FNH N° 1097

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 23 février 2023 - 8 DH - N° 1097

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Algérie - Espagne - UE Imbroglio sur fond de chantage gazier P. 14/15

Casablanca-Settat

«Le tourisme reprend des couleurs»

Othman Cherif Alami, président du CRT Casablanca-Settat

P. 16 à 19

«Un financement fondamentalement interne» TRÉSOR P. 10 à 13

Fouzia Zaaboul, directrice du Trésor

P. 10 à 13

C’est parti pour les études de faisabilité ! Interconnexion des bassins hydrauliques

Maroc - USA Clap de fin pour le Millennium Challenge Account-Morocco

P. 20/21

P. 24

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Petites éclaircies Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Le marché plombé

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par Maroc Telecom

BTP : Pas d’éclaircie à l’horizon

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L’ ’inflation perdure. Persiste. S’incruste. Les Marocains tirent la gueule. Les Marocains ont les boules. Les Marocains descendent de plus en plus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol face à la cherté de la vie. Dimanche, à l’appel de la Confédération démocratique du travail, des sit-in ont eu lieu notamment à Casablanca et Rabat, en remplacement de marches initialement programmées, mais interdites. Traduction : les citoyens ne veulent plus rester passifs devant la dégradation de leur pouvoir d’achat et signifient au gouvernement leur colère. Car les prix des denrées alimentaires en particulier restent toujours élevés, alors que le mois de Ramadan approche à grand pas. La dernière note du haut- commissariat au Plan indique que l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu, au cours du mois de janvier 2023, une hausse de 0,5% par rapport au mois précédent. Comparé à janvier 2022, l’IPC a enre- gistré une hausse de 8,9% en janvier 2023. Et sur un an, l’indice des produits alimentaires a augmenté de 16,8%. Il faut se rendre à l’évidence : les mesures prises jusqu’à présent par l’Exécutif pour contrecarrer la hausse des prix sont jugées inefficaces par les ménages marocains, dont les plus pauvres restent les plus impactés par cette poussée inflationniste. Pourtant, le gouvernement reste convaincu que sa méthode est la bonne, à savoir le maintien de la subvention du gaz butane, du sucre et du blé, l’aide financière accordée aux transporteurs routiers, renouvelée 9 fois sans qu’on en voit les effets, ou encore les contrôles effectués sur les prix en traquant notamment les spéculateurs. Il ne veut nullement entendre parler de l’aide directe pour le moment, comme l’ont fait plusieurs pays, à l’instar de la France, l’Espagne ou encore l’Allemagne. Il reste sourd à toutes les propositions. Le Mouvement Populaire (MP), qui a tenu le samedi 18 février courant la 13ème session de son Université populaire, en a d’ailleurs émis quelques-unes. A côté de mesures à moyen terme, il a ainsi préconisé 10 mesures urgentes pour faire face au renchérissement du coût de la vie. Parmi elles, l’accélération de l’institution d’un soutien direct aux familles dému- nies, la révision de la politique d'exportation, notamment des denrées alimentaires de base pour les Marocains, tels les légumes, l’activation d'exonérations fiscales temporaires et le plafonnement temporaire des prix de certains produits de base. Le MP propose aussi l’exploita- tion des marges budgétaires via un décret-loi pour soutenir le pouvoir d'achat. « Cette opération permettra de fournir un montant financier important qui sera orienté vers le soutien du pouvoir d'achat, et dans un délai record qui n'excède pas six jours », estime-t-il, rappelant que « le gouvernement a recouru à cette mesure à deux reprises, notamment pour la mobilisation de 16 milliards de DH pour soutenir la Caisse de compensation, en plus du soutien exceptionnel qu’il avait mobilisé auparavant pour soutenir l'Office national de l'eau potable et de l’électricité (ONEE) ». Clairement, l’Exécutif ne manque pas d’alternatives. Il est peut-être temps qu’il change de fusil d’épaule pour apaiser la grogne sociale. u LES MAROCAINS ONT LES BOULES Par Fatima Ouriaghli

Financement du Trésor : Radioscopie d'une situa-

10

tion inédite

Entretien avec Fouzia Zaaboul : Marché obligataire,

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> Economie

«Le financement du Trésor est un financement fon-

damentalement interne»

Algérie – Espagne – UE : Imbroglio sur fond de chan-

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tage gazier

Tourisme : Dernière ligne droite vers le niveau pré-

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covid

Entretien avec Othman Cherif Alami : Tourisme,

18

«L’industrie reprend des couleurs dans la région

Casablanca-Settat»

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Maroc - USA : Clap de fin pour le Millennium Challenge

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Account-Morocco

Marché de l’emploi : Les femmes toujours à la traîne

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Interconnexion des bassins hydrauliques : C’est parti

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pour les études de faisabilité !

