FNH N° 1053

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 3 février 2022 - 8 DH - N° 1053

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Tourisme Après le soulagement, la désillusion

Croissance

Au-delà des sources traditionnelles

P. 12 à 14

P. 10

Les conditions se corsent MARCHÉ DES DETTES SOUVERAINES

P. 8

Marchés financiers

Souveraineté sanitaire Les doléances de l’industrie pharmaceutique

Afrique - Europe

De nouveaux produits dérivés débarquent au Maroc

Les malentendus des politiques migratoires

P. 28/29

Industries métallurgiques

Le secteur plombé par un environnement défavorable

P.17

Sauveur ou prédateur ? La Chine en Afrique

P. 9

P. 18

P. 20/21

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Coupable indélicatesse intel- lectuelle

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Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Le Masi boucle le mois en beauté Marché des dettes souveraines : Les conditions se corsent Marchés financiers : De nouveaux produits dérivés débarquent au Maroc 7 8 9

Par Fatima Ouriaghli

> Economie

L e tourisme est dans de… sales draps. Et c’est le cas de le dire. Depuis deux ans, il est le souffre-douleur des autorités, en raison notamment des nombreuses restric- tions prises pour limiter la propagation du coronavirus et qui ont un impact direct sur l’activité. Depuis deux ans, les opérateurs touristiques tirent la gueule. Depuis deux ans, ils n’ont plus aucune visibilité sur leurs activités. Depuis deux ans, l’écosystème touristique accumule faillites et pertes massives d’emploi, malgré les mesures de soutien apportées par le gou- vernement, dont la dernière en date consiste en la mobilisation d’une enveloppe de 2 Mds de DH. Un montant insignifiant par rapport aux pertes colossales enregistrées par le secteur. La preuve par les chiffres : une baisse sans précédent de 71% des arrivées touristiques en 2021 par rapport à 2019, et des pertes, sur deux ans, de 20 millions de voyageurs et de 90 milliards de dirhams de revenus en devises. Ces chiffres ont été dévoilés, mardi, au Parlement, par la ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor. Comment revaloriser la destination Maroc et la repositionner valablement dans les pays touristiques de choix ? C’est l’enjeu du moment. Car l’image du Royaume a été sérieusement écor- née par les fermetures/ouvertures inopinées des frontières, qui ont piégé des milliers de touristes au Maroc et de compatriotes à l’étranger. En cela, Ammor a annoncé un programme visi- blement très agressif, consistant en des partenariats avec des voyagistes internationaux (Global Caravan et FTI Touristik) et des compagnies aériennes (Ryanair, EasyJet et Transavia). Ce dispositif sera appuyé par divers moyens de promotion marke- ting, notamment des plateformes numériques. Au total, 35 accords internationaux ont été conclus avec 15 partenaires pour assurer une forte reprise du tourisme et une affluence de touristes étrangers après l'ouverture des frontières. Cela sera-t-il suffisant ? Difficile de le dire pour l’instant. En tout cas, certains opérateurs du secteur ne décolèrent pas suite à l’annonce des nouvelles conditions d’accès au territoire, lesquelles s’apparenteraient à une «fermeture prolongée des frontières». Tout cela renseigne sur deux choses : d’abord, il faut changer de paradigme et initier un modèle de gouvernance autrement plus innovant et plus efficient de la chose touristique. Ensuite, il faut une nouvelle vision dans la manière de gérer cette pandémie, d’autant que le secteur touristique ne saurait souffrir d’une nou- velle fermeture des frontières. u LE TOURISME SALE TEMPS POUR

Croissance : Au-delà des sources traditionnelles Intaliq by CGEM : Nouveau coup de pouce pour les por- teurs de projets Tourisme : Après le soulagement, la désillusion Entretien avec Pr Saïd Motaouakkil : Réouverture des frontières, «les procédures sont adaptées à la situa- tion actuelle» Casablanca-Settat : Les priorités du Schéma régional d’aménagement du territoire Souveraineté sanitaire : Les doléances de l’industrie pharmaceutique Industries métallurgiques : Le secteur toujours plom- bé par un environnement défavorable La Chine en Afrique : Sauveur ou prédateur ?

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> Focus Agricole

Agriculture de précision : Une belle opportunité pour les exploitants marocains 22 > L'univers des TPME Fès-Meknès : Le programme Orange Corners veut séduire les porteurs de projets 23

> Société 22

Entretien avec Dr Hafsa Abouelfaraj : Santé men- tale, «aucune cause unique ne peut expliquer ou prédire un suicide» 24

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> Politique

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L’Etat de droit entre slogan et réalité Partenariat Afrique – Europe : Les malentendus des politiques migratoires

> Culture

Mécénat : Si l’action de la BMCI m’était contée Entretien avec Fondation BMCI : Mécénat, la BMCI, un engagement irréversible pour le «positive ban- king» 30 32 > High-tech NFT : Quelle tendance en 2022 ? 34

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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Coupable indélicatesse intellectuelle Par D. William

