FNH N° 1083

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 3 novembre 2022 - 8 DH - N° 1083

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Tourisme Le Maroc en mode rattrapage intensif

Budget

Le Trésor joue aux équilibristes

P. 9

P. 16 à 19

OPCI

L’Etat retourne sa veste

P. 10/11

Banque africaine de développement Plus de dix milliards d’euros d’investissements mobilisés au Maroc en cinq décennies

Inclusion financière «BAM a procédé à la levée de certaines barrières réglementaires»

Hakima El Alami, responsable du département Surveillance des systèmes et moyens de paiement à BAM

P. 14/15

● Les impacts des interven- tions de la Banque africaine de développement couvrent un large éventail de secteurs et de territoires en Afrique du Nord. ● Entretien avec Mohamed El Azizi, Directeur général du Bureau régional de développe- ment et de prestation de ser- vices pour l’Afrique du Nord au Groupe de la Banque africaine de développement. P. 22/23

14 ème édition des MEDays Focus sur l’effet des crises sur la genèse d’un nouvel ordre mondial

P. 24

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : PLF 2023 : Colère… noire Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 4 5 6 7

> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Pire performance mensuelle depuis mars 2020 Budget de l’Etat : Le Trésor joue aux équilibristes OPCI : L’Etat retourne sa veste Actionnariat salarié : Une culture encore difficile à instaurer Entretien avec Hakima El Alami : Inclusion financière, «BAM a procédé à la levée de certaines barrières réglementaires» 8 9 10 12 14

Par Fatima Ouriaghli

Maroc – Algérie

> Economie 12

A lger a accueilli les 1 er et 2 novembre, le 31 ème Sommet de la Ligue arabe. Les enjeux politiques liés à cet événement, dont notamment la question palestinienne, le conflit arabo- israélien et ses évolutions, l’évolution de la crise syrienne, l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures des pays arabes, ou encore la lutte contre le terrorisme, ont été éclaboussés en arrière-plan par les tensions diplomatiques entre Rabat et Alger. Les premiers incidents sont apparus samedi, lors de la réunion prépara- toire, avant même que ne commencent les travaux du Sommet. La délégation marocaine avait en effet protesté contre le non-respect par une chaîne algérienne de la carte du Royaume, telle qu’elle est reconnue, ce qui a contraint la Ligue arabe à publier une mise au point et la présidence de la séance à présenter des excuses. S’en est suivi l’épisode des journalistes marocains maltraités à leur arrivée à l’aéroport Boumediene. Entre harcèlement, interrogatoires douteux et confiscation de leurs matériels, ils ont dû quitter le territoire algérien sans pouvoir s’acquitter de leur mission d’informer. Tout cela est-il bien étonnant ? Pas le moins du monde. L’on savait que ce Sommet ne se déroulerait pas sans couacs, le régime algérien étant adepte de la provocation à l’égard du Maroc. L’on se doutait aussi que les journalistes marocains allaient faire les frais de cette hostilité du pouvoir en place envers le Royaume, surtout qu’il y a eu un précédent. Pas plus loin qu’en juin dernier : l'État algérien a expulsé les journalistes marocains chargés de couvrir les Jeux médi- terranéens organisés à Oran, prétextant qu'ils sont des espions. Voilà ce que produit un cocktail fait de fourberie, infox et mauvaise foi. Alors que tous les projecteurs du monde étaient braqués sur ce Sommet arabe, le 1 er depuis trois ans, Alger avait tout à gagner à faire preuve de grandeur diplomatique. A donner ne serait-ce que quelques signes de sa volonté d’apaiser les tensions, au lieu de faire des journalistes marocains des victimes expiatoires d’une crise qu’elle entretient, nourrit et attise au gré d’une arithmétique politi- cienne scabreuse. Devrions-nous cependant croire que le fait que le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, ait été reçu, mardi dernier, par le président algérien, est un signe de décrispation ? Le sourire affiché à l’occasion par Abdelmajid Tebboune était-il sincère ou était-ce juste un sourire cosmétique, pour la photo ? Nous ne tarderons pas à le savoir. Parce que si Alger aspire réelle- ment à normaliser ses relations avec Rabat, Tebboune pourrait alors répondre favorablement à la «main tendue» encore une fois par le Souverain. Car, dans une déclaration à l’AFP, le chef de la diplomatie marocaine a fait savoir que le Roi Mohammed VI a invité le président algérien à venir «dialoguer» au Maroc, faute de n’avoir pu le faire lors du Sommet de la Ligue arabe à Alger. Y donnera-t-il une suite favo- rable cette fois-ci ? Wait and see. u A TEBBOUNE DE VOIR !

