03-2016 F

RENCONTRE à la PLAGE Les vagues bruissent, la plage est animée. Mes enfants sont très occupés à jouer avec le sable et à le pelleter dans toutes les directions. Un peu plus loin je vois un homme qui marche le long de la plage. Alors qu’il s’approche, je remarque qu’il s’agit probablement d’un vieux pêcheur. J’observe la situation de manière un peu critique. A quelques mètres de nous, il s’arrête et fouille dans son sac à bandoulière troué. Il me tend avec un sourire radieux deux petits poissons en faisant un signe en direction de mes enfants. Un cadeau... Sans un mot, il se remet à errer le long de la plage. Très touchée par son geste, je pose les poissons sur le sable près des enfants. L’un d’entre eux s’agite encore, il est autorisé à retourner dans la mer. Le deuxième se fait rapidement voler par trois corbeaux. Et nous voilà à nouveau sans poisson. Un cadeau venu du cœur Cette expérience reste gravée dans mon esprit. Par ce moyen, Dieu me montre que nous pouvons malgré tout donner, même lorsque nous n’avons apparemment pas grand-chose. Nous n’avons rien pu faire de spécial avec ces poissons, mais ils nous ont été offerts avec beaucoup de cœur et un visage rayonnant. Et cela m’a touchée au plus profond de moi.

Daniela BRUNNER, ancienne court-terme au Sri Lanka

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SOMMAIRE

EDITORIAL

3-2016

L’Eglise des premiers siècles fut très engagée dans la diffusion de l’Evangile. Dès le début, lors de la Pentecôte, des Juifs venus de 15 nations diffé- rentes furent vivement interpelés par l’effusion du Saint-Esprit et le premier message public de Pier- re. Trois mille Juifs furent baptisés ce jour-là. Après la fête de la Pentecôte, ils retournèrent chez eux, portant en eux le message de la Bonne Nouvelle. Ainsi dès la naissance de l’Eglise de Jérusalem, des ambassadeurs de Christ étaient aussi présents en Occident, à Rome et en Crète, en Afrique, en Egy- pte et en Libye, au nord, en Cappadoce et au Pont et enfin en Orient, en Arabie, en Mésopotamie et en Iran... Avec le travail missionnaire des apôtres et le témoignage des milliers de Juifs messia- niques dispersés lors de la première persécution, l’Eglise essaima partout dans le monde romain durant le premier siècle. Saviez-vous que vers la moitié du IVe siècle, des chrétiens fuyant la persécution arrivèrent en Inde et y découvrirent des communautés chré- tiennes*? Des récentes découvertes archéolo- giques en Chine ont mis au jour de nombreux objets d’origines chrétiennes, ces objets trouvés dans des tombeaux datent de la dynastie Han soit du Ier et du IIème siècle*. Une stèle, toujours en Chine, datant du VIIIe siècle résume la foi chré- tienne avec environ 2000 caractères*. Depuis deux ans, l’AME oriente à nouveau de ma- nière plus effective une partie de ses forces au Sri Lanka, en Chine, en Inde et au Cambodge. De nouvelles perspectives pour servir en Asie se met- tent en place, et avec l’aide de Dieu, nous souhai- tons laisser des traces durables dans cet immense continent et devenir entre les mains du Créateur un outil de bénédictions pour un très grand nom- bre de personnes. Habituellement, la partie fran- cophone de l’AME s’intéressait plutôt pour nos en- gagements en Afrique, désormais nous espérons aussi vous embarquer dans l’aventure asiatique. Voulez-vous aussi nous soutenir dans nos projets en Asie? Vous en saurez plus en lisant ce nouvel Allons.

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Rencontre à la plage Daniela BRUNNER Editorial Christophe REIFSTECK Un nouveau «Kairos» pour l’Asie Richard HOWELL Pourquoi l’Asie? Sarah BRÜHWILER Jürg PFISTER Ullrich HALDEMANN Inde – un pays de contrastes Ullrich HALDEMANN Centres d’anglais: atteindre les jeunes

Le plan de Dieu pour l’Inde Ramesh LANDGE Sri Lanka – Perle de l’océan Indien Ulrich HALDEMANN Une parole qui apporte la paix Roland KLEGER Combat contre les adversités Ruedi STARK Adrian SCHENK Chine – Puissance économique et sa face cachée Ulrich HALDEMANN Réponse à la détresse sur place Martin VOEGELIN Cambodge – un pays aux deux visages Jürg PFISTER Lighthouse Battambang – l’espoir est possible Lukas BERNHARDT

Christophe REIFSTECK, Directeur Département Europe francophone

Engagements en Asie Au gré des évènements Rapport financier Impressum

* Page 169, 170, 172 L’Evangélisation du monde, Jacques A. Blocher et Jacques Blandenier

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PS: Lukas Bernhardt nous parlera le 24 septembre du projet Lighthouse au Cambodge à la journée du sAMEdi, voir prospectus page 23.

Un nouveau «KAIROS» pour L’ASIE

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Le terme «kairos» vient du grec ancien et signifie le contraire de «chronos», le temps qui s’écoule. Le kairos est le temps de l’occasion opportune. Il qua- lifie un moment qui se démarque et qu’on ne doit pas laisser passer sans en profiter. L’Asie vit précisément un tel moment. L’Asie est à bien des égards un continent passionnant, et nous vivons à une épo- que passionnante: l’Asie grandit et grandit encore. Ce continent passe pour le prochain moteur économique dominant; il s’ouvre comme jamais auparavant à cause de la mondialisation. Mais cette ouverture accroit aussi l’insécurité, l’insatisfaction sociale, la violence et la terreur. Les Asiatiques sont confrontés à de profondes mutations qui affectent tous les aspects de la vie et de la société. Face à ce sentiment de désorientation, notre message d’amour, de pardon et de réconciliation avec Dieu et les autres est comme un signe d’espérance qui est recherché plus que jamais. Le monde entier accessible à l’Eglise La plupart des grandes religions du monde sont nées en Asie, christianisme, islam, judaïsme, hindouisme, bouddhisme, confucianisme, taoïsme, jaïnisme... Dans un monde globalisé, ces religions se répandent à une vitesse vertigineuse et ne sont plus limitées à un pays ou à un lieu déterminé. C’est aussi le cas du christianisme: l’Eglise a connu une énorme croissance en Europe il y a quelques siècles en devenant un élément de la culture et de la civilisation. Cette crois- sance se produit maintenant en Afrique, en Amérique latine et en Asie où les personnes se montrent très ouvertes. Ainsi, le monde entier est une paroisse de l’Eglise. De nouveaux mouvements conscients de leur valeur L’Eglise chrétienne avait déjà connu en Asie une phase de croissance au 19ème siècle. A l’époque, la foi chrétienne a été diffusée par des organisations occiden- tales établies. Aujourd’hui, on vit une nouvelle phase de croissance qui n’est plus inspirée de l’extérieur, mais de l’intérieur. Des mouvements chrétiens autochto- nes, autonomes et conscients de leur valeur se développent en Asie. Et cela se passe dans une époque particulièrement instable, marquée par le nationalisme militant, un écart croissant entre pauvres et riches, la corruption et la lutte entre modernité et tradition. De plus, la population est très ouverte. C’est notre kairos. De nouveaux partenariats d’égal à égal Nous souhaitons répondre à cette ouverture en soutenant et encourageant les nouveaux mouvements chrétiens, mais il nous est impossible de venir à bout de la tâche tout seuls. Il nous faut le savoir-faire et la longue expérience d’autres organisations et églises pour pouvoir utiliser ce grand potentiel de développe- ment et donner à notre travail la durabilité et la stabilité nécessaires. Il nous faut des partenaires qui nous conseillent et nous aident à marquer une différence dans notre monde agité. Nous sommes heureux de pouvoir désormais compter l’AME parmi nos partenaires.