“L a philosophie antique nous apprenait à accep- ter notre mort. La phi- losophie moderne, la mort des autres» , dixit le philosophe français Michel Foucault. Sommes-nous alors dans l’acceptation, le déni ou plutôt l’indifférence ? Rappelons- nous qu’au tout début de la pandémie, l’on s’émouvait quand le coronavirus tuait 3 ou quatre personnes au Maroc en une journée. Et l’on criait à la catastrophe quand elle faisait une dizaine de victimes. Mais la persistance de cette pandémie dans la durée a vraisemblablement chan- gé notre rapport à la mort. Nous l’avons certes de tout temps côtoyée, mais guère de cette manière : elle est présente quo- tidiennement, avec plus de prégnance qu’auparavant, et bénéficie d’une grande médiatisation qui tend, malheureusement à la banaliser. A la limite, la regardons- nous avec une certaine désinvolture…,

tant qu’elle ne s’invite pas dans nos foyers, chez nos proches ou nos connaissances. Revenons quand même sur un chiffre important : la crise sanitaire a causé au total 15.435 décès au Maroc au 1 er février, faisant des veuves, veufs, orphelins… par milliers. Et entre le 15 décembre 2021, date de la détection du premier cas du variant Omicron au Maroc, et le 1 er février 2022, 637 personnes ont perdu la vie, soit une moyenne quotidienne de 13 morts, avec parfois près de 40 décès en une seule journée. Pourtant, actuellement, on ne s’émeut plus de ces statistiques macabres. On se surprend même, dans une coupable indélicatesse intellectuelle, à relativiser le nombre de décès dus au variant Omicron, au regard notamment de sa forte contagiosité et du nombre impor- tant de contaminations. Mais une mort est toujours de trop quand elle s’invite dans un ménage. Et lorsque,

dans une même famille, le virus emporte deux, voire trois personnes, c’est un véri- table drame. D’où la nécessité de rester vigilant. Omicron n’est pas dangereux, dit-on. Mais Omicron n’en demeure pas moins un tueur, tout comme l’est le variant Delta à une échelle plus importante. Dès lors, la réponse la plus efficace face au Covid-19 et ses variants reste la vaccination. En cela, le professeur Saïd Motaouakkil, membre du Comité scien- tifique et technique national, nous livre une information de taille. Selon lui, «83% des décès observés pendant cette vague d’Omicron ont été enregistrés chez les personnes non complètement vaccinées, d'un âge supérieur à 65 ans, avec comme facteurs de risque le diabète, l'hyper- tension et l'obésité». Des chiffres assez édifiants qui, peut-être, inciteront les plus récalcitrants à avoir un schéma vaccinal complet. ◆

La persistance de cette pan- démie dans la durée a vrai- semblablement changé notre rapport à la mort.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L e marché automobile démarre l’année au ralenti. Le volume de vente de véhicules a atteint 12.439 unités, soit une baisse de 6,7% comparativement avec la même période de 2021. Par segment, le nombre de livraisons des véhicules particuliers (VP) s’établit à 10.977 unités, soit une régres- sion de 6%. La catégorie des véhicules utilitaires légers (VUL) affiche 1.462 immatriculations, soit un recul de 11,7%. Le marché reste encore sous l’effet de la crise des semi-conducteurs qui perturbe sérieusement les approvision- nements des concessionnaires. Cette crise devrait durer au moins jusqu’en 2023. ■ Automobile : Le marché en baisse en janvier 2022

Omicron représente 98% des contaminations

Banques participatives Les financements augmentent fortement en décembre

L es cas Covid-19 liés au variant Omicron repré- sentent désormais 98% des contaminations enregistrées au Maroc, selon le ministère de la Santé et de la Protection sociale. Le Royaume connaît depuis 7 semaines la troisième vague de la Covid-19, marquée par une légère baisse des contaminations. 32.982 cas d’infection ont été enregistrés au cours de la dernière semaine, soit une baisse de 33,7%. Le taux de positivité est passé de 24,4% à 21,8% durant la semaine écoulée. Par ailleurs, les admissions en réanimation et aux soins intensifs ont commencé à augmenter de manière sensible, enregistrant 867 cas durant la semaine passée, soit une augmentation de 18,8%, avec 230 décès au cours de la même période L es efforts entrepris à ce jour ont permis de cou- vrir 80% du territoire national avec des docu- ments d’urbanisme, selon la ministre de l’Amé- nagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, Fatima Ezzahra Mansouri. Au total, 1.200 communes parmi 1.500 disposent de leurs propres documents d’urbanisme et sont couvertes par des plans d’aménagement. Par ailleurs, le ministère a engagé la production d’une nouvelle génération de documents d’urba- nisme plus flexibles afin d’encourager l’investisse- ment et l'établissement de documents d’urbanisme des espaces «métropolitains». Sous le gouvernement actuel, 19 plans d’aména- gement ont vu le jour, en plus d’une action visant à ouvrir 120.000 hectares à l'urbanisme à l’horizon 2040, dont 50% destinés à l’investissement et 50% pour l’habitat, les routes et les lieux publics, indique Mansouri. Plus que des documents techniques, a insisté la ministre, les documents d'urbanisme s’inscrivent plutôt dans une stratégie qui permet de mettre en œuvre l’ensemble des politiques publiques et d’élaborer une vision économique et sociale du territoire. Ceci étant, a-t-elle suggéré, il convient de trouver des mécanismes permettant de disposer

