FNH N° 1142_2 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 29 février 2024 - 8 DH - N° 1142

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

La France toujours dans la zone grise Sahara marocain

P. 2

S P É C I A L

Ciel dégagé en 2024 BANQUE & FINANCEMENT

P. 19 à 28 & 57 à 73

Private equity

Bourse Les résultats des sociétés cotées

Crise agricole en Europe Quel impact sur les exportations marocaines ?

«Le Fonds Mohammed VI va changer la donne en 2024»

 Khalid Doumou, analyste économique et financier

P. 14 à 17

P. 74/75

P. 9/12/13

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 29 FÉVRIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : Poutine, l’hubris d’un despote Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde Ça se passe en Afrique 8 BOURSE & FINANCES 4 5 6 7 4 ACTUALITÉ 8

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication L Zone grise

74 76 78 74 ECONOMIE

Point Bourse Hebdo : Ciel bleu à la Bourse de Casablanca HPS : Chiffre d'affaires en hausse de 17% en 2023 Mutandis : Des résultats 2023 record Immorente Invest : Indicateurs en hausse en 2023 Entretien avec Khalid Doumou : Private equity, «La mise en action du Fonds Mohammed VI va changer la donne en 2024» bourse : LA semaine en chiffres

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es relations entre la France et le Maroc peuvent être ainsi résumées, au regard de leurs derniers développements : le tableau semble peint d'une palette nuancée, oscillant entre avancées et démarches diplomatiques prudentes. La visite officielle du ministre français des Affaires étran- gères, Stéphane Séjourné, au Maroc lundi dernier, était censée apporter un souffle nouveau. L'objectif affiché : raviver les flammes d'une coopération fructueuse, apaiser

Crise agricole en Europe : Quel impact sur les exportations marocaines ? Zlecaf : Une aubaine pour l’Afrique Entretien avec Bouazza Kherrati : Protection des consommateurs, «Nous prônons une loi exclusive- ment consacrée à la publicité»

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les tensions passées et tracer ensemble les contours d'un avenir com- mun. Pourtant, malgré les airs de conciliation et les discours empreints de courtoisie, persistait une certaine prudence. Au mieux, a-t-on cerné une certaine volonté française de consolider, voire booster qualitativement et quantitativement la coopération économique bilatérale. Par contre, sur le front politique, les pas feutrés de Paris ont suscité des avis assez partagés : certains voient dans la posture de la France un pas timide franchi vers une reconnaissance prochaine de la marocanité du Sahara; d’autres, plus sceptiques et plus critiques, n’ont perçu aucune avancée, estimant que malgré les promesses de vouloir faire progresser le dossier du Sahara marocain, le résultat reste bien en deçà des attentes. Qu’a dit Séjourné lors de sa courte visite ? Tout juste a-t-il réitéré le sou- tien «clair et constant» de son pays au plan marocain d’autonomie dans les provinces du Sud. Ce qui est quand même la moindre des choses, puisque ce soutien date, rappelons-le, de 2007. Alors quand Séjourné affirme qu’ «il est temps (pour la France) d’avancer» sur cette question, ce n’est pas d’un point de vue purement politique, comme l’ont fait par exemple les Etats-Unis et l’Espagne qui ont reconnu la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces sahariennes. Pour Paris, toujours habile dans l'art de l'équilibre diplomatique, «avan- cer» sur ce dossier a une connotation autre, comme clairement précisé par le chef de la diplomatie française : il s’agit de «favoriser le dévelop- pement économique et social dans les provinces du Sud du Royaume». Donc résumons : la France veut accompagner le développement des provinces du Sud, mais sa position sur le Sahara marocain est la même… depuis 17 ans. Une position qui contraste avec celle d'autres acteurs internationaux (USA, Espagne…) qui ont opté pour une approche plus tranchée. Que retenir alors de cette visite de Séjourné ? Une volonté d’apaisement et de dégel après une période de forte turbulence, avec en toile de fond moult précautions diplomatiques qui n'ont point dissipé les nuages qui planent au-dessus de la question saharienne. Et encore aujourd’hui, le sujet épineux du Sahara marocain demeure un test de la solidité des liens entre Rabat et Paris. Sauf que la France, entre ses alliances historiques et les enjeux géopolitiques contemporains, jongle avec un dossier sur lequel elle semble toujours incapable d’avoir un avis tranché. Elle reste obstiné- ment dans la zone grise. u

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Tétouan : Top départ pour la caravane d’appui aux entreprises L'UNIVERS DES TPME

Politique monétaire : Pas de changement prévu en mars SREP : Cette nouvelle norme qui guette les banques marocaines Banques : Vers un changement de profil de crois- sance du secteur en 2024 Réseaux bancaires : Les agences cèdent la place au clic Crédits bancaires : Les prêts à l’équipement retrouvent du tonus Banques cotées : Trajectoire de croissance promet- teuse d'ici 2025 CIH Bank : La diversification en marche Paiement mobile : La machine toujours grippée Entretien avec Mustapha Chehhar : Sécheresse, Le Crédit Agricole du Maroc au chevet des agriculteurs Banques participatives : Cap sur la rentabilité Sociétés de financement : L’APSF sur plusieurs fronts BMCI : «Nous restons résolument engagés à mainte- nir une trajectoire de croissance maîtrisée» Entretien avec Akram Lashgari : Crédit à la consom- mation, Des performances en ligne avec le marché bancaire pour BMCI Entretien avec Youssef Dahioui : Finance durable, La méthode BMCI Entretien avec Houda Mlahfi : BMCI Najmah, Hausse de 38% des financements Mourabaha en 2023 Entretien avec Zakaria Soukri ; Entreprises, Le cré- dit corporate confronté à plusieurs défis Entretien avec Bernard Labous : Crédit habitat, La situation est contrastée selon les régions

