Finances News Hebdo numéro 1000

Découvrez le numéro 1000 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 23 octobre 2020 - 8 DH - N°

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Entretiens

Accords de libre-échange La recette Hassan Boulaknadal

BMCI

Les modèles d’affaires des banques vont changer P. 16/17

Hassan Boulaknadal, DG de l’Office des changes

Philippe Dumel, président du Directoire de la BMCI

P. 12 à 14

Assurances Comment le secteur a évité 700 MDH de pertes P. 22 à 27

Hassan Boubrik, président de l'ACAPS

I ls témoignent

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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Actualité

Voyons voir : Solidarité cosmétique Ça se passe au Maroc

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Bourse & Finances Point Bourse Hebdo : Le marché trouve ses nouveaux catalyseurs PLF 2021 : Les stigmates de la crise seront-ils effacés ? Entretien avec Hassan Boulaknadal : Accords de libre-échange, la recette Entretien avec Philippe Dumel : «Des transformations plus profondes seront à envisager dans nos modèles d’affaires»

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Editorial

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Invité de la rédaction Assurances : «Les mesures de l'ACAPS ont permis d'éviter 700 MDH de pertes au secteur» Distribution digitale : Un chantier majeur pour le secteur Takaful : Ils veulent tous être de la partie Assurances : Les projets réglementaires sur de bons rails Inspection générale des finances : Les véritables réformes qui s’imposent Rachat de la BTK en Tunisie : L'Etat veut faire marche arrière, la BCP dit non Boursenews

Par Fatima Ouriaghli

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1 .000 numéros ! Cette édi- tion que vous tenez entre les mains consacre vingt années de travail ! Nous avons traversé le temps et ses turbulences. Nous avons affronté la concurrence et les profondes mutations du secteur. Nous avons fait preuve de rési- lience face aux crises. Motivés uniquement par nos convictions et valeurs que nous portons en bandoulière : informer juste, conformément aux principes d’éthique et de déontologie qui régissent notre profession, et apporter notre modeste contri- bution à l’expression plurielle des courants d’opinion. C’est donc avec une immense fierté que nous éditons ce mil- lième numéro, qui montre, tant s’en faut, que la presse spécia- lisée a un rôle important à jouer, et continuera à jouer un rôle émi- nemment crucial dans l’univers médiatique marocain. Affirmer cependant que tout le travail accompli jusqu’à présent n’est que l’œuvre des équipes de notre Groupe serait fort présomp- tueux. Car si nous avons traversé le temps pour être, aujourd’hui, un groupe de presse de réfé- rence dans le Royaume, c’est uniquement grâce à vous. Les partenaires qui nous ont accom- pagnés et nous ont témoignés, tout au long de ces deux décen- nies, de leur confiance. Les inter- venants qui répondent fréquem- ment à nos sollicitations et ne font aucune économie dans l’effort pour nous livrer leurs analyses LE MILLIÈME !

et lectures pertinentes sur des problématiques économiques, financières, voire politiques. Les lecteurs qui nous lisent assidû- ment et nous poussent, chaque semaine, à démultiplier nos efforts pour leur servir une infor- mation pointue et de qualité. C’est vous qui nous donnez cette franche volonté de faire toujours mieux et de tenir la barre, même quand la profession est chahutée par les vents du changement et de la crise. C’est vous qui nous confortez dans notre désir résolu de nous ériger en l’un des piliers de la démocratie. Les multiples témoignages conte- nus dans cette édition prouvent donc, à bien des égards, que nous sommes dans la bonne voie, tout comme ils nous imposent d’être constamment rigoureux et professionnels afin de répondre à vos attentes et besoins. Aussi, nous promettons-vous une chose : rester fidèles aux valeurs qui ont toujours été les nôtres pour toujours vous donner la bonne information, sans jamais verser dans le triomphalisme. Rendez-vous au 2.000 ème numé- ro. u C’est vous qui nous donnez cette franche volonté de faire toujours mieux et de tenir la barre.

Spécial 1000 ème Hassan Abou Ayoub, Ambassadeur du Maroc en Roumanie Najib Akesbi, économiste Brahim Benjelloun-Touimi, Administrateur- Directeur général de Bank of Africa Fathia Bennis, PDG de Maroclear Mohamed Hassan Bensalah, PDG du Groupe Holmarcom Fouad Benseddik, FBS Consulting Mohamed Berrada, professeur à l’université Hassan II Mohamed Berrada, ex-PDG et fondateur du groupe Sapress

Amina Figuigui, DG de l’Office national des pêches Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar Karim Hajji, ex-DG de la Bourse de Casablanca Samira Khamlichi, PDG de Wafacash Nezha Lahrichi, Economiste, ex-conseiler du Premier ministre et ex-présidente du CNCE Mikael Naciri, DG du CMI Said Mouline, DG de l’AMEE Noureddine Omary, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement Samir Oudghiri, Directeur général de Lesieur Cristal Ahmed Rahhou, Ambassadeur du Maroc auprès de l’UE Samira Sitail, ex-directrice de l’information de 2M Mohamed Soual, économiste en chef du Groupe OCP Dounia Taarji, présidente du Directoire du Fonds Hassan II pour le développement économique et social Abdellatif Zaghnoun, DG de la CDG

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Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental

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Leila Doukali, présidente nationale de l'AFEM Mohamed El Kettani : PDG du Groupe Attijariwafa bank

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Focus Agricole Projet de Loi de Finances 2021 : Une hausse de la valeur ajoutée agricole estimée à 11% 38 L'univers des TPME Phosphates days : Un tremplin vers l’entrepreneuriat 39

Développement durable Emissions de CO2 : Grande disparité entre les riches et les pauvres Atteinte des ODD : Le caractère crucial des statistiques de qualité 40 41 Culture Exposition : Catch a wave ! 42

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Solidarité cosmétique

Par D. William

Q uand la solidarité devient forcée, elle devient une solidarité apparente, pour ne pas dire cosmétique. Dès lors qu’elle se fait sous la contrainte, elle perd toute sa portée et sa symbolique. Et, surtout, irrite ceux que l’on estime qu’ils en ont assez pour pouvoir en donner aux autres. Rappelons quand même un fait, que l’on ne saurait taire. Il y a juste quelques mois, en pleine crise sani- taire, personnes physiques et insti- tutions publiques et privées se sont mobilisées pour porter le montant du

Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, doté au départ de 10 Mds de DH, à 33,725 Mds de DH à fin août 2020. C’est ce qu’on peut qualifier de vrai mouvement de solidarité, généreux, naturel, dénué de toute arithmétique. Ce n’est donc pas pour rien que la nouvelle «contribution de solidarité» (voir page 11) contenue dans le pro- jet de Loi de Finances 2021 suscite d’ores et déjà de vives polémiques. Et soulève plusieurs interrogations. Est-il logique qu’en pleine crise éco- nomique, qui a impacté tous les pans de l’économie nationale, entreprises

comme salariés, l’Etat tape sur les poches des contribuables pour ren- flouer ses caisses ? Est - i l compréhens ibl e qu’une initiative née sous l’ère de l’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, et que l’on disait ponc- tuelle, conjoncturelle, prenne subrep- ticement et insidieusement le chemin d’une normalité, emprunté au gré des turbulences qui secouent le budget de l’Etat ? Pourquoi toujours les mêmes contri- buables, qui sont en règle vis-à-vis du Fisc, doivent-ils passer à la caisse ? Est-ce la justice sociale que de faire payer ceux qui triment tout au long du mois pour gagner un salaire et épargner ceux qui se terrent dans l’informel ? Taxer les salariés et les

entreprises, est-ce vraiment le bon signal que l’on transmet à l’informel qui, justement, pèse plus de 20% du PIB, hors secteur primaire, et 10% des importations formelles ? Voilà autant d’interrogations qui sont actuellement soulevées au sein de l’opinion publique. L’on comprend qu’avec la crise éco- nomique et sanitaire, l’Etat tire le diable par la queue et peine à bou- cler un budget bien chahuté par la conjoncture qui prévaut. L’on com- prend bien qu’il veuille gonfler ses recettes fiscales. Mais l’on comprend moins qu’il veuille le faire sur le dos des contribuables, les mêmes, à défaut d’avoir suffisamment d’imagi- nation pour pouvoir élargir l’assiette fiscale. ◆

AVIS DE REMERCIEMENTS Les familles BENCHEKROUN et OUEDRHIRI sont touchées par les messages de condoléances et de compassion et remercient les amis, familles et personnes qui se sont associés à leur deuil suite au décès de leur chère mère, grand-mère et sœur Feue Amina Ouedrhiri épouse Benchekroun

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ...................................................................................................................... Adresse : ............................................................................................................................... Ville : ................................................................ Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ..................................E-mail : .................................... Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

rappelée à Dieu le 19 octobre 2020 Puisse Dieu Le Tout Puissant accorder à la défunte sa Sainte Miséricorde et l’accueillir en Son Vaste Paradis. إنا لله وإنا إليه راجعون « «

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L e Club des femmes administrateurs (CFA Maroc) a tenu, jeudi 22 octobre, son Assemblée générale mixte par visioconférence. Outre l’approbation des comptes rela- tifs à l’exercice 2019, cette Assemblée générale a notamment porté sur l’élection de la présidente et des membres du Conseil d’administration du Club, la modification des statuts et du règlement intérieur. Dans ce cadre, Amina Figuigui a été réélue présidente pour un mandat de trois ans. Par ailleurs, l’Assemblée a procédé au renouvellement du man- dat des membres du Conseil d’administration, à savoir : Amina Figuigui reconduite à la tête du Club des femmes administrateurs au Maroc

VISIONNEZ CETTE VIDEO

• Nadia Fettah • Dounia Taarji • Assia Benhida • Samira Khamlichi • Janie Letrot • Lamia Rida • Nouzha Taariji

L'AMMC veut apporter des modifications à sa circulaire Informations et opérations financières

L a circulaire n°03-19 de l’AMMC, entrée en vigueur en juin 2019, a été homologuée en remplacement du livre III de la circulaire consolidée de l’AMMC. Elle a été élaborée dans l’objectif de compléter la refonte du dispositif légis- latif et réglementaire encadrant l’appel public à l’épargne tout en adaptant les règles existantes à la lumière des évolu- tions du marché, des pratiques observées et des besoins des acteurs du marché. Après plus d’un an d’application, et compte tenu du contexte actuel, des modifications de certaines dispositions de ladite circulaire apparaissent comme nécessaires pour améliorer davantage l’attractivité du marché des capitaux, notamment : • L’amélioration de la flexibilité du régime du placement privé à travers un élar- gissement de la définition d’investisseur qualifié ; • L’optimisation de la charge que repré- sentent les obligations d’information des

A cette occasion, les membres de l’Assemblée ont rendu un hommage au Conseil d’administration et à sa présidente pour les actions menées au cours du précédent mandat, qui ont permis à l’association de se développer et de promouvoir une présence renforcée des femmes dans les organes de gouver- nance des entreprises. Pour rappel, le Club des femmes administrateurs (CFA Maroc) a été fondé en 2012 et compte aujourd’hui près de soixante- dix adhérentes. CFA est partenaire de réseaux internationaux poursuivant les mêmes objectifs, dont «Women Corporate Directors» (WCD). ■

émetteurs, et ce par l’introduction d’une dispense de publication des indicateurs au titre du second et quatrième trimestre en cas de publication du rapport financier semestriel ou annuel dans les mêmes délais que les indicateurs précités; • Une définition plus claire de certains aspects du reporting extra-financier; • La correction de certaines coquilles ou incohérence mineures. Ainsi, et conformément aux dispositions de l’article 63 de son règlement général, l’AMMC met en consultation publique, du 21 octobre au 4 novembre 2020, le projet de modification de sa circulaire n° 03/19. ■

Avis de condoléances

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Feue Amina OUEDRHIRI , mère de M. Jalal BENCHEKROUN, DG d’Atlantasanad Assurance. En cette douloureuse circonstance, les équipes de Finances News Hebdo, La Quotidienne, Autonews et Boursenews présentent leurs sincères condoléances à sa famille et aux proches. Puisse Dieu accueillir la défunte en sa Sainte Miséricorde. Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis octobre 2019

Le marché trouve ses nouveaux catalyseurs ◆ En plus des dispositions du PLF 2021, le Masi peut être nourri par les espoirs de mise au point rapide d’un vaccin. ◆ Du 13 au 20 octobre, l’indice a grignoté 0,54%.

