04-2017 F

A M S g l o b a l

SERVE AND MULTIPLY 4/2017

Notre mandat Mission ( im ) possible ?!

4/2017 SOMMAIRE

Pris sur le vif

Où est le bout du monde ? « Allez de par tout le monde » a dit Jésus après sa résurrec- tion. En lisant cette phrase il me vient de suite en pensée « jusqu’au bout du monde ». Mais où commence le bout du monde ? Quelque part dans la lointaine Afrique, au Brésil chez les Indiens ou peut-être sur le pas de notre porte ? L’histoire qui suit au sujet de l’un de nos projets m’a montré combien le « bout du monde » peut être proche. Trop dangereux pour l’envoyer par la poste Avec notre église partenaire nous avons lancé un nouveau projet d’entraide : des écoliers et des écolières viennent chez nous trois fois par semaine pour être encouragés et soutenus par une équipe de l’église locale. L’église et donc ce projet se trouvent à la périphérie de Belém, à côté d’un immense tas d’ordures – un endroit marqué par la crimi- nalité. Lors du dernier semestre nous avons eu comme thème : « L’endroit où j’habite ». On a demandé aux enfants de s’intéresser à leur environnement. Ils ont appris leur adres- se par cœur, ont exploré le voisinage et nous leur avons montré comment lire une carte. Est alors venue l’idée d’utiliser ces adresses apprises par cœur pour s’écrire des cartes postales les uns aux autres et se les envoyer. La responsable du projet a pris les cartes et a voulu les donner à un office postal à Belém mais on l’a stoppée en lui disant que l’on ne distribuait pas de courrier dans ce quartier car cela était trop dangereux. L’office pos- tal ne voulait envoyer aucun de ses employés dans un tel endroit. Et d’un coup on constate que l’on se trouve « au bout du monde » et que le projet et les enfants que l’on a à cœur deviennent ce bout du monde. Personne n’a le cou- rage de s’y rendre. Cela coûte trop cher, c’est trop risqué, trop dangereux, trop sale. Combien je suis reconnaissante que cette église s’y investisse tout de même et qu’elle soit une lumière dans cet endroit sombre du monde. Devant notre porte En Europe nous vivons la même chose mais de manière différente. Le « bout du monde » se présente soudain sous la forme des réfugiés qui frappent à notre porte et qui met- tent sens dessus dessous notre belle vie, calme et ordon- née. Ces gens ont d’autres valeurs que nous, une autre foi, une autre couleur de peau – ils sont différents. Et soudain le « bout du monde » commence à la porte de notre mai- son ! Je nous souhaite donc à tous une grande portion de courage pour entrer en contact avec les gens de tous hori- zons et les rencontrer avec l’amour de Dieu.

Damaris LIECHTI, ancienne collaboratrice de ProVIDA active maintenant dans ProRIBEIRINHO au Brésil

2

EDITORIAL

MISSION (im)POSSIBLE ? ! Le titre de ce nouvel ALLONS pose une question mais aussi exprime une exclamation. Mission im- possible ? Non, pas avec Dieu ! Non seulement la mission est possible mais elle sera parfaitement accomplie ! Pour chaque croyant, une mission qu’il sera invité à découvrir et à remplir tout au long de son chemine- ment terrestre. Cette mission qui repose sur chacun prend parfois le visage d’un simple sourire rempli de compassion, elle peut aussi s’exprimer par un geste de sympathie, d’autres fois c’est la prière qui prend le relais ou encore c’est notre témoignage qui permet à des personnes de découvrir la Bon- ne Nouvelle. Par moment elle nous demandera de mettre la main à la poche ou bien de retrousser les manches. La mission en fait, revêt de multiples formes et s’exprime d’innombrables manières se- lon les personnalités, les compétences et les dons de chacun. Quelques-uns aussi devront quitter leur pays pour se rendre dans un champ d’engagement à l’étranger. L’ensemble de ces « petits mandats », Dieu comme un sage architecte, les assemble les uns aux autres pour remplir le grand mandat qu’Il s’est fixé ! Cette Bonne Nouvelle du règne de Dieu sera procla- mée dans le monde entier pour que tous les peuples en entendent le témoignage. Alors seulement viendra la fin. Mt 24 .14 ... jusqu’à ce que l’ensemble des autres peuples soit parvenu au salut. Et c’est ainsi que tout Israël sera sauvé. Rom 11.25 ... Il a fait don de ces hommes pour que ceux qui ap- partiennent à Dieu soient rendus aptes à accomplir leur service en vue de la construction du corps du Christ. Eph 4.11-12 Le Créateur s’est fixé la grande mission de la rédemption de l’humanité en Jésus-Christ. Chacun d’entre nous en Lui, nous avons ce privilège extra- ordinaire d’être acteur de Son grand mandat. J’espère que les différents articles qui suivent vous inspireront et vous encourageront pour votre mis- sion ! Christophe REIFSTECK, Directeur dép. Europe Francophone

Notre Mission

Lorsque Jésus-Christ a don- né à ses disciples la mission de porter la Bonne Nouvelle de la réconciliation avec Dieu jusqu’au bout de la terre et de servir très prati- quement les hommes avec amour, personne ne pou- vait se représenter vraiment comment cela allait pouvoir être possible. Il s’agissait de toute la terre ! C’est énorme ! Les premiers apôtres ont en effet réussi à bouleverser une grande partie du mon- de d’alors, mais au cours du temps, il y a aussi eu beaucoup de revers, de dé- ceptions, de mauvais déve- loppements, d’abus de pou- voir et autres événements desquels l’Eglise ne peut pas être fière aujourd’hui encore. Et pourtant, en jetant un regard en arrière, il est sur- prenant de voir comment l’amour de Dieu a fait son chemin à travers les siècles. La Réforme conduit à l’engagement social Tout autour du monde, les protestants ont fêté il y a quel- ques jours leur histoire longue

pour eux, en les servant et les rencontrant avec amour. C’est ainsi que les chrétiens ont pris à cœur leur responsabilité face aux autres. De nouveaux mouvements et des églises se créent Au 18e et 19e siècle, des prédi- cateurs comme Charles Finney (1792–1875) et Dwight Lyman Moody (1837–1899) ont voya- gé à travers l’Amérique et ont apporté une nouvelle passion dans beaucoup d’églises. En Europe, John Wesley (1703 – 1791), fondateur de l’Eglise méthodiste, William Booth (1829 – 1912), fondateur de l’Armée du Salut, et beaucoup d’autres ont écrit l’histoire de l’église. Pour Wesley et Booth, l’église d’alors était trop élitis- te – ils devaient montrer de nouveaux signes d’amour du prochain et se sont occupés en priorité des personnes en marge de la société, et de la population pauvre. Le mouve- ment pentecôtiste a été fondé en 1906, et s’est vite répandu. C’est ainsi qu’au travers des années, de nouvelles églises

