FNH N°1009

Découvrez le numéro 1009 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 4 février 2021 - 8 DH - N° 1009

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Exportations Regard croisé de deux cadors du commerce extérieur

Banques Les crédits ont résisté en 2020, mais à quel prix ? P. 8

Hassan Sentissi

Abdellatif Maâzouz

P. 18/19

Ahmed Lahlimi dit tout P. 12/13 RÉFORMES STRUCTURELLES

ZLECAF

Risques climatiques

Elections législatives 2021

«Les suppressions tarifaires, leviers de la croissance endogène»

Un défi d’évaluation d’abord !

Faut-il les maintenir ?

● Fathallah Sijilmassi, président-fondateur de Positive Agenda Advisory, ancien ambassadeur et ancien secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, ana- lyse dans cet entretien les enjeux de l’entrée en vigueur des échanges commerciaux sous ZLECAF. P. 20 à 22

P.10

Fiscalité des ZAI

Malgré le contexte sanitaire, l’opposition estime qu’il n’y a aucune raison de les reporter.

Le Maroc en terrain compétitif La nouvelle fiscalité des ZAI pour les secteurs automobiles et aéronautiques permettrait au Royaume d’être compétitif en termes d’IDE. P. 9

P. 28 à 30

Programme Villes sans bidonvilles

Un serpent qui se mord la queue

P. 24/25

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Entre acceptation et résignation Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 3 4 5 6

Editorial

> Bourse & Finances

Point Bourse Hebdo : Psychologie positive Banques : Les crédits ont résisté en 2020, mais à quel prix ? Fiscalité des ZAI : Les nouvelles mesures maintien- draient le Maroc en terrain compétitif Risques climatiques : Un défi d’évaluation d’abord ! Entretien avec Fouad Benseddik : «La transition énergétique n'est pas un luxe pour un pays comme le Maroc»

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Par Fatima Ouriaghli

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L’ on guettait ce chiffre avec impatience et appréhension. Et il est tombé mercredi. L’économie nationale a perdu 432.000 postes d’emploi en 2020 contre une création de 165.000 postes en 2019, portant le taux de chômage au niveau national à 11,9%. Tous les secteurs de l’économie ont fait les frais de la pandémie liée la Covid-19 et d’une saison agricole bien piètre à cause de la sécheresse. Le secteur des services a per-du 107.000 postes, celui de l’agriculture, forêt et pêche 273.000, celui de l’industrie y compris l'artisanat 37.000 et celui des BTP 9.000, fait savoir le haut-commissariat au Plan (HCP). L’on s’attendait à cette détérioration du marché du travail en 2020, en raison notamment d’une économie nationale sur les rotules, conséquence des mesures drastiques prises par les autorités pour limiter la propagation du coronavirus. DU TUNNEL ? LA LUMIÈRE AU BOUT

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> Economie

Réformes structurelles, industrialisation, revenus des ménages… : Lahlimi dit tout Entretien avec Amine El Bied : Conjoncture, quelles perspectives pour l'économie marocaine en 2021 ? Exportations : Regard croisé de deux cadors du com- merce extérieur Bilan 2019-2020 : Focus sur les efforts d’investisse- ment de l’ONEE Entretien avec Fathallah Sijilmassi : ZLECAF, «les sup- pressions tarifaires auront des effets directs en tant que leviers de la croissance endogène» Immobilier de bureau : Un marché de plus en plus orienté vers la location Programme Villes sans bidonvilles : Un serpent qui se mord la queue

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L’addition aurait cependant pu être beaucoup plus salée n’eût été l’intervention du Comité de veille économique, qui a cassé sa tirelire pour soutenir consé- quemment entreprises, sala- riés, ménages… Et jusqu’à maintenant d’ailleurs, il joue au sapeur-pompier, d’autant que la crise est loin d’être termi- née, quand bien même l’arri- vée des vaccins donne l’espoir de perspectives économiques meilleures. Arrivera-t-on cependant à redresser la barre sur le mar-

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L’addition aurait pu être beaucoup plus salée n’eût été l’in- tervention du Comité de veille économique.

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> Focus Agricole Cultures printanières : Les préparatifs vont bon train 26

> L'univers des TPME

Levées de fonds des start-up africaines : Quatre pays s’arrogent la part du lion 27 > Politique Elections législatives 2021 : Faut-il les maintenir ?

ché du travail pour cet exercice ? Peut-être bien. Sauf qu’il faut garder à l’esprit qu’en 2020, il n’a été enregistré que 6.612 dé- faillances d’entreprises, malgré le contexte de crise. Ce chiffre, qui affiche une baisse historique de 22% selon Inforisk, est à relier au ralentissement des activités des tribunaux de commerce à cause du confinement et des vacances judiciaires, au report des échéances des crédits bancaires, mais également aux crédits garantis Damane Oxygène et Damane Relance. Mais l’aide de l’Etat n’est pas exten- sible à souhait, les tribunaux de commerce vont vider les stocks de dossiers et les entreprises marocaines devront rembourser leurs crédits dans ce contexte où l’économie nationale tourne encore au ralenti, compte tenu des restrictions. C’est pourquoi le Maroc risque, pour ce premier semestre, de faire face à une vague de défaillances d’entreprises. Mais dans ce tableau sombre, il y a une petite lueur d’espoir, à en croire le ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, Mohamed Benchaâboun, pour qui l'économie marocaine pourrait rebondir de manière très forte à partir du second semestre. Entrevoyons-nous enfin la lumière au bout du tunnel ? On l’espère. ! u

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Elections législatives : Les partis politiques se préparent sur fond d’incertitudes

> Développement durable

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Transport : Une branche responsable de 23% des émissions de GES Financement vert : La BERD sensibilise les exportateurs marocains

> Tribune libre L’Homme digitalisé 34 > Société

Oumayma Codial :«Gagner davantage de titres avec la sélection reste ma priorité» 36

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> Culture

Critique : Plutôt qu'un souffle, c'est une tornade ! Entretien avec Aziz Oumoussa : Carte Blanche, la BD en ébullition 39 40

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Entre acceptation et résignation

