03-2017 F

A M S g l o b a l

SERVE AND MULTIPLY 3/2017

efficience des plus

Pris sur le vif Short et nu-pieds Mon épouseMarianne et moi passons unweek-end sur l’île Kassa à quelques kilomètres de la côte guinéenne. Le sa- medi matin, nous entreprenons une promenade jusqu’au prochain petit village, pour acheter de l’eau fraîche. A l’arrivée déjà, nous remarquons que quelque chose n’est pas comme d'habitude. Les pêcheurs ont abandonné leurs filets et on ne voit aucun enfant qui joue. Nous continuons jusqu’au « centre » du village – un bout de plage abrité de feuilles de bananiers. Aujourd’hui il y a un nombre in- calculable de personnes réunies, toutes sont habillées de manière festive et se pressent sous les feuilles de palmiers. Honneur inattendu Marianne et moi arrêtons notre marche. Grâce à ma tail- le, j’ai une vue surplombante sur la foule. Au milieu de la place ombragée trône un jeune couple de mariés sur d’inattendus fauteuils recouverts de velours. Les deux sont habillés tout en blanc. Avant que nous ayons compris de quoi il retourne, l’ancien du village se fraye un chemin jusqu’à moi pour me demander, en ma qualité de person- ne présente la plus âgée, de remettre le certificat de maria- ge au jeune couple. Et cela malgré le fait que je n’aie jamais rencontré ni lui, ni le couple de mariés ! Salués comme «les Vieux» Il n’est pas possible de refuser, jem’avance donc dignement dans mon habillement – short et nu-pieds – jusqu’au mi- lieu du cercle. En traversant la foule, je demande à l’ancien du village si je peux dire quelques mots aux mariés et prier pour eux. Comme il m’en donne la permission sans hésiter, je mentionne courtement Dieu comme créateur du mari- age, je bénis les mariés et leur tends le document officiel. Chaque fois que nous avons passé un week-end sur cette île, nous avons été reconnus et cordialement salués com- me «les Vieux», c’est-à-dire les anciens. Un mariage avec suite Cet événement a connu une suite : l’après-midi après le mariage, Fatim et ses amies nous ont cherchés sur la pla- ge. Elles étaient également présentes le matin et voulaient en savoir plus sur notre foi. Quelques mois plus tard, après beaucoup de discussions et de visites, Fatim a décidé de suivre Jésus.

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Daniel JAKOB, ancien collaborateur à Conakry, Guinée

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EDITORIAL

Les 50+ … mais quelle jeunesse ! Notre société européenne, que certains considèrent comme « post-chrétienne » ou en passe de le devenir, est confrontée à un curieux dilemme avec les « vieux ». Certains politiciens, économistes ou penseurs préco- nisent qu’il est primordial de repousser la retraite à 67 ans, voire à 70 ans ou plus car il n’y a plus assez de jeunes pour payer les rentes ! D’un autre côté les en- treprises ont tendance à licencier les plus de 50 ans et à embaucher des jeunes plutôt que des plus vieux, ceux-ci, nous dit-on, faisant supporter en effet un poids bien plus lourd à notre chère économie. « Exit les plus de 50 ans car vous êtes devenus trop lents, moins efficaces, moins flexibles, trop souventmalades, enqui- quinants et surtout trop chers ! » Faisons un calcul rapide. On repousse l’âge de la re- traite à 67 ou 70 ans, donc plus de vieux – au moment de la parution de ce journal j’aurai le privilège de faire partie de cette heureuse catégorie des 50+ – sur le marché du travail, mais on en veut de moins en moins dans nos entreprises, donc plus de vieux au chômage. Finalement à la place de la retraite on nous propose le chômage. Mais heureusement, la société post-chré- tienne que l’on veut nous servir n’est pas une fatalité, ce n’est qu’un leurre, un utopique mirage, car le Dieu des chrétiens, Lui, existe toujours et les chrétiens aussi ! Et ce qui est formidable c’est que, en Lui, ces 50+ ont leur place à part entière, et ils sont encore efficaces, voire parfois plus que les jeunes. Ils portent des fruits, ces 50+ (on inclut évidemment les 60+, les 70+ etc.) et sont bien utiles entre les mains de leur Patron céleste. En poursuivant votre lecture dans les pages suivantes vous découvrirez comment des 50 et des 60+ ont travaillé avec efficacité et dé- vouement dans l’entreprise du Seigneur. Leur sages- se, leur expérience, leur autorité, leur savoir-faire, leur fraîcheur spirituelle, et j’en passe sont pour les person- nes et les projets qu’ils servent au sein de SAM global une immense richesse et bénédiction... Je vous souhaite une enrichissante lecture et un coup de jeune garanti ! Christophe REIFSTECK, Directeur dép. Europe Francophone

Le collaborateur idéal ?!

Bien formé, dans la trentaine, de jeunes enfants, flexible, disposé à apprendre, en bonne santé et plein d'énergie : c'est le tableau classique d'un collaborateur interculturel, d'un « missionnaire ». Actuellement malheureusement, de moins en moins de familles osent sortir ainsi de leur zone de confort. Les raisons sont nom- breuses – la vie à l'étranger avec de petits enfants semble trop compliquée, la situa- tion scolaire est peut-être difficile, la sécu- rité et les soins de santé représentent de gros défis, et c'est pourquoi on ne quitte l'Europe qu'à regret. Ainsi, le nombre de collaborateurs diminue. En outre, l'horizon temporel a changé : au- trefois, les collaborateurs partaient jeunes et restaient pratiquement jusqu'à la retrai- te. L'engagement à l'étranger était considé- ré comme une tâche vitale, une vocation pour la vie, que l'on poursuivait résolu- ment. Maintenant, on raisonne beaucoup plus en termes d'étapes de vie et on se ré- oriente constamment, dans la profession, l'appartenance à une église, la vie associa- tive, les activités de loisirs etc. Penser en termes d'étapes de vie, un danger ou une chance ? D'une part, cette façon de penser représen- te un grand défi pour SAM global, car elle provoque une réduction de la durée moy- enne d'engagement : elle s'élève actuelle- ment à environ sept ans ; en 2013 c'était dix ans, et nettement plus longtemps encore quelques années plus tôt. En ce moment, nous devrions donc être en mesure de rem- placer entièrement nos collaborateurs tous les sept ans… D'autre part, cette situation peut aussi être une grande chance pour nous. Aujourd'hui, un nombre croissant de cinquantenaires

