FNH N°1008

Découvrez le numéro 1008 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 28 janvier 2021 - 8 DH - N° 1008

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Dette publique Gare à la hausse de la pression fiscale !

Blockchain – Cryptomonnaies «Le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs»

Badr Bellaj, co-fondateur de l’entreprise technologique Mchain

P. 11

P. 12/13

Risques climatiques Les régulateurs financiers pleinement engagés «Les vaccins sont actifs sur les variants» P. 24/25 AstraZeneca-Sinopharm Tanger Alliance, nouveau relais de croissance Marsa Maroc

Pr Said Motaouakkil, membre du Comité scientifique et technique national

Libertés individuelles

Tous en otage malgré les vaccins

● Tanger Alliance a reçu le 1 er janvier 2021 son premier navire porte-conte- neurs. Mohammed Abdeljalil, président du Directoire de Marsa Maroc, nous parle de l’importance stratégique de cette filiale. P. 19

P. 22/23

Les ravages du coronavirus Conjoncture économique

P.18

Bourse

8 valeurs pour jouer la thématique «cash»

● Plus de 8 entreprises sur 10 ne prévoient pas d'investir en 2021. P. 26/27

P. 14

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

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Voyons voir : Les vaccins sont là, et après ? Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Un potentiel de hausse libéré «Dette Covid-19» et dégradation des finances publiques : Gare à la hausse de la pression fiscale ! Entretien avec Badr Bellaj : Blockchain – Cryptomonnaies, «le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs» Bourse : 8 valeurs pour jouer la thématique «cash» Entretien avec Laila El Andaloussi : «L’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de gestion» Risques climatiques : Les régulateurs financiers pleinement engagés Entretien avec Mohammed Abdeljalil : Marsa Maroc, Tanger Alliance, nouveau relais de crois-sance Taxation des profits immobiliers : Ambiguïtés dans les zones ne disposant pas de référentiel des prix

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Par Fatima Ouriaghli

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L ’ économie nationale va toujours mal. Même si la reprise a per- mis quelque peu d’amorcer une relance après la période de confinement strict, plusieurs secteurs économiques peinent à se relever. Si l’arrivée des vaccins était synonyme d’une relance durable de l’économie, il faut néanmoins se rendre à l’évidence : il va falloir encore attendre pour voir le tissu économique se libérer complètement des nasses de cette pan- démie. Les mesures restrictives perdureront encore, avec en toile de fond les défaillances d’entreprises qui vont augmenter et un taux de chômage qui risque d’exploser. Déjà, beaucoup d’entreprises traînent les séquelles d’une année 2020 désastreuse. Selon les résultats de l’enquête réalisée LES VARIANTS FAUSSENT LA DONNE

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> Economie

Libertés individuelles : Tous en otage malgré les vaccins Entretien avec Pr Said Motaouakkil : Covid-19, «Les vac- cins d'AstraZeneca et de Sinopharm sont actifs sur les variants» Economie marocaine : Les ravages du coronavirus Transport touristique : Les professionnels appellent au prolongement des mesures d’aide Télétravail : Cette méthode commence-t-elle à atteindre ses limites ? Cybersécurité : Comment se protéger et protéger ses enfants à bas coûts

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par le haut-commissariat au Plan auprès de 3.600 entreprises, plus de 16% d’entre elles sont en arrêt définitif ou temporaire à fin 2020, 83% ont subi une baisse de leur activité au second semestre et près de 50% connaissent des difficultés de trésorerie. Ce tableau sombre cache néan- moins des disparités, vu que cer- taines branches d’activités sont encore particulièrement touchées par les mesures de précaution et de sécurité mises en place par les autorités. Ce qui légitime, d’ailleurs, le fait que les entreprises de la

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Pour cet exercice 2021, l’horizon est encore clair-obscur, même si les prévi- sionnistes tablent sur un taux de croissance entre 4 et 4,6%.

> Focus Agricole Souks hebdomadaires : La pluie enclenche une nouvelle dynamique 32 > L'univers des TPME Ecosystème entrepreneurial : Le CMD de l’ENCG de Settat suscite la réflexion 31

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> Politique Nouvel ordre séculier 34 > Développement durable

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Pacte de l'exemplarité de l'Administration : Des résultats déjà palpables Programme «Tatwir croissance verte» : 1 Md de DH d’investissements projetés

construction (56%) et celles opérant dans l’hébergement et la restauration (64%) aient réduit de plus de la moitié leurs effectifs durant le deuxième semestre 2020 par rapport à la même période 2019. Et pour cet exercice 2021, l’horizon est encore clair-obscur, quand bien même les prévisionnistes tablent sur un taux de croissance qui devrait osciller entre 4 et 4,6%. D’autant que ces projections sont accompagnées de beaucoup de réserves, dont la plus importante est, sans aucun doute, la maîtrise de la pandémie. Or, sur ce registre, rien n’est certain. Partout dans le monde, les pays durcissent les restrictions, voire se reconfinent en raison de l’apparition des variants du coronavirus. Et ce, malgré des campagnes de vaccination lancées à grande échelle. Quand on sait qu’un cas du variant britannique a été décelé sur le territoire national, cela pousse forcément au scepticisme. Le Maroc échappera-t-il à un reconfinement ? Pour l’instant, les autorités ont choisi de ne pas franchir le pas. En attendant, le Comité de veille économique, en bon samaritain, reste aux aguets. u

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> Société

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Lutte contre la corruption : Adoption imminente du projet de loi 46-19

> Culture

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Exposition : Les beaux grains de l’INBA ! Musique : Petite histoire du rap made in Morocco

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> High-tech

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Drones : «De nouveaux secteurs sont demandeurs de la technologie»

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Les vaccins sont là, et après ? Par D. William

