FNH 1005

Découvrez le numéro 1005 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 7 janvier 2021 - 8 DH - N° 1005

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Finances publiques Le FMI conforte le Maroc dans ses choix

Relance économique

Les trois facteurs qui conditionnent la reprise

Roberto Cardarelli, chef de mission du FMI au Maroc

Najib Akesbi, économiste

P. 8

P. 18

La pandémie joue les prolongations P. 16/17 CHANTIERS 2021

Fiscalité

Banques

Un tsunami attendu ce premier semestre Défaillances d’entreprises

«L’Etat doit accélérer la mise en œuvre des recommandations des Assises»

Les bons du Trésor représentent 16% des actifs

● Les conventions d’amnisties fiscales signées au mois de décembre 2020 comprennent certes des avantages, mais peuvent générer également des distorsions entre les entreprises.

Amine Diouri, directeur Etudes et Communication d’Inforisk

P. 20

Système financier Résilience avérée en pleine crise ● Le système financier tient toujours tête à la crise 10 mois après le début de la pandémie.

P.14

2020, année de tous les extrêmes Bourse de Casablanca

Hicham Mouchir, expert-comptable et économiste

P. 10/11

P. 12/13

P. 9

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Vaccin anti-Covid-19, Attention aux faux pas ! Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 3 4 5 6

Editorial

> Bourse & Finances

Point Bourse Hebdo : Compteur à zéro ! Finances publiques : Le FMI conforte le Maroc dans ses choix Système financier : Résilience avérée en pleine crise économique Entretien avec Hicham Mouchir : Fiscalité, «L’Etat doit accélérer la mise en œuvre des recommandations des Assises de 2019…» Bourse de Casablanca : 2020, année de tous les extrêmes Banques : Les bons du Trésor représentent 16% des actifs

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Par Fatima Ouriaghli

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I l y a au moins un élément qui prête à l’optimisme en ce début d’année 2021 : le retour des pluies. Cela n’augure certes pas d’une bonne campagne agricole pour le moment, mais il suscite de l’espoir après deux années successives de sécheresse et un exercice 2020 plombé par la pandémie liée à la covid-19. D’ailleurs, le haut-commissariat au Plan, qui table sur une hausse de l’activité économique de 0,5% au premier trimestre 2021, estime qu’en variation annuelle, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une augmentation de 10,8%, contribuant pour +1,2 point à la croissance économique globale. Si la clémence du ciel, avec une bonne pluviométrie, est un para- LE COMBAT CONTINUE COVID-19

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> Economie

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Chantiers 2021 : La pandémie joue les prolongations Entretien avec Najib Akesbi : Relance économique, les trois facteurs qui conditionnent la reprise en 2021 Immobilier : Très peu de visibilité pour 2021 Entretien avec Amine Diouri : Défaillances d’entre- prises, un tsunami attendu au premier semestre 2021 Aéronautique : Le secteur se prépare aux nouvelles exigences environnementales Tamkeen Initiative : MCISE renforce son soutien aux projets sociaux Entretien avec Lamia Housni : Entrepreneuriat, «la caravane dans le monde rural vise à créer une dyna- mique durable» Entretien avec David Smadja : Cryogénie, «la pandé- mie de la Covid-19 a remis ce procédé sous les feux des projecteurs»

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mètre clé dans les détermi- nants de la croissance natio- nale, elle reste cependant insuffisante dans le contexte actuel. Car la reprise écono- mique en cette année 2021 demeure aussi non seule- ment tributaire de la réussite de la campagne de vacci- nation, mais également du déploiement efficace du plan de relance concocté par le gouvernement ainsi que de la demande extérieure adressée au Maroc. Atteindre le taux de crois-

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Atteindre le taux de croissance de 4,8% prévu par le gouver- nement ou encore celui de 4,5% projeté par le FMI exige la conjonction de plu- sieurs facteurs.

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> Focus Agricole

sance de 4,8% prévu par le gouvernement ou encore celui de 4,5% projeté par le Fonds monétaire international exige donc la conjonction de plusieurs facteurs. D’où la mesure affichée par le FMI dans ses prévisions, l’institution internationale estimant, en effet, que «cette perspective est assujettie à une incertitude excep- tionnelle, avec beaucoup de risques liés à la référence de base selon l’évolution de la pandémie et les progrès au niveau du vaccin à la fois au Maroc et auprès de ses partenaires commerciaux» . En clair, tout comme en 2020, le coronavirus reste le principal ennemi à combattre cette année, ici comme ailleurs. Un ennemi toujours aussi dangereux, qui mute, se propage, tue et contraint à la multiplication des mesures restrictives et au confinement total dans certains pays. D’où l’urgence pour le Maroc de démarrer sa campagne de vacci- nation depuis longtemps annoncée. u

Stratégie forestière 2020-2030 : Priorité à l’adhésion et à la sensibilisation de la population locale 28

> L'univers des TPME Rentabilité du système fiscal : Le potentiel de l’IS peu exploité 29

> Développement durable

Réchauffement climatique : 2020 achève la décennie la plus chaude Prix Hassan II pour l'environnement : La principale nouveauté de la 13 ème édition 30 31

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> Tribune libre Maroc – Israël : Des perspectives économiques prometteuses 32

