FNH 999

Découvrez le numéro 999 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 15 octobre 2020 - 8 DH - N° 999

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Audit légal Les zones de précarité

Licenciement économique

On vous dit tout

Selma El Hassani Sbai, professeur universitaire de droit privé

Me Nesrine Roudane, avocate au Barreau de Casablanca

P. 14/15

P. 22/23

Le confinement est passé par là Crédit à la consommation P. 10/11 à

L'analyse de Younes Benboujida, Directeur général d’Eqdom

Où placer le curseur ? Restrictions sanitaires - Relance économique

Sécheresse

Code électoral

Que faut-il attendre des réformes envisagées ?

Risque systémique

P.26

P. 34

Immobilier

Travail domestique

Tout savoir sur le dispositif légal

Les petits promoteurs en souffrance ● Des projets sont achevés depuis trois ans, mais ne sont pas encore livrés.

● Me Zakaria Lachkham, avocat au Barreau de Rabat, nous éclaire sur cette loi.

● Les mesures restrictives prises pour résorber la propagation du coronavirus sapent toute velléité de reprise.

P. 16/17

P. 24/25

P. 30/31

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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Actualité Voyons voir : Covid-19 : Dans la peau d’une élève

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Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde

Bourse & Finances Point Bourse Hebdo : Sans catalyseurs, le marché avance au petit trot Financement : Ces start-up qui ont levé des fonds malgré la crise Crédit à la consommation : Le confinement est passé par là Entretien avec Younes Benboujida : Crédit à la consommation, une reprise conditionnée par la levée des restrictions Emetteurs : La RSE défie la crise Sortie de crise : Plaidoyer pour une finance durable Entretien avec Selma El Hassani Sbai : Ces zones de précarité de l’audit légal au Maroc

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Editorial Par Fatima Ouriaghli

L a vie est bien tristounette depuis l’apparition de la Covid-19. Les rapports sociaux sont désormais régis par la prudence outran- cière, la suspicion et une cer- taine distanciation qui rend notre quotidien bien terne. Et cela dure depuis des mois. C’est psychologiquement lourd à gérer et bien pesant. Alors, quand les rares occasions de joie se présentent en ces moments où le Maroc vit au rythme de la multiplication des cas de contamination et du nombre de décès, on s’oublie aisément. Quitte à prendre des risques inconsidérés. C’est ce qui s’est passé avec le sacre, dimanche, du Raja de Casablanca. En s’offrant le championnat, il a aussi donné l’occasion à ses nombreux supporters, sevrés de stade depuis longtemps, de célébrer… dignement ce titre, tard dans la nuit. Au mépris des règles de distanciation sociale. Au mépris du couvre-feu en vigueur dès 22H. Si les Marocains ont fait preuve d’exemplarité durant le confi- nement strict, ils sont, désor- mais, de plus en plus enclins à transgresser l’état d’urgence sanitaire, à défier les autorités. Mais cette liesse populaire qui a sanctionné le sacre d’un des deux clubs de la métropole est simplement l’expression d’un ras-le-bol collectif de citoyens en liberté conditionnelle, qui COUPABLE ? LIESSE POPULAIRE

souffrent et des mesures res- trictives imposées par les auto- rités et des conséquences éco- nomiques de cette crise. Sortir dans la rue, exprimer librement leur joie, s’enlacer pour fêter une victoire, est juste un exutoire. Un moyen de décompresser et d’oublier toute cette frustration sociale apparue depuis que la pan- démie s’est invitée dans notre quotidien. Entre confinements localisés et couvre- feu, à Casablanca les citoyens sont en ce moment moralement usés. Il ne s’agit cependant nullement de justifier ce qui s’est passé dimanche soir. Mais, plutôt, d’essayer de comprendre. Entre confinements localisés, quartiers bouclés, restrictions de déplacement et couvre-feu, à Casablanca les citoyens sont en ce moment moralement usés. Passablement agacés. A bout. C’est cela la réalité. Est-ce donc de cette façon que nous devons apprendre à vivre avec la covid-19 ? Je ne le pense pas. u

Economie Restrictions sanitaires - Relance économique : Où placer le curseur ? Reprise : Il faut aussi de bonnes compétences Entretien avec Abdelrhni Bensaid : Traiteurs, «90% des acteurs n’ont pas réalisé d’opération depuis le début de la pandémie» Delivery Agile : Un facteur clé de la transformation digitale Vulnérabilité sociale : Le milieu rural paie le prix fort ! Entretien avec Nesrine Roudane : Licenciement économique, on vous dit tout

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Immobilier : Le secteur voit enfin le bout du tunnel Immobilier : Les petits promoteurs en souffrance

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Focus Agricole Sécheresse : Risque systémique 26 L'univers des TPME Startup Challenge : Le trio gagnant dévoilé 27

Développement durable Hausse des prix des denrées alimentaires : Le changement climatique y est pour quelque chose La facture salée des catastrophes naturelles : 3.000 milliards de dollars de pertes et 1,2 million de morts

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Société Travail domestique : Tout savoir sur le dispositif réglementaire 30

Culture Exposition : Des «Envolées» lyriques Entretien avec Ghizlane Guessous Boutaleb : Une galeriste chic et choc

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Politique Code électoral : Que faut-il attendre des réformes envisagées ? 34

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Covid-19 Dans la peau d’une élève

Par D. William

D epuis le début de la pan- démie, on a tout décidé pour eux : confinement, déconfinement, cours à distance, en présentiel, mesures drastiques à l’école…, sans jamais leur demander leur avis. Je vais essayer de me mettre un peu dans la peau d’une élève, en cette rentrée scolaire. Récit. 7H00 du matin. Oumaima était déjà fin prête, excitée à l’idée de revoir enfin ses camarades de classe.