Exécution des jugements : Les institutions publiques,

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de mauvais payeurs

Parkings de stationnement : Un casse-tête persistant

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> L'univers des TPME

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Boost Up Lab : Une nouvelle impulsion à l’entrepre- neuriat digital 27 > Santé Entretien avec Pr Jihane Toughza : Journée internatio- nale du cancer de l’enfant, «La recherche scientifique explore actuellement trois grands volets» 28

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> Culture

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Exposition : Une invitation au voyage intérieur

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Musique : Anwar… l’âme folk

> High-tech Données personnelles : Gare aux fuites sur le dark web ! 32

> Focus Agricole

Fruits rouges : La filière génère un chiffre d’affaires annuel de 4,5 milliards de DH 34

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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de 75,9 mm au lieu de 38,8 mm durant la même période une année auparavant, soit une amélioration de 95,6%. Durant la même période, la superficie couverte par la neige a atteint 5.720 km 2 contre 4.480 km 2 l’année précédente. Cet apport en eau a augmenté substantiellement les retenues des principaux barrages nationaux. Au 21 février 2023, ces barrages ont enregistré 5,29 milliards de m 3 d’eau, soit un taux de remplissage de 32,8% (vs 33% au 21 février 2022) et 31,7% au 21 janvier de cette année. Cette météo favorable augure tout au moins d’une bonne campagne agricole. Avec une croissance qui devrait se situer entre 3 et 3,3% selon les conjoncturistes. pération par rapport à son niveau d’avant la pandémie de 84% (99% pour les arrivées des MRE et 72% pour les TES). En termes de récupération, le Royaume fait mieux que le marché mondial (63%), le Moyen- Orient (83%) ou encore l’Europe (80%). Sur l’exercice écoulé, plus de 19 millions de nuitées ont été enregistrées, soit 75,2% de leur niveau antérieur à la pandémie (63% pour les touristes non-résidents et 101% pour les touristes résidents). En variation annuelle, le volume des arrivées et des nui- tées réalisées au Maroc s’est accru respec- tivement de 192% et de 106,7% à fin 2022. Suivant la même tendance, les recettes touristiques ont dépassé leur niveau pré- crise de 15,9%, après une baisse de 56,4% un an plus tôt. En glissement annuel, ces recettes se sont accrues de 166,1% à fin 2022, au lieu d’un retrait de 5,9% l’année précédente, pour atteindre 91,3 milliards de dirhams. Reste maintenant à consolider cette dynamique, si tant est que le Maroc a l’ambition d’attirer 26 millions de touristes à l’horizon 2030. ◆ Petites éclaircies Par D. William Les campagnes marocaines retrouvent de l’entrain à la faveur des pré- cipitations. Autre motif de satisfaction : la reprise confirmée du secteur touristique qui, dès le 3 ème trimestre 2022, a dépassé de 11% son niveau pré-crise en termes de valeur ajoutée, selon les chiffres de la Direction des études et des prévisions financières. A fin 2022, le Maroc a accueilli quelque 10,9 millions de touristes, soit un taux de récu-

D ans cet environnement écono- mique morose caractérisé par une inflation persistante qui rogne le pouvoir d’achat des ménages, il y a quand même quelques motifs de satisfaction. Nous en citerons deux en particulier. Le premier, c’est la pluviométrie. Les pré- cipitations sont de retour. Et cela fait énor- mément de bien, après une année 2022 considérée comme la plus chaude depuis 1981 et des sécheresses devenues de plus en plus récurrentes, mais également de plus en plus sévères. Des vagues de sécheresse qui, évidemment, affectent le PIB agricole, et par conséquent la crois- sance, d’autant que 15% du PIB pro- viennent de l’agriculture. Aujourd’hui, les campagnes marocaines retrouvent de l’entrain à la faveur des pré- cipitations. Selon le ministre de l’Equipe- ment et du Transport, Nizar Baraka, entre le 1 er septembre dernier et le 13 février, le Royaume a connu d'importantes pré- cipitations, avec une moyenne nationale

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L ’ état d'avancement des préparatifs des Assemblées annuelles 2023 de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), a été au centre d'une réunion, mardi à Rabat, entre le ministre délégué auprès de la ministre de l'Economie et des Finances chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, et le secrétaire général du FMI, Ceda Ogada, accompagné de hauts responsables de cette institution internatio- nale. A cette occasion, Lekjaa a réitéré la fierté du Maroc d'accueillir ces Assemblées annuelles, qui auront lieu à Marrakech du 9 au 15 octobre 2023, et l'engagement de l'ensemble des parties prenantes pour assurer plein succès à cet évènement. ■ Le Maroc prépare les Assemblées annuelles de la BM et du FMI

L’inflation grimpe à 8,9% en janvier sur un an

Abdellatif Hammouchi reçoit le patron du FBI

L e Directeur général de la Sûreté natio- nale et de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, a reçu, mardi à Rabat, Christopher Wray, directeur du Bureau d'investigation fédéral américain, qui effectue une visite de travail au Maroc à la tête d’une délégation de haut niveau. Cette visite de travail est la deuxième du genre dans le cadre du programme d'action commun entre les deux parties, après une première visite effectuée par Hammouchi aux Etats-Unis d’Amérique en juin 2022, durant laquelle il a rencontré la directrice des services de renseignements américains, le président de l’agence cen- trale du renseignement et le directeur du FBI. «Cette nouvelle rencontre a été l'occa- sion pour les deux parties de passer en revue les relations de coopération bila- térale distinguées entre, d'une part, la Direction générale de la sûreté nationale et la Direction générale de la surveillance du territoire, et, d'autre part, le Bureau d’in- vestigation fédéral américain, et d'échan- ger au sujet des menaces émergentes et des défis sécuritaires se rapportant aux divers phénomènes liés à la criminalité

transnationale» , souligne-t-on. Lors de ces entretiens, les deux parties ont procédé à l'examen des mécanismes à même de lutter contre le mouvement des combattants des organisations terro- ristes à travers les passages frontaliers, et de favoriser l’échange d’informations concernant ces combattants. Il s’est agi aussi de la consolidation de la coopération opérationnelle en matière de lutte contre les menaces liées aux armes chimiques, biologiques et nucléaires, et l'élargisse- ment du champ de collaboration bilatérale distinguée dans le domaine de la lutte anti- terroriste pour englober la zone sahélo- saharienne. ■

