Finances News Heebdo N° 1057

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 10 mars 2022 - 8 DH - N° 1057

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Concurrence Les quatre vérités de Rahhou

Monde rural

Le diktat de la sécheresse

Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence

P. 34/35

P. 32

Le blé, nerf de la guerre HAUSSE DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ● Les prix des céréales et du pétrole sont sous tension, accentuée par le conflit russo-ukrainien.

P. 24 à 27

Bourse/IPO

Grande distribution

Médicaments génériques Le noyau dur de la souveraineté sanitaire

«Certains entrepreneurs sont les premiers freins à la croissance de leur entreprise»

2021, année record pour Label’Vie

P.8

Immobilier

Le groupe Alliances ouvre un nouveau chapitre de croissance

● Rachid Belkahia, associé-gérant de Associés en Gouvernance Maroc, administrateur indépendant, nous pré- sente un éclairage com- plet sur le rôle du marché des capitaux dans le financement des PME. P. 14 à 19

Abdelmajid Belaiche, analyste des marchés pharmaceutiques

P. 28/29

5G

Le Maroc encore dans les starting-blocks P. 37

P. 10

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Quelque chose ne va pas Ça se passe au Maroc 4 5

> Bourse & Finances

Point Bourse Hebdo : Le Masi dégringole, inquiété par la guerre en Ukraine Sociétés cotées : 2021, année record pour le groupe Label’Vie Immobilier : Le groupe Alliances ouvre un nouveau chapitre de croissance IAM, Managem, Mutandis, Label'Vie... : Ces entre- prises qui ont fortement investi en 2021 Entreprises cotées : Net redressement des revenus en 2021 Entretien avec Rachid Belkahia : Bourse/IPO, «Certains entrepreneurs sont les premiers freins à la croissance de leur entreprise» 6 8 10 11 12 14

Editorial

Par Fatima Ouriaghli

O n se surprend à faire les mêmes constats chaque année. On se surprend, chaque 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, à s’offus- quer et à s’indigner. Cela dure depuis des décennies. Sommes-nous donc condamnées à porter éternellement ce combat des femmes pour plus d’équité, d’égalité, de justice sociale, de reconnaissance… ? Apparemment oui. Cela ressemble fort à un combat sans fin. Simplement parce que l’on a pour adversaire une société rigide, où les codes machistes sont profondément enracinés, faisant obstacle à toute velléité de changement et de progrès social. Car même si l’on est dans une société marocaine qui a beaucoup évolué depuis deux décennies, il y a tou- jours, reconnaissons-le, certaines personnes qui se prévalent d’une intelligence supérieure, mais qui portent pourtant en ANACHRONISME !

> Economie

Hausse des prix des matières premières : Le blé, nerf de la guerre Blé : Des importations de 2,6 Mds de DH rien qu’en janvier Inflation : A quoi faut-il s’attendre ? Entrepreneuriat féminin : Tamwilcom joue les pre- miers rôles Entretien avec Abdelmajid Belaïche : Médicaments génériques, le noyau dur de la souveraineté sanitaire Hausse des prix, concentrations économiques, ententes… : Les quatre vérités de Rahhou

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> L'univers des TPME

bandoulière ces clichés et cette mentalité rétrogrades incompatibles avec le Maroc moderne. Ce Maroc qui se construit lentement, sous la clairvoyance de notre Souverain. Il y a une chose qui est vraie néanmoins : on ne peut uniformiser les mentalités. C’est un challenge perdu d’avance. Mais cela ne nous exonère pas d’essayer de sortir … des ténèbres tous

Fondation création d’entreprises BP : L’année 2022 s’annonce chargée 33

> Focus Agricole

Monde rural : Les paysans face au diktat de la séche- resse 34

Il y a une chose qui est vraie : on ne peut uniformi- ser les mentalités.

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> High-tech

ces esprits qui ont une lecture biaisée de la société actuelle. Et qui sont réfractaires à tous les actes posés pour construire une société plus égalitaire et moins discriminante, où la femme jouera pleinement son rôle dans le processus de dévelop- pement socioéconomique du Royaume, sans qu’on ne lui savonne la route. C’est vrai, les lignes ont bougé. Mais pas suffisamment. C’est pourquoi l’on se retrouve à se battre pour pouvoir jouir de nos droits légitimes. L’on se bat aussi pour accéder à l’éducation. L’on se bat pour ne pas être détournées du système éduca- tif, à la fleur de l’âge, à cause d’un mariage précoce. L’on se bat pour que justice soit effectivement rendue face à un mari violent. L’on se bat pour la pension alimentaire des enfants face à un père défaillant. L’on se bat pour pouvoir être tutrices de nos enfants. Bref, l’on se bat pour tout : les problèmes liés au mariage, au divorce, à la succession, à la filiation… Ce qui est anachronique dans un pays où le principe d’égalité entre les femmes et les hommes est institué par la Constitution, et qui a ratifié plusieurs conventions internationales dans ce sens. u

Smartphones : Le marché n'en finit pas de battre des records Entretien avec Ahmed Elazraq : 5G au Maroc, «Nous sommes encore dans les starting-blocks» 36 37 > Société Entretien avec Pr Intissar Haddiya : Journée inter- nationale des droits des femmes, «j’essaie de culti- ver une approche sereine vis-à-vis de notre réalité sociale» 38 > Culture Exposition : La poterie… au féminin Visite guidée : Dans les entrailles de l’expo #Groupshow2 Entretien : Confidences, Chaimaa Belaasri, une tête bien faite 40 41 42