Par D. William

L e Maroc déroule sa campagne de vaccination. Depuis son lancement par le Souverain le 28 janvier, plus de 257.000 personnes ont été vaccinées au 2 février. Globalement, tout se passe sans accroc pour le moment, quand bien même le ministère de l’Intérieur a fait récemment état de sanctions à l’égard de responsables qui ont fait bénéficier à 8 personnes de la première dose du vaccin contre la Covid-19 alors qu’elles n’étaient pas prioritaires. En ces circonstances particulières, c’est quelque part cynique de frauder, même si on peut essayer d’en retenir quelque chose de positif : c’est peut- être l’espoir que les Marocains n’ont pas d’aversion pour le vaccin. Ce serait une bonne chose, dans ce

contexte délétère où l’atteinte de l’im- munité collective reste la seule voie possible pour reprendre en main le cours de notre vie. Une vie entre paren- thèses, qui, depuis plusieurs mois, est réduite à un strict minimum : maison- boulot. Une vie sans loisirs ni distrac- tions, terne, où chaque jour l’on prie pour ne pas attraper cette saleté de coronavirus. Au point que l’on se surprend à s’inter- roger sur le sens de notre existence. Jusqu’à quand va-t-on continuer ainsi ? Est-ce cela vivre avec la Covid-19 ? En tout cas, il s’agit là d’une sacrée cohabitation. Le virus nous montre qu’il aime la vie plus que nous. Il a pris place dans les rues, les restaurants, les cafés, les boîtes de nuit, les lieux de travail, les maisons… Le locataire est devenu un

envahisseur qui se démultiplie, traverse les frontières, s’invite aux confins du monde et change de nationalité. Sommes-nous alors devenus des étran- gers sur terre ? Peut-être bien. Nous sommes aujourd’hui dans l’incapaci- té de défendre nos territoires. Nous n’avons certes pas encore capitulé, mais s’instaure progressivement, de guerre lasse, une sorte d’acceptation et résignation face à un conflit qui s’éternise et semble sans issue. Tout devient normalité dans la conscience collective. Même la prorogation à sou- hait des mesures restrictives décidées par les autorités marocaines. Rendez- vous compte que cela fait pratiquement 5 mois, soit 150 jours, que les habi- tants de la préfecture de Casablanca subissent le couvre-feu ! ◆

Aujourd’hui, l’on se sur- prend à s’inter- roger sur le sens de notre existence.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L a réunion de travail a eu lieu mercredi 3 février entre le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman El Ferdaous, et l’Association nationale des médias et éditeurs (ANME). L’objectif de cette réunion était de trouver les voies et moyens afin de mieux soutenir les entreprises de presse, durement malmenées par la crise. Dans ce cadre, l’ANME a soumis un mémorandum au ministre, contenant différentes propositions susceptibles de permettre aux entreprises de presse de sortir de cette période difficile et d’assurer leur pérennité. Il faut rappeler que le Comité de veille économique a signé, le 6 janvier dernier, un contrat-programme avec le secteur de la presse pour préserver l’emploi et appuyer l’activité entrepreneuriale. ■ Soutien à la presse : El Ferdaous attentif aux doléances de la profession

Marché du travail Le taux de chômage proche de 12% en 2020 E n 2020, la situation du marché du travail a connu, sous l’effet conjugué de la pandémie de la Covid-19 et de la campagne agricole sèche, une détérioration caractérisée par une destruction des postes d’emploi, une chute du volume horaire du travail et une hausse du chô- mage, du sous-emploi et de l’inactivité. Selon le haut-com- missariat au Plan, dans ce contexte, l’économie nationale a perdu 432.000 postes d’emploi contre une création de 165.000 postes en 2019. Cette perte a concerné les deux milieux (295.000 en milieu rural et 137 000 en milieu urbain) et tous les secteurs d’acti- vité économique. Le secteur des services a perdu 107.000 postes, celui de l’agriculture, forêt et pêche 273.000, celui de l’industrie y compris l'artisanat 37.000, et celui des BTP 9.000. Le chômage s’établit à 1.429.000 personnes au niveau national, avec une hausse de 322.000 personnes, faisant passer le taux de chômage de 9,2% à 11,9%, au niveau national, de 12,9% à 15,8% en milieu urbain et de 3,7% à 5,9% en milieu rural. ■

Défaillances d’entreprises Baisse historique en 2020 I l ressort de la dernière étude d’Inforisk que les défaillances d’entreprises en 2020 ont été impactées par la crise liée à la Covid-19. Le nouveau document fait état de 6.612 défaillances d’entreprises enregistrées, soit un repli de l’ordre 22% entre 2019 et 2020. C’est la plus forte baisse depuis qu’Inforisk mesure cet indi- cateur. L’explication avancée dans un pre- mier temps est d’ordre technique, en lien avec le ralentissement de l’activité des tri- bunaux de commerce. L’étude mentionne un arrêt quasi continu de leurs activités de mars à septembre 2020, à cause du confi- nement généralisé et des vacances judi- ciaires. A partir de septembre, la reprise a été plus ou moins normale pour l’activité judiciaire, néanmoins perturbée par l’évo- lution sanitaire. Tous ces facteurs seraient à l’origine de l’accroissement du stock des dossiers à traiter par les tribunaux de com- merce qui doivent rattraper le retard dans le traitement. L es ventes automobiles au Maroc ont enregistré une progression de 6,65% en janvier 2021 comparativement à janvier 2020, selon les dernières statis- tiques de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM). Cette hausse intervient après une baisse de 2,28% en décembre 2020 (année de crise terminée par un retrait des ventes de 20%).

