FNH N° 1092

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 19 janvier 2023 - 8 DH - N° 1092

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Touristes espagnols Nadia Fettah Alaoui - Chakib Alj L’entente parfaite Si près, si loin P. 14 P. 16/17

Le secteur face à moult risques et défis en 2023 P. 10/11 BANQUES

Divorce au Maroc /Droit de garde et de tutelle Les enfants à la croisée des chemins

Réforme des caisses de retraite La démographie n’y est pour rien !

P. 13

Politique Redonner confiance par les réformes !

P. 26 à 28

P. 29

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Davos : La mondialisation en

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pleine crise existentielle

Ça se passe au Maroc

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Ça se passe dans le monde

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Ça se passe en Afrique

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Editorial

> Bourse & Finances

> Economie 10

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Point Bourse Hebdo : Le Masi reprend du terrain

Par Fatima Ouriaghli

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Banques : Le secteur face à moult risques et défis

en 2023

Sahara marocain

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Bourse : Les actions à détenir en 2023 pour traver-

C’ est le quotidien français l’Opinion que le chef du gou- vernement, Aziz Akhannouch, a choisi pour sa première interview accordée à la presse étrangère. Deux éléments importants ressortent de cet entretien : l’Accord d’asso- ciation Maroc-Union européenne et la posture de la France dans le dossier du Sahara marocain. Sur le premier point, Akhannouch estime que cet accord a besoin d’un nouvel élan, même s’il est vrai que les échanges entre les deux par- ties ont triplé lors de la dernière décennie pour atteindre 45 milliards d'euros en 2021. Cela implique d’explorer d’autres pistes de coopéra- tion et de les élargir pour englober des domaines comme les énergies renouvelables, la sécurité alimentaire, les technologies de l'information et l'hydrogène vert. Et sur ce registre, le Maroc et l’UE jouent la même partition. C’était d’ailleurs la substance de la visite officielle effectuée dans le Royaume les 5 et 6 janvier par le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell. Cette visite a permis d’avoir une discussion approfondie sur la mise en œuvre du partenariat Maroc-UE, y compris dans la perspective du nouvel Agenda pour la Méditerranée, mais également de faire le point sur les dossiers en cours et d’explorer les domaines spécifiques où le dialogue et la coopération pourront davantage se renforcer. Sur la question du Sahara marocain, les propos du chef du gouverne- ment ont été pour le moins clairs. «Il y a de grandes évolutions dans la reconnaissance par les grandes puissances de la souveraineté du Maroc dans nos provinces du Sud. Paris ne doit pas simplement être un observateur», a-t-il déclaré. Dans un langage moins diplomatique, la France, qui revendique une amitié séculaire avec le Royaume, doit prendre ses responsabilités et sortir de l’ambiguïté, comme l’ont fait les Etats-Unis, l’Espagne ou encore l’Allemagne. Comme l’ont fait ceux qui se disent «amis» du Maroc et qui soutiennent sa position juste et légitime sur la maroca- nité du Sahara. Et le Roi Mohammed VI a été clair à ce propos, dans son discours du 20 août dernier : «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit». «(…) S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque» , ajoute-t-il. Sauf que, jusqu’à présent, Paris tergiverse. Sur fond d’arithmétique politicienne, elle ménage la chèvre et le chou en voulant notamment éviter de froisser Alger. Cette posture ne peut pas durer. A un moment ou un autre, il va falloir choisir son camp. u L’ARITHMÉTIQUE POLITICIENNE DE LA FRANCE

ser la zone de turbulences

Nadia Fettah Alaoui - Chakib Alj : L’entente parfaite

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Réforme des caisses de retraite : La démographie

Croissance : Un environnement économique qui incite

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n'y est pour rien !

à la prudence

Touristes espagnols : Si près, si loin

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Entretien avec Abdelhakim El Kadiri Boutchich :

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Résolution des différends, au cœur de la Cour

internationale

Habitat et urbanisme : 2023, une année déterminante

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pour relancer les différents programmes

Accès à l’éducation : Halte aux inégalités !

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> Focus Agricole

E-services : Le pari de la digitalisation du monde

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agricole

> L'univers des TPME

Financement de projets : L’INDH promeut un tourisme

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écoresponsable

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> Société

Divorce au Maroc /Droit de garde et de tutelle :

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Les enfants à la croisée des chemins

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> Politique Redonner confiance par les réformes ! 29

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> Culture

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Théâtre : Peinture décapante de l’Afrique du Sud

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Exposition : Expressionnisme de l'étrangeté

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Entretien avec Fatima Mabchour : «Notre association

s'investit dans l'apprentissage de la musique anda-

louse sur toute l'année»

> High-tech Drones : A la rescousse de l’industrie ! 34

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : Mohamed Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Davos La mondialisation en pleine crise existentielle Par D. William

