FNH 1011 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 18 février 2021 - 8 DH - N° 1011

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Préjugé favorable pour le nouveau patron de la CNSS Hassan Boubrik

P. 6/7

SPÉCIAL MONÉTIQUE

Les gagnants et les perdants de la pandémie

P. 18 à 48

L'AMMC à pied d'œuvre pour la finance durable Marché des capitaux

Marocains résidant à l'étranger Des acteurs importants pour la relance

Activités notariales

«Nous travaillons sur une dématérialisation plus poussée avec les banques»

● La SFI et l'AMMC ont signé un accord de coopé- ration pour améliorer les pratiques des entreprises en matière de reporting environnemental, social et de gouvernance. ● Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, répond aux questions de Finances News Hebdo à ce sujet. P. 12 à 14

P. 52

Un accélérateur de la structuration des PME Fonds Mohammed VI pour l’investissement ● Tour d'horizon avec R. Seddik Seghir, expert-comptable.

Abdellatif Yagou, président du Conseil national de l'Ordre des notaires du Maroc P. 54/55

Digitalisation des TPE

L’autre bonne facette de la crise

P. 50/51

P. 59

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

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Voyons voir : Chasse déclarée aux mauvais payeurs Ça se passe au Maroc 3 4

> Bourse & Finances

Point Bourse Hebdo : Accès de faiblesse sur les actions Hassan Boubrik : Préjugé favorable pour le nouveau patron de la CNSS Entretien avec Nezha Hayat : Marché des capitaux, l'AMMC à pied d'œuvre pour la finance durable Communication financière : Les 4 paris de Adil Douiri pour l'avenir de Mutandis Banques : Le Confirming, un produit anti-crise de CaixaBank Maroc

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Editorial

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O n va faire l’économie de revenir sur cette chaîne algérienne qui a fait offense à la personne du Roi. Ce serait lui donner un crédit qu’elle est loin d’avoir. Mais on ne peut pas pourtant dissocier cette dérive outran- cière de la décrépitude de la diplomatie algérienne. Laquelle, pour tenter vainement de mettre sous le tapis ses nombreux échecs et déconvenues sur la scène internationale et nuire au Maroc et à ses institutions, agite régulièrement soit sa marionnette qu’est le front polisario, soit utilise certains médias locaux comme caudataires d’un régime contesté et en décadence. Comme disait l’ancien président français François Mitterand, «la pire erreur n'est pas dans l'échec, mais dans l'incapacité de domi- ner l'échec» . Non seulement les caciques du pouvoir algérien ne «dominent pas l’échec», mais ils ne le digèrent pas et l’assument encore moins. Dernier revers en date : l’éjection de l’Algérie du poste de Commissaire chargé des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité de l’Union africaine, lors du dernier sommet de l’instance continentale. Un poste stratégique occupé sans partage par les Algériens… depuis 17 ans. Une éviction forcément difficile à accep- ter, surtout que lorsque le Maroc en est l’un des artisans, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, ayant expressément appelé lors de ce Sommet à «un examen lucide» et «une réforme profonde» du Conseil de paix et de sécurité. A cette désillusion algérienne, il faut adjoindre les nombreuses victoires de la diplomatie marocaine en Afrique, en particulier, et sur la scène internationale, en général. L’ouverture de nombreuses représentations diplomatiques de pays africains dans les provinces du Sud, ou encore la reconnaissance par les Etats-Unis de la sou- veraineté du Royaume sur le Sahara marocain en sont des exemples éloquents. Et qui provoquent, chez nos voisins, une violente indiges- tion. Au point que des groupes parlementaires des deux Chambres du Parlement algérien ont adressé récemment une lettre au nouveau président américain, Joe Biden, l’appelant à retirer la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Ces gesticulations inutiles sont, tant s’en faut, le symbole d’une diplomatie algérienne en déliquescence, dans le sillage d’un régime désavoué par le peuple. Un régime qui, comme seule réponse à la contestation populaire, verrouille les médias, bafoue les libertés indi- viduelles et embastille les intelligences rebelles. u LE CRÉPUSCULE DE LA DIPLOMATIE ALGÉRIENNE Par Fatima Ouriaghli

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> Spécial monétique

Les gagnants et les perdants de la pandémie Paiement électronique : Un tournant pour l’administration publique Entretien avec Mikael Naciri : E-commerce , «plus de 2.000 sites marchands de vente et paiement en ligne sont actifs à ce jour» Inclusion financière : Du chemin reste à faire Paiement mobile : Gare à ne pas tuer le projet dans l'œuf Entretien avec Samira Khamlichi : Paiement mobile, vers le lancement de la dématérialisation des flux État-Usager Paiement sans contact : Le grand gagnant de la crise Transactions NFC : En pleine crise, CIH Bank affole les compteurs Entretien avec Omar Benyahia : Innovation, «le paiement instantané est en phase de cadrage au Maroc» Retail Holding / RMK Holding : Une alliance pour la transfor- mation digitale Entretien avec Kamal Khalis : E-Commerce, nouveau cheval de bataille de Marjane Holding E-commerce : Le marché brave la conjoncture HPS Switch : Une plateforme robuste au service des paiements au Maroc Entretien avec Faiz Alaoui : Attijariwafa bank, «La monétique constitue un levier stratégique important pour la banque» Sociétés de financement : Quand la monétique permet d’étoffer l’offre Transactions électroniques : Les Marocains de mieux en mieux protégés Entretien avec Amal Alaoui : Paiement électronique, NAPS voit grand Sécurité monétique : Pourquoi il faut un cadre législatif de pointe Musique : Dans les dédales du streaming

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> Economie

Délais de paiement : Mauvais payeurs, vous êtes avertis ! Entretien avec Rachid Seddik Seghir : Fonds Mohammed VI pour l’investissement, un accéléra- teur de la structuration des PME marocaines Marocains résidant à l'étranger : Des acteurs impor- tants pour la relance Entretien avec Abdellatif Yagou : Activités nota- riales , «Nous travaillons sur une dématérialisation plus poussée avec les banques» Entretien avec Amine El Bied : Conjoncture, quelles perspectives pour l'économie marocaine en 2021 ?

