Hors Série 43

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°43 ] SOMMAIRE SOMMAIRE

La croissance chahutée par le contexte défavorable Entretien avec Mehdi Lahlou : TIC sur le carburant, l’Etat doit revoir sa copie Conjoncture 6 8

Recherche & Développement : Un facteur de compétitivité Industrie des huiles : L’approvisionnement, princi- pale contrainte Industrie laitière : Un secteur performant, mais… Industrie sucrière : Cosumar, un acteur de référence Industrie céréalière : Des perspectives d’avenir prometteuses en dépit des aléas Conserve de poissons : Une industrie sous forte pression Industrie des boissons : Le marché des alcools grevé par la TIC 44 46 48 50 52 54 56

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Maroc-Pologne

Agroalimentaire Un secteur en plein essor

OPCI

Entretien avec Abderrahim Atmoun : Guerre en Ukraine, l’Ambassade du Maroc à Varsovie, au front !

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Entretien avec Ryad Mezzour : «Le secteur contribue à hauteur de 26% au PIB industriel» Generation Green : Les jeunes et la classe moyenne rurale à l’honneur Entretien avec Mohamed Sadiki : «Le développe- ment de l’aval des filières agricoles demeure une priorité de Generation Green» Amont agricole : Pour une meilleure intégration avec le secteur industriel Exportations : Les opérateurs marocains face à des contraintes majeures Hausse des matières premières : Une épine dans le pied des industriels Entretien avec Moulay Abdelkader Alaoui : «Le système de subvention du secteur de la minoterie est contreproductif» Sourcing local : Clé de voûte de la souveraineté industrielle et alimentaire

Tout savoir sur ce nouveau véhicule d’investisse - ment Entretien avec Noreddine Tahiri : «Actuellement, les rendements locatifs observés varient entre 6% et 9 %» Transferts d’actifs : Les banques liquéfient leur patrimoine immobilier Entretien avec Youssef Salihi : «L’OPCI est un véhicule bénéficiant d’une fiscalité douce» Pierre-papier : L’Etat dit oui ! Entretien avec Nawfal Bendefa : «L’immobilier locatif performe bien en période de crise» Immobilier locatif : Le secteur pèse plus de 80 milliards de DH de valorisation d’actifs Immobilier résidentiel : L’autre relais de croissance des OPCI Immobilier de bureau : Un marché sous pression

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Tourisme Reprise : Le secteur retrouve des couleurs 86

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Société

Culture Cinéma : Acteurs, parmi les audaces du renouveau 100 Mariage des mineures au Maroc : Un phénomène «dur à cuire» Entretien avec Maryam Montague : Mariage précoce, «Bigger entend combler toutes les lacunes sur le mariage des enfants d’ici 2025» 88 94

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3 HORS-SÉRIE N°43 / FINANCES NEWS HEBDO

E ditorial

Une question de souveraineté alimentaire

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6% du PIB industriel, un chiffre d’affaires de près de 158 milliards de DH, des exportations qui ont atteint 36,4 Mds de DH

dans son discours au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la 1 ère session de la 1ère année législative de la 11 ème législature. «(…) La crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la souveraineté. Qu’elle soit sani- taire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains. Si de nombreux pays ont connu d’importants dysfonctionnements dans la fourniture et la distribution des produits de première nécessité, le Maroc a réussi, lui, à gérer ses besoins en la matière et à assurer un approvisionnement normal et suffisant de ses marchés. Aussi, afin de consolider la sécurité stratégique du pays, nous appelons à la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière (…)», a affirmé le Souverain. Le Roi a donc tracé le cap. Reste à l’exécutif et aux opérateurs de travailler main dans la main pour atteindre les objectifs escomptés. L’importance de ce chantier stratégique justi- fie amplement qu’on ait consacré un dossier au secteur de l’agroalimentaire dans ce hors- série. Un hors-série qui fait aussi la part belle aux Organismes de placement collectif immo- bilier (OPCI), un nouveau véhicule de place- ment qui a le vent en poupe, avec un encours qui s’élève actuellement à plus de 22 milliards de dirhams. Bonne lecture !

en 2021, plus de 2.000 entreprises, près de 160.000 personnes employées : éloquents, ces chiffres ! Ils traduisent l’importance de l’agroalimentaire dans le tissu économique, mais surtout les efforts déployés par les pou- voirs publics, en partenariat avec les opéra- teurs, pour faire de ce secteur l’un des fleu- rons de l’économie nationale. L’importance de ce secteur se mesure à l’aune du rôle primordial qu’il a joué dans la riposte anti-covid-19, qui a permis au Maroc d’assu- rer sa sécurité alimentaire dans l’ensemble du territoire. Aujourd’hui d’ailleurs, l’un des enjeux majeurs de développement auquel doivent faire face les opérateurs, est de relever le défi de la qualité et de la diversité, face à une concurrence exacerbée tant sur le marché national qu’à l’export, avec en toile de fond l’objectif de consolider les bases d’une souve- raineté alimentaire du Royaume. Les enseignements tirés de la crise sanitaire imposent, dès lors, de s’affranchir au maxi- mum de notre dépendance de l’extérieur pour miser davantage sur le Made in Morocco. Et cela reste un impératif, au demeurant légitimé davantage par les désordres écono- miques causés par les tensions géopolitiques au niveau mondial, comme notamment la guerre russo-ukrainienne. Le Roi Mohammed VI n’a pas dit autre chose, le 8 octobre 2021,

Fatima Zahra OURIAGHLI

Les enseignements tirés de la crise sanitaire imposent de s’affranchir au maxi- mum de notre dépendance de l’extérieur pour miser davantage sur le Made in Morocco.