P our quelques jours, la Suisse est devenue le point de conver- gence des grands décideurs de ce monde. Du 16 au 20 janvier, les élites politiques et écono- miques s’y retrouvent, dans le cadre du Forum économique mondial de Davos (WEF). Cette manifestation d’envergure voit la participation de plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que plus de 2.500 leaders, acteurs publics, dirigeants de grandes entreprises et responsables d'organisations internatio- nales et non gouvernementales. Retrouvailles pour certains, découverte pour d’autres, ce Forum intervient dans un contexte particulier marqué, entre autres, par la guerre en Ukraine, l’exa- cerbation des tensions géopolitiques internationales, les conflits commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis et les incertitudes qui pèsent sur l’économie

mondiale. Le président du WEF, Borge Brende, n’a pas dit autre chose lors d'un briefing la semaine dernière pour les journalistes. Cet événement «se tient dans le contexte géopolitique et géo- économique le plus complexe depuis des décennies» , a-t-il notamment déclaré. Le choix du thème principal de cette 53 ème édition du WFE est d’ailleurs assez révélateur : «Coopérer dans un monde fragmenté». Un thème qui pose, en effet, une sacrée équation, dans un monde où nationalisme, protectionnisme et popu- lisme se confondent parfois au nom d’une revendication devenue planétaire : le patriotisme économique. Qui semble être, en réalité, un fourre-tout au ser- vice des intérêts de … l’intelligentsia politique. De fait, cela remet en cause les dogmes sur lesquels était bâtie la mondialisation. Une mondialisation qui est confrontée à une profonde crise

d’identité, voire existentielle née de la pandémie liée à la Covid-19, qui s’est révélée comme un puissant marqueur de l’égoïsme des Etats et a enseveli les socles qui faisaient l’essence même de l’univers multidimensionnel de la mon- dialisation. Alors, 5 jours de débats, réflexions et autres discussions suffiront-ils pour pou- voir recoller les morceaux ? Les fractures géopolitiques et économiques sont-elles irréversibles ? Doit-on croire encore en la mondialisation ? Une chose est en tout cas sûre : il est illusoire de croire que l’on peut renouer avec la mondialisation dans son accep- tion initiale, celle qui prévalait avant la pandémie, surtout dans ce contexte où le protectionnisme et la course à la relo- calisation sont à leur paroxysme. C’est bien le début d’une nouvelle ère écono- mique. ◆

La pandémie a enseveli les socles qui fai- saient l’essence même de l’uni- vers multidi- mensionnel de la mondialisa- tion.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L a Chambre des représentants a adopté à l'unanimité, lundi 16 janvier 2023, lors d'une session législative, le projet de loi n°69.21 modifiant la loi n°15.95 formant code de commerce, édictant des dispositions particulières relatives aux délais de paie- ment. Lors de cette session, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, a présenté les principales dispositions de cette loi, notamment l'exemption des personnes physiques ou morales dont le chiffre d'affaires est inférieur à 2 MDH, en hors taxe, du domaine d'application des délais de paiement. Ce projet de loi prévoit de fixer le délai maximum de paiement, s'il est convenu entre les parties, à 120 jours au lieu de 90 jours et ce, à partir de la date de facturation au lieu de la date d'exécution de la prestation ou de la livraison de la marchandise. Ce texte prévoit aussi un délai exceptionnel ne dépassant pas 180 jours aux professionnels des secteurs à caractère spécifique ou saisonnier, conformément à des accords à signer, à cet effet, par leurs organisations profession- nelles via un décret qui sera adopté après consultation du Conseil de la concurrence. En outre, il est question d'instaurer un système de déclaration électrique, tous les trois mois, concernant les factures impayées dans leurs délais, celles payées partiellement ou totalement hors leurs délais et les factures qui n'ont pas été réglées, puisqu'elles font objet de litige devant le tribunal, avec l'octroi à l'Administration d'un contrôle de crédibilité des déclarations et la détermination des procédures de ce contrôle. Le projet de loi vise également à garantir à la personne morale ou physique, le droit permanent de revendiquer une indemnité en cas de non-respect du délai du paiement des montants dus par le débi- teur, et ce conformément à l'actuelle législation, en plus de prévoir une pénalité à verser au Trésor fixée à l'équivalent du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) pour le premier mois et à 0,85% pour tout mois ou fractions de mois supplémentaire. Cette pénalité sera appliquée sur le montant non payé dans les délais impartis pour toute facture (toute taxe comprise). Des sanctions pécuniaires sont aussi prévues en cas de non-respect des dispositions relatives aux déclarations et au paiement des pénalités de retard. ■ Délais de paiement : Ce qui va changer

C onformément aux hautes instructions du Roi, chef suprême et chef d'Etat-Major général des Forces armées royales, la première réunion du Comité de suivi de la coopération de défense maroco-israélienne s'est tenue les 16 et 17 janvier 2023 au Cercle mess des offi- ciers de Rabat. Co-présidée par le général de corps d’armée, inspecteur général des FAR, et Dror Shalom, directeur du Bureau des affaires politico-militaires du ministère de la Défense d’Israël, cette réunion a examiné les différents domaines de la coopération militaire bilatérale, notamment la logistique, la formation et les entraînements ainsi que l’acquisition et la modernisation des équipements. Les deux responsables se sont accordés à renforcer davantage cette coopération et à l’élargir à d’autres domaines, notamment le Renseignement, la Défense aérienne et la guerre électronique. ■ Maroc-Israël Réunion du Comité de suivi de la coopération de défense

Programme «Tatwir-R&D et Innovation»

