01-2018 F

A M S g l o b a l

SERVE AND MULTIPLY 1/2018

Transformation for

BUSINESS

Pris sur le vif

1/2018 sommaire

Des vieux générateurs et de la valeur des gens

Il y a de cela peu, j’étais au travail avec Pascal, l’un de nos apprentis, dehors devant la maison. Il faisait déjà sombre et nous avions besoin de lumière et de courant pour diver- ses réparations. Nous laissions donc tourner notre antique générateur MAG. Nous étions justement en train de graisser l’arbre de trans- mission du pick-up et de préparer l’auto pour son prochain voyage lorsque notre garde de nuit est arrivé. Comme tou- jours il était de bonne humeur et voulait faire un brin de causette. Lorsqu’il a vu le générateur il a remarqué d’un ton un peu méprisant qu’il était vraiment vieux : « Vous n’avez pas d’argent pour en acheter un neuf ? » Mon ap- prenti a rangé son matériel discrètement et s’est en allé avec un grand sourire. Il se doutait bien de ce qui attendait notre veilleur ! Presque une petite maison Ma position par rapport aux « vieilles choses » est en effet bien connue et j’ai dit plus d’une fois à quelqu’un : « Si tu soignais ta moto et en prenais soin, elle atteindrait peut- être le même âge que notre générateur ! Et avec l’argent économisé – si tu le mettais de côté – tu pourrais presque construire une petite maison. » C’est vrai, je le reconnais : malgré ses 30 ans de travail en Suisse, ce générateur puis- sant a été bien entretenu, et sa qualité n’est pas compa- rable à celle des produits importés bon marché que l’on trouve ici. Mais tout de même… Tout l’or du monde ne suffit pas L’intelligent garde de nuit a interprété correctement le sourire de l’apprenti et a déclaré spontanément : « Nous perdons probablement beaucoup d’argent parce qu’entre nos mains tout se casse si rapidement. Nous ne connais- sons pas assez les règles de la technique, ou nous les igno- rons. » Je me suis permis d’ajouter : « Il serait encore plus important de reconnaître la valeur d’un être humain et d’en tenir compte ». Il y a à peine quelques semaines, nous avons dû enterrer une jeune femme, morte des suites atroces d’une mutila- tion génitale. Tout l’or du monde ne suffirait pas pour acheter l’ongle du doigt d’un petit enfant, et encore bien moins pour remplacer un être humain ! C’est de cette fa- çon précieuse que Dieu a créé l’homme. Il lui a donné une valeur et une dignité. J’espère que par mon travail ici je peux rendre à ces gens un peu de leur dignité.

Fredi RAYMANN, collaborateur de ProTIM 2-2-2 en Guinée

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EDITORIAL

Encore une expression en anglais ! Certes, mais le véritable initiateur transcende de loin nos amis anglo-saxons puisque c’est le Créa- teur lui-même qui est à l’origine du travail. En lisant les articles qui suivent nous découvrons que le business et les valeurs de l’Evangile sont des choses parfaitement compatibles et qui font même partie de l’arsenal de Dieu pour pé- nétrer la société, la façonner et la transformer. L’entreprise dirigée selon les critères des Saintes Ecritures a le pouvoir de marquer positivement son environnement et de faire de l’économie un vecteur de bénédictions pour les popula- tions. Elle est alors un outil au service de tous les hommes et non un moyen d’enrichissement et de domination pour quelques privilégiés. Dans ce sens, une entreprise B4T renforce parti- culièrement sa raison d’être lorsqu’elle s’installe dans des régions où la misère et l’injustice frap- pent durement la plus grande partie de leurs populations. Sa vocation est de servir et d’être une bénédiction pour les clients, les fournis- seurs, les employés, et finalement elle devient un instrument de transformation pour la cité. L’entreprise B4T exprime l’amour et la bonté de Dieu et permet d’être une lumière qui brille dans les ténèbres. Les ONG chrétiennes sont-elles en train de con- cocter une nouvelle théologie de mauvais goût pour essayer de faire face à leurs défis ? Pour vous assurer du contraire, je vous invite à lire le texte de Stefan Jacob « Une théologie du travail » en page 8 pour découvrir que ce n’est rien de nouveau mais que cela correspond depuis tou- jours à une conception de Dieu. Naturellement ce concept de l’économie fondée sur une éthique biblique est tout au- tant valable chez nous en Occident et il est certain que plus il y aura d’entreprises B4T dans nos pays et plus le monde du travail retrouve- ra un visage humain où tout un chacun pourra profiter pleinement des largesses de Dieu. Sur ce, je vous souhaite une lecture pleine de bénéfices.

Christophe REIFSTECK, Directeur dép. Europe Francophone

PS : Si vous avez l’âme d’un entrepreneur et que vous vous sentez interpelé par les sujets traités dans cet ALLONS, n’hésitez pas à nous contacter !

B4T… mais qu’ c’est ?? Envoyer des gens à l’étranger n’est plus très « en vogue » dans nos com- munautés. Le besoin d’un effort mis- sionnaire dans nos régions augmente alors que le travail à l’étranger tombe de plus en plus dans l’oubli. Mais nous avons encore en 2018 une mission à accomplir - dans le monde entier – et pour y répondre, de nouvelles pistes sont toujours nécessaires. Depuis quelques années on entend dans les communautés et œuvres chrétiennes des termes comme «Business as Mis- sion», «Business du Royaume», «esprit d’entreprise éthique» ou encore «Busi- ness for Transformation, abrégé B4T» (en français quelque chose comme «des af- faires qui amènent à une transformation» ou «des entreprises qui transforment»). Qu’entendons-nous par là ? Tous ces termes décrivent une combinai- son de business et de service spirituel. La définition du business comme mission (BAM) et du business pour la transforma- tion (B4T) est un peu plus spécifique : On comprend par là des entreprises in- terculturelles qui font du profit et qui servent en même temps pour la gloire de Dieu les hommes et la société. On les fonde et les développe de manière ciblée afin qu’elles soient en bénédiction aux déshérités de pays difficilement attei- gnables et pour créer des places de tra- vail à l’étranger. Caractéristiques d’une entreprise B4T Le travail interculturel se développe. Il n’est pas figé mais doit être adapté à l’époque et aux conditions. Le B4T est une de ces nouvelles formes qui offrent une solution aux divers défis du temps présent. Une entreprise B4T a les caracté- ristiques suivantes : • Elle cherche par son activité à faire du profit : contrairement aux projets

