Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 4/5/6/7/8/9 et 10 juin 2020 - 8 DH - N° 985
Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i
Lutte contre le coronavirus Les héros… de la libération P. 28 à 33
BANQUES
Les vrais impacts du coronavirus
◆ Finances News Hebdo restitue en exclusivité les résultats de l'enquête du cabinet Roland Berger sur les impacts de la crise sanitaire sur les banques marocaines. ◆ Entretien avec Amine Tazi, Partner Roland Berger Casablanca. P. 9 à 11
Entretien
POINT BOURSE HEBDO Evolution de l'indice Masi depuis juin 2019
Comment CIH Bank s'est armé pour la crise P. 7 P. 14/15
Appel d'air pour les actions Après deux mois de déroute où plusieurs dizaines de milliards de DH de capitali- sations se sont envolés, les vendeurs ont finalement «levé le siège».
Samir Hadjioui, Directeur général adjoint en charge de la banque de l’Entreprise et de la banque de l’Immobilier
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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OMMAIRE S
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Actualité Voyons voir : Non à la désinvolture
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Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde
Bourse & Finances Point Bourse Hebdo : Appel d'air pour les actions
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Editorial Par Fatima Ouriaghli
Fusion Atlanta-Sanad : Le futur ensemble va bousculer le marché Impact de la crise sanitaire sur les banques : L’enquête qui dit tout Entretien avec Amine Tazi : Un moment de vérité crucial pour les banques
Trimestriels : L’exceptionnel pèse sur la profitabilité des banques Circulation fiduciaire : L’utilisation du cash vole de record en record Entretien avec Samir Hadjioui : CIH Bank, «La crise montre que les investissements réalisés ces dernières années n'ont pas été vains» Crowdfunding : Une solution pour diversifier les sources de financement
BUDGÉTAIRES ACROBATIES
Entretien avec Adnane Addioui : «Le crowdfunding permet de libérer les énergies et la créativité» Reconstitution des fonds propres : L’ultime carte à jouer pour sortir les entreprises de l’impasse ? Boursenews
U ne pointe d’optimisme alors que le Maroc se prépare au déconfine- ment : le nombre de cas de contamination a dras- tiquement diminué depuis une semaine, couplé à une forte augmentation des guérisons. De quoi affronter le déconfinement avec plus d’aplomb, mais aussi de vigilance et de prudence. Le Maroc est donc sur la bonne voie pour maîtriser le coronavi- rus. Mais reste confronté à une autre problématique de taille : le défi économique. Sur ce registre, le Royaume a une grosse épine sous le pied. L’Etat a certes joué son rôle durant cette crise sanitaire, dépensant à tour de bras pour soutenir les entreprises, les ménages défavorisés et les sala- riés. Cela sera-t-il néanmoins suffisant pour éviter la casse ? Il faudra se faire à l’idée que les entreprises les moins solides ne survivront pas à cette crise. Selon les prévisionnistes, les défail- lances vont fatalement augmen- ter, ce qui va davantage plomber les chiffres du chômage. Déjà, au premier semestre, le taux de chômage au niveau national est passé de 9,1% à 10,5%, de 13,3% à 15,1% en milieu urbain et de 3,1% à 3,9% en milieu rural. Une situation qui risque de se dégrader quand on sait, d’une part, que l’activité économique
est quasiment à l’arrêt depuis le 20 mars en raison du confi- nement. D’autre part, le secteur agricole, moteur de l’économie par essence, affiche de piètres résultats en raison d’un déficit pluviométrique criant. D’ailleurs, l’Etat a dû débourser une enve- loppe de 350 millions de dirhams pour venir en aide aux agricul- teurs affectés par le manque de pluies au titre de l'actuelle saison agricole. C’est dire que la mission du Comité de veille économique est loin d’être terminée. Il est encore appelé à servir de sou- pape de sécurité aux entre- prises dans cette conjoncture difficile. Faudra-t-il alors imagi- ner d’autres mesures de sou- tien ? L’Etat peut-il se permettre de continuer à creuser le défi- cit budgétaire pour contenir la récession ? Qui, in fine, paiera la facture finale ? Il y aura forcément des arbi- trages et des acrobaties bud- gétaires à faire. Des acrobaties délicates pour pouvoir relancer l’économie et s’inscrire dans une croissance durable génératrice de richesse. C’est dire que le challenge éco- nomique qui nous attend est aussi important, sinon davan- tage, que celui de réussir le déconfinement dans son volet sanitaire. ◆ u
Economie Industrie aéronautique : Priorité à la préservation du capital humain Entretien avec Karim Cheikh : «Notre plateforme est reconnue mondia- lement pour sa compétitivité» Lutte contre le coronavirus : Les héros… de la libération Saad Eddine El Otmani : De la sérénité Mohamed Benchaâboun : Un super-héros ? Moulay Hafid Elalamy : Un autre écosystème, Monsieur le ministre ? Saaid Amzazi : Vers l’enseignement hybride, peut-être Mohamed El Youbi : Monsieur covid-19 Entretien avec Fatima-Zohra Alaoui : Secteur du textile, trois axes pour sortir de la crise Terres soulalyates : De nouvelles perspectives pour l’investissement Automobile : Le marché agonise
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Focus Agricole Campagne 2020/2021 : Une saison difficile en vue 38 L'univers des TPME Délais de paiement : Le cheval de bataille de la CGEM 37 Higt Tech E-signature : Vers une généralisation au Maroc ? 39
Culture Entretien avec Brahim El Mazned : Visa For Music aura bien lieu en novembre 40
Développement durable Région minière de Tafilalet et Figuig : L’arsenal juridique s’étoffe Transport maritime : Vers l’utilisation des carburants propres
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Entreprise Start-up : Malgré la crise, de nombreuses opportunités à saisir 44
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V OYONS VOIR
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Non à la désinvolture !