Lancement du 1 er appel à projets

L e premier appel à projets relatif au pro- gramme d'appui à la recherche et dévelop- pement (R&D) et à l'innovation, «Tatwir-R&D et Innovation», vient d’être lancé à Casablanca, en présence du ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et du président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj. A cette occasion, Alj a souligné que ce pro- gramme, doté d'une enveloppe budgétaire de 300 MDH par an, pour la période 2023-2026, vise à soutenir annuellement au moins 100 projets qualifiés, à travers différents produits d'accom- pagnement. Cet appui permettra d'accompagner le secteur industriel national dans l'intégration des technologies de l'industrie 4.0, dont l'auto- matisation et l'intelligence artificielle, ou encore dans l'accélération de sa transition énergétique. Pour sa part, Mezzour a rappelé que ce pro- gramme représente une offre intégrée qui inter- vient à trois niveaux. Il s'agit de l'appui à la valorisation industrielle ou commerciale des brevets avec un soutien finan-

cier de 80% à hauteur d'un million de dirhams par projet, de l'appui au projet de la R&D et Innovation lié au développement de nouveaux produits ou procédés qui bénéficieront d'un sou- tien financier de 60% à hauteur de 4 MDH par projet, et d'un appui à l'industrialisation dans la phase pilote des produits innovants, avec un soutien de 30% à hauteur de 5 MDH par projet. Sont éligibles à ce soutien toutes les entreprises industrielles de droit privé marocaines dont le chiffre d'affaires (CA) est supérieur ou égal à 10 MDH, mais également les start-up en phase d'amorçage, avec la présentation d'un business plan sur une période minimale de trois ans et dont au moins une année, parmi ces trois années, pré- voit un CA qui dépasse 10 MDH. Les entreprises désirant bénéficier de ce programme devront soumettre leur dossier de candidature jusqu'au 15 décembre 2023. A l'issue du processus de sélection, le comité de suivi du fonds de soutien de l’innovation valide les projets retenus pour entamer les phases de contractualisation, de financement et de suivi. ■

8.163 C'est le nombre de GAB au Maroc. Les villes les mieux équipées sont Casablanca avec 1.587 GAB, Marrakech 707 GAB, Rabat 673 GAB, Tanger 494 GAB, Agadir 452 GAB et Fès avec 417 GAB.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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En Chine, le zéro Covid a donné un

L es salaires des Britanniques ont progres- sé sur le papier de 6,4% à fin novembre, mais l'inflation, qui frôle 11% au Royaume- Uni, signifie que la valeur des revenus a en réalité reculé de 2,6% sur un an, a annoncé l'Office national des statistiques (ONS). « La valeur en termes réels des salaires continue de baisser, avec les prix qui montent toujours plus vite que les revenus », a commenté sur Twitter le directeur des statistiques économiques de l'ONS, Darren Morgan, après la publication des données du marché du travail britannique pour les trois mois achevés fin novembre. Cette baisse de pouvoir d'achat, qui touche encore plus sévèrement les salariés du secteur public, « compte parmi les chutes les plus rapides » depuis 2001, c'est-à-dire depuis que ces sta- tistiques existent, a précisé Morgan. ■ Royaume-Uni Les salaires peinent à rattraper l'inflation

L’ indice des prix à la consom- mation (IPC) en Espagne a baissé en décembre de 1,1 point en glissement annuel à 5,7%, son chiffre le plus bas depuis novembre 2021, selon les données publiées par l'Institut national de la statistique (INE). Ce n'est pas le cas de l'inflation sous-jacente (hors produits alimen- taires non transformés et produits énergétiques), pour laquelle l'INE a relevé d'un dixième de point de pourcentage son estimation initiale de 6,9 %. ■ Espagne L'inflation à 5,7%, son taux le plus bas depuis novembre 2021

coup de mou à la croissance

L a Chine a connu en 2022 l'une de ses plus faibles croissances en quatre décennies, selon des chiffres offi- ciels publiés cette semaine. Le géant asiatique a suivi durant près de trois ans une stricte politique sanitaire dite du «zéro Covid», qui a permis à la popula-

tion d'être largement protégée du Covid-19. Ces mesures draco- niennes, qui reposaient sur des confinements dès la découverte de cas positifs, des restrictions aux déplacements et des tests de dépistage généralisés, ont fortement perturbé la production et les chaînes logistiques. Elles ont finalement été levées début décembre. Mais la décision a entraîné une hausse exponentielle du nombre de malades du Covid, ce qui constitue un frein majeur pour la reprise. Dans ce contexte, la Chine a vu en 2022 son produit intérieur brut croître de 3%, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). ■

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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L'Afrique perd 30% de sa production