Hind, Halima, Aïcha, Karim…, dispa- rus de la circulation depuis l’adop- tion des cours à distance. Le contenu de son cartable a bien changé. A côté des livres, cahiers et autres stylos, bien rangés dans une pochette, ses outils anti-covid-19 : masques, gel hydroalcoolique, mouchoirs en papier aseptisés… Oui, il faut bien se prémunir contre cette saloperie. Qui a foncièrement changé l’ambiance de la maison. Fini les petits câlins du matin à

maman et papa ! Fini les petits- déjeuners conviviaux, ensemble, autour de la table à manger ! Fini les jeux avec sa sœur cadette ! Fini les retrouvailles au salon, agglu- tinés les uns aux autres, pour regar- der un film ! Chez Oumaima, tout le monde est devenu suspect. Tout le monde est porteur potentiel du coronavi- rus. Alors, chez Oumaima, il n’y a presque plus de vie. L’ambiance est devenue pesante, presque glaciale. Alors, la reprise des cours en pré- sentiel, Oumaima y voit une aubaine. Une sorte de renaissance dans un environnement où la Covid-19 a poussé à être asocial. 8H15. Elle était déjà à l’école. Mais elle a cru, un court instant, être conviée à un grand bal masqué en plein air. Oumaima n’a même pas pu reconnaître sa meilleure amie, Hind, avec ses lunettes et son visage tra- versé de part et d’autre par une bavette. Des profs aux élèves, en passant par les membres du person- nel, tout le monde avait ce cache- nez, risible avec un peu de recul, mais que l’on dit ô combien impor- tant en ces temps de Covid-19. Oumaima tenait ses amis… à dis- tance réglementaire. Pas question d’accolades ni de se serrer la main. Ils discutaient ainsi en des termes à peine audibles. En classe, sa voisine la plus proche était à presque deux mètres. Plus question de se passer les règles, gommes et autres accessoires. Visiblement gêné par son masque, le prof distillait tant bien que mal son cours. On sentait dans son into- nation tous les efforts qu’il consen- tait pour bien articuler. Oumaima ne reconnaissait plus ce prof souriant, au visage si jovial, très pédagogue et qui faisait souvent rire la classe. Son visage était devenu

presque inexpressif. L’atmosphère était austère, glauque, et elle était davantage focalisée sur cet envi- ronnement peu propice à son épa- nouissement personnel que sur ce que disait le prof. Oumaima, qui espérait retrouver un peu de liens sociaux à l’école, a donc vite déchanté. Finalement, n’aurait-il pas été mieux de suivre les cours à distance, se demandait-elle ? Surtout que, deux jours après la reprise, elle apprenait que sa meilleure amie, Hind, a été testée positive à la covid-19. De retour à la maison, dans un élan de panique et de désarroi, elle s’est jetée dans les bras de sa mère. Elle avait cruellement besoin de réconfort, de son affection, de sa chaleur et de ses étreintes qui lui manquaient tant et dont elle se prive depuis plusieurs mois. Maman ne pouvait repousser sa fille adorée. Papa et sa petite sœur ne pouvaient rester indifférents face à cette scène émouvante qui se jouait devant eux et les rejoignirent pour une étreinte collective. L’émotion passée, ils prirent conscience de la dure réalité : ils sont tous devenus des cas contact. Un cluster familial potentiel. Tests et attente des résultats dans une angoisse indescriptible, voilà ce qui les attendait désormais. Oumaima et sa famille vivent, mal- heureusement, ce que vivent plu- sieurs familles marocaines depuis le début de cette rentrée scolaire. Les élèves, nos enfants, peuvent-ils gérer cet ascenseur émotionnel à longueur d’année ? C’est aujourd’hui, véritablement, la question qu’il faut se poser. Car les conséquences de cette détresse psychologique semblent bien plus importantes que celles liées à la Covid-19. ◆

AVIS DE REMERCIEMENTS

Les Familles MOULINE et BALAFREJ remercient tous les parents et amis qui se sont associés à leur deuil suite au décès de leur cher et regretté

Larbi MOULINE

survenu le samedi 5 septembre 2020, 17 Moharram 1442, Nous implorons le tout puissant d’avoir le défunt en sa Sainte Misericorde. إنا لله وإنا إليه راجعون « «

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L es prières du vendredi, tout comme les cinq prières peuvent être accom- plies dans les mosquées, à partir du vendredi 16 octobre, selon une note du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Les prières devront se dérouler dans le respect total des mesures de sécurité et de distanciation. A noter que 10.000 mosquées sont actuellement ouvertes au Maroc. ■ Les prières du vendredi de nouveau autorisées dans les mosquées

Covid-19 : 1.708 élèves contaminés

Vers la fin de la retraite des parlementaires

L e 6 octobre 2020, dans le cadre d’une enquête ordonnée par un juge d’ins- truction, des perquisitions et auditions ont été effectuées au niveau de la succursale belge de Banque Chaabi du Maroc (BCDM), tant au niveau de son siège que de ses agences. Des saisies de matériel et de docu- ments ont également été effectuées dans le cadre de l’enquête et des collaborateurs ont été entendus en qualité de témoin, selon la Banque Populaire. Les 4 agences de la succursale continuent à servir la clientèle dans les conditions nor- U n total de 229 établissements d'en- seignement scolaires, accueillant 128.599 élèves ont été fermés après la découverte de cas positifs à la Covid-19, selon le ministre de l'Éducation nationale, Saaid Amzazi. Cette décision fait suite à la découverte de cas positifs concernant 1.708 élèves, 1.767 enseignants, 289 cadres de l'administration et 187 autres cadres. Actuellement, 10 établissements d'ensei- gnement scolaire situés dans des quar- tiers fermés dans les directions provin- ciales de Khénifra, Jerada, M'diq-Fnideq et Chefchaouen, qui comprennent 6.805 B ank Al-Maghrib et la Société finan- cière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, ont lancé récemment une nouvelle série de webinaires. L'initiative vise à partager les connaissances et les dernières tendances en matière de financement en faveur des entreprises détenues par des femmes en vue de renforcer l’inclusion financière au Maroc. «Des cadres du secteur bancaire marocain ont participé à la première ses- sion virtuelle durant laquelle ils ont notam- ment discuté des solutions qui peuvent être

élèves, ont été fermés. Amzazi précise que le processus de suivi de la rentrée scolaire, mené par 970 commis- sions régionales, a permis de visiter 5.340 établissements publics et 400 établisse- ments privés. ■