Le développement du christianisme en Asie En 1908, la Chine a connu un immense renouveau spirituel nommé le «Réveil de Mandchourie», dont de nombreux mouvements chinois sont issus. Durant la révolution culturelle de 1966 à 1976, toute activité religieuse a été complètement réprimée et interdite. De nombreuses églises de maison clandestines ont ressurgi, ont grandi très rapidement et continuent à croître jusqu’à aujourd’hui. En Corée, les Américains ont commencé à répandre la Bonne Nouvelle en 1884. La Corée a été di- visée en 1945 entre le nord communiste et le sud capitaliste et fut dévastée par la guerre de Corée (1950-1953). L’Eglise de Corée a connu elle aussi des temps difficiles. Les décennies de 1960 à 1980 ont transformé la Corée du Sud en une puissance industrielle. Le christianisme s’est fortement répandu et cela continue actuellement. Dans la Corée du Nord officiellement athée, par contre, les chrétiens demeurent une minorité qui souffre. La première église réformée du Japon a été fondée en 1872. Parmi les premiers chrétiens japo- nais, il y avait beaucoup d’intellectuels, de samouraïs et d’autres membres de l’élite, hommes et femmes. A la fin du 19ème siècle, le régime se mit à propager l’idéologie du «shintoïsme» et à ren- forcer l’autorité de l’État. Les chrétiens japonais ont subi d’énormes pressions pour se conformer à cette religion d’État. Malgré cela, l’Eglise a grandi depuis les années 50. Le Japon a été transformé par l’essor économique des dernières décennies et continue à changer. Il est actuellement confronté au nationalisme croissant, et l’Eglise elle-même fait face à de nou- veaux défis. La plupart des pays d’Asie du Sud, dont l’Inde, le Pakistan, le Sri Lanka, l’Iran et l’Afghanistan, ont une grande et ancienne tradition chrétienne. Le christianisme y est profondément enraciné depuis le 18ème siècle suite à l’arrivée de missionnaires occidentaux. Le nombre de chrétiens augmente régulièrement en Inde et beaucoup d’entre eux s’engagent aussi à l’étranger pour diffuser la Bonne Nouvelle. Le manque de liberté religieuse, les discrimi- nations, la persécution des minorités et la pauvreté représentent toujours un défi pour ce pays aspirant à devenir une puissance économique mondiale. L’Asie du Sud-Est, comptant onze pays, a reçu la Bonne Nouvelle au 16ème siècle par les mar- chands et les colonisateurs. Sur une population de 594 millions d’habitants, il y a environ 130 millions de chrétiens. Les Philippines représentent la plus grande nation chrétienne, alors que les bouddhistes sont majoritaires au Cambodge, au Laos, au Myanmar et au Vietnam. Dans la plupart des pays, le christianisme est permis en théorie, mais en pratique, il y a beaucoup de difficultés. A Brunei, en Indonésie et en Malaisie, par exemple, la charia peut s’appliquer en tout temps en plus du code civil. Les pays d’Asie Centrale, très instables, sont affectés par des désordres politiques. Leurs popula- tions sont majoritairement musulmanes, mais il existe néanmoins çà et là des mouvements chré- tiens. De grandes conférences et des rencontres de jeunesse qui influencent toute la région sont organisées principalement au Kazakhstan.

Dr Rév. Richard HOWELL, secrétaire général de l’Alliance Evangélique d’Asie

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L’Asie était au centre des préoccupations au tout début de la SAM («Schweizer Allianz Mission» qui se différencie des origines de l’AME qui a commencé en An- gola): l’organisation qui est devenue plus tard la SAM s’appelait alors «Allianz- China-Mission» (ACM). Elle avait son siège en Allemagne et était active exclusi- vement en Chine. Elle a été fondée par Frederik Fransen, qui s’est laissé inspirer et conseiller par Hudson Taylor. Le premier départ d’un Suisse avec l’ACM a eu lieu en 1896. Obligés de quitter la Chine Dans le courant de la deuxième guerre mondiale, presque toutes les activités d’Allianz-China-Mission en Allemagne ont dû être interrompues. C’est pour cette rai- son qu’une section suisse de l’ACM a été fondée – le travail a ainsi pu continuer. Mais la prochaine difficulté ne s’est pas fait attendre: en 1949, les communistes ont pris le pouvoir en Chine et tous les collaborateurs étrangers ont été obligés de quitter le pays. Depuis la SAM a gardé quelques contacts avec des organisations en Chine, mais n’a plus envoyé jusqu’à aujourd’hui ses propres collaborateurs dans ce pays. Japon et Sri Lanka Bien que l’Allianz-China-Mission n’ait plus pu intervenir en Chine après 1949, cela n’a pas signifié la fin de l’organisation: en collaboration avec la Mission Philafricaine (ancien nom de l’AME), le travail a continué en Afrique – et, dès 1953, dans un autre pays asiatique, le Japon. Après 55 ans d’engagements au Japon, les projets ont été remis en 2008 aux mains de l’OMF. En 1992, le travail a commencé au Sri Lanka. Des collaborateurs de l’AME vivent et oeuvrent là-bas jusqu’à aujourd’hui. L’Asie a toujours été une partie importante de l’histoire de la SAM dont nous sommes en train actuellement d’écrire un nouveau chapitre. Nous nous réjouissons de voir ce que nous pourrons en dire dans quelques années! Asie – là où tout a commencé …

Sarah BRÜHWILER, relations publiques

Pourquoi

l'Asie?