(+47,4%). Pour ce qui est de la campagne nationale de vacci- nation, le taux est de 67,3% pour les primo-vaccinés, 63% pour la deuxième dose et 12,1% pour la dose de rappel. ■

L es financements accordés par les banques participatives ont aug- menté, en glissement annuel, de 43% à 19,33 milliards de dirhams en décembre 2021, selon Bank Al-Maghrib (BAM). Ces financements se répartissent notamment sur l'immobilier (16,3 Mds de DH), la consommation (1,15 Md de DH), l'équipement (1,68 Md de DH) et la trésorerie (59 millions de dirhams). Parallèlement, les engagements des banques participatives ont dépas- sé 6,6 Mds de DH auprès des banques, et ce sous forme principale- ment de refinancements à travers le produit de «Wakala bil Istithmar» et de dépôts à vue reçus des banques-mères. Les comptes chèques et comptes courants ont, quant à eux, grimpé de 33,5% à plus de 5,37 Mds de DH, alors que les dépôts d'investissement ont atteint près de 1,62 Md de DH. ■

120.000 hectares seront ouverts à l'urbanisme à l’horizon 2040

de documents plus souples, plus efficaces et plus transparents. La ministre s’est ensuite arrêtée sur les contraintes impactant le secteur de la planification au Maroc, en particulier la procédure «très compliquée» rela- tive au fait que l’approbation de tout document est suspendue à l’avis de 33 intervenants ainsi qu’à 113 signatures une fois approuvé. La planification ne correspond pas à la réalité, a souligné la ministre, estimant que « le territoire se développe d’une manière considérable, alors que le document reste figé, raison pour laquelle il faut reconsidérer cela et délivrer des documents plus souples à l'effet d’encourager l’investissement ». ■

9.457.239 C’est le nombre d’opérations de paiement durant le mois de janvier 2022, pour 3.443.463.412 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines, auprès des commerçants, des sites des facturiers et des sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +20,7% en nombre et +8,5% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Kenya : Baisse record des réserves

Afrique du Sud : La hausse du taux directeur a des effets néfastes sur les démunis

3 milliards de dollars de la BAD pour renforcer l'industrie pharmaceu- tique en Afrique

de change

L e président de la Banque afri- caine de développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina, a annoncé un financement de 3 milliards de dol- lars pour renforcer l'industrie phar- maceutique du continent africain. « La Banque africaine de développement (BAD) a décidé de mettre à la dis- position de l’Afrique la somme de 3 milliards de dollars pour renforcer l’industrie pharmaceutique africaine », a dit le président de la BAD dans une conférence de presse tenue à Dakar, en marge de la visite qu'il effectue au Sénégal. Adesina s’exprimait en présence du ministre Abdou Karim Fofana, en charge du Plan Sénégal Emergent (PSE), et l’administrateur général adjoint de l’Institut Pasteur de Dakar, Ousmane Faye. L’Afrique doit avoir la capacité de gérer tout ce qui est lié au Covid-19 en étant capable de faire des tests, d’avoir accès aux vaccins, mais aussi de pouvoir les produire sur place, a déclaré le pré- sident de la BAD au siège de l’Institut Pasteur de Dakar IPD. ■

L a hausse du taux directeur décidée cette semaine par la Banque centrale sud-africaine (SARB) aura inéluctable- ment des effets néfastes sur les catégories les plus démunies de la société qui sont déjà éprouvées par les conséquences de la crise sanitaire, ont mis en garde plusieurs économistes. Cette augmentation de 25 points de base, qui a poussé le taux directeur à 4%, affec- tera de plein fouet les consommateurs qui étaient déjà aux prises avec des prix élevés de l'essence, de l'électricité et des produits alimentaires de base, ont indiqué les éco- nomistes en réaction à cette décision. ■ Le Burkina Faso suspendu de l'UA jusqu'à ce que l'ordre constitutionnel soit rétabli L’ Union africaine (UA) a décidé de suspendre le Burkina Faso de toute participation à toutes les activités de l'organisation panafricaine jusqu'à ce que l'ordre constitutionnel soit rétabli dans le pays. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA réuni ce lundi a « décidé de suspendre le Burkina Faso de toute participation à toutes les activités de l'Union africaine jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitu- tionnel dans le pays », lit-on dans un tweet du Conseil. L'UA, rappelle-t-on, avait « condamné fer- mement la tentative de coup d’État contre le président démocratiquement élu » au Burkina Faso. ■

L es réserves de change du Kenya ont enregistré une baisse record de 49 milliards de shillings durant la semaine écoulée, passant de 8,715 milliards de dollars à 8,287 milliards de dollars. Dans sa mise à jour hebdomadaire des marchés financiers, la Banque centrale du Kenya (CBK) a indiqué qu'au cours de la semaine, le Shilling s’est légèrement déprécié face au Dollar à 114 contre 113 la semaine d’avant. Une demande accrue de Dollars de la part des importateurs pour répondre à leurs besoins de fin de mois a encore exercé une pression sur les réserves de change. Malgré leur forte baisse, la CBK a cependant assuré que les réserves de change restent adéquates et continuent de four- nir une couverture contre les chocs à court terme sur le mar- ché des changes, notant que les nouvelles réserves couvrent 5,07 mois d’importations, contre 5,33 mois auparavant. ■