national a progressé timidement de 0,54% à 10.307 points. Sur le plan sectoriel, le compartiment « biens d’équipement industriels» a encore affiché la plus forte hausse avec un gain de 13,2%, suivi des «services aux collecti- vités» (+3,81%), puis des «socié- tés de portefeuilles-Holdings» (+3,71%). En revanche, 3 sur les 24 sec- teurs de la place ont évolué dans le rouge, avec des baisses res- pectives de 2,07% pour «hôtelle- rie», de 1,06% pour «immobilier» et de 0,28% pour «boissons» . La volumétrie de la semaine res- sort, quant à elle, à 397 MDH, alors que dans les valeurs les plus actives de la semaine figurent Attijariwafa bank, Marsa Maroc et Cosumar, avec des parts res- pectives de 16,98%, 15,65% et 11,25%. ◆

«de nouvelles entités publiques peuvent enrichir la liste des enti- tés potentiellement privatisables ainsi que des participations mino- ritaires détenues directement par l'Etat et ne revêtant pas un carac- tère stratégique» . Pour mémoire, le programme a été suspendu en 2020 à cause des conditions de marché et valorisations défavorables dues à la pandémie de la Covid-19. Par ailleurs, les avancées médi- cales en matière de recherche d’un vaccin anti-Covid sont l’autre grand catalyseur pour le marché, à l’image des Bourses mondiales. La mise au point rapide d’un vac- cin permettra de retrouver une activité économique normale. Comportement du marché sur la semaine Du 13 au 20 octobre, l’indice

des Finances devant les parle- mentaires, après avoir inscrit un montant de 4 Mds de dirhams dans le document de présenta- tion du PLF. En dehors des risques baissiers à court terme sur la Bourse, les enjeux sont de taille à moyen terme. Les privatisations repré- sentent une véritable bouffée d’oxygène pour les opérateurs en quête constante de rendement et de papier frais. Pour rappel, le programme de pri- vatisation, couvrant initialement la période 2020-2023, concerne des entités inscrites sur la liste des privatisables. En outre, le rapport sur les EEP accompa- gnant le PLF 2021 précise que

T rès attendus par les investisseurs, les pre- miers clichés du bud- get 2021 sont tombés cette semaine. Ainsi, la contribution sociale de solidarité, qui a pesé sur les bénéfices des sociétés en 2019 et 2020, sera réinstaurée en 2021. Nouvelle mal digérée par le marché puisqu’il a baissé de 0,48% le jour de l’annonce. L’autre volet du projet de Loi de Finances, très scruté par les opé- rateurs, concerne le programme de privatisations. En effet, c’est un montant de 10 Mds de dirhams qui a été annoncé par le ministre Par Y. Seddik

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PLF 2021

◆ La question qui taraude plusieurs esprits est de savoir si le PLF 2021 sera en mesure de relancer promptement et durablement les différents pans de l’économie nationale, fragilisés par la crise. Les stigmates de la crise seront-ils effacés ? L a crise liée au coronavirus, qui a mis à genoux bon nombre d’écono- mies, dont celle Par M. Diao

Le gou- vernement s’engage à réduire le déficit

budgétaire à partir de 2021 dans la perspective de stabiliser le niveau d’endette- ment.

incertitudes qui entourent l’évolution de la pandémie et l’impact de celle-ci sur différents pays partenaires du Maroc. Pour rappel, les orientations générales du PLF 2021 s’articulent autour de trois axes. Il s’agit de l’accélération de la mise en œuvre du Plan de relance de l’économie nationale, le lancement de la première phase de la généralisation de la cou- verture sociale (AMO) et le renforcement des bases de l’exemplarité de l’Etat. Ce qui passe également par l’optimisation du fonc- tionnement de celui-ci. Concrètement, le PLF 2021 prévoit un déficit budgé- taire de 6,5% du PIB au titre de l’exercice de 2021 (contre 7,5% en 2020) et une croissance de 4,8% pour l’année prochaine.

du Maroc, risque d’impac- ter l’économie nationale encore pour longtemps. Le pays devrait connaître un taux de croissance en recul de 5,8% du PIB en 2020. Tout l’enjeu est de savoir si le PLF 2021, placé par l’Exécutif sous le signe du réalisme et dont l’ambi- tion est, entre autres, de rétablir la confiance et l’espoir à travers la cou- verture sociale pour tous les Marocains, sera en mesure de relancer promp- tement et durablement les différents pans de l’écono- mie. Rien n’est moins sûr au regard des multiples

Et ce, en tenant compte des prévisions du Fonds monétaire international pour l’économie mon- diale et la zone Euro et sur la base des hypothèses d’une récolte céréalière de 70 millions de quin- taux et d'un prix moyen du gaz butane à 350 dollars la tonne. L’effort d’investissement public

global, l’une des princi- pales forces motrices de la croissance au Maroc, devrait atteindre 230 Mds de DH en 2021. Le PLF 2021 traduirait également le dessein de l’Exécu- tif d’œuvrer au rétablis- sement des équilibres macroéconomiques. Ainsi, le gouvernement s’engage à réduire le déficit budgé-

taire à partir de 2021 dans la perspective de stabili- ser le niveau d’endette- ment, tout en développant des ressources à travers des mécanismes de finan- cement innovants. La ges- tion active du portefeuille public via la cession des actifs permettrait d’injec- ter 10 Mds de DH dans le budget de l’Etat. ◆

230 Mds de DH pour l'investissement public

L’ effort d'investissement global du secteur public au titre de l'exercice 2021 s'élève à 230 milliards de dirhams. Les programmes d'investisse- ment financés dans le cadre des comptes spéciaux du Trésor (CST) et non couverts par des transferts du Budget général s'élèvent à 21,34 Mds de DH. Ils portent principale- ment sur le renforcement du réseau routier national, le soutien d'actions relevant des secteurs de l’agriculture, des eaux et forêts, de l'élevage, de l'audiovisuel, de l'habitat, de la justice, de la culture, des sports, de l'aide

aux jeunes promoteurs et le financement de programmes socioéducatifs. Les programmes d'investissement relevant des services d'Etat gérés de manière auto- nome (SEGMA) se chiffrent, quant à eux, à près de 272,43 millions de dirhams (MDH). S'agissant des budgets d'investissement des collectivités territoriales, ils sont consacrés essentiellement à la mise en place des infras- tructures destinées à améliorer les conditions de vie des populations. Les efforts seront concentrés sur l'extension et le renforcement des réseaux de voirie et d'assainissement, les constructions d’infras-

tructures culturelles, sportives et de loisirs, de marchés et d'édifices publics ainsi que les aménagements de jardins et d'espaces verts. Les dépenses y afférentes s'élèvent globale- ment à près de 18 Mds de DH. Par ailleurs, les programmes d'investisse- ment des EPP ce chiffre en gros à près de 81,9 Mds de DH. Ces derniers couvrent principalement les sec- teurs de l'énergie, des télécommunications, de l'habitat, de l'agriculture, de l'électricité, de l’eau potable, des phosphates et leurs dérivés, des autoroutes et des transports aériens, maritimes et ferroviaires. ◆