Par D. William
L e Maroc prépare son déconfine- ment et a d’ores et déjà lancé son application de tra- çage, «Wiqaytna». Plus que quelques jours à tenir avant de (re)goûter à une liber- té… confisquée à cause du coronavirus. Après pratiquement trois mois à vivre à huis clos, il y a évidemment de quoi se réjouir. Mais gardons- nous de croire que nous allons retrouver nos bonnes vieilles habitudes : aller innocemment au salon de coiffure, se poser dans
un café comme il y a trois mois, faire des accolades à nos connaissances qu’on a perdu de vue... Non, tout cela est bien fini. Car, si le déconfinement nous délivre de l’obligation de rester entre quatre murs, il nous oblige, parallèle- ment, à davantage de pru- dence et de vigilance. Le coronavirus est là, il nous guette, scrute nos moindres écarts de conduite. Et n’at- tend que le non-respect des gestes barrières pour nous rappeler à l’ordre. Ce qui nous attend est en réalité aussi difficile que le
confinement. Il s’agit, en effet, de nous débarrasser, subitement, d’un mode de vie et d’une façon de faire que nous trimbalons avec nous depuis belle lurette,
pour ne pas dire depuis notre enfance. On s’oubliera parfois. C’est sûr. Parce que les habitudes sont tenaces. Il nous fau- dra du temps pour intégrer le lavage très régulier des mains, le port du masque, la distanciation physique… dans notre quotidien. S’oublier est une chose. Mais être désinvolte en est une autre. Raison pour laquelle il nous faudra faire preuve de discipline. Cette discipline qui a fait que le Maroc a pu éviter un bilan humain beaucoup plus lourd face à cette pandémie
du coronavirus. C’est elle seule qui pourra nous permettre de ne pas ruiner tous les efforts qui ont été consentis jusqu’à présent. C’est elle seule qui permettra de contenir vala- blement la propagation de l’épidémie afin d’éviter une seconde vague tant très redoutée par les autorités marocaines. Le 11 juin, nous commen- cerons donc un autre com- bat. Et une seule chose nous permettra de sortir vainqueurs de cette ultime bataille : notre comporte- ment. ◆
Une seule chose nous permettra de sortir vainqueurs
de cette ultime bataille : notre comportement.
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Ç A SE PASSE AU MAROC
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A bdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a fait savoir ce mardi à la Chambre des conseillers que les mesures relevant de l'approche solidaire pour faire face à la pandémie du coronavirus ont permis jus- qu'au 31 mai 2020, à plus de 3,5 millions de personnes de bénéficier d'aides alimentaires dans toutes les provinces et préfectures du Royaume. Ce soutien a été possible grâce à l'enveloppe budgétaire de près d’un milliard de dirhams. Le ministre a aussi annoncé que les autorités, en collaboration avec les services concernés, ont hébergé 10.490 personnes sans abri ou sans domicile fixe. Laftit n'a pas manqué de rappeler le travail mené pour le suivi de l’opération de distribution des aides alimentaires de la part de la Fondation Mohammed VI pour la solidarité et de soutien provisoire des ménages bénéficiaires du Ramed et ceux opérant dans le secteur informel impactés par l’état d’urgence sanitaire. ■ Covid-19 : Plus de 3,5 millions de bénéficiaires d'aides alimentaires
L es droits d'exploitation des réservoirs de la société de raffinage Samir ont été confiés à l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), a indiqué le ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement. Le ministère précise que conformément à la demande du gouvernement visant l’exploitation des réservoirs de la Samir en cette conjoncture exceptionnelle et après approbation du Tribunal de commerce, il a été décidé d’accorder l’autorisa- tion de l’exploitation de ses réservoirs à l'ONHYM. L'office, a-t-il ajouté, va entreprendre les procédures de location et mener toutes les opérations de fourniture et de stockage des produits pétroliers en lien avec cette exploita- tion temporaire, selon l’ordonnance judiciaire. « Ces mesures exceptionnelles et circonstancielles auront un impact bénéfique sur la société, le secteur des hydrocar- bures et l’approvisionnement du marché national », affirme le département. ■ L'exploitation des réservoirs de la Samir confiée à l'ONHYM
Covid-19 : Sur instructions du Roi, dépistage massif dans les entreprises
S ous l’impulsion de la Fédération maro- caine de la franchise (FMF), de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), de la FCS (Fédération du commerce et services) et la CMMB (Confédération marocaine des métiers de bouche), et pour permettre à l’économie nationale de reprendre après une période d’arrêt total qui a duré plus de deux mois, les restaurants et les cafés du pays reprennent leurs activités, en respectant un guide très strict pour protéger leurs employés et leurs clients. L’ouverture de ces espaces se fait toutefois en différentes étapes, avec une première qui concerne uniquement les services de livrai- son et de vente à emporter. Il s’agit d’une phase transitoire ayant pour but d’éviter tout risque de contamination et de propagation du virus, mais aussi préparer ces établissements à une deuxième phase, tendant vers l’accueil des clients au sein des S ur hautes instructions du Roi Mohammed VI, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a été chargée de coordonner, en partenariat avec le ministère de la Santé et le ministère de l’Intérieur, une très large cam- pagne de dépistage du COVID-19 auprès des employés du secteur privé, qui démar- rera ce mercredi 3 juin 2020. Cette opération vise à limiter le risque de propagation du virus en entreprise et garan- tir une reprise d’activité sécurisée et sereine, indique la CGEM. Toute reprise ou poursuite d’activité est désormais conditionnée à la participation à cette campagne de dépistage massif. A ce titre, la CGEM a élaboré un formulaire qui permettra de recueillir les informations indispensables à une gestion rapide et fluide
de cette opération responsable et citoyenne (https://coronavirus.cgem.ma/depistage- massif-en-entreprise/). Dès réception des réponses, le responsable désigné par l’en- treprise sera contacté pour organiser la réa- lisation des tests dans les plus brefs délais. Par ailleurs, la CGEM a mis en place un compte bancaire CGEM COVID dédié à la réception du règlement de ces tests par les entreprises. Le tarif des tests sera au prix coûtant. ■