de 500 ans, qui a débuté sym- boliquement le 31 octobre 1517 lorsque le théologien Martin Luther a publié ses 95 thèses à Wittenberg et par là, a mis en route un formidable bouleversement. Les idées de la Réforme ont également trouvé du soutien en Suisse au travers de Zwingli et Calvin. Calvin a développé une éthique du travail et de l’économie basée sur la Bible, qui fut la base de la révolu- tion industrielle, du capita- lisme moderne et de la dé- mocratisation de beaucoup d’États. Parallèlement, il a con- sidéré comme une des mis- sions des chrétiens de s’occuper des pauvres – et ainsi de plus en plus de per- sonnes ont commencé à s’engager financièrement et pratiquement pour des pro- jets sociaux, d’où la création d’orphelinats, hôpitaux et au- tres institutions sociales. Grâce à Luther, la Bible est devenue accessible et com- préhensible pour tous. Cha- cun pouvait comprendre tout seul l’amour de Dieu – et en conclure qu’il faut donner cet amour plus loin, en s’occupant des autres, en s’engageant

Protestants par continent

2010 Des conférences mondiales marquent le 100e anniver- saire d’Edimbourg 1910

1790-1840 Deuxième grand réveil

250

1948 Formation du Conseil œcuménique des églises

1790 Prolifération des sociétés mission- naires protestantes

200

150

1910 Conférence mondiale des missions d’Edimbourg

1730-1755 Premier grand réveil

AFRIQUE ASIE EUROPE AMÉRIQUE LATINE AMÉRIQUE DU NORD OCÉANIE

100

1648 Paix / traité de Westphalie

1517 Les 95 thèses de Luther

50

0

1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 1900 1950 2000 2015

4

4

Le travail continue L’amour de Dieu est pour toutes les personnes de ce monde ! Il y a encore et toujours beaucoup de personnes défavorisées qui ont urgemment besoin d’aide et d’amélioration de leurs conditions de vie. En tant que SAM global, nous nous enga- geons entièrement pour cette mission à large spectre. Nous sommes convaincus que Dieu aimerait aujourd’hui encore utiliser des chrétiennes et des chrétiens de Suisse pour servir avec persévérance dans un autre pays et une autre culture avec leurs connaissances et leurs possibilités, et les enseigner à transmettre leurs acquis à d’autres.

et mouvements se sont créés, chacun apportant sa propre pierre à l’édifice avec ses parti- cularités personnelles. Le ser- vice pratique aux personnes et la promotion de l’éducation ont toutefois été pour tous un élément central de la foi et de l'enseignement. Travail interculturel Une étape importante en direction du travail intercul- turel a été la première con- férence mondiale des mis- sions, à Edimbourg en Ecos- se. Elle est considérée com- me le départ de la mouvance œcuménique moderne et a donné un élan particulier au travail interculturel. Après cette conférence, toujours plus de chrétiens ont quit- té leur patrie pour partager l’amour de Dieu dans un pays lointain et une culture qui leur était étrangère. La Suisse s’est longtemps engagée très fortement dans ce domaine. Durant des années, la Suisse, après la Norvège, était dans le monde entier le pays ayant en- voyé le plus de collaborateurs interculturels, proportionnel- lement à sa population. Le Mouvement de Lausanne a été également novateur pour le travail interculturel. Il a eu lieu en 1974 lorsque 2300 res- ponsables de 150 pays se sont rassemblés à Lausanne et se sont unis derrière la « Déclaration de Lausanne », un document parmi les plus importants de beaucoup de mouvements évangéliques jusqu’à aujourd’hui. Lors des conférences Lausanne II (à

Manille en 1989) et Lausanne III (au Cap en 2010) le « Mani- feste de Manille » et la « Décla- ration du Cap » ont été adop- tés. Ces deux documents se concentrent plus particulière- ment sur la responsabilité so- ciale des chrétiens et sur le fait qu’ils doivent la prendre dans le monde entier. Une partie non négligeable du travail de développement dans beau- coup de pays est aujourd’hui organisée et financée par des chrétiens. Déplacement vers le Sud La nouvelle de l’amour de Dieu s’est répandue et fixée de plus en plus dans le mon- de entier : alors qu’en 1910 encore 80% des chrétiens vi- vaient au Nord, c’est-à-dire en Europe et en Amérique du Nord, on estime désormais que d’ici 2020, 66% de tous les chrétiens habiteront au Sud, en Afrique, Asie et Amérique Latine. Le travail interculturel change aussi à cause de ce déve- loppement. Il y a encore 50 ans, une grande partie de tous les collaborateurs inter- culturels venaient d’Europe et d’Amérique du Nord. Aujourd’hui, il s’agit d’un échange de collaborateurs au niveau mondial. Ils vien- nent de partout et vont par- tout. C’est ainsi que s’installent de nouvelles dynamiques – et également de nouvelles conditions cadres. Pour SAM global, cela implique de tou- jours se mettre à la page et s’adapter aux conditions qui changent.

Ueli HALDEMANN, responsable de la communication

Répartition par continent

Amérique du Nord Océanie

100%

80%

Amérique Latine

60%

EUROPE

40%

ASIE

20%

Afrique

0%

1970 1980 1990 2000 2010 2020 Center for the Study of Global Christianity Christianity in its Global Context, June 2013

1970 2020 Operation Monde évangélique 1970–2020 ( operation World ) 2010

TAUX ** 1970-20

TAUX ** 2010-20

AFRIQUE ASIE EUROPE

24,435,000 14,811,000 14,320,000 13,259,000 55,871,000 3,555,000

6,7% 0,7% 2,2% 4,6%

182,442,000 146,854,000 18,342,000 97,482,000 94,385,000 6,382,000

17,7% 3,5% 2,5% 16.6% 26,8% 17,8%

237,919,000 172,680,000 18,917,000 115,238,000 101,685,000 7,243,000

18,6% 3,8% 2,6% 17,8% 26,5% 18,0%

4,55% 4,91% 0,56% 4,32% 1,20% 1,42%

2,65% 1,62% 0,38% 1,67% 0,74% 1,27%

AMÉRIQUE LATINE AMÉRIQUE DU NORD OCÉANIE

24,2% 18,1%

TOTAL GLOBAL

126,251,000

545,887,000

3,4 %

7,9 %

653,682,000

8,5 %

3,29 %

1,80 %

*% Pourcentage de la population continentale **Taux = taux de croissance moyenne annuelle, pourcentage par année

Quelle est notre Tâche ?