L ’ indice des prix à la consommation a connu, au cours du mois de janvier 2023, une hausse de 0,5% par rapport au mois précédent. Cette variation est le résultat de la hausse de 1,4% de l’indice des produits alimentaires et de la baisse de 0,1% de l’indice des produits non alimentaires, selon le haut-commissariat au Plan. Les hausses des produits alimentaires observées entre décembre 2022 et janvier 2023 concernent principalement les «Légumes» avec 3,3%, les «Fruits» avec 2,6%, le «Lait, fromage et œufs» avec 1,6%, les «Viandes» avec 1,2%, les «Eaux minérales, boissons rafraichissantes, jus de fruits et de légumes» avec 0,6%, les «Huiles et graisses» avec 0,5%, le «Pain et céréales» avec 0,3% et les «Poissons et fruits de mer» avec 0,2%. Pour les produits non alimentaires, la baisse a concerné principalement les prix des «Carburants» avec 3,2%. Les hausses les plus importantes de l’IPC ont été enregis- trées à Guelmim et Errachidia avec 1,2%, à Laâyoune et Safi avec 1,1%, à Tanger avec 1,0%, à Oujda, Tétouan et Beni-Mellal avec 0,9%, à Fès, Marrakech et Dakhla avec 0,8%, à Agadir avec 0,7%, à Rabat et Settat avec 0,4% et à Meknès avec 0,3%. En revanche, une stagnation a été enregistrée à Casablanca. Comparé au même mois de l’année précédente, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 8,9% au cours du mois de janvier 2023, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 16,8% et de celui des produits non alimentaires de 3,9%. Pour les produits non alimentaires, les variations vont d’une hausse de 0,4% pour la «Santé» à 9,6% pour le «Transport». Dans ces conditions, l’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et les produits à tarifs publics, aurait connu au cours du mois de janvier 2023 une hausse de 0,4% par rapport au mois de décembre 2022 et de 8,2% par rapport au mois de janvier 2022. ■

Investissement

Les décisions administratives simplifiées

L a simplification de 22 décisions administratives concernant l'investisse- ment a été approuvée, lundi à Rabat, lors de la troisième réunion de la Commission nationale de simplification des procédures administratives, présidée par le chef du gou- vernement, Aziz Akhannouch. Cette simplification permet- tra de réduire de 45% les

documents requis dans le secteur de l'investissement. Selon la ministre chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'Administration, Ghita Mezzour, cette mesure intervient en application des hautes instructions du Roi Mohammed VI, afin de mener à bien le chantier de la simplification des procédures administratives relatives à l'investisse- ment, contenues dans le discours royal à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 2 ème année législative de la 11 ème législature. ■

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Développement de l'Afrique

Subvention des produits

Tunisie 200 associations actives dans le secteur de la microfinance

Ce qu’en pense Macky Sall

de base Le Kenya met le paquet

E nviron 200 associations sont actives actuellement dans le secteur de la microfinance en Tunisie, avec une moyenne de 200 bénéficiaires par association, selon l'Association professionnelle tuni- sienne des institutions de microfi- nance. « Ces associations accordent des microcrédits plafonnés à 10 mille dinars (1 euro = 3,3 dinars) avec un taux d’intérêt de 5%. Le montant des microcrédits octroyés par ces associations s’est élève, en 2021, à 89,2 millions de dinars au profit de 40.901 bénéficiaires », a affirmé le président de l’Association, Salah Dhibi. Dhibi considère que ce montant reste «modeste» par rap- port aux besoins des associations et de leurs affiliés, d'où la néces- sité de mobiliser des financements locaux et étrangers pour couvrir ces besoins. ■

L e gouvernement kényan a dépensé 60,12 milliards de shillings en subven- tions sur le carburant, l'électricité, les engrais, la nourriture et d'autres produits de base en six mois, afin de protéger les consommateurs de la hausse du coût de la vie, qui a enregistré, au cours du second semestre de l'année dernière, l’augmenta- tion la plus rapide en cinq ans. Les dépenses semestrielles représentent plus du double des 22,23 milliards de shil- lings que le Trésor avait prévus de dépen- ser pour atténuer la hausse des prix des matières premières au cours de l'exercice 2022/23. ■ Afrique du Sud La dégradation des infrastructures décourage les investissements L es infrastructures de base vitales en Afrique du Sud sont dans un état lamentable et leur réparation doit encore prendre de longues années, a indi- qué le chef du Bureau des infrastructures et des investissements à la présidence, Kgosientsho Ramokgopa. « Les ports, les lignes ferroviaires, les cen- trales électriques, les routes métropoli- taines, les écoles publiques, les hôpitaux et les services de collecte des déchets continuent de se détériorer », a déclaré Ramokgopa dans une tribune intitulée « Urgence infrastructurelle en Afrique du Sud : une intervention prompte et collabo- rative ». ■

