Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°42 ]
Génies créatifs 4 Editorial
Politique
Nouveau gouvernement : Premiers pas poussifs
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Conjoncture
Start-up et entreprises technologiques : La pandé- mie, un accélérateur de l’innovation du privé ? Grands groupes et start-up : Des rapprochements win-win Incubateurs et programmes d’accompagnement : Un apport précieux à consolider Entretien avec Naoufal Chama : Incubateur, en 2021, StartUp Maroc a accompagné plus de 120 entrepreneurs Financement des start-up : L’incontournable «Fonds Innov Invest» Entretien avec Hicham El Habti : Université Mohammed VI Polytechnique, une plateforme de recherche au service du Maroc et de l’Afrique Banques : Après l’IA, la cryptomonnaie prochain enjeu majeur de l’innovation ? La SCR consolide ses acquis et renforce son leadership en 2021 Assurances : Le digital pour booster l’innovation Agriculture : Faire plus et mieux avec moins de ressources Groupe OCP : Large soutien aux initiatives intelligentes Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable : Montée en puissance des projets structurants dans les Provinces du Sud Transport : L’innovation, un levier de croissance du secteur Secteur cimentier : LafargeHolcim, un cas d’école Intelligence artificielle : Lydec s’allie à la fondation MAScIR Health Tech : Le Maroc creuse son sillon Entretien avec Mohammed Errafi : «Le succès doit être collectif pour qu’il ait du sens» Festival : La scène se digitalise ! Mobilité : ADM fait de l’innovation un levier stratégique
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Assurances 2022, l’année du Takaful ! 84
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Retraite
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Omicron joue les trouble-fêtes Entretien avec Mohamed Berrada : Relance, «plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites» 6 10
Caisse marocaine des retraites : Les placements immobiliers pour faire face à la baisse des rendements obligataires
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Enseignement
Recherche & Innovation
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Système éducatif : Des challenges amplifiés par la pandémie Modes d’apprentissage : Le système hybride est-il viable à long terme ? 92 96
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Valoriser avec force le capital immatériel Nouveau modèle de développement : L’innovation est l’un des principaux paris du Maroc de demain Entretien avec Badr Ikken : IRESEN, plaidoyer en faveur d’une stratégie nationale Indice mondial de l’innovation 2021 : Le Maroc perd deux places Recherche & Développement : Quand le secteur public sert de tête de pont Entretien avec Abdelaziz Babqiqi : OMPIC , «Les grandes entreprises doivent être la locomotive de l’innovation au Maroc» Financement de la R&D : Le Maroc peut mieux faire Entretien avec Abdellah Mouttaqi : Mines, «l’innovation est un levier naturel du processus du développement du secteur»
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Industrie automobile Le secteur résiste à la crise et poursuit son essor 100
Tourisme Etat d’urgence absolu ! 102 Immobilier
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Le secteur essaie de se relancer en dépit des contraintes
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E ditorial
Génies créatifs
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accessoires et matériels sont sortis de l’appareil productif pour répondre à des besoins médicaux inédits et urgents. Cette crise a montré la nécessité de ne pas réduire le Made in Morocco en un simple slogan, mais d’en faire plutôt l’expression concrète d’un tissu indus- triel innovant, agile et compétitif, qui va jouer les premiers rôles dans l’énorme défi que doit relever le Maroc durant ces prochaines années : la souveraineté économique et sanitaire, en réduisant drastiquement sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Il s’agit d’un enjeu de développement majeur, à travers lequel l’objectif est de rendre l’économie maro- caine, dont les fragilités ont été mises à nu par la pandémie, plus performante et plus résiliente. Le challenge est de taille. Et pour le rele- ver, le Maroc aura besoin de deux boos- ters essentiels, tels qu’identifiés par les conclusions du rapport sur le nouveau modèle de développement : un capital humain de qualité et la promotion de la recherche et l’innovation dans tous les domaines d’activité. Ils seront les socles sur lesquels sera bâti le Maroc de demain. Et c’est à l’aune de l’épreuve qu’a fait subir la pandémie aux économies et des nombreux défis qui attendent le Royaume, que Finances News Hebdo a choisi de consacrer ce hors-série à la «Recherche et Innovation». Un thème rendu saillant par cette crise sanitaire, qui a fait de la recherche et de l’innovation le nerf de la guerre contre la Covid-19. Bonne lecture et bonne année 2022 !
innovation systé- matique requiert la volonté de considé- rer le changement
comme une opportunité» . Cette assertion est du théoricien américain du marke- ting, Peter Drucker. Sa pertinence est à relier aux grandes mutations induites par la crise qui frappe la planète depuis maintenant deux ans. Toutes les théories qui régissaient les relations économiques internationales se sont écroulées comme un château de cartes. Les dogmes sur lesquels s’appuyait l’univers multidi- mensionnel de la mondialisation ont été sévèrement désavoués. La préfé- rence nationale et le protectionnisme tant décrié avant cette crise s’inscrivent aujourd’hui plus que dans la norma- lité, surtout en cette phase poussive de relance post-pandémique : ils parti- cipent désormais du patriotisme écono- mique. Le monde, tel qu’il a été conçu et tel que d’aucuns voulaient qu’il soit, a subite- ment disparu. Comme par enchante- ment. Nous sommes dans un monde nouveau au sein duquel, justement, c’est notre capacité à innover qui permettra d’en saisir toutes les opportunités. Les Etats l’ont compris. Le Maroc aussi. D’ailleurs, au tout début de la crise, les génies créatifs du Royaume ont mis leurs méninges à l’épreuve pour inno- ver et adapter le tissu économique aux exigences soulevées par la pandémie. Masques, respirateurs, drones et autres
Fatima Zahra OURIAGHLI
Cette crise a montré la nécessité de ne pas réduire le Made in Morocco en un simple slogan, mais d’en faire plutôt l’expression concrète d’un tissu indus- triel innovant.