et même de soixantenaires relèvent le défi d'oser entreprendre quelque chose de to- talement inédit durant une nouvelle étape, de réaliser peut-être un rêve caressé depuis longtemps – et de s'engager à l'étranger pour un temps plus ou moins long. En rai- son des changements dans la pyramide des âges en Suisse, plus de la moitié de la popu- lation aura bientôt dépassé la cinquantaine. C'est dire le potentiel pour de tels engage- ments ! Chance ou crise de la quarantaine ? Si l'on tape «Midlife» (40 à 55 ans) dans Google, «Midlife Crisis» apparaît immédia- tement, car les deux concepts semblent in- timement liés. Parler de la quarantaine me fait plutôt penser à une chance qu'à une crise ! Arrivé à mi-parcours de la vie, on est peut- être moins résistant, certains rêves se sont dissipés, la fatigue et les désillusions peu- vent s'être installées. On est parfois con- fronté à la pression croissante du travail ou de la vie en général. Mais ce mi-parcours est aussi une chan- ce extraordinaire : les enfants ont grandi et sont autonomes, on a plus de liberté de mouvement, la pression financière est moindre, on connaît ses possibilités et ses limites, on a une expérience de vie à trans- mettre. On entend parfois dire « Arriver à 50 ans, c'est recommencer à 30 ans », ce qui n'est pas faux : de nos jours, la plupart des cinquantenaires sont encore en forme et en bonne santé. Ils passent en général pour être attentifs à la qualité, actifs et pas- sionnés par les voyages. Ils sont nombreux à profiter délibérément de cette étape pour vraiment redémarrer, concrétiser leurs rê- ves et, selon la situation de leurs enfants, jouir de la liberté retrouvée. Pour tout dire, j'aime cette phase de la vie !

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Aux yeux de beaucoup, avoir plus de 50 ans est le moment idéal pour un engagement : professionnellement, vous avez obtenu ce que vous vouliez et vous voyez main- tenant la possibilité de vous réorienter en faisant une chose très différente du passé. Vous aimeriez consacrer quelques mois ou même vos 5 ou 10 ou 15 dernières années d'activité à un travail qui ait un sens, où vous ferez du bien et vous investirez acti- vement pour les défavorisés. Vous aimeriez transmettre et multiplier vos connaissances et votre expérience. Vous rêviez peut-être depuis l'enfance d'un engagement en Af- rique, l'occasion se présente maintenant de le concrétiser. Est-ce adéquat – oui ou non ? Nous avons donc réfléchi : pourquoi ne pas chercher plus activement des collabora- teurs dans cette tranche d'âge pour des en- gagements à court et long terme ? D'autres questions ont surgi en même temps : com- ment des personnes dans la deuxième moi- tié de leur vie se débrouilleront-elles face à la vie plus austère des pays d'engagement ? Sont-elles encore assez flexibles ? Arrive- ront-elles à s'intégrer dans une culture étrangère ? C'est à son usage que l'on peut juger de la pertinence d'une idée. Voilà pourquoi plusieurs couples âgés de 55 à 61 ans sont partis pour quelques mois ou quelques an- nées. D'emblée, la collaboration a été ag- réable et le travail effectué a eu un grand impact : ils ont développé des formations professionnelles, pris soin des visiteurs et de l'administration d'une maison d'hôtes, se sont engagés dans l'agriculture, le tra- vail parmi les couples et les familles, la lutte contre les mutilations génitales, la santé et la nutrition, laissant des traces durables et manifestes. Nous sommes enthousiasmés !

Avantages et inconvénients

Le service interculturel pose des défis à toutes les générations, et donc aussi aux cinquantenaires. Cela coûte de quitter la zone de confort à laquelle on est habitué en Europe ; les soins médicaux du pays d'engagement sont moins bons, il faut du courage pour accepter de ne pas voir ré- gulièrement ses enfants, ses petits-enfants et éventuellement ses parents vieillissants. Les cinquantenaires ont aussi des atouts : grâce à leur expérience de la vie, leurs compétences professionnelles et leur sa- voir-être, ils saisissent les problèmes dans leur globalité et proposent des solutions réalistes et pragmatiques. Conscients qu'ils ne resteront pas au-delà de la retraite, il leur importe de transmettre leurs connais- sances et l'expérience acquise, et de qua- lifier d'autres personnes, d'où un travail très durable. Ils sont souvent de précieux interlocuteurs et coachs pour les collabo- rateurs plus jeunes et remplacent un peu les grands-parents auprès des enfants. En- core un atout : aux yeux des Africains, des Asiatiques et des Latinos, il est normal de respecter particulièrement les personnes d'âge mûr, elles passent pour être sages et instruites, et on les écoute. L'idéal, c'est que les équipes comprennent des collaborateurs jeunes et d'autres plus âgés, car il en résulte une collaboration de grande valeur, dont tous peuvent profiter. En guise de bilan de ces dix dernières an- nées, on peut dire que SAM global a fait d'excellentes expériences avec tous nos collaborateurs d'âge mûr, une chance que nous aimerions continuer à saisir pour des engagements à court et long terme !

Jürg PFISTER, Directeur de SAM global

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Que dit la Bible sur les 50+ ?

La Bible le montre : Dieu a souvent attendu qu’une personne soit âgée de 50, 60 ou 70 ans avant de l’appeler pour un engagement spécifique et d’en faire une figure impor- tante dans son plan. Abraham avait 75 ans quand Dieu s’est adressé à lui pour la première fois : «Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te montrerai» (Genèse 12.1). Manifestement, Dieu n'a eu aucune hésitation à écrire l’Histoire avec un couple aussi vieux que lui et Saraï, qui avait alors 74 ans. Il ne voyait pas non plus de problème à les croire aptes à une tellemigration. Abramvenait de la riche ville d’Ur – et voilà que Dieu l’amenait aumilieu du désert. On pourrait penser que cette «mission» aurait entraîné avant tout privations, renoncements et ef- forts – et peu de résultats – du fait qu’ils étaient déjà d’un âge si avancé. Mais Dieu dit à Abram : «Je te bénirai…et tu seras une source de bénédiction» (Genèse 12.3). Et Dieu tint parole. Il est vrai qu’ils durent encore attendre le fils promis pendant 25 ans, mais tout un peuple fut en- suite issu de ce fils, et plus tardmême le Messie. Ce couple laissa des traces de bénédiction, sauva la famille de Lot (Genèse 14) et pria pour Sodome (Genèse 18). Dieu se nomma par la suite le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (p.ex. Exode 3.15). L’histoire et l’appel de Moïse sortent aussi de l’ordinaire : sa délivrance d’une mort préma- turée comme bébé tient du miracle. Il grandit ensuite à la cour du pharaon et aurait été en fait idéalement préparé à devenir un guide (spirituel) – s’il n’avait pas été un meurtrier. C’est probablement pour cela que Dieu lui fit garder les moutons dans le désert pendant 40 ans. Alors que Moïse avait 80 ans, Dieu prit pour la première fois contact avec lui : «J’ai vu la souf- france de mon peuple qui est en Egypte. […] Maintenant, vas-y, je t’enverrai vers le pharaon et tu feras sortir d’Egypte mon peuple» (Exode 3.7 et 19). Même si ce n’était pas facile de faire sortir d’Egypte le peuple d’Israël, Moïse fut tout de même l’instrument de nombreux miracles de Dieu, par la confrontation avec le pharaon, la traversée de la Mer Rouge et l’errance dans le désert (p.ex. Exode 4.21 ; 34.10). Plus encore que cela : sur le Mont Sinaï, il eut le privilège de voir Dieu face à face pendant 40 jours et de transmettre la Loi dite «mosaïque», un coup de maître extraordinaire en comparaison avec d’autres lois de son temps (Exode 34.28-29). Rencontre importante à un grand âge Un rôle particulier est aussi attribué à deux 50+ dans l’Evangile de Luc. Quand Joseph et Ma- rie apportèrent Jésus dans le temple pour le sacrifice de purification obligatoire, ils rencon- trèrent Siméon et Anne. «Le Saint-Esprit lui avait révélé (à Siméon) qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie du Seigneur» (Luc 2.26). Quand Siméon vécut cela, il loua Dieu et bénit la famille. Anne était une veuve âgée de 84 ans qui habitait dans le temple. «Elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière». En voyant le Messie «elle disait pub- liquement sa reconnaissance envers Dieu et parlait de Jésus à tous» (Luc 2.37-38). Conclusion Quand nous vivons notre vie avec Dieu, il peut aussi nous appeler à une tâche impliquant de grandes responsabilités à 40, 50 ou 60 ans, et ainsi faire de nous un exemple et une béné- diction pour d’autres. Cela ne doit pas toujours avoir lieu déjà au début de la vie. Pour Dieu, il n’y a pas de «trop tard», il peut nous utiliser pour son plan à chacune des étapes de notre vie. Il apporte ainsi constamment de la dynamique dans notre vie. Instrument de nombreux miracles à 80 ans

