FNH 994

Découvrez le numéro 994 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 10 septembre 2020 - 8 DH - N° 994

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

La reprise en mode «distanciel» Rentrée économique

Mohamed Berrada

❍ Le crédit seul ne suffit pas ! ❍ Les acquis du confinement s'effritent. ❍ La CGEM appelle à la libération de l'économie. ❍ Avis d'experts.

Chakib Alj

Abdellatif Maâzouz

P. 17 à 25

ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ

La conjoncture actuelle ne permet pas à tous les contribuables de régulariser leur situation en 2020. Fiscalité Pourquoi il faut prolonger les amnisties jusqu'en 2021

«Aujourd’hui, la visibilité reste réduite» Automobile

La procédure de sauvegarde ne séduit toujours pas Pour l’année en cours, jusqu’à fin juin 2020, l’on dénombre près de 1.410 liquidations judiciaires contre seulement 17 redressements judiciaires et à peine 2 procédures de sauvegarde accordées par les tribunaux compétents. P. 26/27

P. 9

Les performances commerciales au rendez-vous, malgré… Trimestriels des banques

Fabrice Crevola, Directeur général de Renault Commerce Maroc

P. 10

P. 31

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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Actualité Voyons voir : Ça ne finira jamais !

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Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

Bourse & Finances Point Bourse Hebdo : Les deux enjeux de la rentrée boursière Fiscalité : Pourquoi il faut prolonger les amnisties jusqu'en 2021 Trimestriels des banques : Les performances commerciales au rendez-vous, malgré... Trimestriels des entreprises cotées : Fortunes diverses Open Banking : Le monopole de la data échappe aux banques Entretien avec Meryem Habibi : Trading de devises, AZA mise sur les facteurs temps et coût Boursenews

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Editorial Par Fatima Ouriaghli

PEUT-ON SACRIFIER LE VIVRE-ENSEMBLE ?

I l faut s’y résoudre. Cette année est définitivement compromise sur le plan éco- nomique. Le peu d’espoir qui existait encore il y a peu, s’effrite à vue d’œil, avec notamment la multiplication des confinements localisés, comme c’est le cas pour la préfecture de Casablanca actuellement. La pandémie liée à la Covid-19 annihile toute velléité d’entre- prendre. Le mot d’ordre dans le milieu des affaires se trouve réduit à un seul terme : attendre. Attendre de pouvoir investir sans crainte. Attendre de pouvoir éla- borer des bussinessplans sus- ceptibles d’être à l’épreuve de cet avenir incertain. Bref, attendre d’avoir de la visibilité. Sauf que cette attente risque d’être bien longue. Car le coro- navirus met à rude épreuve les économies à l’échelle mondiale et, surtout, défie le monde scien- tifique. Et c’est bien là tout le pro- blème. Ce virus est mystérieux et est très loin d’avoir livré tous ses secrets. Conséquences : difficile de se projeter, même à moyen terme. Dès lors, impuissantes, les auto- rités doivent, malgré elles, jouer sur les nerfs et le moral des citoyens, en alternant confine- ment et déconfinement. Parallèlement, les économies s’étouffent, agonisent et frôlent la mort clinique. Doit-on alors nous résoudre à ce mode de vie en attendant un vac-

cin qui mettra du temps à venir ? Doit-on laisser courir l’économie et faire fi des risques sanitaires ? Aucune de ces deux solutions ne saurait faire l’unanimité, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Alors, l’unique voie de sortie qui nous est offerte, c’est d’ap- prendre à vivre avec la Covid- 19, s’accommoder de sa pré- sence, l’apprivoiser, la domes- tiquer. Un exercice qui est très loin d’être une sinécure. Car cela requiert une forte discipline. L’unique voie de sortie qui nous est offerte, c’est d’apprendre à vivre avec la Covid-19, s’accommoder de sa présence, l’apprivoiser, la domestiquer. Discipline dans le respect strict des mesures barrières. Ce qui signifie, dans un pays comme le Maroc où les gens sont très tac- tiles, sacrifier ce fil social qui fait la singularité de ce pays, à savoir le vivre-ensemble. Les Marocains peuvent-ils alors faire ce sacrifice ? La réponse à cette interrogation se trouve dans les dernières mesures prises par les autorités pour la préfecture de Casablanca. u

Economie Relance économique : La machine fortement grippée Entretien avec Mohamed Berrada : «La crise économique et financière reste devant nous» Entretien avec Abdellatif Maâzouz : «Le gouvernement n’a pas su mettre suffisamment à profit les grands acquis des trois premiers mois de la crise» Reprise : Le patronat appelle à libérer l'économie Entretien avec Driss Effina : «Il n’y a pas de relance, mais juste une survie économique» Entretien avec Selin Ozyurt : Reprise économique, «Un confinement généralisé ne serait ni économiquement ni socialement viable» Entreprises en difficulté : La procédure de sauvegarde ne séduit tou- jours pas Financement des entreprises : Le Registre national électronique des sûretés mobilières tourne à plein régime Ouverture des frontières aux étrangers : Les professionnels du tou- risme partagés entre soulagement et réalisme Entretien avec Khalid Benazzouz : «La crise nous a fait perdre plus de la moitié de ce que nous avons gagné en 2019» Entretien avec Fabrice Crevola : Secteur automobile, «Aujourd’hui, la visibilité reste réduite»

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Focus Agricole Aviculture : Le secteur au bord du gouffre 32 L'univers des TPME Financement des structures d’accompagnement des start-up : Un volet insuffisamment pris en compte 33

Société Entretien : Les priorités de Jamila El Moussali pour les personnes en difficulté 34 Développement durable Plans de relance : Plaidoyer en faveur de l’urgence climatique 36

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Covid-19 Ça ne finira jamais !

Par D. William

C’ est encore reparti pour un tour ! La pré- fecture de Casablanca vit ce que vivent désormais plusieurs autres préfectures à tra- vers le Maroc. La liberté des citoyens vient à nou- veau d’être confisquée par les autorités en raison de la circulation active de la Covid-19. Conséquence : les mesures restrictives ont été durcies, avec de surcroît un couvre-feu nocturne pour 14 jours au moins.