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

Vaccin anti-Covid-19 Attention aux faux pas ! Par D. William V OYONS VOIR

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P lus d’un million de per- sonnes vaccinées en Israël et au Royaume- Uni, plus de 4 millions aux Etats-Unis, plus de 260.000 en Allemagne, plus de 7.000 en France… Au Maroc, qui a été l’un des premiers pays à avoir annoncé une campagne de vaccination de masse de la population contre le coronavirus, rien de concret ne se passe pour l’instant. Si les autorités ont détaillé le plan de vaccination et confirmé avoir acquis 65 millions de doses des deux vaccins qu’elles ont choisis, la campagne en elle-même n’a pas encore commencé. Du moins, officiellement. Le Royaume s’est fixé trois mois pour assurer un taux de couver- ture vaccinale de près de 80%, soit une population cible estimée à 25 millions de personnes. Ce qui implique un défi logistique de taille, qui nécessitera la mobilisation de plus de 25.600 personnes du staff médical, 27.000 m 3 de congélateurs et 14 camions réfrigérants. Sauf que la réussite de cette cam- pagne ne saurait dépendre unique- ment de la mobilisation de moyens humains et matériels, aussi consé- quents soient-ils. Elle reste surtout tributaire d’une adhésion massive de la population cible. Laquelle passe, inévitablement, par une large campagne de communication et de sensibilisation. Or, sur ce registre, le gouvernement est jusqu’à pré- sent bien timide. Et ce déficit de communication peut sérieusement compromettre l’atteinte des objec- tifs fixés par les autorités, dans un contexte marqué par de fortes sus- picions autour du vaccin contre la Covid-19 en général. Des suspicions entretenues par la toile, où les anti- vaccins véhiculent des torrents de fake news pour dissuader les gens. Le travail du gouvernement devait prioritairement être axé sur ce volet communicationnel, histoire de bali- ser le terrain, mais aussi de faire taire les rumeurs et les informations

fallacieuses. Aujourd’hui, il n’y a aucune visibilité sur le degré d’acceptation du vaccin par la population. Le tout est donc

de savoir si, le moment venu, les Marocains voudront se faire piquer. En tout cas, un échec de la cam- pagne serait inacceptable, l’arrivée

du vaccin signifiant l’espoir d’une relance économique tant attendue. Le gouvernement est averti. ◆

Ç A SE PASSE AU MAROC

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S ur proposition de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), le ministre de la Santé a publié un arrêté ministériel portant intégration de 165 nouveaux médicaments dans le guide des médicaments remboursables, et ce à partir de sa parution au Bulletin officiel. Le ministère et l’ANAM indiquent que 70 médicaments de cette liste additive rentrent dans la prise en charge des affections de longue durée aux différents stades de leur évolution. Rappelons que depuis 2006, l’ANAM a inclus 4.668 médicaments rembour- sables, dont 3.015 génériques. ■ AMO : 165 nouveaux médicaments remboursables

Le HCP table sur une croissance de 0,5% au T1-2021 L a croissance de l'économie nationale devrait se situer à 0,5% au cours du premier trimestre de l'année 2021, selon le haut-commissariat au Plan (HCP). La croissance économique globale devrait s'accélérer sensi- blement au cours des trimestres qui suivent, profitant d'un effet d'ajustement de la base lié à la chute de l'activité pendant la période de confinement. Dans le détail, les activités hors agri- culture devraient poursuivre leur redressement, au T1-2021, affichant un repli de 0,5%. Dans le secteur secondaire, l'acti- vité industrielle se redresserait sensiblement, tandis que celle de la construction continuerait de pâtir de la faible demande adressée à l'immobilier résidentiel. La production d'électricité s'affirmerait, également, dans le sillage de la reprise graduelle des activités industrielles. Dans le secteur tertiaire, l'activité poursuivrait sa reprise modérée dans le commerce, le transport et la restauration, alors qu'elle resterait relativement dynamique dans les services non-marchands. Pour ce qui est des activi- tés agricoles, elles connaîtraient un sensible mouvement de reprise, sous l'hypothèse d'une pluviométrie hivernale excé- dentaire et généralisée. En variation annuelle, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une hausse de 10,8%, contribuant pour +1,2 point à la croissance économique globale. ■

Damane Relance Le CVE prolonge les délais et assouplit les conditions L e Comité de veille economique (CVE) a tenu sa onzième réunion de travail le mercredi 6 janvier 2021.

Il a ainsi été procédé à prolongation et l’amélioration de l’offre de garantie «Damane Relance», dans le but d’assurer les conditions d’un meilleur accompagne- ment de la reprise économique. Le CVE a en effet décidé de proroger la date limite d’octroi des crédits Relance au 31 mars 2021 et d’introduire des mesures d’assouplissement et d’amélioration des termes d’utilisation de cette offre. Ces mesures portent notamment sur les aspects suivants : • Élargissement de l’offre Relance aux courtiers d’assurance, aux bureaux de change et aux sociétés de transferts de fonds; • Relèvement du montant du crédit Relance à 2 mois de chiffre d’affaires pour les entreprises du transport touristique affectées par la crise; • Assouplissement des conditions pour les entreprises du BTP, notamment le retraite- ment des avances sur droits constatés et l’instruction au cas par cas des entreprises viables affectées par la crise, de moins de 3 ans ayant réalisé des investissements importants avant la crise et affichant un taux d’endettement élevé; • Augmentation du plafond du montant du crédit Relance de 40% à 50% du coût glo- bal de la réalisation du projet, hors foncier, et ce pour les entreprises de promotion immobilière ne bénéficiant pas de CPI (cré- dit de promotion. A noter qu’au 31 décembre 2020, 86.008

opérations de crédits ont été effectuées. Par ailleurs, le CVE a signé 5 contrats-pro- grammes lors d’une réunion : ils concernent notamment les salles de sport privées, les industries culturelles et créatives, les restaurateurs, les médias et le transport touristique. Ces contrats-programmes visent la préser- vation des emplois et de la trésorerie des entreprises opérant dans ces secteurs qui continuent de subir de plein fouet les effets de la crise liée à la Covid-19. Par ailleurs, il y a eu également la signature de l’avenant au contrat-programme lié au secteur du tourisme qui vient acter : • la prorogation des mesures d’accompa- gnement de ce secteur jusqu’au 31 mars 2021, notamment, l’octroi de l’indemni- té forfaitaire mensuelle de 2.000 dirhams pour les affiliés à la CNSS, et ce afin de préserver les emplois; • L’intégration des intérimaires touris- tiques; • La prolongation d’un an des agréments des transporteurs touristiques; • Et la prolongation des délais de régulari- sation pour les guides touristiques. ■

79.689.423 C’est le nombre d’opérations de paiement durant l’année 2020, pour 31.724.098.721 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines, sur les TPE des commerçants et les sites des facturiers et sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +8,5% en nombre et +4,1% en montant par rapport à l’année 2019.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Macky Sall décrète 2021 année de