Je me réveille tôt dans ma petite chambre d’hôtel. Cet établissement modeste se trouve juste à côté de l’Amazone et également à la péri- phérie d’un des quartiers les plus dangereux de Belém. Je me lève et je me risque à sortir pour faire mon jogging. Il y a des monceaux de détritus, des flaques, des vautours et à cause de la chaleur humide, des gens peu habillés. Alors que je me bats en transpirant dans un air qui ne sent pas bon, je ne cesse de m’étonner. Dans ce quartier connu pour la drogue, la prostitution, la criminalité et les meurtres, il y a une petite église presque tous les 200 mètres ! Lamissionconfiéepar Jésusest-elleainsi accomplie? Non ! Dieu ne se laisse pas impressionner par des églises à chaque coin de rue, remplies chaque di- manche pour quelques heures. Pourtant cela de- meure totalement insatisfaisant si la vie des per- sonnes ne change pas. Il veut que les hommes se réconcilient avec Lui et les uns avec les autres, et qu’ils puissent vivre en paix et en sécurité. Il vou- drait que les enfants aient la possibilité de recevoir une bonne éducation plutôt que d’être abusés, et que les familles puissent vivre dignement plutôt que dans la pauvreté. La mission que Dieu nous a confiée est globale et doit avoir un effet sur les conditions de vie des gens. Jésus a cité Esaïe presque mot à mot, lors de son entrée en fonction, traitant le sujet qui nous occu- pe (Luc 4.18,19) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, rendre la liberté aux opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur. » La Bonne Nouvelle comporte donc, en plus de la réconciliation avec Dieu, un combat contre la pau- Combat contre la pauvreté, la maladie et l’oppression

vreté, la maladie et l’oppression ! Voilà notre mis- sion. Et c’est pour cela que nous nous engageons dans les dix pays où nous sommes actifs. Comment cela a-t-il commencé ? L’histoire de SAM global (alors Allianz China Mis- sion) a commencé en 1889 en Chine. En 1898 Héli Chatelin a fondé de son côté unemission en Angola, la Mission Philafricaine. Les deux organisations ont collaboré longtemps dans divers domaines et ont fusionné en 1992 (à l’époque connue sous le nom d' « Alliance Missionnaire Evangélique » et de « Schweizer Allianz Mission »). Héli Chatelin désirait rendre leur dignité et leur confiance en soi à d’anciens esclaves. Dans sa bio- graphie (parue en 1918) se trouve une phrase éton- nante pour l’époque : « Les missions chrétiennes se vouent spécialement à la solution des questions morales ou religieuses dont l’importance est loin d’être suffisamment appréciée. Les questions maté- rielles, intellectuelles et sociales ont été trop négli- gées ou abandonnées au monde politique et com- mercial. Aucun travail systématique n’a été fait par l’Eglise pour appliquer les principes de Jésus-Christ […] Or c’est ce que la Mission Philafricaine tend à réaliser. » (tiré des pages 197 et 198) Avec une église qui compte aujourd’hui plus de 100’000 membres, divers postes sanitaires, une école d’infirmiers avec un hôpital et un program- me national de lutte contre la lèpre, l’IESA est née d’une minuscule communauté de cinq an- ciens esclaves qu’Héli Chatelin avait formés. Cela a marqué l’histoire de SAM global et c’est encore aujourd’hui notre but : que les principes de Jésus- Christ s’appliquent à tous les domaines de la vie.

Jürg PFISTER, directeur de SAM global

6

Est-ce encore juste d'envoyer des collaborateurs ? Ne vaudrait-il pas mieux simple- ment soutenir financièrement et coacher des initiatives locales ? En Angola, au Brésil et au Cameroun, le processus pour remettre les projets entre les mains des autochtones est bien avancé et beaucoup de choses se font sans notre présence permanente sur place (bien qu'avec un soutien financier partiel). C'est génial ! Mais dans d'autres projets, nous avons toujours besoin de personnes qui soient prêtes à partir. Pourquoi donc ? Prier ! Donner ! Aller !? Pourquoi il faut encore « aller » aujourd'hui 1. Jésus lui-même nous a clairement ordonné d'aller. Aujourd'hui encore, on a besoin de gens qui soient prêts à quitter leur zone de confort en Suis- se pour mettre à disposition leur savoir-faire, pour servir, former et libérer les personnes (Serve And Multiply). 2. Des projets passionnants, qui répondraient aux besoins pressants de nos pays d'engagement, ne peuvent malheureusement pas être mis en œuvre ou sont remis à plus tard parce que les personnes nécessaires font défaut ! 3. Si nous ne trouvons pas suffisamment de nouveaux collaborateurs, des possibilités de formation importantes et appréciées ne pourront plus être maintenues, comme par exemple le CCS au Sri Lanka ou le centre d'études en Guinée, parce que les personnes sur place ne sont pas encore prêtes pour le passage du témoin. 4. Il y a encore beaucoup de gens, dont des femmes et des enfants, qui souffrent d'injustice, qui n'ont aucune chance de recevoir une bonne for- mation scolaire ou professionnelle, ou des soins médicaux convenables. Il y a encore beaucoup de travail que nous aimerions empoigner, si possible avec des partenaires locaux. 5. Beaucoup de personnes n'ont pas encore eu la possibilité d'entendre parler de Dieu et de son amour, pour se faire une idée personnelle et déci- der librement quelle croyance adopter. 6. Je suis convaincu que l'engagement dans des cultures différentes est un enrichissement pour nous aussi enOccident. Quand j'ai vécumoi-même en Afrique, j'ai commencé à vraiment apprécier ma culture tout en l'analysant d'un point de vue critique. Ma compréhension de la Bible a été également enrichie en vivant dans un contexte dominé par la honte. De retour en Suisse, cette expérience interculturelle m'a beaucoup aidé à m'engager avec d'autres bénévoles pour les requérants d'asile. Notre mandat ne se limite pas à l'outre-mer, mais s'applique aussi à notre environnement im- médiat. Nous avons cependant parfois besoin d'une formation outre-mer pour perdre la crainte de nous approcher des personnes d'autres cultures qui sont devant notre porte. Nous souhaitons que des hommes expérimentent pratiquement l'amour de Dieu, en Europe et au loin ! Jürg PFISTER, directeur de SAM global

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans une autre culture ?