Dr Hannes WIHER, promotion de la missiologie en Francophonie

Pourquoi tout recommencer encore une fois ?

A plus de 50 ans on est bien dans ses bot- tes, on sait comment les choses se dérou- lent et comment cela se passe en géné- ral. Ce n’est de loin pas tout le monde qui cherche la grande aventure à ce stade- là, bien au contraire : trop souvent on se cramponne à ce qu’on connaît, on évite les gros changements, on commence à penser à la retraite et l’on ne veut certai- nement pas retourner à la case départ ! C’est un peu ainsi que cela s’est passé pour nous. Finalement, nous nous sommes tout de même décidés pour une mission (de plus). Pourquoi ? En tant que Suisses, nous pensons que nous pouvons donner beaucoup plus de la richesse dont nous disposons – pas seule- ment le matériel mais aussi la formation et l’éducation que nous avons reçues. De 1992 à 1994 nous sommes partis en mission avec Servants to Asia’s Urban Poor à Manille, la capitale des Philippines. Nous habitions alors avec nos trois petits enfants dans les quartiers pauvres, apprenant une langue étrangère et nous engageant dans divers petits projets. Nous sommes rentrés en Suisse en mars 1994 à cause de la forma- tion scolaire des enfants. Le temps que nous avons passé là-bas nous a marqués. Il n’était pas seulement ques- tion d’amener des changements par notre engagement, mais également de permet- tre que notre vision des choses se modifie. Nous avons appris à mieux comprendre les causes de la pauvreté et aussi les raisons qui font qu’il est si difficile de changer une situation. Nous avons dû apprendre que nos références, nos valeurs, ne détenaient pas la solution à tous les problèmes. Cet en- gagement nous a aidés à comprendre quel- le richesse nous avons dans notre pays, la Suisse, et cela nous a finalement motivés à nous lancer dans un nouvel engagement. Notre vision des choses s’est modifiée

Le meilleur est encore devant nous

La formation est un facteur important pour éviter la pauvreté, et c'est donc un grand thème, important dans bien des pays en voie de développement – nous l'avons vrai- ment réalisé aux Philippines. C’est pour cela que le projet CSS au Sri Lanka nous a tout de suite interpellés – et que nous n'avons pas tardé à nous lancer dans les préparatifs ! Remettre notre appartement n’a été une mince affaire. C'était simplement incro- yable de voir tout ce qui s’était accumulé durant ces années ! Il a fallu plusieurs tra- jets rien que pour les objets encombrants. Nous avons ressenti un grand soulagement lorsque tout a été terminé. Un autre obstac- le a été nos amis et parents, ainsi que nos enfants, que nous laissions en Suisse. Cela a été, cette fois, nettement plus dur que lors de notre première mission. Si être ici au Sri Lanka sans enfants est certainement plus simple dans de nombreux domaines, ce temps de séparation est en même temps un défi pour nous. Mais la Bible nous dit que le meilleur est encore devant nous ! Cette certitude nous facilite le lâcher prise et le fait de nous impliquer une fois encore dans une aussi grande aventure. Nous sommes maintenant au Sri Lanka depuis novembre 2016. Notre expérience de vie est un grand avantage pour nous – nous pouvons faire front face à beaucoup de choses avec plus de détachement que ce que nous n’en montrions auparavant. Notre décision de repartir était un pas sur l’eau, mais nous sommes confiants que Dieu va nous conduire sur le bon chemin et nous montrer de toutes nouvelles choses. Expérience de vie – une bonne dose de sérénité

Regina (56) et Markus (59) MEYER, collaborateurs du CCS au Sri Lanka

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« Gardez en vous le désir d’entendre Dieu ! »