M ise en page Zakaria BELADAL

J ournalistes Charaf JAIDANI Adil HLIMI Momar DIAO

I mpression MAROC SOIR

D épartement commercial Salma BENMAKHLOUF

D istribution SOCHEPRESS

D irecteur G énéral , responsable de la publication Fatima Zahra OURIAGHLI

Youssef SEDDIK Khalid AOURMI Ibtissam ZERROUK Réda Kassiri HOUDAIFA

Samira LAKBIRI Rania BENCHAIB

A dresse 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca Tél (0522) 98.41.64/66. Fax : (0522) 98.40.22 Site web : www.fnh.ma É dition JMA C onseil Autres éditions du groupe : Finances News Hebdo, Autonews, Laquotidienne

Meryem OUAANNA Malak BOUKHARI R évision Mohamed LABDAOUAT D irecteur technique & maquettiste Abdelillah CHAMSEDDINE

D irecteur A dministratif et F inancier Leïla OURIAGHLI

A ssistante de direction Amina KHCHAI

D irecteur des rédactions & développement David WILLIAM

A dministratif Fatiha AÏT ALLAH Nahla SEHLAL

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C onjoncture

La croissance chahutée par le contexte défavorable La Banque mondiale a maintenu récemment sa prévision de croissance pour le Maroc à 1,1% du PIB en 2022. Il y aurait une dégradation de plusieurs indicateurs macroéconomiques pour l’année en cours.

A

visions passées en revue augurent un tableau sombre du marché du travail pour l’année en cours. Pour rappel, le taux de chômage est passé de 11,9% à 12,3% entre 2020 et 2021. Ceci étant dit, l’activité économique au niveau national contraste avec les pers- pectives de croissance de plusieurs pays de la région MENA. D’après la Banque mondiale, la région devrait connaître une croissance de 5,3% en 2022, soit le rythme le plus rapide depuis une décennie. Cela s’explique principalement par les gains réalisés par les pays exportateurs de pétrole. Interrogé sur les révisions à la baisse de la croissance pour 2022, Mehdi Lahlou, économiste, rap- pelle un fait non moins important. «Entre décembre 2021 et janvier 2022, j’avais déjà remis en cause, dans vos colonnes, les prévisions de croissance de la Loi de Finances 2022», souligne- t-il. Et de poursuivre que sa pos- ture était confortée par 3 éléments, qui sont les effets liés à la Covid-19 (ouverture tardive des frontières), les conséquences de la sécheresse et la politique gouvernementale menée sur les fronts économique et social. «A cause de la sécheresse, la produc- tion céréalière oscillera au mieux entre 25 et 35 millions de quintaux. Plusieurs secteurs peinent à retrouver Selon les estimations du Département de l’agri- culture, la production céréalière reculerait en 2022 de 69%.

u regard d’une conjonc- tion de facteurs endo- gènes (sécheresse, griefs liés à la Covid-19,

inflation, etc.) et exogènes (guerre en Ukraine, hausse des prix des matières sur les marchés internatio- naux, difficultés d’approvisionne- ment), la croissance risque de ne pas être au rendez-vous en 2022 au Maroc. D’ailleurs, la Banque mon- diale a maintenu récemment sa pré- vision de croissance pour le Maroc à 1,1% du PIB en 2022 contre 7,4% l’année dernière. Elle anticipe un rebond à 4,3% en 2023. «Au Maroc, les effets conjugués de la sécheresse et de la guerre en Ukraine l’emportent sur la timide reprise du secteur des services», peut-on lire dans l’édition de juin 2022 du rapport de l’institu- tion de Bretton Woods sur les pers- pectives de l’économie mondiale. D’ailleurs, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est rendu à l’évi- dence en concédant en juin 2022 au Parlement que le Maroc devrait enre- gistrer une croissance comprise entre 1,5% et 1,7% du PIB. Et ce, contre une prévision initiale de 3,2% dans la Loi de Finances 2022. Cette révision à la baisse des prévisions, exercice auquel se sont livrées plusieurs enti- tés, s’explique par la contreperfor- mance de la valeur ajoutée agricole (-11% contre +18% en 2021 d’après BAM). La valeur ajoutée non agricole devrait, elle, s’améliorer de 3,1% en 2022. A l’issue de son conseil de juin 2022, la Banque centrale qui a main- tenu le taux directeur à 1,5%, table sur un taux de croissance d’1% du PIB. A l’évidence, les différentes pré-

leur niveau d’activité d’avant Covid- 19. A cette donne pénalisante pour la croissance, se sont greffées les consé- quences catastrophiques de la guerre en Ukraine, pour ne citer que la flam- bée des prix des matières premières et des denrées alimentaires de base» , fait observer Lahlou. Notre interlocuteur, qui alerte sur les fâcheuses consé- quences engendrées par la hausse des prix des carburants sur le pouvoir d’achat des Marocains, affirme que les causes de la surchauffe des prix à la pompe découlent aussi du sort réservé à la Samir. «La privatisation de la Samir en 1997 est intervenue comme une bombe à retardement dont les effets sont apparus en 2014, avec la libéralisation du secteur des hydrocarbures. L’arrêt de l’activité de la Samir en 2015 a sonné le glas des importations des produits pétroliers non raffinés» , soutient l’économiste. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, la bombe à retardement a fini par exploser avec la flambée des prix des produits pétro- liers raffinés que le Maroc importe sur le marché international». Il ressort de l’analyse de notre inter- locuteur que la hausse des prix des carburants est tributaire à la fois de la guerre en Ukraine, de la dispari- tion de la Samir (que l’Etat a intérêt à