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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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rogne sérieusement le pouvoir d’achat des ménages. Et des avertissements, l’Exécutif en reçoit. Le 20 février dernier, plusieurs manifesta- tions ont eu lieu dans différentes villes du Royaume pour dénoncer la hausse des prix des carburants et des produits alimentaires. Lundi 7 mars courant, les transporteurs routiers ont appelé à une grève de trois jours, tout en dénonçant «l’inaction du gouvernement» face aux «problèmes causés par la flambée des prix des carburants». Les fronts sociaux se multiplient donc. Mais en face, le gouvernement peine visi- blement à apporter les bonnes réponses à toutes ces revendications. Il faudra pourtant qu’il s’emploie à éteindre les feux avant qu’il ne soit trop tard. Et il ne s’agira pas seulement d’administrer un calmant social ponctuel pour faire taire ces voix braillardes et gommer ce malaise ambiant. L’origine de ce malaise semble être en effet beaucoup plus profonde. Elle puise ses racines de cette distance qui se creuse de plus en plus entre le gouvernement et les citoyens, par la faute d’un Exécutif qui nourrissait beaucoup d’espoir, mais dont le bilan est jugé pour l’instant très mitigé, 6 mois après sa prise de fonction. Et, aujourd’hui, cette dis- tance prête foi à la méfiance, voire à la défiance. Oui, quelque chose ne va pas. ◆ Quelque chose ne va pas Par D. William Quelques jours auparavant, soit le 3 mars, une manifestation des enseignants contractuels à Rabat, qui exigent leur intégration dans la fonction publique, a été violemment dispersée par les forces de l’ordre. Moins bruyants, les médecins du privé protestent également : du 3 au 10 mars, ils ont décidé d’arborer un brassard pour dénoncer les montants des cotisations relatives à l’assurance-maladie.

C rise sanitaire, sécheresse, infla- tion…, les problèmes à gérer par le gouvernement se suivent sans forcément se ressembler. Mais ils produisent, au final, les mêmes effets en ce qu’ils sapent le moral des ménages et installent une sorte de morosité pesante. Aujourd’hui, il y a comme un profond malaise social dont les miasmes se dis- séminent un peu partout, n’augurant rien de bon pour ceux qui sont aux affaires. Et pour un gouvernement, il n’y a rien de plus déstabilisant qu’une colère sociale. Car on ne sait pas trop comment elle va se manifester ni se terminer. Et cette colère sociale monte. De plus en plus. Entretenue par cette lassitude inhérente à la pandémie qui, quoi qu’on dise, est toujours là, mais surtout par un envi- ronnement socioéconomique délétère, marqué entre autres par l’inflation, qui

L’origine de ce malaise puise ses racines de cette distance qui se creuse de plus en plus entre le gouver- nement et les citoyens.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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Industries agroalimentaires et pharmaceutiques

13 conventions d'investissement signées pour 1,73 Md de DH

T reize conventions d'investissement dans les secteurs des industries agroalimentaires et pharmaceutiques ont été signées, mercredi à Rabat, totalisant un mon- tant de plus de 1,73 milliard de dirhams et générant plus de 1.780 emplois directs et 2.700 indirects. Paraphées par le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et des opérateurs industriels des secteurs de l'agroalimentaire et pharmaceutique, ces conventions, qui s'inscrivent dans le cadre du renforcement de la sou- veraineté alimentaire et sanitaire du Royaume, devront générer un chiffre d'affaires additionnel de plus de 2,9 Mds de DH. S'agissant de l’agroalimentaire, cesconventionsconcernent la réalisation de 10 projets de plus de 1,2 Md de DH, avec plus de 1.500 emplois directs et 2.400 indirects prévus. Quant au secteur pharmaceutique, lesdites conventions portent sur 3 projets de 531,4 millions de dirhams (MDH) qui permettront de créer 280 emplois directs et 300 indi- rects. ■

Produits agroalimentaires et maritimes

Bonne tenue des exportations L es exportations du secteur des pro- duits alimentaires agricoles et mari- times ont enregistré de bonnes per- formances durant la saison 2021-2022, malgré un contexte international difficile, selon le ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts. En effet, la valeur des exportations des produits alimentaires agricoles et mari- times a atteint 68,4 milliards de dirhams en 2021, en croissance de 9% par rapport à 2020. Pour la campagne 2021-2022 (du 1er septembre 2021 à fin février 2022), les exportations des produits maraîchers ont enregistré un volume de 773.000 tonnes, en augmentation de 18% par rapport à la même période de la campagne 2020-2021. Concernant les agrumes, les exportations ont enregistré une croissance de 37% à fin février, pour passer d'un volume de l'ordre de 412.000 tonnes durant la campagne 2020-2021 à 566.000 tonnes durant la cam- pagne 2021-2022. En ce qui concerne les produits de la pêche, malgré une baisse de 4% du volume des exportations en 2021, la valeur des expor- tations a augmenté de 15%.