Quel avenir pour l’AME? C’est la question que nous nous sommes posés avec le comité dans le cadre d’un processus intitulé «Quo Vadis 2020». Actuellement, la plus grande partie de notre tra- vail se passe en Afrique – nos activités en Chine et au Sri Lanka sont faibles en comparaison, et au Brésil, le travail peut de plus en plus être transmis aux mains des autochtones. Voulons-nous donc devenir une organisation tournée exclusivement vers l’Afrique? C’est ce à quoi nous avons réfléchi au cours de ce processus - et nous avons volon- tairement répondu négativement. La région dans laquelle nous travaillons en Afrique est instable et avec l’augmentation des activités de groupes tel que Boko Haram, il n’est pas certain que nos col- laborateurs puissent rester sur place à long terme. Ceseradonc l’Asieà laplacede l’Afrique? Non, nous aimerions continuer à nous engager en Afrique, notamment parce que nous sommes en présence des pays avec le plus faible index de développement humain (Human Development In- dex, HDI): Sur les 188 pays répertoriés, la Guinée se trouve au 182e, le Burkina Faso au 183e et le Tchad au 185e rangs. Nous travaillons donc dans trois des sept pays avec le plus faible HDI au monde! Rien que dans ces trois pays africains, il reste encore une quantité infinie de travail. Mais en Asie, le conti- nent le plus peuplé du monde, il reste beaucoup à faire aussi. La Suisse a beaucoup à donner dans ce cadre, car nous sommes derrière la Norvège et l’Australie au troisième rang de ce classement des Nations Unies - donc tout devant.

Donc: Afrique et Asie! Nous sommes convaincus de vouloir nous engager durablement sur les deux continents. Mais par où com- mencer? Nous avons examiné différents pays, dont l’Inde, le Laos, le Cambodge, le Vietnam et Myanmar, nous avons commencé à faire des recherches et à prier, à récolter des données et des faits et à établir des ta- bleaux. Finalement, nous nous sommes mis d’accord pour étudier plus en détail l’Inde et le Cambodge. J’ai visité ces pays avec Ulrich Haldemann. Après avoir fait le bilan de nos voyages, nous avons décidé de débuter notre engagement au nord de l’Inde et au Cambodge. D’autres voyages en Chine et au Sri Lanka nous ont amenés à décider de développer notre travail là-bas en fonction des possibilités. Nos points forts en Asie: Nous ne voulons pas aller là où c’est le plus confortable, mais là où il existe de vrais besoins et où peu d’aide est disponible. Notre objectif n’est pas de construire nous- mêmes de grosses infrastructures dans ces pays, mais de collaborer sur place avec des partenaires dignes de confiance, qui ont la même vision que nous. Nous aime- rions les soutenir pour qu’ils puissent étendre et déve- lopper leur travail de façon durable. Pour cela, nous al- lons continuer ànous concentrer sur nos points forts, soit la formation scolaire et professionnelle, l’amélioration des conditions de vie, le travail médical et la prévention, ainsi que la formation théologique et la pratique. Nous aimerions ainsi contribuer à rendre l’amour de Dieu vi- sible et tangible. Cet amour qui concerne également chaque personne asiatique individuellement.

Jürg PFISTER, directeur de l’AME

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La Chine est en train d’acheter la moitié du monde – ou c’est du moins l’impression qu’on peut avoir: «L’Empire du Milieu» est devenu une énorme puissance économique croissante. Les apparences sont les mêmes en Inde, qui passe pour l’un des pays émergents qui a le plus de succès et qui fournit dans le monde entier des spécialistes en informatique très recherchés. Dans ces pays, il y a beaucoup d’argent disponible! Alors pourquoi donner en faveur de l’Asie? Malheureusement, très peu profitent en réalité de cette croissance et de l’argent disponible: En Inde, 44% de la population vit dans une pauvreté extrême. En Chine, de nombreux chrétiens continuent à être persécutés. C’est pourquoi notre engagement pour la population pauvre et pour les chrétiens de ces pays reste urgemment nécessaire et répond à une demande. Dans nos publications, nous devons malheureusement rester très discrets sur nos activités en Asie, étant donné que les engagements chrétiens sont fortement surveillés par les autorités et que nous ne voulons de ce fait pas mettre nos collaborateurs en danger. Pour l’AME, ce sera donc un défi particulier de pouvoir vous fournir, chères lectrices et chers lecteurs de nos publications, suffisamment d’informations pour vous tenir au courant. Nous sommes donc d’autant plus reconnaissants de pouvoir compter malgré tout sur votre confiance et votre soutien pour ces pays également! Pourquoi des dons en faveur de l'Asie?

Ulrich HALDEMANN, responsable pour l’Asie

L'INDE

– un pays de contrastes

De fortes senteurs proviennent de la rue et des restau- rants. Les passants crient, les voitures klaxonnent en cacophonie, des vaches se tiennent aumilieu de la rue. Et puis, partout, il y a des gens, des gens et encore des gens. Vous voici en Inde, bienvenue! La première im- pression de ce pays peut être effrayante. Un dicton dit que soit on aime l’Inde, soit on déteste. Et nous avons décidé d’aimer ce pays et de servir ses habitants! Avec ses 1,29milliards d’habitants, l’Inde est après la Chine (1,37 milliards) le pays avec la plus grosse population du monde – avec une tendance à la hausse: si la croissance de la population se poursuit à ce rythme, l’Inde pourrait dépasser la Chine dans cinq ans. L’Inde est un pays de gros contrastes: d’une part, le pays connaît une énorme croissance économique avec une couche supérieure très riche. D’énormes constructions modernes et luxueuses ainsi que des monuments cultu- rels marquent le paysage. D’autre part, on trouve juste à côté une pauvreté omniprésente inconcevable: 44% des Indiens vivent avec moins d’un dollar US par jour. Les conditions dans les bidonvilles sont indescriptibles: des familles entières vivent par 40 degrés de chaleur dans de minuscules surfaces de huttes en tôle ou sous tente. Il n’y a pratiquement pas d’installations sanitaires. Beaucoup ne mangent qu’une seule fois par jour. Pour ces habitants des bidonvilles, il n’existe quasiment pas d’échappatoire à leur

pauvreté, car le système des castes ancré profondément dans leur âme et leur société les maintient dans cette si- tuation. Celui qui est né dans une cas- te inférieure ne pourra jamais connaî- tre une ascension sociale ou trouver un bon travail. L’AME en Inde Plusieurs organisations sont actuel- lement actives en Inde pour lutter contre cette immense misère. Alors pourquoi encore l’AME? Il y a plusieurs raisons à cela: - La plupart des organisations sont actives principalement dans le sud, alors que dans le nord, il n’y a prati- quement personne. - En Inde vivent environ 28 millions de chrétiens, ce qui correspond à environ 2,3% de la population. Derrière l’hindouisme (1 milliard) et l’islam (160 millions), le chris- tianisme est la troisième plus gran- de communauté religieuse. Alors