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à la consommation auraient pour- suivi leur ascension au deuxième trimestre 2022, à un rythme nette- ment supérieur à la barre de 2% pour le troisième trimestre successif. En glissement annuel, ceux-ci auraient grimpé de 6,3%, au lieu d’une hausse de 4% au trimestre précédent et de 1,6% au cours de la même période de 2021. Cette accélération aurait résulté de la progression de 9,5% des prix des produits alimentaires et de 4,1% de ceux des produits non-ali- mentaires. L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’inter- vention de l’Etat et les produits à prix volatils, aurait, pour sa part, nette- ment progressé pour atteindre 5% au deuxième trimestre 2022, tirée par l’évolution très dynamique de ses composantes, en particulier ali- mentaire et manufacturière, dans le

ressusciter au regard de la conjonc- ture actuelle) et de la gouvernance du secteur des hydrocarbures. Dégradation de plusieurs indica- teurs macroéconomiques Concernant les comptes extérieurs, la Banque centrale prévoit un creu- sement du déficit du compte courant à 4,9% du PIB en 2022, après 2,3% en 2021. Même son de cloche pour les finances publiques dans le rouge, car même en tenant compte, entre autres, de la mobilisation exception- nelle annoncée de ressources à tra- vers les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de mono- pole, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de l’Institut d’émission, passer de 5,9% du PIB en 2021 à 6,3% en 2022. Dans ces conditions, il faut s’attendre au renforcement substantiel du stock de la dette publique globale sous l’ef- fet Covid-19. Attijari Global Research (AGR) prévoit dans sa note «Budget Focus» du mois de mars 2022 que la dette du Trésor public devrait pour- suivre son trend haussier en 2022 pour atteindre 960 milliards de DH, contre 886 Mds de DH en 2021. Dans le même ordre d’idées, d’après les derniers chiffres du HCP, les prix

sillage de la hausse des coûts de production. Cette conjoncture particulière a poussé BAM à garder inchan- gé le taux directeur à 1,5%. Dans le contexte inflationniste actuel, causé davantage par des facteurs exogènes (reprise mondiale post covid-19, guerre en Ukraine, difficul- tés d’approvisionnement, etc.) qui échappent au contrôle de la Banque centrale, une hausse du taux direc- teur serait beaucoup plus préjudi- ciable pour l’économie nationale qui a du plomb dans l’aile. Cette hausse aurait eu pour conséquence le ren- chérissement du coût du crédit pour les entreprises et les ménages, et donc le tassement de la demande déjà chahutée par la perte de pou- voir d’achat et les poussées inflation- nistes.

Les prix à la consommation auraient pour- suivi leur ascen- sion au deuxième trimestre 2022, à un rythme nette- ment supérieur à la barre de 2% pour le troisième trimestre succes- sif.

Selon les estimations du Département de l’agriculture, la production céréalière reculerait en 2022 de 69% à 32 millions de quintaux, en raison des conditions climatiques défavorables confortées par le déficit pluviométrique. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi chuter de 15% cette année avant de s’améliorer de 12,9% en 2023, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. En ce qui concerne les activités non agricoles, leur croissance devrait, selon BAM, se conso- lider à 3,8%, favorisée par l’assouplissement des restrictions sanitaires et retrouverait son rythme tendanciel en 2023 avec une progression de 2,8%. Une récolte céréalière «très modeste»

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C onjoncture

F. N. H. : Quelle appréciation faites-vous des mesures prises par le gouvernement afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages ? M. L. : Le gouvernement n’a pas mis en place une stratégie claire visant la protection du pouvoir d’achat des ménages. Aider les transpor- teurs, lesquels demandent à l’Etat de baisser la taxation sur les car- burants, ne revient pas de facto à donner un coup de pouce au pouvoir d’achat de la majorité des Marocains. La classe populaire pré- carisée représente dans notre pays près de 25 millions de personnes. Les salaires n’ont pas été augmen- tés dans les secteurs public et privé. De plus, à part quelques petites mesures, l’Exécutif n’a pas encore dévoilé un programme majeur à même de réduire le chômage, dont le taux était déjà supérieur à 12% en 2021 au niveau national. F. N. H. : Bank Al-Maghrib, qui a tenu son Conseil en juin 2022, n’a-t-elle pas la main pour limiter les poussées inflationnistes ? M. L. : Dans le cas de figure actuel où nous assistons à une inflation importée, une hausse du taux directeur qui se situe à 1,5% aura pour conséquence le renchérisse- ment du coût du crédit. Ce qui sera de nature à impacter négati- vement la demande, force motrice de la croissance. En d’autres termes, la hausse du taux direc- teur fait le lit de la stagflation, qui se manifeste par une contraction de la croissance économique et un taux d’inflation important. La Banque mondiale table d’ores et déjà sur un taux de croissance de 1,2% du PIB pour l’année 2022, sachant que l’inflation devrait osciller entre 5 et 7% du PIB. L’une des mesures-phares à prendre par le gouvernement pour lutter contre l’inflation est la réduction de la taxation appliquée sur les carburants, comme suggéré plus haut. La renationalisation de la Samir, qui permettra l’importation à nouveau du pétrole brut moins cher, va également dans le sens de la réduction des prix des carbu- rants. Sachant que comme mesure transitoire, il est nécessaire de blo- quer, puis baisser les marges des compagnies pétrolières.

TIC sur le carburant L’Etat doit revoir sa copie Sur les 10 DH d’augmentation des prix à la pompe en l’espace de quelques mois, 6 DH iraient dans les caisses de l’Etat sous forme de taxe (TIC). Entretien avec Mehdi Lahlou, économiste.