M ise en page Zakaria BELADAL
J ournalistes Charaf JAIDANI Adil HLIMI Momar DIAO
I mpression MAROC SOIR D istribution SAPRESS
D épartement commercial Salma BENMAKHLOUF
D irecteur G énéral , responsable de la publication Fatima Zahra OURIAGHLI
Youssef SEDDIK Khalid AOURMI Ibtissam ZERROUK Réda Kassiri HOUDAIFA
Samira LAKBIRI Rania BENCHAIB
A dresse 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca Tél (0522) 98.41.64/66. Fax : (0522) 98.40.22 Site web : www.fnh.ma É dition JMA C onseil Autres éditions du groupe : Finances News Hebdo, Autonews, Laquotidienne et Boursenews.
D irecteur A dministratif et F inancier Leïla OURIAGHLI
A ssistante de direction Amina KHCHAI
R évision Mohamed LABDAOUAT
D irecteur des rédactions & développement David WILLIAM
A dministratif Fatiha AÏT ALLAH Nahla SEHLAL
D irecteur technique & maquettiste Abdelillah CHAMSEDDINE
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°42 4
C onjoncture
Omicron joue les trouble-fêtes Enième variant et énième secousse sur les marchés financiers, qui craignent à nouveau un coup de frein au niveau de l’économie.
Arbitrage difficile Au Maroc, les restrictions en matière de déplacements à l’inter- national ont pour but de proté- ger la population et la soustraction de notre pays à un éventuel autre confinement aux répercussions socioéconomiques désastreuses. Mais certains secteurs, le tourisme en tête, sont littéralement sacri- fiés. Sur le plan social, la remise en place par l’Etat d’indemnités pour le personnel au chômage par- tiel devrait permettre d’absorber en partie ce choc. «La dynamique économique retrou- vée s’était traduite, jusqu’à pré- sent, par une forte amélioration de la situation du marché du tra- vail au troisième trimestre, profi- tant notamment des dividendes de l’excellente campagne agricole et de la reprise de l’économie natio- nale suite à l’allègement des restric- tions sanitaires» , constate BMCE Capital. C’est ainsi qu’environ 642.000 postes d’emplois ont été créés durant cette période, dont 274.000 postes en milieu rural et 368.000 postes en milieu urbain.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°42 6 L ’
économie marocaine devrait être l’une des plus dynamiques de la région MENA en 2021, selon le Fonds moné-
poursuivait à moyen terme. «L’apparition du mutant Omicron intervient au moment où l’éco- nomie mondiale avait repris son envol, laissant espérer davantage d’améliorations à venir dans les conditions de vie et de travail en 2022. Si pour le moment la virulence du nouveau variant n’est pas encore avérée, c’est sa forte contagiosité qui a poussé plusieurs pays à se fer- mer, cherchant ainsi à s’immuniser contre sa propagation» , constatent les économistes de BMCE Capital fin novembre 2021.
taire international. La croissance serait plus de 6% cette année et les indicateurs avancés confirment cette reprise vigoureuse. Cela dit, le nouveau variant Omicron risque de freiner la reprise et provoquer un ralentissement durant la première moitié de 2022 si la peur actuelle des gouvernements, qui se traduit par une limitation, voire un arrêt total des voyages des personnes, se
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C onjoncture
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aggravation du déficit de la balance commerciale de -26,6% à 164,2 Mds de dirhams, pour un taux de cou- verture de 61,3%. Reprise de la consommation des ménages La consommation des ménages a poursuivi son raffermissement selon les données disponibles à fin novembre, soutenue par l’orienta- tion favorable des revenus, tirant profit de l’excellente campagne agricole, la bonne tenue des trans- ferts des MRE (+42,5% à fin sep- tembre), la reprise des créations d’emplois (+572.000 emplois rému- nérés au T3-2021) et l’accroisse- ment des crédits à la consomma- tion (+1,2% à fin septembre), paral- lèlement à une évolution modérée de l’inflation (+1,1% à fin octobre). Au Maroc, les restric- tions en matière de dépla- cements à l’international ont pour but de protéger la population et la sous- traction de notre pays à un éventuel autre confinement.
Quant aux entreprises, leurs inves- tissements se sont maintenus, en ligne avec la poursuite de la hausse des importations des biens d’équi- pement (+13% à fin septembre), des recettes des IDE (+13,6% à fin septembre), de l’investissement budgétaire (+3,3% à fin octobre) et la dynamique positive de créations des entreprises (+53% à fin août).
Le trend haussier de l’indice MASI se maintient à plus de 17% depuis le début de l’année.
