FNH 995

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 18 septembre 2020 - 8 DH - N° 995

PREMIERHEBDOMADAIREDE L'INFORMATIONFINANCIÈREAUMAROC

Directeur de la publ ication : Fatima Ouriaghl i

Crise sanitaire

Activités bancaires

«Le Maroc a besoin d’un plan de relance multidimensionnel…»

CIH Bank accroît des parts de marché

Tarik El Malki, économiste

Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank

P. 46

P. 13

RETRAITES DU PRIVÉ La Covid-19 vide les caisses P. 10/11

Santé - Social - Economie

Reprise économique

Monétique

Le triptyque qui déstabilise le gouvernement

«Il faut mettre en place un nouveau ‘‘pacte d’investissement’’»

L’activité paralysée par la fermeture des frontières

P. 51

P. 9

Placée sous le signe des synergies, la fusion Atlanta/Sanad vient de recevoir l'aval de l'Autorité du marché des capitaux en attendant le vote des actionnaires le 25 septembre. P. 12 Fusion Atlanta/Sanad L'opération la plus attendue de la rentrée

Brahim Fassi Fihri, président de l’Institut Amadeus

Peine de mort

Le débat refait surface avec l'assassinat de Adnane Bouchouf

L’Etat doit garantir la sécurité sanitaire des citoyens et préserver la cohésion et la paix sociale, tout en faisant redémarrer l’économie.

P. 16

P. 60

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massi ra El Khadra, Casablanca - Tél. : ( 0522) 98.41.64/66 - Fax : ( 0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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Actualité Voyons voir : Est-ce la fin du Social living ? Ça se passe au Maroc 4 5

Bourse & Finances Point Bourse Hebdo : Encéphalogramme plat pour les actions Monétique : L’activité paralysée par la fermeture des frontières Retraites du privé : La Covid-19 vide les caisses

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Editorial

Fusion Atlanta/Sanad : L'opération la plus attendue de la rentrée Banques : CIH Bank accroît des parts de marché malgré la crise Bourse de Casablanca : Ces entreprises dont les ventes ont accéléré durant le confinement BEI – Crédit Agricole du Maroc : Accord de financement de 200 M €

Par Fatima Ouriaghli

ESPRITS CRIMINELS

P arti beaucoup trop tôt. Arraché brutalement et prématurément à une vie dont il ne connais- sait pratiquement rien. Pris prématurément à des parents plongés aujourd’hui dans une souffrance indescriptible. C’est ça le triste destin de Adnane Bouchouf, un enfant de 11 ans tout juste, qui a poussé son dernier soupir de façon atroce, assassiné par une crapule per- verse, un vil individu qui crou- pit actuellement, et on l’espère pour très très longtemps, der- rière les barreaux. Ce crime est barbare, odieux ! L’émotion et l’indignation sont collectives. Car chacun voit en cet enfant, si cruellement assassiné, un fils, un petit frère, un petit-fils… encore sous la brume de l’innocence. Une innocence dont a profité cet être machiavélique pour commettre son horrible forfait. Alors, au-delà de l’émotion, et face à une telle cruauté, l’ins- tinct protecteur des parents que nous sommes se met en ébulli- tion. Qui connaît en effet les pul- sions destructrices qui habitent l’inconnu croisé dans la rue, le voisin, voire même parfois l’un de nos proches ? Oui, nous sommes parfois entourés d’esprits criminels dont nous ne découvrons le vrai visage qu’une fois, malheureu- sement, l’irréparable commis. Et, malheureusement, si le

meurtre de Adnane est très illustratif des crimes dont sont victimes les mineurs de la part d'individus crapuleux, il n’en reste pas moins que beaucoup d'autres enfants font l'objet d'agressions de toute sorte (sexuelles, violence…) parfois passées sous silence. Aujourd’hui, il est peut-être temps de poser un vrai débat sur la protection des enfants en général et de briser tous ces tabous qui empêchent la société d’aborder avec eux cer- tains sujets comme l’éducation sexuelle. Eveiller nos enfants, leur inculquer une certaine capacité de discernement, leur donner les clés pour sonner l’alerte en cas de comportement malsain à leur égard, revient uni- quement à mieux les protéger. Sinon, tant que nous reste- rons prisonniers du «hchouma» et d’une certaine forme de pudeur, ils seront à la merci des pervers. u Tant que nous reste- rons prisonniers du «hchouma» et d’une certaine forme de pudeur, nos enfants seront à la merci des pervers.

Economie Santé - Social – Economie : Le triptyque qui déstabilise le gouvernement Poussée déflationniste : Une tendance de fond qui risque de perdurer Entretien avec Tarik El Malki : «Notre économie a besoin d’un véritable plan de relance multidimensionnel…» Crise sanitaire : Les centres de beauté scandalisés Entretien avec Brahim Fassi Fihri : «Il faut mettre en place un nouveau ‘‘pacte d’investissement’’»

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Focus Agricole Culture du quinoa : Résultats positifs pour les projets pilotes 54 L'univers des TPME Jeunes entreprises innovantes : Un dispositif qui fait la différence 53

Culture Exposition : Le figuratif est de retour 55

Higt-Tech Entretien avec Badr Boussabat : «Grâce à l'IA, le secteur financier pourra améliorer sa gestion des risques» 56

Développement durable Biodiversité : La faune décimée en moins de 50 ans Pollution de l’air : 7 millions de décès prématurés chaque année

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Société Peine de mort : Le débat refait surface avec l'assassinat de Adnane Bouchouf 60

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions &Développement : DavidWilliam • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Badr Chaou, Khalid Aourmi • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique &maquettiste : Abdelillah Chamseddine •Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sapress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Est-ce la fin du Social living ?

