comme plaque tournante pour nos collaborateurs dans tout le pays (env. 35 personnes). Vous assistez les différentes équipes à l'intérieur du pays par des prestations administra- tives et logistiques (visas, achats, réception de conteneurs etc.). Premier et dernier contact à l'arrivée et au départ des visiteurs, vous organisez les transports depuis ou vers l'aéroport, à l'intérieur du pays et dirigez une petite maison d'accueil. Selon vos aptitudes, il vous est possible de vous investir dans l'église locale. Ce poste conviendrait idéalement à un couple. Les retraités par anticipation, restés jeunes et en bonne santé, sont aussi cordialement bienvenus. 2. Pasteur/coach pour la promotion des leaders Pro TIM 2-2-2 Le projet ProTIM 2-2-2 à Conakry, s'inspirant de 2 Timothée 2,2, veut aider l'Église de Guinée à réaliser sa préoccupation majeure, la formation de responsables crédibles pour les différents secteurs d'activité. Communiquant volontiers et axé sur les objectifs, vous entretenez d'étroites relations avec les pasteurs et les comités des églises autochtones. Vous transmettez des impulsions déterminantes, dans deux ins- tituts théologiques, aux responsables des églises pour la direction, l'organisation, le développement de communautés adaptées aux besoins locaux et l'établissement de nouvelles églises. 3. Directeur de projet et coordinateur au Tchad ( h / f ) Vous accompagnez les sous-projets «Ecole primaire», «Ecole secondaire» (projetée), «Fondation d'églises» et «Ecole professionnelle» (projetée) et assistez les responsables dans la planification et la

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mise en oeuvre de leurs stratégies. Vous êtes responsable de la gestion du personnel et donnez un coup de main dans tel ou tel domaine selon vos aptitudes. Dans votre tâche de coordonnateur/coordonna- trice du pays, vous savez aisément communiquer. Vous représentez SAM global auprès des autorités et de nos partenaires locaux. 4. Enseignant d'anglais en Inde ( h / f ) Les quelque 180 millions de musulmans d'Inde sont une minorité défavorisée comme le sont les chré- tiens. Ils sont très désireux d'apprendre l'anglais pour améliorer leurs chances de trouver un emploi. Pour l'exploitation d'un centre d'anglais, nous cherchons donc des personnes ayant les musulmans à cœur pour les familiariser avec la langue anglaise et leur montrer pratiquement l'amour de Dieu. Vous donnez environ 20 heures de cours par semaine et consacrez le temps restant pour les relations. 5. Projet médical Pro ESPOIR: gestionnaire de l’hôpital et médecin ( h / f ) Gestionnaire de l'hôpital: en collaboration avec le directeur de projet et la direction de l'hôpital, vous pratiquez le renforcement des capacités en matière de management et d'organisation. Avec pour ob- jectif que le travail médical puisse un jour bien fonctionner durablement sans personnel occidental, sous la direction de responsables guinéens. Ce renforcement englobe par ex. la gestion transparente des finances, un système de commande et de gestion des médicaments bien planifié ainsi que des comptes-rendus fiables pour les bailleurs de fonds. Médecin: Votre foi en Jésus Christ s'exprime par votre engagement pour les personnes ayant besoin d'aide médicale. Vous vous intéressez spécifiquement aux soins de santé de base et êtes dotés d'une grande sociabilité. Dans des situations difficiles, vous faites preuve de résistance et d'endurance. Vous êtes prêt à acquérir des connaissances en médecine tropicale et en gestion de projets. 6. Guinée: Centre d'études et enseignement des enfants de collaborateurs Centre d'études: Offre aux jeunes gens et jeunes filles une formation extrascolaire en anglais (à diffé- rents niveaux), connaissances de base des applications informatiques, aide pour les devoirs et cours de soutien. Selon leurs intérêts et aptitudes, les collaborateurs peuvent aussi animer des après-midi de sport ou d'arts créatifs. Enseignement d'enfants de collaborateurs: Votre tâche consiste à enseigner plusieurs enfants de collaborateurs à l'aide du matériel de l'école primaire par correspondance d'Allemagne. En outre, vous pouvez assumer diverses tâches selon vos intérêts (sport, leçons d'appui pour les enfants et les jeunes autochtones, activités polyvalentes, travail d'église, administration ...)

Pour plus d'informations concernant les postes vacants, consultez notre site www.sam-global.org ou ecublens@sam-global.org ou par téléphone +41 (0)24 420 33 23

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