A près plusieurs semaines d’at- tente, le Maroc a enfin reçu les premières doses des vac- cins contre la covid-19 qu’il a commandées. Un premier lot de deux millions de doses du vaccin «Covishield», développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford, et produit par le Serum Institute of India, a été réceptionné. Un second lot de celui développé par le groupe chinois Sinopharm, dont la quan- tité n’a pas été annoncée officiellement, est arrivé le 27 janvier. On est encore loin des 65 millions de doses acquises, mais c’est suffisant pour démarrer le programme national d’immu- nisation, qui a déjà accusé du retard. Un retard qui, on l’espère, aura été mis à profit pour verrouiller toute la logistique nécessaire à cette campagne de vacci- nation qui cible 25 millions de personnes.

regretter qu’elle ait démarré assez tardi- vement. Les Marocains, accepteront-ils alors de se faire piquer ? Le temps nous le dira. Les plus réticents attendront certainement de voir l’effet du vaccin sur les personnes concernées par la première phase, notamment les profes- sionnels de santé âgés de plus de 40 ans, les autorités publiques, les Forces armées royales, les membres de la famille de l'éducation de plus de 45 ans, ainsi que les personnes âgées de plus de 75 ans. L’apparition des variants, dont certains experts disent qu’ils peuvent diminuer l’efficacité des vaccins, peut aussi pousser les récalcitrants à vite se faire vacciner. Gardons-nous cependant de croire que nous retrouverons une vie normale avec la vaccination. Car nous continuerons, encore, à vivre en liberté conditionnelle. ◆

Le gouvernement avait en tout cas ras- suré que tout le dispositif était prêt. Ont été ainsi mobilisées 3.047 stations, 10.047 points mobiles, 136 chambres froides, 608 armoires frigorifiques, 5.064 réfrigé- rateurs, en plus de 25.631 personnes du staff médical, avec la possibilité de faire appel aux médecins du privé, aux étu- diants en médecine, au Croissant rouge, etc. Le défi logistique est donc de taille. Et il ne faudra pas se rater, à l’instar de ce qui se passe dans certains pays comme le Brésil, confronté au manque de doses, composants et même de seringues. La réussite de cette campagne de vac- cination dépendra néanmoins davantage de l’adhésion de la population que des moyens humains et matériels mobilisés. Si une campagne de sensibilisation a été lancée à cet effet, on peut cependant

La réussite de cette campagne de vaccina- tion dépendra davantage de l’adhésion de la population que

des moyens humains et matériels mobilisés.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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A près la réception de ses premières doses de vaccin contre le coronavirus, le Maroc se prépare à vacciner sa population. Les autorités ont ainsi entamé l'opération de distribution du vaccin sur les régions. La première phase de cette campagne visera les populations cibles, à savoir les professionnels de santé, les autorités locales, les forces de l’ordre, les enseignants et la population dont l’âge dépasse les 75 ans. Rappelons que le Maroc a acquis 65 millions de doses de vaccin. ■ Covid-19 : Démarrage imminent de la campagne de vaccination

Crise sanitaire : Entreprises à l’arrêt…

Fruits et légumes

L e haut-commissariat au Plan vient de rendre publics les résultats de la troi- sième enquête sur l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises. Au terme du deuxième semestre 2020, les résultats de l’enquête réalisés auprès de 3.600 entreprises révèlent que 83,7% d’entre elles ont déclaré avoir mainte- nu leurs activités, alors que 8,1% des entreprises sont toujours en arrêt tempo- raire, 6,0% ont dû arrêter temporairement leurs activités après une reprise et 2,2% ont déclaré avoir cessé leurs activités de manière définitive. Toutefois, l’analyse de l’évolution des indi- cateurs relatifs à l’arrêt d’activité des entre- prises montre un certain redressement de l’activité globale. En effet, le taux d’arrêt temporaire des entreprises a enregistré une baisse de 9 mois après le début de la crise sanitaire : il était de 54,3% en avril et de 52,0% en juillet pour atteindre 14,1% en décembre 2020. S elon l’enquête, 37,5% des entreprises organisées ont déclaré que leurs effectifs employés auraient connu une diminution au deuxième semestre 2020 par rapport à la même période 2019, alors que 2% des entreprises auraient connu une augmentation de leurs effectifs durant cette période. Par catégorie, la proportion des GE qui auraient réduit leurs effectifs est de 41,9%, 33,4% pour les PME et 39,3% chez les TPE. La réduction des effectifs employés atteint 50% et plus pour 43% des entreprises

Les exportations résistent à la crise

Le taux d’activité a enregistré une évolution positive passant de 43,1% en avril à près de 83.7% en décembre. Par catégorie, la proportion d’entreprises en activité à fin 2020 s’élève à 87,5% pour les grandes entreprises (GE), 89,6% pour les petites et moyennes entreprises (PME) et 81% pour les très petites entreprises (TPE). En revanche, la proportion d’entreprises ayant déclaré avoir définitivement arrêté leurs activités atteint près de 2,6% chez les TPE, 1,3% pour les PME et 0,8% parmi les GE. Par ailleurs, la proportion des GE qui sont en arrêt temporaire pendant cette période atteint 11,7%. L’analyse des résultats de l’enquête par catégorie et tranche d’âge montre que plus de 51% des entreprises qui sont en arrêt temporaire sont âgées de moins de 10 ans. Cette proportion atteint 61% chez les TPE et 43% chez les GE. ■

L es exportations de fruits et légumes ont totali- sé 474.900 tonnes jusqu'en janvier 2021, selon le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch. Elles ont affiché une hausse de 9% par rapport à la saison précédente, avec notamment 260.100 tonnes de tomates (+1%), 286.300 d'agrumes (+12%). Le ministre fait en outre état de 477.800 tonnes de produits agricoles transformés (hors sucre et dérivés), en hausse de 12%, dont 69.800 tonnes de fraise congelée (+2%), 21.200 tonnes jus de fruits et nectar (+28%), 813.300 tonnes d'exportations de produits de pêche (+7%). Akhannouch fait par ailleurs savoir que le secteur agricole a réussi à maintenir une cadence soutenue en matière d'exportation, passant de 17,2 milliards de DH en 2010 à près de 40 milliards la saison dernière, soit une progres- sion de 130%. Cette performance est le fruit des efforts exceptionnels déployés par les producteurs et les expor- tateurs, mais aussi grâce à l'action de l'Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations et de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires, note-t-il. ■