Pour l'année 2022, les exportations des produits de la pêche ont enregistré à fin février une hausse de 17% en volume et 44% en valeur par rapport à la même période de 2021. Les exportations des produits agricoles transformés (hors sucre et ses prépara- tions) ont atteint un volume de 525.000 tonnes en 2021, soit une croissance de 14% par rapport à 2020. En termes de valeur, les exportations de ce secteur ont atteint environ 11,9 Mds de DH en 2021 contre environ 9,9 Mds de DH en 2020, soit une hausse de 20%. Cette tendance à la hausse est maintenue durant le début de 2022, avec un taux de croissance à fin février dernier, de 11% en volume et 43% en valeur par rapport à la même période de 2021. ■

9.268.772 C’est le nombre d’opérations de paiement durant le mois de février 2022, pour 3.284.661.997 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines, auprès des commerçants, des sites des facturiers et des sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +30,0% en nombre et +20,2% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis mars 2021

Le Masi dégringole, inquiété par la guerre en Ukraine ◆ Les investisseurs à la Bourse de Casablanca tentent d'évaluer l'évolution du conflit russo-ukrainien et son impact économico-financier. ◆ Depuis les sommets, le Masi a perdu plus de 9%. Sur la semaine, la baisse est de 5%.

nouveaux plus hauts historiques. Le blé meunier montait aussi de plus de 10% pour atteindre 435 euros la tonne sur le marché européen. Notons que de nombreuses ressources étaient déjà sous tension en raison de la demande générée par la reprise post-Covid. Conséquence sur lemarché actions : sur la dernière semaine, seules 7 valeurs du Masi ont enregistré des variations posi- tives, notamment Managem qui profite de l’envolée des cours des métaux, et Disway qui a livré une copie annuelle de bonne facture et a proposé à la dis- tribution un dividende historique. En somme, l’indice a abandonné 5,06% durant la première semaine de mars. Ce mouvement baissier a été accom- pagné par des flux de 610 MDH sur le marché central. ◆

de son histoire. La crainte d'un embargo occidental sur le pétrole russe a de nouveau fait flamber les prix de l'or noir en début de semaine : le prix du baril de Brent de la mer du Nord, qui avait frôlé en début de semaine les 140 dollars, a reculé autour des 125 dollars les séances qui suivent. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en avril, il s'échangeait au-dessus de 120 dollars. Des niveaux non observés depuis 2008. Le prix du contrat de gaz européen de référence bondissait de 36,85%, après avoir touché un nouveau record à 345 euros le mégawattheure. La situation est la même sur les métaux. L'aluminium a dépassé pour la première fois la barre des 4.000 dollars la tonne. Le cuivre et le palladium ont touché de

L a nervosité était à son comble cette semaine à la Bourse de Casablanca, dans un contexte inflationniste qui s'aggrave avec la montée continue des prix des matières premières, sur fond de situation géopolitique très imprévi- sible. La guerre en Ukraine, qui se poursuit depuis deux semaines, précipite les prix de l'énergie et des matières premières à des niveaux record, ce qui contraint les acteurs de marché à réévaluer leurs perspectives pour la reprise écono- mique post-Covid, certains mettant en garde contre une période d'inflation galopante et de ralentissement de la croissance, alors que le Maroc connaît l’une des plus importantes sécheresses Par Y. Seddik

La guerre en Ukraine, qui se poursuit depuis deux semaines, précipite les prix de l'énergie et des matières premières à des niveaux record.

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Grande distribution

◆ L’EBE du groupe dépasse pour la première fois la barre du milliard de dirhams. ◆ Un résultat financier qui bascule dans le vert. Une première. ◆ Forte croissance des ouvertures. 2021, année record pour le groupe Label’Vie

améliorer le coût de la dette, tout en réalisant de meilleures performances en matière de placement de trésorerie. Une prouesse d’autant plus remar- quable que le groupe a investi près de 1,5 Md de dirhams l’année dernière. Dans ce contexte, le résultat courant est passé de 524,1 MDH en 2020 à 643,5 MDH en 2021, soit 23% d'augmentation. Ainsi, le résul- tat net du groupe en 2021 s'est bonifié de 24% par rapport à l'exercice 2020 pour s'établir à 417,2 MDH. 200 MDH de dividendes Le Conseil d'administration propose à l'Assemblée géné- rale des actionnaires la dis- tribution d'un dividende de 200 MDH (+17,6% par rapport à 2020) au titre de l'exercice 2021, soit 70,4 dirhams par action. ◆

ainsi une progression de 14% par rapport à son niveau de 2020, soit une amélioration de 0,7 point portée par l’optimisa- tion des marges d'exploitation. Et ce, grâce à l'amélioration des conditions d'achat et les

niveaux de démarque sur le stock, en plus de la maîtrise des charges de fonction- nement et la contribution des ouvertures réalisées en 2021.

619 millions de dirhams de reve- nus additionnels ont été générés en 2021.