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Centres d’anglais: atteindre les jeunes Oui – nous aimerions travailler en Inde afin de soulager la misère et apporter la Bonne Nouvelle! Mais le premier obstacle se présente déjà avant même le départ: comment obtenir un visa de longue durée? Ceci est devenu de plus en plus difficile ces dernières années - pas seulement en Inde, mais également dans de nombreux autres pays. La solution? «Social business»! Au lieu de construire un projet «classique», on fonde avec des spécialistes une entre- prise ou une société que l’on exploite, car les hommes d’affaires obtiennent un visa sans problème. Mais d’autres questions apparaissent alors automatiquement: - Comment puis-je servir la popula- tion sur place avec mon entreprise, aller à la rencontre de ses besoins

qu’on trouve beaucoup de chrétiens dans le sud, il y en a très peu dans le nord. - Les communautés chrétiennes en Inde se concen- trent dans leur travail avant tout sur les personnes avec un arrière-plan hindouiste. Presque personne ne travaille parmi les musulmans indiens. C’est pourquoi l’AME aimerait s’engager dans le nord par- mi la population musulmane. D’une part, nous aimerions servir de façon très pratique les habitants des nombreux quartiers pauvres, leur apporter l’amour de Dieu et les aider à améliorer pas à pas leur vie. D’autre part, nous voulons ouvrir des centres d’apprentissage de l’anglais, afin d’améliorer les chances de réussite des jeunes gens pour leur avenir. Nous avons déjà trouvé des partenaires de confiance avec lesquels nous pouvons collaborer et que nous pouvons soutenir. Vous en apprendrez davan- tage sur ces projets dans les articles suivants. Nous nous réjouissons de cette tâche - et nous espérons que vous serez tout autant passionnés par ce pays que nous le sommes!

Ulrich HALDEMANN, responsable pour l’Asie

et établir des contacts naturels avec les habi- tants? - Comment puis-je avec ce travail trouver suf- fisamment de temps disponible pour appro- fondir les contacts établis? Nous nous sommes posés ces questions, avons cherché des solutions – et, nous en avons trou- vées: en créant des centres pour l’apprentissage de l’anglais, nous pouvons résoudre tous les pro- blèmes évoqués: Visa longue durée: Etant donné que les centres d’anglais sont gérés comme des entreprises et sont utiles à la popu- lation, de nombreux pays sont disposés à accor- der un visa pour cela. Accès à la population: Les étudiants viennent volontiers dans les cen- tres, car il est important pour eux d’apprendre l’anglais. Nous avons donc volontairement fixé des tarifs bas, car nous voulons servir les gens et non pas engranger des bénéfices. C’est ainsi que nous avons actuellement environ 200 étudiants dans chaque centre. Durant les cours, nous pou- vons aussi les encourager de façon pratique, les soutenir et partager avec eux l’amour de Dieu. Temps de travail: Chaque centre d’anglais est actuellement géré par trois collaborateurs transculturels. Ainsi, le travail par personne et par semaine se monte

à environ 20 heures et il reste suffisamment de temps pour établir et approfondir des relations. Dans notre travail, nous rencontrons naturelle- ment toujours à nouveau des défis. Mais dans l’ensemble, nous avons fait l’expérience que le concept fonctionne - et les retours sont très posi- tifs: «Nous n’apprenons pas seulement l’anglais, nous apprenons pour la vie», a dit un étudiant. Un autre a fait la remarque qu’il règne une bon- ne atmosphère dans laquelle chacun est encou- ragé, au contraire d’autres institutions où on se moque des élèves lorsqu’ils font des erreurs. Grâce à ce respect des valeurs, de nombreux et précieux contacts et relations ont pu être établis. Nous espérons donc pouvoir ouvrir de tels cen- tres encore dans d’autres régions d’Inde - et que ce concept puisse trouver sa place dans d’autres pays également!

Un exposé du directeur des Centres d’Anglais en Inde

Le plan de Dieu pour l’Inde L’organisation «Cooperative Outreach of India (COI)», en français «Engagement commun en faveur de l’Inde», a commencé en 1992 avec pour vision et objectif de partager l’amour de Dieu aux 600 millions de personnes vivant au nord de l’Inde.

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Dans de nombreux villages et villes du nord de l’Inde, les habitants n’ont encore jamais eu l’occasion d’entendre parler ni de l’amour de Dieu pour eux ni de Jésus-Christ. Cela nous af- fecte, car nous savons que Dieu aime tous les hommes et qu’Il veut aller à leur rencontre. C’est ainsi qu’une vision a vu le jour: la Bonne Nou- velle doit également être partagée et vécue dans le nord de l’Inde. Aimer en pratique Pour atteindre notre objectif, nous avons com- mencé à servir dans les quartiers défavorisés pour améliorer les conditions de vie des ha- bitants. Nous offrons ainsi aux enfants et aux jeunes des jeux et des activités sportives, ainsi qu’un soutien scolaire et des repas réguliers et équilibrés. En particulier pour les femmes, nous proposons des cours concernant l’alimentation, l’hygiène, la beauté et la couture. Par ailleurs, nous organisons pour toutes les classes d’âge des leçons d’anglais, d’informatique, ainsi que des cours sur la promotion des petites entrepri- ses. Dans toutes ces offres et activités, l’amour de Dieu doit également toujours pouvoir être perçu et vécu. A travers notre travail, nous avons déjà pu ex- périmenter comment des familles, des person- nes individuelles et même des villages entiers ont pu être transformés durablement. Par ail- leurs, dans le courant des années passées, 480 églises de maison ont vu le jour. De nombreux collaborateurs du COI ont été

transformés eux-mêmes dans leur enga- gement et s’investissent aujourd’hui avec passion dans ce travail. Nous avons à cœur de continuer à les encourager et à les en- seigner pour qu’ils forment de nouveaux collaborateurs et leur transmettent leur savoir. Une autre branche de notre travail est con- stitué par les Talkshows quotidiens à la té- lévision, qui s’adressent spécialement aux 160 millions de musulmans en Inde. Les réactions à ces diffusions sont très encou- rageantes. Un objectif commun Nous nous réjouissons beaucoup de pour- suivre notre objectif à l’avenir avec l’AME et également bientôt avec des collabo- rateurs venant de Suisse! Tous nos efforts doivent contribuer à ce que des hommes, des femmes et des enfants puissent expéri- menter l’amour de Dieu pour eux. Et nous avons la grâce de vivre comment Dieu nous accorde la réussite et conduit tout pratiquement notre travail. Il a un grand plan pour les habitants de cette région!

