FNH N° 1145 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 21 mars 2024 - 8 DH - N° 1145

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Un statu quo logique Taux directeur Les explications de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.

P. 9

Vers un Dirham plus flexible et plus agile RÉGIME DE CHANGE

● Une nouvelle réforme permettra bientôt de libérer le Dirham de son ancrage au panier de devises.

P. 10/11

Statut d’auto-entrepreneur

Hydrogène vert Décryptage de l’offre Maroc

Gaza La famine comme arme de guerre

Comment sauver un régime en perte de vitesse ?

P. 19

P. 28/29

P. 32/33

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 21 MARS 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : SOS emploi ! Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 4 5 6 7 4 ACTUALITÉ

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tookeez : «Nous favorisons la collaboration entre les grandes marques et les commerces de proxi- mité» L'UNIVERS DES TPME

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

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ans l'orbe des délibérations économiques, les chiffres ont une résonnance particulière, sur- tout pour un Maroc qui, aujourd’hui, se trouve à la croisée des chemins, confronté à un défi complexe : celui de sa croissance économique. Lorsque les statistiques se mêlent aux aspira- tions, l'écho de cette réalité se fait retentissant. Ainsi, au terme de sa première réunion de D Fragilités économiques l'année 2024, le Conseil de Bank Al-Maghrib a dessiné un tableau nuancé de l'état actuel de notre économie. Les chiffres peignent une image où l’optimisme mesuré se mêle à une certaine prudence, voire déception. D’un côté, l’on peut effectivement se réjouir de l’évolution de certains indicateurs macroéconomiques, comme notamment l’inflation qui a for- tement baissé pour se situer à 2,2%, ou encore la croissance non agricole qui devrait s’améliorer graduellement, soutenue notamment par les investissements publics. Le rythme de progression des activités non agricoles progresserait de 2,6% en 2023 à 3% en 2024, puis à 3,5% en 2025. De l’autre, les conditions climatiques et le stress hydrique font très mal à l’économie nationale. En témoignent les esti- mations de croissance de la Banque centrale, ramenées à 2,1% pour l'année en cours contre une croissance de 3,2% initialement prévue en décembre dernier. Ces chiffres, bien que prévisionnels, dessinent les contours d'une trajectoire économique fragilisée, où les soubresauts de la conjoncture mondiale se conjuguent aux aléas clima- tiques. Cette campagne agricole est en effet chahutée par des niveaux de précipitations faibles et inégalement répar- ties sur le territoire. Au final, selon les projections de Bank Al-Maghrib, la production céréalière serait très médiocre, avoisinant 25 millions de quintaux contre 55,1 millions une année auparavant, avec une valeur ajoutée agricole qui se contracterait de 6,4%. L'agriculture, pilier historique de notre économie, peine à retrouver sa vigueur passée. Les caprices de la pluviométrie ont imprimé leur empreinte sur nos cam- pagnes, réduisant la superficie emblavée des céréales et impactant drastiquement la production. Tout cela montre, encore une fois, la vulnérabilité de notre modèle économique qui, convenons-en, est en déphasage par rapport aux ambitions de développement du Royaume. Il y a bien eu une volonté affichée de changer de modèle, comme en témoigne le Nouveau modèle de développement (NMD). Sauf que la réalité a vite fait de prendre le pas sur la littérature économique, le NMD étant déjà jugé par certains obsolète. u

Gaza : La famine comme arme de guerre Islam – Immigration : Le carburant du débat poli- tique français !

Point Bourse Hebdo : Reprise de hauteur et sensa- tions sur les dividendes Taux directeur : Un statu quo logique Régime de change : Vers un Dirham plus flexible et plus agile Inflation : Leçon d'une inflexion réussie Banques : Crédit du Maroc se diversifie et accélère son développement Bourse : La semaine en chiffres 8 9 10 16 17 8 BOURSE & FINANCES

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SOCIÉTÉ

Hydrogène vert : Un écosystème avantageux pour les investisseurs Entretien avec Amine Bennouna : Hydrogène vert, Décryptage de l’offre Maroc 33 32 DEVELOPPEMENT DURABLE 32 Chercheurs de trésor : La quête de l’or au bord de l’océan Atlantique

18 19 ECONOMIE 19

Statut d’auto-entrepreneur : Comment sauver un régime en perte de vitesse ? Textile : Chute des exportations vers l’Union euro- péenne Industrie automobile : De nouveaux défis à relever pour assurer la souveraineté du secteur Entretien avec Driss Jabar : Souveraineté logis- tique, «Le Maroc connaît une transformation significative, mais des défis persistent» Fruits et légumes : La réforme des marchés de gros permettra-t-elle de stabiliser les prix ? Aide au logement : Peu d’intérêt des petits promo- teurs pour le programme

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34 Marché Informatique : Entre repli et résilience 34 HIGH-TECH

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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VOYONS VOIR

SOS emploi !

de leur énergie laborieuse. Cette migration, empreinte de nécessité, éclaire les disparités géographiques qui, trop souvent, engendrent des inégalités. Pourtant, le poids de ces inégalités ne se borne pas à la géographie. Il s’étend à la féminisation en baisse de la force de travail, particulièrement criante dans les régions rurales. Le profil des actifs montre ainsi que cette population est de moins en moins féminisée, avec un taux de féminité passant de 22,6% en 2022 à 22,1% en 2023. Ce constat est plus marqué en zones rurales (de 22,9% à 20,7%). Le défi de la qualification, crucial pour l’ave- nir économique du Maroc, est de taille pour un pays résolument tourné vers la moder- nité. Aujourd’hui, trop nombreux sont ceux qui peinent dans les tréfonds de l'analphabétisme, comme le montrent les chiffres : près de 50% des actifs n'ont aucun niveau scolaire ou ont le niveau fondamental en 2023. Une faible qualification encore plus prononcée en zones rurales où elle concerne 71,6% des actifs dans ce milieu.