… Et réduction drastique des effectifs

ayant déclaré une baisse de leur emploi (37.5%) au deuxième semestre 2020, en comparaison avec la même période de 2019. Cette proportion s’élève à plus de la moitié des TPE, 27% pour les PME et 11% chez les GE. Par secteur d’activité, les entreprises de la construction (56%) et celles opérant dans l’hébergement et de la restauration (64%) ont réduit de plus de la moitié leurs effectifs durant le deuxième semestre 2020 par rap- port à la même période 2019. ■

10.358.032 C’est le nombre d’opérations de paiement ou de retrait pour un montant de 4.226.959.329 DH, effectuées durant l’année 2020 par les cartes bancaires marocaines à validité internationale, auprès des commerçants ou sites marchands étrangers, marquant une progression est de +4,8% en nombre et une régression de -25,4% en montant par rapport à l’année 2019.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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CEDEAO : Le prix du test PCR

Burkina Faso : 460 millions $ de la BM pour des projets de développement

Afrique du Sud Hausse de plus de 20% des liquidations d'entre- prises au 4 ème trimestre 2020

harmonisé à 50 $

L es pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) se sont engagés à harmoniser le prix des tests PCR de la Covid-19 à 50 dollars, avec pour principal objectif de «faciliter les déplace- ments» dans la région. L'annonce a été faite lors d’un point de presse virtuel par le président de la Commission de la CEDEAO, l'Ivoirien Jean-Claude Brou, qui a souligné que face à des prix des tests PCR différents d’un pays à l’autre, il fallait une harmonisation pour donner aux voyageurs «une meilleure visibilité». Certains pays, comme le Ghana et le Nigeria, font payer jusqu’à 150 dollars le test, ce qui peut inciter les voyageurs devant effectuer des tests au départ et à l'arrivée à limiter les déplacements. Il faudra donc désormais payer l’équivalent de 50 dollars américains dans les 15 pays membres de la CEDEAO. ■

L a Banque mondiale (BM) vient d'ap- prouver un financement de 460 mil- lions de dollars US (247,9 milliards de FCFA) en faveur du Burkina Faso, destiné au financement de projets de développe- ment économique et social. Actée tout récemment par Lassané Kaboré, ministre en charge de l'Economie, et Maimouna Mbow FAM, représentante rési- dente de la Banque mondiale au Burkina Faso, cette enveloppe permettra plus spé- cifiquement de soutenir le financement de trois projets à fort impact dans le pays. ■ Le FMI met en garde la Tunisie contre un dérapage budgétaire L e Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde la Tunisie contre un déficit budgétaire de plus de 9% du PIB. Les autorités tunisiennes sont appelées à prioriser les dépenses de santé et de pro- tection sociale, tout en contrôlant la masse salariale, les subventions énergétiques mal ciblées et les transferts aux entreprises publiques, faute de quoi, le pays pourrait accuser un déficit budgétaire de plus de 9% du PIB, alerte le FMI. Selon les estimations du Fonds, le défi- cit budgétaire s'est creusé en 2020, pour atteindre 11,5 % du PIB, notamment en raison de la baisse des recettes et d'une masse salariale plus élevée. ■

Le nombre total des entreprises qui ont été liquidées durant le 4ème trimestre de 2020 a augmenté de 20,5% par rapport à la même période de 2019, a indiqué le dépar- tement sud-africain des statistiques (Stats SA, gouvernemental). La plupart des liquidations ont eu lieu dans les secteurs des finances, des assurances, de l'immobilier et des services aux entreprises, suivis des secteurs du commerce, de la restauration et de l'hébergement, puis de l'industrie, a révélé Stats SA dans son dernier rapport sur les liquidations et l'insolvabilité des entreprises.

Le FMI attribue une note positive à

l'Angola pour la gestion de la dette

L e Fonds monétaire international (FMI) a attribué lundi une note positive à l’Angola pour sa gestion de la dette qualifiée de «soutenable». Le gouvernement angolais a atteint, en juin de l'année dernière, l'objectif minimal de dépenses sociales convenu avec le FMI, une situation qui lui a valu la reconnaissance positive de l'institution et le plus récent décaissement financier de 487,5 millions de dollars. La firme de consulting Fitch Solutions a estimé, à cet égard, que le gouvernement angolais poursuivra les réformes visant à améliorer l'environnement des affaires, mais a prévenu que le risque d'instabilité sociale reste élevé en raison du mécontentement suscité par la crise que traverse le pays. ■ Ces liquidations interviennent mal- gré les efforts du gouvernement et de la Banque centrale sud-africaine d’empêcher l'économie de subir de nouveaux chocs causés par la pan- démie. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Virus : Merkel demande une répartition «équitable» des vaccins dans le monde

A ngela Merkel a appelé à une répartition «équitable» des vaccins dans le monde face à la pandémie de la Covid-19, alors qu'une concurrence accrue émerge entre pays du fait d'une offre encore réduite des laboratoires pharmaceutiques. « L'important est d'avoir une répartition équitable (...) en cette période de faible disponibilité des vaccins », a déclaré la chancelière allemande lors du forum de Davos qui se déroule cette année en visioconférence. « Il est pour moi encore plus clair qu'auparavant (...) que nous devons opter pour une voie multilatérale et que le protectionnisme ne résoudra pas les problèmes » sur la question de l'accès aux vaccins en particulier, a jugé

Merkel. Les pays en développement, eux, redoutent de faire les frais de la compétition en cours au plan inter- national en étant mis de côté par les pays industrialisés dans la distribution des vaccins. ■ France/Covid-19 Sanofi produira 125 millions de doses du vaccin Pfizer/BioNTech

L e laboratoire fran- çais Sanofi a annoncé avoir passé un accord avec le duo germano-américain Pfizer/Biontech pour la production de 125 mil- lions de doses de leur vaccin anti-Covid-19.