La CEDEAO décide de maintenir les sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée L e président de la République sénégalaise, Macky Sall, a souligné que les efforts de développement du continent africain « ne pourront prospérer tant que perdurent cer- taines règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale », en évoquant « la perception exagérée du risque d'investissement en Afrique ». Macky Sall intervenait à l’ouverture de la 36 ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, ouverte samedi à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Macky Sall a notamment rappelé que les économies africaines étaient « sous financées et mal financées », parce que les pays du continent « continuent de payer de façon injuste des taux d’intérêt trop élevés, à cause d’un système inéquitable d’éva- luation du risque d’investissement ». ■ L a Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé qu'elle a décidé de main- tenir les sanctions contre le Burkina Faso, le Mali et la

Guinée. Ces trois pays d'Afrique de l'Ouest avaient été suspendus par la CEDEAO après les prises de pouvoir successives par des militaires en 2020, 2021 et 2022. Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d'autres sanctions, en partie levées depuis. Les pays membres de la CEDEAO ont décidé de « maintenir les sanctions existantes contre les trois pays, et d'imposer des interdictions de voyage aux membres du gouvernement et d'autres repré- sentants » du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, indique un communiqué signé par le chef de l'Etat bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la CEDEAO. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Suisse : Le taux de chômage recule à 4,1% au T4-2022

L e taux de chômage en Suisse a reculé à 4,1% au quatrième trimestre de l'année 2022, selon les don- nées officielles publiées lundi. « Au 4e trimestre 2022, le nombre de personnes actives occupées en Suisse s'est accru de 0,8% par rapport au même trimestre de 2021. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) s’est réduit, passant de 4,4% à 4,1% dans le pays », a indiqué l'Office fédéral de la statistique OFS. Durant cette période, la Suisse comptait 5,242 millions de personnes actives occupées. Parmi celles-ci, le nombre d’hommes a progressé de 1,6%, alors que celui des

femmes a reculé de 0,2%, précise l'Office fédéral. Entre les 4èmes trimestres 2021 et 2022, le nombre d'actifs occupés de nationalité suisse est resté stable, alors que celui de nationalité étrangère a augmenté de 2,4%. ■

La BCE entame «une course

de fond» contre l'inflation

A près le «sprint» de la hausse des taux, la Banque centrale euro- péenne entame « une course de fond » pour faire reculer l'infla- tion à 2%, a déclaré le gouverneur de la

France : Nouvelles perquisitions dans l'enquête sur le

financement illégal des campagnes de Macron

Q uatre nouvelles perquisitions ont été menées fin janvier en France au domi- cile de dirigeants et anciens dirigeants du cabinet de conseil McKinsey, dans le cadre d'investigations sur des soupçons de financement illégal des campagnes de 2017 et 2022 d'Emmanuel Macron, selon des informations relayées par la presse locale. Ces perquisitions ont été menées dans le cadre de deux informations judiciaires ouvertes en octobre 2022 par le parquet national financier (PNF), pour tenue non conforme de comptes de campagne et une autre pour favoritisme et recel de favoritisme, et confiées à trois magistrats instructeurs, fait savoir la presse de l'Hexagone.

Banque de France, appelant à ne pas crier « victoire trop rapidement ». « Nous rentrons maintenant dans une nou- velle phase, plus ouverte, moins rapide, et plus longue. Au sprint succède une course de fond », a prévenu François Villeroy de Galhau. Depuis juillet 2022, la BCE a relevé ses taux d'intérêt à cinq reprises pour un total de trois points de pourcentage, avec l'intention de poursuivre le mouvement en mars, voire au-delà. Sans se prononcer sur l'ampleur des hausses au-delà de celle de 50 points de base annoncée pour mars, François Villeroy a estimé «probable» que le point haut, c'est-à-dire le taux terminal que les marchés anticipaient autour de 3,5%, soit atteint «d'ici l'été», à savoir septembre au plus tard. ■

En décembre, c'est le siège parisien de la société de conseil et ceux du parti d'Emma- nuel Macron, Renaissance, et de l'associa- tion de financement de Renaissance qui avaient été perquisitionnés par les enquê- teurs. ■

Allemagne Hausse plus forte que prévu des prix à la production en janvier

Washington annonce une nouvelle aide militaire

de 450 millions de dollars à l'Ukraine

L es Etats-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 450 millions de dollars à l'Ukraine, théâtre d'un conflit armé avec la Russie. Cette aide inclut notamment des munitions pour les lance-roquettes Himars, des lan- ceurs de missiles anti-char et des radars de surveillance aérienne, a indiqué le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. Le responsable américain a également annoncé une aide d'urgence de 10 millions de dollars « afin de maintenir l'infrastructure énergétique de l'Ukraine en bon état de fonctionnement (...) ». Le président américain, Joe Biden, a effec- tué lundi une visite surprise à Kiev où il a eu des entretiens avec son homologue

L es prix à la production en Allemagne ont grimpé plus que prévu en janvier sur un an, mais le ralen- tissement observé depuis quatre mois conforte la perspective d'une décélération de l'inflation dans la pre- mière économie de la zone Euro, selon les données offi- cielles. L'indice des prix à la production a bondi le mois dernier de 17,8% sur un an, alors que les économistes tablaient sur une hausse de moindre ampleur à 16,4%, a annoncé l'Office fédéral de la statistique, Destatis. ■

ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Je pense qu'il serait extrêmement important de ne laisser aucun doute sur le fait que les États- Unis soutiennent l'Ukraine », a-t-il notamment affirmé. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis février 2022

Le marché plombé par Maroc Telecom ◆ Le dividende publié par Maroc Telecom, inférieur aux attentes, a fait chuter le marché. ◆ Les échanges de la semaine sont concentrés sur les valeurs financières.