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> L'univers des TPME

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Digitalisation des TPE marocaines : L’autre bonne facette de la crise

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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Chasse déclarée aux mauvais payeurs

“I l faut sanctionner les mauvais payeurs en tapant sur le porte- feuille, notamment à travers des sanctions fiscales, comme faire perdre à cer- taines factures restées longtemps impayées leur caractère de déduc- tibilité de la base imposable» . Vous rappelez-vous de ces propos ? Ils ont été tenus, il y a deux ans de cela, par Ahmed Rahou, ancien PDG de CIH Bank et actuel ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne. Aujourd’hui, un pas décisif vient d’être franchi dans la gestion de l’épi- neuse problématique des délais de paiement. Le souhait de Rahhou a été exaucé et les mauvais payeurs seront enfin sanctionnés (voir page 49). Avant de franchir ce cap majeur, l’Etat a pris le soin d’assainir ses rela- tions avec ses fournisseurs. Charité bien ordonnée commence par soi- même, pour ainsi dire. De 60 jours, la moyenne des délais de paiement déclarés par l'ensemble des établis- sements et entreprises publics se situe donc désormais à 39,90 jours. Mais dans le privé, et sans être alar- miste, les délais de paiement restent toujours une véritable bombe à retar- dement : le stock des crédits inte- rentreprises à 421 Mds de DH à fin 2019, soit à peu près le tiers du PIB marocain. Il fallait donc réagir. Oser sanctionner pour dégonfler ce mate- las financier qui asphyxie bon nombre d’entreprises, particulièrement les PME. Pourtant, il y a quelques mois, l’ar- gentier du Royaume préférait encore prendre de la hauteur et laisser le privé gérer ses affaires. «Pour l’heure, nous nous abstenons de légiférer en la matière et préférons que le secteur privé règle ce problème. Ce qui n’empêche pas le gouver- nement et la CGEM de travailler ensemble afin d’identifier des pistes de solution», avait déclaré Mohamed Benchaâboun. Mais rien n’y a fait. Cette probléma- tique endémique dépasse le privé

Par D. William

qui, seul, n’a su y venir à bout. L’Etat est donc venu à la rescousse, à travers l’Observatoire des délais de paiement, pour tenter de résoudre ce

dossier qui empiète dans la sphère publique, d’autant qu’il constitue une sérieuse menace pour l’économie nationale. Reste à savoir, mainte-

nant, si la sanction sera suffisamment dissuasive pour faire rempart aux mauvais payeurs. Les prochains mois nous le diront. ◆

Ç A SE PASSE AU MAROC

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D ans le cadre des efforts continus visant à lutter contre la propagation de la pandémie et à atténuer ses effets, il a été décidé de prolonger de deux semaines, à compter du 16 février à 21h, les mesures de précaution adoptées le 13 janvier dernier. Cette décision intervient sur la base des recommandations de la commission scientifique et technique concernant la nécessité de maintenir les procédures nécessaires pour lutter contre le coronavirus. ■ Pandémie : Le gouvernement proroge les restrictions

Covid-19 : 7 millions de doses de vaccins reçus jusqu'à présent

Commission des investissements

L e Maroc a reçu jusqu'à présent un total de 7 millions de doses de vac- cins anti Covid-19, après l'arrivée de 500.000 doses supplémentaires du vaccin chinois Sinopharm. Un deuxième lot de 500.000 doses du vac- cin du laboratoire chinois Sinopharm a été réceptionné plus tôt mardi en provenance de Pékin. Ces doses seront distribuées sur les différents centres de vaccination du Royaume. Par ailleurs, selon le ministère de la Santé, le taux de reproduction (R0) de la Covid- 19 a affiché une amélioration pour la 13 ème semaine consécutive pour se stabiliser à 0,85 dimanche dernier. La courbe des décès a également enregistré une baisse de 30% au cours de la semaine dernière. Le taux de contamination hebdomadaire C rédit du Maroc vient de lancer son projet de refonte du système d’infor- mation et choisit, pour l’accompa- gner dans cette transformation, Temenos, un leader mondial des logiciels bancaires, avec plus de 3.000 clients bancaires dans le monde, dont 41 des 50 plus grandes banques. Ce projet permettra de mettre les proces- sus métiers, les fonctionnalités et services pour le compte de ses clients aux meilleurs standards du marché, de faciliter les trans- formations futures, notamment digitales, d’améliorer le ‘Time to Market’ et d’assurer la fiabilité des opérations de la demande du client jusqu'à son exécution.

34 projets approuvés pour un montant global de 11,3 Mds de DH L a Commission des investissements, qui s'est réunie le mercredi 17 février 2021 sous la présidence du chef du gouvernement, a examiné et approuvé 34 projets de conventions et d’avenants aux conventions d’investis- sement pour un montant global de 11,3 Mds de DH devant permettre la création de 3.500 emplois directs et 5.819 emplois indirects. La répartition des investissements par secteur fait ressortir le secteur du tourisme et loisirs en 1 ère position avec 3,29 Mds de DH, soit plus de 29% des investissements projetés, suivi par le secteur du transport et infrastructures avec 2,47 Mds de DH, soit 22% des investissements projetés. Le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur arrive en 3 ème position avec 2,27 Mds de DH, soit plus de 20% des investissements projetés. Le secteur des énergies renouvelables et du dessalement d’eau de mer occupe la 4 ème position avec 2 Mds de DH, soit près de 18% des investissements projetés. Le secteur de l’industrie prend la 5 ème position avec des projets totali- sant un investissement de plus de 1,25 Md de DH, soit plus de 11% des investissements projetés. ■

pour 100.000 habitants a atteint 8,6% la semaine écoulée, contre 13,3% à fin jan- vier dernier. En outre, il y a une baisse significative (-20%) du nombre de cas actifs, passant de 13.099 cas il y a deux semaines à 10.555 lundi. Les cas en réanimation ont pour leur part diminué de 37% dans les deux dernières semaines, passant de 744 à 422. ■