Renate (50) et Emanuel (51) Wieland ont rejoint ProTIM2-2-2 Kissidougou en Guinée en octobre 2016. Dans cette interview, ils nous racontent comment leur est venue à l’esprit l’idée de partir et comment vous pouvez contribuer à ce travail. Pourquoi vous êtes-vous décidés à vous engager - et pour- quoi maintenant ? Nous avions tous deux de l’intérêt pour un travail intercultu- rel depuis notre mariage. Au début, la question est restée en veille pour notre jeune famille. Le désir cependant est toujours resté bien implanté dans nos cœurs. Une fois que nous avons atteint la cinquantaine, nous avons considéré que le moment était venu de reconsidérer la chose : nos filles avaient terminé leur formation et il nous restait quelques années de vie profes- sionnelle devant nous. Comment s’est déroulé le processus de décision ? Nous nous sommes toujours posé la question de savoir où Dieu souhaitait nous voir. Dans la plupart des cas il nous lais- se libres, mais parfois il nous interpelle tout à fait clairement. Nous nous sommes alors sentis très encouragés à ne pas res- ter statiques, mais à aller de l’avant, à ouvrir les portes qui se présentaient à nous, considérant qu’il refermerait lui-même les «mauvaises» portes. Cela faisait quelques années que nous nous demandions si un engagement comme personnes plus toutes jeunes était en- core d’actualité. Nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs projets au cours d’un voyage de découverte à travers la Guinée. Nous avions alors constaté que plusieurs de ces projets nous offraient à tous deux de bonnes opportunités d’engagement. La formation de nos filles toutefois nous dictait que le moment n’était pas encore opportun. Nous avons alors beaucoup parlé avec nos amis de la question d’un engagement, tout en res- tant en contact avec SAM global. Au moment où nos filles ont achevé leur formation, la réponse et devenue plus claire pour nous : plus rien ne nous opposait à un départ ! Nos filles elles-mêmes étaient totalement avec nous dès le début et nous ont soutenus de manière toute pratique. C’est aussi vrai que l’idée de nous séparer d’elles a été pour nous le plus dur à affronter. Comment vous êtes-vous préparés à votre engagement ? Parallèlement à notre travail habituel, nous avons suivi plu- sieurs cours pour nous former : nous sommes allés rafraîchir nos connaissances du français à Paris, nous avons fréquenté des séminaires pour nous préparer à un travail interculturel, et accompli des cours de formation professionnelle spécifiques, comme par exemple auprès d’un institut tropical. Nous avons également enrichi nos connaissances en lisant des livres trai- tant de l‘Islam et de l’animisme. Que se passait-il dans vos têtes au moment du départ? Tellement de choses ! La joie et la curiosité de voir que nous pourrions enfin mettre en pratique ce que nous avions appris.

D’un autre côté, la séparation d’avec notre famille et nos amis était très dure. Et puis il y avait l’angoisse devant tout l’inconnu qui nous attendait. Et maintenant, que faites-vous en Guinée? Emanuel est en train d’achever la cons- truction de l’atelier mécanique. Nous en- seignons tous les deux au sein de l’Institut Biblique de Télékoro : Emanuel pour la mécanique et Renate pour la nutrition et la santé. Nous nous engageons aussi pour une mécanisation agricole simple, pour l’amélioration du sol, les cultures et les plantes médicinales. De nombreux autres petits travaux nous occupent tels que la lit- térature, l’entretien de la maison, les soins des blessures, les contacts avec les pas- teurs, etc. Que trouvez-vous génial, ou au contraire difficile ? Nous faisons connaissance avec beaucoup de gens extraordinaires, nous découvrons un nouveau pays, une nouvelle culture, une autre vision du monde, il y a beaucoup d’ouverture et nous nous sentons valori- sés… mais par ailleurs, beaucoup de ces belles expériences se révèlent aussi diffici- les. La confrontation avec la pauvreté, la (encore) méconnaissance de la langue loca- le représentent autant de défis. Qu’est-ce qui est un plus pour vous aujourd’hui, comparé au temps où vous aviez 25 ans ? Le fait que nous nous sommes engagés sans enfants nous donne beaucoup plus de temps libre pour travailler. Et puis il y a aussi le fait que nous avons plus d’expérience de la vie que dans notre jeunesse. Du coup, on fait aussi moins de bêtises. Quels conseils donneriez-vous à d’autres quinquagénaires ? Gardez en vous le désir d'entendre Dieu. Ayez le courage de lâcher prise - aussi pour ce qui concerne la sécurité financière. Ne craignez par l’échec. Nous avons beaucoup apprécié de pouvoir nous rendre sur place pour quelques semaines, avant de nous en- gager, pour nous imprégner d’une appro- che interculturelle et pratique du travail. Et puis : ça vaut la peine de partir - c’est une chance énorme !

S’engager après 5

Fredi Raymann (61), collaborateur de ProTIM2-2-2 en Guinée depuis 2013 : Nous sommes partis comme jeune famille en Angola en 1988 et avonsœuvré dans plusieurs domaines. Nous som- mes rentrés en Suisse en 1993 à cause de la guerre, mais l'Afrique nous tenait toujours à cœur. Un jour, ma femme Annalies est rentrée d'une rencontre consacrée entre au- tres à sensibiliser les personnes ayant plus d'expérience de vie aux possibilités de service pour le travail intercul- turel à l'étranger. Nous sentant concernés, nous avons prudemment commencé à planifier, à fixer des horizons temporels, à nous informer d'éventuels projets, puis nous sommes partis en Guinée avec SAM global. Christine (54) et Eduardo (56) Hümbeli, collaborateurs à ProVIDA (PePe, formations, foyer pour jeu- nes, relation d'aide, travail dans les prisons), au Brésil : Ce qui a été déterminant pour notre engagement, c'était un changement imminent de travail et de logement, et le fait que notre fille cadette avait terminé l'école obliga- toire. Cette période de mutations était le moment idéal pour nous lancer dans quelque chose de nouveau. Il était clair que nous voulions expérimenter à corps perdu un enga- gement dans un autre pays et participer à un projet en couple. S'engager au Brésil, c'était aussi une bonne occa- sion d'apprendre la langue maternelle de mon mari. Voilà pourquoi nous sommes partis durant l'été 2014 pour un service d'une année à Belém avec notre fille cadette. Cette année a été riche, précieuse et profitable. Nous en sommes reconnaissants ! Ces belles expériences ont ou- vert nos cœurs aux visions que Dieu peut donner et nous sommes curieux de ce qu'il en adviendra. De plus, nous avons fait la connaissance d'amis qui nous sont devenus chers, dans un pays très éloigné. Marianne (65) et Daniel (66) Jakob, collaborateurs pour l'administration et lamaison d'hôtes en Guinée, de 2011 à 2016 : Le travail interculturel nous a toujours intéressés et notre cœur vibrait pour les personnes n'ayant jamais entendu parler de l'amour de Dieu. Nous nous sommes donc en- gagés dans le quartier, à l'école, dans le comité de plu- sieurs organisations (SAM global, indicamino...) pour que des personnes puissent expérimenter l'amour de Dieu.