Elisabeth GAFNER, collaboratrice dans le travail de réhabi- litation en Angola : Je n'avais que douze ans quand j'ai commencé à penser à un engagement en Afrique. A cette époque, je m'imaginais travailler dans le domaine médical et participer à des missions huma- nitaires sur ce continent. C'est à 18 ans que j'ai choisi de laisser Jésus décider de ma vie. Au même moment, j'ai été confrontée de plusieurs manières dif- férentes au travail interculturel en Angola. Peu à peu, j'ai compris que Dieu avait un plan concret pour ma vie. Le verset d'Ephésiens 2.10 est très impor- tant pour moi : « Ce que nous sommes, nous le devons à Dieu ; car par notre uni- on avec le Christ, Jésus, Dieu nous a créés pour une vie riche d'œuvres bonnes qu'il a préparées à l'avance afin que nous les ac- complissions. » Il n'y a rien de plus beau et de plus satisfaisant que de faire ce que Dieu a préparé à l'avance pour nous/moi. Je ressens comme un privilège de pouvoir améliorer les conditions de vie des invali- des en Angola – et les conduire sur le che- min de Jésus. Patricia et Andreas Moser, collaborateurs à ProRADJA‘ au Tchad : Pour être honnêtes, quand nous avons commencé à planifier notre vie commune après le mariage, notre soif d'aventure était aussi importante que le désir de servir Dieu. Nous connaissons tous deux Jésus depuis notre enfance, et nous avons toujours dé- siré nous mettre à son service. Mais c'est bien la soif d'aventure et la curiosité pour l'inconnu qui nous ont fait penser à regar- der au-delà des frontières de notre pays. Notre idée était de faire trois mois d'école biblique, suivis de trois mois d'engagement pratique à l'étranger, avant de retourner nous installer en Suisse. Ce projet initial s'est transformé en rou-

te : trois ans d'école biblique et dix ans au Tchad ! Cela fait longtemps que ce n'est plus l'amour de l'aventure qui nous pousse. Quelque part sur notre chemin, en fait très rapidement, une paix indescriptible a rem- pli nos cœurs – la paix que Dieu nous don- ne quand nous sommes exactement là où il veut nous voir. Les dix dernières années n'ont de loin pas toujours été faciles, mais nous avons pu voir que Dieu tient ses pro- messes : il prend soin de ses enfants et ne leur donne pas de charge plus lourde que ce qu'ils peuvent porter. Si nous avions su dès le début ce que notre engagement impliquerait, et combien de temps il durerait, nous n'aurions sûrement pas eu le courage de partir. Mais nous se- rions alors beaucoup plus pauvres – pau- vres en aventures oui, mais surtout pauvres en expériences avec Dieu. Une des traditions de mon église est qu'à Nouvel An, chaque personne tire au sort un verset biblique, qui l'accompagnera durant toute l'année. Quand j'avais 16 ans, mon verset était Matthieu 9.37-38 : « Alors Jésus dit à ses disciples : La moisson est abondan- te, mais les ouvriers sont peu nombreux ! Demandez donc au Seigneur, à qui appar- tient la moisson, d'envoyer des ouvriers pour la rentrer. » A ce moment, je ne comprenais absolu- ment pas ce verset, mais je me disais que si Jésus nous ordonnait de prier, alors nous devions simplement le faire – et j'en ai donc fait un sujet de prière régulier. Avec le temps, j'ai fini par comprendre ce que ce verset signifie, et il est deve- nu de plus en plus clair que Dieu voulait m'engager moi-même pour s'occuper de sa moisson. J'ai fait plusieurs engagements à court terme, et cela a confirmé l'impression que j'avais : que Dieu voulait me mettre au Naemi Schelling, collaboratrice à ActionVIVRE en Guinée :

16 16 8

travail dans une autre culture que la mienne. Douze ans plus tard, me voici en Guinée, et je m'estime privilégiée de pouvoir servir Dieu ici. Je suis moi-même une réponse à mes propres prières d'adolescente ! Martin Baumann, collaborateur à ProSERTÃO au Brésil : Susanne et moi étions déjà en contact avec des mission- naires quand nous étions enfants, et nous avions déjà le désir de partir pour un travail interculturel. Susanne a pris ce chemin rapidement, comme jeune adulte. Dieu a eu un peu plus de peine avec moi, pour conduire le jeune agriculteur que j'étais vers l'étranger. Il m'a fallu plusieurs étapes : l'appel à un travail dans une commu- nauté chrétienne, le renoncement à mon métier de pay- san, et finalement quatre ans de formation biblique. Enfin, tout est devenu clair : ce qui est important, c'est d'être prêt à écouter Dieu et à aller là où il nous veut. Un jour, à la fin d'un séminaire, un collaborateur de l’œuvre à Piaui, Brésil, a dit : « Dieu a besoin d'agriculteurs à Piaui, pour servir les habitants des villages. » J'étais le seul agri- culteur présent. Cela m'a profondément touché, et j'ai ra- pidement fait les premiers pas qui m'ont mené jusqu'au Brésil, où nous travaillons toujours, depuis 1988. Lukas Bernhardt, collaborateur à Lighthouse Battambang, Cambodge : Après une courte formation à l'école biblique des por- teurs de flambeaux en 1998, j'étais convaincu que Dieu m'appelait à l'étranger. Tout rempli d'ardeur, j'ai participé à un congrès de missions pour trouver dans quel pays je devais partir. Mais Dieu m'a renvoyé à la maison avec la mission de le servir simplement partout où il m'enverrait. C'est ce que j'ai fait, en créant le Godi à Frauenfeld (cultes et activités chrétiennes pour les jeunes). J'ai rapidement oublié la no- tion de « dans le monde entier ». En 2006, j'ai eu le privilège de pouvoir accompagner un groupe de jeunes pour un court engagement au Cam- bodge, et je me suis soudainement souvenu de ce qui s'était passé en 1998. J'ai reçu la confirmation qu'il était temps de quitter ma maison pour me faire un nouveau chez-moi ailleurs. Ce départ m'a bien amené quelque part : j'ai émigré au Cambodge en 2007 et j'y ai vécu en tant qu'étranger jusqu'en 2015, où j'ai obtenu le passeport cambodgien !