Résultat financier positif : une première

la même dynamique puisqu’en janvier, deux nouvelles ouver- tures de points de vente ont déjà été réalisées. Rentabilité en hausse L'excédent brut d’exploitation du groupe a franchi en 2021, et pour la première fois, le seuil du milliard de dirhams, réalisant

Outre le niveau historique de l’EBE, le résultat financier passe pour la première fois de l’histoire de Label’Vie dans le vert. Il était de -16 MDH en 2020 pour finir 2021 à +12,8 MDH, soit une amélioration en valeur de 29 MDH. Pour atteindre ce résultat, le management a dû faire preuve d’ingénierie pour

L e Groupe LabelVie a réalisé un excellent millésime en 2021. Son chiffre d'affaires consolidé de 11,7 Mds de dirhams est en progression de 7% par rapport à 2020. Un chiffre apparemment modeste, mais qui cache une prouesse de la part de l’entreprise. Car 2020 a connu une première partie particulièrement faste en termes de ventes après l’an- nonce du confinement. Dans le détail, 619 millions de dirhams de revenus additionnels ont été générés, portés par l'augmen- tation des ventes à périmètre comparable de 47 millions de dirhams ainsi que par les ventes réalisées par les maga- sins ouverts en 2020 et 2021, avec un volume additionnel de 573 millions de dirhams. A ce sujet, le management s’est féli- cité de l’ouverture de 27 nou- veaux points de vente cou- vrant 9 villes du Royaume, dont 2 nouvelles : Azrou et Sidi Kacem. 2022 commence avec Par A. Hlimi

OPCI : Accélération de la stratégie du groupe

Un record de 27 nouvelles ouvertures en une année a été réalisé, couvrant 9 villes du Royaume, dont 2 nouvelles : Azrou et Sidi Kacem.

Le management annonce le lancement d’un OPCI d'une valeur de 1,5 milliard de DH, dénommé Terramis. L'agrément de ce fonds a été obtenu en janvier 2022. SelonAmineBennis, DGAenchargedupôle administratif et financierdugroupeLabel’Vie, 17 actifs opérationnels du groupe, en plus de 6 actifs en cours de développement, seront apportés à ce fonds pour une valeur totale de 1,48 Md de dirhams. Cet apport sera réalisé au cours du troisième trimestre de 2022 et permettra à Label’Vie de dégager une plus-value sur cession de 267 MDH. «Cette opération s'inscrit dans la stratégie du groupe qui consiste à séparer l'activité foncière et immobilière de l'activité distribution. Elle présente beau- coup d'avantages, dont celui de revaloriser notre patrimoine immobilier et foncier qui sera apporté à l'OPCI. Ce véhicule permettra, à l'instar d'Aradei Capital, de nous accompagner dans notre effort d'investissement et d'expansion, puisque cet OPCI va porter une partie de cet investissement et donc permettra augroupe de renforcer ses équilibres financiers. Bien sûr, un loyer sera versé àTerramis.Mais il sera récupéré enpartie sous forme de dividendes versés à Label’Vie qui détient l'intégralité du capital du fonds. Enfin, cette opération nous permettra de bénéficier de l'expertise de la société de gestion MREM, qui va nous accom- pagner avec deux administrateurs indépendants de renom (ndlr : SalaheddineMezouar et Amina Figuigui)», commente le responsable.

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Immobilier

◆ Après la restructuration, place à la croissance. Le groupe ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires total de 8 Mds de dirhams sur la période 2022-2025. Le groupe Alliances ouvre un nouveau chapitre de croissance

15 Mds de dirhams), un résul- tat net cumulé dépassant le 1 milliard de dirhams et un RNPG dépassant également le 1 Md, en s’appuyant sur les efforts

ailleurs, et en plus du métier de base, le Groupe accompagnera l’évolution de la demande (effi- cacité énergétique, domotique, résidences pour seniors, secteur de la santé, zones industrielles et hôtellerie). A plus court terme, concernant l’année 2021, les résultats seront communiqués fin mars. Mais malgré la crise pandémique, le résultat sera positif. Un endettement bas Le travail de fond qui a été réa- lisé ces dernières années aux niveaux opérationnel et financier a permis des réductions dras- tiques des charges financières et de structure. Bien que de nouveaux financements ban- caires aient été obtenus (pro- jet à Kénitra et à Safi), l’en- dettement du Groupe est bas. Concrètement, l’objectif est de ramener l’endettement de 9 Mds de dirhams en 2015 à moins de 2 Mds de dirhams en 2025. ◆

entrepris lors des années précédentes qui ont permis la réduction et la maîtrise des charges financières et de structures. «Pour garan- tir la réalisation de ces objectifs, nous avons bâti nos prévisions exclusive- ment sur du foncier acquis

Le groupe immo- bilier a présenté récemment un nou- veau plan de déve- loppement sur la période 2022 -2025.

et des projets en cours de déve- loppement», nous explique le management. Le plan de développement comporte des projets adaptés aux besoins réels des mar- chés, avec une offre de produits tenant compte des budgets des ménages, et conçue dans des espaces urbains faisant la part belle à la nature et au respect de l’environnement, affirme le groupe. L’objectif est d’offrir un meilleur cadre de vie. Par

senté récemment un nouveau plan de développement sur la période 2022 -2025. Le business plan qui en découle comporte plus de 20 projets. Il permet un potentiel important pour les quatre prochaines années, avec un objectif de chiffre d’affaires total dépassant les 8 Mds de dirhams (pour une V.I.T totale de

L e groupe Alliances scrute l’avenir avec confiance, après une période de turbulences entamée en 2015 et qui a donné lieu à un plan de restructuration dont le manage- ment revendique désormais la réussite. «Ce plan est derrière nous» , nous dit-on auprès du groupe. Désormais, la structure est plus légère et l’équipe managériale plus resserrée, avec une gou- vernance modernisée et solide. Le Conseil d’administration est composé de 9 membres, dont 2 femmes. Sur les 9 membres, 6 sont des non-exécutifs. Aussi, un comité stratégie et développement a été mis en place, en plus des comités exis- tants (exécutif, audit, nomina- tion et rémunération), faisant de la gouvernance un atout pour reconquérir la confiance du mar- ché. Par A. Hlimi

EN BREF

Désormais, la structure est plus légère et l’équipe managériale plus resser- rée, avec une gouvernance modernisée et solide.

Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale lancent l’initiative Greenback Maroc INCLUSION FINANCIÈRE

Dans le cadre de l'initiative Greenback, Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale ont lancé le concept City Tour qui consiste en l’organisation de visites guidées d’agences de services finan- ciers au profit d’usagers potentiels, encadrés par des coach-formateurs et des délégués d’associa- tions partenaires. City Tour vise principalement les femmes, les jeunes et les micro-entrepreneurs dans l’urbain, le périurbain et le péri-rural.Cette expérience permet aux participants de com- prendre les différentes options possibles d’envoi et de réception de fonds, y compris leurs carac- téristiques (conditions d'accès, délai d'exécution, etc.), connaître les différentes composantes de la tarification de ces options et gagner en confiance pour choisir l’option la plus adaptée à leurs

besoins. A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, un City tour dédié princi- palement aux femmes est organisé à Casablanca le 8 mars 2022 en collaboration avec l’ANLCA et son partenaire local, le Centre Moubadarates. ◆

Des ambitions chiffrées Le groupe immobilier a pré-

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IAM, Managem, Mutandis, Label'Vie... Ces entreprises qui ont fortement investi en 2021

M algré un contexte tou- jours perturbé par la pandémie en 2021, les champions nationaux ont continué à investir. Une enveloppe de 14,7 Mds de dirhams a été alloué à cet effet, selon les calculs de BMCE Capital Global Research (BKGR). Un chiffre en hausse de 26% par rapport à 2020 où la tendance était plutôt à la retenue et à la préservation des acquis. 38% du montant investi par les entre- prises cotées ont été drainés par Maroc Telecom. L'opérateur historique a vu ses investissements bondir de 62,8% par rapport à 2020 suite au retour à un niveau davantage normatif de ses inves- tissements, commente BKGR. Ensuite, on retrouve la société minière Managem qui a brassé 18% du montant total des investissements, et ce dans le cadre du développement de ses projets locaux et en Afrique. Label'Vie fait également partie des opé- rateurs qui ont continué à se déve- lopper avec 9% du montant total des investissements, suite essentiellement à l’accélération du rythme de dévelop- pement du Groupe, avec l’ouverture de 27 nouveaux magasins en 2021 (après le ralentissement de 2020). Enfin, dans le top 4, on retrouve Mutandis qui a drainé 10% du montant total des inves- tissements avec l’acquisition de l'amé- ricain SEASON. Parallèlement à l'effort d'investissement des sociétés cotées, la dette nette des valeurs cotées (hors financières) s’est allégée de -12,1% à 52,9 Mds de dirhams à fin 2021. Par Par A. Hlimi ◆ Les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont dépensé près de 15 milliards de dirhams en investisse- ments (CAPEX) en 2021. ◆ 38% du montant investi par les entreprises cotées ont été drainés par Maroc Telecom.

s’élèvent à plus de 257 milliards de DH, soit une reprise soutenue de 9,5% contre une baisse de 5,2% en 2020. ◆

contributeur, l’opérateur télécoms histo- rique polarise 27% de l’encours global, suivi par les immobilières avec 17%,

Taqa Morocco (13%) et les opérateurs BTP avec 11%. Rappelons qu’au terme de 2021, les revenus agrégés de la cote

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Entreprises cotées

◆ Les entreprises cotées ont dégagé plus de 251 milliards de DH de chiffres d’affaires en 2021. ◆ Seul le secteur des télécoms affiche des revenus en baisse. Net redressement des revenus en 2021

industrielles (+16,1%), portée essentiellement par l’orien- tation favorable de l’activité des distributeurs d’hydrocar- bures, la reprise de l’activité du secteur de la construction et les bonnes performances commerciales de Managem (+93,7%). Il s’agit en outre de la hausse de +5,6% du PNB des finan- cières à 17,4 Mds de DH, liée principalement à la bonne tenue des réalisations d’Atti- jariwafa bank au T4-2021 et de BCP, ainsi que de la pro- gression de +4,7% des assu- rances & courtage à 4,5 Mds de DH due à la bonne perfor- mance d’AtlantaSanad. Dette nette Au volet bilanciel, la dette nette des valeurs cotées (hors financières) s’allège de 12,1% à 52,9 Mds de DH à fin 2021. Par contributeur, l’opérateur historique polarise 27% de l’encours global, suivi par les immobilières avec 17%, Taqa Morocco (13%) et des opéra- teurs BTP avec 11%. En ce début d’année 2022, les cours des principales matières premières sur les- quelles le marché actions est exposé poursuivent leur ten- dance haussière. A l’origine, les perturbations des chaînes logistiques à l’échelle mon- diale et les conséquences du conflit entre les pays occiden- taux et la Russie. Cette situa- tion profite particulièrement aux minières et aux industriels locaux. Ces derniers bénéfi- cieraient d’un gain de PDM considérable face aux impor- tations. ◆