Royaume-Uni : Le taux de chômage au plus haut depuis 2016

L e taux de chômage au Royaume-Uni a atteint son niveau le plus élevé depuis 2016, alors que la deuxième vague de coronavirus et les mesures de confinement qui en ont résulté ont frappé de plein fouet l'économie britannique. Selon des données de l'Office des statis- tiques nationales (ONS), le taux de chômage a augmenté de 5% sur les trois mois ache- vés fin novembre (1,7 million de personnes) contre 4,9% à fin octobre, marquant le niveau le plus élevé depuis août 2016. Au cours du mois de février, ayant précédé l'expansion de la pandémie, le taux de chômage s'est situé à 4%, mais entre septembre et novembre, le nombre de licenciements a atteint un record.

« Sanofi et BioNTech ont conclu aujourd’hui un accord aux termes duquel Sanofi prêtera son concours à BioNTech pour la fabrication et la fourniture de son vaccin Covid-19 qui est co-développé avec Pfizer », souligne le laboratoire dans un communiqué. Ainsi, Sanofi « donnera à BioNTech l’accès à son outil de production et à son savoir-faire afin de produire plus de 125 millions de doses du vaccin Covid-19 de BioNTech en Europe », ajoute le communiqué. Les premiers lots de vaccins seront distribués par les installations de production de Sanofi situées à Francfort à partir de l’été 2021. ■ Covid-19 : Le Royaume-Uni, premier pays européen à dépasser 100.000 morts péen à franchir le seuil des 100.000 morts de la Covid-19, le gouver- nement déployant tous ses efforts dans la vac- cination pour sortir de la crise sanitaire aggravée par le variant apparu sur son sol. Depuis que le Premier ministre Boris Johnson se vantait de serrer les mains de malades à l'hôpital début mars dernier, le pays, actuellement reconfiné, en est à sa troi- sième vague de la pandémie, beaucoup plus virulente en raison d'un variant considéré comme bien plus conta- gieux et potentiellement plus mortel. ■ L e Royaume-Uni est devenu le pre- mier pays euro-

Les pertes d'emplois étaient surtout concen- trées chez les jeunes travailleurs et dans les secteurs du commerce de détail et de l'hôtel- lerie, selon l'ONS. ■

Le FMI revoit à la hausse ses prévisions de croissance

mondiale pour 2021

L’ économiemondiale devrait connaître une croissance de 5,5% en 2021, a révélé le Fonds monétaire interna- tional (FMI). Les prévisions pour 2021 sont revues à la hausse de 0,3 point par rapport aux prévi- sions précédentes, « car il est attendu que l’activité s’affermira plus tard dans l’année grâce aux vaccins et sous l’effet de mesures de soutien supplémentaires dans un petit nombre de grands pays », indique le FMI. « Malgré le coût humain élevé et croissant de la pandémie, l’activité économique semble, avec le temps, s’adapter à la morosité de l’activité dans les secteurs requérant de nombreux contacts », fait observer le FMI.

L’institution basée à Washington a égale- ment revu à la hausse ses prévisions pour 2020, notant que la contraction de l’éco- nomie mondiale pour l’année dernière est estimée à 3,5%, soit 0,9 point de mieux que dans les prévisions précédentes. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis janvier 2020

Un potentiel de hausse libéré ◆ Le démarrage imminent de la campagne de vaccination et les prémices d'une saison agricole prometteuse portent la Bourse dans sa progression. ◆ Les volumes hebdomadaires ont augmenté de plus de 73%.

l'on s'aperçoit que cette dynamique sur les grosses capitalisations commence déjà à s'installer. Avec un volume transaction- nel de plus de 108,27 MDH, Attijariwafa bank a été l'instrument le plus actif de la semaine, s'accaparant 15,82% des tran- sactions, suivi de Maroc Telecom avec 58,62 MDH (8,57%) et de BCP avec 56,89 MDH (8,31%). Une psychologie positive Le contretemps subi dans la livraison des vaccins et le prolongement des restric- tions ne compromettent pas les prévi- sions macroéconomiques, qui montrent une reprise progressive de l'économie. Les entreprises cotées, dont les résul- tats sont attendus dans les semaines à venir, devront également suivre la même logique. Pour sa part, la faiblesse de la rémuné- ration de l'épargne institutionnelle sur le marché des taux devrait pousser les inves- tisseurs à se positionner ou continuer à se positionner sur le marché actions.

Comportement du marché Le MASI, indice principal de la Bourse de Casablanca, a gagné 2,03% à 11.716 points cette semaine. Sur le plan secto- riel, 9 compartiments des 24 représentés à la cote ont terminé la semaine sur une note négative, les secteurs «équipements électroniques et électriques», «Hôtellerie» et «Sociétés de portefeuilles - Holdings» ayant enregistré des replis respectifs de 5,86%, 1,73% et 1,43%. Du côté des gagnants, le secteur «Industrie» (+9,81%) a réalisé la meilleure performance de la semaine, devançant celui de la «Chimie» (+5,16%). Les volumes sont de 684 MDH, en hausse de 73% comparativement à la semaine dernière. Éléments techniques Techniquement, le Masi a cassé en début de semaine la résistance à 11.600 points. Son dépassement a validé un message haussier et a ouvert la voie à une poursuite vers les 12.000 points, soit un potentiel de hausse de 3,5%. ◆

A ce jour, malgré les fortes incer- titudes sanitaires doublées des problèmes de logistique du vaccin, aucun mouvement de correction marquée n'est encore intervenu sur le marché actions, qui gagne 3,45% depuis le début d’année. Les séances ont défilé dans la norma- lité et l'intérêt est plutôt porté sur cer- tains dossiers de conviction. En effet, l'absence du Smart Money durant ces premières semaines de l'année a permis à la thématique value de se distinguer. Cette catégorie d'actions a bien profité de la rotation sectorielle durant cette période, comme en témoignent les volumes échan- gés sur des valeurs comme Sonasid ou Jet Contractors. Mais avec le démarrage de la campagne de vaccination, la donne pourrait changer, avec des implémentations d'institutionnels dirigées plus vers les secteurs classiques. D'ailleurs, à la lecture du flux de la semaine, Par Y. Seddik

Techniquement, le Masi a cassé en début de semaine la résis- tance à 11.600 points.