Nous pouvons régulièrement expérimenter com- ment des personnes, des situations et des régions changent, quand nous prenons notre mandat au sérieux et que les gens sont touchés par l’amour de Dieu. Voici quelques récits : Aller – même quand c’est inconfortable Des milliers de déplacés et de réfugiés de l’extrême nord du Cameroun se sont établis dans la région auparavant très peu peuplée de Touboro. Les infrastructures ne cor- respondent cependant en aucune manière aux besoins des nombreux habitants. Dans le cadre de notre travail médical, nous sommes donc en train d’y édifier une cli- nique de campagne, car une prise en charge médicale fi- able apporte la sécurité et donne de l’espoir aux familles. Je m’occupe de ce projet à partir de l’Allemagne et par des visites sporadiques. Touboro se trouve à 750 kilomètres de route de notre champ d’action actuel. La distance peut être parcourue en un (long) voyage d’un jour. Ce grand éloignement complique la planification et la mise en œuvre du projet. Lorsque j’ai une fois pensé tout haut que c’était quand même fou de démarrer un projet dans un endroit si éloigné, le directeur camerounais de l’œuvre médicale a répliqué : « Vous êtes venus de bien plus loin, de Suisse et d’Allemagne, pour nous aider en paroles et en actions. Ne devons-nous alors pas aller, dans notre propre pays, vers les gens qui ont besoin de nous, même si cela exige un grand engagement ? » ça bouge dans nos comme Jésus l’a montré. Il a investi trois années de sa vie dans 12 hommes. Il les a enseignés, a vécu avec eux et leur a permis de faire leurs expériences. Le but de la vie de disciples est que les gens découvrent l’amour de Dieu, le transmettent plus loin en servant les autres et investissent à leur tour dans la formation de disciples. Jeferson (24 ans) est un étudiant du CMM, il a pris récemment la direction d’une petite communau- té. Il investit une grande partie de son temps dans l’accompagnement d’adultes et d’adolescents. Sonia est l'une de ces personnes. Elle s'est rendue l’année passée dans la communauté de Jeferson parce que son mari distancé de l’église voulait commencer à se ren- dre régulièrement au culte et se sentait bien dans cette communauté-là. Elle a accepté de suivre avec Jeferson et avec son mari un programme de formation de dis- ciples de plusieurs mois. Maintenant, tous deux sont des membres actifs de la communauté et dirigent ensemble un groupe qui se retrouve régulièrement pour le partage, l’étude de la Bible et la prière. Sonia a également commencé à cher- cher des réponses avec une dame qui pose de nom- breuses questions sur la Bible. Par la formation de disciples, on n’additionne pas sim- plement, rapidement et superficiellement des mem- bres à une communauté. Au contraire, les gens sont formés de manière durable et deviennent ensuite une bénédiction pour d’autres. Ici, nous pouvons vivre cela jour après jour, et c’est un énorme encouragement.

Simon REIFLER, collaborateur de ProSERTAO, Brésil

Hanna WEIBERLE, supervision du travail médical au Cameroun et en Guinée

Rencontres bénies L’Union des églises avec laquelle nous collaborons ici a l’habitude d’organiser chaque année une semaine dans un endroit pour montrer aux gens que Dieu les aime. Cette année, le choix s’est porté sur notre village. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, mais nous avons essayé de nous préparer au mieux, tout en restant flexibles. Au jour fixé, nous avons accueilli une vingtaine de personnes de différentes églises, prêtes à s’engager. D’autres devaient nous rejoindre le len- demain.

Investir dans les personnes Un grand nombre d’églises brésiliennes attachent une grande importance à gagner le plus possible de per- sonnes pour leur propre communauté, afin que celle-ci grandisse et prospère. Pour cela, elles font du porte-à- porte et invitent les gens. Dans le projet ProSERTAO, nous encourageons les églises et particulièrement les étudiants de nos cours de respon- sables CMM, à investir dans une vie de disciples durable,

10

pays d’engagement ! Après la première soirée consacrée aux présentations et aux prépa- ratifs, le rythme était donné. Chaque matin et après-midi, un grou- pe partait pour prendre contact avec la population et annoncer la Bonne Nouvelle. Le soir, nous nous retrouvions pour un temps de partage ou la projection d’un film. Des gens de notre église locale nous ont rejoints, si bien que le groupe s’est agrandi jusqu’à une quarantaine de personnes. Elles étaient chaque jour en route avec beaucoup de joie, de motivation et de persévérance. C’était très en- courageant !

Cette semaine était une bonne occasion de réfléchir ensemble sur comment être en bénédiction aux gens d’ici et les rencontrer d’une manière adaptée. Dans notre village plusieurs groupes ethniques et religieux vivent très proches les uns des autres, mais se délimi- tent clairement. Par nos visites, certains préjugés sont tombés et des cœurs se sont ouverts. Des premiers pas ont été faits pour que le voisinage devienne plus communautaire. Tant les visiteurs que les membres de notre église ont été encoura- gés par cette action et ont décidé de continuer à visiter la popula- tion une fois par mois. C’est merveilleux de voir que l’église locale d’ici prend à cœur de servir les gens sur place. Lutte contre la lèpre (avec succès) Dans les années 80, la lèpre était largement répandue en Guinée. On comptait d’innombrables malades de la lèpre et les contami- nations étaient presque quotidiennes, en particulier dans la région forestière du sud. Les malades de la lèpre étaient exclus de la com- munauté ; ils vivaient isolés et dans la pauvreté, surtout ceux qui étaient handicapés en raison de la maladie et avaient par exemple perdu des doigts ou des orteils. Personne ne voulait s’en occuper ou en prendre soin. SAM global était déjà engagée en Angola dans la lutte contre la lè- pre, c’est pourquoi le président guinéen de l’époque a demandé de démarrer un travail semblable dans son pays. C’est ainsi qu’en 1981, les premiers collaborateurs sont partis pour l’Afrique de l’Ouest et ont commencé uneœuvre de santé publique centrée sur la lèpre et la tuberculose. Par la suite, ce travail est devenu le «CentreMédical». En ce temps-là, un médecin guinéen a déclaré à une des collabora- trices pionnières : «Le fait que vous êtes venue jusqu’en Guinée et avez surmonté tant de difficultés pour mettre en route cette œuvre médicale nous montre que votre Dieu est vraiment puissant.» Dans les années qui ont suivi, d’innombrables personnes ont pu être soignées et guéries de la lèpre. Cependant, beaucoup de ma- Agathe BURRUS, collaboratrice de ProRADJA‘ au Tchad