Tourisme : Le Maroc en mode rattrapage intensif Entretien ave Wissal El Gharbaoui : Tourisme, «Le digital permet aux entreprises d’être plus efficaces et écoresponsables» Assises de l’AUSIM 2022 : La «digital nation», une ambition affirmée Entretien avec Hicham Chiguer : «L’usage de la tech- nologie et du digital constitue un levier de compéti- tivité» Entretien avec Mohamed El Azizi : Banque africaine de développement, Plus de dix milliards d’euros d’inves- tissements mobilisés au Maroc en cinq décennies 14 ème édition des MEDays : Focus sur l’effet des crises sur la genèse d’un nouvel ordre mondial Aide au logement : Les promoteurs proposent la reconduction des exonérations et la hausse de la sub- vention Entretien avec Khalid Karbouai : Investissement, «L’Etat dispose des moyens pour développer l’entre- preneuriat des MRE»

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> L'univers des TPME

Programme 3 de l’INDH : Plus de 1.000 entrepreneurs accompagnés 29

> Focus Agricole Aviculture : La filière lorgne le marché international 30

> Développement durable

Décarbonation de l’économie nationale : Comment Bank Of Africa apporte sa pierre à l’édifice 31 > Société Enfants de la rue : Pourquoi la rue attire-t-elle autant ces enfants ? Musique : Le phénomène Rap (part I) 32 34

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> High-tech 36 E-sport : Le Maroc vise haut

> Tribune libre

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Les contrats de nappe, entre acquis mitigés et contraintes

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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PLF 2023 Colère… noire

Par D. William

L a grève est-elle un antidote effi- cace face aux piqûres du projet de Loi de Finances 2023 ? Les avocats semblent le croire. En débrayant et en paralysant le fonctionnement normal de la Justice, ils espèrent bien se faire entendre. Depuis le 1 er novembre, ils sont en grève. Cela durera quatre jours en principe. Car les robes noires sont entrées… dans une colère noire depuis qu’elles ont été mises en orbite, dans le cadre du PLF. Elles figurent en effet en bonne place parmi les professions ciblées par les mesures fiscales contenues dans le Budget 2023. Pour l’impôt sur les revenus, il est ainsi prévu de les liquider dossier par dossier, moyennant des montants qui varient entre 100 et 500 DH, selon la zone d'exercice et la nature du dossier. L'autre élément décrié par la profession est la hausse de la TVA, de 10 à 20%, appliquée aux honoraires et qui devrait

se traduire par leur hausse mécanique. Selon les avocats, ce nouveau régime fiscal qui leur est appliqué va accroître la pression sur leur trésorerie et faire augmenter «artificiellement» leurs hono- raires. C’est donc un nouveau bras de fer qui commence entre les avocats et l’Exé- cutif. Déjà, entre la profession et le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, lui-même avocat, ce n’est pas le fol amour. Bien au contraire. Un vent glacial circule entre les robes noires et la tutelle depuis que Ouahbi a pris ses fonctions. Dès ses premières sorties médiatiques, soit à peine un mois après avoir pris ses aises dans les fauteuils douillets de la place Mamounia, il a violemment chargé les avocats, les accusant notamment de fraude fiscale, tout en précisant que «95%» d’entre eux ne «s’acquittent que de 10.000 DH en impôts annuellement» . Les avocats sont naturellement sortis

de leurs gonds, leur syndicat qualifiant les propos du ministre de «dangereux» et «fallacieux». La rupture était donc consommée. Outre sa posture jugée «hostile» par ses anciens collègues, on lui reproche ses décisions unilaté- rales, sans concertations préalables, ce qui a le don d’irriter passablement les acteurs de la Justice. Entre les attaques du ministre contre la profession, les magistrats qui s’insurgent contre son approche discrétionnaire dans l’élabo- ration des projets de loi concernant la Justice, la loi sur la profession d’avocat vivement contestée, ou encore le nou- veau régime fiscal des robes noires, les sujets de friction sont nombreux et le désamour profond. Au point que les avocats exigent, aujourd’hui, le départ de Ouahbi, soit un an et un mois après sa prise de fonction. Un bon avocat fait- il un bon ministre de la Justice ? A vous de juger. ◆

Les avocats exigent,

aujourd’hui, le départ de Ouahbi, soit un an et un mois après sa prise de fonction.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L a moyenne des délais de paiement déclarés par l'ensemble des établissements et entreprises publics (EEP) a atteint 36,6 jours à fin septembre dernier, contre 39,4 jours à la même période de 2021, selon la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP). A noter que cette publication à caractère trimestriel s'inscrit dans le cadre de la démarche progressive adoptée par le ministère des Finances depuis la pre- mière publication effectuée le 31 octobre 2019. ■ EEP : La moyenne des délais de paiement à 36,6 jours à fin septembre

Economie verte

Marché automobile

Une ligne de financement de 13 M € pour Bank Of Africa

Le trend haussier se maintient

B ank Of Africa (BOA) s’est vu octroyer une ligne de financement de 13 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), avec le soutien du Fonds vert pour le climat (FVC) et de l’Union européenne. Cette nouvelle ligne est une extension du financement de 25 M€ accordé en septembre 2021 par la BERD dans le cadre de la facilité de financement de l’économie verte (GEFF). L’objectif principal de cette ligne est de pro- mouvoir la transition verte des entreprises marocaines. Ce prêt vise notamment le sou- tien des petites et moyennes entreprises (PME), afin de leur permettre d’investir dans des technologies propres «Clean Tech». BOA, ainsi que sa filiale de crédit-bail Maghrebail, continueront de proposer des crédits avec un