Afrique du Sud Une corruption endémique

Ghana L’inflation atteint 54,1% en décembre 2022

agricole en raison du manque d'infrastructures

L a corruption est endémique dans toutes les sphères du gouvernement et des institutions en Afrique du Sud, a révélé la Commission de la fonction publique. « La corruption est devenue endémique dans trois sphères du gouvernement sud- africain et s'est infiltrée dans toutes les ins- titutions du pays », a déclaré le Commissaire Anele Gxoyiya, notant que cela sape la démocratie et la confiance du public dans l’exécutif et a un impact négatif sur les services de l'État, ainsi que sur le dévelop- pement communautaire et social. Il se fait l’écho des conclusions de la Commission judiciaire d’enquête sur la capture de l'État, dite Commission Zondo, et la corruption institutionnalisée dans le secteur public. ■ Kenya : Les envois de fonds atteignent un record L es envois de fonds des Kényans vivant à l'étranger ont atteint un record de 497,2 milliards de shillings en 2022 (1 USD = 123 Ksh), en hausse de 8,3% par rapport à 2021. Selon la Banque centrale du Kenya (CBK), les entrées ont été fortes en décembre à 357,3 millions de dollars, soit une augmentation de 3,4% par rapport à novembre. Les États-Unis restent la prin- cipale source d'envois de fonds au Kenya, représentant 55,5% en décembre, a indiqué la CBK, malgré l'inflation élevée enregistrée dans ce pays en 2022. L'argent envoyé par la diaspora représente l'une des principales sources de devises pour le Kenya, dépas- sant le tourisme, le thé et les exportations horticoles ces dernières années. ■

L e taux d'inflation sur un an au Ghana a fait un bond à 54,1% en décembre, atteignant un niveau record, selon le service des statistiques du Ghana (GSS). Le statisticien gouvernemental au GSS, Samuel Kobina Annim, qui a annoncé cette augmentation lors d'un point de presse, a indiqué que la hausse du taux d'inflation est due à l'augmentation des prix des denrées alimentaires et non-alimen- taires au cours du mois étudié. L'inflation des denrées alimentaires, qui représentent une part de 43,1% dans le panier des prix à la consom- mation, a augmenté pour passer à 59,7% en décembre contre 55,3% en novembre, a-t-il souligné. Les produits non-alimentaires, qui repré- sentent une part de 56,9% dans le panier des prix à la consommation, ont enregistré une inflation de 49,9% en décembre, contre 46,5% le mois précédent, a-t-il ajouté. ■

Souveraineté alimentaire Le Sommet Dakar2 «veut aller vers des actions concrètes» Elle a expliqué ainsi que les sols en Afrique font face à la menace de la surexploitation et de l’érosion, causant la dégradation continue des terres et affectant la productivité agricole. Par ailleurs, Sacko a noté que l'Afrique utilise actuel- lement en moyenne 18 kilogrammes d'engrais par hectare, ce qui est très peu par rapport aux normes internationales. ■ L e continent africain perd chaque année environ 30% de sa production agricole en raison du manque d'infras- tructures, a indiqué mardi la Commissaire de l'Union africaine (UA) pour l'économie rurale et l'agriculture, Josefa Sacko. « Ce chiffre constitue un important manque à gagner pour nourrir les populations du continent », a déclaré Sacko en marge d’une visite à la capitale angolaise Luanda, soulignant que les problèmes des sols et des engrais en Afrique repré- sentent d'autres défis auxquels il faut remédier.

L e Sommet sur la souveraineté alimentaire aura lieu à Dakar du 25 au 27 janvier, à l'initiative du Sénégal et de la Banque africaine de développement (BAD). Il veut « amener les pays africains à engager la réflexion pour chan- ger de paradigme, aller vers des actions concrètes afin d’assu- rer la souveraineté alimentaire », a déclaré le ministre sénégalais de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye. Rappelons que la première édition de ce Sommet s’est tenue en 2015. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis janvier 2022

Le Masi reprend du terrain ◆ Après une semaine noire sur le marché actions, un rebond s’est mis en place, arrêtant (momentanément) la dynamique baissière.

BAM sur le marché secondaire. Celle-ci a porté sur un montant total de 15 milliards de DH, avec un double objectif. D’abord, liquéfier le mar- ché des BDT afin d’apporter plus de marge de manœuvre pour de nouvelles souscriptions sur le marché primaire. Ensuite, diminuer les pressions sur le segment CT de la courbe obligataire qui a connu des hausses importantes depuis septembre dernier. Sur les actions, les grosses capitali- sations, et surtout les bancaires, ont profité de cette accalmie sur les taux et ont largement soutenu le rebond cette semaine. Résultat des courses : le Masi a récupéré plus de 7% à 10.412 points sur les cinq dernières séances, effaçant ainsi une bonne partie de ses pertes depuis le début d’année. Au terme de cette semaine, 16 secteurs ont terminé en hausse, 5 en baisse et 2 sont restés stables. Le secteur des

sociétés de portefeuilles et holdings a réalisé la meilleure performance de la semaine (11,79%), devant ceux du bâtiment et matériaux de construction (10,95%) et de l’électricité (10,86%). Du côté des perdants, le secteur des ingé- nieries et biens d'équipement indus- triels (-3,06%) a accusé le plus fort repli, suivi du secteur des loisirs et hôtels (-0,76%) et de celui des distribu- teurs (-0,36%). Au titre de cette semaine, le volume global des échanges s'est élevé à plus de 429 MDH. Sur le podium des valeurs les plus actives figurent Maroc Telecom avec un volume de 106,59 MDH, Attijariwafa bank (103,48 MDH) et Marsa Maroc (34,55 MDH). Techniquement, le rebond technique reste d’actualité tant que le niveau des 10.200 points n’est pas cassé avec 10.350 points en résistance, suivie en cas de cassure par 10.500 points. ◆

E n ce début d’année 2023, les investisseurs sont toujours en train de réinitialiser leurs logiciels en testant de nou- velles formules, sans convic- tions réellement fortes, faute d'une visibilité suffisante. La question cen- trale est celle du choix du véhicule d’investissement adéquat qui devrait permettre d’assurer la préservation du capital et, dans la mesure du possible, sa fructification. Le marché actions, qui offre pour le moment un niveau de valorisation inté- ressant, évolue toujours au gré de ce qui se passe sur le compartiment des taux, lequel connaît toujours de fortes turbulences. D’ailleurs, cette semaine a encore été mouvementée par une levée record du Trésor sur le primaire ainsi qu’une première intervention inédite de Par Y. Seddik

Au terme de cette semaine, 16 secteurs ont terminé en hausse, 5 en baisse et 2 sont restés stables.