lades guéris vivaient une situation malheureuse et avaient encore besoin d’aide. D’autre part, de nouvelles contamina- tions éclataient toujours, surtout dans les endroits reculés. Nous avons donc commencé à nous déplacer et à recher- cher ces gens de manière ciblée pour les soigner, les soute- nir dans leur quotidien, sensibiliser leur entourage et aider à leur réintégration dans la société et la vie professionnelle. Le nombre de malades de la lèpre en Guinée a diminué continuellement. Alors qu’en 1988, près de 2000 nouveaux cas étaient découverts et plus de 2600 personnes se trou- vaient en traitement au CentreMédical, en 2016, il ne restait que 53 nouveaux cas et 47 personnes en traitement. Grâce aux campagnes d’information, l’attitude de rejet envers les malades de la lèpre a aussi beaucoup diminué. Le Centre Médical a étendu par la suite son domaine vers leVIH sida. Il est devenu depuis l’hôpital de référence pour ces maladies en Guinée. Depuis 1981, des progrès gigantesques ont été faits, mais nous continuerons aussi longtemps qu’il restera des cas de lèpre cachés ou d’anciens malades de la lèpre qui ont be- soin de notre aide. Au centre d’une « forteresse bouddhiste » Environ 1,5% des Cambodgiens sont chrétiens, 2% sont musulmans et tous les autres adhèrent au bouddhisme Theravada. Même si le bouddhisme n’est actuellement plus célébré aussi strictement qu’autrefois, on le rencontre par- tout. On trouve des maisonnettes pour les esprits devant presque chaque bâtiment, des moines parcourent les rues et bénissent les gens, et des symboles bouddhistes ornent les biens de la population. Le bouddhisme est si profondé- ment mêlé à la culture et la tradition locale, que beaucoup ne peuvent même pas imaginer sa disparition. La peur des esprits est omniprésente. C’est au centre de cette « forteres- se bouddhiste » que nous avons planté nos tentes. Alors que dans de nombreuses organisations chrétiennes actives au Cambodge, la foi en Jésus est une condition pour pouvoir participer au programme, nous accueillons des jeunes de tous les groupes religieux. Ils ont chez nous la chance de recevoir un logement sûr en ville, une bonne formation scolaire, un soutien dans les études et sur le plan personnel, et ils peuvent développer des compétences so- ciales dans le cadre de la vie communautaire. Dans une atmosphère décontractée, ils peuvent égale- ment voir par notre exemple à quoi peut ressembler une relation personnelle avec Dieu. Il arrive de temps en temps qu’un jeune désire en apprendre plus sur Dieu. Cela s’est passé ainsi pour Sorvorth, le gestionnaire du programme « Lighthouse Serving ». Agé de 22 ans, il a trouvé en tant qu’étudiant au Lighthouse de plus en plus de soutien et de force dans la foi en Jésus, et il s’est engagé dans une vie avec Lui. Il est maintenant traducteur à l’église baptiste de Bat- Martha GAFAFER, collaboratrice de ProESPOIR, Guinée

tambang et prêche aussi dans nos cultes pour les jeunes. Minea était une jeune femme peu sûre d’elle et sans estime de soi à son arrivée à l’âge de 17 ans comme étudiante chez nous à Lighthouse. Elle y a pris la décision de donner sa vie à Jésus. Depuis lors, elle s’épanouit visiblement et rayonne de joie de vivre.

Elias GERBER, court-terme au « Lighthouse Battambang », Cambodge

Une école un peu différente 50 à 80 enfants dans une seule classe – rien d'anormal en Guinée. De plus, pour les raisons les plus diverses et va- riées, les cours sont souvent annulés. Le pays manque d'enseignants formés, de bâtiments scolaires et de bonma- tériel. Rien d'étonnant à ce que bien des élèves de sixième année sachent à peine lire. Formuler ses propres pensées ou utiliser une règle de trois représentent un véritable défi. Voilà pourquoi, en automne 2005, nous avons décidé de construire une école. Ses portes se sont ouvertes une an- née plus tard, en octobre 2006. A cette époque, environ 100 enfants participaient régulièrement aux classes, de la pre- mière à la troisième année. 2008-2009 a vu une construc- tion supplémentaire : l'école secondaire. Aujourd'hui, ce sont environ 500 élèves de l'école primaire et secondaire qui envahissent les locaux chaque jour. Le personnel qui les enseigne est guinéen, et depuis quelque temps, même la direction et la comptabilité sont aux mains de nos amis autochtones. Dans cette école, les cours sont rarement annulés. Nous sommes aussi reconnus pour notre ponctualité dans l'ouverture des classes à la rentrée après les vacances d'été. Les enseignants des écoles officielles ne reprennent que plusieurs semaines après nous, petit à petit, les uns après les autres, s’ils décident effectivement de venir travailler. Chez nous, presque tout le personnel est présent dès le premier jour, et l'année scolaire peut com- mencer sans retard. Nos élèves parlent tous couramment le français, et plus de 80 pour cent d'entre eux réussissent les examens d'entrée des niveaux supérieurs et du lycée, contre les 15-40 pour cent habituels. Beaucoup d'entre eux sont fiers de leur école Action VIVRE, ils reviennent chaque matin, remplis de motivation et de soif d'apprendre. Leur formation et leur curiosité intellectuelle les mettent sur les bons rails pour un avenir meilleur !

Daniela SEITZ Collaboratrice à ActionVIVRE Nord

Des fleurs dans la décharge Notre projet « Mãos que Criam » se situe à Bairro das Flores, le « quartier des fleurs ». Plutôt ironique quand on pense qu'une grande partie du quartier se trouve sur une déchar-