Limogeage du ministre

Kenya : Le secteur du tourisme a perdu 1,3 milliard de dollars en 2020

la relance économique au Sénégal

tunisien de l'Intérieur

A vec un budget de 4.589 milliards de FCFA, soit près de 6,5 milliards d’euros, l'année 2021 devra être une année de relance de l’activité économique au Sénégal, a indiqué le président Macky Sall. Elle doit consacrer la relance de l’économie sénégalaise for- tement secouée par les contrecoups de la crise sanitaire liée à la Covid-19, a souligné le chef de l’Etat sénégalais lors de la présentation des vœux à la nation à l’occasion du nouvel an. Un Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré, PAP2a, issu du Conseil présidentiel du 21 septembre, a été mis en œuvre pour atteindre la relance de l’économie, a-t-il dit. Macky Sall a, par ailleurs, réitéré l’option de son pays de poursuivre les efforts de transformation structurelle de son économie par la réalisation de projets d’infrastructures indis- pensables à l’émergence. ■

L e ministre tunisien de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, a été démis de ses fonctions, a annoncé la prési- dence du gouvernement tunisien. Le chef du gouvernement, HichemMechichi, a décidé de démettre le ministre de l'Inté- rieur de ses fonctions, a précisé la prési- dence du gouvernement dans un communi- qué sans donner davantage de précisions. Selon la même source, le chef du gou- vernement assurera l'intérim à la tête du département de l'Intérieur. Il s'agit du deu- xième limogeage au sein du gouvernement Mechichi en l’espace de deux semaines. ■ Lancement officiel des échanges commerciaux sous ZLECAF

L e secteur du tourisme au Kenya a perdu 130 milliards de shillings (environ 1,3 milliard de dollars) en 2020, en raison des perturbations de la pandémie de la Covid-19, a déclaré le ministre du Tourisme et de la Faune, Najib Balala. Cette contreperformance est le résultat d'une pandémie qui a mis à terre le secteur du tourisme avec un faible taux d'occupation, des voyages annulés et des perturba- tions dans les voyages étrangers et locaux qui ont entraîné la fermeture de plusieurs établissements hôte- liers, a expliqué le ministre. Cette situation a conduit à des licen- ciements massifs de travailleurs occasionnels dans le secteur de l'hôtellerie, d'autres étant envoyés en congé sans solde ou forcés de subir des réductions de salaire. ■

Une croissance économique de 2%

en 2020 pour la Côte d’Ivoire

Le produit intérieur brut (PIB) de la Côte d'Ivoire est resté positif en dépit de l'impact de la Covid-19, affichant un taux de croissance d'environ 2% à fin 2020, a indiqué le président Alassane Ouattara.

« L'appareil productif de notre pays a connu un ralentisse- ment avec une révision du taux de croissance du produit intérieur brut à environ 2% cette année 2020 contre environ 7,2% initialement prévu », a dit Ouattara. La Côte d'Ivoire, à l’instar des pays du monde entier, a été tou- chée par la pandémie de la Covid-19. Cette pandémie a bouleversé le mode de vie et de travail des populations, dont certaines ont malheureusement succombé au virus. Rappelons que la Côte d’Ivoire a déployé un plan de sauvetage de 1.700 milliards FCFA. ■

L es échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ont été lancés le 1 er janvier lors d'une cérémo- nie virtuelle initiée par le secrétariat de la Zone continentale, basée à Accra. Ce lancement officiel des échanges com- merciaux sous ZLECAF a été décidé en décembre dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement des 54 pays membres de l’Union africaine. Il constitue une étape importante de l’inté- gration économique dans un espace com- mercial des plus importants au monde, avec 1,2 milliard de consommateurs actuel- lement et près de 2,5 milliards en 2050. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Nouveau plan d'aide aux entreprises en Grande-Bretagne

L e gouvernement britannique a annoncé un nouveau plan de 4,6 milliards de livres (5,1 milliards d’euros) pour aider les entreprises à faire face au troisième confinement annoncé par le Premier ministre, Boris Johnson, pour enrayer l’épidémie de la Covid-19. Les aides seront accordées aux secteurs de la vente au détail, de l’hôtellerie et des loisirs à hauteur de 9.000 livres (près de 10.000 euros) par entreprise, a précisé le ministre des Finances, Rishi Sunak. « Cela aidera les entreprises à traverser les mois à venir et surtout à maintenir les emplois, afin que les travailleurs puissent être prêts à revenir lorsqu’elles pourront rou- vrir », a-t-il déclaré.

En plus de ces subventions, qui représentent environ quatre milliards de livres, le gouvernement allouera 594 millions de livres à l’Ecosse, au Pays de Galles et à l’Irlande du Nord. ■ BioNTech s'attend à des rup- tures d'approvisionnement de vaccins naire Pfizer pour intensi- fier la production de leur vaccin, mais il y aura sans doute des ruptures d’approvisionnement jusqu’à ce que d’autres vaccins soient également dispo- nibles au sein de l’Union européenne (UE). La société allemande de biotechnologie est l’une des premières à avoir développé un vaccin contre la Covid- 19, mais il n’est disponible que depuis peu de temps en Europe. L’UE en a commandé de faibles quantités et les processus d’approbation par les autorités sanitaires ont été relativement lents. B ioNTech travaille d’ ar rache-p i ed avec son parte- Ces retards ont provoqué la consternation en Allemagne, où certaines régions ont dû fermer temporairement des centres de vaccination, quelques jours seulement après le lancement d’une campagne vaccinale le 27 décembre dernier. ■ Les actionnaires de PSA et FCA approuvent largement la fusion

Près de quatre millions d'Espagnols au chômage

L’ Espagne a recensé en décembre près de 4 millions de chômeurs, terminant l’année 2020 à un plus haut de quatre ans, la crise sanitaire et la récession brutale qu’elle a entraînée ayant lourdement pénalisé l’économie du pays. Selon les chiffres communiqués par le minis- tère du Travail, 3,89 millions d’Espagnols étaient privés d’emploi fin 2020, ce qui repré- sente une hausse de 22% par rapport à décembre 2019. Ce chiffre n’inclut pas les 755.000 salariés concernés par les dispositifs de chômage partiel. L’économie du royaume a plongé de 17,9% entre avril et juin et la Banque centrale anti- cipe une contraction à deux chiffres du PIB

pour l’ensemble de l’année. Parmi les secteurs les plus sinistrés, figure celui du tourisme, les visiteurs étrangers ayant déserté l’Espagne depuis le début de l’épidémie de coronavirus. ■