Les commerces, restaurants et cafés se préparent au déconfinement
établissements, tout en respectant les règles de distanciation. A noter que d’autres enseignes opérant dans le domaine du prêt-à-porter, des ventes de jouets… se préparent également à une ouverture progressive et par étapes égale- ment, dès le feu vert des autorités compé- tentes. Pour permettre aux commerces et aux res- taurants franchisés de procéder à une réou- verture responsable, respectant les règles d’hygiène et de protection sanitaire, la FMF a réalisé un guide des bonnes pratiques. ■
Ç A SE PASSE EN AFRIQUE
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Tunisie Réouverture des frontières le 27 juin
Nigeria La Banque centrale abaisse son taux directeur
Covid-19 Le Ghana annonce un assouplissement important des restrictions
L a Banque centrale du Nigeria (BCN) a abaissé son taux directeur à son plus bas niveau depuis 2016, alors que le pays s'efforce de limiter les dom- mages causés par la Covid-19 et la chute des cours du pétrole. La BCN a décidé de réduire le taux de 13,5 à 12,5% alors que les autorités nigérianes ont prévenu que le pays pour- rait connaître une nouvelle importante récession économique. Le FMI estime, de son côté, que l'éco- nomie nigériane devrait recu-ler de 3,4% en 2020. ■
Côte d'Ivoire : 173 millions € de l'AFD pour des projets d’infrastructures L e gouvernement ivoirien et l'Agence française de déve- loppement (AFD) ont signé trois conventions portant sur un financement total de 173 millions d'euros pour la réalisation de projets d'infrastruc-ture. L es autorités tunisiennes ont annoncé la réouverture des frontières terrestres, aériennes et maritimes à partir du 27 juin. Cette décision de rouvrir les frontières, fermées depuis la mi-mars, a été décidée par la Commission natio- nale de lutte contre la co-vid-19. Réunie sous la présidence du chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, la commission a décidé également d'autoriser, à partir du 4 juin, le déplace- ment dans le pays des Tunisiens rapatriés. Ces Tunisiens seront soumis à un isolement sanitaire obligatoire dans un hôtel pour une durée de sept jours à leurs propres frais et sept jours supplémentaires de suivi sanitaire rigoureux, ont précisé les mêmes sources. Les membres de la Commission ont éga- lement décidé d'autoriser la circulation et les déplacements entre les régions à partir du 4 juin. ■
L e président ghanéen, Nana Akufo Addo, a annoncé un assouplissement important de certaines mesures de restrictions contre la Covid-19, dont la reprise des rassemblements publics et la réouverture des établissements d'enseignement sous conditions. « Les cérémonies religieuses peuvent reprendre dès le 5 juin, avec une règle d'un mètre de distance sociale entre les fidèles et le port obligatoire de masques », a fait savoir le chef d’Etat. « A partir du 15 juin, les lycées et les universités peuvent rouvrir au profit des étudiants de la dernière année, avec un maximum de 30 étudiants pour l’université et 25 pour les lycéens », a-t-il ajouté. Et de noter que les restaurants peuvent fonc- tionner tout en respectant les dispo- sitions d'hygiène appropriés. ■
Sénégal/Covid-19 La reprise des cours reportée sine die
Une part de 52% de ce financement, soit 90 millions d'euros, sera destinée à l'amélioration de la mobilité urbaine dans la grande métropole d'Abidjan et ses agglomérations (près de 5 millions d'habitants), a dit le ministre ivoirien de l'Economie et des Fi-nances, Adama Coulibaly. Une enveloppe de 55 millions d'euros sera destinée à financer l'achèvement des projets de construction et de réhabilitation d'infrastructures routières. La dernière partie du financement sera dédiée au renforcement des services météorologiques pour un montant de 28 millions d'euros. ■
L a reprise partielle des cours au Sénégal, initialement prévue ce mardi, a été reportée à une date ultérieure, a affirmé le ministère de l'Education natio- nale. « Il a été appelé à mon attention des cas de personnels enseignants testés posi- tifs dans la région de Ziguinchor (sud). C'est pourquoi sur instructions du Président de la république, il a été retenu de reporter la reprise des cours initialement prévue le 2 juin 2020 jusqu’à une date ultérieure, en vue d'éliminer tout risque de propa- gation du virus dans l’espace scolaire », a indique le ministre de l'Education nationale, Mamadou Talla. ■
Ç A SE PASSE DANS LE MONDE
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Pétrole : La production de l'Opep à un plus bas de 20 ans
L a production de pétrole de l’Opep a touché en mai un creux de vingt ans à la faveur d’une réduction des extractions de brut de l’Arabie Saoudite et d’autres membres du cartel. L’Organisation des 13 pays exportateurs de pétrole a pompé en moyenne 24,77 millions de barils par jour (bpj) ce mois-ci, soit une baisse de 5,91 millions de bpj par rapport au niveau d’avril, qui a été révisé. En avril dernier, pour enrayer la baisse des cours de l’or noir tombé à 16 dollars le baril, l’Opep, la Russie et d’autres pays producteurs de premier plan se sont entendu pour réduire leur production de 9,7 millions de barils par jour à compter du 1 er mai et pour deux mois. « L’Opep a réalisé un démarrage en trombe en mai grâce
à sa dernière baisse de production, réduisant l’offre de cinq millions de bpj par rapport à avril », explique un res- ponsable de l’Opep. ■
Espagne Le chômage monte en flèche
L e nombre de chômeurs en Espagne a atteint 3.857.776 personnes à fin mai dernier, soit son niveau le plus haut enregistré au cours de cette période depuis 2016, a annoncé,
France : Le gouvernement anticipe une récession de 11% en 2020
mardi, le ministère espagnol du Travail, des Migrations et de la Sécurité sociale. Le nombre des sans-emplois dans le pays ibérique a progressé de 778.285 personnes au cours des cinq premiers mois de 2020, en hausse de 25,27% par rapport à la même période de l'année précé- dente, en raison de l'impact de la pandémie de corona- virus, a précisé la même source dans un communiqué. En glissement mensuel, le nombre de chômeurs a aug- menté de 26.573 personnes en mai dernier, soit 0,69% de plus par rapport au mois d'avril. Toujours selon le communiqué, quelque 1.666.098 hommes étaient au chômage au cours des cinq premiers mois de 2020. ■