C’est à se dire que ça ne finira jamais. A l’évi- dence, pas de sitôt, si l’on s’en tient à la logique «sanitaire» des pouvoirs publics : • Si les cas de contamina- tion augmentent sensible- ment, on serre la vis, voire on procède à un reconfine- ment localisé. • Si le nombre de cas baisse drastiquement, avec une circulation du virus mieux maîtrisée, on dessert l’étau en donnant plus de liberté aux citoyens. En clair, c’est la stratégie du serpent qui se mord

la queue. Car, il faut se rendre à l’évidence : si tant les autorités allègent les restrictions dans 14 jours, les contaminations repar- tiront à la hausse. Et rebe- lote ! Alors peut-on continuer à vivre de cette manière ? Non. Tout cela est psy- chologiquement éprou- vant, très anxiogène et difficile à gérer, avec une amère impression d’être continuellement en liberté conditionnelle. A la décharge cependant de ceux qui sont aux res- ponsabilités, ils prennent

les décisions qui leur semblent idoines, à un instant donné. Car s’ils restent passifs face à un coronavirus qui se pro- page rapidement et qui est devenu particulièrement létal au Maroc, ce sont eux que l’opinion publique va pointer du doigt. S’ils pêchent par excès de prudence, ils exaspèrent des citoyens déjà pas- sablement irrités par une pandémie qui, depuis plus de 6 mois, a foncièrement bouleversé leur vie, avec parfois des conséquences économiques et sociales

dramatiques. Il faut donc trouver le juste milieu. Ce qui est d’autant plus difficile que l’on est face à un virus vicieux, dont, finalement, on ne connaît que très peu de choses. Pendant ce temps-là… Pendant ce temps-là, en priorisant la santé des citoyens, on sacrifie l’éco- nomie. Avec le risque d’un drame social aux consé- quences qui peuvent être encore plus dévastatrices. Bref, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. ◆

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L e Conseil de gouvernement, tenu mercredi 9 septembre, a décidé de prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au samedi 10 octobre 2020, à 18H, selon un tweet du chef de gouvernement. La décision a été prise dans le cadre des mesures préventives contre la propagation du nou- veau coronavirus, Covid-19. ■ Covid-19 Maroc L'état d'urgence sanitaire prolongé jusqu'au 10 octobre 2020

«Relance TPE» et «Damane Relance» 22,4 milliards de DH pour les entreprises

Parc éolien de Taza La construction de la 1 ère phase bientôt lancée M ASEN, l’ONEE, EDF Renouvelables et Mitsui & Co. Ltd. ont annoncé que les conditions sont réunies pour le lancement de la construction de la première phase du parc éolien de Taza. La première phase, composée de 27 éoliennes, totalise une capacité de 87 MW, sur les 150 MW que comptera ce parc éolien. Notons que le démarrage des travaux fait suite à la finalisation des différents accords et contrats avec les entités publiques marocaines parties prenantes (ONEE et MASEN) et à la mise en place des financements apportés par les banques inter- nationales Japan Bank for International Cooperation (JBIC), Nippon Export and Investment Insurance (NEXI), Sumitomo Mitsui Banking Corporation (SMBC), MUFG Bank, Ltd.), ainsi que la banque marocaine Bank of Africa. Le montant d’investissement relatif à la première phase s’élève à environ 1,5 milliard de dirhams. À la mise en exploitation, début 2022, la production du parc sera équivalente à la consommation électrique annuelle de 350.000 personnes, soit environ 70% de la population d’une province telle que Taza.. ■

A la tête de Sanad Assurances depuis 2010, Abdelilah Laamarti avait fait valoir ses droits à la retraite en mars dernier. Il vient de rejoindre Wafa Assurance où il sera conseiller auprès du président. Laamarti est diplômé de l’Ecole Centrale de Paris en 1983. Il s’est par la suite rendu aux Etats-Unis où il a décroché deux masters à Massachusetts Institute of Technology (MIT) en Mechanical Engineering et en Business Administration. En 1994, il débute sa carrière à l’Alliance Africaine, avant de rejoindre Atlanta Assurances en 2000 où il a occupé respecti- vement le poste de directeur en charge des Le produit «Relance TPE», destiné à garan- tir les prêts des TPE réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions de DH, a bénéficié à pas moins de 10.756 entreprises, totalisant 2,4 milliards de DH de crédits consentis, pour un volume d’engagement de 2,3 milliards de DH. L a reprise post-Covid est bien amor- cée. Depuis leur mise en place par la Caisse centrale de garantie (CCG), les mécanismes «Relance TPE» et «Damane Relance» ont profité à pas moins de 15.183 entreprises, pour un total de 22,4 milliards de DH de crédits ayant bénéficié de ces garanties exceptionnelles, soit un montant global d’engagements s’élevant à 19,7 mil- liards de DH. Lancés le 15 juin 2020, dans le cadre de la mise en œuvre des mesures décidées par le Comité de veille économique (CVE) visant l’atténuation des effets de la crise induite par la pandémie Covid-19, l’objectif de ces deux mécanismes est de permettre aux très petites entreprises (TPE), petites et moyennes entreprises (PME) et grandes entreprises (GE) de financer le retour pro- gressif à une activité normale, indique la CCG.