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ENSEIGNEMENT

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Manuels scolaires : «Il est temps aujourd’hui de compter sur le partenariat avec les éditeurs nationaux»

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DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Economie informelle : Un défi persistant dans le secteur de la valorisation des déchets

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• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Assistante de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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VOYONS VOIR

Poutine

L’hubris d’un despote

Vladimir Poutine chérit visiblement la violence et préfère le chaos à la diplomatie et à la raison. Sa décision d'envahir l'Ukraine a déclenché une spirale de destruction et de désolation. L’espion qui aime tant l’Ukraine, nostalgique des fastes de l'ancienne URSS, cherche à recréer une grandeur passée aux dépens de vies innocentes et de la stabilité européenne. Depuis les premiers échos de bottes martiales aux frontières ukrainiennes jusqu'aux détona- tions assourdissantes des missiles et fracas des armes, le peuple ukrainien vit dans la ter- reur et l'incertitude, pris en otage par les des- seins impérialistes d'un seul homme. Les pertes humaines, aussi tragiques qu'innocentes, conti- nuent de s'accumuler, transformant chaque vie perdue en une épitaphe déchirante sur le livre de l'histoire. En bafouant le droit international et en ignorant les appels à la raison, Poutine défie ouverte- ment la communauté internationale, faisant fi

des sanctions économiques et des condamna- tions morales. Au point qu’aujourd’hui, la Russie de Poutine, avec son arrogance débridée et son mépris flagrant pour les normes internationales, représente désormais une menace existentielle pour toute la région. C’est le sentiment profond des nations occidentales qui, face à l'impé- rialisme russe, semblent avoir subitement pris conscience du danger qu’il représente pour la stabilité régionale. Dès lors, la question de l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n’est plus un sujet tabou, mais reste plutôt une pos- sibilité, rappelant les risques d'un embrasement généralisé. L'histoire nous enseigne que l'hubris des des- potes, qui les pousse à des actes de plus en plus audacieux, menace l'équilibre fragile qui maintient le monde à flot et peut mener à des catastrophes d'une ampleur inimaginable. Sauf que l’histoire ne pardonne jamais l'arrogance des despotes. Cela, il semble utile de le rap- peler à Vladimir Poutine, car même les plus puissants finissent par être submergés par les vagues qu'ils ont déclenchées. Après deux ans de conflit, il découvre, tant s’en faut, que le prix de son appétit de pouvoir inextinguible est bien plus élevé que ce qu'il n’avait jamais imaginé. ◆

D

Par D. William

eux années se sont écoulées depuis l'invasion russe de l'Ukraine, pays qui se trouve désormais au cœur d'une tragédie qui semble interminable. Dans cette zone de guerre macabre, orchestrée par un seul homme, Vladimir Poutine, la souf- france et le deuil ont pris résidence, transfor- mant des vies en lambeaux et des terres fertiles en champs de bataille. Des milliers de vies innocentes ont été perdues, des millions de per- sonnes ont été déplacées et des villes entières ont été réduites en cendres. Depuis l'invasion initiale de la Crimée en 2014, le président russe a agi avec une impunité crois- sante, violant sans sourciller le droit internatio- nal et sapant les fondements mêmes de la paix et de la sécurité en Europe. Cette guerre, fruit de l'hubris et de la soif insa- tiable de pouvoir d'un despote, a engendré un drame dont les retombées se font sentir bien au-delà des frontières de l'Ukraine.

La question de l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n’est plus un sujet tabou.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

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ÇA SE PASSE AU MAROC

Education financière

Rendez-vous de Casablanca de l’assurance

L’AMMC et l’UM6P joignent leurs forces

Focus sur l’«assurance dans un monde d'incertitudes»

L a 10 ème édition du Rendez-vous de Casablanca de l’assurance se tiendra les 17 et 18 avril 2024 sous le thème «Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ?». Organisé par la Fédération marocaine de l’assurance (FMA), cet événement met l’accent sur les sujets d’actua- lité qui concernent l’industrie de l’as- surance. Le pays mis à l’honneur cette année sont les Emirats Arabes Unis, représentés par Khaled El Badi, président de l’«Emirates Insurance Association». Cette nouvelle édition sera l’occasion de débattre du renforcement de la protection des biens et des personnes face à diverses incertitudes, notam- ment le changement climatique, les catastrophes naturelles comme les

L’ Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) ont signé un accord de partenariat marquant le début d'une colla- boration étroite dans le domaine de la finance et de l'innovation financière. Ce partenariat illustre l’importance de la coopération entre le monde académique et le secteur public pour relever les défis économiques et sociaux de notre époque. L’objectif premier est de renforcer les liens entre les deux institutions dans divers domaines, notamment l'éducation financière, la recherche, la formation des professionnels de la finance, l'innovation financière et l'entrepreneuriat. ■

séismes et les sécheresses, ainsi que les risques émergents tels que le cyber. Des thématiques telles que l’impact des perspectives écono- miques et financières mondiales, ainsi que l’influence de l’intelligence arti- ficielle sur le business modèle des assureurs figureront également à l’ordre du jour. ■

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ÇA SE PASSE EN AFRIQUE

La croissance devrait s’établir à 3% en 2024 Gabon

L e gouvernement sud-africain prévoit de puiser, pour la première fois, sur un compte spécial de réserve d'or et de change de la Banque cen- trale pour réduire la dette et les coûts de service associés au cours des trois prochaines années, révèle le budget 2024 présenté devant le Parlement. Lors de la présentation du budget 2024, le ministre des Finances, Enoch Godongwana, a déclaré que la stratégie de stabilisation de la dette du gouver- nement sera considérablement renforcée par une injection nette de 8 milliards de dollars (150 milliards de rands) provenant du compte spécial doté de 27 milliards de dollars (507 milliards de rands). ■ L'or, dernier recours face à une dette abyssale Afrique du Sud

Hydrogène vert Mozambique, futur leader régional ?