Finances News Hebdo : Selon vous, à quel niveau se situe le problème de la gou- vernance du secteur des carburants qui domine l’actualité ? Mehdi Lahlou : La libéralisation des prix des carburants a eu des conséquences néfastes, pour ne citer que l’augmentation des prix liée également à la forte taxation appliquée par le gouvernement. Pour rappel, entre 2008 et 2009, une période ayant précédé la libéralisation des prix du carbu- rant au Maroc, le prix du baril de pétrole brut était de 140 dol- lars, et pourtant les prix du gasoil oscillaient entre 7 et 8 DH le litre. Aujourd’hui, il faut savoir que sur les 10 DH d’augmentation des prix à la pompe en l’espace de quelques mois, 6 DH vont dans les caisses de l’Etat sous forme de taxe (TIC). Dans le contexte infla-

tionniste actuel qui pénalise la classe moyenne et les personnes aux revenus modestes, le bon sens dicte au gouvernement d’aban- donner une partie de la TIC sur les carburants. Ce qui permettrait de réduire le prix du litre de gasoil autour de 12-13 DH et celui de l’essence entre 14 et 15 DH. La flambée des prix des carburants tire inexorablement à la hausse le prix de plusieurs produits.

La flambée des prix des carburants tire inexorablement à la hausse le prix de plusieurs produits.

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A groalimentaire

Un secteur en plein essor

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e secteur agroalimentaire est parmi les fleurons de l’économie marocaine. Il contribue à hauteur de 26% au PIB industriel, regroupe plus de 2.000 entreprises, soit

duction agricole nationale transformée à cette date. Dans cet environnement très concurrentiel, il s’agira donc non seulement de moderniser les outils de production afin de répondre aux évolutions technologiques et aux tendances du secteur, mais également de trouver de nouveaux relais de croissance en développant de nouvelles niches. L’objectif est de se dis- tinguer par la diversité des produits offerts, mais aussi de monter en gamme qualitative- ment. Et ce, afin de répondre au mieux aux demandes et besoins des consommateurs tant sur le marché local qu’à l’étranger. Pour le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, «être compétitif n’est plus un choix à faire quand on veut s’imposer dans le marché local et à l’export; c’est un passage obligé pour affronter et détrôner la concur- rence des produits étrangers. C’est un travail de longue haleine qui exige des performances au continu parce que la courbe de la qualité est en croissance constante» . «Le consommateur marocain en est le premier indicateur : il est de plus en plus exigeant et n’achète un produit que lorsqu’il est convaincu de sa qualité. Alors, convainquons-le !» , dit-il. C’est pourquoi parmi les chantiers prioritaires de l’agroalimentaire, il y a la recherche et développement (R&D), l’innovation, le capital humain, la logistique, la digitalisation, ainsi que le processus de décarbonation qui donne le coup d’envoi d’une transition écologique irréversible. En sachant que cette décarbonation est un défi majeur auquel sont désormais confrontés les opérateurs marocains pour accéder aux marchés extérieurs, avec notamment la mise en place prochaine d’une taxe carbone. Dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole Generation Green, il est prévu le double- ment du PIB agricole et des exportations à l’horizon 2030.

27% de l’ensemble des unités industrielles et emploie près de 160.000 personnes, c’est-à- dire environ 20% de l’effectif industriel global. Ce secteur génère un chiffre d’affaires de près de 158 milliards de DH, pour des exportations qui ont atteint 36,4 Mds de DH en 2021. Depuis plusieurs années, il s’est inscrit dans une dynamique de croissance et de perfor- mance, à la faveur de la stratégie ambitieuse mise en place par les pouvoirs publics et les opérateurs du secteur. L’agroalimentaire a ainsi enregistré une évolution notable dans le cadre du contrat-programme (2017-2021). A ce titre, 301 projets d’investissement d’un montant de 8,65 Mds de DH, financés par le Fonds de développement industriel et des investissements (FDII) et le Fonds de déve- loppement agricole (FDA), ont généré 22.311 emplois. De même, la politique de dévelop- pement mise en place, à travers notamment les contrats-programmes pour différents seg- ments d’activité, a favorisé l’émergence de filières à forte valeur ajoutée, qui ont renforcé la compétitivité du secteur tant sur le marché local qu’à l’étranger. Aujourd’hui, l’agroalimentaire s’impose comme un secteur clé dans la garantie de la sécurité alimentaire du Royaume. La pan- démie liée à la Covid-19 a d’ailleurs été un puissant révélateur de la performance, du potentiel et de sa résilience. Maintenir le cap Les enjeux de développement actuels et la nécessité pour le Maroc d’assurer sa sécu- rité alimentaire et sa souveraineté industrielle imposent à l’agroalimentaire de maintenir sa dynamique de développement. Surtout que dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole Generation Green, il est prévu le doublement du PIB agricole et des exportations à l’horizon 2030, et le développement de la valorisation des produits pour atteindre 70% de la pro-

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A groalimentaire

sionnement régulier et normal du marché national en produits ali- mentaires dans toutes les régions du Maroc et dans des conditions sanitaires optimales, conformé- ment aux Hautes instructions Royales. Le rôle du secteur dans la sécurité alimentaire, mais aussi industrielle, se révèle également à travers la grande dynamique qu’il connait au niveau de l’intégration entre l’amont productif et l’aval de transformation. Dans plusieurs filières agroalimentaires, les projets innovants, financés par des capi- taux marocains et contribuant à la valorisation et à la diversification du produit fabriqué localement, connaissent un véritable boom ! Et cette dynamique est génératrice de richesses au niveau régional et d’emplois stables et contribue amplement à l’équilibrage de la balance commerciale. En chiffres, ce secteur contribue à hauteur de 26% au PIB industriel, regroupe plus de 2.000 entreprises, soit 27% de l’ensemble des uni- tés industrielles et emploie près de 160.000 personnes, c’est-à-dire environ 20% de l’effectif indus- triel global. Pour ce qui est de son chiffre d’affaires, il se situe à près de 158 milliards de DH (MMDH) et ses exportations, elles, ont atteint 36,4 MMDH en 2021. C’est un secteur dynamique qui a énormément évolué sur les dix dernières années des principales grandeurs macroéconomiques et poursuit, aujourd’hui, son chemin de développement vers des pers- pectives très prometteuses. F. N. H. : Selon vous, quels sont les principaux atouts et enjeux de cette branche indus- trielle ? R. M. : Je rebondis sur ce que je viens de dire : le secteur s’ouvre sur de nouvelles perspectives parce que, d’une part, sa résilience en temps de crise lui a donné plus de force, et d’autre part, les muta- tions que connait l’industrie maro- caine face aux enjeux mondiaux lui offrent l’opportunité d’exploiter son énorme potentiel, de décou- vrir de nouvelles niches, d’en créer d’autres, pourquoi pas, et de boos- ter sa créativité et son innovation.