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Création de 20.956 postes budgétaires

L e projet de Loi de Finances 2021 propose la création de 20.956 postes budgétaires au titre de l'année prochaine, répartis entre les départements ministériels et institutions. En sus de ces postes, il est proposé de créer 1.547 postes budgétaires au profit du ministère de l'Intérieur, pour les fonctionnaires relevant du budget des assemblées préfectorales et provinciales qui seront transférés, à compter du 1 er jan- vier 2021, dans le cadre de l'opération de redéploiement desdits fonctionnaires aux services de l'administration territoriale. Le PLF 2021 prévoit également la création de 700 postes budgétaires supplémentaires au profit du ministère de l'Education natio-

Les postes budgétaires occupés par les intéressés dans les départements minis- tériels ou institutions auxquels ils appar- tiennent seront supprimés. De plus, le PLF prévoit la création de 300 postes budgétaires au profit du chef du gouvernement à répartir entre les différents départements ministériels ou institutions, dont 200 sont réservés au profit des per- sonnes en situation de handicap. En outre, il est prévu de créer 17.000 postes au profit des académies régionales de l'édu- cation et de la formation (AREF), dont 15.000 postes pour le recrutement des enseignants et 2.000 postes pour le recrutement du per- sonnel d'appui pédagogique et administratif au niveau des établissements scolaires. ◆

nale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, destinés à la régularisation de la situation des fonctionnaires titulaires du diplôme de doctorat qui sont recrutés, par voie de concours, en qualité de professeur- assistant.

D evant les deux chambres du Parlement, le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, a indiqué que l'Etat sou- haite réaliser 10 Mds de dirhams de pri- vatisations en 2021. Ce chiffre est cepen- dant loin des 4 Mds de dirhams avancés dans la documentation accompagnant le PLF 2021. Même en intégrant les 50% des recettes de ces opé- rations qui vont au Fonds Hassan II, on arrive à un chiffre de 8 Mds seulement. Pour rappel, le programme de privatisation couvrant initialement la période 2020-2023 concerne des enti- tés inscrites sur la liste des privatisables, en l'occur- rence Maroc Telecom, Marsa Maroc, Biopharma, Sonacos, La Mamounia et Engie Electrique de Tahaddart. En outre, le rapport sur les établisse- ments publics accompagnant le PLF précise que «de nouvelles entités publiques peuvent enrichir la liste des entités potentiellement privatisables ainsi que des participations minoritaires détenues direc- tement par l'Etat et ne revêtant pas un caractère stratégique». La pandémie du Coronavirus a poussé l'Etat à sus- pendre son programme de privatisations en 2020 à cause des conditions de marché et de valorisation défavorables. A titre indicatif, Maroc Telecom et Marsa Maroc ont perdu plus de 10% en Bourse cette année, alors que La Mamounia a connu un arrêt de son activité, ce qui a eu des conséquences sur son plan d'affaires. ◆ Privatisations : 10 Mds de DH dans le pipe

20 milliards de DH alloués à la santé

L e ministère de la Santé béné- ficiera d'un effort budgé- taire continu au titre du projet de Loi de Finances pour l'année 2021, portant son bud- get à près de 20 milliards de dirhams. Cet effort budgétaire per- mettra à ce département d'assurer le financement des actions nécessaires

pour faire face aux exigences pour la riposte à la pandémie de la Covid-19 et d'assurer l'approvisionnement continu des hôpitaux en équipements et en moyens de protection et de dépistage. Afin de renforcer le capital humain nécessaire, 5.500 postes budgétaires sont programmés au titre du PLF 2021 contre 4.000 postes accordés en 2020, portant ainsi le total des créations à 19.000 postes sur la période 2017- 2021. Au titre de l'année 2021, les princi- pales actions prévus par le PLF 2021 portent, notamment, sur la réalisation des opérations objet de conventions signées devant le Roi Mohammed VI en

tenant compte des avenants établis ou conventions spécifiques, la poursuite de l'exécution du programme de mise à niveau des infrastructures et des équi- pements sanitaires et l'assurance du bon fonctionnement des délégations du ministère de la Santé et des réseaux d'établissements des soins de santé primaires qui en relèvent, notamment suite aux nouvelles ouvertures. Il s'agit également de répondre aux besoins additionnels en fonctionne- ment, liés notamment à la sécurité, l'hygiène, le gardiennage, l'achat de carburant et l'alimentation des malades suite aux exigences de la pandémie de la Covid-19…. ◆

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Dépenses fiscales : Une facture salée de 28,9 Mds de DH

Couverture sanitaire :

L es dépenses fiscales constituent un manque à gagner pour le budget de l’Etat. Le rapport sur les dépenses fiscales annexé au projet de Loi de Finances 2021 renseigne que les mesures dérogatoires adoptées par les Lois de Finances ultérieures à 2016 ont un impact budgétaire de moins en moins important, à l’exception de 2020 qui a connu une hausse importante suite aux mesures transitoires accordées aux activités immobilières. Concrètement, le nombre de mesures recen- sées qualifiées en dépenses fiscales est passé de 293 en 2019 à 302 en 2020. Parmi ces mesures, 246 ont fait l'objet d'évaluation