L'émergence du bitcoin comme «or numérique» pourrait le faire bondir à $ 146.000

L e bitcoin est en train de devenir un concurrent de l’or et pourrait atteindre une valeur de 146.000 dollars (119.000 euros) s’il parvient à s’imposer comme une valeur refuge, a déclaré mardi JPMorgan. L’intérêt pour la plus importante cryptomon- naie au monde a explosé cette année, les investisseurs considérant le bitcoin comme une couverture contre l’inflation ainsi qu’un placement alternatif face à la dépréciation du Dollar. Cette ruée vers le bitcoin l’a fait plus que tripler de valeur au cours des six der- niers mois pour atteindre un record à 34.800 dollars (28.380,36 euros) le 2 janvier. « La concurrence du bitcoin avec l’or a déjà commencé à nos yeux », écrivent les stra-

L es actionnaires de PSA et ceux de FCA ont approu- vé à la quasi-unanimité des voix le projet de fusion entre les deux groupes qui doit donner naissance à «Stellantis», quatrième groupe automobile mondial par les ventes en volume. A peine plus d’un an après la présentation d’un rappro- chement à plus de 42 milliards d’euros aux cours d’au- jourd’hui, les deux constructeurs ont franchi une étape déterminante de leur mariage. La finalisation de la fusion interviendra le 16 janvier. ■

tèges de JPMorgan dans une note, citant les récents 7 milliards de dollars de flux sortants sur l’or et les plus de 3 milliards d’entrées de capitaux sur le Grayscale Bitcoin Trust. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis janvier 2020

Compteur à zéro ! ◆ Pour les deux premières séances de 2021, le Masi affiche une variation négative de 0,30%. ◆ La détente des rendements obligataires devrait profiter aux actions.

toutes les inconstances provoquées par la crise sanitaire. Au 5 janvier, le Masi affiche déjà une variation négative de 0,30%, dans des volumes très limités. Sur ces deux pre- mières séances, nous ne repérons pas de mouvements marqués sur les actions. Les grosses capitalisations censées dri- ver le marché latéralisent, alors que les accélérations sont facilitées sur des dossiers plus petits, faute de profondeur. Sur le front macroéconomique, les chiffres publiés jusqu’à présent dénotent d’une certaine reprise de l’activité éco- nomique. On signale dans ce sens une atténuation de la baisse de la demande intérieure à 3,5% (après -10,5% au T3) et un allègement du déficit commercial de 26,2%. Pour le premier trimestre 2021, la croissance est prévue à 0,5%. Taux : consensus baissier pour le T1 La tendance baissière des taux obliga- taires devrait se poursuivre durant le pre-

mier trimestre 2021, profitant aux actions. La première séance d'adjudication du Trésor en 2021 marque la poursuite de la tendance baissière des taux enclen- chée depuis la dernière levée du Maroc à l’international. Face à une demande des investisseurs excédant les 9 Mds de DH, le Trésor s’est contenté de lever 3 Mds de DH, tenant compte de la situation confortable des finances publiques. Ceci a induit une nette détente des taux de rendement des maturités 10 ans, 20 ans et 30 ans de 22, 8 et 10 points de base respectivement. Parallèlement, le Trésor a procédé à une opération inverse de rachat de bons du Trésor (BDT), et ce pour la deuxième semaine consécutive. Cette dernière a porté sur un montant de 7,4 Mds de DH et s’inscrit dans le cadre de la gestion active de la dette publique de l’État. Ce rachat de BDT devrait permettre d’atté- nuer uniquement les tombées du Trésor en 2021. ◆

Par Y. Seddik

L es compteurs sont remis à zéro, la page douloureuse de 2020 est tournée et les investisseurs espèrent démarrer cette nou- velle année sous de bons aus- pices. Même si les marchés ont rebondi fortement en fin d'année, les gérants restent extrêmement prudents dans ces toutes premières séances de 2021. Il faut dire, qu’habituellement, le mois de jan- vier est souvent profitable aux actions. Car, après le «grand ménage» dans les portefeuilles, opéré en décembre, les gestionnaires de fonds soumettent leurs convictions de placement pour l’année entrante. Ce remaniement dans les portefeuilles implique de nouvelles positions bour- sières, et donc des décalages haussiers des cours. C’est le fameux «effet de janvier». Reste à savoir si cette anomalie boursière sera vérifiée cette année, avec

Face à une demande des investisseurs excédant les 9 Mds de DH, le Trésor s’est contenté de lever 3 Mds de DH.

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Finances publiques

◆ Réaction face à la pandémie, décisions monétaires récentes..., le FMI continue de saluer la réponse globale du Maroc à la crise. Le FMI conforte le Maroc dans ses choix

spécial pour la gestion de la Covid-19. Ils saluent également «les mesures excep- tionnelles adoptées par Bank Al-Maghrib pour résorber l’impact de la pandémie sur les marchés financiers et l’économie réelle». Toutefois, avec un taux directeur de 1,5%, le Maroc dispose de moins en moins de marges de manœuvre. Sur le plan institutionnel, le FMI exprime son soutien au plan des autorités maro- caines visant à réformer les grandes entreprises publiques afin d’améliorer leur efficacité et gouvernance, tout en appuyant le développement du secteur privé. Au niveau de l’élargissement du sys- tème de protection sociale, le Conseil d'administration du FMI a salué l’en- gagement des autorités pour rendre l’accès à la couverture plus équitable, tout en améliorant le ciblage et en rationalisant les dépenses. L'institution financière internationale basée à Washington a noté que les réserves en devises «restent largement au-dessus» du niveau de l’année pré- cédente grâce notamment au recours à la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) en avril dernier, ainsi qu’à un plus grand accès au financement extérieur. «Les banques ont jusqu’à présent géré la récession plutôt bien, et le crédit a continué à augmenter en 2020, reflétant à la fois une réponse forte de la Banque centrale, qui a amélioré les conditions d'accès aux liquidités et réduit les taux d’intérêt, outre les programmes de crédits garantis du gouvernement» , se félicite le FMI. L’équipe du FMI estime que la croissance du PIB sera de -7,2% en 2020 et s’attend à un rebond cette année 2021 de 4,5%, alors que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent et que la politique monétaire et budgétaire restent accommodantes. De même, la reprise du tourisme et des revenus des exportations devraient conduire à une amélioration graduelle du déficit actuel. ◆