Entretien «Le secteur contribue à hauteur de 26% au PIB industriel» L’agroalimentaire regroupe plus de 2.000 entreprises, soit 27% de l’ensemble des unités industrielles, et emploie près de 160.000 personnes, c’est-à-dire environ 20% de l’effectif industriel global. La filière est dotée d’une infrastructure d’accueil de qualité, notamment avec la création d’agropoles dans les principales régions à vocation agricole et d’une logistique de plus en plus performante. Un état des lieux des plus positifs laisse présager un très bel avenir pour le secteur. Entretien avec Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce.

Finances News Hebdo : Aujourd’hui, quel est le poids de l’industrie agroalimentaire dans le tissu industriel du Maroc et au niveau des exportations nationales ? Ryad Mezzour : Historique et straté- gique, je peux vous assurer qu’il pèse lourd, très lourd ! Le secteur de l’industrie agroalimentaire revêt une importance de premier ordre dans le tissu industriel national. C’est un maillon fort du développe- ment socioéconomique du Maroc

depuis des décennies et son rôle vital dans la préservation de la sécurité et de la souveraineté ali- mentaires du Royaume a bien été attesté pendant la crise sanitaire. En réponse à la riposte nationale à la Covid-19, les opérateurs du secteur se sont mobilisés pour faire face aux bouleversements de la demande et des chaînes d’appro- visionnement et de distribution. Ils ont réussi à assurer un approvi-

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halieutiques et agricoles, entre autres. Forts de ses atouts, le sec- teur capitalise sur ses acquis et sur sa très bonne dynamique pour aller de l’avant, faire plus et mieux. La maturité à laquelle est arrivé le secteur lui permet désormais d’affronter les enjeux, quelle qu’en soit la nature. Dans l’intégration des chaînes de valeur visant une meilleure valorisation/transforma- tion des ressources locales et la création de plus de valeur ajoutée, les opérateurs ont d’ores et déjà marqué leur excellence dans plu- sieurs filières grâce à de nouveaux produits très compétitifs au plan mondial. Autre enjeu des plus importants et essentiels : le développement du capital humain. Le ministère et les professionnels du secteur en font un chantier commun sur lequel A date d’aujourd’hui, ce sont 274 projets d’inves- tissement inhérents à l’agroalimentaire qui ont été reçus dans le cadre de la banque de projets, soit 25% des projets identifiés par la TFS.

nous travaillons depuis des années, au fur et à mesure du développe- ment des écosystèmes. L’objectif étant de disposer d’une formation adaptée aux besoins des industriels et aux évolutions technologiques et tendances mondiales du secteur. La compétitivité n’est pas une course dans laquelle on se lance simplement, c’est une stratégie avec des cibles claires à atteindre. En plus de ceux que j’ai cités, j’ajoute le développement durable par l’adoption de démarches écoresponsables, la décarbona- tion et l’économie circulaire. Nos industriels sont tous capables d’y parvenir et nous restons à leurs côtés pour les accompagner et les soutenir. Aujourd’hui, être compétitif n’est plus un choix à faire quand on veut s’imposer dans le marché local et à l’export; c’est un pas- sage obligé pour affronter et détrô- ner la concurrence des produits étrangers. C’est un travail de longue haleine qui exige des per- formances au continu parce que la courbe de la qualité est en crois- sance constante. Le consomma- teur marocain en est le premier indicateur : il est de plus en plus exigeant et n’achète un produit que lorsqu’il est convaincu de sa qualité. Alors, convainquons-le !

Plus de 305 projets d’inves- tissement rele- vant des filières identifiées dans le cadre du con- trat-programme ont été retenus pour bénéficier d’un soutien financier à l’in- vestissement à travers le FDII et le FDA.

Les atouts de l’industrie agroali- mentaire locale sont innombrables, à commencer par le positionne- ment géographique et l’accès pré- férentiel à certains marchés dans le cadre des accords de libre-échange signés par le Maroc avec l’Union européenne, les Etats-Unis, ainsi que plusieurs pays arabes et j’en passe… Elle dispose d’un savoir- faire ancestral et d’une main- d’œuvre qualifiée et compétitive qui lui ont permis de tisser une renommée mondiale. Elle est également dotée d’une infrastructure d’accueil de qualité, notamment avec la création d’agro- poles dans les principales régions à vocation agricole et d’une logis- tique de plus en plus performante, surtout avec les nouveaux chan- tiers structurants que connaît notre pays, comme l’élargissement du réseau autoroutier, le port Tanger Med ou encore les plateformes logistiques et l’aménagement de zones industrielles aux standards internationaux. Parmi les atouts, j’ajouterais aussi que le secteur a bénéficié de plu- sieurs réformes tout au long des stratégies sectorielles dont il a fait l’objet, et dispose de gros potentiels qui ne sont pas encore exploités, notamment en matières premières