L e lancement de la géné- ralisation de la couverture sanitaire obligatoire, à par- tir du 1 er janvier 2021, est une première phase dans le cadre de la réforme sociétale de grande envergure liée à la générali- sation de la couverture sociale. Cette réforme sera étalée sur deux ans et nécessitera près de 14 Mds de DH, dont 9 Mds de DH financés par l'État. Au total, 4,2 Mds de DH seront mobilisés au titre de l’année 2021. Ce chantier stratégique sera accom- pagné par l'adoption d'une réforme fiscale radicale qui permettra de collecter les impôts imposés aux niveaux national et local sur les pro- fessionnels à faibles revenus, en une seule contribution professionnelle. Cette réforme fiscale renforcera la confiance de cette catégorie de contribuables, en multipliant leurs chances de s'impliquer dans le secteur formel. Le gouvernement va accompagner le chantier de la généralisation de la couverture sani- taire obligatoire en mettant à niveau l'offre sanitaire, à travers l'augmen- tation du budget alloué au secteur de la santé au titre de l'année 2021 de près de 2 Mds de DH. ◆ Un chantier de 14 Mds de DH

en 2020. Ce qui représente 81% des mesures recensées. Le nouveau document met en évidence le montant global des dépenses fiscales qui a progressé de 419 MDH entre 2019 et 2020, pour s’établir à plus de 28,9 Mds de DH. ◆

Ce qu’il faut savoir à propos de la contribution de solidarité

«L e sens de s o l i d a r i t é renforcé lors de la crise sanitaire liée à la Covid-19 sera consolidé à travers l'adoption d'une contribution de solidarité sur les bénéfices et revenus», dixit Mohamed Benchaâboun ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration. Lors de sa présentation du pro- jet de Loi de Finances devant les parlementaires, le ministre

pôts lorsqu'il est de 120.000 DH, soit 10.000 DH par mois. Dès lors, la contribution est calculée selon le taux de 1,5%. Il est prévu que cette partici- pation permettra de récolter 5 milliards de dirhams versés au Fonds d'appui à la cohésion sociale. Celui-ci verra ses attribu- tions s'élargir pour englober les organismes de protection sociale, et portera désormais le nom de «Fonds d'appui à la protection sociale et à la cohé- sion sociale». ◆

a indiqué que pour les entre- prises, la contribution est calculée sur la base du mon- tant du bénéfice net lorsqu'il est supérieur à 5 MDH. Dans ce cas, un taux de 2,5% est appliqué aux entreprises dont les bénéfices sont com- pris entre 5 et 40 MDH, alors qu'un taux de 3,5% est appli- qué pour celles dont les béné- fices sont supérieurs à 40 MDH. Pour les personnes phy- siques, la contribution est calculée sur la base du reve- nu global annuel net d'im-

Dépenses de compensation : 12,5 Mds de DH budgétisés

2 020 a été une année particulière pour les produits subventionnés. La crise liée à la Covid-19 n’a pas été sans conséquence sur les prix des produits pétroliers. La baisse de la demande en la matière à l’échelle internationale a provoqué la chute du cours du gaz butane, qui a enregistré un repli de 60% au mois de mars 2020 en comparaison avec février de la même année. En dépit du redressement progressif à partir du mois de mai 2020 suite à la reprise des activités éco-

de mars et avril 2020 par rapport au début de l’année, avant de se redresser après le confinement. Les prix du blé tendre ont été stables durant les premiers mois de cette année malgré la pandémie. En cela, le rapport table sur un allègement de la charge prévisionnelle de compensation au titre de l’année 2020. Cette baisse serait plus de 10%. Notons enfin que le PLF 2021 prévoit une enveloppe de plus de 12,5 Mds de DH au titre des produits subventionnés (sucre, gaz butane, farine). ◆

nomiques, le cours du gaz butane est resté inférieur à celui affiché au début de l’année 2020. Le rapport portant sur la compensation, annexé au projet de Loi de Finances 2021, mentionne que la subvention unitaire moyenne du gaz butane s’est contractée de près de 13% entre janvier et septembre 2020 par rapport à la même période de l’année dernière. Le cours du sucre brut a aussi accusé une contraction de plus de 20% pour les mois

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des signaux de redressement par rapport à fin juillet 2020, notamment le secteur de l’auto- mobile et du textile et cuir, qui passent res- pectivement de -28,7% à fin juillet à -23,3% à fin août 2020 et de -29,5% à -26,3 au titre de la même période de 2020. La crise a certes entraîné une réduction des exportations de biens (-28,8 milliards de DH), mais aussi une baisse plus prononcée des importations de marchandises (-54,4 milliards de DH). Selon la dernière édition de notre note mensuelle des indicateurs mensuels des échanges extérieurs, au titre des huit premiers mois de l’année en cours, le déficit commer- cial enregistre un allégement de 18,4% ou de 25.539 MDH. Le taux de couverture s’établit, quant à lui, à 58,5%, enregistrant une amé- lioration de 0,9 point. La baisse des impor- tations de biens s’explique par le recul des importations de la quasi-totalité des groupes de produits, en l’occurrence des produits énergétiques (-17.469 MDH), des produits finis de consommation (-17.094 MDH), des biens d’équipement (-15.366 MDH), des demi produits (-9.405 MDH) et des produits bruts (-2.406 MDH). En revanche, les achats des produits alimentaires augmentent de 7.539 MDH. Les envois de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger enregistrent une baisse de 2,3% ou -1.021 MDH : 43.434 MDH à fin août 2020 contre 44.456 MDH à fin août 2019. Dans les services, l’activité reste très en deçà de la normale. La balance des échanges de services affiche certes un excé- dent de 37,4 milliards de DH à fin août 2020, mais celui-ci est en baisse de 37,9% ou -22,8 milliards de DH par rapport à fin août 2019. En ces circonstances exceptionnelles, les recettes voyages, principale composante des exportations de services, accusent une baisse de 29,1 milliards de DH ou -55,3% (23,5 mil- liards de DH à fin août 2020 contre 52,6 mil- liards de DH une année auparavant). Dans un contexte où l'économie mondiale est toujours aux prises avec la crise de la Covid- 19, le flux net des investissements directs étrangers (IDE) atteint 9,6 milliards de DH contre 13,4 milliards de DH un an auparavant, soit -3,8 milliards de DH ou -28,4%. Enfin, les encours des avoirs officiels des réserves sont passés de 235 milliards de DH à 295 milliards de DH, soit une amélioration de 25,6% ou + 60,3 milliards de DH. F.N.H. : Quel regard portez-vous sur les accords de libre-échange signés par le Maroc ? Pensez-vous que cette politique commerciale doit évoluer ? H. B. : A l’heure actuelle, l’ouverture et la