La mise sous perfusion des entreprises via les crédits garantis «Damane Oxygène et Damane Relance» est aussi un facteur explicatif. Les entreprises qui ont béné- ficié de reports d’échéances fiscales, de crédits, de cotisations sociales et d’autres mesures ont reçu près de 70 Mds de DH. Pour autant, l’étude d’Inforisk prévoit un premier semestre 2021 très difficile pour les entreprises, avec notamment la fin des aides de l’Etat et le début des paiements des échéances de crédits. Ce qui risque de provoquer un effet «rat- trapage» rapide en termes de défaillances d’entreprises. ■

Automobile : Les ventes en hausse de plus de 6% en janvier

Dans le segment du véhicule pour par- ticuliers (VP), la hausse est de 4,38%, avec 11.679 immatriculations, alors que le segment du VUL (véhicule utilitaire léger) achève le premier mois de l’année en progression notable de 25,93% à 1.656 ventes. Au final, le total des ventes (VP & VUL) est de 13.335 contre 12.504 en janvier 2020. ■

1.464.557 C’est le nombre d’opérations de paiement en ligne en janvier 2021, pour 669.106.482 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines, sur les sites des facturiers et les sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +54,9% en nombre et +27,7% en montant par rapport à janvier 2020.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Infrastructures en Afrique 50 millions $ du fonds OPEP à l'AFC

UEMOA L'inflation à +2,3% en 2020

Kenya Les dépenses anti- Covid-19 ont atteint 2,4 milliards de dollars

L’ Africa Finance Corporation (AFC) vient de bénéficier d'un prêt de 50 millions de dollars US du fonds de l'OPEP, destiné à renforcer sa capacité d'investisse- ment dans les infrastructures en Afrique. D'une maturité de 10 ans, ce prêt devrait contribuer à com- bler le déficit de financement des infrastructures en Afrique compris entre 68 et 108 milliards de dollars par an, selon des chiffres de la BAD. Ces ressources contribueront également à soutenir les plans de relance des économies africaines à un moment crucial marqué par la crise de la Covid-19. «L'Afrique a des besoins de financement urgents pour ses infrastructures (…). Grâce à notre soutien à l'AFC, nous contribuons à offrir un financement durable aux projets d'in- frastructures, (…)» , a déclaré à cette occasion Abdulhamid Alkhalifa, Directeur général du Fonds de l'OPEP. ■

L e taux d'inflation dans l'Union éco- nomique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s'est établi à +2,3% en 2020 contre -0,5% en 2019, selon la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). La hausse des prix à la consommation est essentiellement imputable à l'augmenta- tion des prix des denrées alimentaires, qui constituent la principale source de l'infla- tion dans la zone. Selon la même source, la contribution des produits alimentaires à l'inflation totale est passée de -0,6 point de pourcentage en 2019 à 1,9 point de pourcentage en 2020, soit une hausse de +2,5 points. ■

L e Kenya a dépensé environ 2,4 milliards de dollars à fin décembre 2020 pour lutter contre les pressions socioécono- miques de la Covid-19, selon le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI). Le résumé des mesures fiscales du pays en réponse à la pandémie de la Covid-19 tel que compilé par le FMI, montre que le Kenya a dépensé 2,3 milliards de dollars en mesures non sanitaires et 100 millions de dollars en soins de santé, un montant qui représente 2,4 % du PIB de la pre- mière économie de l'Afrique de l'Est. Ce montant est aussi le deuxième plus élevé parmi les pays à faible revenu intermédiaire, le Nigeria venant en tête du classement avec des dépenses ayant atteint 6,4 mil- liards de dollars (1,5% du PIB). ■

Nigeria : 3,6 milliards $ pour une

usine de méthanol

L a société publique nigériane chargée du secteur pétro- lier, Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), vient de signer avec ses partenaires «une décision finale d'investissement» en vue de la construction de la pre- mière usine de production de méthanol au Nigeria.

Covid-19 Le Ghana veut vacciner plus de 17 millions de ses citoyens

Nécessitant un investissement total de 3,6 milliards de dol- lars US, l'usine, qui sera implantée dans la ville de Brass dans l'Etat de Bayelsa, située dans la région centrale du delta du Niger, devrait convertir en méthanol environ 14 trillions de pieds cubes de gaz provenant de champs pétroliers de la région. D'une capacité de production de 10.000 tonnes par jour et devant être opérationnelle en 2024, l'installation serait la plus grande usine de méthanol en Afrique. ■

L e Ghana œuvre à l'acquisition de vac- cins anti-covid-19 en vue de vacciner au moins 17,6 millions de ses citoyens d'ici fin juin prochain, a indiqué son pré- sident Nana Addo Akufo-Addo. « Le premier vaccin sera dans le pays d'ici mars », a-t-il fait savoir lors d'un discours télévisé, ajoutant que «nous visons à vac- ciner toute la population, avec un objectif initial de 17,6 millions de personnes» , a affirmé le chef de l'Etat. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Allemagne : Taux de chômage stable à 6% en janvier

L e taux de chômage en Allemagne est resté stable en janvier, malgré de nouvelles restrictions imposées contre l'épidémie de la Covid-19, qui entraînent toutefois une hausse des demandes de chômage partiel, a indiqué l'Agence pour l'emploi. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), le taux de chômage atteint 6,0%, autant que le chiffre révisé de décembre pour lequel l'agence avait dans un premier temps communiqué 6,1%. Le nombre de salariés inscrits par les entreprises en chômage partiel est passé à 745.000 contre 666.000 en décembre 2020. Toujours en données CVS, le nombre de chômeurs connaît, avec -41.000 en janvier, sa 7 ème baisse d'affilée.

En données brutes, le nombre de chômeurs a augmenté de +193.000 pour atteindre 2.901.000, un chiffre compa- rable aux mois de janvier des dernières années, selon l'Agence. ■ PIB de la zone Euro Une contraction moins importante que prévu en 2020

L e PIB de la zone Euro a subi une chute historique

de 6,8% en 2020, tou- tefois moins importante que prévu en novembre par la Commission euro- péenne, selon une pre- mière estimation publiée par Eurostat.