12

ge à ciel ouvert. Au lieu de fleurs, on trouve plutôt de la pauvreté, de la criminalité, et du trafic de drogue. Les familles qui vivent à proximité vont chaque jour fouiller les déchets à la recherche d'aliments ou de matériaux recyclables. Nous soutenons les habitants de cet endroit grâce à différents program- mes, et cherchons avec chacun d'entre eux comment ils pourraient bri- ser le cercle de la pauvreté et de la frustration. Notre travail commence à être bien connu, et nous avons l'honneur de pouvoir accompagner des jeunes dont la vie a complètement changé grâce à ce que nous faisons. Il y a par exemple Helena, qui s'est mise à travailler dans la décharge déjà quand elle était enfant, renonçant rapidement à aller à l'école. A 13 ans, elle a emménagé avec Gudinho, maintenant son mari, qui se débrouillait pour survivre de petits travaux de construction occasion- nels. La survie était un combat permanent, surtout après la naissance de leurs trois enfants. Il y a quelques années, Helena a pris contact avec quelques-uns de nos collaborateurs de Mãos que Criam, puis participé à plusieurs de nos cours organisés tout spécialement pour les femmes. Ensuite, elle a exprimé le vœu de continuer à se former, et de faire quel- que chose de sa vie. Quand un collaborateur lui a parlé de Jésus, elle a commencé à s'intéresser à la foi chrétienne et à s'y investir, ce qui l'a to- talement transformée. Elle a reçu la force de se détourner de la drogue et des activités criminelles, et nous a rejoints pour travailler comme bé- névole dans notre projet. Elle a fini par retourner à l'école – pour obte- nir son certificat en janvier 2017, à l'âge de 32 ans. Maintenant, Helena aimerait commencer des études de pédagogie. Entre-temps, Gudinho est aussi de retour sur les bancs de l'école, il devrait terminer cette an- née. Plus de 1000 groupes formés Grâce au projet ProAGRO, SAM global désire amener la population ru- rale en Guinée à de meilleures conditions d’existence par l’amélioration de la gestion des terres et des récoltes. La base est constituée par un cours de deux jours sur les thèmes de l’environnement, la fertilité des sols, des nouvelles méthodes de pro- duction et l’alimentation. L’application concrète suit, dans un champ de démonstration. Chaque étape du travail est mise en pratique, afin que les participants au cours puissent appliquer les méthodes de manière autonome dans leurs propres champs. L’étape suivante est la création d’une banque de céréales, où plusieurs agriculteurs peuvent entrepo- ser et gérer ensemble une part de leur récolte. Cela les aide à surmonter les périodes creuses récurrentes dans l’approvisionnement et à mettre sur pied une activité économique. Le projet a démarré en 2010. Depuis lors, 25 collaborateurs guinéens parcourent le pays pour enseigner ces cours ; plus de 1000 groupes ont déjà été formés. Les méthodes de ProAGRO sont appliquées de plus en plus souvent et nous recevons de nombreux échos des agriculteurs dont la situation a été durablement améliorée au travers du projet. Martin HOLLENSTEIN Collaborateur du projet Mãos que Criam

Daniel BERGER, ancien collaborateur de ProAGRO

Actuellement dans le monde de l’Islam

Printemps arabe, propagation de l'islamisme radical, flux migratoires – le doute n'est plus possible : les choses bougent dans le monde mu- sulman. Benjamin Josi en a parlé lors de la fête de SAM global, montrant en quoi cela nous concerne. Depuis 1900, les musulmans augmen- tent en nombre dans le monde entier. Ils représentent aujourd'hui environ 23 % de la population mondiale (environ 1,6 milliard). On peut définir actuellement trois réalités qui déterminent et mar- quent l'islam et les musulmans : 1 ère réalité, plus de radicalisme que jamais. On observe deux sortes d'islam : un is- lam contextualisé, modéré et occidenta- lement acceptable – et face à lui, un is- lam violent et conquérant, qui se répand de plus en plus. C'est un vrai défi pour beaucoup de mu- sulmans : en Occident, ils sont mis à rude épreuve entre conservatisme et moder- nité. Dans les régions où l'islamisme ra- dical est répandu, ils souffrent de la vio- lence et se demandent de plus en plus quel est le vrai islam et ce qu'est un au- thentique musulman. 2 ème réalité, plus de victimes que jamais. D'innombrables personnes, plus que ja- mais auparavant, souffrent actuellement de la violence islamiste. La plupart de ces victimes sont musulmanes, et non pas chrétiennes ou adeptes d'autres croy- ances. Beaucoup de gens s'enfuient : 65 millions de personnes sont en fuite dans le monde, dont 80 % de musulmans. 3 ème réalité, plus de musulmans que jamais découvrent Jésus. Beaucoup de musulmans sont déçus de l'islam, perplexes et ouverts aux al- ternatives. Actuellement, il y a plus de musulmans qui se tournent vers Jésus que jamais auparavant dans l'histoire. On voit bouger beaucoup de choses en Afrique et en Asie parmi les musulmans

qui marchent avec Jésus, dont certains habitent la fenêtre 10/40, une zone pour laquelle on a prié intensément pendant des années parce qu'il ne s'y trouvait pra- tiquement aucun chrétien. Les réfugiés, qui arrivent ici de régions fermées, ont connu eux aussi des décep- tions. Il arrive souvent que ce soit en Euro- pe qu'ils entendent pour la première fois parler de l'histoire de Jésus. Dans chaque chapitre de l'histoire, depuis Abraham et durant toute l'histoire de l'Eglise, Dieu a utilisé les flux migratoires pour se faire connaître aux êtres humains. Il en ira de même aujourd'hui ! Quelle est notre réalité ? Avec quelle attitude abordons-nous les musulmans dans notre environnement et dans le monde entier ? Dans la haine ou l'amour, avec crainte ou avec le re- gard de Dieu, avec indifférence ou solli- citude ? Si nous rencontrons les victimes de l'islam avec amour et dans un esprit de service, nous en verrons beaucoup s'ouvrir au message de la réconciliation. Cet accueil dans l'amour jette des ponts et fait la différence. Je rêve que d'innombrables chrétiens or- dinaires nouent des relations ordinaires avec desmusulmans ordinaires, en Suisse et dans le monde entier. Dieu n'a pas be- soin de héros, mais de personnes comme les autres qui soient simplement disponi- bles ; des ratés qui se remettent debout, des faibles qui se laissent remplir de sa force ! Peu importe que les défis actuels nous paraissent immenses, insurmontables, nous savons que Dieu n'est pas dépassé. Jamais. Résumé de l'exposé de Benjamin Josi à la fête de SAM global 2017 Lectures conseillées : « Un souffle dans la maison de l’islam », de David Garrison (Ed. Première Partie) « Tu seras une bénédiction (Transmettre la bénédiction de Dieu aux musulmans) » de Benjamin Josi (Ed. Frontiers)

14

Coup d’oeil dans La base au pays

« La prière n’est pas tout, mais sans prière, tout est rien »

vous s'accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux... » A côté de cela, plus de 1200 personnes reçoivent notre lettre de pri- ère quatre fois par an, avec un sujet pour chaque jour. Ce chiffre re- cule d’année en année. La raison principale en est l’âge des interces- seurs. A certains moments, la question de la relève me préoccupe. C’est pourquoi je suis heureux de savoir qu’en même temps, le nom- bre de personnes qui reçoivent nos sujets de prière hebdomadaires par mail augmente : chaque semaine, nous envoyons notre mail de prière à plus de 1200 personnes, et 800 personnes supplémentaires reçoivent un mail d'un projet ou d'un autre. Les formes que prend la communication changent, mais la prière existe toujours. A SAM global, nous croyons que Dieu prend soin de tout – pas seulement financièrement : Dieu enverra de nouveaux in- tercesseurs. Des personnes qui souffrent et se réjouissent avec nous, qui luttent et gagnent avec nous. Des personnes qui servent en cou- lisses et savent que leurs prières sont déterminantes afin que nos collaborateurs puissent travailler, que les projets aillent de l’avant et avant tout pour que des personnes de toutes les nations soient en contact avec l’amour de Dieu. Secret, mais aussi mission De temps en temps, je pense que je n’ai pas vraiment réalisé ce que nos prières changent, ou ne changent pas car nous n’avons pas prié. Sinon, d’après moi, la prière prendrait encore plus de poids. La prière est et demeure un secret, mais également une mission. Je termine avec cette citation de Johannes Hartl : « La prière n’est pas tout, mais sans prière tout est rien. » Cela vaut la peine d'y réfléchir !