Le FMI revoit à la hausse la croissance en Angola de 2,4% à 3% cette année L e Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse le taux de croissance économique en Angola de 2,4% à 3% cette année et salué les réformes poli- tiques et économiques en cours dans le pays. « L'économie angolaise devrait croître de 3% cette année et d'environ 4% à moyen terme », a déclaré le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie. Il a rappelé que l'Angola a été confrontée à de multiples chocs, tels que la

baisse des prix des matières premières, en 2015 et 2016, avec des effets énormes sur l'économie, exacerbés par la pandémie de la covid-19 qui a eu un impact négatif sur l’économie. L'économie angolaise devrait être sortie de récession en 2021, les principales institutions et analystes interna- tionaux prévoyant une croissance économique de plus de 2% cette année. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Zone Euro : Le taux de chômage au plus bas depuis 1998

L e taux de chômage dans la zone Euro a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré au mois de décembre, grâce à la reprise de l'économie et aux programmes de chômage partiel mis en place par les gouvernements pendant les confinements liés à la Covid-19. L'office statistique de l'Union européenne, Eurostat, a indiqué que le taux de chômage dans les 19 pays de la zone Euro était tombé de 7,1% de la population active en novembre à 7,0% en décembre. Il s'agit de son niveau le plus bas depuis avril 1998, début de la série statistique. Selon les chiffres d'Eurostat, la zone Euro compte 11,481 millions de chômeurs en décembre, soit 185.000 de moins qu'en novembre.

Ce faible taux de chômage pourrait ajouter à l'inflation liée aux goulots d'étranglement des chaînes d'approvi- sionnement, alors que l'économie mondiale émerge de la récession liée à la pandémie. ■

Washington enverra un navire et

des avions de combat aux EAU

Alphabet (Google) double quasiment ses profits annuels

L es Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'un navire de guerre et d'avions de chasse pour aider les Emirats Arabes Unis contre les Houthis, face à la multiplica- tion d'attaques de ces rebelles yéménites contre le pays du Golfe, où sont postées des troupes américaines. Ce déploiement, dont la date n'est pas précisée et qui doit « aider les Emirats Arabes Unis à faire face à la menace actuelle », fait suite à un appel téléphonique mardi entre le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, et le prince héritier d'Abou Dhabi et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Zayed al-Nahyane. Les Emirats font partie d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie Saoudite, qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les Houthis soutenus par l'Iran. En janvier, les Emirats ont été la cible de trois attaques des Houthis. ■ L'Inde prévoit une croissance de 8 à 8,5% au cours de l'exercice 2022-2023

G oogle a engrangé 76 milliards de dol- lars de bénéfice net annuel en 2021, soit près du double de 2020, après une saison des fêtes particulièrement fructueuse pour le géant de la publicité en ligne, qui a de nouveau largement dépassé les attentes du marché. Au seul quatrième trimestre, le chiffre d'af- faires du groupe américain a atteint 75,33 milliards de dollars, dont il a dégagé 20,64 milliards de bénéfice net, d'après son com- muniqué de résultats publié mardi. « Nos revenus trimestriels, en hausse de 32% sur un an, reflètent des dépenses publici- taires solides dans tous les formats et la forte présence des consommateurs en ligne,

ainsi qu'une croissance substantielle des recettes pour Google Cloud », la branche d'informatique à distance de l'entreprise, a indiqué Ruth Porat, la directrice financière d'Alphabet. ■

Automobile : Les ventes d'hybrides ont égalé le diesel

en Europe en 2021

I l s'est vendu autant de voitures neuves hybrides que de diesel en Europe au cours de l'année 2021, pour la première fois, tandis que les 100% électriques ont continué leur percée de façon moins impres- sionnante qu'en 2020. Sur l'ensemble de l'année 2021, les ventes d'hybrides non rechargeables (diesel ou essence) ont continué de croître (+60,5% sur un an) avec 1,9 million de voitures écoulées, soit 19,6% de parts de marché, à égalité avec le diesel simple. Celui-ci, touché par le scandale du die- selgate et de forts malus, a vu ses ventes s'écrouler d'un tiers sur l'année (-31,5%) sur tout le continent, et même de moitié au der-

L’ é c o n o m i e indienne devrait augmenter de 8% à 8,5% au titre de l'exercice budgétaire 2022-2023, dans un contexte de lutte conti- nue contre la pandémie

nier trimestre. Les ventes d'hybrides rechargeables, ces véhicules équipés d'un moteur thermique et d'un petit moteur électrique, ont également progressé de 70,7%, avec 867.092 véhicules vendus et 8,9% de parts de marché. ■

de Covid-19 et la montée des pressions inflationnistes. Tous les indicateurs macroéconomiques indiquent que la troisième économie d'Asie est bien placée pour faire face aux défis, aidée par l'amélioration de la croissance de la production agricole et industrielle, a révélé l'enquête économique annuelle du gouvernement. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis février 2021