Roberto Cardarelli, chef de mission du FMI au Maroc

décembre avec un spread intéressant, sont des signaux positifs sur la santé financière du pays. Pour le chef de mission du FMI, «il y a actuellement beaucoup de liquidités disponibles sur les marchés pour finan- cer des économies émergentes solides comme le Maroc». Enfin, Cardarelli a déclaré que la décision du Maroc de rembourser une partie de la LPL ne change pas la possibilité d'avoir de nouveaux engagements avec le FMI. «Si la reprise se produit comme attendu, il n’y aura pas de besoins de financement particuliers. Mais si le Maroc a besoin de ressources en cas de choc, nous sommes prêts à discuter de toute forme d'aide que le FMI peut mettre en place. Mais pour le moment, il n'y a pas de discussions» , explique-t-il. Une réponse budgétaire appropriée Les membres du Conseil se sont accor- dés sur le fait que la politique budgé- taire a soutenu «de façon appropriée» les ménages et les entreprises dans le contexte de la pandémie, aidée en cela par les contributions volontaires au Fonds

L eConseil d’administration du FMI a salué les autorités marocaines pour «leur réponse rapide qui a permis d’atténuer l’impact social et économique et des chocs» causés par la pandémie et la sécheresse. Dans une conférence de presse express donnée le 5 janvier, les membres de la mission du FMI au Maroc n'ont pas man- qué d’applaudir les efforts déployés par les autorités, tout en soulevant le resser- rement des marges de manœuvre sur le plan monétaire, le Maroc ayant utilisé une bonne partie de ses cartouches. Le chef de mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, a profité de cette ren- contre avec la presse pour commenter le récent remboursement par anticipation effectué par le Maroc d'une partie de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), indiquant que cela souligne la situation «très calme» des finances publiques du Royaume, appuyées par des réserves de change très «confortables» . Selon Cardarelli, ce remboursement ainsi que la sortie du Trésor à l'international en Par A. Hlimi

Il y a actuel- lement beaucoup de liquidités dis- ponibles sur les marchés pour financer des écono- mies émer- gentes solides comme le Maroc.

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BOURSE & FINANCES

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Système financier

◆ Le système financier national tient toujours tête à la crise 10 mois après le début de la pandémie. ◆ Banques, assurances et marché des capitaux continuent d’afficher de solides fondamentaux malgré les soubresauts économiques, alors que la situation des régimes de retraite, elle, inquiète les régulateurs. Résilience avérée en pleine crise économique F in décembre, le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS) a effectué quant à lui, à 176% à fin octobre, bien au-delà du minimum régle- mentaire de 100%, selon les conclusions du Comité. de faire preuve de solidité et de croissance aussi bien en vie qu’en non vie. Par Y. Seddik

des capitaux a été globalement stable au cours de ce deuxième semestre. Le marché actions a même repris une tendance haussière à partir du quatrième trimestre 2020, avec une volati- lité moyenne limitée à 8,6%, ce qui a ramené la contreperfor- mance de l’indice Masi à -7,6% au 25 décembre contre -17,1% au 29 juin 2020 et -26,15% au 18 mars 2020. La valorisation globale de la Bourse ressort au 25 décembre à un niveau relativement élevé de 18,2 x, dépassant légère- ment sa moyenne historique sur les cinq dernières années. La liquidité du marché boursier retombe à 8,8% à fin novembre après une amélioration à 11,5% en mai 2020, selon les calculs du CCSRS. Retraites : voyants rouges La sous-tarification des droits acquis dans le cadre de la branche long-terme de la CNSS et du régime général du RCAR conduit à une forte accumulation des dettes impli- cites (engagements non cou- verts) des deux régimes, note le CCSRS. En ce qui concerne le régime des pensions civiles géré par la CMR, sa réforme paramétrique intervenue en 2016 a permis d’équilibrer sa tarification au titre des droits acquis après 2017. Toutefois, l’importance des engagements du régime au titre des droits acquis avant la réforme menace à court terme sa pérennité, avec un épuise- ment des réserves projeté pour 2029. ◆

Au plan technique, sur les dix premiers mois de 2020, le chiffre d’affaires s’est accru de 2,7% en glissement annuel, avec une progression de 1,4% pour la branche vie et 3,7% pour la non- vie. La sinistralité devrait, pour sa part, s’inscrire en baisse, en lien notamment avec l’arrêt de l’activité économique durant la période du confinement. Au plan financier, les place- ments des entreprises d’assu- rances ont augmenté de 4,4% pour atteindre 192,4 milliards de DH et les plus-values latentes continuent de s’améliorer avec le redressement du marché bour- sier. Quant au résultat net des sociétés d’assurances, il a enre- gistré à fin juin 2020 une baisse de 25,2%, impacté essentielle- ment par la contreperformance des activités financières durant le premier semestre. Par ailleurs, le secteur conti- nue de dégager une marge de

Mais la crise a porté un gros coup à la rentabilité du secteur bancaire. Ce dernier a accusé à fin juin 2020 une baisse de 47% de son résultat net, sous l’effet principalement de la montée significative du coût du risque de crédit et de la contribution au fonds Covid-19. A cet égard, le taux de créances en souffrance des banques à fin octobre s’est aggravé à 10,8% pour les entreprises non financières et à 9,2% pour les ménages, contre respective- ment 10,1% et 8% à fin 2019. D’ailleurs, c’est l’un des points de vigilance surveillé méticuleu- sement par la Banque centrale.

une série d'études d'impact et de stress-test au titre du 4 ème trimestre 2020. Les conclu- sions de ces exercices montrent «globalement, et jusqu’ici, une résilience du secteur financier marocain, malgré la persistance de la pandémie et ses répercus- sions économiques». Les banques, dans cette conjoncture porteuse de risques, sont parvenues au titre du premier semestre 2020 à préserver leurs fondamentaux en matière de solvabilité et de liquidité. Elles ont dégagé, sur base sociale, à fin juin 2020, un ratio moyen de solvabilité de 15,5% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 11,4%, supérieurs aux minimas réglementaires. Le coussin de liquidité ressort,

Les assu- rances conti- nuent de déga- ger une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire.