L a cheffe de mission du Fonds moné- taire international (FMI), Aliona Cebotari, a estimé que la croissance du Gabon devrait s’accélérer et s’établir à 3% en 2024. « La croissance devrait s’accélérer en 2024- 25 pour atteindre 3% grâce au dynamisme du secteur non pétrolier », a indiqué Cebotari, récemment en mission au Gabon. Cette croissance a connu un net ralentissement en 2023 à cause des aléas de la baisse de la production pétrolière, de stagnation du revenu par habitant, du taux de chômage élevé et d’une situation budgétaire fragile. Selon le FMI, les premières mesures prises par les autorités de Transition en vue d’une plus grande transparence et d’un renforce- ment de la gestion des finances publiques témoignent clairement de leur volonté de relever ces défis. ■

L e Mozambique s’est fixé pour objectif de se positionner en tant que leader de la pro- duction d’hydrogène en Afrique australe d’ici 2030, a indiqué le gouvernement dans sa Stratégie de transition énergétique (ETS). « Le pays dispose d'un grand potentiel pour développer une indus- trie de l'hydrogène en raison de ses ressources abondantes », souligne le document qui a été révélé cette semaine, faisant état d’abondantes ressources hydroélectriques, de gaz naturel, d’énergie solaire et éolienne, qui peuvent soutenir la production de tous types d’hydrogène, en particulier l’hydrogène vert. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Taux élevés

La BCE enregistre une lourde perte en 2023

L a Banque centrale européenne (BCE) a subi une perte de 1,3 milliard d'euros en 2023, continuant à payer une lourde facture pour sa politique de hausse des taux, un retour à l'équilibre n'étant pas attendu avant quelques années.

Cette perte nette est la première enregistrée par l'institution de Francfort depuis 2004, de 1,6 milliard d'euros à l'époque, et représente le qua- trième recul annuel de suite du résultat, depuis le bénéfice de 2,4 milliards d'euros en 2019. Le résultat de 2023 aurait été négatif de 7,9 mil-

liards d'euros sans l'assèchement de la provision pour risques, à hauteur de 6,6 milliards d'euros, qui a permis d'éponger partiellement cette perte. Grâce à ce coussin financier, la BCE avait encore pu afficher un solde équilibré en 2022 au lieu d'une perte. ■

France

Le gouvernement acte 10 milliards d'euros de coupes budgétaires U n budget moins vert, mais pas de hausses d'impôts : le gouverne- ment français a acté par décret dix milliards d'euros d'économies dans le budget 2024 voté avant Noël, piochant largement dans les programmes « écolo- gie, développement et mobilité durables ». Justifié par une croissance moins vigou- reuse attendue en 2024, le décret paru au Journal officiel «annule» au total dix milliards d'euros de dépenses budgétées dans 29 domaines, allant de l'écologie à l'enseignement supérieur, en passant par la justice, la défense, la cohésion des territoires et l'aide publique au dévelop- pement. ■

Gaz

Le Qatar va augmenter sa production grâce à une nouvelle expansion L e Qatar a annoncé de nouveaux projets visant à augmenter la pro- duction du plus grand gisement de gaz naturel au monde, pour porter sa capacité à 142 millions de tonnes par an d'ici 2030. La nouvelle expansion du champ offshore North Field, baptisée «North Field West», ajoutera 16 millions de tonnes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) par an aux plans de déve- loppement actuels, a déclaré le ministre qatari de l'Energie, Saad Al-Kaabi, lors d'une conférence de presse. « North Field contient d'énormes quantités de gaz sup- plémentaires estimées à 240 billions de pieds cubes, ce qui porte les réserves de gaz de l'Etat du Qatar de 1.760 billions à plus de 2.000 billions de pieds cubes », a souligné Al Kaabi, également PDG du géant public qatari des hydrocarbures QatarEnergy. ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Ciel bleu à la Bourse de Casablanca

Evolution de l'indice Masi depuis début février 2023

Seuls deux secteurs cotés affichent une performance négative depuis le début d’année sur le marché boursier.

Par Y . Seddik

U

n chiffre d’inflation plus bon que prévu (au plus bas depuis octobre 2021), un consensus haussier sur les bénéfices, des flux de vente quasiment absents chez les OPCVM ou encore des signaux en amélioration conti- nue sur le front obligataire... Le marché s’est appuyé sur un newsflow positif cette semaine pour signer une troisième hausse hebdomadaire d'affilée. L'amélioration du sentiment général chez les investisseurs a donc permis au marché de pour- suivre sa tendance haussière en gagnant 1,65% sur des volumes d’affaires qui dépassent le 1 milliard de dirhams. Malgré un newsflow négatif, RDS est top performer de la semaine grâce à une progression de 6,44%. Elle est suivie par CIH Bank qui publie des indicateurs com- merciaux en forte progression en 2023, et qui tourne la page des dysfonctionnements liés au factoring tout en anticipant une

normalisation du coût du risque. Il faut dire que la vigueur actuelle du marché (+8,19% en ytd) bénéficie pratiquement à tous les secteurs, car seuls deux sur les 24 cotés affichent une performance négative depuis le début de l'année. Il s'agit des mines, avec une légère baisse de 0,17%, et des sociétés de placement immobilier, avec une contreperformance plus mar- quée (-6,34%). C'est quasiment le scénario «ciel bleu» qui est en train de prendre forme sur le marché. Quant à la saison des rapports trimestriels, toujours en cours, elle pourrait apporter une nou- velle dose de volatilité sur le marché, d'autant plus qu'il y a encore de grosses signatures en vue, notamment dans le secteur bancaire. Du point de vue graphique, les résistances semblent être fran- chies sans difficultés par le Masi. Les adeptes de l’analyse