Pour sa part, le produit «Damane Relance», déployé en faveur des petites, moyennes et grandes entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions de DH, a profité à 4.427 entreprises. Ce mécanisme a ainsi couvert un volume de crédits de près de 20 milliards de DH, pour des engagements de 17,4 milliards de DH. En termes de répartition du volume des crédits garantis selon les secteurs d’activité, les mécanismes Relance ont principalement profité aux secteurs de l’industrie (33%), suivi du secteur du commerce et distribution (31%) et du BTP (17%). ■

Abdelilah Laamarti rejoint Wafa Assurance

départements Production et Indemnisation et le poste de Directeur général adjoint. ■

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Afrique du Sud L’activité du secteur privé encore dans le dur

Riziculture : L'OCP fournira des engrais adaptés à la Côte d’Ivoire

Tunisie : Grosse

chute des recettes touristiques à fin août

L’ activité du secteur privé sud-afri- cain s'est contractée en août der- nier suite à la réintroduction de mesures de confinement plus strictes dans le pays, selon l'indice Markit Purchasing Managers. L'indice des directeurs d'achat (PMI) est passé à 45,3 en août, demeurant toujours bien en dessous de la barre des 50 points qui séparent l’expansion de la contraction. Le PMI est resté en dessous de 50 pour la 16 ème fois successive, montrant que le ralentissement de l'économie sud-africaine avait commencé bien avant la pandémie, précise la même source. ■

Le Nigéria se dotera d'un centre pour l'intelligence artificielle et la robotique L e Nigéria s'apprête à créer un centre pour l'intelligence artificielle et la robotique dans l'optique de doter le pays d'une économie numérique solide. L e gouvernement ivoirien, à travers le ministère de la Promotion de la riziculture, et OCP Africa, filiale du Groupe marocain OCP, ont signé un protocole d'accord visant à contribuer à la redynamisation de la production rizi- cole en Côte d’Ivoire. L’accord vise à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement de la riziculture 2020-2030, qui ambitionne de rendre la Côte d’Ivoire autosuffisante en riz avant 2025 et de faire du pays l’un des plus grands exporta- teurs africains à l'horizon 2030. L’accord couvre ainsi plusieurs domaines de coopération, dont le développement et la restructuration des chaînes de valeur des activités rizicoles et l’accès à des engrais adaptés, comme levier majeur d’amélioration de la productivité de la riziculture et des revenus des riziculteurs en Côte d’Ivoire. ■

L es recettes touristiques en Tunisie ont accusé, durant les huit premiers mois de 2020, une baisse de 61% pour se situer à 433 millions d'euros, selon la Banque centrale de Tunisie (BCT). Durant la même période de l’année écoulée, ces recettes étaient de l’ordre de plus d’un milliard d’euros, a précisé la Banque des banques. Cette chute est due aux consé- quences de la pandémie de la Covid-19, qui a sérieusement affec- té le secteur du tourisme dans le monde. Le ministre tunisien du Tourisme, Habib Ammar, a déploré les répercussions catastrophiques de l'épidémie du coronavirus sur le secteur touristique en Tunisie. « Les acquis réalisés par le secteur durant 60 ans sont aujourd'hui menacés », a-t-il déclaré à la presse. ■

Le chef de l'Etat ghanéen

élu président de la CEDEAO

« Ce centre de pointe abriterait les technologies émergentes dans les domaines du réseau, de la recherche et développe- ment (R&D) et de la sécurité de l'information et des commu- nications », a relevé le Directeur général de l'Agence nationale de promotion des technologies de l'information (NITDA), Kashifu Inuwa Abdullahi. « Il faut nous concentrer sur le secteur de l'éducation et accorder plus d'attention aux compétences et à la recherche qui peuvent être utilisées pour développer l'économie », a-t-il dit. Abdullahi a précisé que son agence offrirait des bourses dans des domaines ayant un impact direct sur l'industrie. ■

L e chef de l'Etat ghanéen, Nana Akufo-Addo, a été élu président de la Communauté économique des états de l'Afrique de l’ouest (CEDEAO), lors du 57ème sommet de l’organisation, tenu lundi à Niamey au Niger. Akufo-Addo, qui suc- cède au président nigérien, Mahamadou Issoufou, a été élu à l'unanimité pour une période d'un an. « Malgré les progrès consi- dérables qui ont été accomplis depuis la création de la CEDEAO, je suis pleinement conscient des défis auxquels l'Afrique de l'Ouest est confrontée », a-t-il dit. Il a ainsi exhorté les chefs d'État de la sous-région à mettre en œuvre des déci- sions régionales, telles que le programme de libéralisation du commerce de la CEDEAO et des valeurs communes de gouvernance. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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La fermeture des écoles aura un impact sur le PIB mondial, selon l'OCDE

L’ impact de l’épidémie de coronavirus sur la scolarité pourrait se traduire par une baisse de 1,5% du produit intérieur brut (PIB) mondial en moyenne pour le reste de ce siècle, a déclaré mardi l’Organisation de coopération et de développement éco- nomiques (OCDE). « Les pertes enregistrées en matière d’apprentissage entraîneront des pertes en termes de compétences, et les qualifications ont un impact sur la productivité », écrit l’OCDE. Pour enrayer la propagation de l’épidémie, beaucoup de pays dans le monde ont décidé de fermer les écoles, pendant environ 10 semaines dans la plupart des cas, soit le tiers de l’année scolaire.

Cette fermeture a creusé les inégalités, les enfants disposant d’un ordinateur, d’un accès Internet et d’un accompagnement familial étant à même de mieux s’en sortir que les enfants issus des familles défavorisées. ■

Trump évoque un «découplage» des économies américaine et chinoise

D onald Trump a de nouveau évoqué lundi l’idée d’une séparation des éco- nomies américaine et chinoise, aussi appelée « découplage », assurant que cela ne ferait pas perdre d’argent aux Etats-Unis.