L e coronavirus a p r o f o n d é m e n t redéfini nos codes de conduite. Il a perverti nos rapports à l’autre, notre regard sur ceux qui nous entourent et mis à rude épreuve les liens sociaux. Le Social living, si ancré dans la culture marocaine, part en vrille. Tout le monde devient sus- pect, porteur potentiel d’un virus létal. On se méfie de l’inconnu. Des proches. Même de ceux avec les- quels on partage les mêmes toits. Son mari. Sa femme. Ses enfants. Peut-on dès

Par D. William

lors partager une certaine intimité avec ses proches sans aucune once de sus- picion ? Pas sûr. Qu’as-tu fait de la jour- née? Qui as-tu rencontré ? Portait-il (elle) un masque ? Lui as-tu donné la main ? Lui as-tu fait la bise ? Les questions banales d’autrefois virent alors à une forme d’inquisition vexante, quasi outrancière. Au point d’instaurer un cli- mat délétère fait de doutes et de soupçons. Dans un Royaume qui avance masqué, on peine à reconnaître ses amis, ses ennemis, les membres de

entre ces masques que l’on dit protecteurs. Qui sait ? Surtout que ce mystérieux virus n’a pas encore livré tous ses secrets. Un virus qui a même pu déstabiliser les irréduc- tibles champions de la drague dans la rue. Difficile de faire les yeux doux quand on a un masque qui scinde le visage et qu’on est obligé de se tenir… à distance. Et sait-on jamais, la fille masquée en face pourrait bien être une cou- sine…, ou tout simplement une sœur. Oups ! Bref, pour les autori- tés sanitaires, le monde

idéal, en ces temps de la covid-19, serait ce qui est décrit en haut. Cela signifierait qu’en respec- tant scrupuleusement les gestes barrières, chaque Marocain est conscient de la responsabilité qu’il a envers la collectivité. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Et c’est pourquoi la préfecture de Casablanca est quasiment sous cloche, comme bien d’autres villes du Royaume. Conclusion : l’on se rend compte que la vie sociale au Maroc ne peut s’accom- moder des gestes barrières qu’impose cette pandémie. u

sa famille que l’on croise dans la rue. Les «Bonjour !» deviennent furtifs, et tant mieux si l’on peut sans passer. Car on ne sait jamais. Peut- être que le coronavirus a la capacité de se faufiler Le coronavirus a même pu déstabili- ser les irréductibles champions de la drague dans la rue.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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Le déficit budgétaire se creuse

L e déficit budgétaire a atteint à fin août 2020 quelque 46,5 Mds de DH contre 30,7 Mds de DH à la même date de l'année dernière. Par rapport au mois de juillet, ce déficit est en augmentation de 4,6 Mds de DH, dont 3,9 Mds de DH correspondent aux dépenses d'investissement du mois, relève le ministère des Finances. Si l’on exclut l’excédent enregistré par le Fonds spécial de gestion de la pandémie Covid-19, le déficit s’élève à près de 55,5 Mds de DH, en aggravation de près de 24,8 Mds de DH par rapport à la même période de l’année 2019. ■

Tourisme/Covid-19 : Le délai de la demande de l'indemnité de juillet et août prorogé jusqu’au 24 septembre

Trois ports captent l’essentiel du trafic à fin août

L es ports de M o h a mm é d i a , Casablanca et Jorf

L a Commission de justice, de législation et des droits de l’Homme a tenu une réunion à la Chambre des représen- tants pour débattre du projet de loi 46.19 relatif à l’Instance nationale de la probité et de la lutte contre la corruption (INPLC). La rencontre a vu la participation de Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Eco- nomie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, et Bachir Rachidi, président de l’INPLC. Bouthaina Karouri (PJD), membre de la commission, a, dans son intervention, mis en exergue l’aspect moderne de la nou- velle mouture de ce texte de loi qui, dans l’ensemble, répond aux aspirations des Marocains pour lutter contre la corruption. Elle a rappelé que le phénomène impacte l’économie nationale à hauteur de 5 à 7% de PIB perdus annuellement. Le classement mondial du Maroc en matière de lutte contre la corruption a chuté en 2019, passant à la 80 ème place, alors qu’il était à la 71 ème une année auparavant. La député islamiste a relevé qu’entre les textes de loi et la pratique, il y a toujours un grand déphasage. «Nous traversons une crise de valeurs. Quels que soient les textes de loi et leur niveau de sophistication, nous serons L e délai de la demande du bénéfice du soutien au profit du secteur touristique au titre des mois de juillet et août 2020 a été prorogé, a annoncé la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les opérateurs concernés relevant du sec- teur du tourisme peuvent effectuer, jusqu'au 24 septembre, les déclarations de leurs sala- riés pour bénéficier de l'indemnité forfaitaire. S'agissant de l'indemnité du mois de sep- tembre, les opérateurs pourront procéder à la déclaration de leurs salariés sur le portail «covid19.cnss.ma» durant la période allant du 16 septembre au 3 octobre. Cette mesure concerne les établissements

Lasfar ont assuré le transit de 49 millions de tonnes durant les huit premiers mois de 2020, ce qui représente environ 78,3% du trafic des ports gérés par l’Agence nationale des ports (ANP). Chiffré à 25,7 millions de tonnes à fin août 2020, le port de Jorf Lasfar confirme sa première place avec une quote-part de 41% du trafic global (+7,6% par rapport à fin août 2019). Représentant environ 32,3% du trafic global, le port de Casablanca a assuré le transit de 20,2 millions de tonnes à fin août 2020 (+2,9% par rapport à fin août 2019). Le port de Mohammédia représente 5% du trafic global. Avec un volume de 3,1 millions de tonnes, l’activité de ce port a reculé de 13,1% par rapport aux huit premiers mois de l’année 2019 en raison principalement au recul du trafic du gasoil (-23,8%). ■

d'hébergement classés, les agences de voyages agréées, les transporteurs touris- tiques agréés, ainsi que les guides tou- ristiques assujettis au régime de sécurité sociale conformément à la loi 98.15 et 99.15 relatives à la couverture sociale et médicale des travailleurs non salariés. ■

Corruption : Cette gangrène qui plombe l’économie nationale

incapables de lutter efficacement contre la corruption sans la prise de conscience de tous les citoyens », a-t-elle dit. Pour sa part, Abdellatif Wahbi, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), a entre autres critiqué le fait que l’INPLC ne peut se prononcer sur les affaires présentées devant la justice. « Chaque per- sonne interpellée par l’INPLC peut traduire son affaire devant la justice pour arrêter l’action de l’institution », explique-t-il. Pour sa part, Karim Chaoui, député de l’UC, a mis en exergue la nécessité de simplifier les textes de loi pour les rendre plus faciles à appliquer et à interpréter. Dans son intervention, Omar Abassi, député du parti de l’Istiqlal, a indiqué que « le projet de loi 46.19 qui est inspiré des textes étran- gers, doit prendre en considération l’environ- nement particulier marocain ». ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis octobre 2019

Encéphalogramme plat pour les actions u Malgré une baisse de 0,75% cette semaine, l’indice reste bloqué dans son trading range. u Un nouveau geste sur le taux directeur de la Banque centrale est peu probable.