E ntamée il y a quelques mois, la relance du marché auto- mobile se confirme en octobre 2022. Les statistiques des ventes globales de ce mois indiquent une hausse de 6,21% comparativement à la même période de l’année dernière. Dans le détail, le segment des véhicules particuliers (VP) a enre- gistré une croissance de 6,61% avec 11.277 unités vendues. La catégorie des véhicules utilitaires légers (VUL) connait une hausse de 3,82% avec 1.819 unités vendues. En dépit de cette reprise, le marché n’arrive toujours pas à résorber les pertes cumulées depuis le début de l’année. A fin octobre 2022, il totalise 134.001 livraisons, soit une baisse de 6,92% par rapport à fin octobre 2021. Le segment VP affiche 118.990 immatriculations, soit une régression de 5,7%. Celui de l’utilitaire léger atteint 15.011 unités écoulées, soit un recul de 15,56%. ■

accompagnement en termes de préparation, mise en œuvre et suivi des projets, outre des sessions de renforcement des capacités et de sensibilisation en matière de technologies d’atténuation et d’adaptation face au change- ment climatique. Dans le cadre de la promo- tion de la politique genre, ce programme vise également à favoriser l’accès des femmes au financement vert. ■

Assurance

Lancement de l’application E-constat à partir du 1 er décembre

L a Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) annonce le lancement d’une application E-constat sur toutes les villes marocaines à partir du 1 er décembre 2022, après une période de test depuis février sur la ville de Casablanca comme site pilote. Cette applica- tion a pour objectif de dématérialiser le constat amiable papier en générant un constat électro- nique qui reprend la même présentation et les mêmes informations que celui en format papier. Développée sous l’égide de la FMSAR, elle est installée exclusivement sur les téléphones mobiles des agents constateurs et elle permet de déclarer facilement et rapidement un acci- dent matériel aux entreprises d’assurances. Les conducteurs qui ne font pas appel au service d’un agent constateur, continueront à utiliser le constat amiable papier pour relater les faits et

les circonstances d’un accident de circulation ayant entraîné des dommages matériels. Pour les constats établis de manière digitale par les agents constateurs, une attestation E-constat comportant le numéro du constat et le numéro d’immatriculation du véhicule est remise aux assurés pour permettre le téléchargement du constat électronique et procéder à la déclara- tion du sinistre auprès de leurs intermédiaires d’assurances (Agents, Courtiers et bureaux de gestion directe relevant des entreprises d’assu- rances). ■

12.060.052 C’est le nombre d’opérations de paiement en devises durant les 9 premiers mois de l’année 2022, pour 5.452.453.085 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines à validité internationale, auprès des commerçants et des sites marchands étrangers. La progression est de +37,2% en nombre et +75,2% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Afrique du Sud : La politique monétaire n'est pas la grâce salvatrice du dilemme socioéconomique S'agissant de la situation générale du secteur, l'INS a fait état d'un léger recul du solde d'opinion au cours du troisième trimestre 2022 (8%) par rapport au deuxième trimestre de 2022 (13%), estimant qu'une stabi- lité est attendue au cours du quatrième trimestre. ■ L’ approvisionnement en matières premières constitue l'un des principaux obstacles auxquels font face les entreprises industrielles en Tunisie : c’est ce qui ressort d'une enquête sur la situation et les perspectives de ces entreprises au titre du troisième trimestre 2022. Outre l'approvisionnement, ces entreprises évoquent d'autres difficultés liées à la commercialisation de leurs produits et à une demande insuffisante, indique cette enquête menée, récemment, par l'Institut natio- nal de la statistique (INS) auprès d'un échantillon de 989 entreprises du secteur industriel. Tunisie : Les industriels freinés par l’approvisionnement en matières premières L a politique monétaire seule n'est pas la grâce salvatrice pour le dilemme socioéconomique de l’Afrique du Sud, a indiqué mardi le gouverneur de la Banque centrale, Lesetja Kganyago. « Les décideurs politiques sud-africains doivent trouver des solutions plus pratiques pour faire face au chômage obstinément élevé dans le pays », a déclaré Kganyago lors d’une conférence animée à la Wits School of Governance. Répondant aux appels pour que la banque de réserve prenne des mesures plus drastiques pour relancer la croissance, y compris des appels à la baisse des taux d'intérêt, le gouverneur a souligné que la Banque centrale ne pouvait pas se permettre de céder à ces demandes pour le moment. ■

Ghana Les législateurs demandent le limogeage du ministre des Finances

L es réserves de gaz découvertes au Sénégal sont évaluées à « un peu moins de 1.000 mil- liards de m 3 », ce qui permet au pays de prétendre à la 5 ème place africaine correspondant au 27 ème rang mon- dial, a indiqué le Directeur général de Petrosen Exploration/Production (EP), Thierno Seydou Ly. Le cumul des gisements jusque-là découverts « fait un peu moins de 1.000 milliards Finances, accentuant la pression sur le gouvernement du pays confronté à une inflation record. Le ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, vient tout juste de rentrer de Washington où il participait à des pourparlers avec le Fonds monétaire internatio- nal (FMI) pour obtenir un prêt de trois milliards de dollars. En plus de Ofori- Atta, une majorité de parlementaires du Nouveau parti patriotique (NPP) de Akufo-Addo ont demandé le limo- L es législateurs du parti au pou- voir au Ghana ont appelé mardi au limogeage du ministre des

geage d'un autre responsable des Finances. Le président doit licencier immédiatement les deux fonction- naires « pour redonner espoir au sec- teur financier et inverser la tendance à la baisse de la croissance de notre économie », a déclaré à la presse le porte-parole du groupe parlemen- taire, Andy Appiah-Kubi. ■