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A groalimentaire

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F. N. H. : Comment votre ministère soutient-il l’industrie agroalimentaire ? R. M. : Il faut d’abord souligner que l’importance du secteur lui a valu d’être au cœur de straté- gies nationales ambitieuses et de visions claires mises en œuvre sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste. Dans le cadre du Plan d’accéléra- tion industrielle (PAI), le secteur a réussi à drainer plus de 91.058 nou- veaux emplois sur la période allant de 2014 à 2020, devenant ainsi parmi les principaux pourvoyeurs d’emplois industriels. Quant à ses exportations, elles ont connu une croissance de plus de 40% durant cette période, passant de 23,4 MMDH en 2014 à 32,8 MMDH en 2020. Et pour plus de synergie et de meil- leurs résultats, le ministère de l’In- dustrie et du Commerce a noué un partenariat fort avec le Département de l’agriculture et les opérateurs privés afin de doter le secteur d’une vision stratégique commune et partagée permettant de mettre en œuvre une stratégie industrielle et agricole à la fois. Après la signature, en 2014, d’un mémorandum d’en- tente devant le Souverain, visant à élaborer une feuille de route stra- tégique du secteur, le contrat-pro- gramme pour le développement des industries agroalimentaires a été mis en œuvre. Son but principal a été de doper la compétitivité du secteur par la modernisation de ses outils de production. Ainsi, ce contrat-programme s’est fixé pour objectifs de renforcer l’in- tégration entre l’amont productif et l’aval de transformation, dévelop-

per de nouveaux produits à forte valeur ajoutée et promouvoir les exportations sur les marchés tra- ditionnels, mais aussi vers de nou- veaux marchés à forte croissance. A cela s’ajoute la priorité accordée, dans le même cadre, à la stimu- lation de l’investissement privé et surtout son orientation vers des produits plus porteurs, à l’ère du temps sur les marchés internatio- naux. Des investissements à même de générer plus d’emplois stables pour nos jeunes. Ce contrat-programme a donc tracé les lignes balisées d’une feuille de route composée de mesures spé- cifiques aux 7 industries agroali- mentaires clés identifiés, à savoir la valorisation des fruits et légumes

frais, des fruits et légumes transfor- més, l’huile d’olive, l’industrie lai- tière, l’industrie des viandes, la bis- cuiterie-chocolaterie-confiserie et les pâtes et couscous. Ces mesures portent notamment sur des primes à l’investissement, le soutien à l’ex- portation, ainsi que sur l’appui à la commercialisation. D’autres mesures transverses, communes à l’ensemble du sec- teur, ont également été mises en œuvre. Elles concernent l’accélé- ration de l’innovation, la qualifica- tion des ressources humaines, la mise à niveau des canaux de dis- tribution traditionnels, l’appui à la Fédération nationale de l’agroali- mentaire (FENAGRI) et au Centre technique des industries agroali- mentaires (CETIA). Par ailleurs, le ministère a lancé, dans le cadre du dispositif de déploiement de son Plan de relance industrielle, une banque de pro- jets à laquelle il a assigné le rôle de levier d’accélération de l’inves- tissement industriel, du dévelop- pement de la fabrication locale et de la promotion de l’entrepreneu- riat. Depuis son lancement en sep- tembre 2020, cette banque de pro- jets a évolué vers la mise en place de la «Task force souveraineté» (TFS) qui assiste, dans une approche proactive, les investisseurs dans

Le chiffre d’af- faires du secteur se situe à près de 158 milliards de DH en 2021.

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industries alimentaires et les autres écosystèmes industriels. Cela concerne notamment l’industrie de la plasturgie, l’industrie des embal- lages et l’industrie mécanique et métallurgique. F. N. H. : Enfin, quelle est l’évolution des investissements dans le secteur et quelle appréciation en faites-vous ? R. M. : Avec le rythme que connaissent les investissements dans de nou- veaux segments agroalimentaires à forte valeur ajoutée au Maroc, on ne peut être que fier ! A date d’aujourd’hui, ce sont 274 projets d’investissement qui ont été reçus dans le cadre de la banque de pro- jets, soit 25% des projets identifiés par la TFS, pour bénéficier d’un appui à l’investissement à travers les mécanismes que j’ai mention- nés auparavant. Avec un montant d’investissement prévisionnel de 8,8 milliards de dirhams, ces pro- jets couvrent plusieurs régions du Royaume et devraient créer 29.074 emplois directs et générer un chiffre d’affaires additionnel de 23,2 MMDH, dont 13,6 MMDH destinés au marché local. Et depuis l’entrée en vigueur du contrat-programme, l’investisse- ment dans ce secteur s’est inscrit sur une courbe ascendante qui se traduit par la création d’emplois et se matérialise par la réalisation de plusieurs projets dans l’ensemble des régions du Royaume. Un chiffre éloquent : plus de 305 projets d’in- vestissement relevant des filières identifiées dans le cadre du contrat- programme ont été retenus pour bénéficier d’un soutien financier à l’investissement à travers le Fonds de développement industriel et des investissements (FDII) et le Fonds de développement agricole (FDA). Relevant de différentes filières, ces projets totalisent un montant d’in- vestissement prévisionnel de 8,5 MMDH et devraient permettre la création de plus de 22.000 emplois directs et 18.433 emplois indirects. C’est un état des lieux des plus positifs qui laisse présager d’un très bel avenir pour le secteur. Et nous continuerons à soutenir et accom- pagner les opérateurs afin de les aider à dévaler les marches vers la performance ! 17 HORS-SÉRIE N°43 / FINANCES NEWS HEBDO

l’élaboration et la concrétisation de leurs projets d’investissement contribuant à la souveraineté industrielle, alimentaire et sanitaire dans l’ensemble du Royaume. Et ce, à travers un accompagnement per- sonnalisé répondant aux besoins de chaque porteur de projets : sou- tien à l’investissement, facilitation administrative, identification du foncier, formation et renforcement des compétences des ressources humaines, accompagnement à la certification et à la normalisation, mise en relation avec les donneurs d’ordre, assistance technique et accompagnement à l’export. En plus d’améliorer la compétitivité du secteur pour un meilleur posi- tionnement sur le marché local et à l’export, la TFS veut booster les filières industrielles qui alimentent les industries agroalimentaires. Les opportunités d’investissement sont nombreuses. Des centaines ont d’ores et déjà été identifiées dans ce secteur suite à une analyse fine des importations nationales et des nou- velles tendances au niveau du mar- ché local et à l’export. Ces opportu- nités ont fait l’objet de fiches projets qui sont mises à la disposition du grand public à travers une plate- forme digitale dédiée (https://ban- quedeprojets.mcinet.gov.ma). Nous avons, par ailleurs, lancé le