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BOURSE & FINANCES

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«Dette Covid-19» et dégradation des finances publiques

◆ L’endettement global du Royaume devrait se situer autour de 95,6% du PIB en 2021. Le déficit budgétaire risque de culminer pour la même année à 6,4% du PIB. ◆ Pour certains fiscalistes, il n’y a pas de doute : la pression fiscale, déjà élevée au Maroc, est appelée inexorablement à s’alourdir. Gare à la hausse de la pression fiscale ! L a crise liée à la Covid- 19, qui continue de sévir au Maroc en dépit des espoirs sus- cités par l’arrivée des Par M. Diao

Royaume, notamment les pays européens. Concrètement, le déficit budgétaire, qui était de 3,6% du PIB en 2019, est passé à 7,4%du PIB en 2020 et devrait, d’après les prévisions, se situer à 6,4% du PIB en 2021. Face à cette dégradation notable des finances publiques, couplée au raffermissement substantiel de l’endettement public global, il est légitime de se poser la ques- tion de savoir si la pression fiscale déjà élevée au Maroc en comparaison à certains pays de la région MENA (Egypte, Tunisie, Jordanie), est suscep- tible de progresser. Et ce, d’au- tant que le document intitulé «La capacité de mobilisation des recettes fiscales au Maroc», publié par Bank Al-Maghrib en décembre 2020, montre de surcroît que les taux d’imposi- tion au Maroc sont supérieurs à ceux pratiqués par les pays susmentionnés. Pourtant, en moyenne sur la période 2013-

2017, la capacité fiscale du Maroc est évaluée à 27,2% du PIB, alors que les recettes fis- cales représentaient 21,2% du PIB. Ce qui témoigne quelque part du manque d’efficience et de rentabilité du système fiscal national. Le manque à gagner relevé par l’étude publiée par BAM est, en effet, de l’ordre de 6,7 points de PIB. En 2019, le Maroc a mobilisé près de 238,2 milliards de dirhams de recettes fiscales, soit 20,7% du PIB. Ce qui représente un niveau moindre en pourcentage sur la période 2013-2017. Vers une hausse inexorable de la pression fiscale Hicham Mouchir, économiste et expert-comptable est for- mel : «Au regard du niveau de détérioration des finances publiques, auquel s’ajoute l’ac- croissement de l’endettement global, la pression fiscale, déjà élevée au Maroc, est appelée à augmenter» . «Tout l’enjeu est de savoir comment l’aug- mentation de la pression fis- cale sera répartie. Est-ce les mêmes contribuables qui vont supporter l’alourdissement du poids des impôts ? Ou, au contraire, l’accroissement de la pression fiscale se traduira par l’élargissement de l’assiette fiscale, confor- mément aux recommanda- tions des Assises fiscales de 2019» , ajoute-t-il. La situation actuelle questionne la pertinence du maintien de certaines niches fiscales. Sachant que les dépenses fis-

cales en 2020 se sont chiffrées à plus de 28,9 Mds de DH. L’élargissement de l’assiette fis- cale suppose aussi une contri- bution plus conséquente à l’effort fiscal des secteurs très peu concernés par le paiement de l’impôt. Il y a notamment l’agriculture, puisqu’un nombre réduit d’entreprises est entré dans le champ d’application du paiement de l’impôt. «Au Maroc, les professions libérales participent de façon marginale à l’effort fiscal. Pour preuve, 80% de l’IR sont payés par les salariés. Des sociétés déclarent un déficit chronique quand bien même elles réalisent des marges confortables. 0,8% des sociétés s’acquittent de près de 80% de l’IS» , dénonce Hicham Mouchir. Ce dernier suggère que le contexte actuel est un motif pour l’Etat de corriger les dys- fonctionnements à l’origine d’un manque à gagner considérable pour les finances publiques. D’autant que les recettes fis- cales couvrent près de 74,5% du BGE. Au final, bon nombre d’experts affirment que le creusement des déficits budgétaires causés par la crise contraint l’Etat à s’en- detter. Aux dettes antérieures s’ajoute la dette «Covid-19», qu’il faudra bien rembourser. Par conséquent, l’Etat n’aura d’autres choix si ce n’est d’ac- croître la pression fiscale afin d’honorer ses engagements. Et ce, en raison du poids important des recettes fiscales dans le BGE. ◆

doses de vaccin, a fragilisé les financespubliqueset gonflé l’en- dettement global du Royaume. Pour preuve, les résultats du Budget économique prévision- nel 2021, réalisé par le HCP, font état d’une inflation notoire du taux d’endettement global du Royaume suite à la pandé- mie. En effet, le taux d’endette- ment global est passé de 80,4% du PIB en 2019 à 94,6% en 2020. Et l’année 2021 ne risque pas d’être meilleure, puisque les experts du HCP tablent sur un taux d’endettement global de 95,6% du PIB. Même constat au niveau des finances publiques chahutées par la pandémie, laquelle menace les économies des principaux partenaires du

Les mêmes contribuables vont-ils devoir sup- porter l’alour- dissement du poids des impôts ?

La situation actuelle questionne la perti- nence du maintien de certaines niches fiscales.

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«Le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs» Blockchain – Cryptomonnaies