Les réserves de gaz découvertes au Sénégal estimées à «un peu moins de 1.000 milliards de m 3 »

de m3 de gaz », a révélé Thierno Seydou Ly qui intervenait vendredi à Saly Portudal (ouest du Sénégal) au cours d’un atelier de partage sur le secteur des hydrocarbures. Cette rencontre de deux jours s’est tenue sous l’égide du ministère du Pétrole et des Energies, en partenariat avec le Collectif des journalistes écono- miques du Sénégal (COJES). ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Allemagne : L'inflation

L e président américain, Joe Biden, a indiqué qu'il pourrait imposer des taxes plus élevées aux compagnies pétrolières qui réalisent des bénéfices record sans réinvestir dans la production. Les prix de l'essence aux États-Unis demeurent toujours élevés une semaine avant les élections de mi-mandat.« L'industrie pétrolière n'a pas tenu son engagement d'investir aux Etats-Unis et de soutenir le peuple américain », a sou- ligné Biden dans un bref discours. Les entreprises qui ne réinvestissent pas dans la production, a-t-il dit, « vont payer une taxe plus élevée sur leurs bénéfices excédentaires et faire face à des restrictions ». L'idée d'imposer une taxe sur les bénéfices des compagnies pétrolières a suscité un regain d'attention parmi cer- tains membres du Congrès après que les prix de l'essence ont grimpé à plus de 5 dollars le gallon cet été. ■ Le président américain menace les grandes sociétés pétrolières de taxer leurs profits L’ Opep voit la demande mondiale de pétrole croître jusqu'en 2035, tirée par les pays en développement, notamment l'Afrique, l'Inde et d'autres pays d'Asie, principalement pour alimenter les transports et la pétrochimie, selon son rapport annuel rendu public lundi. Alors que la demande mondiale en 2021 était estimée à 96,9 millions de barils par jour (mb/j), elle grimperait à 109,5 mb/j d'ici 2035, horizon à partir duquel elle se stabiliserait à 109,8 mb/j au cours de la décennie suivante, estime ce rapport du cartel de producteurs de pétrole. « La demande des pays de l'OCDE est sur une trajectoire déclinante après 2024, tombant à 34 mb/j » sur la période couverte qui s'étend jusqu'en 2045 (contre 44,8 mb/j en 2021), soit une baisse de près de 11 mb/j, indiquent les auteurs du rapport. ■ L’Opep voit la demande mondiale de pétrole croître jusqu’en 2035

dépasse 10% en octobre

L e taux d'inflation a bondi en Allemagne à 10,4% en octobre 2022 par rapport au même mois de l'année précédente, sous l'effet notamment de la hausse des prix énergétiques dans le sillage de la guerre en Ukraine, a indiqué l'Office fédéral de la statistique Destatis. « Depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie ont sensiblement aug- menté et ont eu un impact significatif sur le taux d'inflation. En octobre 2022, les prix de l'énergie étaient supérieurs de 43% à ceux du même mois de l'année dernière », a indiqué Destatis. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis novembre 2021

Pire performance men- suelle depuis mars 2020 ◆ Le mois d'octobre n'a pas failli à sa réputation. ◆ L'indice phare de la place casablancaise a reculé de près de 7%.

eu lieu pendant le 10 ème mois de l'année. Notons que depuis le début d’année, le Masi abandonne 19%. Sur la semaine, 11 indices sectoriels ont clôturé en territoire négatif, contre 10 sur une note positive et deux secteurs sur une note stable. Le secteur «services aux collectivités»(-11,63%) a accusé le plus fort repli, suivi du secteur «télécommuni- cations» (-6,51%) et celui des «sociétés de portefeuilles-holding» (-5,67%). Contre-tendance, l'indice «sylviculture et papier» (+9,48%) a enregistré la meilleure performance hebdomadaire, devant celui des services de transport (+6,67%), puis celui de «société de financement et autres activités financières» (+2,66%). Le volume global s'est élevé à plus de 2,26 milliards de DH, dopé par des allers-retours sur le compartiment de blocs. Sur le podium des valeurs les plus actives, figurent Maroc Telecom avec un volume transactionnel de 75 MDH, Bank

of Africa (39,43 MDH) et Attijariwafa bank (35,9 MDH).

E ncore meurtri par un mois de septembre particulièrement difficile, le marché casablan- cais a signé sa plus forte baisse mensuelle depuis mars 2020, en perdant près de 7%. Entre inflation, hausse des taux, dispositions fiscales du PLF, déficit pluviométrique, resser- rement monétaire, les causes de cette chute sont multiples. Seuls 2 secteurs sur les 24 cotés en Bourse ont pu terminer dans le vert, alors que les volumes du mois se sont limités à 1,61 Md de DH, trahissant un manque d’initiatives criant des opérateurs. Le mode «risk-off» a donc dominé pendant tout le mois. Il faut dire que la réputation à haut risque d'octobre en Bourse renvoie surtout au fait que certains des grands krachs de la période moderne ont effectivement Par Y. Seddik