De leur côté, les financières affichent un PNB de 68,9 Mds de DH, provenant principale- ment de BCP, suite à la pro- gression de 6,8% de sa marge

d’intérêt et de 5% de sa marge sur commissions, tirée essentiellement par la banque au Maroc et les filiales métiers, fait remar- quer le document, ajou- tant que Bank Of Africa et Attijariwafa bank ont

Les revenus des entreprises cotées dépassent en 2021 leur niveau d'avant- crise sanitaire.

contribué fortement également à cette évolution, en enregis- trant des hausses respectives du PNB de l’ordre de 547 MDH et 522 MDH. Le chiffre d’affaires du secteur assurances & courtage s'élève à 20,5 Mds de DH, profitant de la bonne tenue de l’activité Vie (+15,9%) observée chez l'en- semble des opérateurs cotés et la progression de 5,5% de la branche non-Vie à 12,8 Mds de DH, provenant principale- ment de Saham Assurance. Les principaux contributeurs à la progression du CA en 2021 sont les matériaux de construction (+4,89 Mds de DH), suivis du secteur gazier (+4,07 Mds de DH) et de l’in- dustrie minière (+ 2,56 Mds de DH). A l’inverse, les télécoms plombent l’évolution des reve- nus cumulés à hauteur de -979 MDH, compte tenu de la mau- vaise orientation des revenus Mobile au Maroc. Managem vedette du T4 Au seul quatrième trimestre 2021, les revenus de la cote boursière s’apprécient de 12,4% en glissement annuel à 66 Mds de DH, recouvrant la bonne dynamique des valeurs

notamment de TGCC (+61,7% à 3,7 Mds de DH), Sonasid (+42,5% à 4,5 Mds de DH) et LafargeHolcim Maroc (+4% à 8,2 Mds de DH), explique BKGR dans son rapport «Earning» au titre du quatrième trimestre 2021. Il s’agit égale- ment de la bonne tenue des opérateurs gaziers, essentiel- lement TotalEnergies (+45,9% à 12,9 Mds de DH) qui a profité de la hausse des écoulements de gaz dans un contexte de reprise graduelle des cafés, hôtels et restaurants (CHR) et du redémarrage de l’activité des industriels ainsi qu’à un effet prix favorable induit par la flambée des cours du pétrole brut. Dans le secteur minier, Managem a vu ses revenus grimper de 57,1% à 7,4 Mds de DH, suite essentiellement à la commercialisation de l’or de la mine de Tri-k, qui a atteint son rythme de croisière en contribuant à hauteur de 38% du chiffre d’affaires ainsi que la consolidation de la produc- tion du cuivre.

A près une période difficile marquée par la crise sani- taire et les consé- quences qui s'en sont suivies, les entreprises cotées commencent à sortir la tête de l’eau. Elles ont amé- lioré progressivement leurs revenus, affichant une hausse de 9,5% à 251,6 milliards de DH en 2021. Selon l’analyse de BMCE Capital Global Research, cette performance est attribuable à un rebond de l'activité des industries (+12,2%) combi- née à une hausse du produit net bancaire des financières (+3,7%), ainsi qu'à l’améliora- tion des primes émises brutes du secteur assurances & cour- tage (+9,1%). Dans le détail, les sociétés industrielles affichent un chiffre d’affaires de 162,2 Mds de DH, grâce principale- ment à une appréciation des ventes du secteur des maté- riaux de construction, à l'instar Par Y. Seddik

Les princi- paux contri- buteurs à la progression du CA en 2021 sont les matériaux de construction, suivis du sec- teur gazier et de l’industrie minière.

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◆ Rachid Belkahia, associé-gérant de Associés en Gouvernance Maroc, administrateur indépendant, nous présente un éclairage complet sur le rôle du marché des capitaux dans le financement des PME. ◆ Il revient également sur les freins qui bloquent l’accès au financement des PME et sur la question de leur gouvernance. ◆ Selon lui, la réalisation des objectifs du NMD à l’horizon 2035 (capitalisation boursière portée à 70% du PIB, 300 sociétés cotées) implique une mobilisation sans faille de toutes les parties prenantes. «Certains entrepreneurs sont les premiers freins à la croissance de leur entreprise» Bourse/IPO

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Pour les PME qui représentent aujourd'hui le gros du tissu économique, la sous-capi- talisation et l’accès au financement sont deux problématiques persis- tantes depuis des années. Pouvez- vous nous dresser un bref panorama de la situation actuelle de la PME marocaine ? Rachid Belkahia : De nombreux travaux ont mis en évidence les difficultés récurrentes d’accès des PME au financement et leur sous-capitalisation chronique. Ces aspects ont été adressés dans un diagnostic sans complaisance posé par les auteurs du rap- port autour du nouveau modèle de dévelop- pement (NMD). Ces derniers constatent en effet que «les entreprises marocaines sont généralement petites, peu structurées, sous- capitalisées et faiblement pourvues en res- sources humaines qualifiées» . De plus, elles «sont empreintes d’une culture managériale souvent marquée par une aversion au risque qui n’encourage pas la mise en œuvre de stra- tégies de croissance et de montée en gamme s’inscrivant dans le long terme» . Ils ajoutent que «l’accès au financement demeure une contrainte majeure pour le développement des entreprises» ; cet accès étant «rendu dif- ficile par le manque de transparence sur leur structure financière et organisationnelle et l’incertitude sur leurs flux financiers, notam- ment au vu des délais de paiements excessifs, et souvent par une double comptabilité résul- tant de l’informalité partielle des activités» . Ils soulignent également que «les marchés de capitaux et le capital investissement ne