Crédit du Maroc : 230 MDH mobilisés pour la refonte du système d’information

Ce projet de transformation nécessitera un budget global d’investissement de plus de 230 millions de dirhams. Il permettra in fine d’offrir une expérience client amélio- rée, fluide et innovante et mobilisera une équipe pluridisciplinaire de plus de 120 personnes. ■

3.799.330 C’est le nombre des cartes bancaires marocaines actives en Paiement durant l’année 2020, sur les TPE des commerçants et les sites marchands marocains affiliés au CMI. La progression est de +6,6% par rapport à l’année 2019.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis Février 2020

Accès de faiblesse sur les actions ◆ Malgré un flux d'informations garni, le marché a réalisé une semaine sans inspiration. ◆ Les opérateurs se mettent à l’écart en attendant la suite des résultats des entreprises.

quée des bénéfices. Les investisseurs s’attendent à la même situation pour Total Maroc du fait de sa grande capacité à générer du cash. Rappelons qu'en 2019, la baisse des bénéfices du pétrolier de 20% n'a pas empêché le management de main- tenir le dividende. D’ailleurs, la thématique «rendement» sera scrutée par les investisseurs cette année. On note que AGR, en se basant sur 2019 en tant qu’année normative, a dégagé six secteurs cotés générateur de cash, à savoir la grande distribution, la dis- tribution énergétique (avec Total Maroc notamment), les télécoms, les mines, le ciment et enfin l’agroalimentaire. Ces der- niers affichent un ratio cash-conversion supérieur à 70%. Parallèlement, l’épargne institutionnelle continue d’être mal rému- nérée sur le marché des taux. On note cette semaine une nouvelle dégradation des rendements de l’État. Mardi dernier, ce sont les taux courts -la maturité 2 ans- qui se sont contractés de 1,2 pbs.

Comportement du marché sur la semaine Cette semaine, 15 secteurs des 24 repré- sentés à la cote ont terminé sur une note négative. Pour leur part, les échanges se sont chiffrés à 249 MDH sur le marché central, soit une moyenne quotidienne d’échanges inférieure à 50 MDH. Les dossiers les plus actifs de la semaine sont Attijariwafa bank, avec une part de 18,95%, suivi de Maroc Telecom (15,46%), BCP (8,74%) et puis de HPS (6,03%) qui a bouclé une nouvelle opération de crois- sance externe. Éléments techniques D'un point de vue graphique, l'indice Masi a cassé un faisceau de supports dans la zone de 11.600 points. On note égale- ment que des divergences baissières se valident sur différents indicateurs tech- niques. Un premier support se trouve dans la zone 11.350/11.400 points. ◆

Par Y. Seddik

C onfiguration graphique dégra- dée, baisse marquée des volumes, absence de soutien…, le marché collectionne depuis peu les signaux de faiblesse. Cette semaine encore, le parcours heb- domadaire (du 9 au 16 février) a été sans inspiration, avec un retrait de 0,61% pour le Masi qui cote à 11.580 points. En effet, depuis qu’il a brièvement côtoyé ses plus hauts annuels, le marché n’a fait que refluer, ne trouvant aucun soutien. Il faut dire que les investisseurs se tiennent toujours à carreau en attendant la suite des publications dont la saison est lan- cée, avec l’annonce des premiers profit warnings. Ces alertes sur les résultats annuels concernent pour l’heure Maghreb Oxygène, Afriquia Gaz et Total Maroc. Les filiales cotées du groupe Akwa ont toutefois maintenu la rémunération de leurs actionnaires malgré une baisse mar-

L'indice Masi a cassé un fais- ceau de sup- ports dans la zone de 11.600 points.

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Hassan Boubrik

◆ A la tête de l’ACAPS, il a su convaincre et fédérer les professionnels du marché. ◆ Généralisation de la couverture sociale, gestion du Ramed, réforme des retraites : c’est du lourd qui l’attend à la CNSS. Préjugé favorable pour le nouveau patron de la CNSS

Maroc (deuxième en Afrique et 3 ème dans le monde arabe), qui génère un chiffre d’affaires de 46,7 Mds de DH, d’adopter les standards internationaux en termes de comptabilité. S’il y a eu adhésion des profession- nels autour de ces chantiers structurants, c’est que Boubrik a donc su faire preuve de tact et d’écoute. Secundo : Ce natif d’Agadir ne débarque pas à la CNSS l’escarcelle vide, institution qu’il connaît parfaitement bien. En étant à l’ACAPS, il avait déjà une idée précise

au moins sur un chantier auquel il faudrait s’attaquer : la générosité de la Caisse, d’autant que le rap- port annuel 2019 sur le secteur de la prévoyance sociale relève qu’un affilié moyen de la CNSS perçoit un montant de prestations en valeur actualisée correspondant à 2,3 fois

Hassan Boubrik, nouveau Directeur général de la Caisse nationale de sécu- rité sociale

le niveau du montant qu’il a cotisé, ce qui dénote d’une grande sous-tarifica- tion des droits accordés. Et ce, même si cette sous-tarification du régime est en partie compensée par le fait que la Caisse bénéficie d’une fraction de coti- sations sans contrepartie de droits, eu égard au mode d’acquisition des droits en vigueur, notamment pour les affiliés dont la période d’affiliation est courte ou longue. Raison pour laquelle Boubrik préconi- sait de déplafonner, ou au moins d'aug- menter le plafond des cotisations de régimes comme la CNSS. «Je pense qu'il faut ouvrir le débat sur ce que doit être l'assurance de base. Aujourd'hui, les couvertures sont élevées. Il y a ce qui doit être couvert par la mutualisation, une couche qui peut être couverte par des mécanismes de marché et une troisième

il a su, incontestablement, faire l’una- nimité en réussissant à fédérer toute la profession autour des missions de régulation qu’il devait mener. Cet homme affable a, en effet, toujours privilégié le dialogue consensuel et le pragmatisme comme socle des chantiers réglemen- taires majeurs qu’il a enclenchés. Et c’est en étant à l’écoute profond des profes- sionnels du marché qu’il a pu, petit à petit et successivement, poser les briques visant à mettre en conformité la supervi- sion du secteur des assurances avec les normes internationales. Le déploiement en douceur de la Solvabilité basée sur les risques (SBR), avec ses trois piliers, s’ins- crit dans ce cadre. Tout comme l’IFRS 17, dont l’entrée en vigueur est pré- vue en 2023, avec la nécessité pour un marché de l’assurance comme celui du