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BOURSE & FINANCES

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Banques

◆ Les banques marocaines se préparent à des conditions économiques plus difficiles en 2023. ◆ La hausse des taux, les créances non-performantes, la transition climatique ou encore la digitalisation sont parmi les dossiers chauds de cette année. Le secteur face à moult risques et défis en 2023

au passif. D’ailleurs, selon une étude de

risques physiques est esti- mée à environ 35% du total des actifs. L’exposition directe atteint 8% des actifs, et couvre les prêts aux secteurs de l’agri- culture, de l'agro-industrie et de l’agroalimentaire. En outre, le secteur du tourisme et les prêts hypothécaires aux ménages sont indirectement exposés aux risques phy- siques, atteignant 27% sup- plémentaires des actifs. Les scénarios catastrophes simulés par la Banque mon- diale entraîneraient une aug- mentation des prêts non performants et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres. Ainsi, les dif- férents scénarios de séche- resse pourraient entraîner une augmentation des prêts non performants à l’échelle du système comprise entre 2,1 (sécheresse historique de trois ans) et 3,3 points de pourcentage, et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres comprise entre 1,0 et 1,6 point de pourcentage. À leur tour, les scénarios d’inondation entraînent une augmentation des prêts non performants à l’échelle du système allant de 1,2 à 1,7 point de pourcentage, et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres allant de 0,4 à 0,6 point de pourcen- tage.

Fitch Ratings, les impacts positifs de la hausse des taux d'intérêt sur les bénéfices des banques marocaines tarderont à se faire sentir. Ces hausses de taux mettront du temps à se traduire par des taux débiteurs plus élevés, car plus de 90% des prêts

Dans un contexte incertain, les banques maro- caines devront rester vigilantes sur leurs expositions en 2022.

sont à taux fixe et environ 70% à moyen ou long terme. Pour l’agence de notation, les marges nettes d'intérêt devraient légèrement baisser à court terme en raison d'une réévaluation des passifs plus rapide que celle des actifs. Selon BAM, une hausse de 200 pbs des taux d'intérêt entraînerait une réduction à court terme de 3% des revenus nets d'intérêts des banques, en moyenne. La transition climatique La transition vers une éco- nomie verte sur laquelle est engagé le Maroc depuis quelques années, peut affec- ter les portefeuilles d'inves- tissement des banques en réduisant la valeur de leurs fonds propres et des obliga- tions qu'elles détiennent dans les entreprises affectées. En effet, selon une étude de la Banque mondiale, l’exposi- tion directe et indirecte des banques marocaines aux

tions, d’autant que les agents économiques présentent des niveaux d’endettement élevés. A ce lot de risques, s’ajoutent quelques défis aux- quels les établissements ban- caires devront faire face. Les taux Le principal sujet de préoc- cupation sur les marchés financiers à l’heure actuelle est sans doute la hausse des taux. Si cette dernière est structurellement favorable aux banques, elle devrait contribuer pour l’instant à faire baisser les résultats du secteur. Cela tient à un décalage entre l’évolution très lente du rendement des actifs bancaires et une hausse plus rapide du coût de la ressource

L a guerre en Ukraine, les problématiques dans les chaînes d'approvisionne- ment, la hausse de l'inflation ainsi que l’envolée des taux d'intérêt qui l'ac- compagnent ont fortement occupé le secteur bancaire en 2022, qui a tout de même fait preuve de résilience. En 2023, les pressions inflationnistes resteront fortes. Et avec un pouvoir d’achat laminé, les ménages seront en mode défensif. L’investissement des entreprises faiblira lui aussi face au coup de frein de la consommation. Ce contexte conduira les banques à res- ter vigilantes sur leurs exposi- Par Y. Seddik

Les impacts positifs de la hausse des taux d'inté- rêt sur les bénéfices des banques tar- deront à se faire sentir.

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BOURSE & FINANCES

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mation de cette tendance pour les années à venir. Selon une étude récente sur la digitalisation du secteur ban- caire au Maroc, notamment sur les canaux de souscrip- tion des produits financiers, le M-banking arrive en tête chez les moins de 35 ans, tandis que l’agence rafle la première place auprès des 36-55 ans, en concurrence avec le M-banking/e-banking. Quant aux plus de 56 ans, l’agence est sans nul doute le canal privilégié. Véritable lieu de commerce et vecteur de la relation client/banquier, au Maroc, l’agence bancaire doit néanmoins se réinventer. Par ailleurs, il faut garder en tête le fait que cette digita- lisation peut aussi induire des risques liés à la stabilité

financière, à la protection des consommateurs, au blanchi- ment des capitaux ou encore à la cybersécurité.