La jeunesse se trouve particulièrement au cœur des enjeux. Offre-t-on aux jeunes les outils nécessaires pour transformer leur potentiel en réalité ? Leur offre–t-on suffisamment d’oppor- tunités pour intégrer le marché du travail ? L’économie marocaine génère-t-elle suffisam- ment d’emplois pour absorber la masse de jeunes qui se retrouvent sur le marché du tra- vail chaque année ? Les chiffres du chômage incitent, malheureusement, à répondre par la négative. Avec un taux qui est passé de 11,8% en 2022 à 13% en 2023, le chômage touche principale- ment les jeunes : il est passé de 32,7 à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2 à 20,6% (+1,4 point) pour les per- sonnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4 à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3 à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point). Clairement, trop de jeunes se perdent dans les abysses du chômage et de la désillusion. Au vu de ces données alarmantes, il est indéniable que le Maroc est à la croisée des chemins, confronté à un impératif incontournable : celui d'une croissance robuste, inclusive et durable dans le temps. Ce qui semble improbable pour une économie dont la croissance est drivée par l’agriculture, elle-même dépendante d’une plu- viométrie de plus en plus capricieuse. ◆

L e haut-commissariat au Plan (HCP) vient de publier une note édifiante concernant le marché du travail en 2023, qui dresse un portrait des caractéristiques et des principales tendances de la population active et ses composantes, notamment les personnes pourvues d’un emploi et celles en situation de chômage. Les données du HCP nous invitent à un examen approfondi des défis qui se dressent devant le Maroc. La première tendance saisissante réside dans le taux d'activité qui a diminué de 0,7 point entre 2022 et 2023, pour atteindre 43,6%. Cette baisse est la résultante de l'augmentation de la population en âge d’activité (15 ans et plus) et de la diminution du volume des actifs de 0,2%, résultat d’une hausse de 1,8% en milieu urbain et d’une baisse de 3,5% en milieu rural. Ainsi, alors que nos villes gonflent de vie, absorbant les aspirations de ceux qui cherchent un avenir meilleur, les contrées rurales semblent se vider Par D. William

Trop de jeunes se perdent dans les abysses du chômage et de la désillusion.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

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ÇA SE PASSE AU MAROC

L e ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a présidé, mardi 19 mars 2024, à Berrechid, la cérémonie d’inaugura- tion du nouveau complexe industriel du groupe Mutandis. Ce projet a nécessité un montant d’investisse- ment de 285 millions de dirhams et offre des opportunités professionnelles pour la communau- té locale en créant 250 emplois directs. Il ouvre des perspectives prometteuses pour l'expan-

Mutandis

Un nouveau complexe industriel de 285 MDH

Programme Intelaka

sion de Mutandis sur les marchés locaux et internationaux et contri- bue ainsi au développement de l’industrie marocaine. Couvrant une superficie totale de 40.000 m², ce complexe industriel se compose de trois usines principales, chacune spécialisée dans un domaine spé- cifique : une usine de détergence liquide, une usine cosmétique et une usine de boissons. ■

Un taux de rejet élevé de 40% L es crédits décaissés jusqu’à présent dans le cadre du Programme intégré d'appui et de financement de l'entrepreneuriat «Intelaka» ont atteint plus de 8 milliards de dirhams, a affirmé, mardi à Rabat, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. «Le programme Intelaka est suivi de près, pratiquement sur une base mensuelle par le Comité monétaire et financier que je préside personnelle- ment», a indiqué Jouahri, lors d’un point de presse tenu à l'issue de la première réunion du Conseil de BAM pour l’année 2024. Le wali a également fait savoir qu'en dépit des milliers de bénéficiaires qui ont pu profiter de ce programme, le taux de rejet reste élevé, atteignant 40%. Il a, dans ce sens, souligné l’importance des mesures d'ac- compagnement mises en place au profit des béné- ficiaires, précisant que le budget a été doublé afin d'assurer que cet accompagnement se déroule dans les meilleures conditions possibles et pour éviter les éventuelles difficultés rencontrées par les porteurs de projets. Jouahri a aussi noté qu'un projet de rapport élaboré par la Cour des comptes sur le programme Intelaka est actuellement en phase de discussion. Une fois finalisé, ce rapport sera rendu accessible aux parties prenantes. Évoquant les créances en souffrance, le wali a relevé l'importance cruciale de ce dossier, rappelant qu'une réunion récente s'est tenue à ce sujet, rassemblant toutes les parties pre- nantes, y compris le système bancaire, les sociétés de financement et les ministères concernés. ■