L e Roi Mohammed VI a nommé, le 11 février, Hassan Boubrik nouveau Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le désormais ex-patron de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) troque donc sa tunique de gen- darme du marché des assurances pour celui de gestionnaire. Il ne s’aventure pas pour autant en terrain inconnu. Car, en tant que patron de l’ACAPS, il assurait aussi le contrôle et la supervision des dif- férentes caisses de retraites. Aujourd’hui, il passe de l’autre côté de la barrière. Un poste taillé pour lui ? On peut le croire, et cela pour deux raisons. Primo : Après 5 ans à la tête de l’ACAPS, Par D. William

Cet homme affable a toujours pri- vilégié le dia- logue consen- suel et le pragmatisme.

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couche plus complémentaire : c'est un débat qu'il faudra poser sereinement» , affirmait-il dans nos colonnes en 2019. Des défis de taille A 53 ans, Hassan Boubrik devra faire appel à toute son expérience et son expertise pour assumer ses nouvelles fonctions au sein de la CNSS. Il jouit certes d’un préjugé favorable, au regard notamment du travail effectué au sein de l’ACAPS, mais aussi de sa fine connais- sance du secteur des assurances et de la prévoyance sociale. Mais «secouer» le mammouth qu’est la CNSS nécessitera bien plus. Il faudra non seulement qu’il porte en bandoulière son diplôme de statisticien-économiste, mais qu’il soit aussi fin tacticien face aux réticences aux changements et aux enjeux socioécono- miques sur la balance. Il faut rappeler, en effet, que la nomination de Boubrik intervient à un moment où, sous l’impul- sion du Souverain, le Maroc a ouvert un chantier social ô combien important : la généralisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains d’ici 5 ans; un projet qui va nécessiter une enveloppe globale de 14 Mds de DH à mobiliser sur deux ans (2021-2022), selon le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun. Ce projet sociétal d’envergure a pour principaux objectifs : • la généralisation de l’assurance maladie obligatoire de base durant les années 2021 et 2022, pour en faire bénéficier 22 millions personnes supplémentaires; • la généralisation des allocations fami- liales durant les années 2023 et 2024; • l’élargissement de la base des adhé- rents aux régimes de retraite pour inclure les personnes qui exercent un emploi et ne bénéficient d’aucune pension; • et la généralisation de l’indemnité pour perte d'emploi durant l'année 2025 pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable. C’est à ce titre que la gestion du régime d’assistance médicale (Ramed) a été confiée à la CNSS, dans le cadre du nouveau régime obligatoire d’assurance maladie. Et certains observateurs s’inter- rogent déjà sur la capacité de la CNSS à gérer le Ramed, un régime pour le moins complexe, qui a montré ses limites et qui souffre de nombreux dysfonc- tionnements. Et, sans aucun doute, la

Selon le rapport annuel 2019 sur le secteur de la

prévoyance sociale publié par l’ACAPS, le solde global de la CNSS enregistrerait son premier déficit en 2029.

gestion par Boubrik de ce dossier sera scrupuleusement scrutée par les obser- vateurs avertis, surtout dans un contexte où il faudra améliorer la gouvernance de la CNSS (secteur privé) et celle de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (secteur public), dans l’objectif d’ériger, selon Benchâaboun, «un pôle unique de la couverture sociale au Maroc». Dès lors, si l’on peut imaginer que la nomination de Hassan Boubrik est une consécration, voire une juste récompense des efforts et du travail jusque-là accom- plis, difficile pour autant de l’envier, vu l’énormité des chantiers qui l’attendent. Chantiers qu’il devra engager avec luci-

dité, loin de tout engagement émotion- nel, et auxquels s’adjoint une réforme majeure à venir : celle du système des retraites. Abdellatif Mortaki, qui était jusque-là DG par intérim de la CNSS, se veut néan- moins optimiste. Lors de la cérémonie d’installation du nouveau patron de la Caisse, qui a eu lieu lundi dernier, Mortaki a notamment souligné que «Hassan Boubrik devra enrôler 22 millions de per- sonnes en deux ans, mais il prendra très vite ses marques d’autant qu’il connaît bien la maison» , Boubrik ayant notam- ment siégé au Conseil d’administration de la CNSS au cours de ces 5 dernières années. ◆

La réforme des retraites est toujours dans les bacs, même si elle a été éclipsée par la crise sanitaire. Mais, même sans la crise, le gouvernement n’aurait pas pris le risque d’engager une réforme aussi impopulaire en cette année d’élections législatives. Rappelons que la réforme paramétrique du régime des pensions civiles a été initiée en 2016. Depuis, sous la pression des syndicats très remontés, on repousse sans cesse la seconde phase de la reforme devant aboutir à deux pôles : public (CMR et RCAR) et privé (CNSS et CIMR). Et dans la perspective de cette réforme systémique, la CNSS avait sollicité un cabinet international pour une étude sur des scénarii possibles. A noter que selon le rapport annuel 2019 sur le secteur de la prévoyance sociale publié par l’ACAPS, la branche retraite de la CNSS connaitrait une évolution importante des prestations qui atteindraient 472,5 Mds de DH en 2079, sous l’effet de l’évolution du nombre des actifs cotisants et de l’hypothèse relative à l’évolution des salaires du secteur privé. Sur lapériodedeprojection, les prestations enregistreraient une évolutionannuellemoyennede 6,3% contre 4%pour les cotisations, qui s’établiraient à 131,9Mds de DHà l’horizon des projections. Le solde global de la CNSS enregistrerait son premier déficit en 2029, alors que les réserves s’épuise- raient, quant à elles, en 2046. Réforme des retraites : L’autre patate chaude