Marché obligataire : une séance exceptionnelle pour clôturer le mois Fait rare sur le marché des taux, le Trésor a organisé une séance d’adjudication de BDT sur une maturité de 45 jours. Cette séance exceptionnelle intervient dans un contexte marqué par un relèvement des exigences de rentabilité des inves- tisseurs et par les anticipations quant à l’enclenchement du processus de nor- malisation du taux directeur de BAM. Le montant total retenu pour cette séance est de 8,6 Mds de DH à un TMP de 2,38%, face à une demande de 13 Mds de DH, soit un taux de satisfaction de 66%. À fin octobre, la levée brute globale du Trésor s’établit à 12,1 Mds de DH, face à un besoin moyen annoncé de 9,7 Mds de DH, soit un taux de réalisation de 124%. ◆

Seuls 2 secteurs sur les 24 cotés en Bourse ont pu terminer dans le vert, trahissant un manque d’initia- tives criant des opérateurs.

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BOURSE & FINANCES

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Budget de l’Etat

◆ Alors que son besoin va dépasser les 100 Mds de DH d’ici la fin de l’année, l’Etat va devoir emprunter sans créer de pression sur le marché intérieur. Le Trésor joue aux équilibristes

mé lors de la présentation du PLF que la stratégie de finance- ment en 2023 continuera de se baser sur un arbitrage entre les dettes intérieure et extérieure. Concrètement, Fettah a indiqué que ce projet de Loi prévoit une dette extérieure de 60 milliards de dirhams, contre 40 Mds cette année. «Cela ne signifie pas que nous allons endetter davantage les finances publiques», a-t- elle assuré, précisant que cette année il n'y avait pas eu de sortie sur les marchés financiers internationaux parce qu'ils sont volatils. Dans ce sens, la ministre a souligné que les investisseurs internationaux manquaient de visibilité à cause d'un climat d'incertitude et n'ont pas défini leur stratégie d'investissement. Et de poursuivre : «On sortira sur les marchés internationaux une fois que nous aurons de la visibilité, pour sauvegarder l'image forte du Maroc dans les marchés internationaux jusqu'à présent». Nadia Fettah a également expli- qué qu'il s'agit d'arbitrer entre le marché intérieur et le marché extérieur, mettant en avant l'im- portance de sortir sur les mar- chés extérieurs pour reconfirmer l'appétit des marchés pour le Maroc. Évoquant les discus- sions avec le Fonds monétaire international (FMI), la ministre a affirmé que des discussions per- manentes sont entamées depuis le début de l'année autour des moyens de financement, dans le but d'explorer d'autres méca- nismes qui vont être des méca- nismes de crédit ou d'assurance, plutôt que de purs mécanismes de financement. ◆

tensions haussières en raison du relèvement attendu de l’offre du Trésor en BDT, conjuguée au rehaussement des exigences de rentabilité des investisseurs

dans un contexte inflation- niste qui s’annonce plus soutenable que prévu». En attendant une éventuelle ligne de financement auprès du FMI, le Trésor a effectué une sortie surprise sur le marché intérieur jeudi der- nier. C’est la première fois, du moins cette année, que le Trésor émet des bons du Trésor sur une maturité de

Le Trésor a pu mobiliser un mon- tant important de 8,6 Mds de dirhams auprès des inves- tisseurs jeudi,lors d’une adjudication «surprise» sur une maturité inhabi- tuelle de 45 jours.

45 jours et, le moins que l’on puisse dire, est que les investis- seurs ont répondu présents. Cette adjudication est tout aussi inhabituelle par son timing que par sa maturité. Finalement, le Trésor a pu mobiliser 8,6 Mds de dirhams auprès des inves- tisseurs à un taux de 2,38%. Un montant qu’il devra donc rembourser le 31 décembre. Autant dire qu’il aura du pain sur la planche durant toute cette année 2022 tendue pour les finances publiques. Cette opération «surprise» per- met au Trésor de boucler son besoin mensuel pour octobre estimé à 10 Mds de dirhams, avec une levée totale sur le mois supérieure à 12 Mds de dirhams. Ce mois d’octobre est particu- lièrement contraignant. Il doit y rembourser plus de 13,2 Mds de DH de dettes (y compris intérêts). C’est le mois qui verra la plus importante tombée de l’année. Qu’en est-il de 2023 ? La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a affir-

brut sur le marché extérieur. Par conséquent, le besoin de financement intérieur brut par mois a plus que doublé par rap- port au mois précédent, soit 25,5 Mds de dirhams, contre 12 Mds un mois auparavant. «La situation confortable des finances publiques à fin sep- tembre 2022 ne reflèterait pas la hausse attendue des besoins de financement intérieur d’ici la fin de l’année 2022» , com- mentent les analystes du bureau de recherche. Diversifier les financements L’un des principaux leviers de financement dont dispose le Trésor pour réduire les pres- sions futures sur la liquidité domestique est l’activation de la ligne LPL ou encore le tirage des DTS auprès de Bank Al-Maghrib. Malgré cela, AGR estime que «les taux obligataires devraient continuer à subir des

L e besoin de finance- ment brut du Trésor d'ici la fin de l’année 2022 devrait s’établir à plus de 100 milliards de dirhams, selon les estimations d'Attijari Global Research (AGR). Ce besoin est calculé sur la base du reliquat de financement du déficit budgétaire et les arriérés du Trésor, estimés par la Loi de Finances 2022 (LF-2022) à 61,4 Mds de DH. Il tient également compte d'un reliquat cumulé des tombées du Trésor à fin 2022 de 41,5 Mds (25,6 Mds de DH sur le marché intérieur et 15,9 Mds sur le marché extérieur). Par A. Hlimi

L’un des prin- cipaux leviers de finance- ment dont dis- pose le Trésor pour réduire les pressions futures sur la liquidité domestique est l’activation de la ligne LPL ou encore le tirage des DTS.