Répartis dans toute la Suisse, des intercesseurs se rencontrent pour élever vers le ciel les sujets de SAM global. Les façons de faire et de prier ne sont pas tou- jours les mêmes. Ce qui ne change pas : des person- nes qui savent que Dieu répond volontiers aux pri- ères et qui ont découvert que tout notre travail serait vain sans l’action de Dieu. 35 personnes sont rassemblées ce jeudi après-midi à la FEG de Thoune. Ce sont tous des intercesseurs de la ré- gion qui se réunissent régulièrement pour prier en petits groupes pour les sujets de SAM global. Tous ces groupes se réunissent une fois par an pour échanger. Les collabo- rateurs et responsables de pays racontent à cette occa- sion les dernières nouvelles des pays d'engagement. J’ai le plaisir de partager une pensée de la Bible, de raconter les nouvelles de la base suisse et de transmettre en per- sonne notre reconnaissance. A l’époque des e-mails, de WhatsApp et de Skype, les contacts personnels restent importants. En partageant un café et un morceau de gâ- teau, une femme âgée m'informe qu’elle a participé pour la première fois en 1949 à un événement organisé par SAM global. Je suis surpris de sa fidélité. Ce même après- midi, nous remercions également deux responsables de groupes de prière qui passent la main à des successeurs plus jeunes. Elles avaient dirigé ces groupes de prière pendant plus de 30 ans tout naturellement, comme si c’était une évidence. Je suis infiniment reconnaissant à Dieu pour ces perles, qui ont persévéré à travers les hauts et les bas, ainsi que pour la relève qu’il a suscitée. Prier : à l’époque, aujourd’hui et dans l'avenir SAM global a été fondée il y a 128 ans. Nous tirons profit de cette longue histoire, de fidèles amis de notre mis- sion. Il existe encore environ 30 groupes de prière*, qui intercèdent essentiellement pour nos sujets. Ce sont souvent de petits groupes, mais cela n'a aucune impor- tance, car Jésus a promis dans Matthieu 18.20 d’être par- mi eux, quel que soit le nombre. Et au verset 19, il a pro- mis encore plus : « Je vous dis encore que, si deux d'entre

Albert ZIMMERLI, responsable du secrétariat de la base au pays

* Il y a également plusieurs groupes de prière en Suisse Romande qui se réunissent régulièrement pour porter les sujets de SAM global. Par e-mails, il y a aussi plusieurs centaines de personnes qui reçoivent nos sujets de prière hebdomadaires ou trimestriels.

Dès le berceau

Quand on a 8 mois, on va là où vont nos parents. C'est ainsi que je suis « allé » au Brésil à cette époque, car mes parents y étai- ent engagés en tant que collaborateurs interculturels. J'ai pu au cours des années suivantes observer en direct leur façon de comprendre et de vivre leur travail.

Une formation en mécanique automobile, non sans arrière-pensées

J'ai su très tôt que j'allais travailler un jour ou l'autre dans ce do- maine, de préférence comme pilote, car tel était mon désir à ce moment-là. Je ne crois pas que je comprenais réellement ce que ce travail signifiait. C'était plutôt un style de vie que j'avais « reçu dès le berceau » : c'était la vie que je connaissais et dont je jouissais, et il n'y avait pour moi aucune autre option. Cela m'a aussi influencé dans le choix de mon métier : j'ai choisi un apprentissage de mécanicien auto parce que j'étais certain que je pourrais bien utiliser ces aptitudes et ces connaissances à l'étranger. Sans aucun doute, la décision de mes parents de se rendre au Brésil comme collaborateurs interculturels m'a fortement marqué. Je suis retourné en Suisse pour ma formation professionnelle, ce qui n'a pas été une période facile. La culture suisse est tellement différente de la culture brésilienne dans laquelle j'ai grandi. Mais j'ai pu m'appuyer fortement sur Dieu et expérimenter son soutien. J'ai réussi à bien m'habituer à la culture suisse, y voyant quantité d'aspects positifs et apprenant beaucoup en matière d'éthique pro- fessionnelle ou d'organisation. Le plus important … Mon plan a tenu bon, même pendant les années passées en Suisse – j'avais envie de retourner dans le travail interculturel ! J'ai donc suivi une formation théologique au Canada. J'ai commencé durant ce temps-là à comprendre de mieux en mieux ce que Dieu avait en vue pour moi. Je n'ai plus simplement continué à imiter le che- min et le style de vie de mes parents. Dieu m'a montré pas à pas où il souhaitait m'employer et ce que j'aurais à y faire. Il m'a montré durant un stage pratique où se situaient mes points forts, et là où j'avais encore des manques. J'ai aussi appris que le plus important, c'est de servir Dieu et de vivre dans son amour, peu importe où il nous place. Et ce n'est pas vrai seulement pour quelques élus, c'est le mandat de tous les chrétiens, aussi bien en Suisse qu'en Afrique ou en Amérique latine. De retour au Brésil Je retourne au Brésil et je travaillerai dans le même projet que mes parents parce que Dieu m'y a conduit. Il m'a donné la passion d'accompagner de jeunes chrétiens et m'a montré par divers événe- ments ces dernières années que le Brésil serait ma prochaine étape. Voir comment de jeunes chrétiens cheminent avec Dieu et décou- vrent leur vocation m'enthousiasme. Je ne finirai pas nécessairement ma vie au Brésil. Mon chemin me conduira peut-être par la suite dans un autre pays, et je servirai tout simplement Dieu là où il m'enverra, car je lui appartiens.

Joel ROGGENSINGER a grandi au Brésil et il collabore à ProSERTÃO depuis le mois d'octobre pour un engagement à long terme.

Les courts termes et les enfants de nos collaborateurs nous parlent de leur vie.

16

Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24

Made with FlippingBook - Online magazine maker