L a France table désormais sur une contraction de 11% du PIB cette année contre un recul de 8% attendu précé- demment, a annoncé le ministre français de l'Economie et des Finances. « Le choc de la crise (liée à l’épidémie de coronavirus) a été extrêmement violent en France. [...] Cela va se payer dans la crois- sance (...) Le choc économique est extrê- mement brutal », a déclaré Bruno Le Maire sur RTL, estimant que la récession devrait at-teindre 11% cette année. « La croissance en France en 2020, la réces- sion plutôt - le terme est plus adapté - sera de -11% », a-t-il affirmé. Ce chiffre figurera dans le troisième projet de
Loi de Finances rectificative pour 2020 qui doit être présenté dans les prochains jours. « Le choc économique est extrêmement bru- tal » et « le plus dur est devant nous », a souli- gné le ministre de l’Economie. ■
Coronavirus L'Amérique latine en plein cauchemar
Londres met l'UE en garde contre le risque de «s'automutiler» dans le secteur financier
L es entreprises européennes seraient perdantes si l’Union européenne ten- tait d’imposer des barrières au secteur britannique de la Finance, a prévenu jeudi le gouvernement britannique tandis que le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier, réaffirmait que Londres ne pouvait espérer des négociations «à la carte». Depuis la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne, les deux parties sont entrées dans une période de transition, pré- vue jusqu’à la fin de l’année, pour trouver un accord sur leur future relation. « Il existe peu de lieux dans le monde où on trouve un marché des capitaux aussi pro- fond et aussi vaste (qu’à la City) », a déclaré
Avec près de 30.000 morts au Brésil et plus de 10.000 morts au Mexique, l'épidémie de coronavirus menace de faire effondrer les systèmes hospitaliers d'Amérique latine. Quatre pays latino-américains (Brésil, Pérou, Chili, Mexique) figurent parmi les dix ayant recensé le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, a indiqué l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Clairement, la situation dans de nombreux pays d'Amé- rique latine est loin d'être stabilisée », affirme un respon- sable à l’OMS. ■
le ministre du Bureau du cabinet, Michael Gove. « Cela serait un nouvel exemple d’automuti- lation de la part des Européens », a poursuivi Gove. ■
B OURSE & F INANCES DU 4/5/6/7/8/9 ET 10 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Point Bourse Hebdo
Appel d'air pour les actions
Evolution de l'indice Masi depuis juin 2019
◆ Après deux mois de déroute où plusieurs dizaines de milliards de DH de capitalisation se sont envolés, les vendeurs ont finalement «levé le siège». ◆ Le marché termine le mois de mai sur une note positive (+4,76%).
quelles ont également apporté leur contribution à la hausse.
les compagnies d'assurances pour ce premier trimestre. En somme, un bilan mitigé, en attendant que les effets de la crise se précisent au deuxième trimestre. Autre fait à relever ce mois est que le marché n'a pas obéi au vieil adage «Sell in May», bien que tous les ingrédients à sa validation étaient rassemblés : effet de sai- sonnalité et un contexte de crise... Flux d’informations Alimentés par des opérations de blocs sur Bank of Africa, les volumes hebdomadaires ont avoi- siné 3,38 Mds de DH. Sur le podium des valeurs les plus actives de la semaine figurent Attijariwafa bank
(21,16%), Maroc Telecom (13,06%), Ciments du Maroc (10,68%), BCP (10,29%) et Lafargeholcim Maroc (7,1%). Le Masi, lui, a avancé de 1,80% à 10.013 points, au plus haut depuis deux mois et demi sur la semaine (du 26 mai au 2 juin). Eléments techniques Graphiquement, les cours du Masi ont dépassé cette semaine le seuil pivot des 9.850 points. Ce dépas- sement ouvrira la voie à une pour- suite haussière vers 10.400 points puis 10.880 points. La MM20 j constitue le support dynamique. La configuration actuelle du Masi ne remet pas en cause la tendance baissière long terme. ◆
E nfin une bouffée d'oxy- gène à la Bourse de Casablanca ! Après deux mois de déroute où plu- sieurs dizaines de mil- liards de capitalisations se sont envolés, les vendeurs ont finale- ment «levé le siège». Le marché termine le mois de mai sur une note positive (+4,76%), toujours loin cependant de ses niveaux de début d'année. À l'appui de cette reprise, une réouverture progressive de l'éco- nomie après un confinement qui aura duré 10 semaines et quelques bonnes copies trimestrielles, les- Par Y. Seddik
Trimestriels : bilan mitigé Force est de constater que les impacts de la crise sanitaire sur les entreprises cotées varient d'un secteur à l'autre. Les contrecoups se sont fait sentir d’abord chez les banques puis les distribu- teurs automobiles ou encore les cimentiers. Ont profité ou échap- pé momentanément aux effets de la pandémie l'agroalimentaire, le pétrole & gaz et le technologique qui a bénéficié d'arbitrage favo- rable. On note parallèlement des fortunes diverses chez les opéra- teurs immobiliers et miniers et chez
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La banque d’un monde qui change
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Fusion Atlanta-Sanad
◆ Avec 5 milliards de dirhams de chiffre d’affaires réalisé en 2019, plus de 650 collaborateurs et un réseau exclusif de près de 400 points de vente, Atlanta Assurance va bousculer le marché dès la finalisation de l’absorption de sa filiale Sanad. Le futur ensemble va bousculer le marché A tlanta vient de se relancer sur le marché des assurances. Après plusieurs années de croissance supérieure Par A. Hlimi Le Groupe Holmarcom, qui détient plus de 67% du capital d'Atlanta, a
préparé le terrain en juillet 2019 où il avait
à la moyenne du marché, gri- gnotant, année après année, des parts de marché, la famille Bensalah vient de décider de fusionner la compagnie avec sa filiale Sanad. Une opération qui va renforcer les fonds propres de la compagnie et donner plus de marge de manœuvre aux finances du groupe. Le résultat net social devrait en profiter et doper, à terme, la capacité de distribuer des dividendes de l’assureur. Les synergies commerciales et techniques devraient également permettre d’abaisser les frais généraux et de faire de Atlanta une compagnie plus efficace. Des arguments qui ont provoqué une réservation à la hausse de l’ac- tion en Bourse au lendemain de l’annonce. Le Groupe Holmarcom, qui détient plus de 67% du capital d'Atlanta, a préparé le terrain en juillet 2019 où il avait annoncé la réorgani- sation de son pôle Finance à tra- vers la création de trois nouvelles holdings pour porter les activités
annoncé la réorganisa- tion de son pôle Finance.