Grosse pression sur le marché intérieur

Selon les estimations de la LF 2022, l'argentier de l’État devrait couvrir 26,4 Mds de DH, soit 26% seulement de son besoin

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OPCI

◆ Le Projet de Loi de Finances 2023, s’il est adopté en l’état, signera l’arrêt de mort des OPCI. Les acteurs se disent «traumatisés» par les annonces du gouvernement. L’Etat retourne sa veste L ancés en grande pompe durant l’été 2019, les organismes de placement col- lectif en immobilier Par A. Hlimi

des banques à liquéfier leurs bilans. À transformer des biens immobiliers en argent frais qui sera redéployé dans l’économie. L'Etat, lui-même, les considère comme un ins- trument à exploiter pour la sor- tie de crise. Deuxièmement, le cadre réglementaire a été extrêmement bien verrouillé par l’AMMC, tout en offrant de la souplesse aux opéra- teurs en matière d’opportunité business. La profession a sou- vent salué, sur notre support, la rapidité avec laquelle les textes ont été adoptés ainsi que leur pertinence et le champ du possible (possibilité d'être cotés, etc.). Troisièmement, la fiscalité des OPCI a facilité leur développement en en faisant des véhicules neutres de ce point de vue-là. Et c’est jus- tement ce dernier pilier que le PLF 2023 remet totalement en cause.

nement prévoit de supprimer l’abattement de 60% au titre des dividendes remontés par les OPCI à leurs actionnaires. Concrètement, dans la régle- mentation actuelle, lorsqu’un OPCI verse 100 DH de divi- dendes à son actionnaire, seuls 40 DH sont imposables. L’Etat souhaite supprimer totalement cet avantage et soumettre la totalité des dividendes à l'impôt. Notre enquête nous a permis de comprendre la raison auprès d’opérateurs du secteur. L’Etat estime que certains investisseurs institu- tionnels utilisent cet abatte- ment pour faire de l’optimi- sation fiscale «appuyée». Ils apportent leurs actifs à un fonds dont ils sont les action- naires exclusifs, payent des loyers au fonds, puis récu- pèrent ces loyers sous forme de dividendes défiscalisés à hauteur de 60%, tout en géné- rant une plus-value d’apport au passage. Sur le papier, ce raisonnement est juste. Mais sur le terrain, l’on constate que les principaux actionnaires des fonds qui ont apporté des biens à leurs fonds, ont vendu une partie des parts à d'autres actionnaires externes. Cela se traduit par le paiement d’un IS excep- tionnel au profit de l’Etat et par l’arrivée de nou- veaux investisseurs dans le fonds qui partagent la richesse créée, balayant l'avantage fiscal décrit plus haut. Les opérations les plus médiatisées ces dernières années, notamment dans le secteur bancaire, ont

toutes connues ce sort. L’autre «pseudo abus» repro- ché à certains investisseurs institutionnels et qui en fait n’en est pas un, est d’être à la fois actionnaires des OPCI et locataires des actifs détenus par ces mêmes OPCI, ce qui contribuerait à optimiser fis- calement les loyers versés aux OPCI détenus. Cet argument n’est pas recevable dans la mesure où ces mêmes acteurs n’ont fait que remplacer une partie des amortissements desdits actifs, constatés dans leurs comptes, par les loyers qu’ils versent aux OPCI ainsi créés, ce qui se traduit par une quasi neutralité sur leur résultat. Par ailleurs, comme indiqué précédemment, une grande partie de ces acteurs ne bénéficient pas de la tota- lité des dividendes versés par lesdits OPCI puisqu’ils en ont cédé une partie des actions détenues. Pour la rédaction de cet article, OPCI, banques et ins- titutionnels témoignent sous anonymat pour des raisons évidentes. Mais le discours qui ressort de nos discussions est que quand bien même l’Etat a constaté des abus, il aurait fallu légiférer sur les abus et leurs causes et non sur le véhi- cule en entier. «Faut-il interdire aux gens de conduire à cause des accidents de la circulation ou faut-il lutter contre les acci- dents ?», résume, médusé, un acteur du secteur bancaire. Des conséquences drama- tiques pour le secteur Dans la profession, c’est

(OPCI) ont connu une ascen- sion fulgurante. Ni la crise sanitaire et encore moins les tensions géopolitiques n’ont eu raison de la croissance à deux chiffres de cette indus- trie. On parle aujourd’hui, après 3 années quasi pleines d’activité, d’une quarantaine de fonds, gérés par 9 sociétés de gestion avec un encours qui dépasse les 37 milliards de dirhams. Dans l’histoire des véhicules de placement au Maroc, des OPCVM aux fonds de titrisation, en passant par les contrats d’épargne classiques et les OPCR, aucun instrument n’a connu un tel démarrage. Et les raisons sont nombreuses. Premièrement, ce mécanisme répond à un réel besoin des investisseurs institutionnels et

La sup- pression de l’abattement va rendre les foncières classiques, pourtant moins régle- mentées, plus avantageuses que les OPCI.