Nous avions le désir profond de ne pas en parler seule- ment théoriquement depuis la Suisse, mais de mettre concrètement la main à la pâte et de connaître la réalité dans un pays d'engagement. Et le rêve s'est réalisé ! Nous sommes donc partis pour la Guinée en 2011 et y sommes restés jusqu'à la retraite. Nous n'avons jamais regretté cet engagement, même si nos petits-enfants nous ont beaucoup manqué. En com- pensation, d'authentiques amitiés ont été nouées avec des Africaines et des Africains, nous avons nourri et en- couragé beaucoup d'hôtes et alphabétisé des autochto- nes. Il faut savoir que Margrit et moi-même nous sommes en- gagés au Sri Lanka il y a 45 ans et y sommes restés 13 ans, revenant en Suisse surtout à cause des enfants. Une fois nos enfants devenus autonomes, nous avons trouvé presque tout naturel de saisir à nouveau la chance de transmettre dans un autre pays ce dont nous étions con- vaincus. Nous sommes donc repartis au Sri Lanka il y a six ans et y avons établi une école professionnelle, pour transmettre un bon métier et l'amour de Jésus aux ap- prenants. Aujourd'hui, avec six ans de recul, nous savons que c'était juste. La vie reste passionnante – entre autres grâce à cette aventure – et au Sri Lanka nous avons appris à quel point nous dépendons chaque jour de Dieu. Ruedi (70) et Margrit (68) Stark, collaborateurs au Sri Lanka de 2011 à 2017 : Urs Berger (65) , et sa femme Hanna (66 ans), collaborateurs depuis 2017 à la maison d'hôtes en Guinée : J'ai pris une retraite anticipée à 63 ans. Et après ? Prendre d'assaut les téléphériques et parcourir les sentiers pédes- tres ? Pas vraiment une priorité... «Serve» de SAM global m'interpellait plus, même sans diplôme d'artisan. Je me suis donc inscrit pour un court terme et j'ai sorti mes an- tennes : où a-t-on besoin de moi ou de nous, où les cir- constances le permettent-elles, où Dieu parle-t-il dans le recueillement, où le feu passe-t-il au vert ? Après peu de temps, jeme suis retrouvé pour six semaines au Rancho da Lua, au Brésil. Mes tâches principales étai- ent de fabriquer des lits de camp, peindre, nettoyer la pis- cine, ratisser des mangues sur le terrain. En prime, j'ai pu avoir beaucoup de bonnes discussions et d'expériences.

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ans! Pourquoi est-ce que je fais cela ? Pour aider et encoura- ger les collaborateurs suisses et brésiliens sur place, et rentrer à la maison heureux et intérieurement comblé. En avril 2017, ma femme et moi sommes partis à Co- nakry pour un remplacement de six mois à la maison d'hôtes. On m'avait déjà proposé cette tâche en 1985 et je l'avais refusée, parce qu'un autre travail en Suisse était prioritaire pour moi. Mais là, c'était le moment. Ceux qui participent à nos « projets pour seniors » sont enthousiastes. Pourquoi pas vous ? Margrit (67) et Daniel (68) Berger, de 2010 à 2014 dans le projet ProAGRO et de 2016 à 2017 à la maison d'hôtes en Guinée : Nous n'avions pas pensé ni planifié d'engagement interculturel en Guinée mais c'est ce qui peut arriver quand on se laisse diriger par Dieu. Après une vie pro- fessionnelle active, nous avons pris une retraite antici- pée en 2009 pour nous engager en Guinée, mandatés par SAM global. Nous voulions offrir une aide concrète au travers d'un projet agricole. Dieu nous a accordé sa grâce en abondance pour réussir. Le projet continue, bien que nous soyons de retour chez nous. En 2016, alors qu'on cherchait d'urgence quelqu'un pour la maison d'hôtes, nous sommes repartis en Gui- née pour un an et avons vécu une autre période très intéressante. Hildi (63) et Markus (66) Bosshart, collaborateurs en Angola de 2013 à 2014 ; ensuite, ac- compagnement des projets depuis la Suisse et visites sur place : Nous étions en famille au Brésil de 1987 à 1995, puis nous nous sommes engagés dans le comité de SAM global. Nous avons appris qu'on cherchait d'urgence un coordinateur pour l'Angola, chargé d'accompagner et de faire avancer les démarches de nationalisation. Nous nous sommes sentis appelés et sommes partis pour deux ans en Angola. Les défis n'ont pas manqué durant notre service, mais Dieu a toujours donné de bonnes solutions et il nous a permis d'expérimenter sa fidélité de manière toute spéciale. Le soutien de SAM global depuis la Suisse, de la part de personnes au courant de la situation, de nombreux amis et de notre famille nous a beaucoup encouragés !

Fredi Raymann

Fam. Hümbeli

Fam. JAKOB

Fam. STARK

URS BERGER

FAM. BERGER

FAM. BOSSHART

S'engager à 50+ : avantages et inconvénients

Ce qui est difficile ? LA SANTÉ : Il est naturellement bien d'être en bonne santé et en pleine possession de ses moyens – même si cela aussi est relatif. En tant que «vieil homme», tu n'es pas ob- ligé de décharger tout seul un camion de ciment, tu vas chercher de l'aide. Cepen- dant, le risque de tomber malade est plus élevé. Nous avons donc effectué chaque année des contrôles médicaux en Suisse et emporté les médicaments nécessaires, ce qui nous a permis de nous faire moins de soucis. Lorsqu'un cancer du pancréas a été diagnostiqué chez mon épouse Annalies et qu'elle en est morte peu de temps après, nous avons tous été secoués. Mais en même temps, cela aurait pu nous arriver égale- ment en Suisse. Notre préparation intensive en Guinée par rapport à la mort nous a été d'un grand secours. J'ai l'impression qu'en Afrique, on est davantage conscient de la réalité de la mort. APPRENDRE UNE LANGUE : On dit qu'après 50 ans, on n'apprend plus une langue si rapidement. C'est vrai, mais d'un autre côté, on peut beaucoup compenser par la franchise et on arrive à se faire com- prendre avec un vocabulaire simple. Le mot « langue » est lié au verbe « parler » et en parlant, on peut beaucoup apprendre. De plus, nous n'avions pas dans notre mission à traiter de sujets théologiques compliqués ou à relever d'autres défis de langage. La famille à la maison : Nos enfants ne sont pas avec nous, donc ils nous manquent na- turellement beaucoup !

Ce qui est plus facile ? LES DERNIÈRES ÉTAPES DE LA CARRIÈRE : dans quelques années je serai à la retraite et je n'ai donc pas le stress de devoir me réintégrer et chercher à nouveau du travail. L'APPARENCE D'UNE PERSONNE PLUS ÂGÉE : Les cheveux gris ne sont pas un inconvénient – au con- traire : l'âge est honoré et respecté. LOGEMENT, NOURRITURE, ÉCOLE, QUESTIONS DE SANTÉ… : Une bonne partie de tout ceci est plus facile à organiser sans petits enfants – même si c'est naturellement aus- si possible avec eux, comme nous l'avons expérimenté lors de notre premier engagement en Angola ! VIVRE SA VOCATION : A 50+, cer- taines obligations financières et de temps n'existent plus – et nous avons davantage de temps et de moyens pour découvrir et réaliser de nouveaux désirs, rêves et vocations. De plus, avec l'âge, il est plus facile de répondre à des questions comme : Qu'est-ce que je sais bien faire ? Où sont mes dons et talents ? Qu'est-ce que Dieu m'a mis à cœur ? Qu'est-ce que je ne voudrais en tout cas pas faire ? – et par conséquent chercher une activité qui nous corresponde. FINANCES : Nous avons consulté un conseiller financier, qui nous a mon-