TOP Performances

FLOP Performances

Agma Oulmès Rebab Company

-6%

+10,13% +9,74%

Minière Touissit SNEP RISMA

-6%

-5,01%

+7,89 %

chartistes doivent maintenant déterminer de nouvelles cibles. De notre côté, on les fixe à 13.200 points, suivie des 13.900 points, comme prochains niveaux clés. En perspective, le Conseil de Bank Al-Maghrib et la suite des publications feront par ailleurs le principal de l’agenda écono- mique pour les semaines pro- chaines. Sur la partie obligataire, les ana- lystes sont convaincus que le

Trésor serait toujours capable de maîtriser son offre sur le mar- ché des adjudications pendant le reste du T1-2024. Les prévisions sont confortées, d’une part, par le reflux de l’inflation au niveau national à des niveaux autour de 2%, et d’autre part, par la dernière estimation du besoin de financement brut moyen du Trésor par mois au cours de l’an- née 2024, en baisse de 5 Mds de DH par rapport à l’année 2023. ◆

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BOURSE & FINANCES

HPS

Chiffre d'affaires en hausse de 17% en 2023

La performance opérationnelle du Groupe HPS au titre de l’année 2023 confirme son engagement dans la réalisation des objectifs stratégiques

à long terme établis dans le cadre du plan de développement «AccelR8». La dynamique commerciale robuste et la réussite des divers projets de

recherche & développement devraient contribuer au maintien de la marge EBITDA à un niveau similaire à celui de 2022. ◆

Revenus consolidés en forte croissance, alignés avec les objectifs du plan AccelR8.

Par A. Hlimi

L

e 4 ème trimestre de HPS a été marqué par une forte accéléra- tion de la croissance des reve- nus, comparativement aux tri- mestres précédents de l’année 2023. Durant ce trimestre, les revenus consolidés du Groupe HPS se sont établis à 336 MDH,

en hausse de 23,0% par rapport au même trimestre en 2022. Grâce à cette solide performance, les revenus au titre de l’année ont progressé de 17,0% à 1,17 Md de DH; à taux de change constant cette croissance serait de 19,0%. Au cours de l’année 2023, le périmètre de consolidation du Groupe HPS a connu deux changements : le premier inter- venu durant le premier semestre 2023, suite au premier exercice de consolidation de la filiale HPS South Africa, détenue à 100% par HPS et consolidée par intégra- tion globale, et le second avec la sortie du périmètre de la filiale ACPQualife Suisse durant le second semestre de l’année. Les investissements réalisés pendant le trimestre ont principalement porté sur l’acquisition de matériels informatiques et d’équipements. En outre et pour accom- pagner le développement des activités du Groupe dans ses différents pays de présence, des aménagements de bureaux ont été opérés dans les différents sites du Groupe à travers le monde. En parallèle au développement de ses acti- vités et afin de financer de manière effi- cace sa croissance organique, le Groupe HPS maintient une gestion proactive de ses flux de trésorerie. Cette démarche a permis au Groupe de réduire significative- ment son endettement qui s’établit à 116 MDH contre 150 à fin 2022, en baisse de 22,5%. La trésorerie à fin 2023 ressort à 221 MDH, avec une baisse limitée à -7,4%, et ce malgré la forte dynamique de crois- sance ayant marqué l’année 2023.

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BOURSE & FINANCES

Des résultats 2023 record Mutandis

• Season Brand affiche un chiffre d'affaires de 632 millions de dirhams, en hausse de 4% par rapport à 2022, grâce à une augmentation des prix de vente, bien que les volumes connaissent une légère baisse. Pour le quatrième trimestre 2023, le chiffre d'affaires de Mutandis atteint 694 mil- lions de dirhams, soit une hausse de 7% par rapport à T4 2022. L'excédent brut d’exploitation (EBE) pour 2023 s'élève à 335 millions de dirhams, en hausse de 24% par rapport à 2022, grâce à l'amélioration des marges, malgré l'impact de la hausse des prix de vente et une maîtrise efficace des coûts fixes malgré le contexte infla- tionniste. Le résultat net courant pour 2023 est de 125 millions de dirhams, en hausse de 18% par rapport à 2022. Le résultat net total, y compris les élé- ments ponctuels, atteint également un niveau record de 113 millions de dirhams, soit une augmentation de 13% par rapport à 2022. ◆

Après un investissement cumulé de plus de 1,5 Md de DH en 5 ans, Mutandis reviendra à un capex normatif dès 2025.