Ramesh LANDGE, directeur de Cooperative Outreach of India

SRI LANKA – perle de l’Océan Indien

LeSri Lanka: unmélanged’Angleterre, de Hollande et de Portugal! Ceci est peut-être un peu exagéré, mais ces trois puissances coloniales ont visiblement laissé des traces sur l’île: le Portugal avec la musique et le catholicisme, la Hollande avec les digues et les canaux. Et l’Angleterre a fait qu’on cultive activement du thé, qu’on circule à gauche et qu’on parle anglais. Aux côtés des diverses influ- ences culturelles, la végétation para- disiaque est un autre signe distinctif particulier: le Sri Lanka est une desti- nation de rêve pour beaucoup de tou- ristes. Longtemps, le Sri Lanka était considéré comme un pays progressiste, avant que la guerre civile n’éclate en 1983 entre les deux plus grandes ethnies, les Cinghalais (75%) et les Tamouls (15%). Cette guerre brutale et sanglante a duré plus de 25 ans. Les effets s’en font sentir encore aujourd’hui. Par suite de la destruction de régions entières, d’innombrables per- sonnes ont dû fuir, beaucoup ont perdu leurs moyens de subsistance. Le déve- loppement du pays a beaucoup régres- sé, la pauvreté règne en de nombreux endroits, les progrès économiques sont minimes, le chômage est très élevé, sur- tout parmi les jeunes adultes. Le conflit entre les deux groupes ethniques couve toujours sous la surface. De nombreux Sri Lankais sont traumatisés par des dé- cennies de violence. S’y ajoute la mé- fiance envers le gouvernement corrom- pu et injuste. Les chrétiens, qui représentent environ 7% des 21,8 millions d’habitants, souf- frent aussi de ce gouvernement. Les bouddhistes (plus de 70%) forment la plus grande communauté religieuse,

suivis des hindous (12%) et des musul- mans (10%). En ce moment, il existe au moins de l’espoir dans ce domaine. De manière tout à fait surprenante, un nouveau président, issu de l’opposition, a été élu. Il est pour beaucoup un porteur d’espérance qui s’efforce d’activer les ré- formes les plus urgentes. De ce fait, les chrétiens s’attendent à davantage de li- berté à l’avenir. Les cinq partenaires de l’AME au Sri Lanka South Asia Institute of Theology (SAIT/HOMSA) à Norton Bridge Lanka Bible College & Seminary à Kandy (LBCS) et Colombo (LBCC) Colombo Theological Seminary (CTS) à Colombo Baldaeus Theological College (BTC) à Trincomalee L’AME au Sri Lanka En 1993, l’AME a décidé d’apporter aux chrétiens et églises du Sri Lanka un sou- tien dans la formation théologique, mal- gré la guerre persistante. Actuellement, les églises chrétiennes connaissent une croissance réjouissante et le besoin de pasteurs et collaborateurs bien formés est grand. En ce moment, l’AME colla- bore plus étroitement avec cinq lieux de formation théologique. Pour agrandir les infrastructures des écoles, l’AME a organisé plusieurs camps de construction avec des participants suisses. De là est né le désir d’offrir à de jeunes Sri Lankais une formation de base d’ouvriers du bâtiment, afin de leur don- ner de solides perspectives de revenu et

d’améliorer la qualité de la construction dans le pays. En 2011, l’école de forma- tion aux métiers manuels CCS a été mise sur pied dans le nord-est de l’île. Des ap- prentis y sont formés depuis lors.

Ulrich HALDEMANN, responsable des pays d’Asie

Une parole qui apporte la paix

Le Seigneur dit: «Ma parole, celle qui sort de ma bouche, ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire et rempli la mission que je lui ai confiée.» (Esaïe 55:11) Cette parole est aussi enseignée dans les écoles partenaires de l’AME au Sri Lanka. Notre désir est qu’elle apporte précisé- ment à cet endroit-là la paix et l’amour, car le Sri Lanka est marqué par la guerre et les troubles. Par mon enseignement dans les écoles partenaires, je peux contribuer un peu à la formation biblique et théologique des étudiants et participer à leur évolution; c’est un grand privilège. Leurs histoires sont souvent extraordinaires et extrê- mement passionnantes. Je suis particulièrement réjoui quand les étudiants n’accumulent pas seulement un savoir intellectuel au cours de leurs études, mais mettent en pratique dans leur propre vie ce qu’ils ont appris, et le transmettent à d’autres. C’est ainsi que, par exemple, avant la dernière fête de Noël, des étudiants ont partagé la Bon- ne Nouvelle dans les montagnes du Sri Lanka en utilisant la nouvelle méthode

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L’avenir de la CCS Les bonnes personnes au bon endroit au bonmoment: c’est sans doute ainsi qu’on pourrait décrire le mieux le démarrage de la CCS. Margrit et Ruedi Stark étaient des candidats optimaux pour mettre sur pied il y a cinq ans l’école de formation aux métiers manuels. Ils la dirigent de- puis avec beaucoup de savoir-faire et d’engagement. Maintenant que la CCS est reconnue par les autorités sri-lankaises et qu’elle est enregistrée officiellement, nous aime- rions procéder à la prochaine étape et mener ce projet au niveau suivant. Nous sommes très heureux que deux familles se soient déjà décidées à travailler à la CCS durant les prochaines années. Ainsi Margrit et Ruedi peuvent donner leur démission, leur succession peut être pla- nifiée avec soin et il n’y a plus d’obstacle à envisager de nouveaux aménage- ments. L’école doit continuer à se dé- velopper sur le plan qualitatif et quan- titatif. Nous aimerions encore mieux accompagner ceux qui ont terminé leur formation dans leur nouvelle étape pro- fessionnelle et leur offrir des possibili- tés de formation continue. Par ailleurs, nous aimerions associer les autochto- nes aux tâches de la direction, afin qu’ils prennent plus de responsabilité et qu’ils portent avec nous le projet. Pour que tout cela soit possible, il nous faut à nouveau les bonnes personnes au bon endroit: l’avenir de la CCS est en relation directe avec des personnes qui voient le besoin et se laissent appeler par Dieu.