«transport» (3,33%), des «tech- nologies» (2,77%) et des «assu- rances» (2,59%). En contre-ten- dance, les «équipements indus- triels», les «services aux collec- tivités» et les «sociétés de porte- feuille» ont cédé respectivement 12,3%, 3,98% et 1,29%. Faut-il s’attendre à un nouveau geste sur les taux ? Les opérateurs de marché attendent de nouveaux cataly- seurs qui leur permettraient de changer de perception pour reprendre une direction (dans un sens ou dans l’autre). Parmi ceux surveillés, la politique monétaire de la Banque centrale. C’est d’ailleurs la baisse du taux directeur et la libération intégrale de la réserve obligatoire des banques qui avaient permis au

marché de se redresser en début d’été. Toutefois, une récente note d’Attijari Global Research relève que BAM ne devrait pas apporter de changements à sa politique. Un maintien à 1,5% du taux direc- teur est prévu selon un sondage effectué auprès des investisseurs. 66% des sondés s’attendent à un statu quo du taux directeur au deuxième semestre 2020. Et 34% anticipent une nouvelle baisse du taux d’ici la fin de l’année 2020. Rendez-vous le 22 septembre pour le verdict ! Au final, le portait graphique dres- sé lors des derniers débriefs heb- domadaires est toujours valable. La configuration reste neutre à court terme tant que les cours du Masi sont encore confinés dans leur trading range (10.100/10.300 points). u

ment pour provoquer une quel- conque réaction sur les actions… Dans cette configuration station- naire, le marché a abandonné 0,75% à 10.127 points (du 8 au 15 septembre). Parallèlement, la volatilité continue d'être résor- bée; elle s’est située à 1,29%. D’une semaine à l’autre, les tran- sactions ont augmenté de 15% à 307 MDH, exclusivement sur le marché central. Les dossiers les plus actifs de la semaine sont Label'Vie avec 21,76% du total des échanges, suivie de Mutandis (11,16%), Attijariwafa bank (10,91%) et BCP (9,09%). Sur le plan sectoriel, le compar- timent «hôtelier» a signé la meil- leure performance avec un gain de 4,26%, devançant ceux du

P lus rien ne se passe depuis l’été à la Bourse de Casablanca. Le marché fait le pied de grue et les investis- seurs refusent de s’aventurer tant qu’ils n’y voient pas plus clair. L’évolution de la situation sani- taire et les résultats des entre- prises continuent de driver le mar- ché, alors que le prochain conseil de Bank Al-Maghrib (prévu pour le 22 septembre) s’ajoutera au lot des enjeux à surveiller. Le scénario de cette semaine ne diffère pas des précédents : une évolution hebdomadaire plate, malgré un flux d’informations plutôt garni, mais pas suffisam- Par Y. Seddik

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Monétique

u Seuls 4 milliards de DH ont été collectés par cartes étrangères au premier semestre 2020, en baisse de 62%. u Les nouvelles restrictions appliquées à Casablanca sont un nouveau coup dur pour l’activité. L’activité paralysée par la fermeture des frontières L’ activité moné- tique nationale qui, jusque-là, s’est tou- jours distinguée, enregistre cette année son premier accident de parcours. Contexte oblige. Par Y. Seddik

Un très léger frémisse- ment a été enregistré en août avec l'arrivée de quelques étrangers et des MRE qui ont choisi de rentrer au pays.

Les réalisations globales de l’acti- vité monétique, comprenant les opérations de retrait d’espèces sur le réseau des guichets automa- tiques, les opérations de paiement auprès des commerçants et eMar- chands, les opérations de paie- ment sur les GAB et les opérations de Cash Advance par cartes ban- caires, marocaines et étrangères, au Maroc, ressortent en régression de 13,4% en nombre d'opérations et de 9,6% en montant par rapport au premier semestre de 2019. Plusieurs facteurs ont concouru à cette décrue : fermeture des fron- tières, confinement de la popula- tion, baisse de pouvoir d'achat, fermetures des commerces... Mais c'est la branche des cartes étrangères qui a été la plus affec- tée. L'activité touristique, qui représentait 40% des volumes de paiement du CMI (environ 15 mil- liards de DH par an) et 50% de ses commissions, a considérablement baissé. «Dès le 18 mars 2020, avec le départ des touristes et la ferme- ture des frontières, nous avons enregistré une baisse significative des paiements par cartes étran- gères de 90%», nous confie Mikael Naciri, Directeur général du CMI. Cette situation perdure jusqu’à ce jour, «malgré un très léger frémis- sement en août, avec l'arrivée de quelques étrangers (résidant au Maroc et restés bloqués à l’étran- ger) ou de MRE qui ont choisi de rentrer au pays».

Espoir perdu L'ouverture des frontières était un espoir auquel s'accrochaient plu- sieurs secteurs, le tourisme en tête. Mais la pandémie en a décidé autrement. La situation épidémio- logique s'est dégradée en plein été et le gouvernement n'avait d'autres choix que de maintenir le pays sous cloche. «Nous avons tablé sur une ouver- ture des frontières fin juillet. Depuis, nous avons perdu espoir ainsi que nos clients hôteliers, restaurateurs, loueurs de voitures, bazaristes…, toutes les activi- tés exposées au tourisme sont à genoux. Le tourisme national a permis à certains de relever un peu la tête, mais il reste très insuffisant pour combler le défi- cit, notamment à Marrakech, Fès, Tanger et Ouarzazate. Les villes balnéaires ont pu profiter un peu de l'affluence nationale», précise Naciri. Résultats des courses : à date d'aujourd'hui, le Centre n’a collecté que 4,1 milliards de DH par cartes étran- gères, ce qui correspond à une baisse de 62% comparativement