Espagne : La fusion entre Caixabank et Bankia pourrait bientôt être finalisée

C aixabank et Bankia pourraient conclure leur accord de fusion pour créer le pre- mier groupe bancaire espagnol dans les prochains jours, ont indiqué deux sources proches du dossier à Reuters. Le président de Bankia, Jose Ignacio Goirigolzarri, deviendrait le président du groupe fusionné, tandis que le Directeur général de Caixabank, Gonzalo Gortazar, en serait le Directeur général, selon ces sources. Bankia, détenue à 61,8% par l'Etat espa- gnol après son renflouement en 2012, et Caixabank n'ont pas souhaité faire de com- mentaires. Les deux banques ont annoncé leur projet de fusion qui créerait un nouvel ensemble déte-

« Quand on mentionne le mot ‘découpler’, c’est un mot intéressant », a dit le président américain, en campagne pour sa réélection, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche au cours de laquelle il a aussi promis de relocaliser des emplois de la Chine vers les Etats-Unis. « Nous perdons des milliards de dollars et si nous ne faisions pas d’affaires avec eux (ndlr, les Chinois), nous ne perdrions pas des milliards de dollars. Ça s’appelle le découplage, donc on va commencer à y penser », a-t-il ajouté. « Si Joe Biden gagne, la Chine gagne, car la Chine pren- dra possession de ce pays », a-t-il ajouté. ■ Zone euro : La contraction du PIB au deuxième trimestre révisée à -11,8%

nant plus de 650 milliards d'euros d'actifs. Les analystes estiment que l’opération est principalement motivée par la volonté de réduire les coûts, alors que le secteur ban- caire souffre de la récession économique provoquée par la crise sanitaire. ■

Japon : La décroissance plus importante qu'estimée

au deuxième trimestre

L a contraction du produit intérieur brut (PIB) japonais a été plus importante qu’elle n’a été estimée au deuxième trimestre, selon les chiffres révisés publiés récemment, les dépenses d’investissement ayant été impactées par la crise sanitaire du nouveau coronavirus. Ces données soulignent la tâche ardue à laquelle sera confronté le nouveau Premier ministre pour tenter de contenir la pandémie tout en évitant de restreindre l’activité des entreprises. La 3 ème économie mondiale s’est contractée au deuxième trimestre de 28,1% en rythme annualisé, alors que l’estimation était de 27,8%, sa pire contraction depuis la fin de la

L’ économie de la zone Euro s’est contractée légèrement moins qu’estimé initialement au deuxième trimestre, montrent des chiffres révisés du produit intérieur brut publiés par Eurostat. Le PIB des 19 pays ayant adopté la monnaie unique a chuté de 11,8% par rapport aux trois mois précé- dents et de 14,7% sur un an. Une première estima- tion publiée fin juillet avait donné une contraction de 12,1% d’un trimestre à l’autre et de 15,0% en rythme annuel. ■

Seconde guerre mondiale. Les dépenses d’investissement ont chuté de 4,7%, alors que l’estimation initiale était d’une baisse de 1,5%, signe que l’épidémie de la Covid-19 a impacté plus de secteurs de l’économie japonaise. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis septembre 2019

Les deux enjeux de la rentrée boursière

◆ Les publications semestrielles et la situation sanitaire au Maroc conditionneront l’évolution du marché actions dans les semaines à venir. ◆ Le Masi boucle une semaine positive (du 2 au 9 septembre) avec un niveau de participation très restreint.

semestre 2020. Mutandis, elle, a pu stabiliser ses revenus qui ressortent à 683 MDH, soit le même niveau qu’à la même période de l’année pas- sée. Pour Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène, la baisse du résultat net consolidé semestriel est de 86% et 68% respectivement. Au final, les publications semes- trielles et l'évolution de la situa- tion sanitaire resteront liées de près et pourront alimenter des phases de volatilité sur l'indice. Deux enjeux à surveiller pour cette rentrée boursière. Graphiquement, la configuration s’est neutralisée après que les cours du Masi ont réintégré leur précédent trading range 10.100/ 10.300 points. ◆

«Rebelote» ! Les périodes de publication s'enchaînent depuis que les exi- gences en matière de communi- cation financière ont été upgra- dées par le régulateur. A peine la poussière des trimestriels est- elle retombée que la saison des semestriels a commencé, avec au menu un peu plus de détails sur le volet opérationnel des comptes des émetteurs. Saham Assurance et Mutandis ont publié leurs résultats avec des impacts négatifs de 15,8% et 11% respectivement sur les bénéfices au premier semestre. En termes de revenus, l’impact a été limité chez Saham Assurance dont le chiffre d’affaires semes- triel a baissé de 6,6% à 2,87 Mds de DH à la fin du premier

que Jet Contractors (+14,03%), Alliances (+6,72%) et Colorado (+3,93%) s'adjugent les meil- leures performances hebdoma- daires. En queue du peloton cette semaine, nous retrouvons Disway (-10,28%), Stroc Industries (-5,80%) et Fenie Brossette (-5,41%). L'instabilité et l'incertitude quant à l'évolution de la situation épi- démiologique au Maroc et ses répercussions sur l’activité éco- nomique poussent les opérateurs à plus de prudence. Cela s’est traduit d’ailleurs sur le niveau de participation qui, pour cette semaine, s’est chiffré à 265 MDH, soit un volume quotidien moyen de 53 MDH.

C ette semaine de la ren- trée a été plutôt vola- tile à la Bourse de Casablanca. Le Masi, qui avait glissé sous son canal horizontal fin août, n'a pas trop attendu pour le réinté- grer. Une poussée haussière de 1,49% enregistrée le mardi 2 sep- tembre (grâce aux bancaires) a, à cet effet, été suffisante. Ainsi, bien qu'il ait manqué de relais haussier en fin de semaine, le Masi a bouclé sa séquence hebdomadaire sur une note positive (+1,15%). Sept des pre- mières capitalisations ont clôtu- ré la période dans le vert, alors Par Y. Seddik

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BOURSE & FINANCES

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Fiscalité

◆ Marquée par de fortes incertitudes, la conjoncture actuelle ne permet pas à tous les contribuables de régulariser leur situation en 2020. ◆ Il faut procéder à un ciblage selon les secteurs et la catégorie des assujettis. Pourquoi il faut prolonger les amnisties jusqu'en 2021 D ans le cadre du projet de Loi de Finances 2020, le gou- vernement a Par C. Jaidani Pour l’infor- mel, il faut investir de nouvelles pistes autres que les amnisties.