des petits théâtres de rue. D’anciens drogués y ont montré de manière élo- quente comment ils ont été délivrés de leur dépendance grâce à Jésus-Christ. Les représentations ont attiré de nom- breuses personnes qui ont ainsi pu en- tendre parler de l’amour de Dieu et de Sa paix. Il est beau de voir comment les jeunes femmes et hommes sont motivés à transmettre le message et le font de fa- çon si créative. Je me réjouis de voir tout ce qui se passera encore au Sri Lanka de cette manière.

temps terminé l’école avec succès et trouvé une place de travail. Nous avons même pu en engager quelques-uns dans notre école; ils transmettent main- tenant leur savoir aux plus jeunes. A côté des progrès dans le domaine profes- sionnel, nous avons aussi pu vivre beau- coup de transformations personnelles positives. Mais dans tout ce travail nous rencontrons aussi chaque jour des défis: • 25 ans de guerre, le flux incontrôlé d’argent après le tsunami et l’estime mé- diocre du travail manuel (à cause du sys- tème de castes) ont des conséquences pour nous. Il est difficile de trouver assez d’apprentis à former, bien que plus des deux tiers des élèves terminant l’école primaire au Sri Lanka n’aient pas de tra- vail. • Dans le bouddhisme et l’hindouisme, il existe une résistance contre tout chan- gement. Les méthodes de construction sont souvent encore les mêmes qu’il y a cent ans et sont peu remises en ques- tion. • La corruption nous gêne de diverses manières. Nos apprentis attendent par exemple depuis plus d’une année et demie leur enregistrement dans les ni- veaux de formation officiels, nécessaire pour une formation complémentaire. Un peu «graisser la patte» permettrait probablement d’y remédier. Avec notre travail, nous combattons donc bien plus que le manque de forma- tion. Parfois, les défis nous semblent sans fin et insurmontables; en même temps, nous savons que notre travail n’est pas vain, pour chaque individu qui quitte notre école en étant transformé. Ruedi STARK, école de formation aux métiers manuels CCS Sri Lanka

Dr Roland KLEGER, profes- seur invité dans divers lieux de formation au Sri Lanka

Combat contre les adversités

Après avoir passé les treize premières années de notre vie commune dans l’aide au développement, nous dési- rions retourner dans ce secteur à la fin de notre carrière. J’ai donc pris ma re- traite à 63 ans. A ce moment-là, nous avions déjà dirigé plusieurs camps de construction au Sri Lanka et on nous a demandé de mettre sur pied une école des métiers pour former des jeunes gens à devenir de bons ou- vriers du bâtiment. Ainsi nous avions trouvé notre nouvelle tâche! Il y a maintenant cinq ans de cela. Et aujourd’hui, il existe effectivement une école de formation aux métiers manuels (CSS) reconnue par le gouvernement, sur un site magnifique au bord de l’Océan Indien. Chaque année, nous pouvons effectuer divers mandats pour différents clients. Plusieurs apprentis ont entre-

Adrian SCHENK, président du groupe de soutien Sri Lanka

LA CHINE – la puissance économique et sa face cachée

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Comptant 1.37 milliards d’habitants, la Chine est le pays le plus peuplé du monde. Sa superficie représente 231 fois celle de la Suisse. Elle nous fascine par l’extrême diver- sité des ethnies et le miracle économique de ces dernières années. L’immense croissance de l’Eglise est aussi fascinante malgré toutes les oppositions qu’elle rencontre. La Chine façonnera à l’avenir de nombreux aspects de la vie. L’ancien chef d’état et leader du parti communiste Mao Tsé-toung a tenté pendant des années d’éradiquer toutes les religions. Mais depuis 1978, la liberté religieuse existe pour les protestants, les catholiques, les musulmans et les taoïstes. Musulmans et taoïstes, considérés comme une partie intégrante de la culture chinoise, sont particu- lièrement favorisés. Concernant les chrétiens, il y a d’une part l’«Église des trois Autonomies» officiellement enregistrée et contrôlée et d’autre part une multitude d’églises de maison non en- registrées. Malgré la liberté religieuse officielle, les chré- tiens sont toujours confrontés à d’énormes défis dans certaines provinces. Les innombrables églises de maison, qui n’acceptent pas que l’État contrôle leur vie spirituelle, souffrent majoritairement en raison de leur statut illégal. Les pasteurs de ces églises sont souvent emprisonnés pendant des années, les cultes interrompus par lapoliceet les bâtiments détruits. En outre, le risque de persécution est particulièrement élevé pour les chrétiens d’origine musulmane ou bouddhiste tibétaine. Malgré toutes ces oppositions, l’Eglise de Chine grandit constamment, et il y a aujourd’hui entre 80 et 130 millions de chrétiens. L’ouverture à la Bonne Nouvelle est fantastique! L’AME en Chine, de nouvelles possibilités L’AME a débuté en Chine, il y a plus de 120 ans, quand elle s’appelait l’Alliance missionnaire de Chine. Aujourd’hui, l’AME soutient principalement les activités des deux organisations partenaires Hua Mei et CRDF (Chinese Relief & Development Foundation) dans la province du Sichuan. Actuellement, la Chine change à une vitesse vertigineuse, créant de nouvelles ouvertures et possibilités que nous aimerions bien utiliser. En raison de la croissance éco- nomique rapide, la soif de savoir est grande et des spé- cialistes qualifiés dans toutes sortes de domaines sont recherchés. Des chrétiens bien formés pourraient ainsi transmettre leurs connaissances dans des positions stra- tégiques et laisser en même temps des traces de l’amour de Dieu. Les titulaires d’un master ont par exemple de bonnes chances d’être engagés comme enseignants et d’influencer les futurs leaders de Chine par leur passion pour le Christ. C’est pourquoi l’AME aimerait mettre des collaborateurs qualifiés à la disposition d’organisations chinoises et développer de nouveaux partenariats. L’histoire de l’AME en Chine n’est donc pas terminée!