cer proprement l’économie. Pour l’heure, la mise en place d’un marché secondaire s’est imposée comme l’unique solu- tion pour libérer les bilans des banques des prêts non perfor- mants. La complexité du projet de recyclage des créances en souffrance initialement prévu pour 2022 a retardé sa mise en place. Ce chantier porte en effet sur l’identification et la mise en place des conditions pré- alables pour la création de ce marché en vue de réduire le portefeuille des créances en souffrance porté par les banques, à travers une cession auprès d’investisseurs inté- ressés. Ces cessions permet- traient d’accroître les capa- cités des banques à financer l’économie. ◆

La digitalisation La digitalisation, qui occupe les banques depuis des années, reste au programme en 2023. Entre métamor- phoses des agences ban- caires et développement de nouveaux services numé- riques, les chantiers pour améliorer l'expérience client se multiplient. Désormais, l’omnicanal est au cœur de la stratégie de la plu- part des banques marocaines. Le canal mobile (M-banking) se démarque clairement comme canal digital de réfé- rence devant l’Internet ban- king, pourtant précurseur. Suite à la nouvelle réglemen- tation de Bank Al-Maghrib permettant une entrée en rela- tion complètement digitalisée, il faut s’attendre à une confir-

Les créances en souffrance

L’inflation et le ralen- tissement économique ont contribué à alourdir l’ardoise des prêts non performants chez les banques l’an- née écoulée.

Dernier point, mais non des moindres : la problématique des créances en souffrance, qui n’est pas un sujet nouveau pour les banques. L’inflation et le ralentissement écono- mique ont contribué à alourdir l’ardoise des prêts non per- formants chez les banques l’année écoulée. Ceux-ci culminent à fin novembre 2022 à 89 milliards de DH, soit 8,7% des encours de crédit à l’économie. D’un côté, ces prêts pèsent sur la rentabi- lité des banques, et de l’autre, entravent leur capacité à finan-

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Bourse

◆ Qualifiant 2022 de désillusion, où les espoirs de reprise ont été douchés par l’inflation et le conflit en Ukraine, BMCE Capital Global Research propose son portefeuille type pour traverser les péripéties de 2023. Les actions à détenir en 2023 pour traverser la zone de turbulences

contre-performance de -2,9%. De son côté, le marché action s’est embourbé dans une

de valorisation très intéres- sant que propose la Bourse de Casablanca en 2023 devrait inciter les investisseurs à opter pour une stratégie de stock picking afin de profiter des opportunités que ne manque pas d’offrir un marché Bearish, en se référant au principe que «c’est dans les marchés bais- siers que se construisent les performances futures». BKGR a ainsi sélectionné des valeurs de rendement, d’autres de croissance, de résilience, puis des valeurs dites robustes. «Cette formu- lation «fondamentalo-quan- titative» mise en œuvre par nos soins nous a conduit à sélectionner 13 sociétés qui répondent parfaitement à la thématique abordée afin de constituer notre portefeuille», indique-t-on. ◆

spirale baissière intermi- nable sans signe réel de redressement. Pour ne rien arranger, l’environnement de taux haussier a réduit son spread (D/Y vs. BDT

La Bourse perd de son attractivité face aux obligations.

10 ans) comme peau de cha- grin et assiste actuellement à la fermeture d’une fenêtre d’opportunité lui étant favo- rable depuis près de 8 ans : «les investisseurs se voient, dans ces conditions, contraints d’adopter une stratégie de wait and see pêchant elle aussi par son excès de prudence». Quelle stratégie d’investis- sement ? Pour BKGR, et en dépit du contexte en apparence défa- vorable à l’action, le niveau

quoique prévisible, de la poli- tique monétaire du Royaume et navigue actuellement à vue, étant donné l’incertitude entourant l’évolution future du taux directeur. «Cette ins- tabilité s’illustre par l’allure hors norme de la courbe des taux primaires, complètement décorrélée avec la réalité de marché, et l’aplatissement de la courbe des taux secondaire reflétant l’attrait des investis- seurs pour les maturités très court terme, assimilables à des quasi-liquidités, et ce dans l’at- tente davantage de visibilité», analyse BMCE Capital Global Research. Dans ces conditions, et para- doxalement, le Moroccan Bond Index -MBI- affiche, pour la première fois depuis plus d’une décennie, lui aussi, une

D ans une note de recherche exhaus- tive, balayant les perspectives annuelles sur le plan macro et fondamental, les analystes de BMCE Capital Global Research décrivent la situation atypique actuelle où l’arbitrage action/obligation n’est pas évident. «Compte tenu du contexte macroéco- nomique actuel, les investis- seurs font face à une situation atypique rendant délicat l’arbi- trage entre l’action et l’obliga- tion», expliquent-ils. En effet, le marché obliga- taire, caractérisé générale- ment par sa constance, fait face à de fortes turbulences depuis le resserrement brutal, Par A. Hlimi

Marché des taux : Manque de visibilité

Les inves- tisseurs font face à une situation atypique, ren- dant délicat l’arbitrage entre l’action et l’obliga- tion.