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st-ce que

leurs de Jésus. Par le contact étroit avec les collaborateurs, les partenaires et les clients, nous pouvons montrer de façon toute pratique aux gens sur place ce que cela signifie de suivre Jésus aujourd’hui, dans un environnement exigeant. Nous pouvons dans la pratique quotidienne montrer tout naturellement comment affronter une corruption rampante, ce que la confiance et l’honnêteté signi- fient, qu’il faut tenir parole, comment on peut dans des situations difficiles se tourner vers Dieu et attendre des répon- ses concrètes, et bien d’autres choses encore. Les collaborateurs B4T profitent de plus, en tant que businessmen, d’une image solide, valable pour tous et ne suscitant pas de suspicions. Ces aspects ne sont pas forcément évidents pour tous ceux qui travaillent dans un contexte inter- culturel, surtout lorsque leur intention ou leur mission auprès des autochtones n’est pas suffisamment évidente. Selon le type d’entreprise il est aussi possible d’avoir accès rapidement et simplement à diverses familles et réseaux de relations. Finalement le Business pour la transfor- mation donne de nouvelles impulsions lors de la recherche de collaborateurs étrangers. Sur le terrain, il ne nous faut plus « simplement » des menuisiers, des enseignants et du personnel médi- cal, mais également des personnalités qui pensent affaires, des pionniers, des personnes créatives qui ont de bonnes idées concernant un produit ou un ser- vice. On cherche des entrepreneurs, des businessmen qui dirigeront grâce à leurs connaissances les collaborateurs B4T et serviront de coaches pour le lancement de ces nouvelles entreprises. Selon le cas vous pouvez aussi devenir partenaire de l’un de ces projets, mettre votre connais- sance ou votre technologie à disposition ou offrir du capital risque. Il est évident que le Business pour la transformation dans un pays étranger pose aussi de nombreux défis. Le déve-

d’entraide « classiques » les entrepri- ses B4T génèrent un revenu et idéale- ment se financent elles-mêmes. Elles dépendent ainsi moins des autres. • Elle permet d’obtenir un visa pour des collaborateurs qualifiés venant de l’étranger : dans de nombreux pays les possibilités de travail des ONG étrangères sont de plus en plus res- treintes. Cela entraine souvent des difficultés à obtenir ou à prolonger des visas. Les visas d’affaires sont par contre plus faciles à décrocher. • C’est un outil global : les fondateurs et les managers ne désirent pas seu- lement diriger une entreprise qui génère du profit mais montrer aussi aux gens l’amour de Dieu en le par- tageant autour d’eux. Grâce au travail quotidien avec les collaborateurs, les fournisseurs et les clients, de nom- breuses occasions se créent de servir les autres. • Son action est éthique et sociale : l’entreprise se caractérise par un comportement respectueux des lois, transparent et correct ainsi que par un positionnement social permanent. Elle aimerait ainsi influencer la société de manière positive. • Elle crée de nouvelles places de tra- vail : la création de places de travail et de possibilités de gain fait partie des moyens les plus efficaces et dura- bles pour lutter contre la pauvreté et l’immigration. L’encouragement et la promotion des collaborateurs a un ef- fet de multiplication. L’entreprise uti- lise avant tout les ressources locales. Chances et défis d’une B4T Grace à son action globale l’entreprise B4T n’offre pas seulement la chance de créer des places de travail urgemment nécessaires et correctement rémuné- rées mais aussi de vivre explicitement et de façon naturelle le message et les va-

loppement et la direction d’une entre- prise sont déjà en Suisse quelque cho- se d’exigeant. C’est d’autant plus le cas dans un pays où il y a moins de sécurité sur le plan juridique et où il existe plus de risques financiers et juridiques. Il faut aussi se renseigner sur l’état d’un mar- ché étranger et de ses concurrents pour avoir du succès. Les collaborateurs B4T doivent apprendre à se mouvoir dans un contexte de bureaucratie et de corrup- tion. En plus de leur travail, ils doivent se familiariser avec une langue étrangère, nouer des contacts et soigner les rela- tions. Le désir d’être au service des gens et de transmettre l’amour de Dieu autour de soi doit être plus important que la réus- site de l’entreprise. On doit être cons- cient que dans certains pays, le risque de devoir un jour quitter les lieux et aban- donner l’entreprise est très grand, mal- gré toutes les précautions prises. Des exemples ? Il y a actuellement beaucoup d’exemples d’entreprises B4T et il n’y a aucune limite à la créativité : offres de voyages dans la zone méditerranéenne, entreprises de négoce dans la région du Golfe, conseils technique aux entreprises du gaz et du pétrole, entreprises techniques dans le domaine de la médecine en Asie du sud- est, blogs passionnants sur l’Asie cen- trale, instituts de langue en Afrique du Nord et bien d’autres. Laissez-vous sur- prendre par Dieu sur ce qu’il a en réserve pour vous ! Une notion connue dans ce do- maine est aussi le « business so- cial », que l’on peut lier au prix Nobel Muhammad Yunus. Dans le cas d’un « business social » les in- vestisseurs renoncent à des gains spéculatifs. Le but de l’entreprise est plutôt de résoudre des pro- blèmes sociaux et écologiques.

Pourquoi le

Un vent violent souffle actuellement contre les œuvres et ONG chrétiennes – cela vaut aussi pour SAM global. Obtention de visa plus difficile, augmentation des activités fondamentalistes et/ ou contrôles plus stricts rendent un engagement à long terme plus compliqué précisément dans les pays où notre travail continuerait justement à être nécessaire. Nous ressentons cela particulièrement fortement en Asie. En Chine, SAM global n’a depuis plusieurs années plus aucun collaborateur à long terme sur place. En Inde, la situation pour les chrétiens s’est clairement dégradée depuis les dernières élections et les organisations internationales actives dans le pays sont strictement contrôlées. Il y a quelques mois à peine, le gouvernement indien a retiré leur licence à 20‘000 ONG internationales, ce qui a signi- fié la fin de milliers de projets de développement. Au Sri Lanka aussi il devient de plus en plus difficile d’obtenir les autorisations pour des projets. B4T comme nouvelle chance Nous avons donc besoin de nouveaux chemins pour que SAM global puisse continuer à prendre sa mis- sion au sérieux – et le Business for Transformation est une approche prometteuse dans ce sens. B4T ne doit toutefois pas être pour nous simplement un moyen pour cette seule fin de contourner l’octroi plus difficile des visas et de parvenir à entrer légale- ment dans un pays grâce à un visa commercial. Nous souhaitons plutôt servir les gens de l’endroit par des entreprises et commerces, et les soutenir. Dans le monde du business, il s’agit souvent de pouvoir, de maximisation du gain et de prestige, particuliè- rement dans les endroits où la corruption est très présente. Nous souhaitons créer des sociétés qui fassent une différence, des entreprises dans lesquel- les les valeurs chrétiennes soient vécues, qui soient là pour les gens et les considèrent avec respect. Un accent particulier doit être mis sur la multiplica- tion : nous voulons engager des locaux et les encou- rager de manière à ce qu’ils puissent eux-mêmes en former d’autres. De plus, nous voulons leur montrer comment créer leur propre commerce et par là de nouvelles places de travail. Tout comme la significa- tion de SAM : Serve And Multiply – servir et multi- plier. Premiers résultats encourageants Dans quelques pays, nous travaillons déjà avec l’approche de B4T : Pro AGRO , Guinée (image 1) Avec le projet ProAGRO, nous aimerions améliorer la situation agricole en Guinée. Dans ce but, des col- laborateurs locaux sont formés dans le domaine de l’agriculture. Ils voyagent ensuite dans divers villages et enseignent à la population comment améliorer leurs méthodes agricoles et augmenter les récoltes. Les résultats des méthodes améliorées sont si con- vaincants que la demande ne cesse d’augmenter : le projet a démarré en 2010 et il y avait déjà 20 colla- borateurs locaux en route en 2016, qui ont organisé 300 formations pour des groupes intéressés. Dans un deuxième temps, des banques de céréales avec