lancé plusieurs amnisties fiscales visant notamment les activités informelles, les avoirs à l’étranger, les déclarations rectificatives, les chèques en bois et aussi les revenus locatifs. Ces dispositions ont été reconduites dans le projet de Loi de Finances rectifi- cative 2020. Le gouvernement espère avec ces nouvelles mesures renforcer ses recettes fiscales et per- mettre aux contribuables de régulariser leur situa- tion. Sous l’effet de la crise économique actuelle, des voix s’élèvent actuelle- ment, véhiculant l’idée d’un prolongement de ces amnisties jusqu’au prochain exercice, sur- tout que le gouvernement prépare actuellement le projet de Loi de Finances 2021. Ils avancent plu- sieurs arguments comme le délai court et les contraintes liées à la crise sanitaire qui perturbent leurs activités ainsi que les démarches adminis- tratives et comptables. Pour les revenus loca- tifs, par exemple, des échos recueillis auprès des agences immobi- lières font état de diffi- cultés de recouvrement des mensualités. Pour

certains biens immobi- liers, le cumul des arrié- rés atteint des niveaux importants. Cela impacte le revenu des proprié- taires et, par conséquent, ils ne peuvent régulariser leur situation fiscale. Il est donc essentiel de donner plus de temps pour que les locataires puissent s’acquitter de leurs enga- gements. Interrogés à ce sujet, plusieurs spécialistes confortent l’idée d’un prolongement des amnis- ties fiscales, invoquant la situation exceptionnelle que traverse le pays et la conjoncture morose. Toutefois, les avis sont mitigés quant à la manière de piloter ces amnisties. «Le gouvernement a pré- senté la mouture des amnisties fiscales en octobre 2019 dans un contexte bien déterminé, complètement différent de la situation actuelle.

Certes, les dispositions ont été reprises dans le cadre de la Loi de Finances rec- tificative avec quelques ajustements, mais elles restent quelque part en déphasage avec l’environ- nement post-Covid-19. Contrairement aux amnis- ties lancées auparavant, l’initiative actuelle risque de ne pas donner les effets escomptés avec le climat d’incertitude qui règne actuellement. Un prolongement permet- tra de donner des signes de confiance au monde des affaires, générant au passage les ingrédients nécessaires pour stimuler la croissance», souligne Youssef Oubouali, profes- seur de droit fiscal. Il précise que «l’amnistie est une exception et pas la règle. Il faut tirer profit des expériences conduites par le passé dans ce domaine. Certains assujettis sont de mauvais contribuables,

quelle que soit la forme d’arrangement proposée. Par exemple, dans l’infor- mel, les formules décli- nées ont donné très peu d’effet. Les personnes ciblées ne veulent adhé- rer à aucune démarche, même à des taux d’im- position extrêmement réduits. Il faut procéder par ciblage, soit au niveau sectoriel ou par catégorie de contribuable» , ajoute Oubouali. En effet, certains secteurs comme le tourisme ont été fortement impactés par la crise économique et toutes les prévisions révèlent qu’ils ne pour- ront retrouver une acti- vité avant le deuxième semestre 2021, voire 2022. Par ailleurs, il faut noter que la conjoncture incer- taine et les mesures res- trictives actuelles pèsent lourdement sur les per- sonnes ayant des avoirs à

l’étranger. «La plupart de ces per- sonnes ne peuvent régu- lariser leur situation si elles ne se déplacent pas dans les pays où elles disposent de ces avoirs (pour la quasi-totalité des pays européens). Actuellement, il est diffi- cile de voyager en Europe à cause des restrictions imposées, d’autant plus que ces gens redoutent le risque d’être bloqués à cause de l’interdiction de voyage imprévisible» , souligne Abdelaziz Slaoui, professeur d'économie. ◆ L’amnistie est une exception et pas la règle. Il faut tirer pro- fit des expériences conduites par le passé dans ce domaine.

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Trimestriels des banques

Les performances commerciales au rendez-vous… L a crise sanitaire a donné du fil à retordre aux banques marocaines. Une crise qui s’ajoute aux multiples contraintes Par Y. Seddik

◆ Toutes les banques cotées affichent une hausse des crédits et des collectes au 1 er semestre. ◆ Les prêts octroyés aux grands groupes et les produits de garantie de l’Etat ont dopé la production de prêts.

Malgré la crise, les

6 banques cotées à la Bourse de Casablanca ont amélioré leurs indica- teurs de per- formances

auxquelles fait face le secteur : taux durablement bas, croissance molle et une panoplie d’exigences réglementaires. Pourtant, elles arrivent à tirer leur épingle du jeu, du moins sur le volet commercial. Sur cette pre- mière partie de l’année, les six banques cotées ont généré des revenus supérieurs à ceux de l’année passée, distribué plus de crédits et collecté plus de dépôts. Pour la première banque par la capitalisation, Attijariwafa bank, les crédits et l’épargne collectée se sont établis à respectivement 330,2 milliards de DH (+ 4%) et 490,1 milliards de DH (+5,9%) sur base consolidée. Depuis le début de la crise, la banque a accom- pagné plus de 19.500 entreprises, majoritairement des TPME, à tra-

commer- ciales au terme du premier semestre.

vers la distribution de 25 milliards de DH, note la banque dans sa communication financière du pre- mier semestre. Le coup de pouce de l’Etat via ses produits garanties aux entre- prises (Damane Oxygène, Damane Relance et Relance TPE) a en effet permis aux banques d’améliorer leur production de prêts durant

cette période délicate. Selon les statistiques monétaires du mois de juin, l’encours des crédits de trésorerie a progressé de 10,4% à 206 milliards de DH. Chez BCP, les dépôts du Groupe continuent de se renforcer à hau- teur de 5,7% pour s’établir à 327 milliards de DH, tandis que les crédits s’affermissent de 1% par

rapport au 31 décembre 2019, à 261 milliards de DH. On note que la banque a dégagé un PNB de 10 milliards de DH, en amélioration de 13,9%, tiré notamment par l'effet combiné du changement de périmètre suite à l'intégration des nouvelles filiales africaines acquises au T4-2019. Hors effet périmètre, la croissance du PNB s’établit à 6%. Quasi-stagnation des dépôts pour BoA Du côté de Bank of Africa, l’on fait état d’un renforcement commer- cial avec des crédits à la clientèle en progression de 7,9% pour la banque au Maroc et de 4,8% pour le Groupe à fin 2020. Hors Resales, les crédits clientèle ressortent en hausse de 5% à 108,6 milliards de DH en social et de 2,9% à 178,9 milliards de DH en consolidé. Les