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◆ La Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale, et l'Autorité marocaine du marché des capitaux ont signé un accord de coopération pour améliorer les pratiques des entreprises en matière de reporting environ- nemental, social et de gouvernance. ◆ Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, a bien voulu répondre aux questions de Finances News Hebdo à ce sujet. Interview. L'AMMC à pied d'œuvre pour la finance durable Marché des capitaux

Le premier objectif est d’encoura- ger les flux de capital vers les sec- teurs, entreprises et projets qui ont des impacts environnementaux et/ou sociaux positifs et qui contribuent à la réalisation des objectifs globaux de développement durable. Le deuxième objectif vise à favori- ser l’intégration des aspects extra- financiers, autrement dit les facteurs Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), dans la gestion de la performance et des risques liés aux activités d’investissement et de financement. Ainsi, il s’agit, d’une part, de favori- ser la transition vers des économies plus vertes, et d’autre part, d’amélio- rer la résilience desdites économies dans un objectif de développement durable. F.N.H. : Quel est l’intérêt de développer la finance durable dans le contexte du marché marocain ? N. H. : En application des hautes orientations royales, notre pays s’est résolument inscrit depuis plusieurs années dans la voie du développe- ment durable, tel qu’en témoignent les nombreuses initiatives et réformes engagées. Le développement durable est d’ail- leurs consacré dans la Constitution du Royaume en tant que droit fon- damental des citoyens et mission de l’Etat. Il est également intégré dans les attributions de plusieurs institu- tions. Certaines d’entre elles ont été créées spécifiquement pour en faire la promotion à l’échelle nationale. En outre, le développement durable se décline au niveau de plusieurs straté- gies nationales aussi bien en matière d’énergies renouvelables que sur un certain nombre d’autres stratégies

sectorielles. Il est donc assez naturel que la finance durable soit au cœur de nos préoccupations. Le développement d’un cadre natio- nal de la finance durable permet de proposer des solutions susceptibles de mobiliser un financement adapté pour les différents projets publics ou privés qui s’inscrivent dans la dyna- mique du développement durable. En effet, les besoins d’investissement étant importants, il est nécessaire de mobiliser des sources additionnelles de financement, notamment auprès des investisseurs institutionnels locaux ou étrangers. Or, ces derniers sont de plus en plus sensibles aux impacts environnementaux et sociaux de leurs investissements ainsi qu’à leurs expositions aux risques envi- ronnementaux, sociaux et de gouver- nance. Par ailleurs, la finance durable consti- tue un levier extrêmement intéressant pour faire face aux impacts écono- miques et sociaux de la crise sani- taire que nous vivons actuellement, tout en renforçant la résilience de l’économie grâce aux pratiques de transparence et de bonne gouver- nance qu’elle englobe. Enfin, je pense que le développement de la finance durable au Maroc s’ins- crit en cohérence avec nos ambitions de faire de la place financière casa- blancaise un hub financier régional. En effet, considérant d’un côté les besoins de financement importants du continent africain, notamment en matière d’infrastructures, et de l’autre côté, le potentiel d’investissement «durable» disponible à l’international, le développement d’un cadre cré- dible de finance durable permet de favoriser le rapprochement entre ces deux besoins via la place casablan- caise.

Propos recueillis par A.. Hlimi

Finances News Hebdo : On entend beaucoup parler de finance durable ces dernières années. Pouvez-vous nous expliquer brièvement de quoi s’agit-il ? Nezha Hayat : La finance durable est un concept assez large, qui est appro- ché de différentes manières selon les pays et marchés concernés. De manière générale, la finance durable renvoie à un écosystème diversifié et évolutif de politiques, réglemen- tations et pratiques des régulateurs et acteurs du marché (investisseurs, émetteurs, vérificateurs …) en vue de réaliser un double objectif.

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F.N.H. : L’AMMC a été très active dans le domaine de la finance durable ces dernières années. Pouvez-vous nous rappeler les principales réali- sations en la matière ? N. H. : Depuis sa transformation en 2016, l’AMMC s’est intéressée au sujet de la finance durable, et la COP22 organisée la même année à Marrakech a marqué un vrai tournant pour la concrétisation de plusieurs initiatives structurantes. En effet, les principaux acteurs du marché financier marocain (ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Bank Al-Maghrib, Autorité marocaine du marché des capitaux, Autorité de contrôle des assurances et de la pré- voyance sociale, Casablanca Finance City, Groupement professionnel des banques du Maroc, Fédération maro- caine des sociétés d'assurances et

de réassurance, Bourse de Casablanca, …) se sont collective- ment mobilisés pour l’élaboration de deux feuilles de route : la pre- mière pour l’alignement du secteur financier marocain sur le dévelop- pement durable, et la seconde pour l’émergence de la finance durable en Afrique. Ces feuilles de route ont été conçues grâce à un large proces- sus de concertation et d’échanges impliquant l’ensemble des parties prenantes, opérateurs, fédérations professionnelles et régulateurs, sous l’impulsion notamment du Comité scientifique de la COP22. L’AMMC a ainsi mis en œuvre un certain nombre de mesures pour concrétiser les engagements pris lors de la COP22. Ces mesures ont été implémentées selon une approche progressive et inclusive, en ayant recours à divers outils. Ainsi, des guides pratiques ont été élaborés

afin de sensibiliser et mobiliser les acteurs du marché des capitaux autour de l’intégration de la dimen- sion durable dans leurs activités. Il s’agit notamment de guides pour le financement des entreprises par des instruments financiers durables (obli- gations vertes, sociales et durables), ainsi que d’un guide sur la respon- sabilité sociétale des entreprises et sur le reporting ESG. Les règles et recommandations présentées dans ces guides ont été inspirées des meilleures pratiques internationales, tout en prenant en compte les spéci- ficités locales. Les acteurs du marché ont aussi été impliqués à travers des conférences, ateliers et consultations publiques. Après avoir préparé les acteurs aux cadres de bonnes pratiques pré- sentés dans les guides, nous avons adopté lesdits cadres dans notre cor- pus réglementaire. En effet, la circu-

Je pense que le dévelop- pement de la finance durable au Maroc s’inscrit en cohérence avec nos ambi- tions de faire

de la place financière

casablancaise un hub finan- cier régional.