est-il intéressant pour SAM global ?

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une capacité allant jusqu’à 20 tonnes de riz sont construites afin de stocker et gérer correctement la récolte. ProAGRO met dans ce but un crédit à disposition, qui doit être remboursé en trois ans. Grâce à cet argent, de nouveaux espaces de stocka- ge peuvent être cofinancés. Action VIVRE , Guinée (image 2) La formation professionnelle est importante pour le développement durable d’un pays : avec une bonne formation pratique, les jeunes adultes ont de meilleures chances de travail, une perspective pour l’avenir et peuvent contribuer par leurs con- naissances et leurs compétences à faire monter le niveau dans leur domaine professionnel. C’est pour cette raison que nous avons ouvert des écoles professionnelles pour artisans dans plu- sieurs endroits de Guinée. La formation se déroule en collaboration avec des artisans locaux, chez qui les apprentis peuvent collecter des expériences pratiques supplémentaires. Certains projets sont déjà presque autosuffisants en raison des comman- des nombreuses qui rentrent – la réputation de la bonne qualité du travail se répand rapidement. Un premier diplômé du cours de mécanique a entretemps ouvert son propre atelier, afin de pou- voir y former lui-même un apprenti. Lighthouse Battambang , Cambodge (image 3) Pour soutenir des familles défavorisées de ré- gions agricoles, le projet « Lighthouse Serving » a démarré au Cambodge : entre une et trois vaches sont installées chez des paysans pauvres. Ces ag- riculteurs sont suivis et encouragés – ils appren- nent à s’occuper correctement des animaux, à les faire se reproduire puis finalement à les vendre (plus d’informations en page 18). Au travers de cela, les agriculteurs peuvent générer leur propre revenu et faire des pas importants en direction de l’indépendance. Une partie des revenus est rever- sée dans le projet. L’initiateur du projet Lukas Bern- hardt s’exprime : « Comme nous menons ce projet clairement comme un business, nous pouvons regarder les agriculteurs dans les yeux et aucune fausse attente ne se développe. Nous pouvons ainsi parler des questions de la vie et de la foi plus librement. » Prochaines étapes En tant que SAM global, nous voulons consciem- ment développer le B4T étape par étape. C’est ainsi que nous pourrons promouvoir des changements durables dans les pays dans lesquels nous travail- lons et servir les gens de manière globale. Nous cherchons pour cela de nouveaux collaborateurs avec une expérience commerciale et des idées créatives. Vous avez peut-être une idée – ou vous souhaiteriez travailler vous-mêmes sur place dans le domaine du B4T ? Alors prenez contact avec nous : engagement@sam-global.org

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Ulrich HALDEMANN, responsable Asie

et la Bible –

Notre culture occidentale a été très fortement influencée par l’idée grecque qui veut que notre pensée, c’est-à-dire l’esprit, prime et que le matériel ne vient qu’ensuite. Cette façon de penser se nomme le dualisme. On la retrouve dans diverses religions et cultures – et en partie aussi dans les communau- tés chrétiennes. Mais est-ce que cela correspond à la vision de Dieu ? Pour la suivre, nous devons nous pencher sur Dieu lui-même et sur le début de la Bible. Voici quelques textes et versets bibliques sur ce thème : Dieu dit et cela s’accomplit Dieu ne s’intéresse pas à la philosophie ou à la religion, mais lorsqu’il dit quelque chose cela se matérialise. Pour lui, l’esprit et la matière vont de pair. Genèse 1.1–20 : « Dieu dit et cela fut » (toute la création). Jean 1.1 et 14 : « ... et la Parole devint chair et habita parmi nous. » Dieu n’a pas envoyé une pensée, mais son Fils. De même, il nous envoie nous, des êtres humains de chair et de sang. Nous ne devons pas seulement parler, mais aussi faire la volonté de Dieu (Matthieu 7.21 ; Jacques 1.22 etc.).

Le travail et nous Mais il n’y a pas que Dieu qui travaille. En notre qualité d’images de Dieu, nous som- mes également créés pour cela. Dans Genèse 2.15, il est écrit : « L'Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jar- din d'Eden pour le cultiver et pour le gar- der. » Cela s’est passé avant la chute et corres- pond au plan initial. Le travail n’est donc ni une punition, ni une malédiction. Le travail, dans la vision de Dieu, se déroulait en étroite collaboration et en relation avec lui. Nous sommes un vis-à-vis pour Dieu, nous effectuons notre part, et c’est Dieu qui fait croître. Mais alors, que s’est-il passé avec le travail ? Pourquoi est-ce souvent difficile, pourquoi existe-t-il de l’exploitation, pourquoi cela ne suffit-il parfois qu’à peine pour vivre ? Dans Genèse 3, on trouve le récit de la chu- te et ses diverses conséquences. Dans les versets 17 à 19, il est écrit que le sol cultivé est maudit (pas le travail) et que dans le fu- tur le pain devra être gagné avec peine et sueur. Comme beaucoup d’autres choses qui ne fonctionnent plus après la chute ainsi que Dieu l’avait prévu au départ, il en est de même pour le travail. Mais Jésus a surmonté cette malédiction et le travail peut à nouveau se dérouler en collabora- tion étroite avec Dieu. Le travail, tel que Dieu l’a voulu, n’est pas une punition, mais au contraire apporte de la dignité, du sens et de la satisfaction. Le travail est aussi une façon par laquelle Dieu prend soin de nous. Il est pourtant ici important de mettre le bon éclairage : la confiance ne doit pas êtremise sur l’activité, mais sur Dieu. Il peut prendre soin de nous de diverses manières, mais la majorité du temps il choisit le travail car l’être humain est fait pour cela, et cela lui fait du bien.