Espagne : Chute historique du PIB en 2020

L a crise du coronavirus a conduit l'éco- nomie espagnole à enregistrer une baisse historique du PIB de 11% en 2020, malgré le fait qu'au quatrième trimestre de l'année, le pays ait réussi à maintenir des chiffres positifs, avec une croissance trimes- trielle de 0,4%. Jusqu'à présent, la plus forte baisse annuelle du PIB avait été enregistrée en 2009, en pleine crise financière, avec un recul de 3,8%. Mais avec la crise Covid-19, tous les records ont été battus et 2020 a été la pire année pour le PIB depuis le début de la série des statistiques, en 1970. Il s'agit également de la première contraction annuelle du PIB depuis 2013 où il a chuté de P lus de 100 millions de doses de vaccin déjà administrées, efficacité confirmée pour le Spoutnik V russe : la cam- pagne de vaccination contre la Covid-19 prend son essor à travers le monde, malgré les critiques sur sa lenteur dans l'Union euro- péenne. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a défendu mardi la stratégie européenne de vaccination, estimant qu'elle était «la bonne» et épinglant indirectement la stratégie du Royaume-Uni qui a vacciné plus rapidement. Au total, dans lemonde, aumoins101.317.005 injections de vaccin ont été réalisées dans au moins 77 pays ou territoires. Israël est, de loin, le pays le plus en avance,

Dans ses prévisions d'automne, l'exécutif européen tablait sur une contraction de 7,8% du PIB de la zone Euro en 2020. Au quatrième trimestre de l'année écoulée, le PIB de la zone Euro a baissé de 0,7% par rapport au trimestre précédent, souligne Eurostat. Pour l'UE à 27, la chute du PIB a été un peu moindre, d'après Eurostat, qui fait état d'une contraction de 6,4% sur l'ensemble de l'année et de 0,5% pour la période d'octobre à décembre 2020. Eurostat ajoute, par ailleurs, que les taux de croissance par rapport à l’année précédente restent négatifs pour tous les Etats membres. ■ Trump accusé de «trahison» sans précédent par les procureurs démocrates

1,4%. L'année dernière, l'économie espa- gnole a connu une croissance de 2%. En glissement trimestriel, le PIB s'est contrac- té de 9,1% au quatrième trimestre contre une baisse de 9% au trimestre précédent. ■

Vaccin : Plus de 100 millions de doses administrées

L es actions de Donald Trump avant l'assaut sur

le Congrès le 6 janvier constituent une «trahi- son d'une ampleur his- torique» , accusent les procureurs démocrates au procès en destitution de l'ex-président améri- cain, dans leur argumentaire publié mardi.

«Le président a incité une foule violente à attaquer le Capitole des Etats-Unis» et sa «volonté de rester au pou- voir à tout prix est une trahison d'une ampleur historique. Elle appelle une condamnation» à l'issue de ce procès qui débute le 9 février, affirment-ils. ■

plus d'un tiers de sa population (37%) ayant déjà reçu au moins une dose. En valeur absolue, ce sont les Etats-Unis qui font la course en tête, avec 32,2 millions de doses administrées à 7,9% de leur population. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis janvier 2020

Psychologie positive ◆ Le Masi termine janvier sur une note positive avec un gain de 3,04% au compteur.

garanties, surtout de la part de la Banque cen- trale. BAM a, en effet, toujours agi activement au rythme de la pandémie pour apporter le soutien nécessaire à l'économie. Une bienveillance sans limite qui permet en ces temps de récession de limiter les dégâts. Dans l'ensemble, le mois de janvier a été plutôt sans intensité. Des prises de positions sur des mid-caps et quelques implémentations sur les large-caps qui n'ont pas pour autant permis d'installer une véritable tendance de fond.

Une activité en baisse Sur les 22 séances du mois, les échanges globaux se sont chiffrés à 3,3 milliards de DH contre 4,9 milliards de DH la même période de l’année passée, soit une dégradation de 32%. Attijariwafa bank, Maroc Telecom et BCP ont été les instruments les plus actifs avec des parts respectives de 16,72%, 11,98% et 6,01%. En substance, la Bourse a vu 18 indices secto- riels finir sur une notre positive, contre 6 qui ont perdu terrain. ◆

L es prises de bénéfices enregistrées la semaine écoulée ne remettent pas en cause la dynamique haussière instal- lée sur le marché actions tant que les 11.600 points sont préservés. L'indice Masi achève le mois de janvier sur une hausse de 3,04% malgré une hésitation les dernières semaines. Mais sans panique du côté d'investisseurs, qui pensent posséder certaines Par Y. Seddik

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BOURSE & FINANCES

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Banques

◆ En 2020, les banques ont distribué 41 milliards de DH, dont 41% sous forme de facilités de trésorerie. ◆ Analyse des grandes tendances du crédit bancaire en 2020. Les crédits ont résisté en 2020, mais à quel prix ?

intérieure, ces derniers ont reculé de 4,2% sur l’année. Leur encours global tourne autour des 54 milliards de DH. Manque de visibilité des ménages, pertes d’emplois (432.000 en 2020), des organismes de crédits plus regardants sur les critères d’octroi, sont autant de motifs (du côté de l’offre et de la demande) qui expliquent ce tassement. Et ce, alors que les taux appliqués par les banques ont baissé de 28 pbs au troisième trimestre. Mais, rappelons-le, les banques sont aussi confrontées aux exi- gences sur les provisions. Et au cas où elles souhaiteraient conserver un niveau de ren- tabilité inchangé, elles devront réclamer un surcoût de rému- nération aux débiteurs et res- treindre les financements. Créances en souffrance : là où le bât blesse Cela va sans dire que la crise économique induite par la pan- démie n’a pas été sans dom- mage collatéral. Les créances en souffrance (CES), bête noire du système bancaire, ont culminé à 80 milliards de DH, avec un surplus de 10 milliards de DH entre décembre 2019 et décembre 2020. Le taux de sinistralité s’est situé à 8,4%. C’est un peu le prix à payer pour maintenir l’économie sous perfusion. Cette situation nous rappelle ainsi la nécessité d’accélérer le projet de création d’une struc- ture de défaisance et/ou d’un marché secondaire des CES, déjà à l’étude chez la Banque centrale.