“L a retraite des parlementaires, c’est fini !” : c’est ce qu’a affirmé de façon catégorique, dans une intervention au Parlement, Abdellah Bouanou, président la commission des Finances à la Chambre des représentants. Selon lui, le bureau de la Chambre des représentants, en concertation avec le président et les autres formations poli- tiques, ont pris cette décision. Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, a demandé un délai pour entériner définitivement le sujet, le temps de prendre les conseils nécessaires chez les juristes et les financiers. ■

Chaabi Bank Belgique : La BCP apporte des précisions sur l'enquête en cours

males. Le management de Banque Chaabi du Maroc n’a pas encore eu accès aux éléments du dossier d’enquête, et ne dispose pas à ce jour d’informations précises à ce sujet. Il convient de rappeler que les activités de Chaabi Bank en Belgique sont connues des autorités de tutelle et que ses collaborateurs travaillent dans un cadre juridique et opéra- tionnel clair, transparent et encadré par des procédures strictes, dans le respect de la loi et des bonnes pratiques du système ban- caire belge, fait savoir la banque. ■

Inclusion financière : Bank Al-Maghrib et l’IFC main dans la main

trouvées pour offrir une plus large gamme de services financiers aux femmes entre- preneures en mettant à profit les données basées sur le genre» , précise l'IFC. Les données collectées par les banques peuvent fournir des informations cruciales sur les comportements de cette cible, favo- risant ainsi le développement de produits financiers adaptés aux besoins des entre- prises détenues par les femmes. Les prochains webinaires comprendront une série de sessions axées sur le partage de connaissances. ■

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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L'Afrique subsaharienne aux prises avec sa première récession en 25 ans

Kenya : Vague de consolidations prévue dans le secteur des assurances

Perte de plus de 165 mille emplois en Tunisie à cause du coronavirus

L e secteur kényan des assurances risque de connaître une vague d'an- nonces de consolidation ou d'ac- quisition d'ici la fin de l'année 2020. Selon l'autorité en charge de la régu- lation de cette activité, 20 compagnies d'assurances sur les 56 que compte le Kenya, ne sont toujours pas parvenues à procéder aux augmentations de capi- tal qui avaient été décidées. Elles ont jusqu'à décembre pour se conformer. Une première annonce est venue de Jubilee Holdings, le groupe d'assurance le plus important du Kenya en termes de valeur boursière. Le groupe allemand Allianz avait fait une offre de 100 millions de dollars pour reprendre plusieurs de ses filiales africaines dans le segment de l'assurance non vie. ■

S ous l'effet de la pandémie de la Covid-19, la crois- sance en Afrique subsaharienne devrait chuter à -3,3% en 2020, entraînant la région dans sa pre- mière récession économique en 25 ans, selon la Banque mondiale. Dans sa dernière analyse de l’économie régio- nale, la BM indique que la crise sanitaire risque aussi de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. Avec plus d’un million de cas de Covid-19 déclarés à travers le continent, la pandémie n’apparaît pas encore maîtrisée en Afrique subsaha- rienne. Certains pays, comme le Sénégal ou Maurice, ont su réagir à temps pour limiter la propagation des infections, mais les mesures de confinement efficaces s’accompagnent de coûts très élevés pour l’économie, indique-t-on. ■

P lus de 165.000 emplois ont été perdus entre mars et juin 2020 en Tunisie à cause de l'épidémie de coronavirus, qui a contaminé 24.500 personnes, dont 390 décès, selon l'Union tunisienne de l’industrie, du com- merce et de l’artisanat (UTICA). Les répercussions de la pandé- mie du coronavirus sur l’écono- mie tunisienne, déjà fragilisée, sont palpables, a précisé Bechir Boujidi, membre du bureau exé- cutif de l’UTICA dans des décla- rations à une radio privée tuni- sienne. Il a ajouté que le secteur privé en Tunisie a enregistré la perte de 165.000 emplois lors de la pre- mière vague du coronavirus. «35% des petites et moyennes entreprises sont dans une situa- tion difficile et sont menacées de fermeture et d’extinction», a révélé Boujidi. ■

Afrique du Sud : Alerte rouge

sur la réduction des dépenses

Une Nigériane en lice

L a réduction des dépenses en Afrique du Sud pour- rait retarder la croissance et avoir d'autres consé- quences néfastes, révèle un rapport du Conseil consultatif économique de la Présidence.

pour diriger l’OMC

Dans un document de plus de 100 pages conseillant le gouvernement sur un programme de reprise écono- mique que le président Cyril Ramaphosa doit dévoiler le 15 octobre, le Conseil consultatif économique a déclaré que les réductions des dépenses pourraient retarder la croissance et avoir des conséquences néfastes sur les plans économique et social. ■

U ne femme va, sauf surprise, diriger pour la première fois l'Organisa- tion mondiale du commerce (OMC) depuis son lancement il y a 25 ans. La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee ayant été désignées finalistes, a annoncé l'institu- tion basée à Genève. «Le résultat crée un précédent historique pour l'OMC en ce sens qu'il garantit que le 7 ème Directeur général deviendra la première femme à diriger l'organisation» , précise la même source. Désormais, une troisième étape va s'ouvrir et se terminer quelques jours avant la présidentielle américaine de début novembre. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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La dette des pays les plus pauvres à un niveau record, dit la Banque mondiale

L a dette extérieure totale des pays les plus pauvres a augmenté de 9,5% pour atteindre un record de 744 milliards de dollars en 2019 par rapport à l'année précédente, selon un rapport publié par la Banque mondiale. Ces chiffres soulignent l'urgence pour les créanciers et les emprunteurs de collaborer afin d'éviter le risque croissant de crises de la dette souveraine pro- voquées par la pandémie de la Covid-19. En 2019, le rythme d'accumulation de la dette de ces pays était près de deux fois supérieur à celui des autres pays à faible et moyen revenu. Avant le début de la pandémie de la Covid-19, l'aug- mentation des niveaux de la dette publique était déjà

une source d'inquiétude. A noter que le G20 a approuvé l'initiative de suspen- sion du service de la dette (DSSI) en avril 2020 pour aider jusqu'à 73 des pays les plus pauvres à gérer l'impact de la pandémie de la Covid-19. ■ Adoption de critères communs en matière de restrictions de voyage en Europe

L es ministres des Affaires européennes ont adopté des cri- tères communs en matière de restrictions de voyage liées à la Covid-19 dans l'UE. Réunis au Luxembourg, les