Embellie qui résulte de la hausse des emplois dans quasiment tous les secteurs, avec +306.000 postes dans le secteur des services, +190 .000 postes dans l’agriculture, forêt et pêche, +92.000 dans les BTP et +54.000 dans l’industrie, rame- nant le taux de chômage à 11,8% au lieu de 12,7% à la même période en 2020. Cette bonne orientation, tirée tant par le rebond de la consom- mation interne que par le com- portement satisfaisant de l’export, profite pleinement au secteur industriel, dont le taux d’utilisa- tion des capacités de production se consolide à 72% à fin octobre, dans un contexte de hausse des ventes et des commandes. En effet, la demande interne recouvre son tonus et enregistre +15,2% au T2 2021, aumoment où les expéditions à l’étranger bondissent de +20,7% à fin octobre de la même année, dans la lignée du bon comportement des ventes des phosphates et dérivés, de l’automobile, du textile ainsi que de l’agroalimentaire. Le renchérissement des cours de pétrole et la reprise des volumes d’importation des autres produits ont, a contrario, occasionné une
Creusement du déficit commercial
Concernant les échanges avec le reste du monde, l’on constate une hausse des exportations de 22,1% à fin septembre, portée, particu- lièrement, par les secteurs des phosphates et dérivés (+44,6%), de l’automobile (+16,4%) et de l’agri- culture et agroalimentaire (+10%). Malgré cela, il y a lieu de constater un creusement du déficit commer- cial de 25,5% et un léger repli du taux de couverture de 0,6 point, en rapport avec l’accroissement des importations de 23,4%, essen- tiellement celles des produits finis de consommation (+37,3%), des demi-produits (+24,3%) et des pro- duits énergétiques (+36,8%). Toujours dans la case des bonnes nouvelles, le dernier rapport de la DEPF relève une quasi-stagnation du déficit budgétaire, comparative- ment à son niveau de l’année pré- cédente, pour se situer à 51,2 mil- liards de dirhams, recouvrant plus particulièrement une hausse des recettes ordinaires (+11,8%), plus importante que celle des dépenses ordinaires (+7,5%), parallèlement à la baisse de l’excédent des comptes spéciaux du Trésor (-41,9%).
Tous ces éléments montrent que l’économie marocaine s’en sort plutôt bien et que le nouveau variant Omicron n’a pas encore dépassé le stade de risque pour nos équilibres macroéconomiques. Une situation rassurante qui continue de se lire à travers les indices boursiers. En effet, le trend haussier de l’indice MASI se maintient à plus de 17% depuis le début de l’année. Un léger fléchissement a été constaté fin novembre, directement en lien avec Omicron, sans pour autant provoquer de panique chez les investisseurs. Une balance des risques plutôt favorable
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C onjoncture
les résultats exceptionnels de la campagne agricole, conjugués aux avancées notables enregistrées en matière de vaccination. La reprise a concerné la quasi- majorité des activités économiques, mais à des rythmes différenciés. Il y a des éléments positifs, comme le pouvoir d’achat des ménages par exemple qui a progressé, favo- risé par l’amélioration des revenus générés par les bons résultats de la campagne agricole, mais aussi par l’importance des transferts des MRE (+43,3% à fin octobre). On a assisté aussi à une reprise des créations d’emplois et une progres- sion des crédits à la consommation et ce, dans un contexte d’inflation modérée de 1,3% en moyenne, à une reprise de l’investissement, stimulé par la hausse des impor- tations des biens d’équipement, à l’amélioration des recettes des IDE, à l’accroissement de l’investisse- ment budgétaire et la dynamique de créations d’entreprises. On a assisté à un accroissement significatif des exportations qui a concerné l’ensemble des secteurs, plus particulièrement celui des phosphates et dérivés, de l’automo- bile, de l’industrie alimentaire et celui de l’électronique et électrique. Mais, par contre, on a assisté à une augmentation du déficit commer- cial, stimulé par un rebond des importations, entraînant une légère baisse du taux de couverture, alors que les réserves de change se main- tiennent à un niveau permettant de couvrir plus de sept mois d’impor- tations de biens et services. Mais tout cela n’a pas empêché certains secteurs clefs de l’écono- mie, comme partout ailleurs dans le monde d’ailleurs, de subir encore les effets néfastes de la crise, à l’ins- tar du tourisme, de l’hôtellerie, des activités qui s’y rapportent, et le transport aérien. F. N. H. : C’est un bon bilan. Mais est-ce que cette reprise n’est que conjoncturelle ou est- elle appelée à se poursuivre en 2022 ? M. B. : Très bonne réflexion ! Comment peut-on intégrer le conjoncturel dans le structurel ? En fait, notre pays a su profiter de la crise du COVID-19 pour en
Relance «Plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites» L’économie marocaine continue d’être chahutée par les mesures restrictives prises pour limiter la propagation du coronavirus, surtout avec l’apparition d’Omicron sur le territoire national. Si l’exercice 2021 devrait être sanctionné par une croissance de 6,5%, voire plus, la dynamique économique pourra-t-elle néanmoins être maintenue avec cette pandémie qui perdure ? Surtout, de quels leviers dispose aujourd’hui le Royaume pour faire de cette crise une véritable opportunité ? Eléments de réponse avec Mohamed Berrada, professeur universitaire et ancien ministre, qui fait une analyse lucide et pertinente de la situation actuelle, tout en suggérant un certain nombre de pistes à investir par le Maroc.