Le raisonnement de l’Etat Dans le PLF 2023, le gouver-

Dans le PLF 2023, le gouvernement prévoit de suppri- mer l’abattement de 60% au titre des dividendes remon- tés par les OPCI à leurs actionnaires.

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l’hécatombe annoncée. La suppression de l’abattement va rendre les foncières clas- siques, pourtant moins régle- mentées, plus avantageuses. Rappelons ici que les OPCI ont pour but d’apporter de la liquidité dans le secteur immo- bilier, mais aussi de la trans- parence à travers un cadre réglementaire strict imposé par l’AMMC. Il ne leur est pas permis de pratiquer des amor- tissements et doivent remon- ter la quasi-totalité de leurs dividendes aux actionnaires. C'est leur raison d'être. Or, avec la disposition du PLF, ces véhicules vont demeurer plus contraignants, tout en payant jusqu’à 2 fois plus d’impôts que les foncières classiques, lesquelles, qui plus est, pra- tiquent l'amortissement comptable. Autant dire que personne n’ira investir dans les OPCI si cette mesure est adoptée.

Il existe une qua- rantaine de fonds en activité et quelques dizaines de dossiers seraient à l’étude chez l’AMMC.

sollicitées par des investis- seurs étrangers pour financer des activités industrielles au Maroc, les gérants de fonds estiment que cette mesure va définitivement les repous- ser. «Soit on a une fiscalité d’OPCI comme partout dans le monde, soit on supprime ce statut. Il faut que les étran- gers y reconnaissent les mêmes caractéristiques qu’ils ont sur leurs marchés. C’est le cas pour les OPCVM par exemple», explique un asset manager pour qui les règles comptables appliquées aux OPCI n'ont d'intérêt qu'avec un abattement sur les divi- dendes.

équipes dédiées autour de cette thématique. Le jeune marché des OPCI n'est qu'à ses débuts. Il est appelé à se développer en s’ouvrant aux investisseurs particuliers et au grand public. Or, pour que cette classe d’actifs se développe dans le retail, les fonds ont besoin de sponsors : des investisseurs qui prennent de grands tickets pour amorcer ce type d’OPCI qui seront, en fin de compte, destinés aux petits porteurs. Les mesures du PLF, telles que proposées par le gouvernement, vont rendre ce type d'initiatives inintéressant et, par consé- quent, priver définitivement les particuliers et les petits épargnants d’accéder à l’im- mobilier locatif à travers les OPCI. N’oublions pas aussi que le secteur est appelé à connaître un marché secon- daire beaucoup plus actif dans les quelques années à venir lorsque certains place- ments récents seront à matu- rité. Ces transactions portent sur des montants importants et génèrent des impôts sur les plus-values. Tout ceci sans oublier que les recettes fiscales générées

par les OPCI sont déjà consé- quentes malgré l’abattement: droits d’enregistrement, conservation foncière, TVA... On parle, ne l’oublions pas, d’un secteur capitalistique. Enfin, il en va de la crédibilité du marché des capitaux. Les investisseurs qui ont apporté leurs titres aux OPCI nous disent aujourd’hui se sentir «piégés». Il n’est pas dans l’intérêt de notre marché des capitaux d’avoir une fisca- lité qui évolue au gré des gouvernements et des aspi- rations à court terme. Les investisseurs locaux et étran- gers ont besoin de visibilité pour investir à long terme. Le cadre doit rester immuable sur le long terme pour que les règles du jeu soient com- prises et correctement appli- quées. Pour les opérateurs du marché, si cette mesure est appliquée, les investis- seurs seront réticents à faire confiance à tout autre nouvel instrument, quelle que soit sa nature. Passer une telle dis- position, c’est hypothéquer l’avenir des investissements privés au Maroc, que ce soit par les locaux ou les inves- tisseurs étrangers. Car chat échaudé craint l'eau froide. ◆

Des fonds risquent de fermer

Il existe une quarantaine de fonds en activité et quelques dizaines de dossiers seraient à l’étude chez l’AMMC. Parmi les 41 fonds en activité, près de 20 ont démarré avec des apports limités en cash pour profiter de la fenêtre permise par la Loi de Finances 2022, dans la perspective de faire des apports en nature en 2023. Pour certains promo- teurs de ce type de fonds, la suppression de l’abattement les poussera à faire marche arrière et, par extension, fer- mer purement et simplement leurs fonds qui ne serviront plus à rien. Autant dire que près de 50% des OPCI vont disparaitre tout simplement. L’image de l’investissement du Maroc à l’extérieur n’en sortira pas indemne. Un signal négatif aux investisseurs étrangers Alors que les sociétés de ges- tion se disent petit à petit

L’autre «pseudo

abus» repro- ché à certains investisseurs institution- nels et qui en fait n’en est pas un, est d’être à la fois actionnaires des OPCI et locataires des actifs déte- nus par ces mêmes OPCI.