Le Masi boucle le mois en beauté ◆ Après une évolution stationnaire la semaine dernière, les actions reprennent le chemin de la hausse. ◆ Au terme de ce premier mois de l’année, le Masi affiche un gain de 4%.

de ce fameux «effet janvier». Les renta- bilités boursières y sont, en moyenne, plus élevées que durant les autres mois de l'année. Au Maroc, cet effet se constate, plus ou moins, depuis 2003. Cela n'a rien de divin, car après le grand toilettage du mois de décembre, les comités d'inves- tissement se réunissent et décident de leur politique de placement pour l'année entrante. Cela se traduit par de nouvelles positions boursières et quand tout le monde agit selon le même calendrier, cela provoque une hausse des cours. Bilan mensuel Au titre de ce mois, la place casablan- caise a vu 20 indices sectoriels finir sur une note positive, contre 3 en retrait. Le Masi, indice phare de la place, a avancé de 3,93% à 13.883,49 points et le MSI 2020 de 4,26% à 1.131,96 points. L'indice des «ingénierie et biens d'équi- pements industriels» a réalisé la meil-

leure performance sectorielle du mois (+64,08%), devant la «sylviculture et papier» (+27,6%) et les «services aux col- lectivités» (+18,62%). Du côté des perdants, le secteur de «transport» a reculé de 2,44%, soit la plus forte baisse sectorielle, suivi de «sociétés de portefeuilles-holdings» (-1,89%) et des «Télécommunications» (-1.04%). Le volume global des échanges a atteint plus de 3,79 milliards de DH. Par valeur, Attijariwafa bank a été l'instrument le plus actif du mois avec plus de 437,35 MDH, devançant Bank of Africa (292,98 MDH) et BCP (246,57 MDH). La capitalisation boursière s'est chiffrée, au terme du mois, à plus de 719,28 milliards de DH. De leur côté, les plus fortes hausses ont été réalisées par Delattre Levivier Maroc (+68,25%), Stroc Industrie (+60,79%) et Med Paper (+27,6%), tandis que les plus lourdes baisses ont été accusées par Maroc Leasing (-5,47%), S2M (-4,12%) et Auto Nejma (-3,66). ◆

Par Y. Seddik

L’ équilibre des forces enre- gistré la semaine pas- sée n’a pas fait long feu. Les acheteurs ont repris la main cette semaine, tirant l’indice vers le haut. Grâce à deux franches hausses (vendredi 28 et lundi 31 janvier), le Masi affiche un gain heb- domadaire de 1,14% à 13.862 points, ce qui a permis à l’indice de clôturer le mois en beauté. On le disait tantôt en début d’année, le mois de janvier est souvent profitable aux actions. L’effet calendaire de «jan- vier» selon lequel les marchés actions grimpent davantage en janvier que les autres mois, s’est vérifié cette année avec une progression de près de 4% pour le Masi. En effet, les travaux réalisés sur les mar- chés boursiers des pays développés sont unanimes : ils montrent tous l’existence

La capitalisa- tion boursière s'est chiffrée, au terme du mois, à plus de 719,28 milliards de DH.

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BOURSE & FINANCES

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Marché des dettes souveraines

◆ Après plus de deux ans de conditions financières très favorables, les États emprunteurs vont voir le coût de l'argent remonter avec la hausse programmée des taux d'intérêt de la FED. Un virage qui a déjà commencé. Les conditions se corsent

deux hausses prévues dans l'année, puis à 2,1% en 2024, avec deux hausses également et, enfin, 2,5% à long terme. Les taux longs retrouvent donc leurs plus hauts niveaux post- pandémie, tant aux États-Unis qu’en Europe. Un contexte qui va sans doute être péna- lisant pour le Trésor marocain dans sa quête de finance- ments dans les marchés de la dette extérieure en 2022. En effet, après avoir réalisé des financements extérieurs de plus de 60 milliards de DH en 2020 suite à deux levées à l'international de près de 40 milliards de DH, le Trésor a boudé le marché internatio- nal en 2021. Il a mobilisé des ressources externes de 15,6 milliards de DH à fin novembre 2021, soit un taux de réali- sation de seulement 38% des financements extérieurs estimés par la LF 2021 à 41

milliards de DH. À l'origine, un redressement visible des recettes ordinaires conjugué à la réalisation des finance- ments innovants du Trésor. Cette année, les besoins de financement prévus pour le Budget 2022 seront couverts par le recours aux emprunts de moyen et long terme : 65,4 milliards de DH sur le mar- ché domestique et 40 milliards de DH en tant que finance- ment extérieur. Compte tenu du reprofilage du marché de la dette à l'international, mar- qué par des anticipations de hausse des taux américains suite au durcissement de la politique monétaire de la FED, AGR retient «un scénario plus conservateur quant à la réali- sation des financements exté- rieurs de 80%, soit de 32 mil- liards de DH en 2022». La dernière sortie du Royaume sur le marché international remonte à décembre 2020, date à laquelle le Trésor avait levé 3 milliards de dollars en trois tranches à des conditions favorables. Si le Trésor venait à sollici- ter cette année les bailleurs de fonds internationaux, il devrait être en mesure d’offrir une prime de ren- dement intéressante, cen- sée compenser les inves- tisseurs et, surtout, bien étudier le timing de l’opéra- tion. Actuellement, la prime de risque évaluée par le CDS 5 ans Maroc tourne autour de 120 pbs (5 novembre 2022), soit un niveau à peu près équi- valent aux primes de risque du Mexique et de la Grèce.