USA 2020 : Twitter prend des mesures pour alerter

sur la désinformation

ministres ont approuvé une recommandation relative à une approche coordonnée de la restriction de la libre cir- culation en réaction à la pandémie de coronavirus au sein de l'UE. Selon un communiqué du Conseil de l'UE, cette recommandation, qui n'est pas juridiquement contrai- gnante, «vise à éviter toute fragmentation et perturbation et à offrir plus de transparence et de prévisibilité aux citoyens et aux entreprises». «Toute mesure de restriction de la libre circulation à des fins de protection de la santé publique doit être pro- portionnée et non discriminatoire et doit être levée dès que la situation épidémiologique le permet», souligne le Conseil. ■

T witter a annoncé qu’il allait supprimer les messages appelant à interférer avec l’élection présidentielle américaine ou avec l’annonce des résultats du scrutin du 3 novembre, notamment les messages prô- nant la violence, dans le cadre de mesures destinées à lutter contre la désinformation. Dans un message publié sur son blog, le réseau social a indiqué qu’à compter de la semaine prochaine, les utilisateurs se verront proposer des liens vers des informations cré- dibles avant de pouvoir relayer des contenus ayant été jugés trompeurs. Il a indiqué qu’il allait ajouter davantage d’avertissements et de restrictions pour les messages dont la véracité n’est pas avé-

rée publiés par des personnalités politiques américaines, qu’il s’agisse de candidats ou de campagnes électorales ou des comptes basés aux Etats-Unis suivis par plus de 100.000 personnes («followers»). ■

Maersk : La demande se redresse

plus vite que prévu

L'UE prévoit de plus lourdes sanctions contre les GAFA

L’ Union européenne dresse une liste des 20 plus grosses compagnies technologiques afin de leur imposer de nouvelles règles visant à contrôler leur pouvoir de marché, rapporte le Financial Times. Les GAFA devront se soumettre à des règles plus strictes que leurs concurrents plus petits, selon le journal qui cite des sources proches du dossier. Les nouvelles règles forceront les compa- gnies à partager leurs données avec leurs rivaux et être plus transparentes quant à la manière dont elles collectent leurs informa- tions. La liste sera fondée sur divers paramètres tels que la part de marché des compagnies

L a plus grande compagnie maritime de conteneurs au monde, Maersk, a déclaré que la demande se redressait plus rapidement que prévu, ce qui l'a poussé à revoir à la hausse ses perspectives de béné- fices, tout en annonçant son intention de supprimer 2.000 emplois pour réduire ses coûts. Et de poursuivre : bien que les volumes de fret soient tou- jours en baisse par rapport à l'année dernière, ils avaient augmenté plus que prévu, après avoir fortement chuté au plus fort de la pandémie de coronavirus il y a quelques mois. ■

ou leur nombre d’utilisateurs. Ces critères et le nombre exact de com- pagnies présentes sur la liste sont encore sujets à discussion, d’après le journal. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis octobre 2019

Sans catalyseurs, le marché avance au petit trot ◆ Faute de nouveaux catalyseurs, le marché actions a avancé timidement de 0,58% du 6 au 13 octobre. ◆ Les échanges ont nettement augmenté grâce aux flux adressés sur les bancaires.

cipales entreprises cotées à la Bourse de Casablanca devrait reculer de 3,7% à 208,4 milliards de dirhams en 2021. Au regard des réalisations semes- trielles impactées par la crise sanitaire, les analystes de BMCE Capital Research (BKR) ont pro- cédé au réajustement de leurs prévisions, faisant également res- sortir que le résultat net, hors contributions au fonds Covid-19, devrait ressortir en baisse limitée de 3,7% à 23,3 milliards de DH. En intégrant les dons, la capacité bénéficiaire de l’univers de cou- verture de BKR devrait se dégra- der de 18,7% à 19,7 Mds de DH en 2020. Pour 2021, la capacité bénéfi- ciaire devrait se redresser de 34,4% pour se fixer à 26,4 Mds de DH.

Comportement du marché Cette semaine, la cote doit ses performances à la bonne tenue de 15 secteurs, signant des hausses allant de 0,21% pour «l'indus- trie pharmaceutique» à 4,31% et 12,50% respectivement pour les «mines» et «équipements indus- triels». En revanche, l'indice sectoriel des «loisirs et hôtels» s'est dépré- cié de 2,17%, au même titre que les compartiments de «services aux collectivités» (-1,81%) et «du Transport» (-1,25%). Avec un volume transactionnel à 605 MDH, Attijariwafa bank a été l'instrument le plus actif, avec une part de 47,43% dans les échanges hebdomadaires, suivi par Label’Vie (10,54%), Marsa Maroc (7,12%) et Maroc Telecom (5,57%). ◆

discuté cette semaine en Conseil de gouvernement. Il sera aussi question de voir comment l'Etat va jongler avec les mesures d'amnisties décidées pour cette année. Prolongées jusqu'à décembre contre un agenda ini- tial pour juin et septembre, elles devraient donner un coup de fouet à l'épargne nationale en fin d'année. En plus d'apporter des liquidités au circuit économique, elles devraient se traduire par des flux sur le marché des capitaux, à l'image de ce qui s'est passé après l'amnistie de 2014. Sur le plan micro, les dernières revues des analystes prêtent à l’optimisme. Pour le bureau de recherche de BMCE Capital, le chiffre d'affaires des 40 prin-

Par Y. Seddik

D ans les mêmes dispo- sitions que la semaine dernière, le marché actions poursuit sa timide progression. La tendance est en effet restée calme à la Bourse de Casablanca, avec une petite progression hebdo- madaire de 0,58% pour le Masi. Décidément, le marché a déses- pérément besoin de catalyseurs pour un biais tranché à court terme. Sur le plan macroéconomique, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les opérateurs attendent toujours les premières orienta- tions du PLF 2021, lequel sera