Finances News Hebdo : L’Etat a déployé des efforts financiers conséquents pour renforcer la résilience de l’économie maro- caine, impactée par la crise. Aujourd’hui, selon vous, comment la relance économique s’annonce-t-elle ? Mohamed Berrada : Après une année – 2020 – qui a connu la plus grande récession économique jamais enre- gistrée dans notre pays (une crois-
sance négative de -6,20%), 2021 a été l’année du redressement de l’activité économique nationale. On s’attend à un taux de croissance autour de 6,50%. Il s’explique évi- demment par les mesures prises dans le cadre du plan de relance pour atténuer les effets immédiats de la pandémie sur les ménages et les entreprises, mais surtout par
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faire une opportunité et lancer un ambitieux programme de réformes structurelles susceptibles de trans- former le visage économique et social du pays. Vous vous rappelez que Sa Majesté avait lancé dans ses différents discours plusieurs alertes. L’insuffisance de nos inves- tissements en capital immatériel par rapport au capital matériel, l’in- supportable chômage des jeunes diplômés, la nécessaire réduction des inégalités sociales, la nécessaire réflexion sur un nouveaumodèle de développement... Il a demandé aux gouvernements d’y réfléchir pour en faire leurs priorités. Sur cette base, le Maroc a lancé diverses politiques pour corriger des inégalités de longue date et sur- monter certains obstacles structu- rels qui ont limité par le passé la performance de l’économie maro- caine. Ce programme de réformes repose sur des piliers comme la création d’un Fonds d’investis- sement stratégique (le Fonds Mohammed VI) pour soutenir le secteur privé, la refonte du cadre de protection sociale pour dynamiser le capital humain et la restructura- tion du vaste réseau d’entreprises publiques marocaines. En outre, le gouvernement a dévoi- lé les termes d’un nouveau modèle qui met l’accent sur le dévelop- pement humain et l’équité entre les sexes, tout en redynamisant les
efforts récents pour encourager l’entrepreneuriat privé et stimuler la compétitivité. Nous avons donc un programme d’action. Nous connaissons nos forces et nos faiblesses. C’est lamise en œuvre de ce programme qui est essentielle. Si sa mise en œuvre est réussie, ces réformes pourraient déboucher sur une trajectoire de croissance plus forte et plus équi- table au cours des années futures. F. N. H. : Quelle appréciation faîtes-vous des décisions prises par les autorités marocaines afin de limiter la propagation du variant Omicron à l’échelle nationale ? M. B. : C’est vrai que la propaga- tion de ce nouveau variant s’ajoute au climat d’inquiétude et de ma- laise que traverse depuis un cer- tain temps notre société, comme celle d’ailleurs de nos partenaires européens. Omicron va-t-il arrêter toute l’économie ? Evidemment non ! Mais le sujet reste complexe. Dans l’immédiat, on a besoin surtout d’une action énergique sur l’offre. Il ne faut pas oublier que cette crise est une crise d’offre !
Complexe ne veut pas dire compli- qué. Complexe dans le sens d’une situation où plusieurs facteurs inte- ragissent et doivent être envisagés dans leur globalité. Je dois d’abord rappeler que la crise du covid est une crise singulière! En fait, il s’agit d’une crise sani- taire que nous vivons, mais avec des effets économiques, sociaux et humains désastreux. Elle est dif- férente de toutes celles que les générations précédentes ont pu connaître. L’élément nouveau de cette crise pandémique par rapport aux précédentes est qu’elle est issue et s’intègre dans le mouvement de la mondialisation. La mondiali- sation a renforcé les interdépen- dances entre pays et entre indivi- dus. Nous sommes tous reliés les uns aux autres. Une crise sanitaire avec des effets économiques ! Alors, que faut-il pri- vilégier ? Pour les uns, la santé évidemment ! Pour moi, aussi ! Mais la médecine coûte cher. Elle a donc besoin d’une économie en bonne santé ! Il faut bien sûr tenir compte des données médicales, mais aussi des données économiques, sociales politiques et humaines ! Le problème, c’est que bien souvent dans nos analyses on procède instinctivement à la frag- mentation des phénomènes au lieu de les relier.
Covid-19 : Une crise sanitaire avec des effets économiques, sociaux et humains désastreux.
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F. N. H. : Mais comment apprécier la respon- sabilité du gouvernement dans ce dilemme ? M. B. : Le gouvernement a une res- ponsabilité nationale sur le plan de la santé, mais aussi sur le plan économique et social. Quelle que soit l’orientation qu’il serait amené à adopter, il sera jugé sur les consé- quences de sa décision, et on dira qu’il a pris une mauvaise décision. La prise de décision est difficile dans la mesure où cette épidémie nous noie dans une mer d’incer- titudes. A ce jour, après des mois et des mois, nous ne sommes pas sûrs de l’origine du virus; nous ne savons pas encore les mutations que subit ou que pourra subir le virus au cours de sa propagation; nous ne savons pas quand l’épidé- mie régressera et si le virus demeu- rera endémique; nous ne savons pas jusqu’à quand et jusqu’à quel point le confinement nous fera subir empêchements, restrictions, rationnement; et surtout nous ne savons pas quelles seront les suites politiques, économiques, natio- nales et planétaires de restrictions apportées par les confinements. Chaque incertitude nous conduit vers de nouvelles incertitudes. Les vagues de pandémie se succèdent en se régénérant à chaque fois, fai- sant défiler des phases d’espoir sui- vies de phases de désespoir… Et c’est loin d’être fini. Personnellement donc, je com-
prends les décisions du gouverne- ment marquées par un sens aigu de la responsabilité et de la prudence en privilégiant, dans un monde incertain, la santé de la population. Nous ne sommes pas seuls à choisir cette voie. Omicron n’arrêtera pas notre économie ! Elle continuera de fonctionner avec des rythmes diffé- renciés. On l’a vu au cours de cette année qui a enregistré une crois- sance largement positive malgré les mesures préventives de confine- ment adoptées. F. N. H. : Quelle attitude avoir alors face aux conséquences de ces décisions ? M. B. : Si nous naviguons aujourd’hui dans une mer d’incertitudes, nous devons apprendre à vivre avec l’inattendu, et renforcer surtout nos investissements en termes de flexi- bilité et en capacité d’adaptation. Psychologiquement et matérielle- ment. Pour sortir de la crise plus fort dans un monde en mutation. Tous les pays sont en train de tirer des leçons de la crise. La reprise d’activité réelle dépen- dra du rythme de déconfinement adopté par notre pays et celui des autres pays. Elle dépendra du temps d’adaptation humaine et psycholo- gique pour reprendre confiance et vivre probablement avec les vagues successives et changeantes du virus. Mais, surtout, elle dépendra de l’efficacité et de la vaccination
massive de la population…, et pro- bablement avec des doses complé- mentaires successives pour main- tenir la vigueur des anticorps. Ceci dit, je ne pense pas que nous aurons en 2022 une croissance similaire à celle de cette année, tout au plus 3,20%. F. N. H. : Vous avez parlé tout à l’heure du programme de réformes structurelles engagées par le gouvernement. Quelles sont les actions économiques que l’on peut mener sur le court terme pour consolider la reprise d’activité dans la perspective de cet Omicron ? M. B. : Dans l’immédiat, on a besoin surtout d’une action énergique sur l’offre. Il ne faut pas oublier que cette crise est une crise d’offre ! Une crise qui se manifeste par une réduction de la produc-tion, due au confinement, et à d’autres pro- blèmes comme les problèmes d’ap- provisionnement. L’entreprise est une source de pro- duction et de revenus pour les sala- riés, mais aussi pour l’État. La prio- rité est la survie de ces entreprises, dont les équilibres financiers sont aggravés par les impayés. Ce sont les PME et les TPME qui souffrent d’ailleurs le plus, et certaines d’entre elles sont devenues des zombies. Plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites, plus le réveil sera doulou- reux. Il faut veiller à la pérennité de l’outil de production. Pour cela, il faut injecter massivement des fonds destinés à assurer la survie d’entre- prises qui continuent de dépenser sans avoir des rentrées d’argent. Renforcer leurs fonds propres ! Mais il faudrait aussi profiter du moment pour moderniser l’outil de production et le rendre plus com- pétitif ! En énergie alternative par exemple. C’est en période de crise qu’il faut inves-tir ! Les États-Unis et l’Europe l’ont fait pour relancer leurs écono- mies à la suite des crises écono- miques et financières vécues, avec le «Quantitative-easing». Évidemment, ces pays financent leurs déficits et s’endettent avec leur propre monnaie, ce qui n’est pas notre cas.