tré quelle serait notre situation à la retraite. Pour nous, c'était un grand soulagement de voir qu'il n'était vraiment pas nécessaire de nous in- quiéter pour nos vieux jours. Com- me durant nos années passées en Angola, nous n'avions pas de caisse de pension, il n'était pas question pour nous de prendre une retraite anticipée – alors que pour d'autres cela peut être la meilleure voie. D'autres avantages financiers pour nous étaient que nous pouvions louer notre maison et que nos en- fants ayant quitté le nid, ils n'avaient plus besoin de notre soutien finan- cier. GESTION DES DÉFIS ET DES SI- TUATIONS DIFFICILES : Au niveau professionnel, on est plus stable et moins en proie à des défis qui pro- voquent du stress. De par notre expérience, nous pouvons mieux reconnaître les priorités et les réa- liser plus facilement. De plus, on peut aborder bien des situations de façon plus détendue - on a une cer- taine expérience de vie et les premi- ères tempêtes sont derrière nous, ce qui est rassurant. INCLURE LA FAMILLE : Pour nous, il était important d'intégrer nos trois enfants adultes dans le processus, qu'ils puissent exprimer leurs crain- tes et leurs joies, et pouvoir ainsi fai- re une planification commune.

Fredi RAYMANN, collaborateur de ProTIM 2-2-2 Kissidougou, Guinée

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Réorientation : comment s’y prendre ??

Pour une personne en marche, il est im- portant de vérifier continuellement sa position et son but, car : «Qui ne connaît pas le but n’en voit pas le chemin» (Chris- tian Morgenstern) ; mais qui ne marche pas sur le chemin n’arrive pas au but. Ce faisant, une réorientation est parfois né- cessaire. C’est avant tout le cas dans deux situations : Situation 1: Quand j’ai atteint un but, et que je dois ou peux me fixer de nou- veaux objectifs. Situation 2: Quand je me suis perdu en route et que je ne suis pas sûr d’arriver au but par ce chemin-là. Au cours de notre vie, nous nous réorien- tons plusieurs fois, à des étapes très diffé- rentes. A 50+, nous remarquons lors d’une réorientation que nous ne pouvons et ne voulons plus nous permettre de «phase improductive». Cette constatation peut apporter une nouvelle profondeur et ar- deur dans notre manière d’être et d’agir. Plutôt que la résignation et la léthargie, ce sont la joie, la détermination et le courage qui nous accompagnent. Plusieurs de mes amis ont empoigné de nouvelles tâches dans cette phase de leur vie et se sont levés pour de nouvelles aventures. Comment aborder une réorientation ? Les questions ci-après peuvent aider à avancer. Situation 1 : Qu’est-ce que j’ai déjà atteint dans la vie et pour quoi suis-je reconnais- sant ? Qu’est-ce que je veux encore at- teindre dans ma vie ? Où vois-je des obstac- les et des difficultés ? Qui – qu’est-ce qui – pourrait m’aider à les surmonter ? Que disent mes relations personnelles les plus importantes au sujet de mes plans ? Suis- je en paix avec moi-même, ma vie et mon entourage ? Qu’est-ce que j’aimerais trans- mettre de mon riche trésor d’expériences et de dons ? Qui – qu’est-ce qui – me souti- POSER DES QUESTIONS

ent pour fixer de nouveaux buts et prendre de nouveaux chemins ? Situation 2 : Où ai-je perdu de vue le but ou pris une mauvaise direction ? Puis-je re- tourner à ce point-là ? Le but était-il précis pour moi, et comment suis-je arrivé à ce choix ? Ai-je suivi le chemin parcouru avec plaisir et ai-je observé attentivement les in- dicateurs sur le trajet ? Il est important de se poser des questions à soi-même, à Dieu et les uns aux autres. Les questions honnêtes amènent des ré- ponses qui à leur tour nous mèneront plus loin. Job a aussi reconnu cela ; quand il a découvert en Dieu un vis-à-vis vivant, il a déclaré (42.4) : «Ecoute-moi et je parlerai ! Je t’interrogerai et tu me renseigneras.» Prenez des notes au cours de cette démar- che. Ecrivez vos questions et voyez quelles réponses en ressortent. Echangez réguliè- rement avec Dieu, votre partenaire, de bons amis et d’autres personnes de confi- ance. Avancez patiemment, résolument et joyeusement dans ce processus, car Jésus dit (Jean 10.10b) : «Je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abon- dance». Ceci est valable encore aujourd’hui et ceci est valable aussi pour nous ! Nous ne devons donc pas avoir peur d’une réori- entation, mais nous pouvons nous reposer avec confiance sur ces promesses de vie. Qu’aimeriez-vous avoir atteint dans 10, 15, 20 ans ? Dieu dit (Genèse 12.2.) : «Je te bé- nirai… et tu seras une source de bénédic- tion». Comment vous bénit-il et comment pouvez-vous bénir les autres ? Je vous bé- nis avec le courage nécessaire pour cette démarche. LA VIE EN ABONDANCE

Ram BHALLA, pasteur, coach et directeur de projet www.vserve.ch www.salem-life.ch

Un engagement – est-ce bien pour moi ?!?!

Vous entrez dans votre deuxième tranche de vie ? Vous êtes-vous déjà posé un jour la question d’un éven- tuel engagement à l’étranger ? Ou pas encore ? En fait, nous sommes à la recherche de personnes comme vous ! Cochez s.v.p. les cases ci-après en répondant aux questions par oui ou par non, et découvrez si un engage- ment peut devenir réalité pour vous - laissez-vous étonner !

OUI NON

1. Vous aimez votre travail, mais vous avez besoin d’un nouveau défi ou de dépaysement. 2. Un travail qui ait du sens et donne de la satisfaction dans la vie est pour vous un point essentiel. 3. Vous partagez volontiers avec d’autres votre savoir-faire et votre expérience. C’est votre joie que de pouvoir accompagner d’autres personnes pour les faire progresser. 4. Vous êtes curieux de découvrir de nouvelles choses, que ce soit par la littéra- ture, l’observation, ou par le contact direct avec d’autres personnes. 5. L’inconnu vous intéresse et attise votre curiosité. 6. Vous êtes intéressé par la rencontre avec des personnes d'une culture diffé- rente de la vôtre. 7. Vous aimez les langues étrangères et êtes disposé à en apprendre de nou- velles. 8. Vous avez déjà goûté aux kebabs, sushis, tacos, couscous et autres, et vous ne les avez pas trouvés si mauvais que cela.