Assurances : solidité et croissance

Même son de cloche chez les assureurs. Malgré le contexte de la crise Covid-19, le sec- teur continue, dans l’ensemble,

solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire. Ces excédents de marge devraient, néanmoins, connaître une baisse impor- tante avec le passage à la solvabilité basée sur les risques.

Dans cette conjonc- ture porteuse de risques, les banques sont parvenues à préserver leurs fondamentaux en matière de solvabi- lité et de liquidité.

Bourse : nette rattrapage au T4 Après les tensions aux cours du premier semestre, causées par les incertitudes liées à la pandémie Covid-19, le marché

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◆ Les conventions d’amnisties fiscales signées au mois de décembre 2020 comprennent certes des avantages, mais peuvent générer également des distorsions entre les entreprises. ◆ La mise en place d’un nouveau service intitulé «Corridor CGEM-DGI» milite en faveur de la restauration de la confiance entre le fisc et les entreprises marocaines, obligées de faire face aux nouveaux risques générés par la crise. ◆ Toujours d’horizon avec HichamMouchir, expert-comptable, économiste, consultant et co-fondateur du cabinet d’audit et de conseil Arobase Consulting. Propos recueillis par M. Diao «L’Etat doit accélérer la mise en œuvre des recommandations des Assises» Fiscalité

Finances News Hebdo : En tant qu'ex- pert-comptable, quel regard portez- vous sur les multiples signatures de conventions fiscales entre la DGI et certaines fédérations professionnelles au cours de l'année 2020 ? Hicham Mouchir : Tout d’abord, je tiens à préciser que cette action est un acte tout à fait légal qui s’inscrit parmi les six mesures fiscales d’amnistie introduites par la Loi de Finances pour l’année 2020, et approuvées par le Parlement. Ce dispositif fait partie des mesures de la réforme fiscale prévue au titre de la période 2020 - 2024, suite aux recom- mandations formulées à l’issue des dernières assises fiscales, tenues en mai 2019 à Skhirate. Pour rappel, le Maroc avait connu des opéra- tions similaires dans les années 90, et même bien avant. L’objectif affiché par les autorités étant de répondre aux défis posés par le contexte, de redynamiser l’économie et de permettre de rétablir la confiance entre l’Etat et les contribuables. C’est vrai qu’à mon sens ce type de conventions et d’amnisties crée des distorsions entre les sociétés qui respectent la loi et celles qui sous-déclarent pour éluder l’impôt, et ne sert pas clairement le principe de l’équité prévu par notre Constitution. D’aucuns la qualifient même de défaite de l’Etat face aux fraudeurs, qui risque au passage de ren- forcer le sentiment d’injustice chez une large catégorie de contribuables qui s’acquittent régulièrement de leur impôt. Cela dit, il ne faut pas oublier que le rétablissement de la confiance implique la nécessité de se mettre à table, de négocier et de tourner la page, à fortiori dans un contexte de crise et de baisse des recettes de l’Etat. D’ailleurs, à l’instar du Maroc, d’autres pays ont mis également en place des dispositions de dispense, de régula- risation et de libération fiscales, mais cela aura

Je pense que l'économie marocaine soignera par- tiellement ses plaies en 2021.

plus de sens et de crédibilité si elles sont sui- vies par un contrôle strict du respect de la loi par tous les contribuables. Ce dispositif consti- tue également le préalable à la mise en œuvre des actions de contrôle et de recoupement de la DGI sur la base de solutions informatiques et des données digitales puisées auprès des autres administrations et opérateurs locaux ainsi qu’auprès des administrations fiscales des pays partenaires du Maroc. Rappelons à cet effet que le Maroc a adhéré, en 2019, à l'accord de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) por- tant sur l'échange automatiques des données fiscales. Néanmoins, sur le plan technique, ce

que je déplore, c’est que premièrement cer- taines conventions ont été signées la veille du deadline, voire le même jour du 15 décembre 2020 pour être appliquées quelques heures aussitôt. Secundo, il y a eu d’innombrables difficultés d’application et d’interprétation rela- tives à la base imposable, au mode de calcul et à la saisie de ces informations sur la pla- teforme de la DGI. Enfin, mon souhait est que tous les contribuables s’inscrivent aux côtés de l’administration fiscale sur la voie de la confiance mutuelle et de la citoyenneté pour relever les challenges d’aujourd’hui et de demain. Nous en saurons un peu plus dans les prochains mois ou années à venir.

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F.N.H. : La CGEM et le fisc ont conclu en début décembre une convention de partenariat pour la mise en place d’un nouveau service intitulé «Corridor CGEM-DGI». Peut-on légitimement prétendre à une relation plus apaisée basée sur la confiance en 2021 entre le fisc et les entreprises maro- caines ?

Cette crise a démontré avec

H. M. : C’est ce que j’espère personnel- lement. En tout cas, cela augure à mon sens d’un vent positif d’optimisme et d’une relation visiblement plus concertée entre les opérateurs économiques et la DGI. Il faut noter à ce propos que ce gent- lemen’s agreement, signé le 4 décembre dernier, a pour objectif, comme annoncé par la CGEM, d’accompagner les entre- prises membres de la CGEM dans leurs

insistance l’ampleur du secteur informel (plus de 5 millions de Marocains tra- vaillant dans l’infor- mel ayant bénéficié de l’aide publique Covid).