posante alimentaire qui s’envole de 16,8%. Une forte accélération des prix qui alimente les craintes sur la croissance, accentue la tension sur le marché de la dette… Les regards des investisseurs se tournent désormais vers la suite de la saison des publications, dont la deadline est fixée pour le 28 février. Sur le front des valeurs, 12 indices ont clôturé la semaine en bonne mine, et 11 indices en territoire négatif. Le secteur des assurances a signé la meilleure per- formance de la semaine (+5,18%), devant ceux des loisirs et hôtels (+4,46%) et des transports (+3,68). A l’inverse, l'indice de l'agroalimentaire a enregistré la plus forte baisse (-3,40%), celui des sociétés de portefeuille-holdings a laissé 3,09% et celui du pétrole et gaz 2,87%. Au titre de cette semaine, le volume global des échanges s'est élevé à près de 439 MDH sur le marché central. Les mains lourdes ont profité de la séance de ven- dredi pour se positionner sur quelques

valeurs, notamment les financières. Ainsi, les valeurs les plus actives de la semaine sont Bank of Africa avec un volume de près de 123,53 MDH, suivie d'Attijariwafa bank (43,54 MDH) et de Wafa Assurances (37,78 MDH). Marché obligataire : la levée cumulée dépasse les 28 Mds de DH en février Durant cette avant-dernière séance d’adju- dication du mois de février, le Trésor sous- crit sur le marché obligataire de la dette publique 1,8 Md de DH, portant le montant cumulé de ses levées mensuelles à plus de 28 Mds de DH. Le taux de rendement de la maturité 5 ans, concernée à 35% par la levée, affiche une appréciation de 18 Pbs en une semaine à 4,08%, tandis que la maturité 52 semaines a reculé de 5 Pbs sur la même période. Une tendance légèrement baissière s’est des- sinée sur la courbe des taux secondaires. Les tensions haussières sur les taux obli- gataires du compartiment MLT devraient se poursuivre sur le S1-23. ◆

Par Y. Seddik

L a lourdeur l’a emporté cette semaine à la Bourse de Casablanca, avec un Masi qui s’ef- frite de 1,67%. Les contre-perfor- mances de début de semaine ont pourtant été rattrapées par un net retour des acheteurs vendredi, permettant au mar- ché de réduire ses pertes hebdomadaires. Mardi, il a en effet été refroidi par Maroc Telecom qui a réduit son dividende à 2,19 DH (la plus faible rémunération de son his- toire), alors qu’elle propose une moyenne habituelle entre 5 et 6 DH. Réputée rémuné- ratrice et toujours dans les fonds de porte- feuille des investisseurs, la valeur a essuyé une perte de 6% le jour de l’annonce de ses résultats sur des volumes supérieurs à 100 MDH. L’opérateur a aussi publié un RNPG en baisse, mais légèrement supérieur aux attentes. Les investisseurs ont également eu droit au chiffre de l’inflation au titre du mois de janvier qui pointe à 8,9%, avec une com-

Les regards des investisseurs se tournent désormais vers la suite de la saison des publications.

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BOURSE & FINANCES

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BTP

◆ 2023 s’annonce difficile pour les opérateurs du BTP, malgré une détente sur les coûts des intrants. ◆ Les 300 milliards de DH annoncés au titre des investissements publics pour 2023 vont-ils booster le secteur ? Pas d’éclaircie à l’horizon

l’étranger et du repli des coûts de l’énergie. L’allégement de la chaîne d’approvi- sionnement permettrait une croissance de la pro- duction de la construc- tion. Néanmoins, l'infla- tion pourrait continuer a affecter l'industrie dans son ensemble au cours de l'année a venir. «L'industrie de la construc- tion pourrait continuer à res- sentir les effets de la hausse des prix de l'acier, du ciment, du bois et du carburant. En conséquence, elle pourrait connaitre des retards dans l'achèvement des projets, une augmentation des coûts de construction et une réduction des marges bénéficiaires» , nuancent les analystes. Ces derniers relèvent, d’un autre côté, des inquiétudes concernant la demande des ménages. Une préoccupation due aux impacts de la hausse persistante de l'inflation sur les revenus réels des ménages et de celle des taux d'inté- rêt qui devraient impacter les dépenses des consomma- teurs, freinant ainsi le rythme de progression de la demande potentielle en logements.

estiment que l’investissement public ne profite pas pleine- ment (ou comme il le faut) à leur activité. D’autant que certains marchés déjà adju- gés antérieurement à l’année en cours sont comptabilisés dans l’enveloppe d’investisse- ment précitée. «L’année 2023, à l’instar de l’année 2022, serait marquée par le lancement de plusieurs projets de grande envergure opérant dans différents sec- teurs. Ces chantiers devraient compenser partiellement la faible demande en loge- ment, comme en témoigne l’augmentation des ventes de ciment du segment infrastruc- tures de 7,2% à fin janvier 2023» , souligne le bureau de recherche.

En 2023, le secteur devrait composer avec les mêmes éléments négatifs que les années pré- cédentes.

l’international, une campagne agricole qui démarre avec un retard des précipitations et des coûts de construction élevés résultant du contexte inflationniste. «L’ensemble de ces éléments nous pousse à être prudents quant à l'évolution de la valori- sation des opérateurs opérant dans le secteur du BTP. Dans ce contexte, nous avons revu nos cours cible à la baisse par rapport à notre dernière publication (juillet 2022 : ndlr) en réponse principalement à l’évolution récente des ventes de ciment (baisse de 10,6% à fin décembre 2022) et à la hausse du taux directeur» , écrivent les analystes de CDG Capital Insight dans une note d’analyse.