Pas de séparation entre foi/église et vie de tous les jours

Dans le milieu de l’église, le mot « service » n’est souvent utilisé qu’en lien avec l’engagement dans la communauté. Cela ne cor- respond toutefois pas à la compréhension de Dieu. La tâche de la communauté est d’équiper les croyants pour servir. La commu- nauté n’est pas le but exclusif du service, mais le service se trouve là où vivent les individus, dans leurs familles, à leurs postes de travail, dans leurs villages.

Dieu travaille

Nous voyons à plusieurs endroits que Dieu lui-même travaille et qu’il le fera pour toujours : Genèse 2.8 et 19 : « Puis l'Eternel Dieu planta un jardin en Eden. » ; « L'Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. » Jean 5.17 : « Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit (travaille) jusqu'à présent ; moi aussi, j'agis (je travaille). »

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ne théologie du travail

effectuerions un bien meilleur ouvrage, prendrions plus de res- ponsabilités et pourrions ainsi amener plus de changements positifs. La question n’est plus comment je quitte le plus rapide- ment possible mon travail pour m’occuper de mes propres af- faires, mais comment je sers Dieu dans le lieu où je suis comme « envoyé » et occasionne des changements.

Une petite remarque en aparté : dans Exo- de 31.1–6 il est fait mention de Betsaleel, le premier homme à être rempli du St-Esprit pour travailler comme artisan. Comment le travail peut-il être une punition si Dieu donne son Esprit pour travailler ?

Conclusions pour un « Business for Transformation »

La préoccupation de Dieu c’est les personnes

• Une entreprise ne doit pas avoir pour seul but de générer de l’argent ou d’avoir accès à un pays pour offrir un service spi- rituel, mais est précieuse en soi et importante pour les gens. Le travail apporte la dignité, le sens, l’identité, la commun- auté, ce qui nous fait matériellement vivre, la croissance, etc. • Le travail aide à ancrer des valeurs et des principes impor- tants dans la vie des gens. Dans l’histoire, on trouve beau- coup d’exemples de grandes percées au niveau des églises. Beaucoup d’entre elles sont toutefois restées superficielles – il y a eu peu de changements dans la société et dans les vies des particuliers. De nouvelles valeurs, manières de penser et d’agir, un entraînement du caractère, … sont nécessaires pour des changements profonds et un développement à long terme. Une entreprise est un bon terrain d’exercice où cela peut se produire. • Le business est un outil de Dieu pour apporter des change- ments divins dans ce monde. Le commerce en entreprise doit être un signe de la présence de Dieu, l’honorer et ac- compagner les personnes dans son royaume (intendance). Les entreprises sont un bon moyen pour rencontrer les défis et les besoins dans la société, la façonner, présenter des mo- dèles économiques alternatifs, créer des places de travail et ainsi être en bénédiction pour les personnes et le pays.

A travers toute la Bible, nous lisons par- tout que la préoccupation majeure de Dieu c’est nous, les humains. Il veut que nous ayons une relation avec lui, que nous croissions et nous développions. Il sait aussi qu’une connaissance intellectuelle seule ne provoque pas de changement. C’est pourquoi il nous donne des respon- sabilités, un travail et des tâches, car ce moyen nous permet de nous exercer, et c’est une clé pour notre croissance. Nous aussi nous devons investir dans l’humain et son développement. Pour cela, la classe d’école ou le culte ne suffit pas - pour former profondément les gens il est nécessaire de disposer de plus de temps et du terrain d’exercice adéquat. Dans les cultures occidentales, mais aus- si dans beaucoup d’autres cultures, nous passons beaucoup de temps sur notre lieu de travail. Par conséquent, c'est un envi- ronnement idéal pour encourager et for- mer les gens. Notre responsabilité Colossiens 3.23–24 nous invite ainsi : « Tout ce que vous faites, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur un héritage pour ré- compense. » Ces versets parlent explicite- ment du travail. Que se passerait-il si nous avions tous cette attitude dans notre travail ? Nous

Stefan JAKOB, conseiller d’entreprise

Stefan Jakob dirige l’entreprise www.vitaperspektiv.ch, active dans les domaines du coaching, de l’aide aux entreprises et de la formation du personnel. A côté de cela, il dirige l’école www.sbgnet.ch pour des prin- cipes de commerce bibliques. Au fil du temps, il a accumulé beaucoup d’expérience dans le travail d’entraide.

« Je peux engager des personnes en marge de la société »

ou des femmes qui étaient sur la voie de la prostitu- tion - et auxquelles j'ai ainsi pu offrir une alternative. Je trouve très belle la façon dont les employés se soutiennent et deviennent comme une petite famil- le. Quelques-uns parmi eux ont également appris à connaître Dieu par leur travail. Mon café est en outre une excellente occasion pour entrer en contact avec les habitants de Battambang, les servir et leur venir réellement en aide. Ici au Cambodge, les personnes ont par ailleurs pour habitude de croire qu'elles te sont redevables lorsque tu leur donnes quelque chose. Mais si tu col- labores avec elles au niveau commercial et leur viens en aide ainsi, ce sentiment ne prend pas le dessus et elles gardent leur dignité. Quels défis rencontres-tu ? A Battambang, on trouve de nombreux expatriés venant du monde entier qui se retrouvent souvent en groupes. Lorsque cette « société d'expatriés » a appris que j'était chrétienne, les gens ont commen- cé à faire circuler des rumeurs au sujet de mon com- merce. Ils affirmaient notamment que je forçais les employés à se convertir au christianisme, ce qui ne correspond cependant pas à ma manière d'agir, ni à mes principes. Une fois, des employés ont volé de l'argent dans la caisse. Cela a été très difficile, car je ne savais pas comment gérer la situation. Que conseillerais-tu aux personnes qui envisagent de créer une entreprise B4T ? Elles devraient se poser trois questions : » Est-ce que Dieu t'appelle à gérer/construire un business ? » As-tu une équipe prête à te soutenir dans la prière ? » Es-tu prêt/e à t'engager pour le business que tu aime- rais mettre en place ? De plus, je suis convaincue qu'il faut donner plus de poids aux indications de Dieu et à sa propre expérience qu'à une éventuelle lacune de formation. L'interview a été menée par Elias Gerber et Lukas Bern- hardt, collaborateurs à la Lighthouse Battambang, Cambodge.