E

Par A. Hlimi

n 2023, Mutandis affiche un chiffre d'affaires de 2,44 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 5%. Cette croissance est répar- tie dans ses différentes activités : • Pour les détergents, le chiffre d'affaires des marques propres de Mutandis connaît une augmenta-

baisse de 5% des volumes, compen- sée par des hausses de prix. • Les produits de la mer maintiennent un chiffre d'affaires stable par rapport à 2022, avec une performance stable des conserves malgré une baisse des volumes, compensée par l'effet mix et la hausse des prix. • En ce qui concerne les bouteilles ali- mentaires, le chiffre d'affaires dimi- nue de 10% par rapport à 2022, prin- cipalement en raison de l'indexation des prix sur le PET, sans impact sur

la marge. Les volumes de cette caté- gorie sont également en légère baisse après une année 2022 favorable. • Pour les boissons, le chiffre d'af- faires des boissons à base de fruits connaît une augmentation impres- sionnante de 41% par rapport à 2022, avec une forte hausse des volumes grâce au succès du lancement de la nouvelle boisson Frut. De plus, le chiffre d'affaires de l'activité eau, récemment acquise, est conforme aux prévisions de Mutandis.

tion de 3% par rapport à 2022, principa- lement tirée par la poudre machine et la lessive liquide. Le chiffre d'affaires global, y compris les exportations et les marques du distributeur, reste stable malgré une

Société anonyme au capital de 34 880 000 dirhams Siège social : 2, Zankat Tihama – Rabat R.C n° 1971 Rabat PROFIT WARNING Résultats arrêtés au 31 décembre 2023

Le chiffre d’affaires de la Société Immobilière Balima de l’exercice clos au 31 décembre 2023 est stable à 48 494 KMAD.

La société enregistrera pour l’exercice 2023 un résultat courant de 13 372 KDH, contre 11 187 KDH en 2022, soit une augmentation de 19,5%. Au titre de l’exercice 2023, la Société Immobilière Balima présentera un résultat net de 9 104 KMAD, contre 19 749 KMAD au 31 décembre 2022. Un repli attendu, les résultats de l’exercice 2022 ayant bénéficié d’une cession d’immobilisations exceptionnelle de 23 400 KDH.

Ce communiqué peut être consulté également sur la page web de la société Immobilière Balima à l’adresse suivante : www.balima.com

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 29 FÉVRIER 2024

BOURSE & FINANCES

Immorente Invest

Indicateurs en hausse en 2023

8% à 10% du chiffre d’affaires sur l’année 2024, sous l’effet conjugué de l’élargissement du périmètre des actifs avec un investissement prévu

courant l’année et la commercia- lisation de certains actifs bureaux. La livraison de l’extension de l’usine Faurecia lors du T4 2024 augmen-

terait la part de l’industrie dans le portefeuille à près de 50% et rédui- rait celle du bureau à près d’un tiers. ◆

Immorente Invest fait état d’un chiffre d’affaires et d’un FFO en hausse respectivement de 8% et 5% en 2023.

L

Par A. Hlimi

e portefeuille d’Immorente Invest est composé d’actifs premium loués à des locataires de renom (Faurecia, SFC, Butec, Aptiv, FRI master franchisé de McDonald’s, Huawei, Groupe Société Générale, etc.). La société poursuit sa stratégie d’investissement à travers l’acquisition des murs d’une usine à TAC pour 110 MDH et l’investissement dans l’OPCI Syhati IMMO pour 50 MDH. Immorente annonce également le lan- cement de la construction de l’exten- sion d’une usine louée par Faurecia à Atlantic Free Zone pour un investisse- ment de près de 130 MDH. Le projet, dont la livraison est prévue pour le T4 2024, couvrira une surface de près de 9.000 m 2 . Dans ce contexte, le chiffre d’affaires est en hausse de 8% vs 2022. Le taux d’occupation est de 93% vs 92% à fin 2022. Par ailleurs, le chiffre d’af- faires social s’établit à 42,7 MDH. Le FFO (résultat de l’exercice analy- tique) correspond à la capacité distribu- tive aux actionnaires : 46,7 MDH vs 44,7 MDH en 2022 (+5%). Quant au résultat net consolidé IFRS, il est de 42,8 MDH contre 15,8 MDH l’an dernier. Le résultat net social est de 4,4 MDH. Le ratio Loan to Value s’établit à 8% au 31 décembre 2023, contre 0% en 2022. Immorente Invest va distribuer 5,2 DH de dividende par action contre 5 DH l’an dernier.

Guidance La société anticipe une augmentation de

La société anticipe une aug- mentation de 8% à 10% du chiffre d’affaires sur l’année 2024.

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JEUDI 29 FÉVRIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Private equity «La mise en action du Fonds Mohammed VI va changer la donne en 2024»

sorties de fonds ou désinvestisse- ments) et l’entrée en Bourse des entreprises accompagnées par un pilotage technico-financier jalonné par plusieurs versements de fonds, contraints par une qualité de perfor- mance et échelonnés sur le moyen et long terme. En 2022, le marché du private equity a connu 1,4 Md de dirhams de cessions réalisées contre 900 millions de DH une année aupa- ravant. Le rachat des parts de socié- tés se fait par cession de gré à gré, par l’entrée en Bourse ou à travers du rachat par le management de la société (Leverage buy-out). Le second KPI (Key Performance Indicator) est l’investissement global dans cette classe d’actifs destinée à faire croître très vite des TPME, des TPE et des entreprises de taille inter- médiaire (ETI). En termes d’investis- sements, 900 millions de DH ont été déployés sur tous les segments de marché. Pour ce qui est de la taille moyenne du deal en 2022, elle était de 30 millions de DH, incluant les deals en venture capital dont la taille se situe entre 5 et 10 millions de DH. Retraité ces opérations, on est plutôt dans une moyenne de 100 millions de DH par deal. Le capital-investissement est un mode d'investissement où l'investis- seur consacre des capitaux (propres ou sous gestion) au développe- ment ou au rachat d'une société ou d'une division ayant des besoins de croissance (Growth companies), de transmission (dans le cadre de changement de direction, de suc- cession), ou encore de redressement (Distressed companies).