Aussi, les dernières publica- tions des agences de nota- tion internationales peuvent être source d’inquiétudes pour les investisseurs, affectant ainsi la signature de l’Etat et son spread. Fitch Ratings a dégradé la note du Maroc en octobre 2020, puis Standard & Poors en avril 2021, le tout combiné à la perte de l’Invest- ment Grade. Un statut avait permis au Maroc de réussir ses dernières sorties. «La perte de l’Investment Grade ne devrait pas repré- senter un sujet d’obsession, car les dépenses supplémen- taires concernent d’abord la santé, la généralisation de la protection sociale et le nou- veau modèle de développe- ment. Ce sont là des initiatives qui seront créatrices de bien plus de valeur ajoutée pour le pays à long terme qu’une restriction budgétaire tous azi- muts», estime toutefois Omar Fassal, stratégiste et expert en finance internationale. Enfin, l’emprunt à l'internatio- nal et les financements inno- vants vont apaiser les tensions sur le marché domestique, quand on voit le rythme des levées du Trésor en janvier et la hausse des taux engendrée (24 milliards de DH de levées contre un besoin annoncé de 12,8 milliards de DH). Après ce mois, «la courbe pri- maire devrait renouer avec une tendance stable durant les séances à venir et les pres- sions sur les finances du Trésor vont s’alléger au cours des prochains mois» , tempère un gérant de fonds obligataire. ◆

D epuis le début d'an- née, le regard des investisseurs est rivé sur la hausse rapide des rende- ments obligataires, les taux d'intérêt à 10 ans connaissant en effet une remontée specta- culaire. Le taux à 10 ans avoi- sine les 1,9% pour se rappro- cher du seuil très symbolique des 2%. Autre symbole fort : le rendement du Bund allemand (10 ans donc), est passé en territoire positif pour la pre- mière fois depuis mai 2019. Le principal élément d’expli- cation provient, bien évidem- ment, de la politique moné- taire des grandes Banques centrales. La tendance est à la normalisation. La FED pré- voit que les taux directeurs passeront en moyenne à 0,9% fin 2022, à 1,6% fin 2023, avec Par Y. Seddik

Si le Trésor venait à solliciter en 2022 les bailleurs de fonds inter- nationaux, il devrait être en mesure d’offrir une prime de ren- dement inté- ressante aux investisseurs.

Les taux longs retrouvent leurs plus hauts niveaux post-pandémie, tant aux États-Unis qu’en Europe.

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BOURSE & FINANCES

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Marchés financiers

◆ Un future sur indices en cours de développement. ◆ L'infrastructure technique est déjà en test à la Bourse de Casablanca. De nouveaux produits dérivés débarquent au Maroc

la Bourse de Casablanca abri- tera la prochaine chambre de compensation de ce marché de dérivés. Ahmed Arharbi, direc- teur des Opérations de marché à la Bourse de Casablanca, a pro- fité de cette rencontre pour faire le point sur le projet. Selon lui, l’intérêt dépasse le simple besoin d’investissement et répond à des

par les opérateurs» , s’est-il féli- cité. Le marché à terme et la chambre de compensation, en dévelop- pement actuellement, doivent répondre à un cahier des charges validé par le ministère des Finances, et qui précise qui sont les membres compensa- teurs, les membres négociateurs et ceux qui ont les deux rôles. Ce cahier des charges précise également le fonctionnement des différents produits. Mais au-delà du volet tech- nique, le soutien institutionnel est important. Et c’est le cas, puisque Bank Al-Maghrib et l’Autorité marocaine du marché des capitaux sont engagés dans le projet, notamment à travers un comité regroupant les parties prenantes et chargé de gérer la mise en place de la chambre de compensation. Aucune date de lancement offi- ciel n’a été avancée. Mais Tariq Senhajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, avait indiqué lors du dernier meeting sur l’information financière que le démarrage aura lieu en 2022. A noter que sur le volet compen- sation, la Bourse de Casablanca a préféré capitaliser sur son expérience sur le marché cash et développer une solution interne pour le marché à terme, avec un module de risque externe de renommée mondiale. Sur le volet transactionnel, la Bourse dispose déjà de l’infrastructure néces- saire et le marché dérivé est déjà en test en interne. Si les opérateurs sont enthou- siastes sur ce futur marché, des contraintes doivent être levées, notamment sur le cadre fiscal des produits, qui demeure inap- proprié. ◆

problématiques de déve- loppement pour les places boursières africaines. Car le développement passe par plus de profondeur, de liqui- dité, d’IPOs et de diversi- fication des produits pour

La Bourse de Casablanca va

d’abord développer un future sur indice.