S ecteur névralgique, compte tenu de sa contribution à l’em- ploi et à la crois- sance, le BTP conti- nue de montrer des signes de faiblesse structurelle et de subir coup sur coup les effets des crises. La situation est telle que plusieurs entreprises ont dû mettre la clef sous la porte depuis la crise sanitaire. Les opérateurs du secteur continuent de tirer la sonnette d’alarme et invitent le gouver- nement à agir en urgence. En 2022 par exemple, les entre- prises opérant dans le sec- teur, cotées a la Bourse de Casablanca, ont perdu 35% contre une baisse du marché de 19,75%. Pour 2023, le secteur affiche selon toute vraisemblance une activité en repli. Il devrait composer avec les mêmes éléments négatifs que les années précédentes, à savoir un risque accru de récession a Par Y. Seddik

Détente sur les coûts des intrants

Dans ce contexte d’inflation des prix, la plupart des socié- tés opérant dans le secteur BTP ont enregistré une dété- rioration des marges au cours du premier semestre 2022, et ce en raison de la hausse du coût de pet coke, du Dollar et du fret. «Nous estimons que cette période d’inflation des coûts des intrants devrait légère- ment se calmer en 2023. Selon Bloomberg, le prix du Brent devrait se situer à un niveau de 87,5 USD/bbl, soit une baisse de 12,5%. Néanmoins, les prix resteraient toujours à des niveaux élevés mettant ainsi la pression sur la trésore- rie des entreprises», explique- t-on. ◆

L'industrie de la construc- tion pourrait continuer a ressentir les effets de la hausse des prix de l'acier, du ciment, du bois et du carburant.

L’infrastructure en soutien ?

Avec une enveloppe record de 300 milliards de DH pré- vus dans la Loi de Finances 2023, le secteur infrastruc- tures devrait être le princi- pal moteur de la croissance du secteur en 2023. Un avis qui n’est pourtant pas par- tagé par les opérateurs, qui

Construction : c’est mitigé !

CDG Capital Insight pense qu’en 2023 les tensions seraient moins fortes pour certains produits en raison de la baisse de la demande a

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Financement du Trésor

◆ Malgré des finances publiques résilientes, les investisseurs se sont montrés extrêmement prudents quant au financement du Trésor ces derniers mois. Pourquoi les signaux du Trésor étaient-ils inaudibles par le marché ? Radioscopie d'une situation inédite

Zurich, Londres, Francfort et Amsterdam pour une sortie en Euros. Complications budgétaires 2022 démarre et, tout de suite, le conflit russo-ukrainien donne le la d’une année qui s’annonce difficile. L’inflation est appe- lée à s’accélérer, le budget de compensation à exploser et les besoins du Trésor à se tendre. La fenêtre de tir sur l’interna- tional est maintenant fermée et ne subsiste plus que le marché local et les financements bilaté- raux. Les investisseurs locaux tiennent compte de ces don- nées, puis se mettent à exiger des rendements élevés pour prêter au Trésor. C’est la loi de l’offre et de la demande. Et c’est ici la deuxième erreur du Trésor, selon le marché, sans doute la plus grave. Celle de vouloir bloquer la courbe des taux pour éviter une envo- lée des taux. Étouffer les exi- gences des investisseurs a tout de suite été décrié. Nous en parlions dès l’été 2022. Cette situation était anormale, un peu comme si on bloquait une action en Bourse pour éviter qu’elle chute. Les institutionnels se sont souvent plaints, arguant que cette situation allait leur porter préjudice. Car en blo- quant la courbe des taux et en refusant de prendre en compte les transactions à taux élevés, le Trésor a indirectement faus- sé les valorisations des por- tefeuilles des OPCVM où les caisses de retraite placent leurs fonds, provoquant un «dange- reux» risque de valorisations. Sur ce point, Zaaboul relati-

que la hausse des taux de la FED a commencé à se profi- ler dans un contexte de pres- sions inflationnistes, le Trésor a réalisé plusieurs opérations de swap, en 2021, sur des prêts initialement assortis de taux variables indexés sur le Libor USD 6 mois, portant sur un montant total de 507,3 mil- lions USD. Ces opérations ont permis de fixer les taux de ces emprunts à des niveaux bas, réduisant ainsi notre exposi- tion au risque de hausse des taux d’intérêt à l’internatio- nal» , explique-t-elle. Bien que pas obligatoire, la procédure consiste à mandater des banques d’affaires souvent étrangères, puis de prendre un avion, direction les grandes places financières pour rencon- trer les investisseurs. Un road- show dans lequel on vend la qualité des fondamentaux de l’économie marocaine un peu comme une entreprise se met- trait en avant pour son intro- duction en Bourse. La dernière fois que le Maroc a émis de la dette à l’international, c’était en 2020. Il avait levé 3 Mds de dollars à un taux moyen un peu au-dessus de 3%. Une opé- ration remarquable, avec une sursouscription de plus de 4 fois, près de 500 investisseurs du monde entier servis grâce à un roadshow mené exclusi- vement en ligne par Mohamed Benchaaboun, ministre de l’Economie et des Finances à l’époque, et Fouzia Zaaboul. Un an plus tôt, le même ministre et les équipes du Trésor ont mené un large roadshow, cette fois-ci physiquement, à Paris,