financières du groupe. Parmi ces 3 filiales, «Holmarcom Insurance Activities» , dont le capital social est intégralement détenu par Holmarcom Finance Company, est destinée à recueil- lir les participations relatives au secteur des assurances et de réassurance. C'est elle qui porte la participation du groupe dans Atlanta et c'est dans ce pôle que s’opère la fusion.
nom de son créateur. Cette pre- mière entreprise a donné nais- sance, après maintes mutations, notamment son acquisition par le Groupe Holmarcom en 1999, à l’actuelle Sanad. A ses débuts, Sanad œuvrait exclusivement dans l’assurance maritime, comme ses pairs à l’époque. Depuis, la compagnie a parcouru du chemin en s’at- taquant à l’assurance terrestre, puis l’assurance des personnes. Le virage Holmarcom 1999 fut une année d’inflexion pour Sanad (à l’époque Sanad / CPA). Avec l’arrivée du Groupe Holmarcom dans le tour de table suite à la sortie des actionnaires de la Samir, Sanad/CPA prit un nouveau virage stratégique, en s’ouvrant sur de nouvelles oppor- tunités et profitant d’un nouveau mode de gouvernance. La compagnie a en effet profité de l’expérience du Groupe dans les assurances avec Atlanta qui opère sur le marché marocain depuis 1947. Entre 2000 et 2016, Sanad Assurances a augmenté son capi-
tal de 416%, son chiffre d’affaires de près de 400%, tandis que les résultats des placements ont bondi de 369%. Les termes de la fusion Cette fusion se fera par voie d’ab- sorption de Sanad par Atlanta, Sanad étant filiale d’Atlanta à hauteur de 99,96%. La fusion sera réalisée sur la base d’une parité d’échange de 11 actions Atlanta pour 1 action Sanad. Le nouvel ensemble, issu de la fusion, ambitionne de se posi- tionner comme l’assureur maro- cain de référence, avec un chiffre d’affaires consolidé de près de 5 milliards de dirhams, réalisé en 2019, plus de 650 collaborateurs et un réseau exclusif de près de 400 points de vente. ◆ La fusion sera réalisée sur la base d’une parité d’échange de 11 actions Atlanta pour 1 action Sanad.
Sanad : compagnie centenaire
La compagnie Sanad a été fon- dée en 1917 sous le nom «Les Assurances Henri Croze», du
La finalisation de cette fusion, qui est prévue pour fin septembre 2020, est conditionnée par les approbations réglementaires usuelles, notamment l’obtention de l’agrément de la fusion et de l'accord portant sur le transfert de la totalité du patrimoine de Sanad à Atlanta par l'ACAPS, l’obtention du visa de l'AMMC sur le prospectus relatif à la fusion et l’approbation de la fusion par les assemblées générales extraordinaires des actionnaires d’Atlanta et de Sanad. En attendant le feu vert des autorités
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Impact de la crise sanitaire sur les banques
◆ Le bureau casablancais du cabinet Roland Berger a mené une enquête en ligne auprès des Directeurs généraux et des directions stratégies des banques au Maroc sur leurs réponses face à la crise de la Covid-19, et les impacts anticipés. ◆ Au-delà des impacts attendus sur les créances en souffrance et les revenus, c’est un véritable changement de paradigme qui attend le secteur dans les prochains mois. L’enquête qui dit tout L’ enquête du cabinet Roland Berger, menée entre le 11 avril et le 12 Par A. Elkadiri > Produit net bancaire 29% {+1 à 2pts] 43% 29% 29% 43% {+3 à 4pts] 29% {>=5pts] > Créances en sourance (% des crédits) Quel impact de la crise anticipez-vous sur le marché marocain en 2020 en termes de …
43% des répondants esti- ment que l'adaptation des processus et des SI n'est pas encore finalisée, et 57% pensent que les adaptations apportées jusque-là ne sont pas soutenables face à un confinement trop prolongé. A noter que malgré les per- turbations et les surcharges associées à ces actions, les banques ont davantage pri- vilégié la poursuite que la temporisation des projets prioritaires en cours avant crise. En termes de consolidation commerciale, si les mesures de soutien du CVE sont déployées par l'ensemble des banques, la formation des «lignes de front» pour accompagner les clients en cette période de crise, ou des plans d'action segmen- tés et proactifs à l'égard de clients à forts risques et/ou valeur, sont moins systéma- tiques et/ou avancés. « Des points pourtant critiques puisque les interactions actuelles constituent des "moments de vérité" uniques avec un potentiel de fidélisa- tion, ou d'attrition, fort », note les auteurs de l’enquête. Sur le plan de la pérennisa- tion financière, les banques explorent des pistes d'adap- tation des coûts avec un focus porté sur les dépenses externes ; les pistes rela- tives aux effectifs sont moins explorées à ce stade, notam- ment pour des considéra- tions de solidarité dans un contexte de crise nationale.