à la même période en 2019. La récente réouverture condition- née des frontières a réjoui les opérateurs touristiques. Ce n'est pas le cas pour le CMI. Son patron ne cache d'ailleurs pas son amer- tume : « Les frontières ont été rou- vertes sous certaines conditions. Mais force est de constater que ce n'est pas l'affluence. Ce sera très compliqué de remettre la des- tination Maroc sur les radars des TO (tour-opérateurs : ndlr) et des touristes. La situation sanitaire, chez nous et chez les principaux pays émetteurs, ne prête pas à l'optimisme, mais nous gardons espoir ». Des modes de distribution en évolution Cela dit, chaque crise est por- teuse de changements (et d'op- portunités aussi). C'est le cas pour l'usage des paiements au Maroc. «Les modes de distribution sont en train d'évoluer vers plus de sans contact, du Click and Collect ou de la livraison. Nos enseignes affiliées s'adaptent rapidement à cette nouvelle donne. Le CMI

accompagne ses clients pour leur offrir toutes les solutions d'encais- sement qui respectent les gestes barrières et qui permettent la continuité du business pour nos clients» , assure Naciri. Parallèlement, du côté de l'ac- tivité des cartes marocaines, le CMI a enregistré une croissance «relativement intéressante» des paiements domestiques, que ce soit en face à face ou en ligne. Mais encore une fois, les nou- velles restrictions à Casablanca sont venues enrayer cette reprise escomptée. «Nous avons enre- gistré cette dernière semaine un tassement assez net de l’activité, principalement dû au couvre-feu à Casablanca, aux dépenses de la rentrée scolaire, mais aussi et sur- tout à la baisse du niveau de reve- nus de nos concitoyens», déplore le patron du CMI. L'analyse faite par le Centre sur les dépenses des porteurs de cartes montre un ralentissement de la consommation (restauration, loisirs, prêt-à-porter), ainsi qu’une baisse des paniers moyens, notamment dans l’alimentaire. u

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Retraites du privé

u Les interruptions d'activité auront des répercussions sur les pensions futures, surtout pour la CNSS. u La réintégration des actifs cotisants perdus pendant la crise peut s’avérer longue. La Covid-19 vide les caisses D éjà mal-en- point, le marché du travail maro- cain a été forte- ment malmené Par Y. Seddik

L'ACAPS a procédé à des stress tests pour évaluer les impacts constatés et futurs de la crise sani- taire sur les équilibres des caisses de retraites marocaines.

par la crise sanitaire. Selon le haut-commissariat au Plan, le taux de chômage devrait atteindre près de 15% en 2020, alors que quelque 712.000 emplois pourraient être perdus. Couplées au décrochage du marché boursier, ces interruptions d’activité touchent directement les équilibres des régimes de retraite au Maroc (princi- palement celui du secteur privé). Des régimes dont les chantiers de réforme traînent toujours, mena- çant leur pérennité. Pour évaluer les impacts constatés et futurs de la crise sanitaire sur leurs équilibres, les régulateurs ont récemment mené des stress tests sur la base des données disponibles des cinq premiers mois de l’an- née 2020. Le premier para- mètre mis à l’épreuve est la valorisation des actions détenues par les régimes de retraite ainsi que leurs rendements financiers futurs. Le deuxième a trait à l’effectif des actifs coti- sants des régimes ainsi que l’évolution de leur inté- gration. Si le premier paramètre concerne l’ensemble des régimes sauf la CNSS dont les placements sont essen-

tiellement constitués de dépôts, le second affecte, lui, les deux régimes d’affi- liation des entreprises du secteur privé ayant cessé partiellement ou totale- ment leur activité. Ainsi, deux scénarios, un médian et l’autre extrême, ont été simulés pour abou- tir à une fourchette de variations possibles des indicateurs d’équilibre des régimes de retraites sous l’effet des impacts de la crise.

que l’évolution de leur inté- gration. Pour les actifs coti- sants, l’ACAPS s’attend à une baisse de 36% en 2020, dont 4,4% définitive- ment pour la CNSS. Chez la CIMR, c’est une baisse de 27%, dont 4,4% défini- tivement, qui est attendue, selon le scénario médian. Le scénario extrême, lui, donne un recul temporaire des actifs cotisants de la CNSS de l’ordre de 55% par rapport à leur effectif à fin 2019 et de 42% pour ceux de la CIMR. On note que l’impact de la crise Covid-19 sur les actifs cotisants aux régimes de retraites concerne essen- tiellement les régimes du secteur privé. Les secteurs

public et semi-public ne sont pas touchés par les pertes d’emploi, sauf pour les contractuels affiliés au RCAR qui pourraient être affectés. En ce qui concerne l’évo- lution des nouveaux coti- sants, le scénario médian prévoit la réintégration des sorties temporaires pro- gressivement de 50% de juin à décembre 2020 et des 50% restants en 2021. Et l’intégration progressive des nouveaux actifs à par- tir de janvier 2021 jusqu’à ce que le nombre des actifs atteigne son niveau des projections 2019 à par- tir de 2023. L’autre scénario table sur une réintégration des sor-

ties temporaires progres- sivement de 25% de juin à décembre 2020, 50% en 2021 et des 25% restants en 2022. Parallèlement, on table sur l’intégration progressive des nouveaux actifs à partir de janvier 2022 jusqu’à ce que le des stress tests sur la base des données disponibles des cinq premiers mois de l’année 2020. Les régulateurs ont récemment mené

Résultats des stress tests

On s’intéressera ici au deu- xième paramètre étudié, à savoir l’effectif des actifs cotisants des régimes ainsi