Les exportations de l’industrie agroalimentaire ont atteint 36,4 milliards de DH en 2021. C’est une logique de gagnant- gagnant qui donne d’excellents résultats ! Avec ce principe, et pas plus tard que le 20 juin 2022, nous avons signé avec les présidents des associations et fédérations profes- sionnelles du secteur des industries agroalimentaires et des secteurs fournisseurs quatre conventions pour renforcer l’intégration locale, en créant des synergies et des par- tenariats gagnant-gagnant entre les développement du sourcing local auprès de la grande et moyenne surface (GMS) par conviction que son rôle de canal de distribution pour le produit marocain peut évoluer vers un véritable levier du «Made in Morocco» . Les premières opérations ont montré une très bonne adaptation des industriels marocains en termes de transfor- mation et de substitution. Et la GMS a réalisé, de son côté, que la qua- lité du produit local est meilleure, qu’elle coûte beaucoup moins cher et que le stockage n’est plus néces- saire.

Le secteur est un maillon fort du dévelop- pement so- cioéconomique du Maroc depuis des décennies.

A groalimentaire

Generation Green Les jeunes et

la classe moyenne rurale à l’honneur Le Plan Maroc Vert a donné une forte impulsion à l’agriculture nationale. Les performances sont nettement visibles au niveau de la production, du volume exporté et de la valeur ajoutée créée. Pour consolider ces acquis, le gouvernement a lancé «Generation Green» pour la période 2021-2030. Le nouveau plan capitalise sur les jeunes en vue de créer une classe moyenne agricole et booster l’emploi.

G

mécanismes et en fait un levier de promotion de l’investissement, a indiqué récemment au Parlement Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. En réponse à une question sur «la mobilisation des terres collectives pour l’investissement» , Sadiki a sou- ligné que le but est de «garantir un développement inclusif et intégré». Dans ce sens, le ministre a fait état d’une étroite collaboration entre les ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur. Ainsi, une circulaire commune a été publiée à cet effet définissant la procédure de mise en œuvre de ce chantier qui vise à mobiliser et valoriser pas moins Outre la mobilisation des fonds, le département de l’agriculture a pris des dispositions pour accom- pagner les agriculteurs aux niveaux technique et de l’encadrement.

d’un million d’hectares. Le ministère, a-t-il ajouté, a procé- dé aussi à l’élaboration d’une offre complète dédiée à la valorisation des terres collectives, à travers la mise en place d’un système incita- tif adéquat dans le cadre du Fonds de développement agricole, outre l’élaboration d’un décret fixant les incitations financières octroyées aux ayants droit. En effet, l’accès au foncier et au financement est un élément impor- tant pour inciter les jeunes à s’inté- resser au secteur agricole. Le pro- jet de melkisation devrait donner un nouvel élan à l‘entrepreneuriat dans le monde rural. Il est program- mé que la classe moyenne rurale bénéficiera d’un accès à un million d’hectares parmi les domaines de l’Etat ou des terres soulayates. Encore faut-il revoir le statut fon- cier de ces terres pour les rendre plus modernes et compatibles avec l’environnement socioéconomique actuel du secteur agricole et du monde rural. Le changement de statut permettra également d’accélérer l’immatricu- lation foncière. Les nouveaux pro- priétaires auront la possibilité d’ac-

râce à des contrats- programmes signés entre l’Etat et des fédérations inter-

professionnelles, le Plan Maroc Vert( PMV) a impulsé une nouvelle dynamique au secteur agricole. La vision a permis à différentes filières d’améliorer sensiblement la pro- duction, la qualité et de hisser le niveau d’expertise des exploitants. Si le PMV se concentrait sur des objectifs chiffrés en matière de réa- lisation, «Generation Green» place l’élément humain au cœur de ses priorités. L’émancipation de la population rurale et son dévelop- pement sont le nouvel enjeu de cette stratégie. Au cours de l’ouverture de la ses- sion parlementaire en octobre 2018, le Roi Mohammed VI avait annoncé la couleur, affirmant que de nouveaux horizons s’ouvrent pour le secteur, tout en définissant trois priorités : la jeunesse, l’em- ploi et l’émergence d’une classe moyenne rurale. Cette stratégie agricole place les terres collectives au centre de ses

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pour se développer, notamment des services publics de bonne facture, comme les institutions d’enseigne- ment et les centres de soins, en plus des autres lieux de loisir et de dis- traction», poursuit-il. L’agriculture demeure un secteur stratégique pour le pays. C’est le premier employeur avec 4 millions de personnes, soit 40% de la popu- lation active. Le développement de

l’activité devrait améliorer la sécu- rité alimentaire, les exportations et surtout hisser le niveau de vie de la population rurale. En résu- mé, assurer les ingrédients néces- saires pour réduire les inégalités sociales avec les centres urbains et développer une classe moyenne. Reste à signaler que Generation Green ambitionne de créer 350.000 emplois à l’horizon 2030.

céder au crédit. A cet égard, l’Etat a prévu une panoplie d’outils pour assurer le financement des exploi- tants à des conditions avantageuses. Outre la mobilisation des fonds, le département de l’agriculture a pris des dispositions pour accompagner les agriculteurs aux niveaux tech- nique et de l’encadrement. «L’agriculture est un levier pour l’essor d’une classe moyenne dans le monde rural. Mais elle reste insuf- fisante pour assurer les objectifs escomptés. Il faut d’autres mesures d’accompagnement et des disposi- tions de grande ampleur sur le long terme» , indique Mohamed Rahim, enseignant-chercheur en écono- mie agricole et développement rural. «Il faut renforcer les infrastructures de base pour séduire les investis- seurs. Le système d’enseignement et de formation doit être orienté vers les filières à vocation rurale ou agricole. La plupart des jeunes de ces milieux, lorsqu’ils atteignent un certain niveau d’instruction, optent pour des métiers qui sont le plus souvent exercés dans les villes. Il faut également assurer à cette popu- lation l’environnement nécessaire

Generation Green table sur la mécanisation et la technologie pour améliorer les performances de l’agriculture nationale.