Ce sont les PME et les TPME qui souffrent le plus de cette pan- démie.
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F. N. H. : Mais ne trouvez-vous pas que notre dette a déjà atteint un niveau alarmant ? M. B. : C’est vrai que le déficit du Trésor dépassera les 7% du PIB cette année, venant ainsi alimen- ter notre endettement public qui a dépassé les 100% du PIB. On peut comprendre que devant une situation exceptionnelle, il faut une stratégie exceptionnelle. Mobiliser l’épargne nationale. Emprunter à l’étranger aussi, quitte à voir ses indicateurs macroécono- miques (déficit du Trésor, déficit courant, taux d’endettement) s’ag- graver pendant quelque temps…, dans la mesure où le pays bénéficie d’une bonne crédibilité à l’interna- tional, de taux d’intérêt bas avec de longues durées. Mais, à mon avis, le problème ne réside pas dans la dette. Mais de savoir ce qu’on en fait. Si c’est pour investir par exemple dans le capital humain pour améliorer notre pro- ductivité, cet investissement géné- rera un cash-flow suffisant pour la rembourser ! Quelle que soit la situation, des entreprises qui fer- ment définitivement auront un coût pour le pays bien plus élevé. F. N. H. : Mais cette politique d’injection de fonds ne devrait-elle pas s’inscrire dans une vision globale en interaction avec d’autres mesures ? M. B. : Effectivement. Si on injecte de l’argent massivement sous diffé- rentes formes sur le marché, il faut
accompagner cette action, dans un esprit de patriotisme, par un sou- tien évident aux entreprises indus- trielles nationales, en leur donnant par exemple la priorité au niveau des marchés publics. Relancer la construction par exemple aura un effet induit sur les autres secteurs, y compris l’informel, à condition évidemment que tous les inputs liés à la construction, comme la menui- serie, les carreaux, le fer rond, le sanitaire, les fenêtres en alumi- nium…, soient fabriqués par des entreprises marocaines. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ! Notre devise doit être : Morocco first ! Autrefois, le tableau des échanges intersectoriels de Leontief figurait dans nos programmes d’enseigne- ment et permettait de mettre en évidence les liens entre les secteurs et les branches. Sous sa forme éco- nométrique, c’est un excellent ins- Aujourd’hui, on a besoin de planification comme autrefois. Une nouvelle forme de planification qu’il reste à inventer et qui met en perspective nos stratégies indus- trielles sur le moyen et long terme.
trument de prévision et de prise de décision. Aujourd’hui, on a besoin de planification comme autrefois. Une nouvelle forme de planifica- tion qu’il reste à inventer et qui met en perspective nos stratégies indus- trielles sur le moyen et long terme. A mon avis, pas de développement cadré sans planification cadrée. F. N. H. : Dans ce contexte, comment pour- raient évoluer nos relations économiques avec nos principaux partenaires, surtout à un moment où l’économie mondiale est entrée dans une phase marquée par la rupture des chaines de valeurs mondiales ? M. B. : Le sujet est important. Nous savons que la mondialisation s’est construite sur la base de la divi- sion internationale du travail et des avantages comparatifs, tels qu’ils ont été développés par Adam Smith et Ricardo. Chaque pays s’est spé- cialisé dans le produit ou le service où il est le plus compétitif. Ainsi, aujourd’hui, une voiture, un avion ou un jean s’assemblent dans un endroit vers lequel on achemine tous ses composants fabriqués un peu partout dans le monde. Chaque pays devient ainsi dépendant des autres pays pour ses approvision- nements. La fabrication d’une voi- ture implique aujourd’hui 34 pays. La crise du coronavirus a mis en évidence la fragilité des chaînes de valeurmondiales : quand la produc- tion s’arrête dans un pays, toute la
Pour Mohamed Berrada, «Notre devise doit être : Morocco first !».