Marché du travail 2023

Près de 83% des chômeurs sont diplômés L a dernière publication du haut-commissa- riat au Plan (HCP) sur la situation du marché du travail en 2023, dresse un portrait des caractéristiques et des principales tendances de la population active et ses composantes (les per- sonnes pourvues d’un emploi et celles en situa- tion de chômage). Il en ressort qu’en 2023, la majorité des chômeurs (82,3%) réside en milieu urbain, et parmi eux 75,7% ont moins de 35 ans. De plus, 82,6% des chômeurs sont diplômés et 31,1% sont des femmes. Près de la moitié des chômeurs (51,2%) sont des primo-demandeurs d’emploi, et un pourcentage élevé (66%) est au chômage depuis une année et plus. ■

CIMR

Adoption d'une mesure inédite pour les retraités marocains

L a Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) a annoncé lundi 18 mars la mise en place d’une mesure significative visant à alléger les démarches administratives de ses retraités marocains résidant au Maroc, ayant justifié de leur vie à partir du 1 er janvier 2024, et dont la pension est servie au Maroc. A compter de cette date, l’attestation de vie aupa- ravant exigée périodiquement ne sera plus requise

pour le versement des pensions de retraite. En effet, qu’elle soit trimestrielle ou annuelle, la preuve de vie à travers l’activation de la carte Rahati auprès des agences bancaires, ou via la reconnaissance faciale par le biais de l’application mobile CIMR Dialcom a été supprimée. Elle laisse la place à un processus de contrôle de vie qui repo- sera dorénavant sur l’échange de données avec des administrations et institutions partenaires. ■

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ÇA SE PASSE EN AFRIQUE

Résilience climatique

2 milliards de dollars de dettes annulés Somalie

Un prêt de 1,3 milliard de dollars du FMI en faveur de la Côte d'Ivoire

Egypte

La Banque mondiale compte encore débourser plus de 6 milliards de dollars L a Banque mondiale (BM) prévoit de venir en aide à l'Egypte à hauteur de plus de 6 milliards de dollars sur trois ans, afin de lui permettre de mener à bien ses priorités en matière de développement, a annoncé l'institution basée à Washington. « Au cours des trois prochaines années, la Banque mondiale compte fournir plus de 6 milliards de dollars en soutien à l'Egypte », a indiqué la BM. Cela inclut, après approbation du Conseil d'administration de la Banque, « 3 milliards de dollars de soutien financier pour les pro- grammes du gouvernement et 3 milliards destinés au secteur privé, y compris la mobilisation» de capitaux privés pour finan- cer des projets. L'Egypte, pays arabe le plus peuplé, tra- verse actuellement la pire crise économique de son histoire, avec un besoin accru d'aide financière dans un contexte d'inflation galo- pante. ■ La croissance économique devrait atteindre 3,5% en 2024 Afrique L a croissance économique de l’Afrique, qui a fléchi pour atteindre une moyenne de 2,8% en 2023, devrait s’améliorer légèrement en 2024 pour réaliser 3,5% puis 4,1% en 2025, a indiqué la Commission éco- nomique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA-ONU), basée à Addis-Abeba. Toutefois, « l’atonie persistante de l’écono- mie mondiale, le durcissement des condi- tions financières mondiales, les niveaux d’endettement élevés des pays africains et les taux d’inflation relativement élevés devraient peser sur les perspectives de croissance de la région à court et à moyen terme », précise notamment le rapport de la Commission. ■

L a Somalie a conclu un accord avec des créanciers internationaux pour annuler 1,2 milliard de dollars de dettes auxquelles doivent s'ajouter 815 millions d'annulation de dettes bilatérales, selon le Club de Paris, qui regroupe ces pays créanciers. L'accord annoncé fait suite à l'approbation par le Fonds monétaire inter- national (FMI) et la Banque mondiale, en décembre, d'un plan de réduction d'endettement de 4,5 milliards de dollars portant sur le service de sa dette. La réduction de dette totale de 2 milliards de dollars représente 99% de la dette à l'égard du Club de Paris au 1er janvier 2023, précise le groupe infor- mel de pays créanciers. La dette extérieure de la Somalie est passée de 64% de son produit intérieur brut en 2018 à moins de 6% à la fin de 2023, selon le FMI. ■

L e Fonds monétaire international (FMI) vient d'approuver un accord au titre de la faci- lité pour la résilience et la durabilité (FRD) en faveur de la Côte d’Ivoire pour un montant de 1,3 milliard de dollars. « La Côte d’Ivoire est vul- nérable face au chan- gement climatique. La hausse des tempéra- tures, la perturbation des régimes de précipi- tations, les inondations, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion du litto- ral constituent autant de problèmes majeurs qui mettent fréquemment en péril la réalisation d’une croissance économique résiliente, durable et inclusive », indique le FMI. Cet accord accompagne- ra les réformes mises en œuvre par les autorités ivoiriennes pour améliorer l’adaptation au change- ment climatique et l’at- ténuation de ses effets, en particulier dans les domaines de l’agriculture, du transport, des infras- tructures et de la gestion des finances publiques, ajoute l’institution finan- cière internationale basée à Washington. ■

Ramadan sous le signe de l’inflation et des pénuries alimentaires Tunisie

E n Tunisie, le mois de Ramadan intervient cette année dans une conjoncture économique difficile marquée par la persistance des pres- sions inflationnistes et les pénuries de nombreux produits de base, compliquant davantage le quotidien des Tunisiens dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder. Avec une inflation qui dépasse les 7% et une sécheresse qui plombe les ren- dements agricoles depuis des années, plusieurs produits alimentaires parmi les plus demandés par les Tunisiens lors du mois sacré n’ont pas été épar- gnés par des hausses de prix qui ont rythmé les premiers jours du jeûne. Parmi les denrées alimentaires qui ont vu leur prix monter en flèche, figurent les viandes rouges et le poisson, contraignant les Tunisiens à chercher des alternatives plus abordables pour composer leurs plats ramadanesques. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Espagne