Réponse à la détresse sur place Hua Mei est l’une des organisations caritatives avec les- quelles l’AME collabore en Chine. Elle a été fondée en 2004 par le pasteur Richard Cai, responsable au sein de l’Église enregistrée des trois Autonomies dans la pro- vince de Sichuan. Le perfectionnement des pasteurs est au coeur des ac- tivités de Hua Mei: plusieurs d’entre eux ont de grandes responsabilités mais une formation théorique insuffi- sante. C’est pourquoi Hua Mei organise régulièrement des retraites pastorales, un moment précieux pour des pasteurs souvent épuisés et qui doivent diriger tout seuls d’immenses communautés: «Je suis venu ici avec de grands fardeaux. Cette semaine m’a beaucoup aidé à renouveler ma communion avec Dieu. J’ai pris con- science à nouveau que l’église est dans Sa main et qu’Il va nous diriger. Il est avec moi, Il donne la croissance et Il prend soin de nous. J’ai été déchargé de grands far- deaux et des soucis», dit un pasteur responsable dans une église fréquentée par de plus de 1500 personnes. En plus de cette tâche, Hua Mei s’occupe aussi de diffé- rents projets socio-diaconaux. Fondation de CRDF suite à un grand tremblement de terre En 2008, la région du Wenchuan a été touchée par un grand tremblement de terre. Il y a eu près de 70 000 morts et 5,8 millions de sans-abris. Hua Mei a tempo- rairement modifié ses priorités pour faire face à cette grande détresse et s’est concentrée sur l’aide d’urgence auprès de ces personnes. En 2010, la situation s’étant calmée, Hua Mei s’est à nouveau consacrée à ses tâches premières, mais a fondé en plus CRDF («Chinese Relief and Development Foundation») pour offrir en perma- nence de l’aide humanitaire et faire face à la détresse sur place. En Chine, Il y a par exemple d’innombrables «Left-behind Children», des enfants oubliés chez des connaissances ou dans la parenté, parce que leurs pa- rents sont en route en tant que travailleurs migrants. 5000 d’entre eux sont pris en charge dans un cadre extra-scolaire et des camps de vacances. CRDF offre également des cours d’alphabétisation et soutient des projets agricoles et d’approvisionnement en eau dans les régions pauvres. Il n’y a que peu de fondations nationales, et seulement deux qui se réfèrent à des valeurs chrétiennes, dont CRDF, qui est maintenant reconnue d’utilité publique. Grâce à cette reconnaissance, les chrétiens et les églises peuvent mieux participer à l’organisation de la vie pu- blique. CRDF a fêté l’an dernier ses cinq ans d’existence, et des représentants des autorités ont exprimé leur appréciation pour l’engagement croissant de la fonda- tion. Nous souhaitons que cet engagement continue à se développer, et qu’ainsi d’autres problèmes puissent être abordés et des conditions de vie améliorées!

Martin VOEGELIN, directeur de projet de l’AME pour Hua Mei et CRDF

Ulrich HALDEMANN, responsable de l’Asie

LE CAMBO un

Le nom de la capitale du Cambodge est difficile à prononcer: Phnom Penh! C’est une grande ville très animée de 1,5million d’habitants. La ville s’est développée à un rythme effréné ces dernières années – il y vit maintenant beaucoup d’expatriés, il y a des écoles internationales et le niveau de vie est élevé. Par ailleurs, un grand nom- bre d’ONG sont actives à Phnom Penh. Mais si on s’éloigne de seulement quel- ques kilomètres de la rue principale, on a l’impression de plonger dans un monde complètement différent. Il manque par- tout de l’essentiel – formation scolaire, équipement sanitaire, soins de santé et bonnes méthodes de culture pour assurer les moyens de subsistance. Les gens qui y habitent doivent quotidiennement lutter pour leur existence. Ils ne reçoivent prati- quement aucun soutien. Avec ses 181’035 kilomètres carrés, le royau- me du Cambodge est quatre fois aussi grand que la Suisse et se situe sur le golfe de Thaï- lande. 16 millions de gens y vivent. La langue officielle est le khmer qui tire son nom de ce- lui de l’ethnie dominante du Cambodge, les Khmers. La plus grande partie des Cambod- giens sont bouddhistes. Leur foi est le plus souvent largement métissée de superstition et de culte des ancêtres. C’est ainsi que près de nombreuses maisons, on trouve des autels domestiques avec de la nourriture pour les es- prits des ancêtres ou des bâtons d’encens que l’on a allumés. Avec ses plages paradisiaques, ses temples impressionnants, et ses paysages fascinants; avec le vert profond de la jungle, le grand lac Tonle Sap et le puissant fleuve Mékong, le Cambodge est devenu ces dernières années, un lieu très apprécié pour les vacances: plus de 4,5 million de touristes le visitent chaque année. Les suites douloureuses du génocide Mais le Cambodge a derrière lui des temps très difficiles: Il y a eu une guerre civile de 1970 à

1975 après laquelle le mouvement de guéril- la des «Khmers rouges» amena souffrance et malheur sur le pays. En seulement quatre ans ces derniers ont tué environ 1,7 à 2,2 millions de Cambodgiens, parmi eux de très nombreu- ses personnes instruites – l’un des génocides les plus horribles de l’histoire. La population a souffert d’une guérilla incessante jusqu’en 1998. Les traumatismes de cette époque mar- quent encore les gens aujourd’hui. Le pays est considéré depuis lors comme sta- ble politiquement parlé. Mais alors que les lieux touristiques et les villes prospèrent, la pauvreté se fait sentir dans les régions rurales: ces endroits sont fortement sous-développés comme auparavant et plus de cinq millions de personnes vivent sous le seuil de pau- vreté. Il manque de tout et plus spécialement d’encadrement sanitaire et de formation. Mo- difier cela est difficile – cela aussi du fait que les Cambodgiens se découragent facilement en cas d’échec, croyant qu’ils ont un mauvais karma auquel ils sont livrés sans défense. Le temps du changement En tant qu’AME, nous aimerions nous investir d’une manière intégrale auprès de la popu- lation des zones rurales défavorisées. Pour commencer, nous voulons nous concentrer sur notre collaboration avec l’organisation «Lighthouse» dont vous allez encore enten- dre parler sur la page suivante. Les Cambodgiens ont beaucoup souffert. Mais ils sont prêts à apprendre, à étudier et à travailler dur – s’ils en ont la chance. C’est maintenant le temps pour eux d’aller de l’avant. Nous voulons les encourager à ne pas abandonner mais à découvrir que Dieu a de bons plans pour eux et que leur destinée n’est pas d’être punis pour des choses commi- ses dans une vie antérieure. Ils doivent faire l’expérience pratique de l’amour régénéra- teur de Dieu.