9. Les défis et les imprévus ne vous font pas peur.

total intermédiaire

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10. Votre expérience personnelle vous le dit : il y a toujours une solution ! 11. Vous savez adapter vos exigences personnelles et pouvez vous con- tenter d’une vie simple. 12. Si vous avez des enfants, ceux-ci sont-ils déjà adultes et indépen- dants? 13. Vous êtes intégré et engagé dans une église ou communauté chré- tienne. 14. Vous êtes constamment émerveillé par l’amour de Dieu envers tous les hommes et avez le souci de le faire connaître à d’autres. 15. Vous avez un bon réseau de relations. 16. Vous jouissez d’une bonne santé - vous ne craignez pas les climats chauds. 17. Vous avez déjà songé à un engagement, ou vous avez autrefois expri- mé le désir d’être actif dans un travail interculturel – mais cet engage- ment n’a pas pu être réalisé pour un certain nombre de raisons. 18. Vous souhaitez apporter un changement dans le monde, agir contre l’injustice - laisser une trace – et c’est volontiers que vous êtes prêt à mettre la main à la pâte.

total

Si vous avez répondu affirmativement à au moins 9 de ces questions, n’hésitez pas à prendre contact avec nous ! Il se peut que nous puissions vous proposer un engagement qui cor- responde exactement à vos attentes.

ecublens@sam-global.org Tél: +41 (0)24 420 33 23 Vous trouverez un aperçu de nos postes vacants sur : www.sam-global.org

Offres d'engagement – ouvertes aux personnes de plus de 50 ans, mais pas seulement

Long terme ( dès deux ans )

Pasteur/coach pour églises autochtones et travailleurs interculturels Vous aimez encourager les jeunes leaders et pasteurs, les coacher et les accompagner, et vous donne- riez volontiers un nouvel élan au travail d’église ? Postes ouverts au Brésil , au Burkina Faso , en Guinée , au Tchad et en Inde . Pasteur ou conseiller/ère conjugal, soutien des responsables et travail parmi les enfants et les jeunes En étroite collaboration avec l’Eglise autochtone, vous dirigez et conseillez des collaborateurs locaux dans divers domaines. Plusieurs postes ouverts en Guinée . Employé/e agricole ou agronome Vous dirigez des projets agricoles qui ont pour but l’augmentation de la productivité par de nouvelles méthodes de culture et vous vous engagez dans le travail du développement durable. Postes ouverts au Brésil et en Guinée . Collaborateur/trice dans un home pour écoliers et étudiants ou pour la création d’un home pour écoliers et étudiants Vous aimez le contact avec les jeunes et avez de l’expérience dans le travail social ou dans la conduite de projet, voire d’une petite entreprise. Au Cambodge . Artisan ( maçon/charpentier, mécanicien auto, expert en construction ) En votre qualité d’artisan expérimenté, vous formez des jeunes et leur donnez une perspective et de meilleures bases pour le futur. Divers postes en Guinée et au Sri Lanka . Soignant/e, médecin, manager en projets médicaux En votre qualité de professionnel de la santé avec un intérêt pour les soins de santé de base et un cœur pour les personnes défavorisées, votre place est chez nous. Postes ouverts en Guinée . Instituteur/trice, expert/e en pédagogie, professeur d’anglais Vous aimez contribuer de façon pratique à la bonne formation scolaire d’enfants et d’adultes défavori- sés afin de leur donner de meilleures chances pour leur avenir ? Ou vous souhaitez soutenir nos collabo- rateurs en enseignant leurs enfants à la maison ? Quelle que soit votre préférence, vous pouvez soutenir et encourager des enseignants locaux ou assis- ter l'apprentissage des enfants suisses. Postes ouverts en Guinée , Inde et au Tchad . Chef/fe de projet, collaborateur/trice dans l’administration et la comptabilité En tant que personne polyvalente dans les domaines de la gestion ou l'administration de projet, nous avons des postes à vous proposer en Guinée ou au Tchad .

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Court terme ( jusqu’à 12 mois )

Instituteur/trice ou assistant/e d’apprentissage 6-12 mois

Nous cherchons chaque année des instituteurs/trices ou assistant/es d’apprentissage pour enseigner l’école à lamaison aux enfants de nos collaborateurs. C’est un service de valeur énorme pour les équipes ! A côté de cela, vous pouvez vous engager selon vos intérêts dans divers domaines et/ou coacher des enseignants locaux. Postes ouverts en Guinée et au Tchad . Artisan (maçon, menuisier, électricien, mécanicien), personne habile au niveau pratique 2 semaines – 12 mois Vous aimeriez prêter main forte et mettre à profit vos capacités pratiques dans divers domaines ? Alors contactez-nous ! Postes ouverts en Guinée , au Sri Lanka et au Brésil .

Accueil des hôtes et support d’équipe en Guinée 6-12 mois

Sociables et animés par un esprit de service, vous apportez un support aux différentes équipes à l’intérieur du pays en matière administrative et dirigez une petite maison d'hôtes dans la capitale. En Guinée.

Professionnel de la santé 1-12 mois

Souhaitez-vous investir vos connaissances professionnelles au service des personnes défavorisées et contribuer à une meilleure prise en charge médicale ? Nous recherchons des professionnels de la santé dans les domaines de la médecine de laboratoire, la radiologie, la pharmacie, la gestion d’hôpital, la médecine interne générale et l’infectiologie. Postes ouverts en Guinée.

Enseignant/e en travaux manuels ou couturier/ère 1-12 mois

Nous souhaitons donner la possibilité aux filles et jeunes femmes d’acquérir une formation – et ainsi leur donner une chance de trouver un travail et de se forger un meilleur avenir. Nous cherchons donc un/e enseignant/e en travaux manuels ou couturier/ère en Guinée.

Êtes-vous interpellé(e) par l’un de ces engagements ? Prenez contact avec nous ! Nous vous donne- rons volontiers des informations complémentaires.

ecublens@sam-global.org Tél: +41 (0)24 420 33 23 www.sam-global.org

Une « amie avec beaucoup d’expérience »

J’ai remis ma classe à ma remplaçante en janvier, j’ai déposé ma clé de sous- locataire dans la main de ma logeuse, fait mes valises et je me suis préparée à ma nouvelle aventure : un engage- ment en Guinée, àMacenta ! Alors que je partais, j’étais entourée de neige et il faisait moins de 0 degré – mais quelques heures plus tard et après un trajet en voiture où j’ai été secouée comme un prunier, je me suis soudai- nement retrouvée dans un Macenta agréablement chaud. Ici j’enseigne chaque matin les trois plus grands enfants de l’équipe. De plus, je donne un coup de main une fois par se- maine lors de l’heure de sport avec près de 40 enfants, et soutiens deux femmes indigènes dans leurs efforts pour ap- prendre à lire. Je joue avec les enfants du quartier, j’aide à bien recevoir les nom- breux invités de la station, je m’occupe du club de lecture biblique avec les en- fants du voisinage, je cherche au marché des noix de coco fraîches, des pommes de terre et des aubergines, je m’occupe du ménage qui ici, sans l’aide de toutes sortes d’appareils, prend un peu plus de temps… et je jouis de la saison des ana- nas, des papayes, des mangues ou des bananes qui poussent juste à côté de la maison. Notre équipe est constituée des familles Leuenberger et Büchli, de Martha Gafa- fer et de moi-même. Nous vivons tous ensemble sur la station. Chacun a ses do- maines de responsabilités et ses projets – le grand hôpital « Centre Médical », le travail avec le groupe de jeunes, l’école du dimanche etc. mais nous échan- geons régulièrement des nouvelles de nos tâches respectives. Vu que l’équipe est assez petite, je me suis sentie à l’aise et intégrée dès le début. Martha est devenue une personne tout spécialement importante pour moi. Elle a environ 31 ans de plus que moi et vit en Guinée depuis 27 ans. Dès le début, Des mangues fraîches cueillies sur l’arbre Un pas en avant considérable dans mon expérience de la Guinée