A Battambang au Cambodge se trouve le café de So- phia* – un projet B4T typique. La fondatrice, origi- naire des USA, relate dans l'interview comment cela s'est mis en place, quels défis elle rencontre et quels conseils elle aimerait donner à d'autres. Comment en es-tu arrivée à ouvrir un café ? Déjà enfant, je jouais souvent au « café » avec ma fa- mille et plus tard, cette passion pour le service aux clients est restée. De plus, Dieu m'a mis à cœur de me mettre au service des autres. Lors d'une prome- nade dans Battambang, j'ai remarqué une maison abandonnée - et cela m'a amenée à l'idée d'y ouvrir un café. A l'époque, il y avait très peu de bons restau- rants et dans chacun d'eux il manquait quelque cho- se. Mon café devait d'une part être vraiment là pour les gens et offrir d'autre part le « service complet » : eau gratuite, du bon café, livraison à domicile, un ex- cellent service, duWi-Fi et une climatisation. De plus, il était important pour moi de pouvoir y amener ma personnalité de faire ainsi de ce café quelque chose d'unique. J'en avais assez de tous ces projets qui ne s'appuient que sur des dons en provenance de l'étranger. Je voulais construire quelque chose d'autoporteur afin de pouvoir ensuite faire progresser le café avec les recettes encaissées, ou soutenir d'autres projets. Cela fonctionne déjà assez bien maintenant et la ma- jorité des bénéfices est aujourd'hui utilisée pour le paiement de salaires équitables aux employés cam- bodgiens. Comment cela a-t-il commencé ? Tout d'abord, nous avons récolté de l'argent au tra- vers d'un site de collecte de fonds et cherché du ma- tériel pour l'équipement. Les tables, les chaises ou la machine à café – tout était d’occasion. Puis les cho- ses se sont enchaînées et en décembre 2010, le café a pu ouvrir ses portes. Qu'apprécies-tu particulièrement dans ton café ? En tant que gérante, je peux fixer moi-même les conditions d'engagement. Il m'est ainsi possible d'engager également des personnes en marge de la société. J'ai déjà eu une employée atteinte du SIDA, Pourquoi as-tu construit ce café selon les principes du B4T ?

*Nom d'emprunt

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Les écoles de langues se sont avérées être l'une des méthodes B4T les meilleures et les plus efficaces au niveau international. D'une part, la demande est croissante dans notre monde de plus en plus globalisé et en réseau digital, d'autre part les besoins pour leur gestion sont modé- rés, ce qui laisse suffisamment de temps libre pour soigner les contacts. En Inde, l'anglais est depuis un bon moment une langue de prestige : c'est très important lorsqu'on veut obtenir un bon travail, mais seule une mino- rité de privilégiés peut s'offrir des cours d'anglais et maîtriser la langue cou- ramment. Tous les autres n'ont pas accès à cette possibilité – ni à l'espoir d'un avenir meilleur. Parmi les ethnies particulièrement défavorisées dans ce pays, on trouve les quelque 180 millions de musulmans qui vivent surtout dans la région du nord, très pauvre. SAM global aimerait contribuer à ce que ces personnes aient également l'opportunité de poursuivre leur formation, d'apprendre un meilleur métier et d'entendre parler de l'amour de Dieu. Nous collabo- rons de ce fait avec un partenaire qui offre des cours d'anglais en Inde : dans des centres d'apprentissage, les intéressés bénéficient d'un enseignement encadré par des professionnels. Dans les clubs d’anglais, ils améliorent leur niveau de conversation, approfondissent leurs compétences et s’expriment sur différents sujets. De nombreux étudiants aiment particulièrement dis- cuter de religion – et posent toujours de nouvelles questions au sujet de la foi chrétienne. Facteurs de succès des écoles de langues En dehors de notre partenaire en Inde, d'autres organisations ont égale- ment fait de bonnes expériences B4T avec des écoles de langues. Pourquoi en est-il ainsi ? Si le B4T doit fonctionner, il est indispensable que les initiateurs ne soient pas complètement submergés par les activités de leur entreprise. La vi- sion B4T nécessite qu'on mène d'une part une entreprise bien structurée et orientée vers un bénéfice et que d'autre part, les responsables disposent de suffisamment de temps et d'énergie à investir pour les hommes et pour les relations, afin de pouvoir leur transmettre l'amour de Dieu de façon très pratique. Dans les écoles de langues, ces deux aspects peuvent très bien être com- binés : dans les centres d'apprentissage de notre partenaire en Inde par exemple, trois formateurs enseignent environ 200 étudiants dans dix clas- ses. Ils travaillent à mi-temps et ont ainsi suffisamment d’espace pour les contacts avec les étudiants et avec d'autres personnes de leur entourage. A la fin de chaque session, de nouveaux étudiants viennent s'ajouter, ce qui permet aux enseignants d'élargir leur réseau de relations. C’est votre chance Afin de pouvoir soutenir notre partenaire et offrir à encore davantage de personnes défavorisées un avenir meilleur, nous cherchons des collabora- teurs, soit pour travailler dans les centres d'apprentissage d'anglais de notre partenaire, soit pour ouvrir eux-mêmes de tels lieux. Si vous avez les musulmans à cœur et êtes en possession d'un diplôme d'enseignement de l'anglais (p. ex. CeltaTraining Certificate), vous êtes exac- tement la personne que nous cherchons ! Saisissez votre chance et mettez vos connaissances et votre dévouement au service de ces personnes. Votre exemple marquera et transformera de nombreuses vies.

Ecoles de langues en Inde

Ulrich HALDEMANN, responsable pour l'Asie

Qu’est-ce qui est important pour fonder un

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et comment s’y prendre ?

Chercher des idées et les évaluer Où trouver des idées ?

Prière

• Expérience personnelle : de quoi suis-je capable, que sais-je ? • Recherche en ligne, consultation de répertoires de startups, lecture de rapports sur les pays • Voyages de reconnaissance • Première analyse de marché, entretiens avec divers spécialistes et clients potentiels (critiques) • Voir avec les yeux des clients • Consulter Google AdWords Vers des produits innovants : • Créer des nouveautés (cf. Doodle) • Reprendre ce qui existe et l’améliorer (cf. aspirateur Dyson) • Repenser une chose connue (cf. iPad) Considérer les idées • Collecter des idées • Choisir des idées • Evaluer les idées Entreprises B4T existantes • Ecole de langues • Institut de micro-crédits • Atelier spécialisé pour véhicules à moteur • Service de compostage et conseil agricole • Fabrication d’aliments pour les animaux • Masques de protection contre la pollution atmosphérique • Blogs de cuisine régionale • Gîtes touristiques • Voyages aventures • Gym crossfit, offres de fitness • Présentations

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Choisir la forme de l’entreprise

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Startup, nouvelle affaire Représentation, agence Succursale ou filiale Reprise de commerce

Franchise

Phase test dans une entreprise existante

Effectuer une analyse de marché

Etablir un business plan

Quatre ingrédients essentiels

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L’idée doit t’enthousiasmer

Le potentiel commercial doit exister Le client doit être prêt à payer le prix L’offre doit être unique, différente

« Tuyaux » de Richard Branson, entrepreneur britannique

• Acquérir de très bonnes connaissances du marché et du contexte • Offrir un produit ou un service excellent, qui améliore la vie des gens • Connaître exactement les besoins du marché • Ecouter son intuition, mais également vérifier les données et les faits

Qui est qua- lifié pour un B4T ?