Le rôle du marché des capitaux et sa fonction d’allocation efficace des ressources

sources ont été rappelés avec force dans le rapport du NMD. Ce marché est en effet important pour le financement d’activités plus risquées et peu servies par le secteur bancaire, pour sa contribution à la diver- sification de l’économie et à l’innovation et pour la promotion d’une culture de la transparence et d’une bonne gouvernance d’entreprise. Concrètement, le marché des capitaux assure une double fonction de marché pri- maire et de marché secondaire. Le mar- ché primaire, qualifié de marché du «neuf», permet aux entreprises de lever du capital auprès d’un large public d’investisseurs par l’émission d’instruments financiers; son rôle étant de financer l’investissement. Le mar- ché secondaire, quant à lui, est un marché de «l’occasion», qui permet d’assurer la

semblent toujours pas constituer un complé- ment important au financement bancaire, et la finance alternative se développe timide- ment, avec des contraintes autant d’offre que de demande de la part des entreprises» . Les premières solutions qui viennent à l’es- prit pour remédier à cet état de fait reposent sur la réduction des barrières d’accès au financement bancaire et sur la diversification des possibilités de financement mises à leur disposition, notamment sur le marché des capitaux pour renforcer leurs fonds propres. F.N.H. : En règle générale, dans quelle mesure le recours au marché des capitaux peut-il servir le déve- loppement des PME marocaines ? R. B. : Le rôle du marché des capitaux et sa fonction d’allocation efficace des res-

ont été rappe- lés avec force dans le rap- port du nou- veau modèle de développe- ment.

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au moyen d’augmentations de capital ou d’obligations classiques, l’entreprise peut recourir à de nouveaux produits financiers, notamment les obligations convertibles en actions, les actions à dividende prioritaire sans droit de vote ou encore les certificats d’investissement. Rappelons que ces deux derniers produits permettent en particulier d’augmenter les fonds propres de l’entre- prise sans en perdre le contrôle. Au final, il s’agit d’une opération structurante

pour l’entreprise dans la mesure où elle lui impose, en amont de l’introduction en Bourse, d’expliquer et de définir clairement sa stratégie et son business model, et d’adopter ensuite les meil- leures pratiques de gouvernance, de gestion des risques, de contrôle interne et de fiabilité des informations finan- cières et extra-financières. Ces avantages sont toutefois assortis

L'introduction en Bourse marque le passage d’une société fermée à une société ouverte au public et constitue un acte de première importance dans la vie de l’entreprise.

de contraintes qu’il convient d’apprécier avant la prise de décision. Une fois cotée, la société ne peut plus avoir le même compor- tement qu'une société non cotée. Elle devra se soumettre aux règles qui s'imposent aux sociétés faisant appel public à l'épargne en termes d’information des actionnaires, de procédures de contrôle des comptes et d’in- tervention des commissaires aux comptes, de suivi du cours du titre et de distribution des dividendes. F.N.H. : Au-delà du financement, la gouvernance des PME est éga- lement pointée du doigt. Quelle appréciation faites-vous de ce sujet ? R. B. : Lorsque les fonctions de propriété et de management sont concentrées entre les mains d’une seule et même personne, les décisions du dirigeant sont compatibles avec la valorisation de l’entreprise, celle- ci constituant son propre patrimoine. Le dirigeant, qui est souvent le seul action- naire de son entreprise, exerce un pouvoir absolu et incarne le seul organe de gou- vernance de son entreprise. Ce modèle de gouvernance unitaire et personnalisée qui caractérise l’immense majorité des PME favorise la prise de décisions rapides par le dirigeant et présente l’avantage de garantir la cohérence des initiatives stratégiques avec l’intérêt social de l’entreprise, sa per- formance durable et sa pérennité. Dans ce modèle, le facteur clé de succès réside dans la capacité de l’actionnaire-dirigeant à gérer de manière harmonieuse ses missions d’entrepreneur (projets ambitieux, crois- sance, création de valeur) et ses préoccu-

de la cote vis-à-vis d'autres sociétés. Elles sont, aussi, bien placées pour faire conver- ger les intérêts éventuellement divergents des deux autres catégories d'acteurs. L'introduction en Bourse ou Initial Public Offering (IPO) en anglais, qui marque le passage d’une société fermée à une société ouverte au public, constitue un acte de pre- mière importance dans la vie de l’entreprise. Cette décision s’inscrit dans sa stratégie globale de développement et fait égale- ment intervenir des motivations propres aux actionnaires d’origine. Pour ces derniers, l’introduction en Bourse leur offre la pos- sibilité de réalisation de plus-values et de diversification de leur patrimoine qui a été très souvent intégralement (ré) investi pour développer la société. Pour l'entreprise, l'introduction en Bourse permet notamment de lever des fonds sur le marché des capi- taux et d’augmenter sa flexibilité financière, d'accroître fortement sa notoriété, de renfor- cer sa visibilité auprès de toutes ses parties prenantes localement et à l’international, de faciliter des stratégies de croissance externe en «payant avec du papier» , de faciliter la succession, de fédérer les équipes en interne autour d’un projet, d’encourager l’in- téressement des collaborateurs, d’attirer les talents et de bénéficier d’incitations fiscales. Parmi les différents avantages de l’introduc- tion en Bourse, la diversification des possi- bilités de financement offertes par le marché est de première importance. L’accès à une gamme étendue de produits financiers per- met à l’entreprise de gagner en flexibilité, en puissance et en indépendance. A côté de la possibilité de lever de l’argent frais