Les ressources à la clientèle s’apprécient de 4,9% par rapport à juin 2019, à 44,01 milliards de DH. Cette performance est portée essentiellement par les ressources à vue, qui évoluent de 10,2% à 29,91 milliards de DH. Hors dépôts à terme en baisse de 13,1%, la collecte bilan du Crédit du Maroc affiche une progression de 6,5%. Les emplois clientèle, quant à eux, enregistrent une hausse de 3,8% à 43, 8 milliards de DH par rapport à fin juin 2019. On note en définitive que depuis leur mise en place, les mécanismes «Relance TPE» et «Damane Relance» ont profité à pas moins de 15.183 entreprises, pour un total de 22,4 milliards de DH de crédits ayant bénéficié de ces garanties excep- tionnelles, soit un montant global d’engagements s’élevant à 19,7 milliards de DH. CDM : Les ressources à vue dopent les dépôts

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dépôts clientèle consolidés sont en quasi-stagnation à 205 milliards de DH contre une légère baisse de 1% des dépôts de la banque au Maroc à 133 milliards de DH à fin juin 2020. Sur le premier semestre, le PNB social a progressé de 3,4% à 3,6 milliards de DH. En consolidé, il ressort stable à 7 milliards de DH. Pour CIH Bank, dont le PNB cumulé à fin juin 2020 a bondi de 14,7% à 1,13 Md de DH, les performances commerciales sont au rendez-vous. En consolidé, les dépôts clientèle s’établissent à 48,4 milliards de DH à fin 2020, en progression de 8,6% par rapport à fin 2019. Les crédits clientèle sont de 58,0 milliards de DH à fin juin 2020, en hausse de 9,2% par rap- port à fin 2019. Sur base sociale, les dépôts clien- tèle sont de 45,4 milliards de DH,

en amélioration de 9,7% par rap- port au 31 décembre 2019. Les crédits clientèle ressortent à 48,2 milliards de DH à fin juin 2020, en hausse de 10,6% par rapport à fin 2019. On n’en fait pas moins chez BMCI, qui a réalisé un PNB consolidé de 1,55 milliard de DH à fin juin 2020. Les crédits consolidés par caisse à la clientèle ont atteint 55,7 milliards de DH à fin juin 2020 contre 54,9 milliards de DH au 31 décembre 2019, soit une hausse de 1,4%, essentiellement due à l’évolution favorable des crédits de trésorerie. Les dépôts de la clientèle consoli- dés ont enregistré une hausse de 0,8 %, pour atteindre 45,4 milliards de DH à fin juin 2020 contre 45 milliards de DH au 31 décembre 2019, avec une amélioration de la structure des ressources en faveur

des dépôts à vue qui représentent 74,1% à fin juin 2020 contre 72,5% à fin décembre 2019. Le coût du risque s’envole ! Selon une note de recherche d’At- tijari Global Research, l'analyse des communiqués des banques cotées relatifs au deuxième tri- mestre de 2020 fait état d'une hausse semestrielle des crédits à la clientèle de +5,4% portée par les crédits de trésorerie et d’équi- pement. Un niveau de croissance supérieur de 170 points de base par rapport à la moyenne observée au cours de la période 2015-2019, soit de 3,7%. Le développement continu de l'ac- tivité de crédit dans un contexte inédit de crise sanitaire se reflète de manière significative sur les anticipations de risque relatif aux crédits, ont constaté les analystes

d'AGR. Et d'ajouter : « En recen- sant les banques cotées ayant publié le coût du risque au T2-20, nous relevons une augmentation semestrielle de 132% ». Cette hausse importante du coût du risque en 2020 est justifiée par le manque de visibilité sur le pro- cessus de reprise des différents secteurs, et ce dans un contexte où le management des banques adopterait des règles de provision- nement conservatrices. L'évolution semestrielle du PNB des banques cotées a été soute- nue en partie par la bonne tenue du résultat des activités de mar- ché. Ce dernier a bénéficié de l'appréciation technique du por- tefeuille obligataire des banques en raison de la baisse du taux directeur de la Banque centrale de 50 points de base à 1,5% en juin 2020. ◆

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Trimestriels des entreprises cotées

◆ Les industriels n'arrivent toujours pas à se relever, alors que l'agroalimentaire et la grande distribution semblent enjamber la crise. Fortunes diverses A près le décrochage mas- sif, absolu et total des actifs cotés fin mars, le rebond technique a été tout aussi général les Par A. Hlimi sont les plus impactés par la crise sani- Les secteurs industriels

taire, enre- gistrant une contraction de 10,4% de leurs revenus en 6 mois.

mois qui ont suivi, et tous les sec- teurs et entreprises en ont profité à un moment ou un autre, ne serait-ce que sur de courtes durées. L'été s'est ensuite installé et avec lui un climat plus calme de stabilisation des cours, qui s'est traduit par l'évo- lution de l'indice Masi dans un canal horizontal d'une faible épaisseur de 250 points entre 10.100 et 10.350 points. Vendredi dernier, les investisseurs ont tout de même essuyé une frayeur juste avant la fin de la saison des résultats trimestriels quand le Masi a glissé sous son fameux canal hori- zontal, avant d'y revenir très rapide- ment à l'aide d'un rebond de 1,5% le 1 er septembre, grâce aux valeurs bancaires... Tout un symbole ! Désormais, l'incertitude sanitaire est à son paroxysme, ce qui laisse entrevoir, pour les plus optimistes, quelques lueurs d'espoir. Mais rien n’est encore gagné sur le volet sani- taire. Dans ce climat lourd, où les entre- prises manquent de visibilité, cer- tains tirent leur épingle du jeu. Et si tout le monde essaie de reprendre une activité normale depuis la levée du confinement, d’autres semblent reculer de nouveau, parallèlement aux restrictions qui se mettent en place et qui retardent les plans de reprise du gouvernement et des chefs d'entreprise. Des secteurs comme le tourisme et le BTP sont directement handicapés par ces mesures, ce qui laisse entre- voir une reprise en K, indiquant que certains secteurs devront poursuivre leurs rebonds quand d'autres seront freinés. Exit donc les prévisions en U, en V ou même en W.