Le Groupe Crédit Agricole du Maroc au chevet des exploitants

Pour accompagner la stratégie «Generation Green» qui a succédé au PMV, le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) a lancé «Dar Al Moustatmir Al Qaraoui». Il s’agit d’une structure d’accueil, d’enca- drement et d’orientation, dont les prestations sont totalement gratuites pour les porteurs de projets, clients ou non clients de la banque. L’objectif est de dynamiser l’entrepreneuriat agricole et rural. Il s’agit d’accompagner efficacement les entrepreneurs dans la préparation, le montage et la concrétisation de leurs projets, de sorte à ce que les dossiers présentés au financement aient le maximum de chances de réussite. Ce dispositif ouvre de nouvelles perspectives pour Generation Green. L’idée est de capitaliser sur les atouts qui ont fait le succès du PMV et de pallier ses limites. Pour bien cibler les exploitants, la banque verte propose deux packs de financement baptisés «CAM- Generation Green». Le premier pack, CAM-Generation Green Jeunes, s’adresse aux jeunes agricul- teurs ainsi qu’à la jeune entreprise rurale de services à l’agriculture. Il vise à accompagner tout porteur d’un projet viable dans le cadre d’une première installation ou d’une reconversion. Quant au second, CAM-Generation Green Melkisation, il bénéficie aux ayants droit des terres collectives à titre indivi- duel (personne physique) ou en groupement agricole (personne morale), et leur permet de réaliser des projets de modernisation des activités et pratiques agricoles.

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A groalimentaire

(projet de Dakhla); • Ces programmes ont permis d’écono- miser et de valoriser l’équivalent de plus de 2 milliards de m 3 d’eau d’irrigation par an; • L’adoption du programme d’assurance multirisque climatique des céréales, légumineuses, oléagineux et d’arbori- culture fruitière. Ce programme a per- mis de couvrir plus d’un million d’ha par an de céréales, de légumineuses et des oléagineux contre les risques clima- tiques; • La reconversion des cultures vulné- rables aux cultures à forte adaptabi- lité au manque de ressources en eau, telles que les oliviers, les palmiers, les arganiers, les amandiers, les figuiers, les caroubiers, câpriers…; • Le développement et l’utilisation des variétés végétales génétiquement amé- liorées pour faire face à la sécheresse et à la rareté des ressources en eau, notamment pour les céréales et les légu- mineuses; • La valorisation des résultats de la recherche agronomique à travers la réa- lisation de cartes des qualifications des terres agricoles, de la fertilité des sols, de la conservation et de la valorisation des ressources phyto génétiques, de la gestion et de la conservation des eaux et des sols...; • L’encouragement de pratiques d’adap- tation au déficit hydrique, notamment la technologie du semis direct et l’irriga- tion d’appoint; • L’octroi des incitations aux agricul- teurs dans le cadre du Fonds de déve- loppement agricole afin de faciliter l’ac- cès aux technologies d’adaptation aux changements climatiques. Il est à noter qu’au cours de cette année, la saison agricole est marquée par une baisse importante des précipitations, puisque la moyenne nationale des pré- cipitations a atteint 160 mm jusqu’à fin mars, enregistrant un déficit de 40% par rapport à une saison normale. Cette situation climatique et hydrique a affecté négativement le déroulement de la saison agricole, notamment les cultures d’automne et la mise à dispo- sition de pâturages pour le bétail. Dans ce contexte, et en application des hautes instructions royales, le gouvernement a mis en place un programme exception- nel pour atténuer les effets du retard des pluies, réduire l’impact sur l’activité agricole et apporter un soutien aux agri-

«Le développement de l’aval des filières agricoles demeure une priorité de Generation Green» Dans l’interview qui suit, Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, apporte un éclairage sur plusieurs problématiques, notamment les effets de la sécheresse, la guerre en Ukraine, le stress hydrique, les contraintes liées à la commercialisation des produits agricoles...

Finances News Hebdo : Le secteur agricole est impacté par la sécheresse et aussi la guerre en Ukraine. Quelles sont les marges de manœuvre de votre département pour en atténuer les effets ? Mohamed Sadiki : La problématique du changement climatique est l’un des défis les plus importants auxquels le Maroc, situé dans une localité géogra- phique parmi les plus exposées, est confronté. Ses impacts négatifs sur les ressources en eau, particulièrement res- sentis durant ces dernières années, sont caractérisés par des épisodes de séche- resse récurrentes. Pour faire face à cette problématique, les mesures déployées

par le département de l’agriculture sont de deux catégories; celles entreprises pour gérer la conjoncture de la cam- pagne en cours et celles structurantes d’ordre stratégique, notamment : • L’adoption du Programme national d’économie de l’eau d’irrigation, qui a permis à aujourd’hui d’équiper près de 750.000 ha en irrigation localisée éco- nome en eau; le programme d’extension de l’irrigation à l’aval des barrages et les projets de partenariat public-privé, notamment les projets de dessalement de l’eau de mer, combinés pour cer- tains projets avec l’utilisation des éner- gies renouvelables, notamment l’éolien

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