Pour BKGR, la soutenabilité à long à terme de la dette publique devient un souci majeur, notamment dans le contexte actuel de forte hausse des taux aussi bien en local qu’à l’international. Pour les analystes, les besoins du Trésor pourraient ne pas être entièrement levés, notamment au cours du pre- mier trimestre de l’année, en raison de l’attentisme des investisseurs. Raison pour laquelle Bank Al-Maghrib intervient sur le marché à travers des opérations d’Open Market, permettant ainsi d’améliorer la liquidité des intervenants.

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Réforme des caisses de retraite La démographie n’y est pour rien !

65 ans, autant pour le secteur public que privé. De même, une hausse des cotisations avec un seuil minimum de pension, fixé à hauteur de deux fois le SMIG est envisagée. De l’autre côté, les syndicats plaident pour une unification des régimes de retraite et un âge de départ à la retraite à 63 ans. Le dialogue est entamé, et pro- met d’être virulent. En attendant, l’état de santé financier de nos caisses de retraite demeure alarmant, sauf pour la CNSS qui semble pouvoir tirer son épingle du jeu jusqu’en 2038. Cependant, le recul de l’âge de départ à la retraite doit-il être tou- jours perçu comme une baguette magique par les différents gou- vernements ? Car cette mesure systématiquement usitée dès lors qu’il s’agit de rééquilibrer les comptes des caisses de retraite, ressemble à s’y méprendre à un achat de temps, qui permet tout au plus de repousser le problème à plus tard. D’autant plus que si le choix du gouvernement de passer à un âge de départ à 65 ans venait à se réaliser, cela poserait d’importants problèmes de cohérence. Car, on aurait dans ce cas un même âge de départ à la retraite que les Français, avec une espérance de vie moyenne à la naissance inférieure de 4 ans environ. Et là, je ne parle même pas de l'espérance de vie en bonne santé, où l’écart pourrait être probablement plus grand, vu l’état de notre système de santé et le nombre de personnes vivant dans une situation de précarité au Maroc. Mais d’autres alternatives existent La plus criante, mais en même temps la plus occultée, est celle de voir l’informel comme

une armée de réserve démogra- phique. Car des millions de jeunes travaillent dans l’informel, mais ne cotisent pas. Si ces derniers venaient à être intégrés dans le secteur formel, leur jeune âge et leurs cotisations feraient d’eux une sorte de nouveaux nés du point de vue des caisses de retraite. Rappelons que quand on parle de l’informel, on parle de 77% de la main-d'œuvre maro- caine selon un récent rapport de la Banque mondiale. C’est le taux le plus élevé de la région MENA. Il y a là de quoi donner un second souffle à nos caisses de retraite. L’autre levier sur lequel on pourrait agir, est celui de la productivité du travail. Puisque, pour une rai- son très simple, si cette dernière venait à augmenter de manière importante dans les décennies à venir, les niveaux de revenus, de richesses créées et de cotisations augmenteront proportionnelle- ment. Cela équivaudrait à doubler la taille de population active du point de vue économique, en gar- dant la même taille du point de vue démographique. Autrement dit, la productivité d’un travailleur marocain dans 20 ans, devra être l’équivalent de celle de 2 ou 3 Marocains aujourd’hui. Cette mul- tiplication s’applique par consé- quent aussi aux cotisations. Ainsi, acheter du temps c’est bien, mais pour en faire quoi ? C’est une autre paire de manches. Nous avons aujourd’hui la pos- sibilité d’explorer de nouvelles pistes novatrices pour résoudre l’actuel et futur problèmes de nos caisses de retraite, sans repro- duire les erreurs d’autres pays, qui résument globalement le pro- blème à une question d’âge de départ à la retraite. Abraham Maslow disait : «Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou». ◆

L’exécutif propose entre, autres, un relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, autant pour le secteur public que privé.

plus en en plus pressante. Tout d’abord, le contexte démo- graphique. Car le Maroc est en train d’achever sa transition démographique, entamée vers le milieu des années 1970. Il en résulte une baisse inexorable du taux de fécondité, qui gra- vite actuellement autour du taux de remplacement (environ 2,1 enfants par femme), atteignant même un taux de 1,9 enfant par femme en milieu urbain. Dans le même temps, le vieillisse- ment de la population marocaine commence à prendre de l’am- pleur, avec 4,3 millions de per- sonnes âgées de plus de 60 ans en 2021, selon les données du HCP. Soit environ 11,7% du total de la population. Nous sommes encore loin de l’inversion de la pyramide démographique, mais comme dit l’adage : «Il vaut mieux prévenir que guérir». D’autres facteurs sociodémogra- phiques posent également pro- blème du point de vue de la dyna- mique démographique, comme l’augmentation du taux de célibat et le retard de l’âge moyen du pre- mier mariage. Que propose l’exé- cutif pour y faire face ? Plusieurs mesures semblent être retenues. Premièrement, un relèvement de l’âge de départ à la retraite à

L es contestations contre la réforme des retraites battent leur plein actuel- lement en France. Pour cause, un recul de l’âge légal du départ à la retraite et une augmentation du nombre de trimestres à travailler ne semblent pas plaire à tout le monde. D’un côté, les politiciens, jour- nalistes et experts proches du gouvernement actuel semblent reprocher aux futurs retraités le fait qu’ils vivront plus longtemps, voire trop longtemps après leur départ à la retraite à l’âge de 63 ans, sachant que l’espérance de vie moyenne est actuelle- ment en France de 79 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes, et que la fécondité est en déclin. De l’autre, des syndicalistes de gauche et autres experts considèrent l’actuel régime des retraites comme un sanctuaire qu’il serait interdit de profaner. Mais cela reste une affaire de Français, qui ne nous concerne pas tout à fait, si ce n’est qu’il n’y a pas qu’en France que la ques- tion se pose. Puisqu’au Maroc, la question se pose de manière de Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d’Archè Consulting

L’état de santé finan- cier de nos caisses de retraite demeure

alarmant, sauf pour

la CNSS qui semble pou- voir tirer son épingle du jeu jusqu’en 2038.