directeur des activités de mar- ché, à l’occasion d’une ren- contre virtuelle organisée par Perenity Software. «Les produits dérivés au Maroc sont majori- tairement des produits à terme qui servent principalement sur le marché des changes. C'est le risque prédominant et le plus simple à couvrir et à gérer. En plus des options de change, plus techniques et moins répandues» , résume le trader. Et si les produits dérivés sont souvent assimilés à la spécula- tion, il faut savoir que la nature de la demande marocaine et sa faible profondeur font que les dérivés sont principalement uti- lisés par le Hedging (couverture). Aabid constate que d'autres besoins émergent lentement, notamment pour la couverture des matières premières et des taux. Sur les taux, l'intérêt se met en place, notamment pour les swaps de taux, en parallèle à la réforme de la flexibilité du Dirham. La Bourse de Casablanca sur le coup Il est de notoriété publique que

permettre aux marchés de jouer pleinement leur rôle dans le financement de l’économie. Un besoin qui est remonté en tête de liste avec la nécessité de finan- cer la relance post-Covid sans creuser durablement les déficits publics des Etats. Le responsable a rappelé qu’à l’exception de rares pays sur le continent, comme l’Afrique du Sud, les marché boursiers sont souvent unidirectionnels, sans contrepartie centrale et ne traitent que sur un ou deux produits (actions et obligations). Pour dynamiser les marchés et attirer plus d’investisseurs étran- gers, il faut être capable de per- mettre à des avis divergents de s’exprimer et de se couvrir. Ahmed Arharbi a révélé à cette occasion que la Bourse de Casablanca va d’abord dévelop- per un future sur indice (en se basant sur le MSI20), puis un future sur taux et ensuite des futures sur actions et matières premières. «Des solutions pro- gressives avec un impact certain, puisqu’elles répondent d’abord aux besoins de couverture, d’ar- bitrage et placement exprimés

A vec un peu de chance, le Maroc pourra pré- tendre à un marché organisé de produits dérivés dès cette année et rattraper son retard sur l’Afrique du Sud et le Kenya, pour ne prendre pour exemple que le continent africain. En Europe, les volumes traités sur ces marchés atteignent les 700.000 milliards d’euros par an. Un chiffre colos- sal qui répond à des besoins de couverture, d’investissement et de spéculation. Les produits dérivés sont avant tout des produits financiers. Leur particularité est que leur valeur dépend du prix d'un autre actif financier appelé sous-jacent. Deux grandes familles de pro- duits existent : les produits au gré à gré qui se négocient entre deux parties en «face à face» et les produits cotés sur un mar- ché organisé et qui demandent une infrastructure technique plus importante que dans le gré à gré. Au Maroc, seule la compo- sante gré à gré est développée, comme l’explique Khalid Aabid, Par A. Hlimi

Le marché à terme et la chambre de compensa- tion en déve- loppement actuellement doivent répondre à un cahier des charges validé par le ministère des Finances.

E CONOMIE

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Croissance

◆ Les réformes structurelles et sectorielles constituent des gisements de croissance. ◆ Les politiques macroéconomiques n’auraient aucun effet significatif sur la croissance au Maroc. Au-delà des sources traditionnelles

l’économiste, qui a rappelé le caractère déterminant du secteur agricole sur la crois- sance économique, l’ur- gence est de doter le Maroc d’un tissu productif per- formant et compétitif à même de générer davan- tage de valeur ajoutée et de postes de travail pérennes et décents. En clair, tout l’enjeu pour les pouvoirs publics serait de bâtir les conditions idoines pour l’émergence d’une quinzaine de sec- teurs aussi performants que les industries automobile et aéronautique. Ce qui remet en selle le débat sur la diver- sification économique ainsi que celle des exportations, limitées au niveau des pro- duits sophistiqués au haut contenu technologique. Par ailleurs, Javier Diaz Cassou, économiste senior à la Banque mondiale, a pointé du doigt le faible nombre d’entreprises créées annuellement, couplé à la mortalité aigue des PME marocaines. «La réforme de l’éducation, la promotion de l’innovation ainsi que l’ob- servation stricte des règles de concurrence permettront de libérer la croissance au Maroc» , dixit l’économiste senior de la Banque mon- diale. En revanche, celui-ci a été dithyrambique sur la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’inves- tissement, la réforme des établissements et entre- prises publics (EEP), tout en saluant la gestion de la crise liée à la covid-19 au Maroc.

Les limites de l’Etat social

Nabil Adil est formel. L’Etat social n’est pas un mythe au Maroc, mais bien une réalité. «Le système de subvention (farine, butane), les agré- ments ainsi que l’existence d’un système éducatif gra- tuit, constituent autant de manifestations de Etat social dont les limites sont criardes aujourd’hui», explique-t- il. Face aux ressources publiques limitées, l’éco- nomiste s’interroge sur la soutenabilité des dépenses sociales en constante aug- mentation en raison de l’in- flation des besoins sociaux. En revanche, pour Nadia Hachimi Alaoui, la mise en œuvre de la génération de l’Assurance maladie obli- gatoire (AMO) constitue un tournant pour l’édification d’un meilleur Etat social au Maroc. Sur un autre registre, lors de cet événement, les intervenants n’ont pas man- qué de souligner les limites de l’investissement, dont le taux tourne autour de 30% du PIB à l’échelle natio- nale (contre une moyenne mondiale de 20%). En effet, au Maroc, l’investissement porté par le public, qui représente près des 2/3 de celui-ci, est peu générateur d’emplois. A cela, il faudrait ajouter que l’ICOR au Maroc reste toujours élevé par rap- port aux pays émergents. Pour rappel, l’ICOR équivaut au nombre de points d’in- vestissement nécessaires à la réalisation d’un point de croissance économique. ◆