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BOURSE & FINANCES

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Financement

◆ Des entreprises en phase de démarrage ont pu accéder au financement et lever jusqu’à 200.000 DH en pleine crise. ◆ Elles sont issues de plusieurs secteurs, dont le bien-être, l’éducation ou encore la santé. Ces start-up qui ont levé des fonds malgré la crise L’ heure est au «dur labeur» et plusieurs jeunes entre- p r e n e u r s Par B. Chaou Un élargis- sement de l’offre de financement s’avère aujourd’hui plus que nécessaire pour renforcer le tissu entre-

l’ont rapidement compris au début de cette crise. Si cette dernière a causé la faillite de certaines entreprises, d’autres ont pu, malgré les conditions difficiles, poursuivre leurs efforts afin d’assurer soit le démarrage, soit la pour- suite de leurs activités. Sur la base de l’expé- rience du Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE), incubateur de start-up, plusieurs jeunes entrepreneurs ont pu lever des capitaux en dépit des difficultés actuelles. Selon les données fournies, 16 start-up, dont 3 toujours en phase d’amorçage, ont bénéficié d’accompagne- ments financiers en pleine crise sanitaire. « Certaines d’entre elles étaient impactées par la situa- tion actuelle, mais pour autant nous sommes res- tés flexibles pour leur per- mettre de réadapter leurs plans de financement afin qu’elles puissent dépasser les difficultés et saisir de nouvelles opportunités », explique Adnane Addioui, fondateur de Wuluj, portail marocain dédié à l’accom- pagnement du finance- ment de start-up. Notons que ces start-up ont pu lever, via le pro- gramme Fikra 1000, un

preneurial marocain.

montant de 20.000 DH ainsi qu’un prêt d’honneur allant jusqu’à 200.000 DH. « Durant la période de crise sanitaire, nous avons élargi notre action aux associations et coopéra- tives. Nous avons lancé 36 campagnes qui ont permis à 7 des 16 start-up de lever des fonds via Wuluj. com », nous précise-t-on. Parmi ces entreprises, il y a You Wood, une marque marocaine de création de boucles d'oreilles des- tinées aux femmes, ou encore Idyr, jeune start-up spécialisée en maroquine- rie. Plusieurs secteurs concernés Le financement est une étape très importante; pas moins de 8 start-up sur 10 font faillite à cause de problèmes de fonds, selon les professionnels. Le

plus gros challenge pour une entreprise en phase de démarrage, et surtout dans un contexte de crise, est de se financer rapide- ment et efficacement, et peu importe l’activité. D’ailleurs, selon les données de MCISE, les start-up qui ont accédé aux capitaux émanent de plusieurs secteurs diffé- rents : l’éducation, l'arti- sanat, l’écologie, le textile, la santé et le bien-être. Mais pourquoi donc ces domaines-là particulière- ment ? « Parce qu’ils sont les plus touchés par la crise. Notre objectif der- rière ces levées de fonds était de soutenir ces start- up pour qu’elles puissent continuer leurs activités. Je rappelle que depuis le début de cette initiative, nous avons accompagné plus de 289 projets d'en- trepreneuriat social par-

tout au Maroc », répond Adnane Addioui. Rares sont les secteurs qui arrivent à faire preuve d’agilité et de capacité à évoluer dans un contexte difficile. Il est évidemment plus judicieux d’épauler ceux qui sont le plus affai- blis, mais il faudrait éga- lement penser à soutenir les secteurs résilients, qui pourraient contribuer à la reprise, et avoir des retombées directes ou indirectes sur d’autres activités. Cela nécessite bien évi- demment une diversité de l’offre de financement, en utilisant des moyens inno- vants comme le crowd- funding. Si aujourd’hui un effort est fait de la part des incu- bateurs, il demeure insuf- fisant. Un élargissement de l’offre de finance- ment s’avère donc, dans

ce contexte particulier, nécessaire pour renforcer le tissu entrepreneurial marocain. Ce qui est sûr, c’est que certaines start-up dans les secteurs de la santé ou la technologie peuvent tirer durablement profit des opportunités offertes par la crise. Pour les autres, elles devront modifier leur manière d’aborder le marché et réadapter leurs offres et leurs process, voire même réorienter temporairement leur busi- ness. ◆ 16 start-up ont béné- ficié d’accompagne- ments financiers en pleine crise sanitaire.

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BOURSE & FINANCES

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Crédit à la consommation

◆ Les crédits à la consommation devraient terminer l’année sur une baisse. Une première. ◆ Dans le contexte actuel, les ménages préfèrent se désendetter ou épargner plutôt que de consommer. Le confinement est passé par là L es ménages font souvent appel au crédit personnel pour satisfaire un besoin ou une envie. Une urgence de consommer qui leur est Par Y. Seddik

Frappés par la crise sanitaire, les ménages marocains boudent les crédits à la consomma- tion.

interdite par manque de revenus. En 2019, l’endettement bancaire des ménages marocains a dépassé les 30% du PIB, soit 358 Mds de DH, dont 132 Mds de DH d’encours de crédits à la consommation. En moyenne, chaque ménage traîne à son passif 43.458 DH de dettes. Or, depuis le début de la crise sani- taire, les banques et les sociétés de financement font face à une marée de demandes de reports d’échéances de crédits de la part de leurs clients. Parallèlement, le flux de production des nouveaux prêts à la consommation a sensiblement reculé. Une première depuis la der- nière crise financière 2008. La bonne tenue de la production des prêts bancaires cette année cache derrière elle quelques dispa- rités. Les prêts à la consommation, véritable pouls de l’activité écono- mique et de l’investissement des ménages en particulier, ont nette- ment diminué durant cette période de crise. Pour le mois d’août, Bank Al-Maghrib fait état, dans la dernière livraison des statistiques moné- taires, d’une accentuation de la baisse dans ce segment de crédits de 1,8% à 2,1%. Son encours global tourne autour de 54 milliards de DH. Des ménages saignés à blanc Faut-il chercher du côté de l’offre ou de la demande pour expliquer ce tassement ? Contacté à ce propos, un banquier de la place nous avance deux facteurs explicatifs. D’abord, l’environnement macroéconomique est actuellement dégradé. «Cette crise inédite a induit une forte mon- tée du chômage, une baisse des