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nombre des actifs atteigne son niveau des projections 2019 à par- tir de 2027. Impact maîtrisé pour la CIMR Pour résumer, 3 constats se sont dégagés de cette étude. Premièrement, « les indicateurs d’équilibre du régime des pen- sions civiles, qui dispose d’un hori- zon plus réduit avant l’épuisement de ses réserves, n’enregistreraient pas, à l’instar du régime général RCAR, une dégradation sensible même dans le cadre du scénario extrême », explique l’Autorité. En effet, les dates d’épuisement des deux régimes resteraient inchan- gées par rapport aux projections La crise sanitaire a eu rai- son de la valorisation des placements des régimes de retraite. Sans surprise, la valeur marché de ces derniers s’est située à 267,2 puis à 266,2 milliards de DH respec- tivement en mars et avril der- niers, soit une dépréciation de 7,6% et 8,0% respectivement par rapport à leur valorisation en décembre 2019. Suite à la baisse de la valorisation des titres en actions détenus par les régimes de retraite, les plus-values latentes de ces placements se sont situées à 0,5 milliard de DH en avril 2020 contre 19,3 milliards en décembre dernier, avant d'en- tamer une reprise au mois de mai pour s'établir à 2,2 mil- liards de DH. Cela dit, la baisse des ren- dements des actions cotées semble avoir un effet limité, principalement de par l’hori- zon d’investissement généra- lement long de ces régimes et la reprise attendue des marchés financiers dans les années à venir. Effondrement des plus-values latentes

en absence d’impacts de la crise sanitaire. « La CNSS, dont l’effectif des actifs cotisants a connu une baisse de 35,8% à fin mai 2020, enregistrerait, en conséquence, une accélération maximale de quatre années de la date de l’épui- sement de ses réserves et de deux années de la date de son premier déficit global », note le régulateur.

Enfin, pour la CIMR, dont l’impact de la crise se reflète aussi bien sur les placements que sur les effectifs des actifs couverts, le niveau du taux de préfinancement enregistrerait une dégradation tout en restant supérieur à son seuil réglementaire. Le régime conti- nuerait, cependant, à enregistrer des excédents et à accumuler des

réserves tout au long de la période de projection. Au final, le contexte économique au Maroc étant encore mouvant, ces données peuvent facilement varier dans un sens comme dans l’autre. Les incertitudes sont maximales, comme l’a tant rap- pelé le wali de Bank Al-Maghrib. À suivre. u

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Fusion Atlanta/Sanad

u Placée sous le signe des synergies, la fusion Atlanta/Sanad vient de recevoir l'aval de l'Autorité du marché des capitaux en attendant le vote des actionnaires le 25 septembre. L'opération la plus attendue de la rentrée E ncore une étape franchie dans la fusion par absorption de Sanad par sa maison-mère Atlanta, que le manage- Par A. Hlimi

La note d'in- formation validée par l'AMMC est une nouvelle étape dans le processus qui devrait mener à cette fusion.

ment préfère qualifier de rappro- chement. Rapprochement, car les deux compagnies ont des tailles quasi similaires. C'est l'opération la plus importante de la rentrée, qui devrait aboutir à la naissance d'un prétendant au leadership national sur le segment non-vie. La note d'information validée cette semaine par l'AMMC (Autorité marocaine du marché des capi- taux) est une nouvelle étape dans le processus qui devrait mener à cette fusion. Elle apporte des éléments nouveaux sur le plan technique, liés notamment aux notions de valorisation, mais sur- tout éclaire par des commentaires du management sur les objectifs du rapprochement. En un mot : les synergies. Le mot est cité pas moins de 17 fois dans le document de référence. Que ce soit au niveau commercial, opérationnel ou financier, les syner- gies espérées sont nombreuses. On sait en effet que Atlanta et Sanad fonctionnent de manière indépen- dante. Sur le marché, elles sont même concurrentes sur certains dossiers. Mais leur particularité, c'est qu'elles partagent des fonc- tions supports comme le contrôle de gestion, la gestion d’actifs, le contrôle interne, la réassurance et le juridique. Les responsables de ces fonctions sont communs aux deux compagnies, bien que les équipes dédiées à ces fonctions soient distinctes. Sur le volet financier, les deux compagnies ont des dispositifs de mutualisation de trésorerie, qui

sont régis par des conventions réglementées de prêts et avances de trésorerie. Il s'agit désormais de passer à un niveau supérieur avec un nouvel ensemble solide doté de fonds propres renforcés. Des synergies de croissance Le document de référence précise les objectifs du management. Le premier élément cité est le chiffre d’affaires additionnel que va géné- rer le rapprochement et qui est lié à l'optimisation du maillage territorial et à son extension : le réseau. De plus, cela devrait per- mettre l'accès à un nombre et à des affaires de taille plus impor- tante par le réseau des courtiers. L'extension de la gamme produit distribuée par le canal bancassu- rance et l'accompagnement des réseaux d'agents dans la distribu- tion de produits pour les PME, TPE et professions libérales sont éga- lement recherchés. Des synergies techniques sont tout aussi atten- dues avec l'amélioration anticipée de la sinistralité, notamment via l'adoption de pratiques communes

ayant démontré leur efficacité sur le risque maladie, la convergence progressive des offres et des tarifs, l'optimisation de la gestion de la fraude et l'alignement des niveaux de commissionnement et le renfor- cement du pouvoir de négociation vis-à-vis des courtiers (meilleures conditions commerciales). Le groupe devrait également pou- voir optimiser ses achats assuran- tiels et éviter le besoin en fonds propres supplémentaires éven- tuels liés à la mise en place de la réglementation SBR. Atlanta va également pouvoir mieux négocier ses coûts de réas- surance et optimiser ses coûts de structure. Cette note d'information a eu un écho favorable auprès des inves- tisseurs. L'action Atlanta fait partie du club fermé des entreprises dont le cours affiche une progression positive en 2020 (+4%). C'est d'ailleurs la seule compa- gnie d'assurance et l'une des deux financières présentes dans ce tableau composé de 15 sociétés qui résistent à la crise. Les investisseurs s'attendent à des

résultats en progression sur le pre- mier semestre, puisque la compa- gnie a réalisé une opération sur le jeune marché des OPCI et qui a été comptabilisée dans les comptes du premier semestre. Loin d'être réalisée sous la pres- sion réglementaire ou financière, cette opération longtemps sug- gérée dans les milieux d'affaires et souvent réfutée publiquement par le top management permettra de tourner la page centenaire de Sanad. Comme elle ouvrira un nou- veau chapitre dans l'histoire assu- rantielle du groupe Holmarcom, majoritaire dans Atlanta, et qui devrait sans surprise faire aboutir la fusion lors du vote des action- naires prévu le 25 septembre. u Le terme synergies revient pas moins de 17 fois dans le document de référence.