La formation professionnelle et théologique a été pendant long- temps « le parcours normal » pour un collaborateur interculturel. Mais de quoi a-t-on besoin pour établir un « Business for Trans- formation B4T » dans une culture étrangère ? Celui qui désire démarrer un B4T de- vrait avoir une vision et une passion pour les trois objectifs suivants : 1. Une entreprise qui fonctionne : Il est important que l’entreprise soit rentable financièrement ou à tout le moins que les frais de fonction- nement puissent être couverts. Ce faisant, elle doit être établie et diri- gée d’après les valeurs bibliques. Un bénéfice éventuel est réinvesti judi- cieusement et de nouveaux postes de travail sont créés. 2. Des personnes satisfaites : Au travers d’un traitement et d’un salaire corrects ainsi que d’un sou- tien individuel, les collaborateurs doivent se sentir respectés et esti- més, et découvrir ainsi quelque chose de l’amour de Dieu. Le but, ce sont des collaborateurs satisfaits qui parlent avec enthousiasme de leur place de travail. Les clients, fournis- seurs et partenaires doivent aussi se sentir estimés de manière toute pratique. 3. Un changement positif dans la société : L’entreprise doit être en bénédiction pour les collaborateurs et leurs fa- milles, pour les clients et pour toute la société. Là où elle se trouve, elle doit transformer durablement cer- taines choses et contribuer à amé- liorer la vie des gens. L’affaire doit être connue pour son honnêteté, sa droiture ainsi que ses bons produits ou services. Voilà comment elle glo- rifiera Dieu ! De quoi a-t-on besoin pour monter sa propre entreprise ? Les startups sont dans l’air du temps. En 2014, 457,2 millions de francs ont été investisdansdes startupsenSuis- se, en 2016 c’était près du double (908,2 millions)*. Toujours plus de jeunes adultes désirent collaborer à une startup, voire en fonder une eux-mêmes. Pourquoi pas saisir ce

désir d’autonomie et mettre enœuvre à l’étranger nos idées et innovations, avec des effets positifs d’autant plus grands ? Mais d’abord, quelles sont les qualifications nécessaires pour pouvoir fonder sa propre entreprise ? Les qualités suivantes sont attribuées à un bon commerçant, homme ou femme : • Evaluation réaliste de la situation du marché et des produits • Idée concrète des affaires, suivie de manière conséquente • Esprit d’initiative, créativité, flexibi- lité, recherche de solutions • Attitude de base optimiste, goût du risque, courage d’essayer et d’échouer • Facilité de coopération, endurance et détermination, résistance • Position claire envers des valeurs telles que l’honnêteté, la durabilité, les relations respectueuses avec les collaborateurs • Pour un B4T, il faut aussi une sen- sibilité interculturelle, une capacité d’adaptation à l’environnement sur place. Cela semble très exigeant, et bien évi- demment pratiquement personne ne remplit tous ces points. Lorsqu’on est conscient de ses limites, on s’entoure de collaborateurs, partenaires et coa- ches qui apportent soutien et com- plémentarité. De plus, nous avons souvent ten- dance à nous sous-estimer. Pourtant, quand on jette un regard sur le « Glo- bal Competitiveness Report » qui éva- lue les capacités de concurrence et de rendement de certains pays, on voit que la Suisse (rang 1) et l’Allemagne (rang 5) se trouvent en tête de liste. La Belgique (rang 17) et la France (rang 21) sont aussi en bonnes positions sur les 138 pays mentionnés. Sans au- cun doute, il existe donc en Suisse, en France et en Belgique, une quantité de personnes qui disposent des capa- cités pour démarrer ou influencer un B4T. Laissez-vous défier ! Si vous avez la passion de montrer l’amour de Dieu de manière concrète à des personnes défavorisées dans d’autres cultures, si vous désirez transformer positive- ment la société et si vous avez le sens des affaires, nous devrions faire votre connaissance ! Nous vous accompa- gnerons volontiers pour mettre sur pied un B4T !

Jürg PFISTER, directeur de SAM global *startupticker.ch

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Vivez votre vocation en vous engageant dans une nouvelle tâche !! Le thème Business for Transformation a-t-il éveillé votre intérêt ? Vous avez une idée en tête, ou vous désirez en savoir plus sur ce thème ? Annoncez-vous auprès de nous – nous vous soutenons volontiers dans la réalisation de votre projet ou bien mettons plus d’informations à votre disposition pour vous aider : ecublens@sam-global.org

Vous souhaitez vous investir dans un projet B4T existant et y apporter vos idées ? Nous cherchons :

Inde Enseignant/e d’anglais en possession d’un certificat CELTATraining ou diplôme équivalent pour collaborer à l’enseignement dans une école de langues (un court sé- jour de quelques mois est aussi envisageable) ou pour démarrer de nouvelles écoles de langues. CambodGE Agriculteur/trice, Agronome, Spécialiste fourrager/ère : Vos connaissances vous permettront de soutenir notre directeur de projets par l’enseignement et la formation d’agriculteurs afin qu’ils puissent générer leurs propres revenus par l’élevage de bovins (un engagement court terme est envisageable). Sri Lanka Contremaître ou spécialiste de la construction pour l’école de métiers CCS de Trincomalee pour la formation de jeunes artisans de la construction, par la théorie et la mise en pratique, en démarrant une petite entreprise de construction. Guinée Artisan/e ayant des qualités particulières pour la for- mation et le commerce afin d’aider de jeunes apprentis artisans à se former pour générer des revenus et, selon les circonstances, à pouvoir démarrer leur propre en- treprise (un engagement court terme est envisageable). Tchad Chef/fe de projet pour l’accompagnement d’une école privée, la formation d’enseignants ou pour du travail de contacts.

Faites-nous connaître vos qualités et votre passion pour travailler à l’étranger – vous pouvez accomplir beaucoup de choses !