◆ La posture du Maroc envers les cryptomonnaies a un effet considérable sur l’essor de la technologie blockchain. ◆ Le pays ne devrait pas protéger le secteur financier plus que ne le font des pays considérés comme des temples de la finance internationale, pour ne citer que les USA ou la France. ◆ C’est l’avis de Badr Bellaj, co-fondateur de l’entreprise technologique Mchain. Explications.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Est-ce que cette crise liée à la pandémie a accru l’intérêt du Maroc d’accélérer la mise en place de la blockchain dans le système financier ? Badr Bellaj : Il est difficile de répondre à cette question. Toujours est-il que la crise liée à la Covid-19 a impacté pratiquement tous les secteurs. Pour l’heure, il est encore ardu de mesurer concrètement les effets de la pandémie sur la blockchain. Ceci dit, il est sûr et certain que les outils digitaux, de collaboration et de travail en ligne ainsi que les nouveaux services financiers constituent des solutions permettant de transcender les contraintes imposées par la pandémie (confinement total, restrictions des dépla- cements, distanciation sociale, arrêts d’acti- vité, etc.). Lors du confinement total, l’e- commerce et le paiement en ligne ont, par exemple, facilité la vie de bon nombre de consommateurs marocains. L’on a constaté aussi une hausse du volume des paiements en ligne. Tous ces éléments ont été pro- pices à la résurgence de l’idée de mettre en place au sein des Etats une monnaie digitale de Banque centrale fonctionnant sur le protocole blokchain, appelée Central Bank Digital Currency (CBDC). Beaucoup d’experts et d’institutions internationaux se sont dit que la pandémie est un bon «use case» pour l’expérimentation de monnaies digitales nationales fonctionnant sur le pro- tocole blockchain. A mon avis, la crise liée à la Covid-19 a permis d’aller plus loin dans le débat de l’adoption de l’innovation précitée. Hormis cela, la pandémie n’a pas changé substantiellement l’équation existante rela-

Le Maroc est suspendu aux positions internatio- nales et s’in- terdit quelque part d’être proactif.

tive à la technologie blockchain. Par ailleurs, certains font remarquer qu’une pandémie d’une telle ampleur ne survient qu’une fois par siècle. Par conséquent, celle-ci ne doit donc pas régir tous les modes de fonc- tionnement de l’écosystème technologique existant. Du reste, je pense que la pandémie prouve la nécessité d’accélérer la digitali- sation de la monnaie. Et il n’y a pas mieux que les CBDC, parce que le système tradi- tionnel a montré ses limites du fait, entre autres, du faible taux de bancarisation et du taux d’analphabétisme élevé. Au Maroc, par exemple, les griefs qui ont surgi lors des distributions des aides financières au profit des ménages impactés par la crise liée à la Covid-19 légitiment une adoption plus large de la technologie blockchain. Ce canal est

de nature à garantir l’efficience et l’efficacité des programmes d’aides par la transpa- rence (traçabilité maximale), la sécurité et l’absence d’intermédiaires. Ce qui limite les risques de corruption. Il faut rappeler que tous les ménages-cibles n’ont pas reçu les aides financières octroyées par l’Etat lors de la période du confinement. F.N.H. : Nous avons l’impression que le système financier est encore fri- leux pour une implémentation à grande échelle de la blockchain. Qu’est-ce qui bloque toujours selon vous ? B. B. : Il faut garder à l’esprit que les déci- deurs du système financier ne perçoivent pas encore l’intérêt d’introduire des change-

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ments majeurs dans l’écosystème financier marocain. Ceux-ci trouvent que notre sys- tème financier est performant. En d’autres termes, les décideurs marocains se disent pourquoi changer des mécanismes dans lesquels ils ont confiance et qui fonctionnent parfaitement. Sachant qu’ils sont conscients de l’existence de la technologie blockchain

et de ses avantages pour le monde de la finance. Certains même continuent de vanter la résilience du système financier marocain face à la crise finan- cière de 2008. Or, il faut savoir que notre système financier a été épar- gné à cause de son poids marginal à l’échelle mondiale. En tant que pays, je dirai que le Maroc a une posture d’observateur vis-à-vis de la technolo- gie blockchain. Les autorités compé-

La Banque centrale des Émirats Arabes Unis (EAU), en parte- nariat avec la Banque centrale saoudienne, ont uni leurs forces pour travailler sur leur propre CBDC.

tentes suivent ce qui se fait à l’international. On remarque aussi qu’elles reconsidèrent leurs positions vis-à-vis de la technologie en fonction de celles de leurs homologues européennes ou des organisations inter- nationales. Pour rappel, dans un premier temps, l’Autorité des marchés financiers de la France (AMF) a été contre la blockchain et les cryptomonnaies, avant de revenir sur sa position. Une attitude similaire a été observée chez nos autorités compétentes. En d’autres termes, le Maroc est suspendu aux positions internationales et s’interdit quelque part d’être proactif en la matière. Par ailleurs, à l’échelle nationale, il est clair que la compréhension de la technologie blockchain ne s’est pas encore démocrati- sée. Les compétences et les experts locaux sont également rares au Maroc. Ces deux éléments constituent des freins pour l’adop- tion de la blockchain au niveau du système financier et dans d’autres domaines. L’autre remarque, et non des moindres, est que le Maroc est contre les cryptomonnaies. Ce qui est préjudiciable à mon avis. L’allégation mise en avant et critiquable, à mon avis, est que les cryptomonnaies sont susceptibles d’impacter les investisseurs locaux. Or, les cryptomonnaies sont utilisées en dehors de la finance classique et il est difficile de contraindre les particuliers à les utiliser sans leur consentement. La posture du Maroc envers les cryptomonnaies a un effet considérable sur l’essor de la technologie blockchain. Il faut savoir que celle-ci tire sa force de la finance (gestion de monnaie). A titre illustratif, utiliser la blockchain comme canal de distribution des aides financières au profit des ménages au Maroc n’est per- tinent que s’il existe une monnaie digitale. Dans le même ordre d’idées, il convient de

mentionner que beaucoup d’acteurs finan- ciers marocains ont stoppé leurs projets blockchain en raison de l’aversion affichée par les autorités compétentes envers les cryptomonnaies. Au regard de ce tout ce qui précède, il est difficile de croire que le Maroc ait dans les années à venir une position privilégiée dans le domaine de la blockchain. F.N.H. : Peut-on dire que le Maroc fait fausse route en tournant le dos aux crytomonnaies et donc à la technologie blockchain, peu répan- due à l’échelle nationale ? B. B. : Un célèbre adage dit : «Quand le vent souffle, certains battissent des mou- lins et d’autres des murs» . Pour ce qui est de la blockchain, le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs. Or, le pays n’a rien à perdre en explorant cette tech- nologie. A la fin des années 80, qui pouvait imaginer qu’Internet serait l’un des prin- cipaux moteurs des économies en 2021? Et pourtant, c’est bien le cas. Je pense que le Maroc est en train de se protéger contre un faux danger, celui des crypto- monnaies. Comme évoqué précédemment, le développement de la technologie block- chain est difficilement envisageable sans la promotion des cryptomonnaies qui font le lit de l’innovation. Cette dernière ouvre la porte à la création d’une «économie nais- sante», appelée la Decentralized Finance (DeFi), qui pèse des milliards de dollars aujourd’hui. Il est dommage de constater que le Maroc fait partie des rares pays qui s’isolent en renonçant aux cryptomonnaies. Je souhaite que cette posture soit révisée. Les exemples de pays qui ont adopté les CBDC sont nombreux. On dénombre