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Banques

CIH Bank accroît des parts de marché malgré la crise

u Profitant d'une hausse à deux chiffres des crédits et des dépôts, le bilan de CIH Bank a pris du poids durant la première moitié de l'année. u Son top management reste toutefois lucide sur la suite des événements, notam- ment la sinistralité attendue avec la crise sanitaire.

CIH Bank a été la première banque à se prêter

au jeu de la communica- tion sur les résultats, lors d'une conférence digitale.

le groupe bancaire a pu progresser plus vite que le marché en 2020, et même au-delà. Son total bilan progresse en effet de 12% à fin juin pour s'établir à 84,2 Mds de dirhams, profitant d'une hausse de 19,2% des dépôts clien- tèle et de 13,3% des res- sources marchés. Les crédits ont, eux, pro- gressé de 17,2% par rapport à juin 2019 et de 9,2% depuis fin 2019. On notera au passage la poursuite de la diversifi- cation des crédits, avec des crédits hors immobi- liers en hausse de 29,7% sur un an. Ces chiffres viennent consolider la position du groupe dans le paysage bancaire marocain. Sur un horizon plus long, on constate en effet que le total bilan de CIH Bank a progressé de 15,3% en moyenne sur la période 2016-2019, en comptes sociaux, là où le total bilan du reste des banques a progressé en moyenne de 6%. Sur la même période, les dépôts ont bondi de 16,6% contre 3% en

C IH Bank est à mettre dans la case des entreprises qui auraient connu une année 2020 de tous les records si la crise sani- taire n'était pas passée par là. Il suffit de regarder son compte de résultat et son bilan pour s'aper- cevoir de la forte crois- sance des indicateurs qui ne sont pas directement liés à la crise sanitaire. Son PDG, Lotfi Sekkat, l'a d'ailleurs confirmé en conférence de résultats : «Les agrégats non corré- lés à la crise ont bien pro- gressé. C'est le résultat d'un travail qui a démarré il y a quelques années, où nous avons mis l'accent sur l'amélioration de nos process, la transformation digitale et la concentra- tion de la stratégie autour de la gratuité pour attirer et garder des clients qui utilisent nos produits et demandent des crédits». Pour s'en convaincre, un petit coup d'œil sur le total bilan montre que Par A. Hlimi

moyenne pour le secteur, profitant du passage, pour la première fois, de la part de marché sur les dépôts à vue au-delà de la barre des 4% à fin juin 2020. Leader sur le digital On le sait, CIH Bank a fait de la banque digitale et de la gratuité son ter- rain de prédilection. Les indicateurs spécifiques à cette activité au premier semestre montrent que la banque a pu protéger avec plus ou moins de réussite son statut de lea- der sur ce segment de plus en plus disputé par la concurrence. Ainsi, sur la monétique, le groupe revendique la pre- mière place en termes de nombre de cartes actives TPE et E-commerce au S1, avec une part de mar- ché de 41%, le position- nant comme leader sur les cartes valides à l'inter-

national et une 4 ème posi- tion sur le stock de cartes émises sur la période. CIH Bank revendique en outre la première place sur le nombre de tran- sactions NFC au S1 et un impressionnant taux de 93% pour le nombre de virements effectués en ligne en 2020.

Finances, et Lotfi Sekkat, insistent sur le caractère proactif et anticipatif de la charge du risque en prévi- sion d'une période difficile en 2021 pour l'économie et les entreprises. Le top management du groupe bancaire explique qu'il continuera son effort de provisionnement au deuxième semestre pour parer à toutes les éven- tualités, pronostiquant que la charge du risque devrait revenir à des niveaux normatifs à par- tir de 2022, voire au-delà, en fonction de l'évolution de la situation. « On ne peut pas encore parler de compensation ou autres. Il faut continuer l'effort et constituer des mate- las supplémentaires» , a indiqué Lotfi Sekkat, qui écarte pour le moment tout besoin additionnel de fonds propres pour la banque. u

Hausse du coût du risque

La progression des parts de marché a eu un impact favorable sur le produit net bancaire qui s'est envolé de 17% au premier semestre. Mais l'impact de la pandémie sur le coût du risque pour 174 MDH et la contribution au Fonds Covid-19, avec quasiment un tiers des bénéfices, a considérablement fait reculer le résultat net part du groupe ce semestre. Younes Zoubir, DGA adjoint en charge des

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Bourse de Casablanca

Ces entreprises dont les ventes ont accéléré durant le confinement

u Seules 6 sociétés cotées clôturent le 1 er semestre avec une accélération des réalisations commerciales au T2-2020. u Addoha se positionne en tête des valeurs qui ont le plus souffert du confinement.

80% des entreprises ont enregis- tré moins de ventes au T2 contre 50% au T1.

au T2-2020.

L es mesures de confinement prises à partir du mois de mars ont sen- siblement impacté l’ensemble des sociétés cotées. Si le nombre d’en- treprises ayant enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires au T1 a légère- ment franchi la barre des 50%, cette proportion s’est aggravée au T2-2020 pour atteindre près de 80% des entreprises cotées. Mais dans ce climat tendu, certains ont pu tirer leur épingle du jeu. Il s'agit de secteurs généralement au front de la pandémie et dont l'importance pour l'économie les a obligés à poursuivre, voire augmen- ter leur activité. Valoris Securities propose, dans une nouvelle note de recherche, une lecture de ces gagnants du confine- ment à la lueur des der- nières réalisations des entreprises relatives au T2. On y apprend, entre autres éléments d'analyse, que seules 6 sociétés cotées clôturent le 1er semestre avec une accélération des réalisations commerciales Par A. Hlimi

Les bancaires bien placées en tête du classement....