Japon

L'inflation annuelle en baisse à 2,6% en février Zone Euro

Les coûts de la main- d'œuvre en hausse fin 2023 UE L es coûts horaires de la main- d'œuvre ont progressé de 3,4% dans la zone Euro et de 4% dans l’ensemble de l'Union européenne (UE) au quatrième tri- mestre de 2023 par rapport au même trimestre de l'année pré- cédente, indique l'office européen des statistiques Eurostat. Dans la zone Euro, les salaires et traitements horaires ont augmenté de 3,1% et les coûts non salariaux de 4,2%, alors que dans l'UE, ces deux principales composantes des coûts de la main-d'œuvre ont res- pectivement progressé de 3,8% et 4,6%, souligne Eurostat dans ses dernières estimations. ■

12,3 millions de touristes à fin février 2024

La BoJ met fin à sa politique de taux négatifs

L a Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé de mettre fin à sa politique de taux d'intérêt négatifs, introdui- sant une hausse pour la première fois en 17 ans. A l’issue d’une réunion de deux jours, la BoJ a décidé d’appliquer désormais un taux d'intérêt à court terme entre 0 et 0,1%, estimant que son objectif d'atteindre une infla- tion stable de 2% est «en vue», a rapporté l’agence de presse nippone Kyodo News. Depuis 2016, la BoJ a maintenu les taux d'intérêt à court terme à -0,1%, dans le but d’inciter les banques commerciales à accroître leurs prêts et leurs investissements afin de relancer l’économie. Lors de sa réunion, la BoJ a éga- lement décidé d'abandonner son programme de plafonne- ment des rendements, en vertu duquel les taux d'intérêt à long terme sont restés à des niveaux extrêmement bas, et de mettre fin à ses achats d'actifs tels que les fonds négociés en Bourse. La BoJ était la dernière Banque centrale au monde à appliquer un taux négatif. ■

L e taux d’inflation annuel de la zone Euro a enregistré une baisse en février dernier pour s’établir à 2,6%, contre 2,8% le mois précédent, indique l’office euro- péen des statistiques Eurostat. En février de l’année dernière, ce taux était de 8,5%, relève l’office, notant que pour l’ensemble de l'Union européenne, l’inflation annuelle était de 2,8% en février dernier, contre 3,1% en janvier, alors que ce taux atteignait 9,9% un an plus tôt. Par rapport à janvier 2024, l'inflation annuelle a diminué dans vingt États membres, est restée stable dans cinq et a augmenté dans deux. ■

L es arrivées touristiques en Espagne depuis les aéroports internationaux connaissent une progression notable depuis le début de l'année, avec un total de 12,3 millions de touristes en janvier et février, selon les données publiées par l'Institut de tourisme d’Espagne (Turespaña). La croissance au cours de ces deux premiers mois de l’année a été enre- gistrée sur tous les marchés émet- teurs, avec une augmentation de 15,5% par rapport à la même période de 2023, a indiqué Turespaña. Pour le seul mois de février, le nombre de passagers arrivant en Espagne depuis les aéroports inter- nationaux a atteint 6,3 millions, soit 18,1% de plus qu'au cours du même mois en 2023. ■

Arabie Saoudite

L’ activité économique non pétrolière en Arabie Saoudite a atteint 50% du produit intérieur brut (PIB) national en 2023, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré, a annoncé le ministère de l'Économie et de la Planification. À prix constants, l'économie non pétrolière a totalisé 453 milliards de dollars, portée par une croissance soutenue de l'investissement, de la consommation et des exportations, a indiqué le ministère. Les investissements non gouvernementaux ont enregistré une perfor- mance sans précédent au cours des deux dernières années, affichant un taux de croissance de 57%, et portant leur valeur en 2023 à un niveau historique de 255 milliards de dollars, ajoute-t-on, relevant également la performance des secteurs des arts et du divertissement, dont la valeur a plus que doublé entre 2021 et 2022. ■ L'activité non pétrolière représente 50% du PIB national

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Reprise de hauteur et sensations sur les dividendes

L Boosté par des premiers résultats annuels solides, le marché actions repart à la hausse après deux semaines de retrait. a saison des résultats annuels a décidément contrebalancé le lot de lourdeurs qu’apporte habituel- lement le mois de Ramadan sur les actions. Après deux semaines de retrait, les acheteurs, plus déterminés depuis mercredi der- nier, ont repris la main sur les actions en relançant le Masi au- dessus des 13.000 points. Ce dernier a donc gagné 1,21% sur des volumes d’activité fournis de 624 MDH, qui confortent la por- tée du message haussier actuel. Cette semaine, des entreprises cotées ont dévoilé des perfor- mances intéressantes. Chez cer- tains émetteurs, cette vigueur s’est traduite par une distribution de dividendes généreuse, qui ravit les investisseurs et aiguise leur appétit pour le risque. Par Y . Seddik