même des pays arabes qui expérimentent une monnaie digitale de Banque centrale fonctionnant sur le protocole blokchain. Concrètement, la Banque centrale des Émirats Arabes Unis (EAU), en partena- riat avec la Banque centrale saoudienne, ont uni leurs forces pour travailler sur leur propre CBDC. L’aboutissement de ce pro- jet est de nature à favoriser davantage les échanges entre l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Nos décideurs sous- estiment le potentiel des projets impliquant la technologie blockchain. Et pourtant, à l’échelle internationale, bon nombre d’ini- tiatives enrichies par la blockchain et qui avaient peu de valeur il y a quelques années, pèsent aujourd’hui plusieurs mil- liards de dollars. La création d’une plate- forme de cryptomonnaie au Maroc, s’ap- puyant sur une réglementation appropriée, sera un pas important vers la réduction de l’utilisation du cash. Une telle initiative boostera aussi l’innovation économique. Au final, j’appelle les décideurs financiers à lâcher prise en permettant l’introduction de la blockchain et la mise en place de plate- forme de crypto-monnaies. Notre pays doit absolument éviter de rater ce deuxième virage, après celui d’Internet. Les secteurs marchands et non marchands ont accusé du retard dans leur processus de digitalisa- tion. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi en protégeant le secteur financier plus que ne le font des pays comme la France ou les USA. Les instruments susmentionnés favorisent une concurrence loyale, en plus d’être bénéfiques aux citoyens en quête de transparence et de coûts abordables. L’introduction des nouvelles technologies passées en revue sont dans l’intérêt de la majorité de nos concitoyens. ◆

J’appelle les décideurs financiers à lâcher prise en permet- tant l’intro- duction de la blockchain et la mise en place d’une plateforme de cryptomon- naies.

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◆ Attijari Global Research présente le scénario de croissance de huit sociétés cotées à la Bourse de Casablanca pour la période 2020-2022, mettant en avant leur capacité à transformer la rentabilité en cash. 8 valeurs pour jouer la thématique «cash» U tile, dans un contexte de ren- dements bas sur le marché obli- gataire, d'em- Par A. Hlimi

mique de la data mobile. La soutenabilité du cash- conversion à 78% serait accompagnée par une amé- lioration de la création de valeur de 12,1%, aidée par la baisse du coût moyen pondéré du capital (WACC). Et deuxièmement, un relè- vement du rendement du dividende (D/Y - dividend yield) à 4,8% en 2022, soit 2,3 fois le rendement du BDT-5 ans. Les analystes d'AGR demeurent confiants à l'égard du cours objectif du titre de 160 DH. Ciments du Maroc Les revenus de Ciments du Maroc devraient s'apprécier de 10,2% durant la période 2020-2022, tirant profit de la reprise attendue des ventes de ciment. Durant la période 2020-2022,

Cimar préserverait un cash- conversion autour des 80%, couplé à un D/Y moyen de 5,5%. Il s'agit d'un rende- ment supérieur de 2,6 fois par rapport aux BDT-5 ans. Tenant compte de ces nou- veaux paramètres et sur la base de la méthode DDM, le cours cible du titre Cimar ressort à 1.800 DH. Cosumar L'augmentation des capaci- tés d'export de la raffinerie de Casablanca conjuguée à la bonne tenue de la cam- pagne sucrière au Maroc permettraient à Cosumar de franchir le cap des 2 milliards de dirhams d'EBE en 2022. L'intégration par mise en équivalence du pro- jet Durrah sur une année pleine, porterait le résultat net part du groupe (RNPG) récurrent à près de 1,1 Md de dirhams au terme de la période 2020-2022, en hausse de 20%. Avec une rentabilité des capi- taux investis (Return On Capital Employed - ROCE) stable autour des 16,5%, Cosumar devrait afficher l'un des meilleurs niveaux de créa- tion de valeur de la cote à 2,4. Aussi, la soutenabilité d'un ratio cash-conversion au-dessus des 75% se tra- duirait par un D/Y moyen du titre de 4,1%, soit 2,0x le rendement des BDT-5 ans. Les analystes d'AGR res- sortent avec un cours cible de 240 DH contre 202 DH initialement.

Total Maroc Tenant compte des réper- cussions de la crise sani- taire, Total Maroc devrait accuser en 2020 une baisse de ses volumes de ventes de -10%. Mais à comp- ter de 2021, les analystes d'AGR prévoient une reprise assez rapide des résultats de l'opérateur, grâce au redressement attendu de la consommation de carburant de 12%, à la stabilisation relative de la marge de dis- tribution du secteur après une phase d'instabilité et un effet stock positif suite à la reprise des cours du baril. Avec un cash-conversion au-dessus des 80%, l'opé- rateur n'éprouverait aucune difficulté à relever son divi- dende par action (DPA) de 16%, passant de 56 DH à 65 DH durant la période 2019- 2022. Il s'agit d'un D/Y cible de 5,3%, soit 2,5x le ren- dement des BDT-5 ans. Au final, AGR relève son cours objectif du titre à 1.420 DH. SNEP Les perspectives de crois- sance de SNEP sont portées par son projet d'investissement visant à accroître ses capaci- tés de production dès le S2-21. En 2022, le chiffre d'affaires (CA) dépasserait les 1 Md de dirhams, en hausse de 16% par rap- port à 2020. La marge EBE s'établirait autour des 19% sur la période 2020-2022, soutenue par le gain de

L'augmentation des capacités d'export de la

boiter le pas aux investis- seurs institutionnels en mettant quelques actions susceptibles de transformer la rentabilité en rendement. Attijari Global Research (AGR) s'est plié à l'exercice dans une note publiée cette semaine. Maroc Telecom Les perspectives de crois- sance demeurent tou- jours positives sous l'effet d'un développement plus rapide que prévu du seg- ment «Internet haut & très haut débit», ainsi que de la poursuite de la bonne dyna-

raffinerie de Casablanca

conjuguée à la bonne tenue de la campagne sucrière au Maroc permettraient à Cosumar de franchir le cap des 2 milliards de dirhams d'EBE en 2022.