Les banques participatives en vedette Discrètes depuis le début de la crise, elles ont surtout contribué au financement de l’habitat. Sur ce segment, elles ont en effet réalisé une part de marché de près de 50%. Plus en détail, les banques marocaines (conventionnelles & participatives) ont produit 7,3 milliards de DH de prêts desti- nés au financement de l'habitat à fin 2020. La moitié de ces prêts provient des banques par- ticipatives. Dit autrement, près de 1 DH sur 2 vient des finan- cements participatifs, soit 3,5 milliards de DH. Cette production porte l'encours total des financements partici- patifs à l'habitat à 11,3 milliards de DH depuis le démarrage des banques participatives. Notons que ces encours sont en hausse de 45% sur l'année 2020, quand les financements classiques à l'habitat ne progressent que de 3,4%. Les financements participatifs, toutes catégories confondues, se chiffrent à 13,5 milliards de DH, en hausse de 48% en 2020. Cette prouesse a été réalisée malgré un manque cruel de res- sources à vue puisqu'à fin 2020, les dépôts à vue auprès de ces banques ne dépassaient pas les 4 milliards de DH. Cette situation les a contraintes à faire appel à la Wakala bil Istithmar et aux dépôts à vue reçus des banques-mères pour 4,8 Mds de DH. Ceci, alors que les dépôts d'investissement, qui permettent de mobiliser une épargne rémunérée auprès des clients, ont atteint un encours de 894 MDH. ◆

Véritable pouls de la demande inté- rieure, les crédits à la consommation ont reculé de 4,2% pendant 2020.

rythme rarement observé. Sur l'ensemble de l'année passée, le flux de crédits adressés aux sociétés a atteint 16,69 milliards de DH, soit une progression de 8,8%. Pour avoir un ordre de grandeur, ce chiffre représente plus de 41% du total des crédits distribués en 2020. Le secteur tertiaire, notamment le tourisme (hôtels & restau- rants), a le plus bénéficié de ces dispositifs avec un total de 9,16 milliards de DH de facilités de trésorerie, selon les chiffres de BAM. Les caisses du secteur industriel du pays, elles, ont été alimentées à hauteur de 7,2 mil- liards de DH. Crédits à la consommation : en berne Si les banques étaient permis- sives sur ce segment de crédit grâce à la garantie étatique, il n’en est pas de même pour les prêts à la consommation. Véritable pouls de la demande

R ésolument, la pro- duction des prêts bancaires a tenu tête à la crise en 2020. Les banques ont dis- tribué quelque 41 milliards de DH aux agents économiques, permettant de fait de maintenir l’économie du pays à flot. D’une année à l’autre, la croissance des crédits bancaires s’est chif- frée à 4,5% pour un encours total de 958 milliards de DH. Bien sûr, l’évolution globale recouvre plusieurs disparités qui méritent d’être relevées. Ils auront fait office de morphine pour les entreprises maro- caines: l'an dernier, les prêts garantis par l'État, développés par la CCG et distribués par les banques pour compenser la chute de l'activité économique et financer les besoins en fonds de roulement, ont fait tourner le crédit à court terme à un Par Y. Seddik

Les finance- ments partici- patifs, toutes catégories confondues, se chiffrent à 13,5 milliards de DH, en hausse de 48% en 2020.

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Fiscalité des ZAI

◆ La nouvelle fiscalité des zones d’accélération industrielles pour les secteurs automobiles et aéronautiques permettrait au Royaume d’être compétitif en termes d’IDE. ◆ Certaines exonérations sont toujours conservées en faveur des investisseurs. Les nouvelles mesures maintiendraient le Maroc en terrain compétitif

la totalité du bénéfice local et à l’export. Pour les sociétés créées avant 2020, l’exo- nération totale de l’IS est également de 5 ans, puis elle passera à 8,75% pendant une durée de 20 ans, avant d’atteindre 15%. Cette dernière mesure permet un bascu- lement progressif des sociétés ancienne- ment installées vers le nouveau régime.

Une démarche réfléchie afin de sau- vegarder l’image du pays, surtout vis-à-vis des investisseurs étrangers qui se sont implantés dans les ZAI, motivés par les incitations fiscales proposées par le Royaume au tout début du lancement desdites zones.

Pour les sociétés créées avant 2020, l’exonération totale de l’IS est de 5 ans.

Notons que ce nouveau régime inclut l’Agence spéciale Tanger-Med ainsi que les sociétés chargées de l’aménagement et de l’entretien des ZAI qui y sont instal- lées. Sont exclues les sociétés de travaux de construction et de montage. L’autre nouveauté fiscale ayant accompagné la nouvelle Loi de Finances concerne le transfert des produits destinés à l’export. En effet, ce dernier doit être effectué sous les régimes suspensifs en douane. Les exonérations Malgré les taux d’imposition revus à la hausse par souci de conformité, et dans la perspective d’éviter de produire des effets dits dommageables pour les partenaires économiques du pays, la législation maro- caine a tout de même tenté de préserver la compétitivité des ZAI en maintenant cer- taines exonérations. Parmi elles, figurent les exonérations qui concernent les actes de constitution de société sur les droits d’enre- gistrement, l’augmentation de capital, la taxe professionnelle ainsi que les acquisi- tions de terrains nécessaires à la réalisation de leur projet d’investissement. ◆

une grande avancée en 2019, suite aux troisièmes Assises nationales sur la fisca- lité, et a pris ensuite forme dans la Loi de Finances de 2020 ainsi que dans l’actuelle. Fiscalité des secteurs automobiles et aéronautiques Si nous nous penchons sur la fiscalité des ZAI afférentes aux secteurs de l’automo- bile et de l’aéronautique présentes dans la ville de Tanger, avec Tanger Automotive City et Tanger Free Zone, ainsi que dans les villes de Kénitra et Casablanca, avec respectivement Atlantic Free Zone et la ZAI aéronautique de Midparc, nous consta- tons que la législation a fait une distinction entre les sociétés qui s’y sont installées avant les nouvelles mesures fiscales de 2021, et celles qui y logeront dans le futur. Selon les données fournies par le cabinet Eurodefi Consulting, la Loi de Finances actuelle précise que les sociétés créées en 2020 bénéficieront d’une exonération totale de l’impôt sur les sociétés (IS) pen- dant une durée de 5 ans, puis de 15% sur

Par B. Chaou

L e Maroc a fourni un grand effort en vue de réussir sa conformité fiscale, à travers l’adoption de plusieurs plans de réformes, et suite à son adhésion aux conven- tions multilatérales signées avec les ins- tances étrangères. Parmi les efforts engagés par le Royaume, rappelons la modification du système fiscal des zones d’accélération indus- trielles (ZAI). Baptisées initialement zones franches, elles connaissent depuis une dizaine d’années un véritable développe- ment économique, surtout dans le sec- teur automobile, depuis l’implantation au Maroc de grandes multinationales comme Renault et Peugeot. Dans le secteur de l’aéronautique, elles ont aussi bénéficié de l’installation d’un large écosystème gra- vitant atour des constructeurs mondiaux, dont Airbus. Il faut rappeler que l’effort pour la réorgani- sation du système fiscal des ZAI a marqué

L’effort pour la réorga- nisation du système fiscal des ZAI a connu une avan- cée en 2019, suite aux troisièmes Assises natio- nales sur la fiscalité.