À quoi s’attendre ? Le crédit à la consommation peut- il encore repartir à la hausse ? Pour notre banquier, «tout dépen- dra de l’évolution de la confiance des ménages. Pour être clair, en ces temps de crise, ils préfèrent plutôt épargner ou se désendetter. Ils repoussent très souvent leurs projets d’acquisitions de biens. Ils ont quelque part l’impression que l’avenir est bouché». Pour les analystes de CFG Bank Research, les crédits à la consom- mation devraient afficher une baisse de 4% à 54 milliards de DH contre 57 milliards de DH. «Les mesures de report auraient pour impact de stabiliser les encours des crédits à la consommation sur le 2 ème trimestre 2020, avant une légère croissance ponctuelle de 1% lors du 3 ème trimestre 2020, avec l’effet stimulateur de l’Aid Al-Adha et de la rentrée scolaire» , considèrent-ils. Pour le dernier trimestre 2020, une baisse de la production des crédits à la consommation est anticipée en raison du ralentissement écono- mique. À suivre ! ◆

lié à l’environnement économique. Et que ce dernier ne prête pas à l’opti- misme. Les taux restent élevés Cela dit, même les taux appliqués par les banques n’encouragent pas les particuliers à recourir à l’endet- tement. Bien que la Banque centrale ait baissé à deux reprises ses taux directeurs de 75 pbs. Or, «cette baisse opérée par BAM ne sera pas immédiatement reflétée sur les taux débiteurs des banques. Une durée de transmission de quelques mois est nécessaire pour voir une baisse effective des taux», explique-t-on. Par ailleurs, les analystes, eux, voient aussi une éventuelle hausse au niveau du coût de financement comme conséquence directe de l'augmentation des exigences sur les provisions. Dit autrement, les banques, au cas où elles souhaite- raient conserver un niveau de renta- bilité inchangé, devront réclamer un surcoût de rémunération aux débi- teurs et restreindre les financements. Un rationnement dont pâtiraient les personnes demandeuses de crédits.

revenus disponibles et une dégra- dation du pouvoir d’achat. Par rico- chet, les ménages sont devenus très prudents quant à la gestion de leurs dépenses et peu enclins à contracter des crédits» , estime-t-il. Et de détailler : «on constate, via notre réseau, une baisse significa- tive des demandes de prêts pour l’achat d’appareils électroménagers et de meubles et, dans une moindre mesure, pour l’acquisition de voi- tures. Plus encore, le financement des dépenses de loisirs (voyages, fêtes, etc…) et de consommation courante est au point mort à cause de la crise». Toutefois, l’analyse ne saurait se limi- ter à la seule crise. Un autre argu- ment brandi par le banquier est celui du taux de sinistralité, qui reste élevé au Maroc. Sur le seul mois d’août, les créances en souffrance des ménages ont explosé de 15,3%. Depuis jan- vier, le portefeuille sinistré sur ce segment a augmenté de 12,6%, avec un encours avoisinant les 33 milliards de DH. Ce taux de sinistralité tend à aug- menter, surtout lorsque l’on sait que le niveau d’impayés est intimement

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rassemblements et donc des événements, la fermeture des frontières... et tout ceci mondia- lement, par la contrainte, a replié la demande. A mon sens, si les restrictions liées à la crise sanitaire sont assouplies ou levées, la demande, et donc la production, pourrait repartir en courbe de V, plus vite que prévu. F.N.H. : Comment évaluez-vous aujourd'hui la demande des ménages sur ce mode de financement ? Y. B. : Dès la sortie du confinement au mois de juin, nous avons constaté une reprise de la demande. Tous les projets qui avaient été mis en attente pendant cette période, étaient remis sur la table, et même cette période a créé de nouveaux besoins. Par la force des choses, les conditions d'octroi ont été revues. La demande est là, mais les orga- nismes de crédit sont plus regar- dants à l'octroi en raison du coût du risque qui a culminé. Notre enjeu majeur est de le contenir dans une conjoncture qui a touché de plein fouet des secteurs tout entier. Les sociétés de finan- cement ont une struc- ture bilancielle solide, et la plupart sont adossées à des grands groupes financiers. F.N.H. : Cette situation devrait-elle per- durer avec la crise et quels sont les éventuels impacts sur les sociétés de financement ? Y. B. : Comme je l'ai précisé, ma conviction est que la reprise est liée à la levée des restrictions dues à l'état d'urgence sanitaire. Si cette situa- tion devait perdurer, les sociétés de finance- ment disposent de fondamentaux solides. Je rappelle que pendant toute cette période, elles ont fait la démonstration d'une grande agilité et résilience en jouant leur rôle de soutien à l'économie, en préservant les emplois et les avantages de leurs collaborateurs, par l'octroi des reports à leurs clients pour les soulager de l'impact de la crise. Les sociétés de financement ont également une structure bilancielle solide, et la plupart d'entre elles sont adossées à des grands groupes financiers. La crise finira par passer, mais elle est l'occasion de nous remettre en question et de revoir nos modes de fonctionne- ment vers des modèles plus résilients. Chez Eqdom, la crise a été l'opportunité de revisiter notre plan stratégique, d'accélérer notre digitalisation, de changer notre identité visuelle... Nous avons continué à investir en l'avenir ! ◆

Crédit à la consommation

Une reprise conditionnée par la levée des restrictions ◆ Dans cet entretien, Younes Benboujida, Directeur général d’Eqdom, revient pour Finances News Hebdo sur les tendances qui ont caractérisé le marché du crédit à la consommation pendant et après la période du confinement et en aborde les perspectives. ◆ Pour lui, en raison du coût du risque, les organismes de crédit sont plus regardants dans l’octroi des prêts.

de la crise sanitaire au mois de mars que la production s'est quasiment arrêtée net, par le basculement dans un monde confiné. Justement, ce que je voudrais souligner à cet égard, avec un certain recul, c'est que finale- ment, il n'y a pas eu de crise de la demande. En réalité, la crise est liée au confinement et aux restrictions imposées par l'état d'urgence sanitaire. La quasi-impossibilité de circuler, de consommer, de poursuivre ses projets, la fermeture des commerces, l'interdiction des

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Fait assez rare pour être souligné, la production des crédits à la consommation est dans le rouge depuis le début de l'année. Comment expliquez-vous cette situa- tion ? Younes Benboujida : La production des cré- dits à la consommation en début d'année avait connu un bon démarrage. C'est avec l'arrivée

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Emetteurs

◆ Vigeo Eiris actualise la notation des risques de durabilité des entreprises cotées au Maroc. ◆ Nette amélioration du taux d'information moyen sous l'impulsion des régulateurs. ◆ Les émetteurs toujours en retard sur les sujets de gouvernance. La RSE défie la crise P our la septième fois depuis 2012, Vigeo Eiris publie la liste des entreprises cotées à la Bourse de Par A. Hlimi

14 des 44 premières capitali-

sations du Maroc par- viennent à obtenir cette distinction indépen- dante et gra- tuite.