Les taux bas favo- risent le marché actions et les entre- prises à dividendes.

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cipe un D/Y de 6,2%. Il s'agit de l'un des meilleurs spreads par rapport au rendement des BDT-5 ans, soit près de 3 fois. SMI Durant la période 2020-2022, la SMI afficherait une nette amé- lioration de son EBE de 50%. Grâce à un ratio cash-conver- sion supérieur à 80,0%, SMI devrait en toute logique revenir à sa politique historique de dis- tribution de dividende. Avec un DPA moyen de 100 DH sur la période 2020-2022, le D/Y du titre ressortirait à 5,2%, soit 2,5x le rendement des BDT-5 ans. Tenant compte d’une approche plus conservatrice en termes de production, AGR avance un cours objectif du titre SMI à 2.420 DH. ◆

la baisse de ses revenus à -3% en 2020, avant de renouer avec un profil de croissance autour des 7%. Cette évolution sou- tenue est justifiée à la fois par le développement continu des détergents, l'effet mix-produit positif des produits de la mer et la normalisation des résultats post-confinement de l'activité bouteilles alimentaires. La capa- cité de l'opérateur de défendre un ratio cash-conversion autour des 80% lui permettrait de sou- tenir un DPA cible de 9 DH à hori- zon 2022. Ainsi, le D/Y moyen du titre durant la période 2020- 2022 s'établirait à 4%, soit +190 points de base (PBS) au-dessus du rendement benchmark (BDT- 5 ans). Le cours objectif du titre de 273 DH est fondamentale- ment justifié, selon AGR.

compétitivité relatif au nouvel investissement. La soutenabilité d'un cash-conversion moyen de 64% serait accompagnée par une amélioration visible de la création de valeur et un retour à un dividende normatif de 30 DH au terme de la période 2019- 2022. Il s'agit d'un D/Y 22E cible de 5,8%, attestant de la volonté de la SNEP de rémunérer ses actionnaires, et ce après l'achè- vement de sa première phase d'investissement. Au final, les analystes d'AGR sont confortés à l'égard du cours objectif initial du titre SNEP, soit de 685 DH. Mutandis La diversification du portefeuille des activités de Mutandis trouve tout son sens aujourd'hui. En effet, le Groupe devrait limiter

CMT Durant la période 2020-2022, la CMT afficherait une solide reprise de son EBE de plus de 70%. Cette orientation positive se justifierait par deux princi- paux leviers. D'une part, les niveaux très lucratifs des cours de l'argent, dont la contribution aux reve- nus devrait dépasser les 33% sur la période prévisionnelle contre 28% en 2019. D'autre part, le relèvement attendu de la production d’environ 10% à compter de 2022 suite à l'en- trée en production du nouveau puits. La capacité de l'opérateur de préserver un cash-conversion au-dessus des 75% favoriserait un niveau de distribution de dividende attractif. AGR anti-

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◆ Le défi futur de l’expert-comptable est d’adapter en permanence son cabinet aux exigences de l’entreprise de demain. ◆ Cela commence par la digitalisation et l’utilisation de nouvelles applications, le développement d’une offre de conseil dans les domaines qui seront les plus prisés demain, comme la restructuration des entreprises, leur transmission, le pilotage stratégique. ◆ Entretien avec Laila El Andaloussi, vice-présidente de l’Ordre des experts-comptables du Maroc. «L’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de gestion»

Propos recueillis par B. Chaou

Finances News Hebdo : Quel rôle joue aujourd’hui l’expert- comptable dans la transformation des entreprises ? Laila El Andaloussi : L’expert-comptable est le médecin de l’entreprise. Dans les moments de crise et de difficultés, il lui pro- digue les conseils nécessaires pour qu’elle retrouve sa santé. Lorsqu’elle va bien, elle est toujours confrontée à des challenges, et doit mettre en place des outils pour aller encore plus de l’avant dans un environnement de plus en plus incertain. Cette proactivité nécessaire nécessite la présence d’un expert-comptable, qui doit accompagner l’entreprise en permanence dans ce processus de changement et de transformation sans lequel elle ne sera pas pérenne. La transformation est un tout et doit concerner autant le volet organisationnel, les transactions avec les clients et fournisseurs, le pilotage de l’entreprise, la mise en place de stratégie, l’adaptation de l’impact des chan- gements dans la législation et leur adaptation au contexte, sans oublier la digitalisation des process. Tous ces domaines relèvent de la compétence de l’expert-comptable. F.N.H. : Par quoi se traduit la mission de l'expert-comptable en termes d’engagement dans un processus d'amélioration permanent en faveur des entreprises ? Et comment peut-il planifier et encadrer leurs transfor- mations ? L. E. A : Aujourd’hui, l’un des enseignements

Au cœur de la révolution digitale, les entreprises sont en train d’adapter leur mode de fonctionne- ment et d’or- ganisation avec l’aide de l’expert- comptable.

tirés de la crise sanitaire est le changement nécessaire de beaucoup de paradigmes. Le monde de l’entreprise n’en n’est pas épar- gné. Plusieurs méthodes et outils de mana- gement présents dans le tissu des petites et moyennes entreprises ont été remis en cause. Pour être plus résiliente à l’avenir, l’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de ges-

tion. L’expert-comptable, le conseiller privilégié des entreprises, a pour rôle et responsabilité d’assister les entreprises pour qu’elles soient plus résilientes. Pour cela, l’accompagne- ment se fera sur des chantiers structurants en mettant en place des outils de pilotage basés sur des informations de qualité et générées en temps réel par des processus de

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