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en tirer des leçons pour adapter nos stratégies à l’avance ! Amon avis, sur le plan économique, d’une chaine de valeur mondiale, on passera à un processus de dé- globalisation, avec l’apparition d’une chaine de valeur régionale de proximité, avec toute la flexibilité et le système d’approvisionnement du type «just-on-time» qui condi- tionne le niveau de compétitivité des entreprises. Relocaliser régio- nalement ! A cet effet, on est appelé à ren- forcer nos liens économiques, commerciaux et financiers avec notre principal partenaire, l’Union européenne, avec lequel, à mon sens, les conditions de compéti- tivité seraient plus soutenables. C’est aussi à l’avantage des entre- Avec la crise pandé- mique, on va assister progressivement à un processus de renforce- ment de la nation, une volonté de relocalisation et une accentuation de la multipolarité.
prises européennes. S’il existe une région dans le monde où le mul- tilatéralisme profond avance mal- gré d’innombrables obstacles, c’est bien l’Union européenne. Avec la crise pandémique, on va assis- ter progressivement à un proces- sus de renforcement de la nation, une volonté de relocalisa-tion et une accentuation de la multipola- rité. Ce processus fera apparaitre la Chine comme le miroir renversé de l’Occident, aggravant ainsi l’oppo- sition géopolitique entre les Etats- Unis et la Chine; une opposition qui n’est pas simplement d’ordre commercial, mais qui sera de plus en plus politique. C’est à travers cette opposition géopolitique que l’Europe doit construire sa place, sa souveraineté, en renforçant la solidarité entre ses membres et en développant des liens solides avec son environnement historique régional, l’Afrique. Grâce à Sa Majesté, notre pays, on le sait, a de bonnes avancées dans ce domaine, de par ses relations privilégiées avec l’Afrique, dont la jeunesse montante fait preuve de créativité et de dynamisme. Miser sur la jeunesse africaine, c’est miser sur l’avenir du Maroc, c’est miser sur l’avenir de l’Europe.
La crise sani- taire est-elle
chaîne est arrêtée. Conséquences: manque de matières premières, flambée du cours du pétrole, flam- bée des prix du transport, augmen- tation des prix, réduction drastique de la production de voitures pour manque de puces électroniques fabriquées enCorée du sud, Taiwan, et Intel aux USA, désarticulation de la production, etc. Cette situation se traduit par un regain d’inflation, en particulier sur les produits alimentaires, mettant en péril le pouvoir d’achat de la population. Notre pays ainsi que plusieurs pays européens en font les frais ! C’est ainsi qu’on assiste à des annonces de relocalisation ici et là. On assiste actuellement à un recul des investissements directs vers la Chine et leur stagnation vers les autres pays émergents. F. N. H. : Ce serait donc une opportunité inté- ressante pour notre pays ? M. B. : Evidemment ! Une réorien- tation pertinente de notre straté- gie commerciale et industrielle est nécessaire ! La crise du covid va entrainer de profonds changements du monde tels qu’on l’a connu ! Nous devons
annonciatrice d’un processus irréversible de déglobalisation ?
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Valoriser avec force le capital immatériel
L
neté sanitaire est une composante essentielle de la sécurité stratégique du pays, nous avons lancé un projet d’avant-garde pour la fabrication de vaccins, de médicaments et de matériel médical, indispensables pour le Maroc». Relever le défi de la souveraineté sanitaire et économique, pour avoir un label «Made in Morocco» puissant, implique de s’appuyer sur la recherche et l’innovation pour relever quali- tativement le niveau de la production nationale. Cela, tout en s’inscrivant dans la dynamique économique voulue par le Royaume, à travers notamment le nouveau modèle de développe- ment (NMD). D’ailleurs, le rapport sur le NMD identifie comme priorités la formation du capital humain et la R&D et l’innovation, estimant que «l’accélé- ration des transformations technologiques, sous l’effet notamment de la transition numérique, devrait entraîner des disruptions dans les modes de production. La robotisation, l’automatisation, la production en réseaux où les technologies d’in- telligence artificielle devraient diminuer large- ment l’importance de l’intervention humaine et de la main-d’œuvre dans de nombreux secteurs». Véritablement, le principal pilier du Maroc de demain sera la qualité de son capital humain et la promotion de la recherche et l’innovation dans tous les secteurs. L’enjeu maintenant est de se donner les moyens de ses ambitions. Les financements disponibles pour la recherche et l’innovation restent très insuffisants. La R&D au Maroc pèse autour de 0,8% du PIB, alors qu’elle tourne autour d’une moyenne de 2,3% du PIB dans les pays de l’OCDE.
a pandémie liée à la Covid-19 a été un puissant révélateur des fai- blesses de l’économie mondiale. Partout, il s’est agi de se réinventer, innover, de faire preuve de sou-
plesse et d’agilité pour s’adapter aux change- ments profonds induits par cette crise sanitaire. Les esprits créatifs se sont dès lors mis en branle pour permettre aux économies de pouvoir tour- ner et répondre à tous ces nouveaux défis liés à crise. S’il a fallu réagir dans l’urgence pour apporter des réponses concrètes à des besoins ponctuels, après deux ans de pandémie, il est apparu primordial, maintenant, de se projeter à long terme. Les discours qui fleurissent un peu partout dans le monde augurent de profonds changements de paradigme, dont l’ossature est désormais portée par le protectionnisme et la question de la souveraineté, deux termes qui irritaient passablement, il y a peu, les fervents défenseurs de la mondialisation. Sauf que le monde a brutalement changé depuis l’apparition de la Covid-19. S’y adapter, c’est poser les fondements d’une économie véritable- ment résiliente, capable de résister au mieux à la survenance de crises ultérieures. Car, des crises sanitaires, il y en aura d’autres. Peut-être plus virulentes, avec des conséquences économiques et sociales plus dramatiques. Il faut donc s’y préparer dès à présent. En cela, le défi actuel du Royaume est celui de la souverai- neté économique et sanitaire. Et auMaroc, on en est pleinement conscient, au regard notamment de ce qui s’est passé en pleine crise sanitaire, alors que la planète était confinée. Les grandes puissances économiques se livraient à une guerre de billets verts et d’euros pour se procu- rer des masques de plus en plus rares sur le mar- ché mondial, pendant que l’industrie marocaine se montrait plus qu’agile pour se reconvertir dans la production de ces bavettes, au point même d’en exporter. Après les masques, ce fut au tour des vaccins, quelques mois plus tard. Les pays riches se sont rués sur les vaccins, lais- sant sur le carreau les Etats moins nantis. D’où la portée de la décision prise par le Royaume, et rappelée par le Roi lors de son discours du 31 juillet dernier : «Convaincu que la souverai-
Relever le défi de la souverai- neté sanitaire et économique, pour avoir un label «Made in Morocco» puissant, implique de s’appuyer sur la recherche et l’innovation.