Accords de libre-échange

La recette Hassan boulaknadal ◆ Les ALE ont permis au Maroc d’augmenter les échanges commerciaux avec ses principaux partenaires, mais cela ne s’est pas concrétisé d’une manière équitable entre les importations et les exportations. ◆ L’Office des changes procédera à la mise à niveau de ses outils de veille réglementaire. ◆ Crise sanitaire, politique des ALE, amnistie fiscale, projets à court-moyen terme…, le Directeur général de l’Office des changes, Hassan Boulaknadal, décortique l’actualité pour Finances News Hebdo.

dont les ondes ont atteint tous les continents. Le Maroc, dont l’économie est fortement ouverte sur l’extérieur, n’est pas à l’abri des retombées de la crise sanitaire actuelle. Après un ralentissement marqué, le rythme des échanges extérieurs semble reprendre à fin août 2020. Avec les premières mesures d’assouplissement post-confinement, cer- tains secteurs à l’exportation auraient affiché

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : Quels ont été les impacts de la pandémie sur les indicateurs extérieurs du Maroc ? Hassan Boulaknadal : D’abord, il faut recon- naître que la crise Covid-19 est différente de toute autre crise. La pandémie a provoqué une crise économique et a déclenché un choc

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libéralisation commerciales à l’échelle interna- tionale sont devenues des choix irréversibles. Le Maroc, en relation avec les orientations libérales qu’il a adoptées depuis son adhésion au GATT à la fin des années 80 et à l’OMC en 1995, a conclu, dans le cadre de sa poli- tique d’ouverture, de nombreux accords de libre-échange ainsi que plusieurs conventions tarifaires aussi bien avec des partenaires développés (Union européenne, Etats-Unis, Association européenne de libre-échange) qu’avec des pays en développement ou émer- gents (accord d’Agadir, accord avec la Turquie ainsi que plusieurs partenaires africains). Afin d’évaluer l’impact de ces accords, l’Of- fice des changes a mené plusieurs études qui ont pour objectif de fournir des éléments d’analyse quantitative des ALE et d’apprécier leurs répercussions sur les flux commerciaux. D’une manière générale, l’analyse des échanges commerciaux au titre de la période 1998-2018 montre que les accords de libre- échange ont permis au Maroc d’augmen- ter ses échanges commerciaux avec ses principaux partenaires signataires d’ALE. Néanmoins, cet accroissement ne s’est pas concrétisé d’une manière équitable entre les importations et les exportations. Par principaux partenaires signataires d’ALE, les importations totales du Maroc en prove- nance de la Turquie se sont accrues avec un taux moyen annuel (TCAM) de 15,5%, celles en provenance des Etats-Unis d’Amérique de 9,5% et celles en provenance de l’Union européenne de 7,3%. Pour leur part, les exportations totales s’accroissent de 15,8% à destination de la Turquie, de 10,1% à destina- tion des Etats-Unis d’Amérique et de 6,6% à destination de l’UE. Toutefois, un examen plus attentif des échanges commerciaux avec l’UE effectués dans le cadre des régimes préférentiels durant les dix dernières années, révèle que le taux d’utilisation des régimes préférentiels s’élève à 76,2% pour la partie européenne contre 80,5% pour la partie marocaine. Autrement dit, lors de cette période, les entreprises maro- caines ont bénéficié des droits de douane préférentiels plus que celles européennes. De plus, les importations marocaines en pro- venance de l’UE dans le cadre des régimes préférentiels ont atteint 198,6 Mds de DH en 2018 contre 92,1 Mds de DH dix ans aupara- vant, soit un TCAM de 8,9%, et les exporta- tions marocaines à destination de l’UE, 182,5 Mds de DH en 2018 contre 74,7 Mds de DH en 2009, soit un TCAM de 10,4%, plus élevé que celui des importations. Pour ce qui est du solde commercial défici-

Les importa- tions totales du Maroc en provenance de la Turquie se sont accrues avec un taux moyen annuel de 15,5%. Pour leur part, les exportations totales aug- mentant de 15,8% à des- tination de la Turquie.

et l’agriculture, sylviculture et chasse mais également d’autres branches nouvelles telle l’industrie automobile. Malgré ces progrès, nous concluons que le Maroc n’a pas atteint les résultats escomptés de ces accords, mais il y a lieu de constater une certaine prise de conscience au sujet d’une meilleure gouvernance en matière de conclusion des ALE, notamment une plus grande concertation entre les différents acteurs impliqués, aussi bien publics que privés. Cette démarche a encouragé la mise en place de comités de suivi des accords commerciaux, avec une évaluation continue de leurs résultats ainsi que le suivi de leur mise en œuvre pour adapter leurs dispositions à l’évolution de la conjoncture et au change- ment des circonstances. F.N.H. : Quelles sont les principales évolutions attendues à court terme dans la réglementation des changes ? H. B. : Depuis le début des années 90, l’Office des changes s’est irréversiblement engagé dans un processus d’assouplissement et de facilitation de la réglementation des changes et s’est résolument inscrit dans une dyna- mique d’amélioration continue de ses outils de veille réglementaire. S’inscrivant pleinement dans le cadre de la politique économique du Royaume visant le soutien de l’acte d’investir, d’entreprendre et d’exporter, les récentes mises à jour de la réglementation des changes ont toujours tenu

taire dans le cadre des régimes préférentiels avec l’UE, Il faut tenir compte que celui-ci s’est inscrit dans deux principales phases au cours des dix dernières années. La 1 ère phase, au cours de la période 2009-2012, où le solde déficitaire enregistrait des hausses (de 34,6 Mds de DH en 2009 à 53,6 Mds de DH en 2012), et la 2 ème phase, de l’année 2013 à 2018, où ce solde déficitaire a marqué un allègement (51,6 Mds de DH en 2018 contre 53,2 Mds de DH en 2013). Il faut souligner également que le déficit n’est pas toujours un mauvais indicateur; il peut même traduire une certaine dynamique liée aux investissements. Outre le solde commercial, l’examen des échanges commerciaux avec l’UE dans le cadre des régimes préférentiels ventilé par produits permet de faire ressortir un avan- tage comparatif en faveur du Maroc sur 8 branches de produits sur un total de 17 au cours des dix dernières années. Ces produits relèvent de certaines branches traditionnelles telles l’Industrie de l’habillement et fourrures Il y a lieu de constater une cer- taine prise de conscience au sujet d’une meilleure gouvernance en matière de conclusion des ALE.