Casablanca et/ou émettrices de titres obligataires ayant obtenu les meilleures notations «Top performers» de leur démarche de responsabilité sociale et de gestion de leurs risques de dura- bilité. Sans surprise, les meil- leurs scores restent la chasse gardée des grandes capitali- sations de la place, à l'image de LafargeHolcim Maroc, dont la très passionnée responsable RSE, Malika Youssoufine, livre- ra un témoignage de convic- tion sur le rôle de la RSE en période de crise comme celle

que nous traversons, à l'occa- sion d'un séminaire organisé par la Bourse de Casablanca et Vigeo Eiris. Dans son plaidoyer,

la responsable soulignera que «faire de la RSE, c'est bon pour le business» , invitant les émet- teurs, dont le groupe auquel

elle appartient, à faire preuve de solidarité pour mieux absorber le choc économique et social induit par la pandémie. L'information extra-finan- cière plus abondante 14 des 44 premières capitalisa- tions du Maroc parviennent à obtenir cette distinction, indé- pendante et gratuite, issue de leur notation non sollicitée, réa- lisée par Vigeo Eiris pour le compte de plus de 300 fonds internationaux d’investisse- ments et de gestionnaires de capitaux attentifs à la matérialité des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. On notera que le taux d'informa- tion disponible par rapport aux informations attendues est en hausse à 53% en 2020 contre 47% en 2019, 43% en 2018 et 40% en 2017 et 2015. C'est l'une des principales avancées de cette édition. Cette amé- lioration est soutenue par les efforts des régulateurs, notam-

Les thèmes sur lesquels les entreprises recueillent les meilleurs scores

● «Définition de la stratégie environnementale», avec des scores supérieurs à 80/100 pour quatre entreprises, en ligne avec les meilleurs niveaux observés à l’international (Bank of Africa, Managem, LafargeHolcim Maroc, SMI). ● «Amélioration continue des conditions et du contenu du dialogue social», avec un score de 88 sur 100 pour l’entreprise la plus avancée sur le sujet (Bank of Africa). ● «Offre de produits et services verts», avec des scores probants à avancés, le plus élevé atteignant 84/100 (Bank of Africa, BMCI, Attijariwafa bank). ● «Maîtrise de la consommation d’énergie et réduction des émissions polluantes», avec 80/100 comme score le plus élevé (Bank of Africa, Lydec, SMI, OCP). ● «Respect des droits humains fondamentaux et prévention des atteintes à ces droits», avec un score de 81/100 pour l’entreprise la plus performante sur le sujet (IAM, LafargeHolcimMaroc, Lydec, SMI, Managem). ● «Sécurité du produit» : trois entreprises se distinguent (Cosumar, LafargeHolcim Maroc, Lesieur Cristal) avec un score maximum alloué de 81/100. ● «Efficacité des dispositifs d’audits et de contrôles internes», avec des performances avancées, dont un score atteignant 88/100 (BMCI, Crédit du Maroc, IAM). ● «Prévention des discriminations et promotion de l’égalité entre les genres et à l’égard des catégories vul- nérables», avec un score atteignant 79/100 pour BMCI, suivie de LafargeHolcim Maroc et de Bank of Africa ● «Respect de la liberté syndicale et du droit de négociation collective» avec des scores avancés, le plus élevé atteignant 78/100 (Lydec, Managem, SMI, IAM, Bank of Africa, OCP et Cosumar).

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ment l'AMMC qui a instauré, dès cette année, l'obligation de fournir de l'information extra- financière à l'occasion des rap- ports financiers annuels (RFA) des émetteurs. Là où les émetteurs sont les plus en retard En revanche, et malgré une amé- lioration de 6 points, le scoring desémetteurssur lagouvernance demeure faible (score moyen de 21,7/100). Ghizlaine Nourlil, directrice Afrique & Middle East à Vigeo Eiris, explique que les facteurs où les émetteurs sont les plus en retard sont relatifs à la clarté des systèmes de rému- nération, la transparence sur les stratégies de lobbying, l'objec- tivité de la prise en compte des

performances de responsabi- lité sociale dans la rémunéra- tion des dirigeants exécutifs ou encore l'indépendance et la diversité des profils composant les conseils d'administration ou de surveillance. Les sujets de réduction des émissions atmosphériques ou d'achats responsables sont également des facteurs de durabilité sur lesquels les entre- prises semblent moins enga- gées. En effet, selon la respon- sable de Vigeo, la performance des entreprises marocaines en matière environnementale demeure faible (score moyen de 24,1/100), avec une légère hausse par rapport à 2019 (21,9/100). A croire que l’effet de la COP22 semble s'essouf-

fler avec, cela dit, quelques exceptions.

Les tops performers 2020 3 entreprises ont significative- ment amélioré leurs scores de 2020 par rapport à 2019 : OCP (+27 points), LafargeHolcim Maroc (+23 points) et Lydec (+12 points). Ces entreprises se classent dans le top 10 des émetteurs cotés avec, par ordre alphabétique, Attijariwafa bank, BoA, BCP, BMCI, Cosumar, IAM, Managem et SMI. Ces valeurs (hors OCP) constituent l'indice ESG10 de la Bourse de Casablanca. Cet indice perd -19% depuis le début de l'année contre -16,5% pour le Masi, écart expliqué par la surpondération des

valeurs bancaires dans l'indice ESG10, puisqu'elles y pèsent plus de 50% contre 31% dans le Masi. ◆ et la diversité des profils dans les conseils d'admi- nistration. Les indicateurs où les émetteurs sont les plus en retard, sont relatifs à la clarté des systèmes de rémunération, la transpa- rence sur les stratégies de lobbying, et l'indépendance