démarches administratives tout en œuvrant à réduire les situations contentieuses, à lever les incertitudes juridiques et à donner de la visibilité aux entreprises sur la manière dont les textes en vigueur doivent s’appliquer. Il vise également à accroître le taux de conformité fiscale. Cette convention de partenariat se fixe donc comme finalité le rétablissement de la confiance entre la DGI et les TPE et PME. Ainsi, le maître-mot est encore une fois la confiance. Ceci passe inévitablement par la clarté des textes, la stabilité et la justesse de leur applica- tion, la lutte contre la corruption et la fraude et plus de visibilité pour l’Etat et les entreprises, dont le but ultime est d’instaurer un climat sain des affaires. Pour ce, je crois qu’il est essentiel de réduire la marge d’interprétation de l’admi- nistration fiscale en clarifiant le Code général des impôts (CGI) et en facilitant l’échange et la résolution des conflits et des divergences dans l’application de ce texte. Il est aussi recom- mandé de faire valoir les bonnes pratiques de part et d’autre; l’administration fiscale dans certains pays félicite par écrit les bons contri- buables. La recherche à tout prix de recettes fiscales optimales (objectif par dossier) devrait également être recadrée pour éviter les abus lors des contrôles opérés par l’administration. De même, les entreprises doivent veiller à res- pecter la loi et à considérer le paiement des impôts comme un acte citoyen et non comme une contrainte. D’un autre côté, et sur un plan purement pratique, je n’ai pas encore d’infor- mations précises sur la manière dont ce ser- vice sera fourni aux entreprises, la composition de l’équipe en charge et son articulation par rapport aux travaux des Commissions fiscales de taxation et de recours fiscal (CLT/CNRF), prévues par le CGI. Nous devrons peut-être attendre la mise en application de ce service pour en savoir davantage.

F.N.H. : L'exercice fiscal en 2020 a été particulier en raison de la crise liée à la Covid-19 qui perdure. Y a-t-il des enseignements à tirer de cette crise afin d'améliorer le système fiscal ainsi que les pratiques ? H. M. : Absolument. L’année 2020 a été dif- ficile et volatile. Nous commençons petit à petit à voir la lumière au bout du tunnel avec les bonnes nouvelles qui arrivent concernant les vaccins contre la Covid-19, mais je pense qu’entrevoir une reprise économique en 2021 ne sera pas une mince affaire et demandera plus de temps. Concernant les enseignements à tirer de cette crise, relativement au système fiscal marocain, je pense que l’Etat doit accélé- rer la mise en œuvre des recommandations des dernières assises fiscales en tenant compte des travaux de la Commission royale chargée du modèle de développement. Cette crise a démontré avec insistance l’ampleur du sec- teur informel (plus de 5 millions de Marocains travaillant dans l’informel ayant bénéficié de l’aide publique Covid-19) et la nécessité de la généralisation de la couverture sociale pour tous les Marocains, de faire preuve d’un sens de solidarité et d’engagement collectif (Etat et citoyens) pour une société plus juste et plus égalitaire; et j’espère qu'il y aura d'autres avancées à l'avenir pour aider notre pays à remédier à ses fragilités. En outre, ce pas- sage à vide consacre l’importance d’avoir un tissu économique national fort et autonome et l’intérêt de soutenir la recherche et le dévelop- pement, les secteurs numériques et de digi- talisation, porteurs d’un énorme potentiel de croissance. La mise en place d’un régime fiscal avantageux pour l’innovation et les nouvelles technologies s’imposent à mon humble avis comme une priorité. De plus, l'économie n'est

pas encore totalement tirée d'affaire. Le gou- vernement devra donc prendre de nouvelles mesures pour aider les entreprises touchées par les restrictions et apporter plus de visibilité à travers notamment des pratiques administra- tives plus équitables. F.N.H. : Enfin, que vous suggère l'an- née 2021 en tant que professionnel des chiffres et pourvoyeur de conseils en faveur des entreprises ? H. M. : En tant que professionnel des chiffres et conseil des entreprises, je pense que l'éco- nomie marocaine soignera partiellement ses plaies en 2021. Il faut dire que des opportu- nités existent sur le marché, mais aussi des risques qu'il va falloir gérer. Les incertitudes qui existent en matière de demande interna- tionale devront réorienter l’offre marocaine vers les opportunités créées par les nouveaux créneaux d’activité telles que la transformation numérique, l'innovation en matière de santé et le développement durable. Durant cette conjoncture inédite, les entreprises ont intérêt à être mieux conseillées et d’être accompa- gnées pour faire face à ce contexte de forte volatilité. Nous avons tous constaté que le soutien des Etats a favorisé la reprise écono- mique et, dans beaucoup de pays, l'Etat est et restera au chevet de l'économie. Certains responsables politiques pourraient hésiter en raison de la montée des déficits budgétaires, mais je pense qu’il est extrêmement important que le soutien de l’Etat marocain continue pen- dant cette période et au-delà. L’Etat doit plus que jamais montrer la voie aux entrepreneurs en soutenant l’investissement, en facilitant l’entrepreneuriat et en mettant en place les solutions idoines de financement à moyen et long terme. ◆

Il est essen- tiel de réduire la marge d’interpré- tation de l’administra- tion fiscale en clarifiant le Code général des impôts.

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Bourse de Casablanca

◆ Dans les esprits des opérateurs boursiers, l’année 2020 restera comme la plus violente et la plus imprévisible de l’histoire (récente ?) de la Bourse de Casablanca. ◆ Plusieurs événements ont émaillé cette année atypique et pleine de surprises. Récapitulatif. 2020, année de tous les extrêmes

8.980 et 9.000 points où les valorisations devenaient injustifiées.

Un rebond (presque) aussi impres- sionnant que la chute A partir de mai, la cote casablancaise a commencé à afficher quelques signes de reprise. Elle a été portée par la reprise partielle de l'activité économique du pays, le déconfinement graduel ainsi que la décision de Bank Al-Maghrib de réduire son taux directeur de 50 points de base à 1,5% et de libérer intégra-

lement le compte de réserve au profit des banques. Notons qu’au lendemain de cette décision, le 17 juin, le marché avait terminé sur une hausse remarquable de 3,51% à 10.438,48 points. Puis est venue la période estivale, avec son lot de lourdeurs, n’ap- portant aucun changement à la

En 2020, seuls 9 secteurs des 24

représentés sur le marché casablan- cais ont affiché des performances posi- tives.