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régulation, et ce à travers, d’une part, la mise en place d’outils permettant une évaluation plus fine et harmo- nisée des reporting ESG, et d’autre part, des actions visant à faciliter la compréhension et l’adoption des meilleures pratiques en la matière. Nous sommes convaincus que ce projet nous permettra de mieux accompagner les acteurs du mar- ché dans leur transition vers des pratiques plus durables, améliorant ainsi leur compétitivité et plus globa- lement l’attractivité de notre marché. F.N.H. : Quels sont les autres projets que vous prévoyez en matière de finance durable ? N. H. : La finance durable est un domaine en pleine évolution, et qui s’impose comme un levier important pour le développement du marché et le financement de la transition économique, particulièrement dans un contexte de relance post-Covid. Ainsi, l’AMMC continuera à intégrer la finance durable dans sa planification stratégique et veillera à mettre en œuvre des mesures adaptées pour favoriser l’alignement de notre mar- ché des capitaux sur le développe- ment durable. Plusieurs axes ont d’ores et déjà été identifiés et des actions s’y rapportant seront déployées sur les mois à venir. D’abord, nous travaillerons à élargir le champ d’opportunités de finance- ment en introduisant de nouveaux instruments financiers durables. En parallèle, nous poursuivrons nos efforts en termes d’amélioration des capacités de l’écosystème du mar- ché en matière de finance durable, notamment à travers des actions de sensibilisation et de formation visant à favoriser l’adoption des bonnes pratiques de durabilité aussi bien dans les activités de levées de capi- taux que d’investissement. Bien entendu, nous maintiendrons notre approche participative, basée sur l’engagement des parties pre- nantes et le dialogue, pour assurer le développement d’un cadre national aligné sur les meilleures pratiques internationales tout en étant adapté aux réalités de notre marché. La déclinaison de ces axes en actions détaillées sera annoncée prochaine- ment. ◆

La SFI et l'Autorité marocaine du mar- ché des capitaux ont signé un accord de coopération pour améliorer les pratiques des entre- prises en matière d'ESG.

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laire 03/19 de l’AMMC relative aux opérations et informations financières adoptée en juin 2019 a introduit des règles pour l’émission d’instruments financiers durables ainsi que l’obliga- tion pour les émetteurs de publier un rapport ESG annuel. La dimension régionale fait aussi par- tie de la démarche de l’AMMC. Nous avons, par exemple, lors de la COP22, lancé le «Marrakech Pledge». Cette initiative, qui regroupe aujourd’hui des signataires représentant 26 pays africains, appelle les Bourses et régu- lateurs africains à agir collectivement et construire un partenariat continen- tal visant à faciliter l’émergence de marchés financiers verts en Afrique. Dans ce cadre, nous avons organisé en 2019 un atelier avec l’appui du Toronto Centre, reconnu pour son expertise dans le déploiement de for- mations ciblées au profit de régula- teurs du secteur financier. Cet atelier de travail interactif a rassemblé plus de 30 représentants des signataires du pledge, et a abouti à la publication d’un livre blanc pour l’implémentation et le développement des marchés de capitaux verts en Afrique. F.N.H. : L’AMMC vient de conclure avec IFC un accord de coopération en matière de reporting ESG. Pouvez-vous nous présenter cet accord et ses objectifs ? N. H. : Le reporting extra-financier, ou reporting ESG, est devenu obli- gatoire pour les émetteurs suite à l’homologation, en juin 2019, de la circulaire de l’AMMC n°03/19 rela-

tive à l’appel publique à l’épargne. Nous avons introduit cette nouvelle exigence dans l’objectif d’améliorer la transparence sur le marché et donner aux acteurs les outils pour appréhender la performance et les risques d’une manière plus globale, en intégrant les aspects extra-finan- ciers pertinents et significatifs. Nous avons aussi veillé à préparer les émetteurs à cet exercice, notamment à travers la publication du guide sur la responsabilité sociétale des entre- prises et le reporting ESG, en parte- nariat avec la Bourse de Casablanca. Les premiers rapports ESG obliga- toires ont ainsi été publiés au cours de l’exercice 2020. Le reporting ESG est donc un sujet relativement récent sur le marché de capitaux, et sur lequel les standards et les bonnes pratiques évoluent à l’échelle internationale, notamment pour assurer une convergence et une cohérence globales. Ainsi, les pra- tiques en la matière sur notre marché doivent aussi s’inscrire dans une dynamique d’amélioration continue pour atteindre les objectifs escomp- tés. C’est dans ce contexte que nous avons conclu ce partenariat avec IFC. Dans le cadre de ce partenariat, qui s’étale sur une durée de 30 mois, l’AMMC s’appuiera sur l’expertise et le soutien d’IFC pour le renforce- ment de ses capacités internes sur les thématiques ESG, notamment à travers des programmes et forma- tions et d’échanges. Ce partenariat permettra également d’accompagner le développement de notre cadre de

Le développe- ment durable est consa- cré dans la Constitution du Royaume en tant que droit fonda- mental des citoyens et mission de l’Etat.