Le capital investissement est un soutien indispensable pour les entreprises marocaines. Pour rappel, à fin 2022, les investissements réalisés dans 260 entreprises s'élevaient à 11,4 milliards de dirhams. Le Fonds Mohammed VI pour l'investissement devrait être le principal catalyseur du secteur pour les prochaines années. Entretien avec Khalid Doumou, analyste écono- mique et financier.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

ou moins long terme grâce à la ces- sion ou à la vente d’une partie ou de l’intégralité de leurs participations. L’industrie du capital-investissement a fait ses premiers pas au Maroc il y a aujourd’hui une vingtaine d’an- nées. Avec le très fort taux de chô- mage des jeunes et l’importance grandissante de la nouvelle écono- mie utilisatrice de la toile, il devient impératif d’insuffler un nouvel élan à l’entrepreneuriat. Et cela par le biais de l’accompagnement en termes de gouvernance et de financement d’entreprises jeunes et dynamiques, dotées de moyens technologiques et

humains. Dans le domaine de la startup technologique, il est de notoriété publique que c’est la poule qui a précédé l’œuf, car dans cet espace hyper concurrentiel et ultra-compéti- tif à l’échelle globale, c’est atteindre ton indépendance financière dans les plus brefs délais ou attends-toi à disparaître. Deux indicateurs clés de perfor- mance sont généralement évalués quand il s’agit de sociétés de gestion de capital-investissement : la liqui- dité de ce marché, qui se mesure à l’aune des fins de vie de fonds (Exits :

Finances News Hebdo : Comment évolue le secteur du private equity au Maroc ? Et pourquoi est-il vital aujourd’hui de le faire croître ? Khalid Doumou : Le private equi- ty (PE) ou capital-investissement consiste à prendre des participations majoritaires ou minoritaires dans le capital de sociétés non cotées en Bourse. Le terme private equity s’op- pose à celui de public equity, qui désigne des titres qui ont fait l’objet de procédures de cotation publique. L’objectif pour les investisseurs est de réaliser des plus-values à plus

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Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) désireuses de s'étendre à l'international, mais qui ne disposent pas des res- sources administratives, finan- cières et de la bonne connais- sance des marchés étrangers, une société d'investissements privée peut remplir cette fonction de levée de fonds par effet de levier bancaire. La nouveauté qui va changer la donne en 2024 est la mise en action du Fonds Mohammed VI, dont la création a été préconisée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours du 9 octobre 2020. Il s’agit d’un fonds d’inves- tissement stratégique destiné à jouer le rôle de locomotive dans le plan de relance économique post-Covid. Pour ce qui est du private equity, certaines entreprises ont besoin de faire appel à l'épargne privée, c'est-à-dire qu'elles interviennent sur un marché financier non coté en Bourse et également non sujet à une réglementation très contrai- gnante. Ces sociétés d'investissements, familières du milieu bancaire, tra- vaillent en général sur trois grands volets, à savoir le M&A (fusions et acquisitions), le Securities Trading (négociation de titres financiers sur des Bourses d'échange) et l'Asset management (la gestion d'actifs financiers dite aussi ges- tion de portefeuilles). Le capital-investissement est vital pour des entreprises jeunes en forte croissance, pour des entreprises installées qui veulent intégrer de nouveaux marchés étrangers (expansion par prise de participations), et pour des entreprises en besoin de restruc- turation ou de remise à niveau sur le plan de la gouvernance au sens large du terme. F.N.H. : Comment le Fonds Mohammed VI peut-il contribuer à la création d'un écosystème favorable au développement du capi- tal-investissement ? Kh. D. : Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I), notre fonds souverain doté de 20

milliards de DH, devrait doubler, voire tripler la capacité financière de la place de Casablanca. Ce Fonds annonce la présélection d’une première liste de 17 socié- tés de gestion de fonds secto- riels et thématiques arrêtée à l’occasion de la tenue du Conseil d’administration et du Comité de stratégie et d’investissement du fonds. Cette sélection s'inscrit dans le cadre de l’appel à mani- festation d’intérêt lancé par le FM6I pour la sélection de socié- tés de gestion de fonds secto- riels et thématiques dont l’objet est de catalyser l’investissement, d'accélérer la croissance et de favoriser la création d’emplois. Ces fonds contribueront à l’émer- gence d’une industrie du capi- tal-investissement robuste au Maroc, aux meilleurs standards internationaux. La taille projetée en cumulé de ces premiers fonds sectoriels et thématiques est esti- mée à un minimum de 20 milliards de DH. Le FM6I contribuera jusqu’à 33% de la taille de chaque fonds dans le cadre d’une enveloppe glo- bale de l’ordre de 6 milliards de DH. Le reliquat sera levé par les sociétés de gestion présélection- nées auprès d’investisseurs tiers, locaux ou étrangers. Il s’agit là d’un des principaux objectifs du

FM6I d’exercer un effet multipli- cateur sur les montants investis par ses soins. La première liste de sociétés de gestion présélectionnées com- prend 3 sociétés de gestion dans l’industrie, 2 dans le tourisme, 1 dans l’agriculture, 1 dans le transport et la logistique et 10 généralistes. Les fonds généra- listes ont été segmentés en plu- sieurs catégories en fonction des tailles d’entreprises ciblées et ont été choisis de sorte à assurer une couverture de l’ensemble des catégories, en particulier les petites et moyennes entreprises. F.N.H. : Selon vous, quelles sont les principales bar- rières à l'entrée pour les nouveaux acteurs du pri- vate equity ? Kh. D. : Le Maroc a bénéficié ces dernières années d’une Learning Curve qui fait des sociétés de gestion marocaines, aujourd’hui,