structure du marché. Le Masi est resté, durant cette période, scotché entre 10.100 et 10.300 points. Les séances estivales défilaient dans le plus grand calme en l'absence de nouvelles sur le front macro et microéconomique. Les «stop and go» de l'activité économique, avec les nouvelles mesures restrictives locales, ont provoqué quelques phases de volatilité sans pour autant peser sur le marché. Ce n’est qu’en novembre que le marché a repris nettement de la hauteur. Poussé par l'annonce de plusieurs laboratoires internationaux d'une efficacité supé- rieure à 90% de leurs vaccins contre la Covid-19, le retour à la distribution des dividendes de la part du secteur bancaire, ainsi que par l'appréciation significative de la pondération du Maroc dans le MSCI FM à 13,4% contre 8,5% en août 2020, lui conférant plus de visibilité auprès des gérants de fonds internationaux. En décembre, d’autres

L es qualificatifs ne manquent pas pour décrire 2020. Un mil- lésime qui aura vu les extrêmes et les records (bons et mau- vais) se multiplier sur le marché actions. L’année a, en effet, démarré calmement à la Bourse de Casablanca. Une séquence habituelle marquée par les ajustements stratégiques, où les institutionnels et les OPCVM parient sur des valeurs jugées porteuses. Le Masi avait donc clôturé les deux premiers mois en hausse de 0,73% (+2,96% sur le seul mois de janvier). Le consensus était haussier dans un contexte de taux bas et d'externalisation de la gestion financière des institutionnels vers les OPCVM, ce qui allait alimenter constam- ment le marché actions en flux. Sauf que quelques semaines plus tard, tout a dégénéré sous le coup de la pan- démie. Par Y. Seddik

Mars : le point de bascule La vague épidémique n’a pas tardé à rejoindre le Maroc : les premières contaminations ont été recensées, l’état d’urgence décrété et les frontières fer- mées dans la foulée. Le 6 mars, dans une séance aux airs de krach boursier, l’indice MASI a pris l’eau en lâchant 3,05%. Totalement privés de repères et de sou- tien face à cette pandémie qui immo- bilisait l’économie nationale, les inves- tisseurs n’ont eu d’autres choix que de capituler. La dégringolade s’est ainsi poursuivie. Le 12 mars, l’indice perdait 13%, le 18 plus de 26% depuis le début d’année. La casse a pourtant été contenue grâce à la décision de l'AMMC de réduire les seuils de variation des cours des instru- ments financiers de ±10% à ±4%. Le marché a par ailleurs trouvé un plan- cher, comme base de rebond, entre

En décembre, d’autres cata- lyseurs ont soutenu la dynamique du marché actions, notamment une impor- tante détente sur les taux.

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catalyseurs ont soutenu la dynamique du marché actions. Il s’agit d’une importante détente sur les taux après la levée remarquable du Maroc à l'international (3 milliards de dollars), et la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, décision qui a stimulé plusieurs secteurs, notamment les cycliques. Dans ce mouvement de récupération aussi fort que la chute de mars, le MASI a gagné plus de 25% au 29 décembre. La gestion collective a fait preuve de résilience L’industrie de la gestion collective s’est globalement montrée résiliente durant la crise sanitaire, malgré un repli des performances dans les fonds «actions» et «diversifiés». En pleine crise, les gestionnaires de fonds ont pu réaliser une collecte nette de près de 10 milliards de DH entre février et mai, alors que l’encours sous gestion a dépassé la barre symbolique des 500 milliards de DH. Notons par la même occasion que des institutionnels, habituellement présents sur le marché actions, s’y sont investis pour la première fois en 2020 via des fonds dédiés. Ils ont notamment par- ticipé au rebond des actions pendant cette période. L’année 2020 a aussi connu le dévelop- pement des OPCI. Les opérations de transfert d’actifs des banques vers des fonds immobiliers se sont succédée. Derniers exemples en date, ceux de BMCI et BCP. Grâce à ce mécanisme, ces banques ont allégé leur bilan, la pression sur leurs fonds propres et disposent de liquidités immédiates. Elles ont aussi engrangé des plus-values (permettant de sécuriser ou doper leurs résultats),

L’industrie de la gestion collective s’est globalement montrée résiliente durant la crise sani- taire.

d'autant qu'elles seront exonérées jusqu'en 2023. À fin septembre, l’encours net des actifs des OPCI est de 3,55 milliards de DH. Secteurs : les tops & les flops Au chapitre des variations sectorielles, 7 secteurs des 24 représentés sur le marché casablancais affichent des per- formances positives (au 30 décembre 2020). L'indice des «Matériels, Logiciels & Services informatiques» arrive en tête de liste avec une progres- sion de 50,55%, dopé par HPS, Disway et Microdata qui avancent respective- ment de 73%, 29,51% et 21,18%. L'«Industrie pharmaceutique» occupe la seconde place des performances sec- torielles avec 17,45%, grâce à Sothema (+23,38%), suivie des «Mines» qui pro- fite de la bonne tenue de Managem (+34,59%) et sa filiale SMI (+23,53%). Parmi les secteurs qui sortent gagnants de cette année, figurent également les «Distributeurs» (+9,83%), tirés par

Label'Vie (+19,23%). A l'opposé, le secteur de la «Participation et Promotions immobilières» accuse la plus forte baisse (-43,66%), suivi de «Loisirs et Hôtels» (-35,26%), «Sylviculture et Papier» (-31,81%) et «Transport» (-20,13%). L'indice des «Banques» affiche -15,55%, tandis que la baisse du secteur des «Télécommunications» est de 6,54%. ◆

AVIS DE CONDOLÉANCES

Nous avons appris le décès de Feu Mehdi Chaouki, père de Samir Chaouki.

Pendant que la pandémie poursuivait son œuvre destructrice en alourdissant le bilan humain et en poussant les économies dans la récession, les analystes essayaient d’en chiffrer les impacts et de prévoir les scénarios économiques pour l’après-crise. Reprise en «V», en «U», ou encore en «W», jamais les prévisions n'ont été aussi caduques qu'en 2020. Très peu d’analystes ont anticipé la brutalité de la crise. Même ceux qui l'ont fait n'ont pas toujours converti leurs prévisions en perfor- mances. Des prévisions qui tombent à l’eau

إنا لله وإنا إليه راجعون « « Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons. A cette occasion, le groupe JMA Conseil, éditeur de Finances News Hebdo, La quotidienne, Autonews et Boursenews présentent leurs sincères condoléances à M. Samir Chaouki.

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