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◆ Avec un budget de 300 MDH sur 3 ans, en plus des investissements de maintenance, le management de Mutandis s'engage dans des projets de développement jusqu'en 2024. ◆ Voici ce qu'il faut retenir des 4 principaux relais de croissance de Mutandis. Communication financière Les 4 paris de Adil Douiri pour l'avenir deMutandis T out juste l'année Covid-19 tournée que Adil Douiri arrive devant les investis- seurs avec une nou- Par A. Hlimi

primes annuelles, ont entre autres permis de maintenir l'EBE au même niveau que l'an dernier. Le résultat net a, lui, été impacté par la Covid-19 pour 10 MDH, la charge d'amor- tissements supplémentaire et le dénouement d'un contrôle fiscal, en bonne partie pro- visionné, qui a coûté 2 MDH supplémentaire à la société en 2020.

distribution et de marketing avec l'existant sont identifiées par le management. Ce seg- ment en forte croissance est également «facile» sur le plan industriel. Mutandis va également inves- tir le marché des Tartinables. Pour expliquer ce choix, le dirigeant de Mutandis met en avant la disponibilité de la matière première, une meil- leure valorisation de la res- source, la capacité d'inno- vation du groupe et l'utilisa- tion d'une marque existante pour le lancement, ombrelle Marine. L’autre nouveauté, cette fois- ci territoriale, concerne les Jus Marrakech qui partent à l'assaut du marché français. Le dernier entrant dans le portefeuille de l'industriel, en partie séduit par le nom de la marque, veut justement pro- fiter du potentiel fort du nom Marrakech pour séduire les Français. Douiri met en avant une taille de marché acces- sible suffisante, puisqu'avec

etc.) ou dans les poudres ali- mentaires pour sportifs. La demande mondiale est forte et Mutandis dispose de la matière première. Ce marché B2B offre la possibilité de sécuriser des contrats à long terme. Un effort d'investissement lissé sur 3 ans Faiblement endettée, Mutandis veut essentiel- lement financer ses projets avec de la dette et profiter de l'effet de levier. Face aux investisseurs, l'entrepreneur Adil Douiri évoque une ren- tabilité des capitaux engagés dans ces projets supérieure à 15%. Quant à l'exécution du programme, elle se fera de manière progressive à partir du deuxième semestre 2021 et jusqu'en 2024, pour lisser les efforts d'investissement et de marketing ainsi que les impacts résultats, pour ne pas altérer la capacité de la socié- té à distribuer des dividendes. Ce budget d'investissement de 300 MDH sur 3 ans s'ajoute aux dépenses d'investisse- ment normatives de la socié- té, et qui avoisinent les 150 MDH sur la période. Quant à l’année 2021, elle devrait connaître une progres- sion comprise entre +4% et +8% de l’ensemble des indi- cateurs de Mutandis, promet Douiri. Croissance qui serait réalisée en dépit des charges afférentes aux nouveaux pro- jets en cours de lancement, dont la contribution n’est atten- due qu’à partir de 2022. ◆

velle proposition de valeur dans l’hygiène et les produits alimentaires. Pourtant, 2020 fut difficile à bien des égards suite aux arrêts forcés par les autorités des usines de pro- duction du groupe dans les produits de la mer et les dif- ficultés d'approvisionnement. 2020 a connu également une baisse du chiffre d'affaires de 4,5% où les activités «Détergents» ont compensé le repli d’activité dans les pro- duits de la mer et l'effet prix sur les bouteilles alimentaires. Mais la baisse des coûts variables, liée notamment aux matières premières, et l'effort consenti par le per- sonnel du groupe (quelque 3.100 salariés) sur la partie variable des salaires et les

Mutandis va investir le marché du Personal Care. Un segment où les multina- tionales sont actives, ce qui promet de meilleures marges.

Nouveaux relais de croissance

Face aux analystes financiers, Adil Douiri a présenté 4 nou- veaux relais de croissance pour Mutandis à partir de cette année. Ainsi, de l'hygiène des mai- sons, avec l'activité déter- gents, Mutandis va investir le Personal Care ou l'hygiène des personnes. Un segment où les multinationales sont actives, ce qui promet de meilleures marges, d'autant plus que des synergies de

1,5% de parts de mar- ché, la société pour- rait y réaliser un chiffre d'affaires supérieur à ce qui est concrétisé au Maroc. L'avantage pour

Les Jus Marrakech partent à l'assaut du marché français.

Mutandis est que l'investisse- ment nécessaire est faible et le business model est à faible risque. Enfin, Mutandis s'attaque à l'énorme marché des Hydrolysats, ces protéines utilisées dans la production d'alimentation animale (cro- quettes pour chiens et chats,

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Le Confirming, un produit anti-crise de CaixaBank Maroc Banques

◆ CaixaBank mise sur le Confirming pour les PME. Ce service financier les aide à surmonter la crise causée par la pandémie. ◆ Ignacio Pino de la Chica, Country Managing Director de la succur- sale de CaixaBank au Maroc, nous explique les contours de ce produit unique sur le marché.

Finances News Hebdo : Qu'est-ce que le Confirming ? Ignacio Pino de la Chica : Le Confirming est un service financier offert par certaines institutions financières consistant en l'ex- ternalisation de la gestion des paiements d'une entreprise à ses fournisseurs. La banque notifie les fournisseurs des fac- tures émises par leurs clients et offre la possibilité de les anticiper sans démarches bancaires et dans les 48 heures à compter de la réception de leur autorisation. F.N.H. : Pourquoi est-il plus néces- saire que jamais ? I. P. C. : La crise économique provoquée par la pandémie a conduit de nombreuses PME au bord de la faillite. Le Confirming permet aux PME de recevoir le paiement de la (les) facture(s) de leurs clients prati- quement au moment de l'émission, quel que soit le délai de paiement de la facture. Cela apporte une liquidité immédiate à la PME sans passer par des procédures administratives et sans qu'il soit nécessaire d'ouvrir un quelconque type de compte auprès de la banque émettrice. F.N.H. : Pourquoi CaixaBank a tant d'expérience dans le Confirming au Maroc ? I. P. C. : La méthode d'anticipation des factures par Confirming est apparue en Espagne il y a quelques années. Il s’agit d’un service financier de paiement très répandu, utilisé par la plupart des entre- prises espagnoles et proposé par toutes les institutions financières opérant dans le