Evolution de l'indice Masi depuis mars 2023

naires cette année pour la pre- mière fois depuis 2018. Un divi- dende de 6 DH par action a été proposé après un RNPG en amélioration de 60%. La socié- té s'engage même à distribuer plus régulièrement sans compro- mettre sa nouvelle politique d'in- vestissement. Un virage impor- tant est en cours du côté de Risma où les volumes acheteurs sont revenus en force vendredi. De son côté, Cosumar, qui fait état d’une amélioration du RNPG grâce aux performances opéra- tionnelles du Groupe et de la plus-value de cession de ses parts dans la raffinerie de Durrah, a proposé un dividende ordinaire de 7 DH, amélioré par une rému- nération exceptionnelle de 3 DH par action, soit un dividende total de 10 DH. Enfin, Crédit du Maroc, qui affiche une forte croissance des résultats, a également décidé la distribution d’un dividende uni- taire de 34,20 DH (contre 27 DH l’année passée). Durant la dizaine de jours res- tants du mois de mars, le mar-

TOP Performances

FLOP Performances

M2M Group IB Maroc Maghreb Oxygène

-11,64%

+10,53% +7,32%

Addoha Crédit du Maroc Risma

-6,73%

-6,54%

+6,65 %

ché sera particulièrement attentif aux dividendes proposés par les entreprises cotées. Les investis- seurs apprécient tout particulière- ment les entreprises généreuses en matière de dividendes. Sur le marché des taux, l’avant dernière séance d’adjudication du mois de mars 2024 s’est carac- térisée par un mouvement mitigé sur le marché primaire. En effet, les rendements des maturités 26 semaines et 15 ans ont reculé

de 2 pbs chacune et celui de la maturité 5 ans a avancé de 6 pbs en une semaine. La souscription du Trésor s’est ainsi établie à 4,0 Mds de DH face à une demande de 6,8 Mds de DH, soit un taux de satisfac- tion de 59%. La levée cumulée à ce jour pour le mois de mars s’établit à 8,6 Mds de DH, soit un reliquat à financer pour la pro- chaine séance estimé à 1,7 Md de DH. ◆

Plusieurs émetteurs ont fait sensation. On cite notamment Microdata qui a amélioré de 36% son dividende ordinaire à 36 DH, après des bénéfices en progres- sion de 34,2%. L’opérateur hôtelier Risma, qui sort d’un bon exercice 2023, a proposé de rétribuer ses action-

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 21 MARS 2024

BOURSE & FINANCES

Rachat de la Société Générale par MHE Jouahri s'exprime sur le dossier

 Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib

 Moulay Hafid Elalamy

Trésor et en titres adossés à des créances hypothécaires. L’ensemble de ces éléments ont justifié la décision du Conseil, qui était également attendu sur ses prévisions de croissance. Et sur ce point, grande surprise : la croissance a été revue à la baisse à 2,1% pour 2024 contre une prévision de 3,2% en décembre. Cette croissance timide est bien entendu attribuée à la campagne agricole dont le déroulement est marqué par des conditions clima- tiques globalement défavorables. Le cumul pluviométrique a atteint 170,5 mm au 10 mars, en baisse de 15,6% par rapport à la cam- pagne précédente et de 12,3% en comparaison avec la moyenne des cinq dernières années. Ces conditions affectent, selon le wali, la superficie emblavée des céréales qui se serait située autour de 2,5 millions d’hectares contre près de 3,7 millions une année auparavant. Ainsi, selon les projections de Bank Al-Maghrib, la production céréalière avoisinerait 25 millions de quintaux contre 55,1 millions une année auparavant. Dans ces conditions, la valeur ajoutée (VA) agricole devrait connaitre une contraction de 6,4%, après une hausse de 5,5% en 2023. En 2025, elle devrait rebondir de 12,8% sous l’hypo- thèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. ◆

Taux directeur

S'exprimant sur le deal annoncé entre l'homme d'affaires et ex-ministre, Moulay Hafid Elalamy, et le groupe français Société Générale pour le rachat de sa filiale marocaine, le wali de Bank Al-Maghrib a donné quelques infor- mations supplémen- taires. Selon Abdellatif Jouahri, qui prenait la parole à l'occasion du Conseil de politique monétaire, le top management du groupe français a rendu visite au wali au Maroc pour lui faire part des contraintes pru- dentielles qui pèsent de plus en plus sur le groupe en Afrique, lais- sant entendre qu'il sou- haite potentiellement se retirer. Le wali a précisé qu'il s'est juste contenté d'expliquer que le chan- gement de contrôle nécessite une nouvelle licence bancaire et une étude du projet pour donner un éventuel feu vert si la Banque centrale juge le nouvel actionnariat profitable à la banque et au système bancaire marocain. ◆

Un statu quo logique Sans surprise, et alors que l’inflation continue de reculer, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé.