L’urgence est de doter le Maroc d’un tissu productif performant et com- pétitif à même de générer des postes de travail pérennes et décents.

tuent des gisements de croissance» , explique Nadia Hachimi Alaoui, chargée de recherche à l’Université de Turin (Italie). Il y a lieu de souligner que pour cer- tains économistes, il existe une forte corrélation entre le niveau de développement d’un pays et la solidité de ses institutions. L’assertion de Nadia Hachimi Alaoui est partagée en partie par Nabil Adil, directeur de l’Institut de recherche en géopolitique et géoéconomie de l’école de management ESCA, qui a exprimé une idée pour le moins originale. «Au Maroc, les données prouvent que les politiques macroécono- miques n’ont aucun effet significatif sur la croissance. Pour preuve, le taux directeur fixé par Bank Al-Maghrib est passé de 7 à 1,5% au cours de ces dernières années, et ce sans réelle incidence sur le tissu économique» , pré- cise-t-il en substance. Pour

A u Maroc, les p r i n c i p a l e s sources de la croissance sont, entre autres, la demande intérieure et l’investissement public. Sachant que les secteurs primaire et secondaire sont pourvoyeurs d’une grande valeur ajoutée. Pour l’an- née en cours, la croissance devrait se caractériser par une atonie manifeste, avec un taux de 2,9% du PIB (contre 7,2% du PIB en 2021). Cette configuration conforte la pertinence du webinaire portant sur les sources de la croissance en 2022, organisé récemment par la Fondation Attijariwafa bank. «Au-delà des leviers traditionnels et des sources classiques de la croissance, il est important de savoir que les réformes structu- relles et sectorielles consti- Par M. Diao

L’Etat social n’est pas un mythe au Maroc, mais bien une réalité.

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ECONOMIE

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Intaliq by CGEM Nouveau coup de pouce pour les porteurs de projets

L a Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a donné récemment le coup d’envoi de la plateforme «Intaliq by CGEM», dédiée à l’accom- pagnement des porteurs de projets et des entrepreneurs marocains dans la création, le développement et la gestion de leurs sociétés. Réalisée avec l’appui financier de l’Union Européenne et la contribution de la région de Casablanca- Settat, de la Fondation OCP et de la Banque mondiale, cette nouvelle plate- forme digitale, disponible en arabe et en français via «www.intaliq.ma», se veut être un guichet unique destiné aux chefs d’entreprise pour s’informer, se former et se faire orienter. Younes Sekkouri, le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a souligné que «l'inno- vation et l'entrepreneuriat ne sont plus des choix pour le Maroc, mais bien des déterminants de la prospérité». Sekkouri a exprimé la prédisposition de son département à accompagner les ini- tiatives en faveur de l'autoentrepreneur et de la petite entreprise comme priorités du programme gouvernemental. De son côté, le président de la CGEM, Chakib Alj, a relevé que «Intaliq by CGEM ambitionne d’établir une plate- forme inclusive, puisqu’elle s'adresse aux jeunes porteurs de projets, aux start- up et aux TPE de tous horizons». « In fine, notre objectif est d’encourager l’entrepreneuriat, de donner envie aux Marocains de tout âge de se lancer, de poursuivre leur passion et de contribuer ainsi à la relance et à la croissance de notre économie, comme il est men- ◆ Une nouvelle plateforme pour l’accompagnement des entrepreneurs vient de voir le jour. ◆ «Intaliq by CGEM» sera complétée par la mise en place des «Académies de l’entrepreneur». Par Y. Seddik

tionné dans le rapport sur le nouveau modèle de développement. Le Maroc a aujourd’hui plus que jamais besoin que ses talents investissent, innovent et créent de la valeur ajoutée. C’est notre

rôle de les soutenir», a déclaré Alj. «Intaliq by CGEM» sera complétée par la mise en place des «Académies de l’entrepreneur». Il s’agit d’instituts de for- mation à l’entrepreneuriat, notamment à

travers le mentoring, qui seront déployés sur plusieurs régions du Maroc, en par- tenariat avec le ministère de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences. ◆

Partenaire

TABLE RONDE Région Souss-Massa : quelle déclinaison du nouveau modèle de développement ?

M. KARIM ACHENGLI Président du Conseil Régional Souss-Massa

M. MAROUANE ABDELATI

M. MUSTAPHA BOUDERKA

M. SAID DOR Président de la CCIS Souss-Massa

INSCRIVEZ-VOUS AU LIVE

Directeur Général du CRI de la région du Souss-Massa

Premier Vice-Président du Conseil Communal d’Agadir

Table Ronde Souss-Massa (25x36) Finances News.indd 1

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