Un écosystème à préserver

Autour de l’industrie des OPCI, gravite un écosystème tout aussi réglementé et qui a demandé des années de mise à niveau à travers de la formation, des systèmes d’in- formation coûteux, etc. Les évaluateurs immobiliers, par exemple, sont régulés direc- tement par le ministère des Finances. Les experts-comp- tables et les dépositaires ont aussi développé de nouveaux services et solutions avec des

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Actionnariat salarié

◆ Les filiales des groupes étrangers au Maroc se démarquent. ◆ Avant Label’Vie, la dernière opération remonte à 2019. Une culture encore difficile à instaurer

par l’octroi d’un financement pour l’acquisition des actions. Parallèlement, l'introduction en Bourse d'une société est aussi l'occasion d'intéres- ser les dirigeants et sala- riés de l'entreprise à son développement. Sur les dernières années, les struc- turations d’IPO réalisées sur le marché prévoyaient dans la majorité des cas des types d’ordres dédiés exclusivement aux salariés de l’émetteur. Citons Marsa Maroc ou TotalEnergies Maroc pour les cas les plus récents. Ces tranches représentaient en moyenne environ 5% de la taille de l’opération et bénéficiaient généralement d’une décote par rapport au prix proposé au public. Toutefois, les der- nières IPO sur le marché (Disty Technologies, TGG, Aradei Capital…) n’ont pas adressé directement ce type de sous- cripteurs.

choisi de faire bénéficier leurs salariés marocains de plans d’épargne salariale, en leur ouvrant la possibilité de sous- crire à des actions de la maison- mère.Sur les dix premiers mois de 2022, 10 groupes internationaux ont activé ce mode d’actionna- riat. Il s’agit de Airbus, Veolia, Société Générale, L’Oréal, Vinci, TotalEnergies, Capgemini, AXA, Sanofi et Nexans. Le nombre de ces offres varie, au cours des 10 dernières années, entre 8 à 10 par an, avec une certaine récurrence des émetteurs qui reviennent quasiment chaque année. Chez les émetteurs marocains et avant Label’Vie, la dernière opération remonte à 2019, quand BCP avait proposé une augmentation de capital par apport en numéraire réservée aux salariés du Crédit Populaire du Maroc d’un montant de 2,21 Mds de DH. Au final, ce mécanisme offre l’opportunité au salarié de se constituer une épargne pro- gressive à des conditions avan- tageuses, en s’exposant à un actif qu’il connaît mieux que qui- conque : l’action de son entre- prise. ◆

L’actionnariat salarié peut être mis en place via plusieurs schémas (plan d’épargne, attribution gratuite d'action, stock- options...)

salariés sont bloqués pendant une certaine période pour favo- riser la création de valeur à long terme. Au Maroc, malgré ses multiples avantages, cette pratique est peu développée. Elle se limite aux grands groupes qui pro- posent ce mode d’épargne à leurs salariés, en leur réservant, le plus souvent, des augmen- tations de capital. Tout récem- ment, c’est le groupe Label’Vie qui a lancé une augmentation de capital réservée aux membres du personnel pour un montant de 180 MDH. Dans sa note d’in- formation, l’entreprise explique que l’offre de participation des salariés éligibles dans son capi- tal, s’inscrit principalement dans le cadre de la motivation du per- sonnel et de l’amélioration de la compétitivité par l’adhésion des salariés au projet de déve- loppement du Groupe et par leur intéressement aux résultats. Elle participe également à la promotion de l’image sociale de Label’Vie auprès de son person- nel par la possibilité offerte d’ac- céder au statut d’actionnaire et

O util incontournable de fidélisation, l’action- nariat salarié reste très peu plébiscité au Maroc. A travers ce dispositif, les chefs d’entreprise font associer leurs employés à la vie financière de l’entreprise et à ses résultats. Ce mécanisme fait ainsi du salarié un actionnaire à long terme de la société, tout en permettant d’aligner les intérêts entre collaborateurs, action- naires et dirigeants. L’actionnariat salarié peut être mis en place via plusieurs sché- mas (plan d’épargne, attribution gratuite d'actions de l'entre- prise, stock options ou bons de souscription d’actions…). Ces différents schémas partagent deux points communs. D’un côté, les titres sont offerts aux salariés à des conditions préfé- rentielles : soit à un prix décoté par rapport au prix du marché, soit au prix du marché avec une participation complémentaire de l’employeur (abondement). De l’autre, les titres acquis par les Par Y. Seddik

Les filiales des groupes étrangers en tête

Sur les dix premiers mois de 2022, 10 groupes internatio- naux basés au Maroc ont activé ce

Au cours des dernières années, plusieurs groupes étrangers ayant des filiales au Maroc ont

La législation marocaine a prévu des dispositions visant à favo- riser l’actionnariat salarié avec notamment le Plan d’épargne entreprise (PEE), introduit par la Loi de Finances 2013. Il per- met aux salariés d’investir dans le capital de leur entreprise tout en étant exonérés de l’impôt sur les plus-values réalisées. Cet avantage fiscal est conditionné par le plafonnement des versements à 600.000 DH et par l’indisponibilité des sommes épargnées sur le PEE pendant une durée minimale de 5 ans. Les produits générés par le portefeuille doivent également être conservés pendant la période de 5 ans. Plan d’épargne entreprise : des avantages fiscaux

mode d’ac- tionnariat.

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