Le marché des taux fonctionne aux signaux. Ceux de la Banque centrale et ceux du gouverne- ment.

monétaire américaine. Jerome Powell, patron de la FED, en avait même averti les marchés, laissant entrevoir une dernière fenêtre de 6 à 8 semaines avant de relever les taux de la Banque centrale américaine et rendre difficiles les condi- tions de financement pour toutes les économies, y com- pris les émergents et les pays aux économies similaires à la nôtre. C’est à ce moment que le Trésor aurait dû agir et lever à l’international, de l’avis des observateurs. Non que nous avions besoin de devises, mais pour éviter des pressions sur le marché intérieur de la dette. Pour Fouzia Zaaboul (voir détail dans l’interview ci-après), ce raisonnement n’est pas fondé. «il n’y avait pas de besoin par- ticulier pour recourir au marché financier international en 2021. Tout d’abord, nous venions juste de faire deux émissions en 2020, l’une en Euro et l’autre en Dollar. Et par rapport au besoin en devises, il n’y en avait pas du tout. Par contre, et dès

A près un semestre quasiment en apnée, la direction du Trésor peut enfin souffler. Les inves- tisseurs se remettent à acheter des bons du Trésor en masse après une crise de confiance qui aura duré plusieurs mois. La direction du Trésor, pilo- tée par Fouzia Zaaboul, a mis quelques semaines à peaufiner ces obligations indexées pour enfin trouver une formule qui attire les investisseurs. Mais cette solution a pris beaucoup de temps, de l’avis du marché, et cette reprise de confiance, qu’elle soit durable ou pas, il faut en tirer les bonnes leçons. Et pour ce faire, il faut en comprendre les causes. Petit retour en arrière… Au dernier trimestre 2021, alors que l’inflation pointait le bout de son nez aux Etats-Unis, la planète finance voyait venir un resserrement de la politique Par A. Hlimi

2022 démarre et, tout de suite, le conflit rus- so-ukrainien donne le la d’une année qui s’annonce difficile.

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vise : «c’est la première fois que notre marché a été confronté à une si grande incertitude et une si grande volatilité. L’objectif maintenant est de le doter des moyens de se renforcer davantage face aux évolutions qui pourraient survenir et nous travaillons sur ça avec la Place. Plusieurs scéna- rios sont à l’étude». Une manière pour la responsable de tourner la page, les leçons étant tirées. Les régulateurs du secteur finan- cier voyant la situation devenir dan- gereuse, ont réagi pour libérer la courbe. Cela a été décidé la pre- mière semaine de janvier pour éviter aux banques et aux institutionnels de prendre des pertes à la dernière séance de l’année, en prenant en compte les nouveaux taux qui allaient plomber fortement la valorisation de leurs portefeuilles. Discours inaudible Le marché des taux fonctionne aux signaux. Ceux de la Banque centrale et ceux du gouvernement. Ceux en provenance du gouvernement sont Le Maroc prépare une sortie immi- nente sur le marché international Les autorités financières du Royaume ont démarré un road- show dont le but est de lever de la dette à l'international, a-t-on appris de sources du marché. Le Maroc a ainsi mandaté des banques d'affaires pour organi- ser des rencontres entre les auto- rités et les investisseurs étran- gers à partir du 23 février. A noter que le Maroc attend la tenue de la deuxième session plénière du Groupe d'action financière (GAFI) qui se tiendra du 22 au 24 février et conclura la Semaine du GAFI, avec une pro- bable sortie du Maroc de la liste grise. Les autorités financières du Royaume doivent rencontrer des investisseurs à Londres et à New York au cours de la semaine dans le but de réaliser cette levée en devises rapidement.

sous-pondérés par les investisseurs. Ils estiment que la gestion de la chose budgétaire n’est pas optimisée. D’abord, à cause du fonctionnement en silo, où la direction du Trésor et celle du budget se chevauchent avec, d’une part, des opérations de struc- turation d’OPCI public - l’Etat étant un important promoteur et bénéfi-

ciaire de ces véhicules qui drainent l’épargne vers cette classe d’actifs-. Et de l’autre, un Trésor qui ne trouve pas assez de liquidités sur le marché pour se financer. L’autre reproche des opérateurs est le manque de réacti- vité des équipes du Trésor. Car il a fallu beaucoup de temps pour mettre en place les obligations indexées et

les calibrer. Aujourd’hui, des voix s’élèvent de plus en plus pour la mise en place d’une agence dédiée à la gestion de la dette publique. L’idée fait même son chemin au sein du ministère des Finances, mais Fouzia Zaaboul n’y voit pas d’intérêt particu- lier, comme elle nous l’explique dans l’entretien. ◆

AGENCE MCA-MOROCCO AVIS DE CLOTURE DU « COMPACT II » DU MAROC

Le Royaume du Maroc, représenté par son Gouvernement (le «Gouvernement»), et les Etats-Unis d’Amérique, représentés par Millennium Challenge Corporation («MCC »), ont conclu, le 30 novembre 2015, un accord dénommé le «Millennium Challenge Compact Programme» («Compact II») visant à rehausser la qualité du capital humain et à améliorer la productivité du foncier au Maroc, d’un montant de 460,5 millions de dollars américains («Financement MCC») auquel s’ajoute une contribution du Gouvernement d’une valeur équivalente à au moins 15% du Financement MCC.