Jürg PFISTER, directeur de l’AME

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GE – ays aux deux visages

Lighthouse Battambang – là où l’espoir est possible Bienvenue à Battambang, au Cambodge! J’y habite maintenant depuis huit ans et j’ai pu développer avec ma femme Somaly le projet Lighthouse à Battambang – qui se compose d’un foyer d’étudiants, d’un centre commu- nautaire et d’un projet de développement durable tout en m’occupant en plus d’une grande famille de six enfants dont trois sont adoptés. Un nombre considérable de jeunes quittent chaque année la campagne pour la ville. Leur but: obtenir une bonne formation pour pou- voir assurer un meilleur avenir à leur famille ainsi qu’à eux-mêmes. Bon nombre de ces jeunes n’ont encore jamais quitté leur famille et n’ont pas suffisamment de moyens finan- ciers et de compétences sociales pour se dé- brouiller en ville. Il faut ajouter à ce handicap un système scolaire particulièrement corrom- pu dans lequel les enseignants demandent souvent de l’argent pour donner de bonnes notes. Ces conditions rendent difficile ou même impossible l’obtention pour un jeu- ne d’une bonne formation avec les chances d’un avenir meilleur qui y sont liés. L’idée d’un foyer d’étudiants est née de cette situation désespérée. Organiser leur vie avec eux Le foyer d’étudiants soutient les jeunes Cam- bodgiens qui ne peuvent pas s’offrir une formation solide. Nous leur offrons un toit et une formation auprès de l’une de nos écoles partenaires non corrompues ainsi qu’un pro- gramme cadre pour développer leurs capa- cités sociales. Nous organisons avec eux leur vie dans un environnement communautaire et nous les accompagnons sur la voie de leurs études. Nous pouvons ainsi leur offrir un ave- nir assuré alors qu’ils sont loin de chez eux et les soutenir afin qu’ils aient des perspec- tives d’avenir. Nous invitons les parents de nos étudiants une fois par année pour qu’ils

soient impliqués activement. Il y a peu, les parents de la jeune Seychrub qui habite chez nous étaient présents. Nous avons invité son père à dire quelque chose – et il a soudainement dû chercher ses mots alors que des larmes de joie coulaient sur son visa- ge. On a remarqué combien il était fier de sa fille et de son cheminement. Il nous a remerciés chaleureu- sement pour notre travail. Sa fille ayant changé de manière très positive depuis qu’elle vit chez nous. De telles expériences nous procurent naturellement une grande joie! Garder le bon cap grâce à des cours de musique En plus de ce projet, nous nous occupons encore du Community Center: les jeunes, qu’ils viennent de la campagne ou de la ville, disposent de beaucoup de liberté mais de très peu d’encadrement de la part de leurs parents. Ils courent ainsi le risque d’emprunter de mauvais chemins et de mal construire leur avenir - ou même parfois de mettre leur vie en péril. C’est pourquoi nous leur offrons des cours de rattrapage dans des matières aussi diverses que la musique, l’ordinateur, la couture, le sport et l’étude de la Bi- ble. Nous désirons ainsi les soutenir et les encoura- ger à développer leur personnalité et à découvrir leurs forces et leurs faiblesses. Chaque dimanche soir, nous organisons de plus avec les jeunes un cul- te pour la jeunesse. Encouragement à être indépendant Nous aimerions travailler de manière intégrale et ne pas soutenir uniquement ceux qui étudient mais aussi leur famille et leur village. Ce qui est important pour nous, c’est de ne pas les rendre dépendants mais de leur procurer un revenu bien à eux et une indépendance. Etant donné que nous travaillons essentiellement avec des familles de la campagne, l’élevage et la vente de poules est une activité parti- culièrement adaptée. Pour l’instant, le projet en est encore à ses premiers balbutiements, mais il repré- sente une réelle possibilité d’aider de manière dura- ble et nous aimerions le poursuivre.

Lukas BERNHARDT, responsable du «Lighthouse Battambang»

ASIE votre futur lieu d’engagement et de travail?! Avez-vous déjà imaginé vous engager personnellement en Asie, à court ou à plus long terme? Et pourquoi pas? L’AME désire renforcer son activité en Asie. A cet effet, nous avons besoin de nouveaux col- laborateurs pour l’Inde, le Cambodge, la Chine et le Sri Lanka, des personnes qui ont à cœur l’un de ces pays et qui souhaiteraient aider les peuples défavorisés à connaître pratiquement et concrètement l’amour de Dieu pour eux. Quels que soient vos domaines de compétences, vos connaissances et votre expérience de vie peuvent apporter un véritable enrichissement à ces populations. Il devient actuellement toujours plus difficile d’obtenir un visa pour les séjours planifiés dans ces pays. C’est pourquoi il est également difficile pour nous de présenter des possibilités d’emploi clairement définies. Il s’agit bien plus dans un premier temps de trouver des per- sonnes qui aimeraient bien servir un groupe ethnique particulier. Puis, ensemble, nous pour- rons élaborer des solutions créatives, qui nous permettront de négocier l’obtention de visas spécifiques auprès des autorités administratives compétentes. Les personnes au bénéfice d’un Master dans quelque domaine que ce soit ont de bonnes chances de trouver une place de travail intéressante en Chine ou en Inde. Nous pourrions également facilement engager des spécialistes en agriculture au Cambodge. Dans plusieurs de ces régions, on recherche des artisans, des spécialistes dans les domaines des finances et de l’administration, ou en- core des enseignants pour la formation théologique. Peut-être avez-vous également des idées créatives pour le développement d’une entreprise grâce à laquelle vous pourrez, en tant qu’homme ou femme d’affaires, servir concrètement des personnes tout en générant des places de travail! Comme vous le voyez – les possibilités ne manquent pas. Nous serions heureux de faire votre connaissance. Prenez contact avec nous! POSTES À REPOURVOIR: Courts-termes: CAMBODGE Battambang 3–12 mois • Personne polyvalente (sport, travail parmi la jeunesse, artisanat, communication et/ou administration) SRI LANKA Trincomalee 1–3 mois • Artisan (h/f ) (maçon, menuisier, électricien, etc.) ou une personne manuelle et pratique. Longs-termes (minimum deux ans) INDE du Nord • Enseignant pour l’anglais (h/f ) • Moniteur (Coach) pour des travailleurs indiens (h/f ) CAMBODGE Battambang • Collaborateur (h/f ) dans le Foyer Lighthouse pour écoliers et étudiants CAMBODGE Pursat • Pionnier (h/f ) pour la construction d’un foyer pour écoliers et étudiants

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