mai 2020, a couvert trois éléments : la réponse d’ur- gence à la crise sanitaire et au confinement, les impacts anticipés d’un point de vue financier sur l’année 2020, et les perspectives ainsi que les changements à moyen long terme sur lesquels le secteur bancaire doit agir. Réponses de continuité et de gestion de crise Le premier enseignement de cette enquête, dont Finances News Hebdo restitue en exclusivité les résultats, est que face à la crise de la Covid-19 et au confine- ment, toutes les banques ou presque ont mis en place une série d'actions incon- tournables de stabilisation opérationnelle et de sou- tien commercial : mise en place de cellules de crise, adaptation de l'organisation du travail, déploiement des mesures de soutien du CVE, renforcement du service client et encouragement des canaux distants, scénarisa- tion des impacts financiers, et réévaluation du profil de risque des portefeuilles. Les banques doivent néan- moins s’inscrire dans un effort d'adaptation continu face à un confinement qui se prolonge : ainsi, environ
> Encours de crédits aux particuliers
29%
43%
14%
14%
> Encours de crédits aux entreprises
29%
29%
29%
14%
14%
14%
71%
> Encours de dépôts
Marginal/positif
Modéré [-2 à -5%]
Fort [-6 à -10%]
Signicatif [≥ -10%]
(intervalles applicables hors “créances en sourance”)
Autrement dit, la suppres- sion de postes n’est pas, pour le moment, à l’ordre du jour. Impacts sur les indica- teurs financiers Les banques ont des pers- pectives nuancées sur l'ampleur de l'impact de la crise de la Covid-19 sur les principaux indicateurs en 2020. Ainsi, la majorité des banques anticipent une hausse importante (+3 à 5 pts et plus) des créances en souffrance. La majorité anti- cipent également une baisse significative (-6% à -10% voire au-delà) des encours de crédits aux particuliers ainsi qu'une baisse du PNB de même ampleur. En outre, davantage de banques estiment que l'im- pact sera moindre pour les crédits aux entreprises en 2020, probablement en lien avec les mesures de soutien
en phase de confinement et de relance. Enfin, les banques semblent converger sur le fait que les dépôts devraient être moins impactés, pro- bablement en lien avec une moindre consommation et un impact sur l'assurance-vie en première ligne. Impacts structurels et après-crise La quasi-totalité des banques entrevoient un impact structurel fort de la crise de la Covid-19 sur le secteur bancaire, qui impac- tera les usages et besoins des clients, mais également les stratégies et les posi- tions concurrentielles des banques. Les banques s'ac- cordent en effet sur le fait que la crise devrait impacter tous les aspects du métier bancaire –distribution, offres produits et services, modèles opérationnels, approche risque, et modèles d'orga-
nisation et de collaboration –, avec un consensus plus large autour de 2 facteurs clés de succès pour l'après crise : la distribution digitale et omnicanale, et la redéfini- tion de modèles opération- nels «leans» et résilients. En dehors d'une banque, s'estimant «best in class» sur 4 dimensions, la plupart se voit en avance sur 2 à 3 dimensions, avec quelques archétypes qui se dégagent : certaines banques se disent en avance sur les aspects front (distribution / offre) et d'autres sur les opérations et les modèles d'organisation et de collaboration. «Sans se laisser distancer sur des domaines critiques, un enjeu déterminant est de choisir ses batailles clés pour créer une différencia- tion concurrentielle réelle et reconnue par les clients» , analyse le cabinet Roland Berger. ◆
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vivre avec le virus. Et même si les banques n’ont jamais arrêté leurs activités, comme ce fut le cas pour d’autres secteurs (hôtellerie, restauration, etc.), elles travaillent désormais à consolider, adapter et renforcer leurs actions pour accom- pagner le redémarrage et la relance d'activité de leurs clients et de l'économie. F.N.H. : Justement, quel rôle et quelle capacité ont les banques dans la relance de l'économie ? A. T. : Les banques constituent la courroie de transmission financière des agents écono- miques. Elles ont à ce titre un rôle fondamental à jouer dans l'accompagnement de leurs clients pour faire face au chamboulement de leurs plans d'activité et de trésorerie. S'agissant de la capacité, les banques entrent dans cette crise avec une posture solide, carac- térisée par de bons niveaux de capitalisation et de liquidité. Beaucoup de banques ont éga- lement renoncé au versement de dividendes au titre de l'exercice 2019, ce qui permet de renforcer davantage les fonds propres. De ce
Un moment de vérité crucial pour les banques ◆ La crise sanitaire Covid-19 aura un impact structurel important sur les moyen et long termes, tant sur les comportements des clients, que sur les businessmodels, les stratégies et les positions concurrentielles des banques. ◆ Complètement chamboulées par la crise, les approches de risque devront s'adapter vers davantage de segmentation et de ciblage. ◆ Amine Tazi, Partner Roland Berger Casablanca, analyse les transforma- tions profondes en cours dans le secteur bancaire et les facteurs clés de succès.
point de vue, cette crise est différente de la précé- dente crise financière mon- diale où le problème venait des banques elles-mêmes. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse : les banques sont plus une clé de la solu- tion qu’une source du pro- blème. Mais compte tenu de l’am- pleur du choc économique, elles ne pourront pas à
Les banques entrent dans cette crise avec une posture solide, caractérisée par de bons niveaux de capita- lisation et de liquidité.
elles seules en absorber l'impact. Cela néces- site une réponse concertée avec les pouvoirs publics et la Banque centrale, et c’est bien l’es- prit dans lequel les actions sont définies jusqu’à présent avec le CVE. F.N.H. : Quel devrait être l'impact de cette crise sur la performance finan- cière des banques en 2020 ? A. T. : L'activité bancaire est une activité de stock et d'encours ; elle est donc, par nature, plus résiliente que d'autres secteurs qui ont pu subir des chutes brutales de revenus. Pour autant, elles ne seront pas immunes face à cette crise. L'activité commerciale et le PNB bénéficient des mesures de soutien en termes de reports d'échéance ou de crédits de relance, mais subissent en dehors de cela les effets de la chute de production nouvelle, une pression sur la marge d'intérêts ou encore la baisse de certaines commissions liées à des activités de
Ces actions ont nécessité un travail colossal dans un délai très court, mais le challenge a été relevé avec succès. D'autres actions, moins systématiques, ont été mises en place ou sont en cours au sein de cer- taines banques, notamment des plans d'action segmentés et proactifs à l'égard des clients à plus forte valeur ou risque, ou l'exploration de leviers de maîtrise des coûts. Mais les actions des banques constituent un effort continu, car après presque 3 mois de confi- nement sanitaire, s'ouvre une phase intermé- diaire de déconfinement progressif et de relance de l'économie où nous devrons apprendre à
Propos recueillis par A. Elkadiri
Finances News Hebdo : Comment les banques ont-elles répondu à la crise du Covid-19, depuis l'instauration du confi- nement sanitaire ? Amine Tazi : Face à la crise sanitaire du Covid- 19 et au confinement, l'ensemble des banques ont mis en place une série d’actions incontour- nables : assurer la sécurité sanitaire des collabo- rateurs et des clients, mettre en place des cel- lules de crise, adapter l'organisation du travail et les processus, déployer les mesures de soutien prises par le Comité de veille économique, etc.