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Risques climatiques

◆ Dans ce dernier article de la série, nous aborderons les défis méthodologiques que pose la mesure du risque climatique. ◆ Les avis sur les approches sont partagés et le manque de données historiques sur ce type de risque est important. Un défi d’évaluation d’abord !

tiques associés à chaque actif. Cela reste un défi majeur en raison du caractère profondément incertain du changement climatique et des mesures socioécono- miques associées et de l’horizon cour- termiste des modèles de risque de crédit habituels par rapport à l’horizon à moyen ou long terme des risques liés au climat », nous apprend l’I4CE. L’on comprend ainsi qu’en l’absence d’une mesure du risque suffisamment solide, il est inutile d’adopter l’approche du risque. Dans l’approche de politique éco- nomique, l’objectif est de canaliser davantage de flux vers l’économie bas-carbone. « La question de la mesure précise des risques liés au climat n’est plus essentielle. L’enjeu est plutôt de trouver un outil de mesure permettant de différencier les activités en fonction de leur contribution au développe- ment d’une économie bas-carbone », ajoute l’Institut de recherche. Les défis de l’approche de politique économique Maintenant, dans ce deuxième cas de figure, d’autres défis subsistent. I4CE nous en cite deux : « le premier concerne l’effica- cité d’un ajustement des exigences de fonds propres des banques pour augmenter ou réduire certaines catégories de crédits. En effet, il n’existe pas de preuves empiriques claires démontrant une telle efficacité ». Le deuxième défi consiste « à garantir que cet instrument de politique économique ne mette pas en danger la stabilité financière. Pour cela, il faudrait avant tout maintenir l’assise en capital des banques, confor- mément aux besoins prudentiels tels qu’ils sont mesurés aujourd’hui ». Quoiqu’il en soit, le débat sur l’intégration du changement climatique dans les exi- gences de fonds propres des banques est toujours ouvert et les avis sont très parta- gés. Il est prématuré pour les régulateurs d’être décidés sur une méthode bien pré- cise. Fin de la série. ◆

Le risque climatique constitue encore un domaine en plein développement pour la recherche.

mutation vers des modèles économiques à bas carbone, sont complexes à appréhen- der et à mesurer. Pour lui, la complexité est accentuée en l’absence d’un langage ou d’une taxono- mie commune permettant de distinguer les actifs verts et bruns, d’un manque de données et d’outils d’évaluation… Or, s’il n’existe pas de standards de place en la matière, la littérature actuelle permet de dégager quelques idées. Secteur bancaire : deux approches possibles Ainsi, selon l’Institute for Climate Economics (I4CE), qui fournit des analyses sur les questions économiques liées aux politiques climatiques et énergétiques dans le monde, deux approches permettent d’aborder le débat : l’approche par le risque et l’ap- proche de politique économique. Toutefois, des défis spécifiques sont à relever avant de mettre en œuvre l’une de ces méthodes. La première méthode vise à garantir la sta- bilité financière des banques lorsqu’elles sont exposées à des risques climatiques imprévus. « Il est essentiel de mesurer avec précision le niveau de risques clima-

L a mesure des risques financiers n’est pas chose aisée. Et quand il s’agit d’évaluer les risques éma- nant du changement climatique, la tâche devient encore plus com- pliquée. Jusqu’à présent, les Banques cen- trales et les autorités de réglementation financière n’ont pas trouvé une méthodolo- gie universelle pour son calcul. En attendant, plusieurs questions restent en suspens : est-il possible de modéliser le risque climatique ? Sur quel horizon le risque doit-il être modélisé ? Quelles sont les approches possibles ? Doit-il être considéré comme une composante d’un autre type de risques (par exemple du risque de crédit) ? Comment les banques peuvent-elles intégrer la question clima- tique dans leur dispositif de pilotage des risques ? D’ailleurs, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, était clair sur ce sujet, en précisant que les risques liés au chan- gement climatique, qu’ils soient physiques, générés par les événements climatiques extrêmes, ou de transition, induits par la Par Y. Seddik

L'approche par le risque vise à garan- tir la stabi- lité financière des banques lorsqu’elles sont exposées à des risques climatiques imprévus.

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«La transition énergétique n'est pas un luxe pour un pays comme le Maroc»

◆ Entretien sans concession avec Fouad Benseddik, expert international en RSE, consultant indépendant (FBS Consulting- Paris) et membre du Conseil économique, social et environnemental, autour de la question du changement climatique et ses implications pour le Maroc. ◆ Pour notre expert, la COP22 a été mise à mal dès son ouverture à Marrakech, coïncidant avec l’élection et l’annonce de Trump du retrait américain des Accords de Paris. ◆ Le gouvernement a formalisé, sans réelle consultation des parties concernées, une «stratégie» clé en main, séduisante sur le papier, mais sans suite.

parties concernées, notamment les entreprises, une «stratégie» clé en main, séduisante sur le papier mais sans suite. Le choix d’obtenir un mix énergétique majoritairement renouvelable a été une décision audacieuse, là encore impulsée par le Roi, mais l’efficience énergétique, la réduction des consomma- tions des énergies fossiles dans les transports et l’industrie ne suivent pas. Il ne s’agit pas ici de culpabiliser les entrepreneurs, mais de montrer que la transi- tion énergétique est un tout, qui engage la conception des pro- duits et services, les critères et les modalités d’investissement, la politique du crédit, la fiscalité, le régime douanier, la promotion immobilière, les transports. F.N.H. : Peut-on dire que la lutte contre le chan- gement climatique a été mise en «pause» cette année, puisque toute notre attention est tour- née vers la crise sani- taire ? F. B. : La COP22 a été mise à mal dès son ouverture à Marrakech, coïncidant avec l’élection et l’annonce de Trump du retrait

américain des Accords de Paris. Triste souvenir. L’année 2020 peut être regardée de plu- sieurs manières. Un moment de répit pour la nature; la pla- nète a mieux respiré pendant le confinement, la biodiversité retrouvant momentanément ses droits. Pour les entrepreneurs, pour les pouvoirs publics et pour les citoyens aux prises avec les effets économiques, humains et sociaux de l’arrêt de l’acti- vité et de la sécheresse, l’enjeu de la lutte contre le change- ment climatique risque en effet de s’obscurcir. Ce serait une erreur. Ce que, en Europe, en Asie, et désormais en Amérique du Nord, on appelle «le monde d’après» s’organisera en grande partie par de la relance dans de l’investissement et des restruc- turations dans des produits et des services à impact environ- nemental et social positif. La sortie de la crise sanitaire sera douloureuse pour les pays en développement à qui la monnaie hélicoptère n’est pas accessible, mais ceux qui parmi eux sauront se positionner sur les métiers et les technologies de la durabilité réussiront mieux et plus vite leur transition.