N Par A. Hlimi

ouveau statu quo donc pour la Banque centrale. Une décision somme toute logique et anticipée, eu égard aux indicateurs concer- nant l’inflation. Car si l’indice des prix à la consommation affiche bel et bien un recul important, les anti- cipations d’inflation des opéra- teurs montrent à leur tour un retour à l’ancrage, avec la quasi-stagna- tion des anticipations d’inflation à moyen terme au premier trimestre de 2024. Et ce, telles qu’elles res- sortent de l’enquête trimestrielle de BAM auprès des experts du secteur financier, après deux tri- mestres successifs de baisse. Sur le plan de la transmission de la politique monétaire, les taux débi- teurs se sont stabilisés au dernier trimestre de 2023, l’augmentation totale depuis le début du res- serrement monétaire se mainte- nant ainsi à 112 points de base (pb) contre 150 pb pour le taux

directeur. La progression des taux a concerné davantage les entre- prises que les particuliers et a été moins importante pour les TPME que pour les grandes entreprises. Ailleurs dans le monde, les Banques centrales des principales économies avancées adoptent globalement une approche aussi prudente que Bank Al-Maghrib, maintenant inchangés leurs taux directeurs. Ainsi, à l’issue de sa réunion du 7 mars, la BCE a gardé inchangés ses taux d’intérêt pour la quatrième fois de suite. Elle a revu ses projections d’inflation à la baisse, en particulier pour 2024. Par ailleurs, lors de sa réunion des 30 et 31 janvier, la FED a égale- ment maintenu pour la quatrième fois de suite la fourchette cible du taux des fonds fédéraux inchan- gée à [5,25%-5,50%]. En parallèle, elle a indiqué qu’elle continuera à réduire les avoirs en titres du

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caire de devises. En d'autres termes, si des mouvements anormaux surviennent dans un sens ou dans l'autre, la Banque centrale interviendra pour indi- quer l'orientation qu'elle sou- haite donner» , a affirmé le wali. Contactés à ce propos, de nom- breux responsables de salles des marchés nous apportent plus d’éclaircissement sur cette réforme : «le prix du Dirham sera désormais déterminé par les forces du marché, c'est-à- dire par l'offre et la demande exprimées par les banques et leurs clients. Cela signifie que la valeur du Dirham fluc- tuera en fonction des besoins de l'économie marocaine» . En revanche, «la bande de fluctua- tion du Dirham sera vraisem- blablement maintenue, ce qui signifie que sa valeur ne pourra pas varier de manière exces- sive. Cette mesure vise à limiter les risques liés à la volatilité du marché». Pourquoi maintenant ? Les raisons sont multiples. D'abord, le système actuel bride la compétitivité du Dirham, le rendant vulnérable aux fluctuations des devises internationales. Ensuite, ce régime limite l'efficacité de la politique monétaire de BAM, qui peut se retrouver pieds et poings liés face aux chocs externes d’ampleur. En outre, la montée en force des expor- tations et le niveau relativement élevé des réserves de change sont de nature à faciliter cette transition. Selon une source du marché, le nouveau système réduira la dépendance du Maroc aux fluctuations de l'Euro, du Dollar et des matières premières. Cela permettra de mieux proté- ger l'économie marocaine des chocs externes. Également, la volatilité du Dirham sera désor- mais un facteur moins impor- tant pour les exportateurs marocains et les rendra plus compétitifs sur les marchés étrangers. «Par exemple, en 2022, un

Régime de change

Vers un Dirham plus flexible et plus agile

Une nouvelle réforme permettra bientôt de libérer le Dirham de son ancrage au panier de devises. Ce nouveau système réduira la dépendance du Maroc aux fluctuations de l'Euro et du Dollar qui ont connu une volatilité accrue ces dernières années. Les exportateurs marocains pourront mieux se positionner sur les marchés étrangers.

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Par Y. Seddik

ini le corset du panier de devises, composé de l'Euro (60%) et du Dollar américain (40%). Place à un régime de change plus flexible, où le Dirham reflètera un peu plus l'offre et la demande expri- mée par le marché, sans pour autant devenir complètement flottant comme en Egypte ou en Turquie par exemple. Bank Al-Maghrib s'apprête en effet à abandonner l'ancrage du Dirham au panier de devises,

un système en place depuis les années 70. Une décision qui augure d'une nouvelle ère pour la monnaie nationale, qui sera désormais plus flexible et plus agile. Un changement de para- digme qui promet également de chambouler les habitudes des opérateurs économiques et d'ouvrir la voie à de nou- velles opportunités. Interpellé à ce sujet lors du point de presse tenu à l'issue de la première réunion du Conseil de BAM pour l’année 2024, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a précisé que «même si le Fonds monétaire international insiste, je ne recommanderai le pas- sage à la nouvelle phase du

régime de change flexible que lorsque je serai convaincu que le tissu économique marocain est prêt». Mais la Banque centrale n’a pas complètement rejeté l’idée et entend bel est bien passer vers cette étape intermédiaire qui libèrera le Dirham de son ancrage actuel. «La deuxième étape ne consiste pas à laisser le marché déterminer librement la valeur du Dirham, ce qui correspondrait à un flottement total. Elle vise plutôt à aban- donner l'ancrage au panier de devises et à adopter un ancrage via le taux directeur et la politique monétaire, tout en continuant à surveiller les mou- vements du marché interban-

Le prix du Dirham sera désormais déterminé par les forces du marché, c'est-à-dire par l'offre et la demande exprimées par les banques et leurs clients.

 Bank Al-Maghrib envisage de modifier le régime de change du Dirham en aban- donnant son ancrage actuel au panier de devises.