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Un dispositif de réconciliation économique qui vise à restaurer la confiance, à revitaliser l’économie nationale et à améliorer le niveau des réserves de change du pays. Entrée en vigueur le 1 er janvier 2020, cette mesure exceptionnelle instaure une démarche de déclaration volontaire pour permettre aux personnes physiques et morales résidentes ayant constitué avant le 30 septembre 2019 des avoirs et liquidités en dehors du territoire national d’entrer dans la légalité. La majorité des déclarations enregistrées jusqu’à ce jour a été effectuée au cours des trois premiers mois de l’année. La survenue de la pandémie a empêché les personnes intéressées par ce dispositif d’entamer la procédure de déclaration. D’autres déclarants se sont retrouvés contraints de suspendre jusqu’à nouvel ordre les formalités de décla- ration déjà commencées. Actuellement, plusieurs centaines de per- sonnes ayant constitué des avoirs et liquidités à l’étranger en infraction à la réglementation des changes ont pu assainir leur situation au regard de la règlementation des changes et retrouver la sérénité. Elles ont pu saisir l’opportunité qui se présentait à elles et com- mencent déjà à bénéficier des avantages que leur offre ce dispositif, notamment le transfert des frais de gestion des biens immeubles et l’ouverture de comptes en devises ou en dirhams convertibles, etc. De surcroît, aucune poursuite administrative ou judiciaire, au titre des avoirs objet de la déclaration, ne peut être engagée à l’encontre des déclarants. Ils sont également libérés du paiement des pénalités relatives aux infrac- tions à la réglementation des changes, de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les sociétés ainsi que des amendes, pénalités et majorations y afférentes au titre des sanctions pour infraction aux obligations de déclaration, de versement et de paiement prévues par le code général des impôts. Nous sommes persuadés que les personnes concernées sont pleinement conscientes de l’opportunité que leur offre le pouvoir public et ne manqueront pas de saisir cette ultime chance pour se conformer aux lois en vigueur. À quelques semaines de la fin de cette opé- ration de réconciliation, une campagne de communication d’une grande envergure bat son plein. Alliant rencontres virtuelles avec les banques et communication média à grande échelle, la communication de l’Office des changes innove et se réinvente. L’enjeu est de taille : former, informer, sensibiliser, convaincre et raviver une opération indubita- blement vouée à restaurer la confiance. ◆

Actuellement, plusieurs centaines de personnes ayant consti- tué des avoirs et liquidités à l’étranger, en infraction à la réglementation des changes, ont pu assainir leur situation.

en compte les besoins des opérateurs et les impératifs macroéconomiques. Au cours des dernières années, la réglemen- tation des changes a opéré une véritable mue et a retrouvé une pertinence nouvelle. Elle respecte les engagements internationaux du Maroc, répond aux nouvelles exigences de l’environnement économique national et inter- national et consolide le processus de libérali- sation de la réglementation des changes par l’adoption d’importantes mesures d’assou- plissement et de simplification des opérations courantes et des opérations en capital. Lors des dernières évolutions de l’Instruc- tion générale des opérations de change, nos différents partenaires ont constamment voix au chapitre. L’Office des changes prône une concertation étroite avec ses différents par- tenaires, et à leur tête le Groupement pro- fessionnel des banques du Maroc (GPBM), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et plusieurs autres associa- tions professionnelles. Inclusive et participative, cette approche a permis de répondre efficacement aux attentes des opérateurs économiques et des citoyens en introduisant d’importantes mesures de libéralisation et de facilitation des disposi- tions de la réglementation des changes, et en apportant davantage de souplesse et de flexibilité aux relations commerciales et finan- cières réalisées avec le reste du monde. L’Office des changes continuera sur la même lancée et placera la consolidation du proces- sus de libéralisation de la réglementation des changes au cœur de ses priorités majeures afin de soutenir et d’accompagner l’entreprise

marocaine, d’atténuer les effets de la pandé- mie et de contribuer in fine à la relance de l’économie marocaine. L’Office des changes procédera, également, à la mise à niveau de ses outils de veille régle- mentaire en adoptant les meilleures pratiques en la matière, afin de pouvoir édicter des mesures réglementaires simplifiées et perti- nentes à même de servir l’intérêt de l’Etat et des opérateurs économiques. F.N.H. : Enfin, pouvons-nous avoir une idée sur l’exécution de l’amnistie fis- cale sur les avoirs détenus à l’étran- ger ou est-ce encore trop tôt ? H. B. : Préserver l’anonymat des déclarants, assurer la confidentialité des opérations et permettre aux déclarants de rester proprié- taires de leurs biens déclarés et de déte- nir des comptes en devises et en dirhams convertibles, tels sont les fondements de l’opération régularisation spontanée au titre des avoirs et liquidités détenus à l’étranger. Nous sommes persuadés que les personnes concernées sont pleine- ment conscientes de l’opportunité que leur offre le pouvoir public et ne manqueront pas de saisir cette ultime chance pour se conformer aux lois en vigueur.

POUR NE RIENRATER DE LABOURSE @bourse_news @boursenews www.boursenews.ma Bourse news

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tématique à l’entrée des bâtiments…). Des contrôles réguliers ont lieu pour s’assurer que l’ensemble des mesures sont bien en place et respectées. Par ailleurs, une cellule d’écoute psycholo- gique a également été mise en place pour les collaborateurs nécessitant un appui particu- lier durant cette période. Dès le début de la pandémie, et au-delà des mesures d’hygiène et de sécurité, nous avons déployé un plan de continuité de nos activités pour tenir les engagements de nos métiers: assurer la continuité des flux financiers, sou- tenir nos clients à franchir ce cap difficile et faire face aux imprévus. L’accessibilité à la totalité de nos services a été maintenue grâce à la forte mobilisation des équipes. En plus des colla- borateurs dont la présence physique est requise dans les locaux, la BMCI a réadapté son orga- nisation de travail et a permis à plusieurs centaines de colla- borateurs de tra- vailler depuis leur domicile grâce aux équipements requis pour le télétravail et en maintenant un lien continu avec leurs managers respectifs. De plus, afin de participer au financement de l’économie nationale et au soutien de la vie sociale, la BMCI a entrepris un ensemble de mesures : • La contribution au Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus, créé sur hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à hauteur de 85 millions de dirhams. • La distribution des aides versées par l’État marocain pour percevoir l’indemnité CNSS, ou pour les bénéficiaires du Ramed et non béné- ficiaires du Ramed. • L’engagement auprès de plusieurs asso- ciations et organismes avec la distribution de dons financiers et matériels. • L’annulation des dividendes ordinaires et exceptionnels au titre de l’exercice 2019 en vue de faciliter l’accès aux crédits dans ces circonstances exceptionnelles. La BMCI a également mis en place des solu- tions de financement adaptées aux besoins des clients, notamment avec le report des échéances de crédits et les offres «Damane Oxygène», «Damane Relance» et «Relance TPE». En tant qu’organisme financier, notre rôle est de participer acti- vement à la relance en cours de l’écono- mie nationale.