Propos recueillis par Y. Seddik

F.N.H. : Quels sont les défis du changement cli- matique pour un pays comme le Maroc ? Peut-il en tirer des bénéfices ? F. B. : La transition énergétique et la durabilité environnemen- tale et sociale ne sont pas une option ni un luxe pour un pays qui s’est ouvert à l’économie mondiale comme le Maroc, ce sont des impératifs. Le pays a tiré bénéfice de ses choix de spécialisation, il a été une des- tination phare des IDE dans la région, la pauvreté a reculé, ses équilibres macroéconomiques sont solides et ses spécialisa- tions ont été positives dans cer- tains secteurs comme l’automo- bile ou l’aéronautique. Mais pour garder son attractivité, il lui faut monter en gamme en intégrant, précisément, les technologies, les services et les exigences de la durabilité. Quelques banques ont compris cette dynamique. Les grandes entreprises indus- trielles ont du mal à suivre. Les PME ont besoin d’appui. Ces sujets restent malheureusement hors des débats politiques. ◆

Finances News Hebdo : Tout d'abord, comment évaluez-vous la prise de conscience des décideurs marocains face aux chan- gements climatiques, sur- tout depuis la COP22 ? Fouad Benseddik : La prise de conscience de la gravité du risque climatique a besoin de lucidité. Pour en entrevoir les conséquences inéluctable- ment dramatiques. Elle a besoin aussi d’un cadre réglementaire incitatif, de ressources finan- cières dédiées et d’audace pour en saisir les opportunités qui peuvent être considérables. De ce point de vue, quatre ans après la flamboyante édition de la COP22 à Marrakech, le bilan marocain est mitigé. Avec tou- jours cette même difficulté à garder le cap et à déployer avec une granularité suffisamment les grands engagements. SM le Roi Mohammed VI a dû en appeler à plusieurs reprises à l’adop- tion d’une Charte nationale pour le développement durable. Le gouvernement a alors formali- sé, sans réelle consultation des

Le choix d’ob- tenir un mix énergétique majoritaire- ment renou- velable a été une décision audacieuse, là encore impul- sée par le Roi.

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Réformes structurelles, industrialisation, revenus des ménages…

◆ Le haut-commissaire au Plan identifie trois réformes urgentes à engager. ◆ Il insiste notamment sur la nécessité d’exploiter l’immense potentiel agricole du Maroc afin d’accélérer le rythme d’industrialisation du pays. Lahlimi dit tout

Par F. Z. Ouriaghli & M. Diao

L a crise actuelle liée à la pandé- mie, qui a mis à rude épreuve la résilience des grandes éco- nomies à l’échelle mondiale, est un énième motif pour le Royaume d’accélérer la cadence des réformes. Qui de mieux que Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan (HCP), avec la liberté de ton qu’on lui connaît et l’indépendance qui caracté- rise l’entité publique qu’il dirige depuis 2003, est plus légitime pour se pro- noncer sur le périmètre des réformes urgentes à mener. Ce haut commis de l’Etat, fin connaisseur des rouages de l’administration marocaine pour les avoir pratiqués depuis des décennies,

Lahlimi est très perplexe quant à la pertinence de faire réformer l’Administra- tion par l’Ad- ministration elle-même.

identifie trois réformes cruciales. Elles ont trait à l’Administration, l’enseignement et l’agriculture. Au chapitre de la réforme de l’Administration, Lahlimi s’appuie sur un postulat de bon sens. L’ancien ministre de l’Economie sociale, des PME, et de l’Arti-

Lahlimi a une idée pré- cise sur la façon dont les secteurs public et privé de l’enseignement doivent être soutenus.

sanat, chargé des Affaires générales du Gouvernement entre 1998-2002, est très perplexe quant à la perti-nence de faire réformer l’Administration par l’Administration elle-même. «Une telle démarche ne fera que consolider les acquis de l’Administration. Ce qui ren- dra impossible l’atteinte des objectifs visés» , analyse Lahlimi. Il faut rappeler que dans l’actuelle configuration gou- vernementale, il incombe au ministère de l’Economie et des Finances de pilo- ter la réforme de l’Administration. Pour rappel, la principale trame de la réforme de l’Administration appelée à être mise en œuvre est la nouvelle approche du portefeuille public. Celle- ci consiste à distinguer les entreprises publiques ayant le caractère de sociétés

anonymes et les établissements publics à caractère commercial d’une part, des établissements publics non commer- ciaux disposant ou non d’une autono- mie financière, d’autre part. Sachant que les établissements publics à carac- tère commercial seront transformés en sociétés anonymes. La future agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat et de suivi de la performance des EEP sera l’une des nouveautés-phares de la réforme de l’Administration portée par le ministère susmentionné. Par ailleurs, concernant le perfection- nement du système éducatif, le haut- commissaire au Plan suggère de se

défaire de ce qu’il qualifie de slogans. «Le plus important n’est pas de prio- riser telle ou telle langue, notamment l’arabe ou le français. L’essentiel est de se focaliser sur les disciplines dans l’op- tique de les adapter aux défis majeurs d’aujourd’hui et de demain» , soutient-il. Toujours regardant sur la dimension prospective des politiques publiques, il attire également l’attention sur le caractère primordial de la planification des ressources financières du système éducatif du Royaume. Lahlimi a une idée précise sur la façon dont les sec- teurs public et privé de l’enseignement doivent être soutenus. Et ce, afin qu’ils soient en mesure de doter leurs lauréats