liquidité des actifs financiers. Il remplit éga- lement une fonction importante d’évaluation des actifs cotés qui sert de référence pour l’émission de nouveaux titres sur le marché primaire; le cours des actions, mais aussi celui de la dette, traduisant l’opinion des investisseurs sur l’activité de l’entreprise, sa stratégie et la qualité de son management. Le choix du marché de cotation (Marché principal, marché alternatif…) est soumis à des contraintes réglementaires relatives notamment à la taille des entreprises candi- dates en termes de total du bilan, de chiffre d’affaires, de capitalisation boursière et de flottant, mais aussi de la volonté des entre- prises d’ouvrir plus ou moins leur capital au public. Les garanties offertes aux investis- seurs sont d’autant plus grandes que les conditions d’accession et de maintien à la cote (obligation d’informer régulièrement le public) sont contraignantes pour l’entre- prise. Ainsi, l'introduction en Bourse met en scène trois catégories d'acteurs : les actionnaires d'origine, les professions financières et boursières et les investisseurs dont les inté- rêts ne sont pas aussi divergents qu'il pour- rait sembler au premier abord. Les premiers cherchent à maximiser l'utilité d’une partie de leur fortune à travers la vente de leurs titres à l'introduction, alors que les investis- seurs cherchent à acquérir des titres à la fois pour diversifier leur portefeuille et surtout pour faire une bonne affaire. Si ces deux catégories d'acteurs jouent pour l’essentiel un jeu unique, les professions boursières et financières sont plus soucieuses de réussir cette opération et de renforcer l’attractivité

Parmi les différents

avantages de l’introduction Bourse, la diversifica- tion des pos- sibilités de financement offertes par le marché est de première importance.

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F.N.H. : Comment jugez-vous l’accessibilité du marché des capitaux (particulièrement le marché boursier) aux PME et quels sont, selon vous, les freins à l’introduction en Bourse de ce type d’entreprise ? R. B. : La Bourse des valeurs de Casablanca dispose en l’état actuel d’une offre riche et diversifiée qui

pations d’actionnaire (valorisation de l’entreprise, maîtrise de l’endet- tement et gestion des risques). Cependant, ce modèle est por- teur de ses propres limites dans la mesure où il expose l’entreprise aux risques suivants : essoufflement de la créativité, incapacité à se réinven- ter et à générer de nouveaux relais de croissance, solitude du dirigeant inhérente à l’absence d’espace formel (Conseil d’administration, Comex) d’échange et de challenge des décisions et de contre-pouvoir, souci du dirigeant de rester maître à bord et fermeture corrélative à toute option d’ouverture du capital favorisant la saisie d’opportunités de croissance et la préservation de l’avantage concurrentiel de l’entre- prise, difficulté à préparer et à gérer la succession en temps opportun. Au final, le modèle de gouvernance unitaire et personnalisée ne permet plus de capitaliser sur le succès de l’entreprise après un certain temps, au-delà d’une certaine taille et d’un certain degré de complexité des activités. Par opposition à ce modèle fermé, l’adoption des principes suivants permet de poser les bases d’une gouvernance de qualité au service de la croissance et de la perfor- mance durable de l’entreprise : délégation des pouvoirs et de com- pétences, prise de responsabi- lité et obligation de rendre compte ou Accountability, mécanisme de checks & balances, prise de déci- sion professionnelle dans l’intérêt social de l’entreprise, transparence, esprit d’entreprise responsable. Je voudrais rappeler au passage qu’à côté de la bonne gouver- nance de l’entreprise, il est capital de veiller au respect de l’intégrité des marchés par l’ensemble des acteurs de l’écosystème boursier. Sur ce point, le rapport sur le NMD met l’accent sur la nécessité de regagner la confiance des inves- tisseurs, notamment les petits por- teurs, les investisseurs minoritaires et les investisseurs étrangers, et de mieux protéger leurs intérêts. Il rappelle l’urgence «de renforcer le cadre juridique pour décourager et sanctionner de manière forte les pratiques déloyales telles que les

répond globalement aux besoins de financement des émetteurs de toutes tailles et aux attentes des investisseurs tant nationaux qu’in- ternationaux. L’adoption en 2019 de la loi n°19-14 relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de Bourse et aux conseillers en investissement financier a consacré l’adoption du nouveau règlement général de la

délits d’initiés et les manipulations de marché» ; comme chacun le sait, les marchés reposent sur la confiance. La restauration de celle-ci repose sur un ensemble d’institutions, de règles normatives ou éthiques, de contrats, sans lesquels la recherche du profit légitime pour tous n’abou- tit qu’à l’enrichissement sans cause de quelques-uns.

POUR NE RIENRATER DE LABOURSE @bourse_news @boursenews www.boursenews.ma Bourse news

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