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Nouveaumodèle de développement L’innovation est l’un des principaux paris duMaroc de demain
nue au sein de l’entreprise.
L’un des paris forts du nouveau modèle de développement est de faire du Maroc un pôle de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ce dernier domaine est un atout formidable pour attirer des capitaux et des MRE aux têtes bien faites.
Disrupter la production nationale L’accélération des transformations technologiques, sous l’effet notam- ment de la transition numérique, devrait entraîner des disruptions dans les modes de production. La robotisa- tion, l’automatisation, la production en réseaux où les technologies d’intel- ligence artificielle devraient diminuer largement l’importance de l’interven- tion humaine et de la main-d’œuvre dans de nombreux secteurs. Ces ten- dances imposent à des pays comme le Maroc de placer la formation du capital humain, la R&D et l’innovation au rang de ses priorités de développe- ment, et d’accélérer sa mise à niveau en termes d’infrastructures technolo- giques, pour renforcer sa compétitivité et poursuivre son développement. La
L
es paris identifiés dans le cadre du nouveau modèle de développement (NMD) sont nombreux : devenir
Marocains eux-mêmes qui, dans le cadre des rencontres avec les membres de la commission, disent considérer «prioritaire la création par l’économie nationale de plus de valeur ajoutée et d’emplois de qualité, bénéficiant à l’en- semble des territoires» . Il est attendu une montée en gamme de la produc- tion nationale, en s’appuyant sur la recherche et l’innovation grâce à des ponts entre le secteur industriel et le système de recherche scientifique, une amélioration des compétences, y com- pris par le biais de la formation conti-
une nation numérique où les techno- logies sont pleinement mobilisées au vu de leur potentiel transformationnel et économique, s’ériger en hub régio- nal de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, deve- nir le champion régional de l’énergie à bas carbone, acquérir le statut de pôle financier régional de référence, etc. Pour ce faire, le NMD prône une approche systémique où l’ensemble des acteurs avancent ensemble, et où le capital humain est mis en avant et les méthodes réinventées. Dans ce sens, notre pays a pris le temps d’établir un état des lieux exhaustif, de mesurer ses atouts et ses faiblesses, d’identifier les défis qui l’at- tendent et les promesses qu’il peut tenir. Le NMD considère la crise sanitaire mondiale comme le révélateur de néces- saires transformations systémiques ou des parts de marché sont à prendre sur l’échiquier mondial, à condition de changer d’approche, d’innover plus.
Innovation : Ce que veulent les Marocains Ces conclusions
viennent
des
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compétitivité globale du pays reposera essentiellement sur la qualité de son capital humain. Pour atteindre ces objectifs, le NMD prône, là aussi, une voie plus inno- vante, «une approche résultats» et la recherche d’un «impact citoyen» . En effet, l’impact concret sur la vie du citoyen et l’obligation de résultats doivent devenir les critères premiers de pertinence des stratégies, des poli- tiques publiques et des projets de développement pour tous les acteurs (centralité du citoyen), et de respon- sabilisation des acteurs. Cela passe par la définition claire d’une vision partagée et d’objectifs communs, la conception de solutions étayées par des analyses et études rigoureuses, basées sur des données fiables et à jour, consolidées par de l’expérimentation, et s’appuyant à l’amont sur la consul- tation des citoyens. L’engagement de deniers publics doit être conditionné par l’obligation de résultats et adossé à un mode d’exécution qui soit agile et performant. Un cadre propice à l’innovation en entreprise... Mettre en place un cadre favorable pour promouvoir l’innovation au sein des entreprises et faire émerger des start-up de dimension régionale et mondiale est nécessaire. A cet effet, il est proposé de développer un sys- tème national d’innovation permettant de renforcer l’accès des entreprises à la R&D et l’innovation, à travers la mise en place d’instruments de sou- tien financier à l’innovation, dont notamment un mécanisme ambitieux
de crédit impôt-recherche au profit de l’ensemble des entreprises, et la création d’un programme d’innovation technologique pour subventionner des projets de recherche technologique et scientifique à fort potentiel écono- mique et des innovations de rupture. Il s’agit également de développer un cadre réglementaire et fiscal favorable à l’émergence des start-up, qui per- mettrait de créer un statut incitatif de la jeune entreprise innovante, d’adap- ter la réglementation des changes aux besoins des start-up et de mettre en place des cadres sectoriels propices à leur innovation et à leur essor dans la fintech où le Maroc accuse un retard important. ....Mais aussi dans nos universités L’objectif pour le Maroc est de devenir un pôle de formation supérieure et de recherche, attractif pour les étu- diants marocains, de la région et du continent, à travers un nombre d’éta- blissements de renom. Cela passera par l’émergence d’une nouvelle géné- ration d’universités, opérant selon les critères d’excellence, avec des modes de gouvernance rénovés, assortis de moyens adéquats pour accomplir leurs missions. Ces universités incluraient les établissements publics, profondé- ment reformés et autonomisés, ainsi que des établissements nouveaux, portés par des fondations à but non lucratif, comme certaines grandes uni- versités au niveau mondial. A la fois ancrés dans leurs régions et ouverts sur le monde, ces établissements seront par ailleurs orientés aussi bien vers des formations académiques théo- riques que des formations profession- nelles pratiques. Ces universités seront autonomes et fortement centrées sur l’étudiant, en vue de sa capacitation et son épanouissement scientifique et
culturel, notamment pour réussir son insertion dans le marché du travail. En plaçant l’université au cœur de l’éco- système territorial, le Maroc ambi- tionne de développer ainsi une nou- velle approche de la formation supé- rieure, axée sur la recherche-action étroitement liée au terrain, dont les thèmes de recherche sont indexés sur les enjeux de développement national et local, et en appui et collaboration avec le secteur privé. Ce pari devrait permettre un saut qualitatif dans le domaine de la formation et de la recherche scientifique et l’innovation, en les installant dans une dynamique continue de progrès.