des sociétés aguerries dans l’uti- lisation de ce véhicule financier plus souple que le recours à un crédit bancaire classique. Ce der- nier suppose souvent le recours à des garanties réelles ou per- sonnelles. Le recours à ce genre d’outil de financement et de gou- vernance efficiente a connu des accrocs à ses débuts dans les années 2003 à 2005, et certains institutionnels marocains ont mal- heureusement tourné le dos au financement de l’économie réelle. Aujourd’hui, le Maroc a besoin plus que jamais de créer de la croissance et de l’emploi, et les Family Businesses, les fonds de pension et les sociétés d’assu- rances marocains doivent accep- ter de miser plus de billes dans la croissance domestique par le financement de startups techno- logiques très capitalistiques, ou dans des sociétés en besoin de restructuration partielle ou totale. C’est la manière dont une société de gestion se rémunère de ses efforts de rapprochement entre investisseurs et entrepreneurs et de ses devoirs de conseil et d’ac- compagnement. La fiscalité et la TVA à 20% appli- quée à des sociétés qui génèrent des dividendes et des plus-values de cessions, le cas échéant, dérange toujours aux entournures

La fiscalité et la TVA à 20% appliquée à des sociétés qui génèrent des dividendes et des plus-values de ces- sions, le cas échéant, dérange toujours aux entournures les professionnels de la gestion du capital investissement.

 80% des volumes de la dette privée (non cotée) se font par le biais de fonds d'investissements privés, et non pas par l'intermédiaire des banques.

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sers, signature d'une clause de confidentialité, due diligence initiale, proposition d'investisse- ment, l'offre de premier tour de table, due diligence approfondie, création d'un model opération- nel interne, mémorandum d'in- vestissement préliminaire, due diligence finale, approbation du comité d'investissement, offre finale puis signature de l'accord. Une firme de capital-investisse- ment est appelée General Partner (GP) et ses investisseurs qui engagent leur capital, des Limited partners (LPs). Les Limited par- tners investissent généralement dans des fonds de pension, des grands comptes institution- nels (tels les Endowments de grandes universités américaines, ou des sociétés d’assurances) et des Wealthy individuals (Family offices). F.N.H. : Enfin, les opportu- nités et les défis qu’offre le capital- investissement sont énormes, notamment en matière d’amélioration de la gouvernance et en termes de structure bilan- cielle. Cependant, l’évolu- tion d’un nouveau cadre règlementaire est primor- diale pour dynamiser le secteur. Quelle lecture en faites-vous ? Kh. D. : La grande mode pour les pays les plus avancés de la pla- nète et le groupe de Development finance international (DFI) est de solliciter ces pays pour qu’ils apprennent à se développer len- tement et en dehors de l’utilisa- tion de l’énergie nucléaire, des énergies fossiles et des richesses du plateau continental. La structure bilancielle des socié- tés demandeuses est bien enten- due épluchée sur la base de cri- tères financiers et non-financiers (17 objectifs de développement durable). Les critères écono- miques, sociaux et de gouver- nance (ESG) qui, parfois, peuvent s’avérer subjectifs ou laissés à la discrétion de tiers pas toujours de confiance rendent encore plus

 Le private equity peut créer de l’emploi durable dans des secteurs très pointus de la tech.

F.N.H. : En quoi le dévelop- pement du private equi- ty peut-il contribuer à la création d'emplois et à la croissance inclusive au Maroc ? Kh. D. : Le private equity est inclusif dans le sens où la qualité du projet choisi n’a plus rien à voir avec la profondeur du portefeuille ou la notoriété de l’emprunteur ou de ses proches parents, mais est plutôt soumise à un avis d’experts technologiques, admi- nistratifs, juridiques et financiers. Ces derniers se prononcent sur la propension d’un projet à prendre son envol dans un délai de moyen à long terme (2 à 10 ans) dans un segment de marché particulier, souvent hyperconcurrentiel et à retour sur investissement (TRI se situant entre 8 et 10% dans le cas du Maroc), compte tenu du projet défendu et de la qualité des por- teurs de celui-ci. Le graal étant bien entendu de pouvoir créer des champions nationaux ou internationaux (licornes avec un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars) dans des secteurs à très forte valeur ajoutée ou capables de se tailler une part substantielle d’un gâteau à l’échelle mondiale. Le private equity peut créer de

les professionnels de la gestion du capital-investissement, dont les marges bénéficiaires non réin- vesties sont érodées de 0,4% à 0,5%, ce qu’ils estiment être de l’iniquité fiscale. Il existe aujourd’hui encore des pans entiers qui se situent dans des deals entre 50 et 100 millions de DH qui sont insuffisamment adressés. Avec sa participation à 33% dans les nouveaux fonds for- més par le Fonds Mohammed VI, le volume des transactions ainsi que la taille de celles-ci pourront s’accroître. Les business mana- gers évoluent aujourd’hui avec des tailles de fonds d’une four- chette se situant entre 800 mil- lions et 1 milliard de DH pour 15 à 20 opérations par société. L’appui technique et financier du fonds stratégique Mohammed VI devrait aider à adresser des opérations de moins de 150 millions et pou- vant aller jusqu’à 800 millions de DH et au-delà.

l’emploi durable dans des sec- teurs très pointus de la tech, ou dans des métiers très en vogue en relation avec la nécessité de «verdir notre économie». Dans un monde qui évolue à vitesse grand V, être capable de prendre le train en marche des industries industrialisantes est un must. Que ce soit dans le renouvelable, les énergies propres, l’électrique, l’eau, la lutte contre le réchauffe- ment climatique, les ordinateurs quantiques, les nanotechnologies, les terres rares et leur utilisation idoine, la connectivité et les diffé- rents métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique et tex- tile), nous avons encore besoin de monter en gamme de produits et en compétence au niveau de notre courbe d’apprentissage, et de degré d’intégration de nos industries. Pour réussir ces chal- lenges dans l’économie du savoir et de la connaissance, les star- tups ont parfois besoin de coups de pouce financiers, fussent-ils libérés par étapes (Milestones aux différents stades de développe- ment des sociétés séries A, B et C et pré-IPO). Le private equity traverse en géné- ral 12 phases avant la signature d’un accord : prospection et tea-

Doté de 20 milliards de DH, le Fonds Mohammed VI devrait doubler, voire tripler la capacité financière de la place de Casablanca.