D’autres places et informations disponibles sous : www.sam-global.fr

Un jour dans la vie de

Ruedi Stark

Lorsque je repense à ce que j’accomplis chaque jour ici à Trincomalee je suis tout d’abord reconnaissant pour toutes les journées qui me sont données d’y vivre, qu’elles soient remplies de tâches et de travail, im- portantes oumoins importantes. Je suis aussi reconnaissant - alors que j’arrive plus rapidement qu’auparavant à mes limites - de la présence de Jésus qui me soutient et m’apporte de la joie malgré les difficultés. Cela fait maintenant plus de six ans que nous sommes affairés à la construc- tion de l’école des métiers « College of Construction Skills » (CCS) de Trinco- malee au Sri Lanka, dont nous dirigeons la construction en collaboration avec des artisans locaux et des expatriés venus de Suisse pour de courts séjours. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas et les tâches sont multiples : surveillance des chantiers, organisation du travail, cours théoriques, corres- pondance, formation théorique des apprentis, achat de matériaux de con- struction, dessins des plans, calcul des charges, recueillement avec ici et là, la préparation d'une prédication, décompte de salaires, aide aux apprentis à trouver des solutions à leurs problèmes - bref, un beau méli-mélo d’activités. Difficile de prévoir ce qui va arriver et quelle sera la prochaine urgence néces- sitant une solution immédiate. Les seuls points fixes sont le début de journée à 5h30 du matin, et en principe, le repas communautaire de midi, plus les trois pauses durant lesquelles un verre de thé très sucré nous est servi, tradition perpétuée au Sri Lanka depuis le temps des colons anglais. La fin de journée est marquée par le temps des devoirs pour les apprentis, les entretiens avec les superviseurs, et le temps de chapelle (service religieux), un mélange de méditations, de moments de prières et de lecture de la Bible. Parfois le soir nous profitons de faire une excursion en ville pour des achats, ou nous nous accordons une courte pause pour un repas au restaurant de la plage. Dieu merci j’ai appris au cours des années à toujours jeter un regard vers le haut dans mes moments de stress pour m’en remettre directement à mon di- vin chef de chantier qui m’apporte sa paix en fin de journée. Sur le chemin de la transformation Notre but ultime est la transformation de nos apprentis afin qu’ils deviennent des citoyens qualifiés et responsables pour le Sri Lanka. Notre désir à leur en- contre est qu’ils trouvent et vivent l’amour de Dieu en s’engageant sur le che- min d’une pleine relation personnelle avec Jésus-Christ. Nous nous astreignons ici journellement à cette tâche - cela nous aide beau- coup à garder notre but constamment devant les yeux, et ainsi à nous souve- nir du sens de notre travail.

Ruedi STARK, fondateur de l’école des métiers CCS au Sri Lanka

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Court terme : une année qui s'est dédoublée

Eté 2017 : dans quelques heures, je m'envole vers la Suisse. Les dix mois que je viens de passer en Guinée ont filé comme un souffle. Mais si je re- pense àmon arrivée, je discerne très clairement tout le chemin parcouru pendant ce temps, et je me réjouis tellement de vivre une deuxième année ici ! Après ma formation d'institutrice, j'ai enseigné pendant une année en Suisse. A cette époque, une connaissance m'a appelée : que dirais-tu de t'engager un an en Afrique pour y enseigner ? Je vais y réfléchir, ai-je répondu. L'idée ne m'a plus quittée et deux mois plus tard, j'ai décidé une fois pour toutes d'aller pas- ser une année en Guinée. La direction de l'école n'était pas très contente, on m'aurait volontiers gardée. Le directeur a néanmoins ajouté qu'un engagement à l'étranger faisait bon effet dans un curriculum vitae. Et c'est ainsi que tout a démarré, en septembre 2016. Avoir un impact Je me suis vite trouvée à l'aise en Gui- née et après trois ou quatre mois je me sentais comme à la maison : des relations amicales se sont lentement nouées avec des Guinéens, j'avais une assurance croissante dans le contact quotidien avec les gens, l'équipe était géniale, mon travail me plaisait et j'aimais tout simplement la vie en Afri- que. De plus, je peux vraiment avoir plus d’impact ici qu’en Suisse. Je me suis mise à réfléchir à la possibi- lité de faire une deuxième année. Par ailleurs, j'aimais mon travail en Suisse et j'aurais volontiers retrouvé ma « vieille » école. J'ai dit à Dieu : « Soit mon ancien- ne école, soit la Guinée ! »

Je me suis donc annoncée chez mon an- cien employeur – mais n’ai reçu aucune réponse.

Pour moi, personnellement, c'était et c'est toujours clair : si Dieu m'a appelée ici, il tient aussi tout le reste dans ses mains. Je ne dois pas me soucier de ce qui se passe et se passera en Suisse, car il s'en occupera. Qu'est-ce que je fais réelle- ment ici ? Quand on pense à l'école en Afrique, on imagine surtout une petite sal- le de classe assez délabrée dans la- quelle s'entassent une cinquantaine d'enfants. Chez moi, le tableau est as- sez différent : j'enseigne deux enfants de collaborateurs suisses. Si ces enfants fréquentaient l'école pu- blique de Guinée, on pourrait difficile- ment les réintégrer un jour dans le sys- tème scolaire suisse à cause du faible niveau guinéen. Puisque je m'occupe de leur scolarisation, leurs parents, dé- chargés de ce souci, peuvent se con- sacrer entièrement aux tâches liées au projet. En plus de l'enseignement, j'ai toujours assez de temps libre pour m'immerger dans la vie africaine et as- sumer d'autres tâches.

Un coup de cœur

A la longue, j'ai commencé à être gê- née de ne pas savoir ce qui m'arriverait l'année suivante. J'en ai parlé avec ma colocataire et nous avons conclu que Dieu voulait peut-être que je prenne une décision et que je l'assume de tout cœur. J'ai donc décidé de faire une deu- xième année en Guinée, sans en parler encore autour de moi. Le lendemain ma- tin, la réponse de l'école est arrivée brus- quement dans ma boîte e-mail : nous ne pouvons malheureusement pas vous proposer une place de travail pour le moment ! J'ai pris cette réponse comme une confirmation de la part de Dieu que j'avais fait le bon choix. Quelques semai- nes plus tard, j'ai quand même reçu une offre pour un travail de rêve dans cette école. Mais je ne me suis pas perdue dans mes pensées à ce sujet, car j'avais pris ma décision, qui me remplissait de paix et de joie. Quelle bonheur de ne pas devoir fai- re mes adieux après une année, mais de dire tout simplement « A bientôt » ! Oui, l'Afrique est vraiment devenue mon chez-moi.

Il prendra soin !