Il est nécessaire de mettre en place un cadre favorable pour promouvoir l’in- novation au sein des entreprises.
...Sans oublier les Marocains du monde
Pour mobiliser davantage les compé- tences des MDM au service du déve- loppement du pays, il est recommandé de mettre en place des approches inci- tatives favorisant l’attrait des MDM aux profils hautement qualifiés opérant dans les secteurs de pointe, tels que les NTIC, la biotechnologie ou les éner- gies renouvelables. La création d’une base de données des MDM accessible aux institutions marocaines privées et publiques sera opportune à cet égard. La Commission considère essentiel de mobiliser les MDM pour le déve- loppement des activités de recherche scientifique, de R&D et d’innovation, au vu de l’expertise acquise par la dias- pora en la matière. La concrétisation de cet objectif exige quelques préalables, notamment la structuration de l’éco- système de la recherche scientifique et son indexation sur les priorités straté- giques du pays, moyennant des pro- grammes nationaux clairement définis, aux modes de gouvernance transpa- rents et faisant l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière.
L’accélération des transfor- mations tech- nologiques devrait entraîner des disruptions dans les modes de production au Maroc.
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Pour Badr Ikken, «le financement de l’innovation est malheureuse- ment quasi inexistant au Maroc».
ensemble et à accélérer la valori- sation, notamment pour mettre sur pied des bornes de recharge pour les voitures électriques et des sys- tèmes de stockage de l’électricité à usage résidentiel, qui ont permis la création de start-up innovantes s’appuyant sur l’écosystème indus- triel national. L’autre donne impor- tante à mentionner est la naissance de plusieurs écosystèmes techno- logiques à Benguerir. L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), avec l’implication d’autres structures, dont l’IRESEN, a créé un site abritant tous les maillons de la chaîne de valeur de l’innova- tion. Aujourd’hui, une centaine de projets dans le domaine des tech- nologies propres sont en cours de développement et de valorisation. Le modèle réussi qui a vu le jour à Benguerir doit être dupliqué dans notre pays. D’où la nécessité d’ac- compagner plus fortement l’inno- vation et la R&D auMaroc, à travers une stratégie nationale dédiée. F. N. H. : Quels sont les leviers utilisés par l’IRESEN afin de booster l’innovation et la R&D en matière d’énergie solaire et énergies nouvelles ? B. I. : L’IRESEN s’est toujours appuyé sur deux principaux leviers qui sont le financement (appels à projets) et les plateformes tech- nologiques dédiées à la recherche appliquée (infrastructures). Cette année, l’Institut a fêté ses 10 ans d’existence. Une stratégie couvrant les dix prochaines a été bâtie avec notre ministère de tutelle, le minis- tère de la Transition énergétique et du Développement durable, ainsi qu’avec tous nos membres fondateurs (AMEE, OCP, ONEE, ONHYM, SIE...). Elle porte, entre autres, sur un accompagnement L’IRESEN s’est toujours appuyé sur deux princi- paux leviers, qui sont le financement et les pla- teformes technologiques dédiées à la recherche appliquée.
IRESEN Plaidoyer en faveur d’une stratégie nationale La nouvelle stratégie IRESEN 2.0 accordera une grande importance à l’incubation d’entreprises innovantes, la création d’emplois à forte valeur ajoutée et l’accompagnement de l’émergence des filières de technologies propres de demain. Interview avec Badr Ikken, DG de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN).
Finances News Hebdo : Selon vous, l’innova- tion et la R&D au Maroc ont-elles progressé suffisamment vite au cours des dernières années au Maroc ? Badr Ikken : Il est clair que la R&D a bien progressé ces dernières années dans notre pays, notam- ment en ce qui concerne les tech- nologies propres, à travers les appels à projets et les programmes de l’IRESEN ainsi que les appels à projets thématiques lancés par le CNRST et la Fondation OCP. Ces contributions ont été béné- fiques pour l’avancée de la R&D au Maroc, en l’occurrence au niveau des universités et de nos différentes plateformes de recherche. Il est important de souligner que pour la partie innovation, lors de la période
pandémique, nous avons assisté à une réelle montée en charge, avec la mobilisation du secteur privé et du monde académique, et ce dans l’optique de valoriser promp- tement les résultats de projets de recherche. Les exemples édifiants en la matière sont, entre autres, la création de respirateurs 100% marocains, la mise en place par la fondation Mascir de kits de dépis- tage de la Covid-19, le développe- ment de visières et de solutions pour lutter contre la Covid-19, tels que les masques par des entre- prises, industries ainsi que des universités et centres de recherche marocains. Toute cette dynamique a motivé également nos cher- cheurs et ingénieurs à travailler
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