pays. CaixaBank au Maroc a bénéficié de cette expérience et a développé et amélioré ce service afin de pouvoir offrir à ses clients au Maroc et aux fournisseurs de ses clients tous les avantages de ce service. F.N.H. : Combien coûte le Confirming ? I. P. C. : Pour le client (le payeur), le Confirming n'a aucun coût. Pour le four- nisseur (le bénéficiaire), il applique une commission pour l'anticipation de la/des facture(s) et un taux d'intérêt en fonction du délai de paiement de la facture. Le coût du Confirming est généralement inférieur à toute autre forme d’anticipation de fac- tures. F.N.H. : Quels avantages présente- t-il pour le client (le payeur) ? I. P. C. : Les avantages sont multiples. Il simplifie le système de paiement des four- nisseurs, permet le paiement des presta- taires nationaux, aide à éviter les incidents de prélèvement et à diminuer les appels téléphoniques et les e-mails envoyés aux fournisseurs pour connaître l'état des fac- tures. Finalement, il permet un meilleur contrôle et une meilleure planification de leurs besoins de trésorerie et unifie les flux de paiement en effectuant des paiements groupés aux fournisseurs et en enregistrant un seul débit par échéance. F.N.H. : Quels avantages pour le fournisseur (le bénéficiaire) ? I. P. C. : Là aussi, je peux citer plusieurs

avantages. Il s’agit d’un financement rapide, facile et flexible, sans perte de temps et en évitant le déplacement phy- sique pour autoriser l'anticipation (main- tenant en période de pandémie, il est possible de réaliser le traitement en ligne). Il garantit l’agilité et la rapidité dans la gestion des factures émises, sans retard ni défaut de paiement (une fois la facture anticipée, le fournisseur ne court aucun risque de non-paiement) et sans démarche de demande de crédit : il suffit de signer une seule fois le contrat de cession de crédit. En outre, le risque bancaire n'aug- mente pas, car il transforme les créances clients en liquidité immédiate, avec le financement de 100% des factures confir- mées par le client. Pour ces raisons, à CaixaBank Succursale au Maroc, nous croyons que le Confirming peut être consolidé comme un outil très efficace pour aider les PME dans leurs diffi- cultés financières issues de la pandémie. ◆

Il s’agit d’un financement rapide, facile et flexible, sans perte de temps.

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SPÉCIAL MONÉTIQUE

Les gagnants et les perdants de la pandémie

liards de dirhams. Cette activité, qui comprend les opérations de retrait d'espèces sur le réseau des guichets automa- tiques bancaires (GAB), les opé- rations de paiement auprès des commerçants et eMarchands, les opérations de paiement sur les GAB et les opérations de Cash Advance, par cartes bancaires, marocaines et étrangères, ressort en régression de 9,4% en nombre d'opérations et de 7% en montant par rapport à 2019. Il faut néanmoins remarquer que cette crise a eu un impact diffé- rencié sur les différentes branches d’activité. Le e-commerce en a lar- gement tiré profit. Les sites mar-

chands et sites des facturiers affi- liés au Centre monétique interban- caire (CMI) ont réalisé 14,3 millions d'opérations de paiement en ligne via cartes bancaires, marocaines et étrangères, pour un montant global de 6 milliards de dirhams, soit une progression de 46% en nombre et 25% en montant par rapport à 2019. De nouveaux réflexes Outre la dynamique enregistrée sur l’achat en ligne par les Marocains, notamment durant la période de confinement, il y a désormais un recours de plus en plus impor- tant du paiement sans contact,

L a crise sanitaire et éco- nomique n’aura épargné aucun secteur. L’activité monétique, sur une ten- dance haussière depuis plusieurs années, a ainsi été impac- tée par ce contexte peu favorable, marqué notamment par la fermeture des frontières, la baisse de pouvoir d'achat, les restrictions du dépla- cement, la fermeture de certains établissements... Les chiffres du Centre monétique interbancaire font en effet état de 375 millions d'opérations réalisées en 2020 pour un total de 322 mil- Par D. William

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Il y a désormais en recours de plus en plus important du paiement sans contact, contexte sanitaire oblige.

contexte sanitaire oblige. D’ailleurs, les banques, se sont adaptées à cette nouvelle réalité en procé- dant à l’augmentation des plafonds de paiement des cartes en mode sans contact. En cela, cette crise a généré certes des contraintes, mais reste aussi une opportunité pour développer davantage cer- taines activités. Mikael Naciri, le patron du CMI, nous confiait d’ail- leurs à ce propos que «les modes de distribution sont en train d'évo- luer vers plus de sans contact, du Click and Collect ou de la livraison. Nos enseignes affiliées s'adaptent rapidement à cette nouvelle donne. Le CMI accompagne ses clients

sionnelle des établissements de paiement (APEP). Cette culture du cash constitue, entre autres, l’un des freins au déve- loppement du paiement mobile, un levier important de la Stratégie nationale d’inclusion financière dont l’objectif est de démocratiser l’usage des moyens de paiement. Mais si globalement l’activité a ralenti en 2020, gageons qu’elle retrouvera sa dynamique haussière une fois le retour à la normale de l’activité économique. Ce sont ces différents aspects que ce dossier se propose de cerner, appuyé par l’éclairage de plusieurs profession- nels du métier. Bonne lecture ! ◆

pour leur offrir toutes les solutions d'encaissement qui respectent les gestes barrières et qui permettent la continuité du business pour nos clients». Chasse au cash Résorber drastiquement la cir- culation du cash reste l’un des défis majeurs auquel les autorités doivent faire face. «Notre société se caractérise toujours par une appé- tence élevée au cash, qui génère des frais de gestion très impor- tants et qui peuvent être destinés à d’autres fins» , déplore Samira Khamlichi, PDG de Wafacash et présidente de l’Association profes-

Résorber la circulation du cash reste l’un des défis majeurs auquel les autorités doivent faire face.

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