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leur monnaie nationale. Parmi les exemples les plus notables, un expert nous cite la Chine qui a opté pour un système de change à bande glissante. La valeur du Yuan est autorisée à fluctuer dans une bande étroite autour d'un taux de change central fixé quotidien- nement par la Banque centrale chinoise. Ce système permet à la Chine de gérer la volatilité du

Yuan tout en lui permettant de s'apprécier progressivement face au Dollar américain. L'Égypte, quant à elle, a décidé de supprimer purement et sim- plement sa bande de fluctuation. Le flottement libre de la Livre égyptienne a permis d'améliorer la compétitivité des exportations égyptiennes, mais il a également exposé l'économie égyptienne à

une plus grande volatilité. En s'inspirant de ces exemples, BAM semble vouloir adopter un système intermédiaire, combi- nant la flexibilité d'un régime de change flottant avec la stabilité d'une bande de fluctuation. Cette approche permettrait au Maroc de profiter des avantages des deux systèmes tout en minimisant les risques. ◆

choc sur l'Euro a eu lieu. Les impor- tateurs ont subi la hausse de la monnaie européenne, tandis que les exportateurs en ont profité. À chaque choc sur l'une des deux monnaies, le Maroc subit les effets du taux d'intérêt associé. Avec le nouveau système, nous ne subirons que l'offre et la demande sur notre propre monnaie» , souligne notre interlocuteur. Des conditions à remplir Lever la main sur le système actuel et laisser le marché déterminer son cours de change, nécessite une panoplie de conditions réunies. Pour Jouahri, «il est essentiel que certains équilibres soient confir- més avant ce passage, notam- ment la soutenabilité budgétaire à moyen terme, un niveau adéquat de réserves de change, un système bancaire résilient et la capacité de la Banque centrale à gérer à la fois les réserves de change et le ciblage de l'inflation». Par ailleurs, ce passage vers un régime de change plus flexible n'est pas écarté pour 2024. Le wali nous confirme en conférence de presse qu'ils sont déjà en train de préparer avec le FMI l'assistance technique du projet. Ils revoient notamment tous les modèles de prévisions pour s'assurer qu'ils restent adéquats face aux crises passées et pour évaluer la prépa- ration des banques aux risques de change, dans le cadre d'un ciblage d'inflation et d'un régime de change plus flexible. Ils analysent égale- ment leurs cartographies de risques avant de franchir le pas. Si l’ensemble de ces conditions semblent réunies, il demeure un point à améliorer, selon le Wali : la préparation des opérateurs éco- nomiques. «J’ai plus peur pour les petites entreprises que pour les grands groupes. Ils devront gérer un environnement où le taux direc- teur évolue plus souvent. On doit s’assurer qu’ils sont prêts», note- t-il.

Le cas de la Chine et de l’Égypte

Ailleurs dans le monde, plusieurs pays ont déjà mis en place des modèles de change différents pour

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dirhams par hectare pour les tomates, 5.000 dirhams par hec- tare pour les oignons et 15.000 dirhams par hectare pour les pommes de terre. Ceci a eu un effet immédiat, visible dès le mois de décembre sur l’indice des prix, et qui s’est poursuivi en début d’année 2024. Un bras de fer monétaire remporté La Banque centrale n'est pas restée en marge de la lutte contre l'inflation. En augmen- tant le taux directeur, elle a cherché à freiner la demande et ainsi casser la dynamique inflationniste. Pari réussi, grâce à une transmission efficace de la politique monétaire vers les taux débiteurs et le canal de change, qui a contribué à stabi- liser les prix à l'importation. Pour le courtier, Bank Al-Maghrib a pris le temps nécessaire d’ob- servation, sans s’engager aveu- glement dans un mouvement de hausse de taux violent, réussis- sant à limiter l'ampleur de cette augmentation à 150 pbs, soit un taux directeur à 3%. «(…)Nous supposons que la répercussion partielle des taux a tout de même refrené la hausse des crédits, participant à la baisse de l’inflation, sans pour autant pouvoir quantifier cet impact. (…) Certes, les prix des matières premières ont baissé en 2023 vs. 2022, mais la politique monétaire a contribué au renforcement du MAD et a ainsi participé à l’allègement de la facture à l’importation», ajoute dans ce sens l’étude, qui prévoit un statu quo du taux directeur pour l’année 2024. Au final, le succès du Maroc face à l'inflation qui tombe à 2,3% en février est un modèle à suivre pour de nombreux pays comparables ou en dévelop- pement. En tirant parti de ses atouts et en mettant en place une stratégie multidimension- nelle, le Maroc a su préserver sa stabilité économique et sociale, tout en limitant le plus possible l'impact de la crise sur le quoti- dien de ses citoyens. ◆

Inflation

Leçon d'une inflexion réussie Dans une nouvelle étude sur la macroéconomie marocaine, SogéCapital Bourse nous explique comment le Maroc a réussi l’inflexion de l’inflation en moins de temps et à moindre «coût». Décryptage d'une stratégie multidimensionnelle saluée par les experts.