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flux ou de services offerts en gratuité pendant le confinement. Mais l'impact le plus important sera au niveau du coût du risque : la plupart des banques anticipent une augmentation des créances en souffrance de 3 à 4 points, et certaines de plus de 5 points. Si les mesures de soutien prises à ce stade soulagent les clients des banques face au choc de liquidité et leurs besoins de trésore- rie, elles ne traitent que partiellement le choc de solvabilité (pertes d'exploitation). Ce choc sera d'autant plus difficile à absorber que la durée du confinement et le profil de reprise seront longs. C'est d'ailleurs là un des principaux enjeux de la relance économique et l'objet des réflexions actuelles autour de solutions visant à renforcer les fonds propres des entreprises. F.N.H. : Quels seront les impacts sur les businessmodels des banques ? A. T. : Le consensus est fort auprès des banques sur le fait que la crise de la Covid- 19 aura un impact structurel important sur les moyen et long termes, tant sur les comporte- ments des clients, que sur les businessmodels, les stratégies et les positions concurrentielles des banques. Tous les pans du businessmodel bancaire seront impactés, que ce soit la distribution, la relation client, les modèles opérationnels, les modèles organisationnels et de collaboration (télétravail, modes de management, etc.), ainsi que les modèles de risque. Pour ma part, sans ré-enfoncer des portes ouvertes en termes d'accélération du digital ou de pérennisation de nouveaux modes de colla- boration, j'aimerais m'arrêter sur trois tendances qui me paraissent fondamentales, tant dans cette nouvelle phase de déconfinement progres- sif que dans l'après-crise. La première concerne le rôle et la valeur ajou- tée de l'humain dans la relation client. Bien évidemment, le digital aura un rôle indéniable pour donner plus d'autonomie, de souplesse et d'efficience aux clients sur des opérations et interactions 'standards'. Mais aujourd’hui plus que jamais, face à des ménages en difficulté ou des entreprises qui jouent leur survie, la valeur ajoutée du conseiller bancaire, sur des solutions bancaires et parabancaires, avec une expertise sectorielle, va être absolument cruciale. C’est réellement un moment de vérité d’une impor- tance capitale qui se joue pour les banques actuellement et qui sera à double tranchant : s’il est bien géré, cela peut-être un facteur de fidéli- sation extrêmement fort, dans le cas contraire, le client ne manquera pas d’aller chercher ailleurs dès qu'il en aura l'opportunité. Le deuxième volet concerne l’approche des
risques qui doit nécessairement s’adapter. Ce sujet est très délicat car il s’agit d’une ligne de crête qui n'est pas évidente à tenir. Un peu trop de prudence et toute la profession bancaire est accusée de ne pas jouer le jeu et de ne pas soutenir l’économie ; trop de souplesse, et ce peut être un surendettement insurmontable pour le client, un impayé pour la banque sur les anciens et nouveaux prêts et, ne l’oublions pas, un gâchis de deniers publics (compte tenu des mécanismes de garantie publique). Il y a, dès lors, des questions délicates, tant sur le plan technique que politique sur le juste équilibre entre solidarité et efficience du soutien apporté. En parallèle, le volume de demandes de crédit de relance promet d'être conséquent, et les prin- La plupart des banques anticipent une augmen- tation des créances en souffrance de 3 à 4 points, et certaines de plus de 5 points. cipaux paramètres qui fondaient les décisions de crédit – historique de la santé financière de l’entreprise, récurrence des revenus et des cash flows, garanties mobilisables – sont totalement chamboulés. Les approches de risque devront donc s'adapter vers davantage de segmentation et de ciblage, l'exploitation de données pertinentes combi- nées à une expertise sectorielle prospective, pour industrialiser davantage les décisions de crédit 'évidentes' et se focaliser sur une analyse approfondie des situations autour de la ligne de crête précédemment évoquée. Le troisième et dernier volet concerne les modèles opérationnels, qui devront être reconfi- gurés pour être plus «Lean» (sans superflu) et plus résilients. On a vu les banques réussir à absorber une charge de travail phénoménale durant la crise (plus de 400.000 demandes de report de crédits traitées en quelques semaines, ndlr), souvent avec des ressources moindres. Elles ont pu le faire car elles étaient dans une approche frugale, focalisée sur l’essentiel et itérative. Il y a donc un enjeu de pérenniser un certain nombre de ces pratiques. Quant à la résilience, il s’agira désormais de ne
pas penser exclusivement à travers le prisme de l’efficacité des coûts, mais intégrer ce paramètre supplémentaire traduisant la capacité à encais- ser un choc comme celui que nous connaissons en ce moment et la flexibilité de pouvoir se reconfigurer et continuer à opérer et servir ses clients. F.N.H. : Les banques pourront-elles rele- ver ces nombreux défis ? A. T. : L'impact structurel de la pandémie du Covid-19 sera étendu et profond et viendra se heurter à des réalités qui seront différentes d'une banque à l'autre, en fonction de leurs points de départ et leurs forces et faiblesses en entrée de crise, en fonction de leurs stratégies, ou en encore en fonction de leurs organisations et capacités d'exécution. Ce seront d'ailleurs ces réalités qui guideront la priorisation des défis à adresser, avec des che- mins empruntés et des résultats qui ne seront certainement pas identiques entre les banques. Mais quelle que soit la priorisation ou la straté- gie retenue, la capacité et l'agilité d’exécution constitueront certainement le nerf de la guerre. La bonne nouvelle est que les derniers mois ont mis à bonne épreuve les capacités d'exécu- tion des banques, en réunissant certains piliers essentiels. Tout d’abord, une gouvernance spécifique s’est mise en place, avec des circuits de décision très courts, un fort degré d’implication et d'aligne- ment du top management, avec un biais vers l’action, sans tergiversations. Le deuxième point, précédemment évoqué, concerne le focus sur l’essentiel. Un nombre réduit de priorités, exécutées dans une approche frugale et agile : Faire des choses qui marchent, qu’on améliore par la suite, comme cela a été le cas pour les actions des banques ces derniers mois. Le dernier point porte sur le 'sens' des transfor- mations, qui doit pouvoir susciter un engage- ment rationnel et émotionnel de l'organisation. L'action récente des banques s'est résolument inscrite dans une mission d'utilité générale de sauvegarde et de relance de l'économie natio- nale, de ses ménages et de ses entreprises. Ceci est incontestablement un vecteur d'engagement et de mobilisation pour des collaborateurs sen- sibles à la finalité de leur travail. Ces trois piliers, à savoir le 'sens', le focus, et l'efficacité de la gouvernance, représentent la colonne vertébrale pour assurer une bonne capacité d’exécution. La crise a permis de tester leur redoutable efficacité, et offre une formidable opportunité de pouvoir les adapter et les péren- niser pour poursuivre les transformations à venir avec le même succès. ◆
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Trimestriels
◆ Des éléments non récurrents ont impacté la rentabilité des banques cotées. ◆ Les performances commerciales sont au rendez-vous, malgré la crise. L’exceptionnel pèse sur la profitabilité des banques E n faisant une lecture diagonale des réalisa- tions des entreprises cotées au premier tri- mestre, l’on s’aperçoit Par Y. Seddik Malgré les effets de la crise, les banques ont stabilisé leur PNB.