Il faut être sélectif ! D'ailleurs, les indicateurs d'activité commerciale du premier semestre en témoignent. On y distingue clai- rement des gagnants, une catégo- rie intermédiaire qui résiste et des perdants. Bien entendu, les per- formances commerciales ne vont sûrement pas se refléter sur la profi- tabilité finale des entreprises. Les institutions financières ont ainsi enregistré une progression de 6% de leur produit net bancaire au pre- mier semestre, à en croire les calculs de la Recherche de BMCE Capital. Une progression qui peut s'expli- quer par le bon comportement des activités de marché, dans le sillage de la baisse des taux obligataires au Maroc. Sans surprise, les secteurs indus- triels sont les plus impactés par la crise sanitaire, enregistrant une contraction de 10,4% de leurs revenus en 6 mois. Le secteur des matériaux de construction, dont les ventes ont chuté de 24,8%, ou encore l'immobilier, avec une contraction du chiffre d'affaires de 57,7%, sont les plus touchés. L'agroalimentaire a connu une stabi- lisation des revenus avec des dispa-

rités importantes parmi ses compo- santes, tout comme pour l’informa- tique coté. On notera aussi la bonne perfor- mance de la distribution alimentaire, avec un chiffre d’affaires en crois- sance de 15%. Le secteur des assurances résiste lui aussi avec des primes quasi en stagnation (-0,2%) au S1, bien que, on le sait, tout comme pour les financières, il y aura de la casse au niveau des bénéfices, des assureurs ayant déjà alerté le marché dans ce sens. Sur le seul deuxième trimestre, les revenus des sociétés cotées se dégradent de 10,3% par rapport au T2 2019, selon les calculs de la banque d'affaires. L’orientation favorable de l’activité des institu- tions bancaires (+12,6%) a permis de compenser la mauvaise tenue des sociétés industrielles dont l’acti- vité commerciale a été impactée de plein fouet par les effets de la pan- démie, avec un chiffre d’affaires en repli de 19,5%, alors que les assu- rances affichent des primes en dimi- nution de 8,6% comparativement au T2 2019, suite au ralentissement de l’activité liée principalement à la

baisse de la collecte épargne. Sur l'intégralité du semestre, les revenus des sociétés cotées sont en baisse de 5,1%. Sans doute que le marché va inté- grer cette reprise différenciée et la rotation sectorielle du cash devrait profiter à ceux qui ont fait preuve de résilience durant ces mois difficiles. Sans doute aussi qu'une approche Value, s'intéressant aux valeurs dont le cours de Bourse a le plus chuté, approche prisée par les investis- seurs particuliers, est encore pré- maturée. Maintenant que la page des tri- mestriels est tournée, le marché va se focaliser sur une période plus importante, celle des semestriels, et qui va durer jusqu'à fin septembre. Les investisseurs vont regarder les autres indicateurs opérationnels et les bas de bilans pour mieux cerner les impacts de la crise sanitaire, ainsi que les commentaires des émetteurs sur le reste de l'année. Certainement que les copies les plus appréciées seront celles qui démontreront leur capacité à maîtriser leur besoin en fonds de roulement et convaincre de leur aptitude à remonter la pente sur le plan opérationnel. ◆

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Open Banking

◆ L’Open Banking, prochain véritable défi pour l’industrie bancaire, viendra casser les silos de la donnée bancaire, longtemps protégés. Détails. Le monopole de la data échappe aux banques B lockchain, Big Data, Intelligence artificielle, Réalité augmentée… Toutes ces disruptions ont émergé en l’espace Par Y. Seddik Aujourd'hui, l’environ-

nement est favorable à l’émergence et l’accélé- ration des modèles économiques construits autour de l’Open Banking au Maroc.

de quelques années, mettant plu- sieurs secteurs face à des chan- gements décisifs, le bancaire en premier lieu. Que ce soit pour amé- liorer l’expérience client, prédire les habitudes des consommateurs ou encore développer des services en ligne, les banques sont aujourd’hui contraintes d’adopter toutes ces évolutions numériques. L’Open Banking, qui a récemment fait irruption dans l’industrie ban- caire, consiste à ouvrir l’accès aux informations sur les comptes ban- caires des particuliers, à des tiers - des Fintech principalement - dans le but de leur proposer de nouveaux services et de mieux les cibler. Dit autrement, nous explique un expert en data, «il s'agit de déposséder la banque d'une forme de monopole sur la donnée de ses clients pour la transférer le plus souvent à des start-up innovantes dont la spé- cialité est la valorisation de cette donnée». Parmi les bénéfices attendus grâce

à l’Open Banking figurent «la diver- sification des revenus à travers l’élargissement de la gamme de produits et services ainsi que l’élar- gissement de la base client» , selon une étude du cabinet Alliancy. On y cite aussi «l’amélioration de l’expé- rience client, à travers la proposi- tion de services innovants et des parcours digitaux à l’état de l’art». Des bénéfices sont également attendus sur le plan de l’efficacité opérationnelle, avec notamment «la possibilité pour la banque de béné- ficier, dans certains cas, de l’agré- ment de son partenaire et de son

risque serait de «confier une partie intime de sa vie à un acteur qu'il ne connaît pas, ayant simplement téléchargé une application sur son smartphone. C’est un réflexe banal du quotidien, mais dont on ne pèse parfois pas les conséquences en termes de vie privée» , poursuit-il. Les établissements de paie- ment : premiers candidats Les établissements de paiement qui ont reçu leurs agréments il y a deux années, sont les premiers candidats possibles à l’exploitation de l’Open Banking au Maroc. Ces nouveaux entrants pourront déve- lopper des services innovants sans avoir à investir dans des systèmes d'information très onéreux, ce qui intéresse tout particulièrement les banques qui, elles, en supportent la charge. Au final, les contours de cette nou- velle opportunité commencent à se préciser partout dans le monde. Au Maroc, le marché reste pour l’heure mal exploré, voire inexploré. Mais il faut garder en tête qu’il est inutile de tergiverser ! L'avenir appartien- dra sans doute à ceux qui agiront plus vite. ◆

time to market».