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difficile l’entreprise de sélection des heureux gagnants de la loterie du private equity. Le capital-investissement fait office de refuge pour les investisseurs qui fuient les taux bas. 80% des volumes de la dette privée (non cotée) se font par le biais de fonds d'investissements privés (pri- vate equity), et non pas par l'inter- médiaire des banques. Les prêts aux PME et GME (Groupement momen- tané d'entreprises, qui passent entre elles une offre commune en réponse à un marché pour une durée déter- minée) sont faits par le biais de ces sociétés qui, également, rachètent des parts sociales de sociétés majo- ritaires. Ces sociétés investissent à horizon de 5 à 10 ans sans trop se focali- ser sur les rapports trimestriels, et réalisent des rendements de 15 à 20% annuels dans le monde entier. Le facteur de réussite principal en finance est le recours aux surdoués (Quant ou analyste quantitatif). La thèse d'investissement initiale se fait sur la base de la découverte des secteurs en croissance potentielle forte, et que l'on peut renforcer par l'acquisition de petites sociétés spé- cialisées peu onéreuses à acqué- rir (une acquisition ciblée pouvant augmenter l'EBITDA de 30 à 35%). L'approche d'investissement n'a rien de scientifique, mais repose sur l'hu- main, la compétence, l'expérience et la familiarité avec des sociétés mises en vente. Le Covenant-Light Loan (Cov-Lite) est dans le jargon financier un accord de prêt qui ne contient pas les clauses de protection habi- tuelles au profit de la partie prê- teuse, et qui permet donc d'acheter facilement avec du LBO (Leverage Buy-Out, où l'on achète par un mon- tage juridico-financier avec fort taux d'endettement). En outre, les agences de notation et les organismes supranationaux qui établissent les standards et les normes des secteurs primaire, secondaire et tertiaire à l'échelle internationale élisent tous domicile dans les pays de l’ancien monde dit libre. Tout comme est ressenti tou- jours aussi amèrement par certains grands pays le privilège exorbitant

du Dollar. C’est pour cela que les BRICS, l’Organisation de coopéra- tion de Shangai et le G77 s’érigent en groupe de pression pour atténuer cette inégalité de traitement à leurs yeux jugée inique. Il faut savoir que le domaine du pri- vate equity brassait en 2020 quelque 580 milliards de dollars à l’échelle

mondiale; il en a brassé 800 millions en 2022. Pour le continent africain, le montant du private equity est passé de 4 milliards de dollars en 2021 à 2 Mds de dollars en 2022. Ceci étant dû en partie à un renversement vers les pays de l’Est avec le conflit en Ukraine, mais également à la lutte accrue contre le réchauffement cli-

matique. Enfin, il faut savoir que le leader incontesté en Afrique de cette classe d’actifs est l’Île Maurice pour des raisons de fiscalité, incitation d’une part et de flexibilité accrue de leur régime de change et de rapa- triement de plus-values réalisées par des fonds à vocation régionale ou internationale. ◆

Société anonyme au capital de 34 880 000 dirhams Siège social : 2, Zankat Tihama – Rabat R.C n° 1971 - Rabat

COMMUNICATION FINANCIERE INDICATEURS D’ACTIVITÉ DU QUATRIÈME TRIMESTRE 2023

Chiffre d’affaires et charges d’exploitation en KMAD

Quatrième trimestre 2022 Quatrième trimestre 2023

Variation en valeur

Variation en %

12 067

12 442

375

2,53%

Depuis le début de l’année 2022 Depuis le début de l’année 2023

Variation en valeur

Variation en %

47 210

48 481

1 271

2,46%

Répartition des baux par typologie

Evolution du Chiffre d’affaires en KDH

48 481

Professionnel 13%

47 210

Habitation 34%

12 442

12 067

Commercial 53%

2022

2023

4ème trimestre

cumul annuel

Le chiffre d’affaires du quatrième trimestre ressort avec une légère augmentation de 2,53% par rapport à la même période en 2022.

Le chiffre d’affaires au 31 décembre 2023 reste stable avec une évolution de 2,46% par rapport à la même période en 2022.

La part des baux commerciaux représente 53% du parc locatif de la Société. Les baux professionnels et à usage habitation représentent respectivement 13% et 34% du parc. Par rapport à la même période en 2022, les parts relatives des trois types de baux sont restées stables. Endettement et leasing La Société n’a procédé à aucune cession durant le quatrième trimestre de l’année 2023. Les investissements engagés par la Société Immobilière Balima s’élèvent 7 833 KDH durant quatrième trimestre de l’année 2023. Investissement et cessions La Société immobilière Balima n’a contracté ni dettes à long ou moyen terme, ni découverts bancaires durant le quatrième trimestre 2023. La dette nette au 31 décembre 2023 s’élève à 484 KDH contre 6 295 KDH au 31 décembre 2022 (leasing).

Ce communiqué peut être consulté également sur le site web de la Société Immobilière Balima à l’adresse suivante : www.balima.com

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