Parmi les 69 sociétés cotées ayant publié leurs réalisations au T2-2020 et au S1-2020, près de 30% des sociétés parviennent à clôturer le 1 er semestre sur une croissance de leurs ventes, malgré la dégrada- tion de la conjoncture éco- nomique. Toujours selon les analystes du Broker, parmi les 21 sociétés cotées affi- chant une hausse des reve- nus au terme du S1-2020, 6 sociétés (4 banques et 2 sociétés industrielles) ont bénéficié d’une accéléra- tion du rythme de crois- sance au T2. Il s'agit de BCP, CIH Bank, Attijariwafa bank, Lesieur Cristal, SMI et BMCI. En parallèle, 15 valeurs cotées clôturent le 1 er semestre avec une amélio- ration de leurs ventes, mal- gré le ralentissement du chiffre d’affaires constaté au 2 ème trimestre. Outre les banques, la liste des valeurs ayant enregis- tré une amélioration des revenus dans un contexte de confinement regroupe

essentiellement des entre- prises adossées à des biens et services de large consommation ou de pre- mière nécessité (Lesieur, Cosumar, télécoms, Dari Couspate, Label Vie), en plus des minières produi- sant les métaux précieux (SMI, Managem), des socié- tés IT (Disway, Microdata, HPS) et des sociétés d’as- surances (Atlanta, Wafa Assurance). ... Mais les cours de Bourse ne réagissent que timidement Si les bancaires ont su accélérer en termes de produit net bancaire durant le confinement, leurs cours en Bourse n'ont pas reflété un enthousiasme particu- lier de la part des investis- seurs. «Malgré un semestre clôturé avec une accéléra- tion des réalisations com-

merciales au 2 ème trimestre, les bancaires peinent à capter l’intérêt à l’achat, en comparaison à d’autres valeurs», commente la même source. Cette pru- dence à l’égard de ce type de valeurs s’explique, selon Valoris Securities, par les craintes quant à l’impact financier du renchérisse- ment du coût du risque (du fait des séquelles écono- miques de la Covid-19). L'immobilier, lanterne rouge En tête des valeurs ayant souffert le plus des consé- quences du confinement, il y a Addoha. Ainsi, le taux de variation annuelle du chiffre d’affaires du promo- teur immobilier se trans- forme d’une croissance à fin mars 2020 de +4,6% à une chute des ventes à fin juin de -79,2%. Non loin

derrière, ADI a perdu, à son tour, 39,5 pts de crois- sance entre mars et juin 2020, confirmant l’impact significatif de la crise de la Covid-19 sur ce sec- teur en particulier : arrêt des chantiers, rareté de la demande... Outre les deux valeurs immobilières (Addoha et Alliances), la forte dégra- dation de la capacité à générer du revenu durant le 2 ème trimestre a été également enregistrée auprès de l’activité hôte- lière (Risma), des trans- porteurs (CTM), des distri- buteurs de produits éner- gétiques (effet volume & prix), ainsi que d’autres entreprises ayant subi de plein fouet les restrictions en termes de déplacement (ex : M2M) et de fermeture des restaurants & cafés (ex : Oulmès). u

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BEI – Crédit Agricole du Maroc Accord de financement de 200 M € S igné par la vice- présidente de la BEI, Emma Navarro, et le pré- sident du Directoire

u La Banque européenne d'investissement (BEI) et le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) ont signé, mercredi, un accord de financement de 200 millions d'euros pour soutenir les entreprises marocaines dans le secteur de la bio-économie et de l'agriculture, avec une attention particulière pour le développement durable.

Cette convention est un pre- mier pas entre le GCAM et la BEI dans la construction d'un parte- nariat solide et durable au profit du monde agri- cole et rural.

du GCAM, Tariq Sijilmassi, en présence du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Aziz Akhannouch, cet accord a pour objectif premier d'ap- puyer et accompagner la mise en œuvre de la nouvelle stra- tégie agricole du Royaume «Génération Green 2020- 2020», indique un communi- qué conjoint des deux parties. Cette ligne de crédit porte sur le financement des chaînes de valeurs agricoles, toutes productions confondues, et touche l'ensemble de l'éco- système y afférent (produc- tion, stockage, logistique, conditionnement, emballage, transformation, commerciali- sation, etc). Y sont éligibles l’ensemble des segments de produc- tion alimentaire, amont et aval (exploitations agricoles, coopératives agricoles, Groupements d'intérêt éco- nomique, petites et moyennes entreprises, très petites entre- prises, etc). Elle cible en particulier les investissements productifs et générateurs d'emplois et de valeur ajoutée, et ce en parfait accord avec les orientations de «Génération Green 2020- 2030». Ce soutien d'envergure fait aussi partie de la mobilisation de l'Union européenne (UE) face à la pandémie du nou- veau coronavirus (covid-19).

Ce prêt sera accompagné d'une assistance technique pour appuyer le GCAM dans la digitalisation des chaînes de valeur agricoles et le finan- cement vert. La BEI mobilisera également des ressources additionnelles pour accompagner le GCAM et ses clients à travers une assistance technique ciblée qui permettra, d'une part, de soutenir la digitalisation de ce secteur et l'emploi du «big data» et, d'autre part, de développer des mesures et actions en faveur de l'environ- nement. Dans son mot d'ouverture de la cérémonie de signature tenue par visioconférence, Akhannouch s'est réjoui du soutien apporté par la BEI et le GCAM à la vision stra- tégique pour le secteur agri- cole «Génération Green 2020- 2030». Il a également souligné que cette démarche est une pre- mière action de concrétisa- tion de cette nouvelle straté- gie depuis son lancement par

Sa Majesté le Roi Mohammed VI en février dernier. De son côté, Navarro a indi- qué que le secteur privé est une priorité pour la BEI. «A cet effet, nous y accordons une importance particulière et tenons, à travers ce parte- nariat, à soutenir les petites entreprises et les entreprises à taille intermédiaire dans un secteur clef pour l'économie marocaine. Il s'agit pour nous d'un par- tenariat stratégique avec un acteur majeur pour le finan- cement de la bio-économie au Maroc» , a-t-elle poursuivi. Et de conclure : «Face aux défis à relever en cette période critique pour tous, nous sommes très mobilisés pour soutenir l'économie du Maroc». Pour sa part, Sijilmassi a relevé que «cette conven- tion est un premier pas entre le GCAM et la BEI dans la construction d'un partenariat solide et durable au profit du monde agricole et rural». «A travers cet accord, nous