que les contrecoups de la crise sanitaire se sont sentis au pre- mier chef chez les banques. La Covid-19 s’est en effet rajoutée au lot d'embûches qui jonchaient le contexte du secteur : taux bas, resserrements règlementaires, créances en souffrance…Un contexte jusque-là bien maîtrisé, avant que la crise n’en décide autrement. Globalement, les revenus des six banques ressortent stables au premier trimestre, la profitabilité est dégradée, alors que le coût du risque est monté en flèche. Le produit net bancaire (PNB) glo- bal agrégé des 6 banques cotées pour le premier trimestre de 2020 ressort à 15,48 milliards de DH, soit des revenus quasi-identiques à ceux du premier trimestre 2019 (15,48 milliards de DH). CIH Bank enregistre la plus forte progression des revenus (+13,3%) qui se sont situés à 665,7 MDH. Attijariwafa bank domine toujours le marché avec 6 milliards de DH de revenus au T1. Excepté Bank of Africa, toutes les banques ont stabilisé leur PNB tri- mestriels. BCP a contrebalancé la baisse du résultat des opérations de marché par la bonne perfor- mance de la Banque de détail au Maroc et à l’international, qui a profité de l’intégration des nou- velles filiales acquises au T4-2019. Elle a dégagé un PNB de 4,3 Mds de DH en hausse de 1,5%. CDM, BMCI ont réalisé, pour leur part, des croissances respectives de 3,7% et 0,5% sur la période.
Coup dur pour la profitabilité Les banques ont été parmi les premiers contributeurs au Fonds spécial Covid-19. Celles cotées y ont affecté 2,32 Mds de DH de leurs bénéfices (sans Attijariwafa bank). Ceci a dégradé leur capa- cité bénéficiaire au premier tri- mestre. Entre janvier et mars 2020, la rentabilité part du groupe des banques étudiées ressort à 2,15 milliards de DH, reflétant une baisse de 26%. On note que certaines banques ont fait le choix d’intégrer cette contribution au prorata trimes- triel. En plus de cet effet non récur- rent lié aux dons, les premiers impacts prévisionnels sur le coût du risque ont aussi pesé sur la rentabilité. Chez les 6 banques cotées à la Bourse de Casablanca, la charge du risque a connu une progres- sion à deux chiffres. Seule la BCP a pu l’alléger de 2,4% à 751 MDH. Pour CIH Bank, ce coût a aug- menté en consolidé de 68,3% pour s’établir à 180 MDH. Le groupe «a constaté des provi-
sions de manière prospective afin de prévenir les impacts de la pan- démie». Cette hausse est encore plus mar- quée chez Attijariwafa bank. Son coût du risque s’est établi à 1,1 milliard de DH, en accroissement de 82,5%. Rapporté aux encours de crédits, il passe de 0,76% au premier trimestre 2019 à 1,30% au premier trimestre 2020. Ce montant a augmenté de 19,5% chez CDM, de 6,8% pour BoA, et de 25,2% chez BMCI dont le taux de couverture des créances par les provisions des comptes sociaux s’établit à 80,3%. Les performances commerciales ne plient pas Du côté commercial, les perfor- mances sont au rendez-vous. Les encours de crédits d’Attijariwafa bank atteignent 327 MMDH à fin mars, en hausse de 6,7% par rapport à mars 2019. L'épargne totale collectée, quant à elle, est de 481.4 MMDH, soit une pro- gression de 5,1% par rapport à mars 2019. BCP a amélioré sa part de mar-
ché sur les dépôts de la clien- tèle de 24 bps, en collectant 1,8 MMDH au T1-2020, soit une PDM de 26,3%. Sur les crédits à l’éco- nomie, la PDM se maintient à 23,6%. Pour BMCI, les crédits consoli- dés ont atteint 56,5 MMDH à fin mars 2020, en hausse de 3%. Les dépôts ont enregistré une hausse de 2,2 %, pour atteindre 46 MMDH, dont 73,3% repré- sentent des dépôts à vue. Crédit du Maroc, elle, affiche une progression des ressources bilan, à fin mars 2020, de 2,9% à 42,5 MMDH. En face, les emplois clientèle s’apprécient sur les douze derniers mois de 2,9% à 41,7 MMDH. Avec une collecte nette de 7,6 MMDH, les dépôts clientèle consolidés de CIH Bank pro- gressent de 20,0% par rapport à mars 2019, et s’établissent à 45,6 MMDH. Les ressources à vue ont constitué 74% de la collecte réa- lisée. Les encours crédits conso- lidés ont atteint 54,8 MMDH, en hausse de 16,1% par rapport à mars 2019. ◆
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