elle m’a donné beaucoup de conseils pra- tiques, m’a transmis des astuces et des in- formations utiles, elle m’a introduite dans la vie d'ici et m’a présentée aux voisins. Elle a toujours une oreille ouverte pour moi, et me met sans cesse au défi de tenter de nouvelles choses. Il est très intéressant de l’écouter lorsqu’elle décrit ses expériences guinéennes. Ses yeux se mettent souvent à briller et l’on sent combien elle aime son travail et les Guinéens. Pour moi, célibataire, c’est pas- sionnant de faire l’expérience de la mani- ère dont elle gère sa vie de femme seule. Comme nous sommes les deux « singles », nous avons automatiquement des choses en commun – nous vivons les deux seules, nous avons plus de disponibilité pour nous occuper des hôtes et nous trouvons régu- lièrement le temps d'entreprendre spon- tanément des choses ensemble, du shop- ping au marché par exemple, un repas en commun, une promenade vespérale, une visite au Centre Médical, un culte … Pour les enfants, Martha est comme une grand-maman. Pour l’équipe elle est une conseillère – et une amie avec beaucoup d’expérience, me dit Sarah Büchli. Martha est là depuis plus longtemps que nous, elle connaît mieux les gens, les circonstances et la culture et sait aussi ce qui est arrivé dans le passé, spécialement à l’hôpital. Cette expérience, mais aussi sa pensée pratique, son instinct quant à la meilleure façon de s’occuper des hôtes et sa manière d’être, sont appréciés de tous dans l’équipe. Et pour moi ? Les Africains m’ont déjà de- mandé si elle était ma mère. Mais bien plus qu’un « ersatz de mère » elle est devenue une chère amie. Je pense que l’âge n’a pas grand-chose à voir là-dedans. La vie d’une célibataire en Afrique de l’Ouest Grand-maman, conseillère, amie …

Maria SCHMIDT, court-terme à Macenta de janvier à juillet 2017

Les court-termes et les enfants des collabora- teurs nous parlent de leur vie.

Martha GAFAFER

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Elisabeth GAFNER

Un jour dans la vie d’Elisabeth Gafner Nous n’avons en ce moment de l’électricité qu’entre

17h et 05h, ce qui complique singulièrement l’organi- sation de ma journée ! Pouvez-vous imaginer une vil- le de 800’000 habitants qui ne dispose d’électricité que durant la nuit ? Idéalement j'aime me lève à 5h du matin pour répond- re à mes e-mails et prendre connaissance des nouvelles sur SRF (RTS en français), mais cela n’est pas possible puisque la batterie de mon ordinateur ne tient qu'une vingtaine de minutes ! Et le jour ne se lève qu’à six heu- res... Je dois alors commencer ma journée très tôt pour accomplir un certain nombre de tâches qui nécessitent d’utiliser du courant électrique, et à cinq heures … je vais me recoucher jusqu’à ce que le jour soit suffisant pour que je puisse lire ma Bible. Pour finir, je vaque à mes oc- cupations quotidiennes comme de prendre une douche «à l’africaine» en utilisant une boîte de conserve, prendre mon petit-déjeuner, contrôler l’état de la voiture, mettre de l’eau au réfrigérateur, et donner quelques directives à mon aide de ménage pour les nettoyages et les prépara- tifs du repas de midi. Deux fois par semaine, je quitte la maison à 8h15 pour me rendre à Mapunda où j’accompagne le travail de réhabili- tation, et donne conseils et consultations aux personnes invalides. Cette activité dure en général jusque vers midi. A ce moment-là, les routes sont tellement encombrées qu’un retour à la maison me prend au moins une demi- heure pour parcourir cinq kilomètres. Après le repas je m’allonge un moment, si possible, pour reprendre un peu d’énergie tout en lisant les dernières nouvelles, un peu de littérature chrétienne et quelques rapports. L’après-midi sert à régler diverses tâches administratives comme par exemple payer les notes pour le télépho- ne, l’eau et l’électricité, que je dois apporter en divers bureaux afin de m'en acquitter. J’en profite pour faire Un programme bien rempli

quelques achats utiles au centre de réhabilitation et au ménage. Puis il y a les nombreuses tâches socialement obligatoires telles que de participer à un enterrement, rendre visite aux malades, préparer des conférences sur la santé, ou des moments de recueillement. En plus de tout cela, j’ai de fréquentes visites à la maison, de per- sonnes qui viennent chercher aide, conseils médicaux ou autres. Lorsque je ne vais pas à Mapunda, je pars alors souvent pour Kalukembe où j’enseigne les futurs phy- siothérapeutes, où je rends visite aux patients et aux collaborateurs, et où je supervise le travail du centre des prothèses, profitant de voir si le matériel ne manque pas. Vers 17h00, lorsque le courant revient, je m’assois à mon ordinateur pour régler la comptabilité, répondre aux e- mails, envoyer quelques sujets de prière, préparer des articles, etc. Je profite aussi de faire diverses tâches à do- micile nécessitant l’usage du courant électrique. Souvent je regarde le journal de 20h00 à la télévision an- golaise, pour m’informer de ce qui se passe dans le pays. Vers 21h00 je m’affale de fatigue dans mon lit et me ré- jouis de pouvoir lire quelques pages d’un livre passion- nant, ce qui me permet de mettre en veille mon „ordina- teur interne“. C’est un bonheur que de pouvoir retrouver un bon lit, et lorsqu’il fait froid, se mettre au chaud sous d'épaisses couettes. Dieu a bien fait les choses en pré- voyant que l’on doive régulièrement déconnecter durant quelques heures au moyen d’un sommeil réparateur. Ap- rès une bonne nuit calme et réparatrice je peux à nou- veau me réjouir en Jésus en lui confiant les aléas d’une nouvelle journée. „Dieu fait bien les choses“

Elisabeth GAFNER, collaboratrice pour la réhabilitation en Angola

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