Une ouverture gagnant- gagnant

Si l’Open Banking est aujourd’hui un sujet d’actualité, c’est parce que beaucoup de Fintech développent des solutions plus simples que celles proposées par les banques. On dit qu’elles offrent une meilleure «expérience client», dans le jargon marketing. Face à cette agilité et dans une optique de défendre leur pré-carré, les banques sont alors astreintes de s’ouvrir et de collabo- rer avec ces jeunes pousses de la finance. Or, pour les deux parties, c’est gagnant-gagnant : le bénéfice pour la banque sera de diversifier la gamme de produits proposée à ses clients, tandis que pour la Fintech l’avantage sera d’accéder plus faci- lement à un marché monopolisé. A côté, cette ouverture n’est pas dénuée de risque. La banque, en dehors du fait qu’elle finit par accep- ter de ne plus être l'unique «interlo- cuteur» de ses clients, risque aussi «d'être reléguée au statut de machi- nerie interne réglementée pour la gestion du dépôt de l'argent», nous confie notre expert. Pour le client, le

Bien entendu, l’utilisation de la data doit être soumise à des condi- tions. Le partage, pour sa part, se fait grâce à des API (Application Programming Interface). Des interfaces utilisées pour mettre en relation une base de données avec une plateforme informatique. D’ailleurs, l’éditeur de logiciels de paiement HPS a lancé l’API PowerCARD Connect-Open, une plateforme ouverte qui permet aux Fintech de créer des applications de paiement innovantes, sur les systèmes d’information déjà existants des banques. En gros, cela permettra aux utilisateurs finaux de bénéficier des dernières tech- nologies du secteur des paiements, telles que le paiement mobile, le paiement sans contact, la tokenisation et la biométrie… L’API : La clé de l’Open Banking

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et va prendre sa commission, mais les deux s’occuperont du transfert d’argent. Son rôle est d’agir uniquement en tant qu’intermé- diaire. Nous ne sommes donc pas des courtiers, car nous nous occupons et insérons un multiple de trading et avons toute une équipe de tra- ders qui effectuent le transfert pour le client. Nous avons également un portefeuille d’un assez grand nombre de clients dans le monde entier. Notre métier consiste à traiter les demandes des clients qui ont besoin d’échanger les devises et nous faisons le matching. Nous ne nous arrêtons pas ici, car nous nous occu- pons aussi du transfert d’argent. En effet, nous sommes des Market Makers et non des courtiers traditionnels. Les entreprises nous demandent de payer leurs fournisseurs à l’autre bout du monde. Elles nous envoient le montant en monnaie nationale et nous nous chargeons de créer

la facture et de payer leur fournisseur via notre compte bancaire à l’étranger. Notre société propose 3 produits : • Le crypto (cybermon- naie) est une solution que nous proposons à des marchés spéciaux qui en demandent : le Maroc interdit les tran- sactions Bitcoin, mais soutient les projets de blockchains à usage professionnel.

Le digital est en train d’envahir et transformer notre monde. D’ici pas longtemps, le cour- tage de proximité et l’activité bancaire traditionnelle ne pourront pas sur- vivre.

Trading de devises

AZA mise sur les facteurs temps et coût ◆ Les banques marocaines ont consenti de gros efforts pour encourager le trading avec l’Afrique, mais les procédures de transfert sont encore longues et complexes, selon Meryem Habibi. ◆ La Chief Revenue Officer chez AZA, plus grand fournisseur de solutions de trading de devises en Afrique, nous explique les enjeux de ce business et les gains que peut en tirer le continent.

• TransferZero est notre plateforme B2B2C qui permet à la fois l’achat de devises en gros et le règlement au détail via API robuste. • BFX est notre plateforme B2B réservée aux entreprises ayant des besoins en devises en gros et en particulier aux partenaires payeurs, ainsi qu’aux fournisseurs. F.N.H. : Vous êtes présents en Afrique, que proposez-vous à ce continent ? M. H. : Nous proposons à ce continent beaucoup de choses pour mettre fin à son isolement bancaire, qui vient en effet de pro- cédures très longues et compliquées. Si nous voyons comment se passent les transactions entre le Kenya et la Tanzanie, par exemple, qui sont des pays frontaliers, l’argent devrait aller jusqu’aux États-Unis et retourner en Tanzanie, parce que la Tanzanie

tage traditionnel. Quand nous parlons d’un courtier bancaire, c’est une personne qui a un portefeuille de clients et qui en fait l’intermédiation. Exemple : un courtier qui a un portefeuille d’un client en Europe et un autre en Afrique mettra en contact une société ou un individuel en Europe avec une autre société ou un autre individuel en Afrique qui ont besoin d’échan- ger les devises. Il va les mettre en contact

Propos recueillis par B. Zamani (Stagiaire)

Finances News Hebdo : Expliquez-nous votre métier… Meryem Habibi : Vous devez savoir que notre métier est différent du courtage normal. La crise est venue perturber le marché bancaire, ce qui a conduit les gens à nous identifier comme des courtiers bancaires (Brokers), mais en réalité, nous ne faisons pas de cour-

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