Noémie STAUB effectue actuellement sa deuxième année court terme dans ActionVIVRE Sud

Je me suis bien sûr posé quelques ques- tions tout au long de cette prise de déci- sion, concernant surtout la vie en Suisse : qu'est-ce que je rate ? Quels effets ces deux années en Guinée auront-elles sur ma carrière, sur mes relations ? Est-ce que je pourrai me réadapter ?

Les courts termes et les enfants de nos collaborateurs nous parlent de leur vie.

NEWS

Une vache reçue en cadeau conduit à une idée de projet De nombreuses ONG travaillent au Cambodge, s’occupant de toutes les situations imagi- nables – de l’éducation scolaire aux soins médicaux en passant par la lutte contre la traite humaine. Ce que la plupart d’entre elles ont en commun, c’est une dépendance totale des dons de l’étranger. De notre côté, nous désirons absolument éviter que les cambodgiennes et cambodgiens avec qui nous travaillons restent dépendants de l’argent occidental pen- dant toute leur vie. Il y a deux ans, nous avons reçu une vache, et une idée a commencé à germer dans nos esprits : voilà comment soutenir les familles pauvres des régions campagnardes, sans les rendre dépendantes de nous ! Nous plaçons une à trois vaches chez les paysans intéressés, et accompagnons les familles pour mettre bas les premiers veaux et les élever. La vente de ces animaux leur permet de générer un revenu. Ensuite, la somme déterminée à la signa- ture du contrat est rendue au projet Lighthouse Serving, pour y être réinvestie. Un ancien étudiant devenu chef de projet Après une phase test de deux ans, deux paysans ont intégré le projet, avec sept vaches. Nous sommes convaincus de la durabilité et de l’utilité de ce travail et aimerions continuer à le développer. Comme le suivi des paysans prend beaucoup de temps, nous avons enga- gé Sovorth, 22 ans, comme chef de projet. Sovorth a habité chez nous à Lighthouse Living quand il était adolescent, et c’est pendant cette période qu’il a engagé une relation person- nelle avec Jésus. La vision de Lighthouse lui a tellement plu qu’il a décidé de travailler avec nous, dès qu’il a terminé ses études – exactement le genre d’homme qu’il nous fallait pour gérer ce projet ! Ses tâches principales sont l’enseignement et l’accompagnement des paysans, dans le but de les voir augmenter leurs revenus, ainsi que le développement et la professionnalisation du projet. Dans tout ce qu’il fait, il a souvent l’occasion d’aborder ses motivations avec les paysans, et de parler de l’amour de Dieu – il peut témoigner des cœurs qui s’ouvrent et des gens qui se laissent contaminer par son espérance et son enthousiasme. Aimeriez-vous en savoir davantage sur un projet ou un pays ? Nous publions des NEWS de nos projets deux fois par année – abonnez-vous gratuitement ! ecublens@sam-global.org ou ++41 (0)24 420 33 23

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Coup d’œil dans la base au pays

Quel est en fait le travail des responsables de pays ?

Nous sommes quatre « responsables de pays » dans la base administrative et avons en commun des visions, des rêves et une passion pour les êtres hu- mains d'une région ou d'un pays par- ticulier. Quand Jürg Pfister parle de la Guinée, ses yeux brillent d'un éclat spécial. Bea Ritzmann se prévaut vo- lontiers d'excursions aventureuses sur l'Amazone et de nuits dans un hamac, quand elle ne rend pas compte des dé- veloppements en Angola. Quant à notre responsable pour l'Asie, Ulrich Halde- mann, c'est lui qui entreprend les plus longs voyages et qui mange les menus les plus exotiques. A mon point de vue, les pays du Sahel sont les plus impor- tants de nos pays d'engagement. Je m'engage avec enthousiasme pour le développement au Tchad, au Cameroun et au Burkina Faso. Les voyages de supervision annuels repré- sentent un aspect important et réjouissant de notre travail. Il s'agit surtout d'évaluer les progrès des projets et de cultiver les re- lations. Nous débattons de l'état du projet avec les intervenants, menons des consi- dérations stratégiques et échangeons avec les collaborateurs sur leur situation person- nelle. Les visites auprès des partenaires de projets revêtent une importance croissan- te, vu que nous avons de moins en moins de collaborateurs européens. Nous discu- tons avec eux des effets du travail effectué, arrêtons les mesures à prendre et tenons conseil sur des initiatives et de nouvelles idées. Conseiller, encourager, transmettre La majeure partie du temps, nous ne sommes pas en voyage, mais devant

Compatir et se réjouir Notre travail est varié, exigeant et passion- nant. Nous compatissons en cas de dif- ficultés et de coups du sort et nous nous réjouissons quand des situations, des personnes ou des communautés entières évoluent positivement. C'est pour moi un grand privilège de contribuer, avec les col- laborateurs dans les pays d'engagement, à l'amélioration des conditions de vie des personnes sur place.

l'ordinateur ou au téléphone. La coordi- nation des projets et des programmes re- quiert beaucoup d'échanges avec les par- tenaires et les intervenants. Nous offrons des conseils face aux décisions à prendre, des encouragements en cas d'échec, et une médiation lors de conflits. Au bureau, nous cherchons des idées pour la promo- tion des projets avec l'équipe de communi- cation et discutons de la mise en page des brochures avec le graphiste. Nous établis- sons le budget et un plan de financement avec le département des finances et rédi- geons des rapports intermédiaires et des compte rendus annuels. Un autre aspect de notre travail, plutôt décevant ces derniers temps, concerne la recherche de nouveaux collaborateurs. Nous établissons des descriptions de pos- tes et rédigeons des offres d'emploi avec le département du personnel. Nous tenons fréquemment un stand de présentation à l'occasion de conférences et de séminaires. Nous aimerions bien avoir plus de candi- datures – malheureusement ces derniers temps, les entretiens avec des collabora- teurs qui rentrent définitivement sont plus fréquents. Sur la brèche de manière variée Nous sommes souvent sur la route pour entretenir le lien entre les intervenants et leurs églises, entre les projets et ceux qui les soutiennent, pour organiser des cultes et collaborer avec les groupes de souti- en. Nous participons aux discussions de stratégie globale en tant que membres de l'équipe de direction, car en plus de la responsabilité de pays, d'autres tâches de SAM global nous incombent : direction gé- nérale, communication, personnel ou ges- tion de la qualité et du risque.

Andreas ZURBRÜGG, responsable des pays du Sahel et chargé de la gestion de la qualité et du risque

Profil d'un responsable de pays • Connaissance de langues étrangères • Intérêt pour les personnes • Aptitude à travailler en équipe • Compétences en leadership • Connaissances en gestion de projets • Expérience interculturelle • Connaissances bibliques appro- fondies • Aptitude à négocier • Aisance dans les contacts • Intérêt pour les autres cultures

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