La BEI, dont les actionnaires sont les États membres de l'UE, est l'institution de finan- cement à long terme de l'UE. Elle met à disposition des financements à long terme pour des investissements de qualité qui contribuent à la réalisation des grands objec- tifs de l'UE. Partenaire clef du Maroc depuis plus de 40 ans, la BEI lui a octroyé depuis 2007, plus de 5 milliards d'euros de financements, dont 30% dédiés au secteur privé. Le GCAM se mobilise auprès des agriculteurs pour répondre efficacement à l'en- semble de leurs besoins et apporter des solutions inno- vantes et efficaces aux pro- blématiques du monde rural. Le groupe présente aujourd'hui un total bilan de plus de 10 milliards d’euros et un encours de crédits de 8 milliards d'euros, dont plus de la moitié est affectée au sec- teur agricole, agroalimentaire et aux activités économiques en milieu rural. u

souhaitons renforcer encore plus notre appui au secteur agricole qui reste la priorité absolue de notre banque, et, surtout, mobiliser davantage de moyens pour accompa- gner la nouvelle stratégie agri- cole du pays» , a-t-il fait valoir. «A ce titre, cette opération s'insère dans le cadre d'un programme de soutien et de relance d'envergure que le GCAM prépare avec le minis- tère de l'Agriculture à desti- nation des agriculteurs, des agro-industries et de la classe moyenne en milieu rural. Ce programme sera divulgué ultérieurement» , a soutenu Sijilmassi. Ce financement fait égale- ment partie de la mobilisation de l'UE face à la covid-19, et plus particulièrement du programme «Team Europe», créé dans l'objectif de sou- tenir les pays partenaires, notamment les pays hors de l'Europe, dans la lutte contre cette crise sanitaire et en atté- nuer les effets économiques et sociaux.

E CONOMIE

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Santé - Social - Economie

u L’Etat doit garantir la sécurité sanitaire des citoyens et préserver la cohésion et la paix sociale, tout en faisant redé- marrer l’économie. Le triptyque qui déstabilise le gouvernement L e Maroc serait-il sous le spectre d’une crise sociale aiguë ? On peut le craindre, car la situation épidémio- logique actuelle le laisse Par D. William La multipli- cation des mesures restrictives dans plu- sieurs villes du Maroc asphyxie une

penser. Ou, plutôt, la stratégie de gestion de la crise initiée par les autorités. Rappelons-le, au début de la pan- démie de la Covid-19, le gouver- nement marocain a privilégié la santé des citoyens, au détriment de l’économie. Il n’était pas le seul d’ailleurs, comme en témoignait le confinement drastique des popu- lations un peu partout à travers le monde. Si, actuellement, il n’est plus question de confinement géné- ralisé (qui coûte 1 Md de DH par jour au Maroc), mais plutôt localisé, il n’en demeure pas moins vrai que les autorités marocaines restent sur la même ligne de conduite : pro- téger les citoyens d’abord, gérer l’économie par la suite. C’est en tout cas le sentiment qui anime beaucoup de Marocains en ce moment, surtout les opé- rateurs économiques, au regard notamment de la multiplicité des mesures restrictives prises dans plusieurs quartiers, préfectures et provinces du Royaume ces der- nières semaines afin de limiter la propagation de la covid-19. Cela montre, tant s’en faut, une forme d’impuissance du gouver- nement qui ne semble avoir pour seule réponse valable que d’as- phyxier davantage une économie déjà claudicante pour protéger la population.

économie nationale déjà en souf- france.

vernement change de fusil d’épaule en optant pour une politique de santé publique qui ne contraigne pas à «sacrifier» l’économie natio- nale. Car le coût social et éco- nomique de cette stratégie reste trop élevé, surtout que ce virus est encore bien incrusté, décidé à faire partie de notre quotidien encore pour longtemps. Cette stratégie est d’abord destruc- trice d’emplois. Entre une économie en souffrance, des patrons qui n’ont aucune visibilité et qui ont gelé les embauches, la multiplication des secteurs en difficulté et les faillites d’entreprises faute d’activité, le taux de chômage risque d’exploser. Avec la situation épidémiologique actuelle et une reprise économique hypothétique, qui relève davantage d’une vue de l’esprit, c’est peu dire que les prévisions du haut-commis- sariat au Plan (HCP) risquent d’être fortement compromises. Dans son budget économique exploratoire 2021, le HCP tablait en effet sur un taux de chômage au niveau national à près de 14,8%, soit une hausse

de 5,6 points par rapport au niveau enregistré en 2019. Tout plaide pour une aggravation d’un chômage déjà structurel, qui pourrait davantage impacter les jeunes. Déjà, au premier trimestre, alors que la crise sanitaire n’était qu’à ses débuts, le taux de chô- mage national était relativement élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (26,8%), les femmes (14,3%) et les diplômés (17,8%). Ensuite, cette stratégie n’est pas soutenable à long terme et contraint l’Etat à tordre davantage les équi- libres macroéconomiques. Du moment que sa politique de gestion sanitaire conduit au ralentissement de l’activité économique, il a en effet la responsabilité de soutenir les entreprises en difficulté. D’où la décision récente de poursuivre le versement d’indemnités, au moins jusqu’à fin décembre 2020, au pro- fit de certains employeurs adhé- rents à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et de leurs employés déclarés assurés auprès de ladite caisse, touchés par les

conséquences de la pandémie de la Covid-19. Enfin, dans un pays où l’écono- mie informelle pèse plus de 20% du PIB, hors secteur primaire, et génère 2,4 millions d’emplois, cette stratégie participe à instaurer un climat social délétère, tout en ris- quant de précipiter une bonne frange de la population dans la pré- carité, voire la pauvreté. D’ailleurs, en mars dernier, un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), de la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (UNECA) et de la Banque mondiale laissait entendre qu’ «en raison de la crise économique, près de 10 millions de Marocains risquent de tomber dans la pauvreté». Le gouvernement est donc aujourd’hui devant un grand dilemme : faire redémarrer l’éco- nomie, tout en assurant la sécurité sanitaire des citoyens et en préser- vant la cohésion et la paix sociale. La difficulté est justement de trou- ver cet équilibre. u

Coût social Peut-être est-il temps que le gou-

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