Le Gouvernement a créé l’Agence MCA-Morocco et lui a confié la mise en oeuvre des activités du «Compact II» qui est entré en vigueur le 30 juin 2017 et qui prendra fin le 31 mars 2023.

A ce titre, l’Agence MCA-Morocco informe l’ensemble de ses partenaires ainsi que les entreprises, fournisseurs et prestataires ayant conclu des conventions ou contrats avec elle que la date limite pour traiter vos factures correspondant aux travaux, fournitures, biens et services exécutés jusqu’au 31 mars 2023, est le 30 mai 2023. De même, aucune activité mise en oeuvre après la date de fin du «Compact II» ne sera financée par MCC, à l’exception de quelques activités liées exclusivement à la clôture du «Compact II» qui durera jusqu’au 29 juillet 2023. Par conséquent, l’Agence invite vivement tous les fournisseurs, entreprises de travaux prestataires de services, consultants et bénéficiaires de subventions à soumettre toutes les factures certifiées bien avant cette date limite, de préférence au terme de leurs contrats ou à la date de fin du «Compact II», selon l’hypothèse qui se réalise en premier. Les entreprises, fournisseurs et prestataires de services et de biens dont les contrats resteront en vigueur pendant la période de clôture (du 1er avril au 29 juillet 2023) seront informés individuellement des procédures de paiement.

Pour toutes informations complémentaires relatives à la Clôture du « Compact II » ou à votre contrat, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante :

Agence Millennium Challenge Account-Morocco Complexe administratif et culturel de la Fondation Mohammed VI de promotion des oeuvres sociales de l’Education - Formation, Avenue Allal El Fassi- Madinat Al Irfane, Hay Riad, Rez-de-chaussée, Rabat - Maroc Tel /Fax : +212 (0) 5 38 01 32 50 / +212 (0) 5 38 01 32 46 E-mail : procurement@mcamorocco.ma

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◆ Dans cet exercice de transparence, nous avons soumis quelques-unes des observations des opérateurs du marché financier à la directrice du Trésor, Fouzia Zaaboul, qui y répond dans les détails. «Le financement du Trésor est un financement fondamentalement interne» Marché obligataire

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : Pour éviter les conditions de financement dif- ficiles de 2022, pourquoi le Trésor n’a-t-il pas réalisé une levée à l’international en 2021 quand les Banques centrales étrangères ont commencé à parler de hausse des taux ? Fouzia Zaaboul : Pour répondre à cette question, je pense qu’il serait utile de rap- peler les soubassements de la stratégie de financement du Trésor. Le financement du Trésor est un finance- ment fondamentalement interne. Le marché domestique des bons du Trésor demeure donc de loin la principale source de finance- ment de l’Etat. Et pour ne pas m’attarder sur cette question, je dirais seulement que c’est une aubaine pour notre économie, et cela à plusieurs points de vue, que l’on se place au niveau micro ou au niveau macroéconomique. En complément de cette source de finance- ment, il y a les emprunts mobilisés auprès de nos partenaires bilatéraux et multilaté- raux. Ces financements sont généralement assortis de conditions financières favorables. Mais au-delà, ce sont des financements qui appuient soit des réformes structurelles d’envergure, soit des projets physiques importants. Par conséquent, et par rapport à cette catégorie d’emprunt, je dirais que le retour sur investissement, même s’il n’est pas immédiat, est assuré. Après, il y a les émissions sur le MFI (mar- ché international financier). Comme vous avez pu le constater, le recours du Maroc au MFI reste modéré. Dans la mesure où notre économie est une économie ouverte, nous devons assurer une certaine présence sur ce marché pour donner la visibilité à tous ceux qui regardent le «crédit Maroc». Et

Il n’y avait pas de besoin particulier pour recourir au MFI en 2021. Nous venions juste de faire deux émis- sions en 2020, l’une en Euro et l’autre en Dollar.

c’est important aussi pour nous de jauger la qualité de notre crédit à l’international. Cela, c’est l’objectif fondamental. Après, il y a bien sûr la mobilisation des devises. Et bien évidemment, l’opportunité de ces émissions dépend de plusieurs facteurs. Pour revenir à votre question, il n’y avait pas de besoin particulier pour recourir au MFI en 2021. Tout d’abord, nous venions juste de faire deux émissions en 2020, l’une en Euro et l’autre en Dollar. Et par rapport au besoin en devises, il n’y en avait pas du tout. D’abord, la crise pandémique s’est traduite par une réduction du déficit courant de la balance des paiements suite à l’arrêt de l’activité, et en plus, nous avions procédé à des mobilisations record de ressources financières extérieures. Il y a eu, en plus des deux émissions, le tirage de la LPL et une

mobilisation record auprès de nos parte- naires. D’ailleurs, nous avions stérilisé le tirage de la LPL, et l’émission de décembre 2020 a cou- vert une partie du besoin de financement de 2021; et nous avons même procédé au rem- boursement anticipé d’une partie de la LPL. Par contre, et dès que la hausse des taux de la FED a commencé à se profiler dans un contexte de pressions inflationnistes, le Trésor a réalisé plusieurs opérations de swap, en 2021, sur des prêts initialement assortis de taux variables indexés sur le Libor USD 6 mois, portant sur un montant total de 507,3 millions USD. Ces opérations ont permis de fixer les taux de ces emprunts à des niveaux bas, réduisant ainsi notre exposition au risque de hausse des taux d’intérêt à l’international.

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