E CONOMIE

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Nadia Fettah Alaoui - Chakib Alj

◆ La Charte de l’investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement devraient donner une impulsion à l’entreprise. ◆ On s’oriente de plus en plus vers un taux unifié de l’IS. L’entente parfaite T enue le 18 janvier 2022, en présence Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Économie et des Finances, la réunion du des leviers pour le développe- ment économique. «Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie et des Finances afin de concré- tiser une baisse progressive du taux de l’IS» , a-t-il indiqué. Par C. Jaidani

de la CGEM. «L’entrée en vigueur de la loi cadre relative à la Charte de l’investissement et la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement devraient donner une forte impulsion aux lancements des projets et le renforcement des capitaux des entreprises. Le programme d’appui à l’innovation indus- trielle, dont la convention a été signée le 15 septembre 2022, donnera un élan à la recherche et au développement. D’autres chantiers sociaux sont en cours d’opérationnalisation, comme le respect des engage- ments prévus dans le cadre de l’accord, la réforme du Code du travail ou la promulgation de la loi sur le droit de grève», a ajouté Alj. Le président de la CGEM a indi- qué également que le dévelop- pement du digital et la transition énergétique figurent parmi les priorités du patronat. Ils sont

pement des infrastructures hydriques de distribution» , a-t- elle indiqué. Sur le plan législatif, 2022 a été très riche, à travers la promul- gation de textes fondamentaux comme la loi sur la concurrence. Pour la LF 2023, 110 amende- ments ont été acceptés contre 102 une année auparavant. Nadia Fettah a aussi rappelé que 75% des échanges du Maroc se font avec la zone Euro, qui devrait connaître une quasi-sta- gnation en 2023. Au niveau social, la ministre a affirmé que le Maroc poursuivra le soutien des secteurs straté- giques, à l’image de l’éducation et de la santé en mobilisant un important budget de 100 mil- liards de DH. Le chantier de la généralisation de l’assurance maladie devrait se poursuivre ainsi que celui des retraites. Le secteur de l’assurance est un levier de taille pour accompa- gner ces projets. Pour relancer la croissance, la cadence de l’investissement va être accélérée. A cet égard, la préférence nationale sera consolidée davantage. Concernant les délais de paie- ment, la ministre a annoncé que le projet de loi 69/21devrait pas- ser cette semaine au Parlement. Quant à la fiscalité, Fettah Alaoui a noté que pour l’IS, on s’oriente de plus en plus vers un taux unifié. «Nous sommes passé d’un barème à six taux vers un autre à trois. Le taux de 20% devrait améliorer la compétiti- vité de l’entreprise», a souligné la ministre de l’Économie et des Finances. ◆

Conseil national de l’entreprise (CNE) a été l’occasion pour le patronat et le ministère de dis- cuter de l’environnement socioé- conomique national, des compo- santes de la Loi de Finances 2023, des priorités communes ainsi que des difficultés que vivent certains secteurs d’activités. «2022 a été marquée par dif- férents challenges ayant pesé lourdement sur la conjoncture économique internationale, à l’image de la guerre en Ukraine et le renchérissement des prix. Au niveau national, la séche- resse a réduit la croissance. La même année a été marquée par la montée de l’inflation qui s’est établie à 6,5%» , a souligné d’emblée Chakib Alj, président

Même son de cloche chez Nadia Fettah Alaoui, qui a mis en exergue les conditions diffi- ciles ayant impacté l’économie nationale. «Nous avons traversé des crises inédites par leur ampleur et leur fréquence. Cet environnement nous a contraints à vivre dans un monde marqué par les incer- titudes. Les différentes mesures et les réformes entamées ont permis au Royaume d’être rési- lient. Malgré la hausse des fac- tures énergétique et alimentaire, le secteur extérieur ne s’est pas écroulé, et ce grâce aux per- formances des phosphates et de l’automobile. Les transferts record des MRE ont pu égale- ment préserver nos avoirs en devises, aidés par la reprise du tourisme» , affirme Fettah. Pour la ministre, l’inflation était l’un des défis majeurs. Le Maroc a terminé l’année à 6,5%, mais le taux aurait pu atteindre plus de 10%, comme c’est le cas pour d’autres pays de la région. Les mesures prises, la politique

Pour relancer la croissance, la cadence de l’investisse- ment va être accélérée.

agricole et le soutien à cer- tains produits ont permis d’en atténuer l’effet.

Le patronat s’attend à de nombreux chantiers structu- rants au profit de l’entreprise maro- caine en 2023.

« Nous avons mis en place un vaste plan pour faire face à la sécheresse à travers la construction de nouveaux barrages, des stations de dessalement d’eau de mer ou le dévelop-

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