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Par Y. Seddik

e Maroc a fait figure de bon élève face à la vague d'inflation mondiale. Alors que de nom- breux pays peinent encore à la juguler, le Royaume a réussi ce tour de force plus rapidement et à moindre coût. Une prouesse qui trouve ses racines dans une combinaison de facteurs natu- rels (propres à notre économie), de mesures gouvernementales calibrées et d'une politique monétaire efficiente, selon le courtier SogéCapital Bourse, pour qui l’inflation a tout de même démarré plus fortement atteignant les mêmes sommets que dans d’autres pays. Si la sécheresse et la rigidité du marché du travail marocain laissaient présager une spirale inflation-salaires difficile à cas- ser, le pays a bénéficié d'un atout pour le moins unique : la composition de son panier de consommation. En effet, 22%

«Nous supposons que la répercussion partielle des taux a tout de même refréné la hausse des crédits, participant à la baisse de l’inflation».

des produits achetés par les ménages marocains bénéficient de prix «fixés», subventionnés ou administrés. Ce coussin de sécurité a permis d'atténuer le choc inflationniste importé, explique le broker. Un gouvernement sur tous les fronts Loin de rester les bras croi- sés, le gouvernement maro- cain a déployé un arsenal de mesures ciblées pour contenir la hausse des prix et protéger le pouvoir d'achat des citoyens. Subventions directes aux agri- culteurs pour soutenir la pro- duction et éviter la pénurie, restrictions à l'exportation pour garantir l'approvisionnement

national, surveillance accrue contre la spéculation : les auto- rités ont agi avec pragmatisme sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Parmi les mesures les plus significatives, ils citent une enveloppe de 8 milliards de dirhams par an alloués entre 2022 et 2023 pour des subven- tions au secteur des transports, la réduction du taux de TVA de 20% à 10% sur les huiles de pétrole ou de schistes, brutes ou raffinées, pour un coût fiscal de 4,9 milliards de dirhams en 2022. Ou encore, pour la pre- mière fois, des subventions directes aux agriculteurs pour la saison agricole 2023-2024, avec notamment jusqu'à 70.000

 Le Maroc a réussi à infléchir plus rapidement l’inflation, le tout avec un coût relati- vement plus réduit par rap- port à d’autres pays.

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hausse de près de 35%, profi- tant de la performance des acti- vités de change et obligataire. «Nous souhaitons consolider nos acquis, construire et accé- lérer la dynamique», a indiqué Benkirane. «Le sujet de la satis- faction client est un sujet cru- cial pour nous. Nous souhai- tons également accélérer notre conquête, et nos équipes sont mobilisées sur le terrain. Cela donne déjà des fruits et les pre- miers chiffres sont très positifs... Pour 2024, nous ambitionnons à peu près 10 Mds de dirhams de nouveaux crédits entreprises, 5,5 milliards pour les particu- liers, ce qui est un montant très significatif par rapport à l'histo- rique du Crédit du Maroc. La franchise de banque d'in- vestissement d'ici fin juin nous permettra d'apporter le meilleur conseil et le meilleur accompa- gnement aux clients patrimo- niaux», a-t-il promis. Les contours de cette nouvelle stratégie sont déjà visibles en 2023 où les crédits aux entre- prises se sont renforcés de 8,2%, particulièrement en rai- son des bonnes performances des crédits d'équipement et des crédits à la promotion immobi- lière qui ont évolué respective- ment de 25,2% et 21,3%. Les crédits aux particuliers, pour leur part, ont progressé de 3,2% pour s'établir à 20.243 MDH, grâce notamment à la hausse des encours du crédit à l'habitat de 3,7%. En face, les ressources bilan ont poursuivi leur progression en enregistrant une augmentation de 6,5% par rapport à l'exercice précédent, s'établissant ainsi à 51 Mds de dirhams. Elles ont bénéficié de la bonne tenue des ressources à vue qui ont évolué de 5,8% à 36 Mds de DH, et de la croissance des dépôts à terme et des ressources d'épargne qui ont progressé respectivement de 33,5% et 1,5%. Ces res- sources, couplées aux levées obligataires sur le marché des capitaux, permettent au groupe de financer sa conquête sur le crédit. ◆

 Le groupe souhaite désormais se positionner sur l'ensemble des segments et sur tous les métiers de la banque.

023 fut une année de transition pour le Crédit du Maroc, où le management s'est attelé à com- pléter le processus d'autono- mie vis-à-vis du Crédit Agricole français, son ancien actionnaire. Cette page tout juste tournée, le groupe s'est fixé de nouveaux objectifs, reflétant un plus grand ancrage dans l'économie maro- caine : exit les segments haut de gamme, le groupe souhaite désormais se positionner sur l'ensemble des segments et sur tous les métiers de la banque, à commencer par le crédit à la Crédit du Maroc se diversifie et accélère son développement Par A. Hlimi 2 Banques consommation, le leasing et la banque d'investissement. Pour Ali Benkirane, président du Directoire, la banque vit un moment historique grâce à la nouvelle ambition portée par le groupe Holmarcom. Il explique en conférence de résultats, le 14 mars, que la stratégie passe par une nouvelle organisation autour de 4 directions réseau pour mieux cibler les régions et couvrir l'ensemble des métiers. «L'objectif est de rattraper le retard que nous avons sur le crédit à la consommation et le leasing» , a-t-il résumé. Vers une activité commer- ciale record en 2024 En outre, le groupe souhaite mettre en place une véritable franchise de banque d'investis- sement d'ici fin juin 2024, pour offrir aux clients un dispositif complet de solutions dans les activités de marché, l'épargne, les opérations de haut de bilan ou encore l'intermédiation bour- sière. À noter que les activi- tés de marché ont généré en 2023 un PNB de 355,4 MDH, en Nouveaux segments, nouveaux métiers et nouvelle organisation, le Crédit du Maroc, version Holmarcom, change de dimension et cherche à atteindre dès 2024 des niveaux d'activité jamais atteints auparavant.

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