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de compétences en phase avec les enjeux de développement du pays. La réforme du système agricole revêt aussi une grande impor- tance pour Lahlimi. «Nous devons capitaliser sur l’immense potentiel agricole de notre pays afin d’ac- célérer le processus d’industriali-

sation nationale» , recommande le directeur de l’ouvrage portant sur l’agriculture et la pêche, paru dans la Grande encyclopédie du Maroc. En cela, le haut-commissaire au Plan propose la consolidation des exploitations familiales et l’élabo- ration de systèmes d’évaluation périodiques et de planification sur

le long terme. Pour le patron du HCP, entité publique dont les pré- visions économiques constituent un gage de fiabilité pour le FMI, la politique économique et le patrio- tisme marocain peuvent apporter des solutions au retard accusé par le Royaume en matière de trans- formation structurelle. ◆

Le haut-commissariat au Plan réalise depuis plus d’une année une enquête sur les revenus des ménages. Les résultats du son- dage, interrompu pour un temps à cause de la situation sanitaire, permettront d’avoir une situa- tion réelle et actualisée de l’am- pleur des inégalités existantes au Maroc. D’après Lahlimi, l’intérêt du travail réalisé par ses équipes tient à l’élargissement de la cible quiconcernetous lesmembresde la famille (père, mère, fils, filles, etc.), afin de mieux appréhender la nature ainsi que les différentes sources de revenu de la cellule familiale au Maroc. «L’enquête, qui a couvert le milieu urbain et le monde rural, avec 1.300 mé- nages, détermine également la manière dont le revenu est con- sommé», explique le haut-com- missaire au Plan. Il donne des détails édifiants sur les sources de rentrée de revenus. «D’autres compléments de moyens de sub- sistance s’ajoutent au revenu principal du ménage. Il s’agit, par exemple, des revenus issus de petites activités exercées par les autres membres du ménage. Et ce, en lien avec la culture fami- liale», assure-t-il. Et de révéler : «Nous avons constaté que dans certaines régions duMaroc répu- tées pour leur vocation agricole, les habitants tirent davantage leurs revenus de l’artisanat que de l’agriculture». En définitive, Lahlimi attire l’attention sur les mutations qui s’opèrent au sein de la société marocaine. «Les valeurs changent d’une manière très rapide. Le Maroc a besoin de grandes réformes en profondeur pour accompagner cette muta- tion», conclut-il. L’enquête qui tient à cœur Lahlimi

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◆ L’année 2021 marquera-t-elle la fin de la crise économique et sanitaire ? Quels impacts sur les marchés, les entreprises et l’emploi ? ◆ Amine El Bied, économiste, expert en finance et stratégie, a bien voulu répondre à nos questions dans une interview réalisée le 30 janvier 2021. Quelles perspectives pour l'économie marocaine en 2021 ? Conjoncture

de 2003, celle de l'épidémie de SRAS qui est également due à un coronavirus, la crise de la Covid-19 a eu un impact énorme sur les économies du monde entier. Seule la Chine peut se préva- loir d’une croissance positive en 2020. Étant donné la gravité de la crise que nous vivons, je trouve que l’économie marocaine a fait preuve d’une grande résilience. La dernière estimation, don- née par Bank Al-Maghrib, de la crois- sance en 2020 serait de -6,6%. C’est presque une bonne nouvelle parce qu’on aurait pu s’attendre à pire. Le système économique marocain a montré une grande capacité de résistance, face à ce qu’on peut considérer comme le plus grand choc économique de ce début de siècle. Comme les marchés bour- siers intéressent particulièrement votre journal, on remarquera la similitude du chiffre avancé par la Banque centrale, de -6,6%, avec la baisse annuelle YTD des indices boursiers, qui ont clôturé l’année 2020 à respectivement -7,27% pour le Masi et -7,35% pour le Madex. On peut dire qu’à la fin de 2020, la Bourse a eu une évolution conforme à l’économie; c’est un bon signe je trouve pour les marchés financiers. L’indice des prix à la consommation a connu, de son côté, une hausse de 0,7% en 2020, et l’indica- teur d’inflation sous-jacente a augmenté de seulement 0,5%. Ce qui fait que le taux directeur est resté à un niveau bas, de 1,5%. Cette politique monétaire de Bank Al-Maghrib, restée inchangée à fin 2020, favorise les marchés boursiers. Les investisseurs arbitrent en leur faveur

face à un marché obligataire valorisé à la hausse. Quant aux gestionnaires du marché des taux, ils ont profité de cette valorisation de leur portefeuille, mais il y a un risque de retournement si l’inflation n’est plus contenue et si la politique monétaire devait évoluer au courant de l’année. F.N.H. : Quel est votre scénario central concernant la croissance du Maroc en 2021 ? A. E. B. : Avant de présenter le mien, je vais d’abord parler de celui qui est com- munément admis au Maroc. Dans la Loi de Finances, par exemple, il est estimé une croissance de +4,8% pour 2021, contre, si vous vous souvenez, -6,6% estimée en 2020. Ce qui veut dire que dans ce scénario central, on ne retrouve pas encore à fin 2021 le niveau de PIB de 2019. Dans ce scénario à 4,8%, on pré- voit une progression de la valeur ajoutée agricole de 11%, pour une production céréalière de 75 millions de quintaux, et des activités non agricoles de +3,8%. On suppose également un déficit budgé- taire de 6,5% du PIB, alors qu’en 2020, il s’établit à environ 7,5%; il y a donc une amélioration. On estime aussi qu’il y aura une reprise de la consommation finale intérieure de +3,6%. Le cours moyen du brent de pétrole est supposé être à 50 dollars US. L’inflation reste maîtrisée autour de 1%. Parlons à présent de mon scénario cen- tral, puisque c’est l’objet de votre ques- tion. Vous faites bien d’utiliser le terme de scénario «central», parce que j’en

Propos recueillis par A.. Hlimi

Finances News Hebdo : Notre éco- nomie, comme le reste de la planète, a subi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire l'an dernier et cela se prolonge en ce début d'année. Quel commentaire faites-vous sur l'évolution des indicateurs macroéconomiques du Royaume en 2020 ? Quelles sont les évolu- tions qui vous ont marqué ? Amine El Bied : Contrairement à la dernière grande crise sanitaire mondiale

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