Sortie de crise

◆ La crise a amplifié la préoccupation environnementale chez les investisseurs institutionnels. ◆ Au Maroc, le marché de la finance verte est quasiment à l'arrêt. Plaidoyer pour une finance durable S i la finance verte constitue un levier important pour relancer et transformer tématiquement les sujets de durabilité dans la ges- tion des risques financiers et de favoriser la trans- parence et une vision de long terme au sein du sec- teur financier. Par A. Hlimi

mies à travers le monde, les Etats et les entreprises n'auront d'autres choix que de se remettre à la page et de verdir considérable- ment leur plan de relance. C'est l'une des principales conclusions d'un webinaire organisé par l'institut CDG, qui a réuni Hamid Tawfiki, administrateur-Directeur général de CDG Capital, Bertrand Badre, président- Directeur général de Blue Like an Orange Sustainable Capital, Benoît Leguet, Directeur général d’I4CE, et Mihoub Mezouaghi, directeur de l’Agence fran- çaise de développement au Maroc (AFD). Selon ces participants, les

investisseurs institution- nels ne raisonnent plus uniquement en termes de notion rendement/risque, mais intègrent également des problématiques de durabilité dans leurs équa- tions de base lorsqu'il s'agit d'arrêter des choix d'investissements. Ainsi, les investissements des investisseurs institution- nels ainsi que l'épargne des ménages seront et doivent être de plus en plus orientés vers des actifs plus verts. Concernant les Etats, les experts suggèrent de réo- rienter les flux de capitaux vers une économie plus durable, d'intégrer sys-

dans de massifs plans de relance visant à soutenir l’activité économique, à protéger les entreprises et à préserver les reve- nus des personnes. Dans ce sens, la pandémie a révélé les vulnérabilités du monde, dont bon nombre se recoupent avec la crise climatique. Une crise qui a amplifié la préoccupa- tion environnementale des gouvernements et des citoyens et que les émetteurs doivent prendre en compte pour drainer plus facilement des capi- taux, particulièrement au Maroc où il faut relancer la machine de l'économie verte. ◆

les économies, force est de constater que la dyna- mique s'est quelque peu estompée au Maroc avant même la survenance de la pandémie. Avec un peu plus de 4 Mds de dirhams d'obligations vertes, le support de financement est considéré par les experts comme porte-étendard de la finance durable. Pour continuer à capter les financements nécessaires à la reprise des écono-

Par ailleurs, l’Institut CDG a souligné que le choc brutal produit par le confi- nement des populations, la fermeture des frontières et les mises à l’arrêt volon- taire d’un grand nombre d’activités ont plongé la majorité des économies mondiales dans une grave récession. Afin d’amortir ce choc économique et ses répercussions sociales, les gouvernements se sont mobilisés et engagés

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maximale : des amendes de 1 million d’euros ainsi qu’une interdiction temporaire d’exer- cer à l’encontre des auditeurs impliqués. Le gendarme de l’audit leur reproche de «graves négligences», une «confiance excessive» et «une attitude imprudente». En réalité, l’en- quête diligentée depuis 2016 à l’initiative du nouveau dirigeant a montré que la société- mère de William Saurin a pratiqué une fraude

comptable à large échelle. Elle a, de longues années durant, gonflé le chiffre d’affaires à coup de factures fictives et dissi- mulé les pertes colossales de l’en- treprise (estimées à plus de 300 mil- lions d’euros). Ce maquillage comp- table a apparem-

L’auditeur légal assume -à côté des autres organes de gouvernance- un véri- table rôle de «sen- tinelle de l’intérêt social».

ment bénéficié de la complicité passive des auditeurs légaux, qui ont continué à certi- fier les comptes annuels de William Saurin, apportant le sceau de la confiance et de la régularité à l’entreprise, en dépit des graves irrégularités qui entachaient ses comptes. C’est principalement ce qui a été reproché aux commissaires aux comptes de William Saurin et c’est ce qui a justifié la réquisition de peines aussi lourdes à leur encontre. F.N.H. : Quel regard portez-vous sur l'audit légal, notamment celui des commissaires aux comptes au Maroc ? S.E.H.S : L’audit légal constitue une pro- fession clé qui conditionne la confiance des investisseurs et structure les pratiques finan- cières et comptables des entreprises. On a la chance au Maroc de pouvoir compter sur des professionnels compétents, experts dans leur domaine et conscients des enjeux majeurs liés à leurs fonctions. Cependant, ces professionnels exercent une mission particulièrement délicate et complexe, au cœur des conflits d’intérêt, à cheval entre le devoir de vigilance et celui de non-immixtion dans la gestion. Ce positionnement engendre des risques significatifs, qu’il est essentiel de juguler par un cadre réglementaire et insti- tutionnel adapté aux implications du métier. Je pense que c’est précisément à ce niveau que des faiblesses significatives existent dans notre droit et dans notre environnement institutionnel. Elles affectent à mon sens des aspects cruciaux de l’audit légal, en particu-

Ces zones de précarité de l’audit légal au Maroc ◆ Les commissaires aux comptes exercent une mission particulièrement délicate et complexe, au cœur des conflits d’intérêt, à cheval entre le devoir de vigilance et celui de non-immixtion dans la gestion. ◆ Ce positionnement engendre des risques significatifs, qu’il est essentiel de juguler par un cadre réglementaire et institutionnel adapté aux implications du métier. ◆ Spécialiste de la gouvernance d’entreprise et du droit des entreprises en diffi- culté, Selma El Hassani Sbai, également professeur universitaire de droit privé à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Agdal Rabat (UMV), porte un regard objectif sur la pratique de l’audit légal au Maroc.

cruciale par les questions qu’elle suscite. Il est en effet rare qu’une profession aussi discrète et respectée que le commissariat aux comptes fasse l’objet d’un réquisitoire aussi sévère par l’instance disciplinaire. Il est vrai que le rapporteur général devant le Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C) en France a requis contre les commissaires aux comptes de William Saurin (dont deux célèbres cabinets, PWH et Mazars) la peine

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : L'affaire William Saurin, qui a défrayé récem- ment la chronique en France, montre quelque part les limites flagrantes de l'audit légal. Quels sont les enseigne- ments à tirer de cette affaire ? Selma El Hassani Sbai : Au-delà de l’anec- dote juridique, l’affaire William Saurin est

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