«Des transformations plus profondes seront à envisager dans nos modèles d’affaires» ◆ Philippe Dumel, président du Directoire de la BMCI depuis le début d’année, nous apporte un éclairage sur les dispositions prises par la banque durant cette crise sanitaire liée à la Covid-19. ◆ Plusieurs solutions innovantes ont dernièrement été lancées par la banque

pour répondre aux nouveaux besoins de ses clients. ◆ Les premiers signaux de reprise sont déjà palpables.

et de prévention. Des mesures strictes ont été prises pour protéger nos collaborateurs et nos clients. Nous avons ainsi renforcé les opérations de nettoyage et de désinfection de nos locaux et approvisionné nos équipes en matériel de protection qui leur est néces- saire (masques, écrans en plexiglas installés dans le réseau, approvisionnement en gel hydroalcoolique, prise de température sys-

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Tout d'abord, parlez-nous des mesures que vous avez déployées au niveau de la BMCI pour protéger vos collaborateurs ainsi que vos clients ? Philippe Dumel : Nous avons mis en place, très rapidement, un large dispositif de suivi

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F.N.H. : Passés les durs mois de la crise, voyez-vous actuellement des signaux de reprise de l’activité ban- caire ? Comment allez-vous accom- pagner vos clients en cette période sensible ? Et y a-t-il des offres spéci- fiques déployées ou en cours ? Ph. D. : En analysant la situation actuelle, les premiers signaux de reprise sont là, traduisant une amélioration progressive chaque mois, sans pour autant retrouver encore les niveaux d’avant-crise. En tant qu’organisme financier, notre rôle est de participer activement à la relance en cours de l’économie nationale et nous restons engagés auprès de nos clients et partenaires afin de favoriser l’accès aux crédits dans ces circonstances exceptionnelles. De ce fait, et afin de soutenir une reprise durable qui rétablit et renforce la croissance de notre économie, nous proposons pour nos clients Entreprises les crédits «Damane Relance» et «Relance TPE», garantis par la CCG avec un taux d’intérêt exceptionnel de 3,5% HT, et dont le remboursement peut s’étaler sur 7 ans avec un différé pouvant aller jusqu’à 2 ans. Notre objectif est de venir en aide à cette clientèle dont la trésorerie a été fragilisée, et lui permettre ainsi de sauvegarder les emplois. La BMCI est également pleinement engagée dans la concrétisation du programme national «Intelaka» pour l’accompagnement et le finan- cement des petites entreprises et porteurs de projets. En plus des offres de financements, nous avons proposé à nos clients de nouvelles solutions et adopté de nouvelles pratiques digitales : • Le Chatbot multilingue accessible via l’appli- cation Messenger du réseau social Facebook et disponible aux utilisateurs 24H/24 et 7J/7, qui permet d’instaurer un dialogue interactif avec les clients et prospects. Nous avons été la première banque à le lancer; • Le paiement sans contact pour une large gamme de cartes de paiement; • Le lancement du porte-monnaie électro- nique Smart Flouss. F.N.H. : Quels sont, selon vous, les premiers enseignements de la crise pour le secteur bancaire marocain ? Ph. D. : Cette crise sanitaire a souligné le monde globalisé dans lequel nous évoluons et a mis en avant la vulnérabilité des populations dans le monde, mais aussi de grands groupes internationaux. Nous vivons aujourd’hui une récession impor-

tante avec des impacts sectoriels et écono- miques majeurs. Nous pouvons à ce stade tirer trois principaux enseignements : • L’importance de la rapidité de réaction pour apporter des solutions en termes d’aides et de reports d’échéances ...; • Globalement, les plans de continuité d’acti- vité ont dans l’ensemble bien fonctionné avec l’intégration de nouvelles offres telles que «Damane Relance»; • A l’avenir, les vulnérabilités mises en évi- dences pendant cette crise seront des élé- ments d’analyses complémentaires pour la gestion des risques dans le secteur bancaire. Par ailleurs, des transformations plus pro- fondes seront à envisager dans nos modèles d’affaires et dans nos façons de produire. Des changements des modes de vie et de consommation vont certainement émerger à l’avenir. Un bilan doit être tiré de cette période inédite afin de permettre aux banques d’accélérer leur modernisation en toute sécurité et d’inté- grer les nouveaux usages. F.N.H. : Attendez-vous l'émergence de nouveaux besoins clients post-crise ? Enfin, est-ce que cette crise a induit, pour la BMCI, une nouvelle manière d’offrir des services bancaires à la clientèle ? Ph. D. : A la lecture de la situation actuelle,

nous vivons d’importantes transformations qui ont accéléré les prises de conscience et font émerger de nouveaux besoins. De nouvelles pratiques digitales ont également été adoptées. Pendant cette crise, nos équipes ont fait preuve d’agilité et ont déployé d’importants efforts afin d’offrir à nos clients la rapi- dité, l’efficacité et la qualité d’expérience qu’ils attendent de nous. Des solutions innovantes ont été développées afin de répondre aux attentes des clients (Chatbot, paiement sans contact, offre de porte-mon- naie électronique Smart Flouss, l’applica- tion «Crédit F’yidi» dédiée au crédit à la consommation et au financement des pro- jets personnels ou encore des solutions de protection santé). ◆ Nous vivons d’impor- tantes transformations qui ont accéléré les prises de conscience et fait émer- ger de nouveaux besoins.

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